Le parquet de Bordeaux a annoncé ce jeudi la réouverture d'une enquête "sur d'éventuels faits de violences volontaires" commis par le chanteur Bertrand Cantat avant la mort de son ex-épouse Krisztina Rady, retrouvée pendue chez elle le 10 janvier 2010. Yael Mellul, ancienne avocate pénaliste spécialiste de la violence conjugale, est l'invitée de RTL Soir. Regardez L'invité événement avec Vincent Derosier du 24 juillet 2025.
00:03Et l'invité de RTL ce soir, c'est Yael Mélue, l'ancienne avocate spécialiste de la violence conjugale.
00:08Bonsoir madame.
00:09Bonsoir.
00:09Alors en 2013, vous aviez demandé la réouverture de l'enquête sur le suicide de Christina Raddy,
00:15la femme de Bertrand Cantat en parlant de suicide forcé.
00:18Vous aviez également déposé plainte contre le chanteur en 2016.
00:21Alors le parquet de Bordeaux a décidé de rouvrir l'enquête, c'est une info qu'RTL vous a révélée à la mi-journée.
00:26On rappelle les faits, c'était il y a 15 ans, Bertrand Cantat vient de sortir de prison pour le meurtre de Marie Trintignant.
00:32En janvier 2010, il dort chez elle à Bordeaux lorsque Christina Raddy 41 ans est retrouvée pendue.
00:38C'est le combat que vous portez depuis des années, on imagine que c'est un immense soulagement pour vous ?
00:43Alors c'est un immense soulagement, évidemment, mais c'est aussi une normalité en fait.
00:51Parce que le parquet se saisisse, parce qu'il considère qu'il a des éléments nouveaux dans une enquête, de mon point de vue, criminel.
01:00C'est juste le rôle de la justice.
01:03Et dans son communiqué de presse, le parquet de Bordeaux a indiqué que c'était notamment à la suite du documentaire Netflix.
01:12Et dans le documentaire Netflix, il y a des éléments nouveaux.
01:16Il y a des éléments nouveaux, notamment un témoignage qui permet d'apporter un commencement de preuve sur le fait que Christina Raddy était victime de violences conjugales.
01:29Le documentaire Netflix, on parle du cas Cantat, qui a été fait notamment avec votre travail, vos ressources depuis plusieurs années.
01:36Alors ce témoignage, de quoi s'agit-il ?
01:40Alors il s'agit du témoignage d'un infirmier.
01:43Que dit cet infirmier ?
01:45Il dit que quelques mois avant le passage à l'acte suicidaire de Christina Raddy,
01:51Christina Raddy s'est rendue dans un hôpital, l'hôpital de Bordeaux,
01:56qui avait un service spécialisé pour les victimes d'agressions, qui s'appelle le COVA.
02:01Elle s'y est rendue pour se faire soigner de violences qu'elle avait subies de la part de Bertrand Cantat.
02:10Dans ce dossier, il y a d'une part Christina Raddy qui indique qu'elle était victime de violences conjugales de manière récurrente.
02:19Et d'autre part, qu'elle avait été victime ce jour-là de violences d'une exceptionnelle gravité.
02:25Quand je parle d'exceptionnelle gravité, je parle de décollement du cuir chevelu, je parle de dents cassées,
02:30je parle d'une femme en état de détresse psychique absolue, sous emprise absolue,
02:37et qui nomme son agresseur.
02:41C'est-à-dire que Bertrand Cantat est nommé.
02:45Et la question qui se pose en réalité, c'est qu'on parle là d'un épisode de violence
02:49qui se serait produit quelques mois avant janvier 2010,
02:54donc au moment où Christina Raddy se suicide,
02:57au moment où le parquet de Bordeaux engage une procédure normale,
03:03comme pour toutes les affaires de suicide,
03:05sauf qu'on n'est pas dans une affaire normale.
03:07On est dans une affaire où Bertrand Cantat est sous le régime de la libération conditionnelle.
03:12Il a purgé sa peine pour avoir tué Marie Trintignant.
03:15Il est sorti de prison depuis trois ans, mais il est encore sous l'œil de la justice.
03:20Au moindre faux pas, il va en prison.
03:22Et on sait aujourd'hui, à la lumière du témoignage de cet infirmier,
03:27on connaît l'existence d'un dossier médico-légal faisant état de violence
03:32qu'aurait subi Christina Raddy.
03:35Comment l'appareil judiciaire, en janvier 2010, n'a pas eu connaissance de ce dossier ?
03:40Il y a eu des radis à plusieurs niveaux, selon vous.
03:42Voilà, il y a, si vous voulez, cette affaire depuis 15 ans,
03:46c'est une suite de dysfonctionnements de la justice.
03:49Il n'y a que ça.
03:51Il n'y a absolument aucune investigation digne de ce nom qui n'a été faite dans ce dossier.
03:58Rien n'a été fait pour la manifestation de la vérité.
04:01Rien n'a été fait pour rendre justice.
04:04Lorsque j'ai déposé plainte en 2013, lorsque j'ai déposé plainte en 2019,
04:08certes, l'enquête a été rouverte.
04:12Ça veut dire que, cette fois-ci, Bertrand Cantat sera nécessairement interrogé,
04:16comme d'autres membres, peut-être, du groupe Noir Désir,
04:17ce qui n'a pas été fait pour l'instant ?
04:18Je l'espère.
04:20Ce serait la normalité qu'ils soient entendus.
04:24Ce serait la normalité qu'enfin,
04:26les témoins dont j'ai donné la liste en 2013,
04:2912 témoins,
04:30qu'ils soient enfin entendus aujourd'hui,
04:33des témoins directs et indirects
04:35de violences subies par Christina Raddy.
04:37Là, ce serait juste normal.
04:39Vous avez parlé de témoignages aux urgences,
04:40il y a d'autres témoignages, donc ?
04:41Oui, il y a d'autres témoignages.
04:43Et moi, j'ai des éléments nouveaux, aujourd'hui, aussi,
04:47que je souhaiterais porter à la connaissance du parquet de Bordeaux.
04:49Lesquels ?
04:50Je ne peux pas en parler encore, tout de suite.
04:53Ce sont de nouveaux témoins.
04:56Je vais demander audience au parquet de Bordeaux,
05:00pour leur communiquer ces éléments nouveaux.
05:02Et en tout état de cause,
05:03si le parquet de Bordeaux n'avait pas rouvert l'enquête,
05:07ne s'était pas autosaisie,
05:08j'étais en train de préparer, déjà, un signalement.
05:10Est-ce qu'on peut dire qu'il y a d'autres victimes,
05:12peut-être, potentielles ?
05:14Alors, il y a évidemment d'autres victimes.
05:18C'est une évidence.
05:20Il y a déjà Marie Trintignant,
05:22qui est morte sous les coups de Bertrand Cantat.
05:25Il y a Christina Raddy,
05:26qui a dit, dans le message qu'elle a laissé à ses parents,
05:29en six mois, avant de se pendre,
05:31le nombre de violences psychologiques et physiques qu'elles subissaient.
05:34Et vous avez, dans les éléments que vous ne pouvez pas nous révéler ce soir,
05:37la conviction qu'il y a d'autres victimes.
05:39Oui, absolument.
05:40Mais j'avais déjà apporté à la connaissance du parquet de Bordeaux,
05:42le fait qu'il y avait d'autres victimes.
05:43Parce que lorsque j'ai déposé plainte en 2019,
05:47je venais avec des échanges que j'avais eus avec la compagne d'un ancien membre de Noir Désir,
05:54qui m'affirmait, semaine après semaine, pendant de longs mois,
05:59que Christina Raddy était victime de violences conjugales.
06:02Que toutes les compagnes de Bertrand Cantat avaient été victimes de violences conjugales.
06:08Elle m'affirmait également que tous les membres de Noir Désir avaient menti
06:10pendant le procès à Vilnius, en disant que Bertrand Cantat n'avait jamais été violent.
06:15Il y avait ce message également laissé à ses parents de Christina Raddy.
06:18Alors ça, le message que Christina Raddy avait laissé à ses parents,
06:21ce long message de 7 minutes, c'est long 7 minutes.
06:25Pour moi, c'est une plainte posthume de Christina Raddy.
06:28Elle dit qu'elle est en danger de mort.
06:29Elle dit qu'elle ne sait pas si elle va être encore en vie.
06:33Elle dit que ce qu'elle vit est pire que ce qui s'est passé à Vilnius.
06:36Vous imaginez ?
06:37Est-ce que vous avez l'espoir d'un procès ?
06:39Mais bien sûr que j'ai l'espoir d'un procès.
06:42Mais j'ai l'espoir que la justice fasse son travail.
06:46J'ai l'espoir qu'il y ait manifestation de la vérité sur les causes de la mort de Christina Raddy.
06:52C'est quand même la moindre des choses qu'on lui doit, cette malheureuse.
06:55Vous pensez que Bertrand Cantat, lui-même, peut reconnaître les faits ?
06:58Je ne crois pas, non.
07:00Absolument pas.
07:01Pourquoi ?
07:01Parce qu'on a affaire à une personnalité typique.
07:06On rappelle qu'il ne reconnaît pas les faits.
07:07Voilà, absolument, il ne reconnaît pas les faits.
07:09De la même manière qu'après avoir tué Marie Trintignant, il arrivait encore, dans une interview qu'il a donnée aux Inrocs, à se présenter comme une victime d'un crime passionnel.
07:22Il arrivait encore à dire qu'il était fou amoureux de Marie Trintignant.
07:26Il arrivait encore à dire que Christina Raddy était aussi l'amour de sa vie, alors qu'elle s'était déjà suicidée.
07:35Et qu'il ne supportait pas le fait qu'il était le symbole des violences conjugales.
07:40Ben oui, mais oui, oui, Bertrand Cantat.
07:43Vous êtes le symbole de ce qui se fait de pire, en fait, dans les violences conjugales.
07:47Donc, il est forcément dans le déni de ce qu'il fait.
07:49Donc, il ne faut pas aller chercher un aveu, on ne l'aura pas.
07:53Donc, il faut aller chercher des témoignages.
07:55Il ne reconnaîtra pas.
07:57Merci beaucoup, Yael Mélule, d'avoir été l'invité de ce RTL Soir.
08:00Votre première réaction, elle est à réécouter, évidemment, sur rtl.fr et notre application.
08:04Bonne soirée à vous.
08:05Merci à vous.
08:06RTL, pour tout comprendre de l'actualité.
08:10Dans un instant, notre série sur les rois de la belle, les dix plus grandes évasions.
08:14Aujourd'hui, c'est Michel Vaujour qui s'évade à bord d'un hélicoptère piloté par sa femme.