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Un an après les Jeux olympiques et paralympiques de Paris, symboles d'inclusion, et six mois après le retour de Donald Trump au pouvoir, quelles trajectoires pour les politiques DEI en entreprise ? Face à la montée des discours réactionnaires et au désenchantement envers la méritocratie, les dynamiques DEI se trouvent bousculées. Comment les employeurs, les institutions et les associations réinventent-ils leurs engagements dans ce contexte ? Quels leviers concrets permettent encore d’avancer ? Décryptage avec deux acteurs de terrain engagés : Floriane Volt (Fondation des femmes) et Abdelaali El Badaoui (Banlieue Santé & Climat).
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00:00Le festival unique a été associé à une étude qui montrait, entre autres, que seuls 10% des Français à ce stade estiment vivre dans un pays où chacun et chacune a réellement sa chance et que 57% ne croient plus en la méritocratie.
00:17Abdel Ali El Badawi, est-ce que c'est un constat que vous voyez sur le terrain, que vous observez sur le terrain des associations que vous portez ? Est-ce que vous pouvez en exposer également l'activité rapidement ?
00:29Oui, bonjour, merci. Effectivement, moi je suis un firmé de profession tout d'abord et c'est vrai que à travers mon métier déjà, il y a un vrai sujet de constat sur ces questions-là depuis très longtemps.
00:38La question aujourd'hui des inégalités est là depuis bien longtemps, ça ne fait pas six mois, ça fait des années aujourd'hui que ça existe.
00:46Et donc nous, on avait envie vraiment de transformer tout cela en créant des organisations qui partent du besoin au terrain, partent de celles et ceux qui aujourd'hui vivent ces inégalités, peu importe lesquelles,
00:55et qui construisent à travers des solutions de terrain. Et aujourd'hui, on y arrive à travers nos organisations, banlieue santé, banlieue climat ou banlieue school.
01:03Et surtout, je pense que ce qui est important de voir, c'est que les populations aujourd'hui sont de plus en plus enclins à vouloir comprendre et apprendre et à faire part elles-mêmes.
01:13Donc c'est pour nous une victoire et il y a aujourd'hui plein de victoires qui sont faites malgré aujourd'hui ce qu'on voit en termes de constats et d'inégalités.
01:19Et justement, Abdel Ali, est-ce qu'il y a des changements, parce que ça fait déjà quelques années que, même si certaines associations là sont récentes,
01:28ça fait quelques années qu'elles existent, est-ce qu'on voit un manque peut-être de dynamisme, par exemple en 2025 ou en 2024,
01:35ou est-ce que les employeurs, les acteurs sur le terrain, ils continuent à être investis sur les questions de santé, les questions de climat ?
01:43Oui, alors on a plusieurs formes, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, que ce soit des partenaires entreprises qui ont envie aujourd'hui de changer les choses,
01:50mais ils ne savent pas faire, ils ne savent pas par qui passer.
01:53Et puis aussi, je pense qu'il faut aussi innover à travers les solutions, avoir des innovations sociales,
02:00faire en sorte qu'il y ait des entrepreneurs sociaux qui puissent aujourd'hui engager tout un travail,
02:04même de transformation, aujourd'hui même des politiques publiques, parce qu'il y a une réalité.
02:08Je pense qu'il faut aussi faire en sorte que les acteurs économiques, les acteurs publics,
02:13mais aujourd'hui les acteurs associatifs puissent travailler ensemble à transformer cela.
02:17Donc il y a effectivement des difficultés, mais il y a aussi des solutions qui sont proposées.
02:21Et c'est ça que nous, on va chercher, c'est qu'effectivement, le constat, les difficultés, elles sont présentes.
02:26Voilà, maintenant qu'elles sont faites, il faut agir.
02:28Et donc agir à la racine, c'est aujourd'hui notre travail à travers nos engagements avec les habitants et avec les bénéficiaires en direct.
02:34En parallèle de tout ce contexte, il y a l'arrivée de Donald Trump à la présidence des États-Unis,
02:43qui a été un tremblement de terre pour toutes les politiques diversité et inclusion, si on se concentre uniquement là-dessus.
02:51C'est une activité, une arrivée qui a aussi favorisé un discours masculiniste qui a été très débridé, à la ville d'ailleurs comme au travail.
03:02Est-ce que vous en observez, Florian Volt, les effets en France, notamment au travail et sous quelle forme ?
03:09Alors non seulement évidemment de ce discours qui s'est débridé, mais aussi évidemment des reliquats qui existaient en France et qui précédaient l'arrivée de Donald Trump.
03:18Oui, merci pour cette question.
03:20C'est vrai que l'arrivée, enfin le retour de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis a provoqué une nouvelle honte de choc qu'on a ressenti jusqu'ici en France,
03:30que ce soit avec cette peur du backlash, cette remise en question, l'éclatement des politiques d'EI et cette libération quand même d'un discours masculiniste
03:40qu'on sent, qu'on peut voir, qu'on observe, qu'on observe notamment dans nos moyens de communication, dans nos réseaux sociaux.
03:47À la Fondation des Femmes, on est très, très attentive et très à l'écoute.
03:52On essaye de mesurer justement l'effet de ce backlash.
03:56On sait à quel point l'arrivée, le premier mandat de Donald Trump a été dommageable pour les droits des femmes, parce que c'est quand même à lui et à son élection et à tout ce qu'il a fait
04:06qu'on lui doit le retour en arrière sur le droit à l'avortement.
04:12L'avortement qui ouvre et a libéré des possibilités en matière de remise en question des droits des femmes.
04:20S'agissant des entreprises, cette frilosité, on la sent, on peut la mesurer.
04:26Notamment, il y a eu, vous vous rappelez certainement, de cette lettre de l'ambassade américaine aux entreprises demandant de s'aligner sur le recul et sur les politiques de DEI aux entreprises françaises.
04:37Et à cette occasion, avec la Fondation des Femmes et plein d'autres organisations, et notamment la FMD, on a lancé cette pétition pour dire
04:46« Nos valeurs, nous y tenons » pour inviter les entreprises et les salariés des entreprises à défendre ces politiques de diversité et d'égalité,
04:54parce qu'on sait qu'elles sont bénéfiques pour la société.
04:58Et ce qu'on a pu voir à la Fondation, on a pu quand même mesurer cette frilosité, puisqu'on a reçu 8000 signatures.
05:04Alors, c'est 8000 personnes qui s'engagent, mais par rapport à ce qu'on peut faire d'habitude,
05:09alors même qu'on avait quasiment une vingtaine d'organisations, de réseaux professionnels, d'associations, de syndicats,
05:15engagés sur les pétitions, c'est assez... Voilà, le bilan est assez mitigé.
05:20Je pense qu'on peut capter cette frilosité nouvelle des entreprises à l'égard des politiques de DEI.
05:26Oui. Donc, ça veut dire que sur cette pétition, 8000, c'est moins...
05:31Ce que vous essayez de dire, c'est que c'est moins que les pétitions et les engagements mis en place les années précédentes.
05:36Oui, ou sur d'autres pétitions de la Fondation des Femmes, c'est quelque chose qu'on fait habituellement sur des sujets.
05:42Je prends un exemple qui n'a rien à voir, mais par exemple, récemment, on a lancé quelque chose
05:45pour la défiscalisation des pensions alimentaires.
05:48On est à 40 000 signatures en deux mois.
05:50Oui.
05:50Voilà. Donc là, 8 000, péniblement, ça montre quand même, et malgré nos efforts, malgré notre communication,
05:57malgré l'enthousiasme aussi de toutes les organisations qui s'y sont associées,
06:01tous les réseaux, finalement, ça n'a pas forcément fonctionné.
06:06Et pour nous, c'est peut-être un premier signe de cette frilosine.
06:10Et est-ce que ça se corrèle à une mesure d'une montée d'un sentiment de sexisme de la part des femmes
06:17et d'un masculinisme ?
06:19Alors, le HCE, le Haut Conseil à l'égalité, le mesure chaque année, mais...
06:24Enfin, chaque année ou régulièrement, en tout cas.
06:26Est-ce que c'est quelque chose qui est en train d'être observé par la Fondation des Femmes
06:31ou par des organismes tiers ?
06:34Oui. On voit dans tous les cas que, malgré cette philosophie, en fait, il y a un véritable besoin.
06:40Le baromètre Stop, qui a été publié fin avril sur la place des femmes en entreprise,
06:46montre que trois femmes sur quatre sont exposées à des discours sexistes, des discours masculinistes.
06:51Donc, vraiment, il ne faut pas relâcher l'effort parce qu'il y a, en effet, peut-être des poussées masculinistes
06:56en entreprise, mais aussi ailleurs.
06:58Et c'est vrai que c'est aussi les choses qui nous attirent, enfin, qui nous attirent au sens de...
07:04Sur lesquelles on est particulièrement attentive à la Fondation des Femmes.
07:10On peut voir, par exemple, je prends l'exemple des réseaux sociaux.
07:12C'est vrai que le Haut Conseil à l'égalité a également mesuré cette montée des masculinismes,
07:16en particulier chez les jeunes hommes, et l'adhérence à ces discours qui prolifèrent,
07:22qui sont de plus en plus nombreux, et notamment parce qu'ils se mettent sur le plan des messages de développement personnel.
07:27Et c'est aussi pour ça qu'ils fonctionnent bien sur les réseaux.
07:30Et à l'inverse, l'arrivée de Donald Trump et puis de ses amis de la tech qui détiennent aujourd'hui quand même des réseaux sociaux
07:38qui sont revenus tous sur leur politique de diversité, sur leur engagement à réguler les discours de haine,
07:48quels qu'ils soient, créent ce qu'on appelle quand même des « shadow ban ».
07:52Donc vraiment, on peut voir qu'à l'inverse de ces discours masculinistes qui montent, qui prolifèrent,
07:57les discours des organisations féministes, les messages progressistes, eux sont de plus en plus difficilement visibles.
08:04Nous, on l'a vraiment mesuré avec notre compte à la Fondation des Femmes.
08:07D'un coup, nos comptes, nos messages, nos publications, que ce soit pour la course sur la nuit des relais,
08:13le concours d'éloquence, d'un coup, ils étaient moins visibles.
08:16Et on a dû, en équipe, réfléchir à comment contourner les nouveaux algorithmes
08:21qui sont clairement défavorables au message pro-diversité et pour l'égalité entre les femmes et les hommes.
08:28Moi, à la FMD, je trouve qu'on a un peu du mal à justement saisir le contexte et l'impact du contexte
08:35sur le travail des associations, sur les relations avec les institutionnels, les relations avec les entreprises.
08:40Parce qu'on a d'un côté la frilosité, donc on sent des peurs, on sent que les employeurs,
08:48ils veulent tester des choses sur un tout petit périmètre avant de se lancer.
08:54Ça, ça a toujours existé.
08:56Mais on sent plutôt une peur des associations, notamment concernant les budgets,
09:01concernant le nombre d'employeurs qui vont les soutenir,
09:06ou concernant les budgets plus d'un point de vue des subventions.
09:10Mais pour autant, j'ai du mal à voir de manière concrète,
09:14justement cet impact au-delà d'une peur de voir moins de budget.
09:19J'ai du mal à le voir.
09:19Est-ce que vous, vous sentez ça aussi sur le terrain ?
09:22Ou est-ce que vous avez d'autres...
09:23Et puis, est-ce que c'est une autre question que le budget ?
09:25Est-ce qu'il y a d'autres sujets que le budget ?
09:26En tout cas, nous, ce qu'on mesure là à la Fondation des femmes,
09:29on a aussi lancé un appel sur justement les coupes budgétaires.
09:34On est dans un contexte politique compliqué, financier compliqué.
09:37C'est-à-dire qu'on a à la fois les collectivités locales qui aussi revoient leurs subventions,
09:43l'État qui s'interroge.
09:44Et dernièrement, alors ça a été...
09:46Heureusement, on a été réconfortés là-dessus,
09:48mais il était même question de toucher, de limiter finalement les abattements fiscaux
09:54et donc l'investissement des entreprises s'agissant des dons.
09:58Donc, il y a clairement une frilosité qui est, je pense, justifiée,
10:00enfin une peur en tout cas des associations qui est justifiée
10:04parce que les besoins continuent d'augmenter,
10:06notamment sur le secteur qu'on connaît très bien qui sont les violences faites aux femmes.
10:10Nous, à la Fondation des femmes, notre rôle, il est aussi de justement d'aider les associations,
10:15de compenser et on voit qu'il y a de nombreuses demandes,
10:19on voit des associations en détresse budgétaire d'une manière ou d'une autre qui nous sollicitent.
10:23Donc, je pense que cette peur, elle est confirmée et elle est légitime.
10:30Néanmoins, c'est aussi pour ça qu'on compte sur les entreprises pour s'engager
10:34et continuer de s'engager comme ils l'ont fait depuis quelques années,
10:39particulièrement à la suite de MeToo.
10:41Abdelali El-Badawi, est-ce que vous, vous observez aussi,
10:44vous aussi, vous avez quand même des petits mots-clés qui ont été rayés de la carte trumpienne
10:52et donc avec une influence qui doit avoir lieu, peut-être.
10:55Est-ce que vous observez aussi ces effets sur les fonds que vous recevez,
10:59le soutien de la part des entreprises, mais aussi de l'institution ?
11:04Oui, c'est-à-dire que les dernières, aujourd'hui, discussions qu'il y a eu politiquement
11:08sur la baisse, en tout cas sur la question fiscale des associations et autres,
11:14et des donations, étaient un vrai sujet où, d'ailleurs, beaucoup d'associations se mobilisaient.
11:18Il faut savoir que, alors, je suis administrateur au Centre français des fonds et fondations
11:22et donc, forcément, on s'est beaucoup mobilisés à l'intérieur pour, aujourd'hui,
11:26mobiliser les fondations sur ces sujets-là, mais aussi les entreprises sur ces sujets-là.
11:30En France, il y a 20 millions de bénévoles, 2 millions de salariés.
11:34Donc, le constat est simple, un Français sur quatre est bénévole et a donné du temps
11:38ou donne du temps.
11:39Et donc, c'est là où on voit la force, quand même, importante dans notre pays,
11:43de gens qui, aujourd'hui, s'activent pour être utiles aux gens.
11:45Et donc, de ce constat-là, je pense que le gouvernement, s'il avait effectivement été
11:50jusqu'à décider de diminuer, de baisser ou de retirer tous ces sujets de fiscalité
11:57et autres de donations, je pense que ça aurait créé un vrai problème parce qu'aujourd'hui,
12:01les acteurs associatifs, il faut le dire, font un vrai travail de service public au quotidien
12:06et que l'État ne peut pas faire et ne pourra jamais faire.
12:11Donc, il faut, je pense, repartir du terrain, repartir de celles et ceux qui font.
12:15Et quand je dis les acteurs, ce n'est pas juste les grandes organisations qu'on voit,
12:18c'est aussi M. et Mme Tout-le-Monde, l'association qui s'occupe des chats dans le quartier.
12:22Voilà, c'est des gens qui, au quotidien, font un travail formidable et c'est eux qu'il faut saluer
12:26et qu'il faut préserver.
12:28Et je pense que c'est là aussi qu'il y a eu une forte mobilisation de beaucoup d'acteurs
12:32et je pense qu'il faut les remercier.
12:34À partir de ça, pour revenir quand même au rôle des entreprises dans l'émergence,
12:41le renouveau, la résilience, la résistance des politiques diversitées,
12:47quelles sont vos attentes dans le contexte actuel, étant donné ce qui se passe, etc.
12:53C'est quoi les attentes ?
12:54En fait, je pense que déjà, il faut voir les acteurs associatifs plutôt comme des innovateurs
13:02qui innovent au quotidien et qui, au quotidien, ont le terminé social de ce qui se passe.
13:07Chose que parfois, les institutions publiques ou les acteurs privés, les entreprises n'ont pas forcément au quotidien.
13:12Et ça a une valeur inestimable.
13:13Et donc, ça a une valeur inestimable.
13:15C'est pour ça que moi, je dis qu'aujourd'hui, mettre des moyens aux acteurs associatifs,
13:18ce n'est pas une dépense, mais un investissement.
13:20Et même, je dirais, c'est probablement, on fait des économies de santé publique
13:25ou des économies de politique publique à travers l'investissement qu'on met
13:28sur les acteurs associatifs ou les innovateurs sociaux.
13:31Et ça, je pense qu'il ne faut pas du tout vous fermer les yeux
13:34et regarder les choses avec beaucoup d'intelligence et puis d'humilité de ce qui se passe sur le terrain.
13:41Et ça passe par quoi ?
13:43Alors, cette action des entreprises possibles,
13:46les attentes que vous auriez de la part des entreprises, ça passerait par quoi ?
13:50Je pense qu'il ne faut pas...
13:54Nous, on invite aussi ces entreprises à ne pas lâcher la barre du cap,
13:59ne pas lâcher le cap qu'elles sont beaucoup à s'être fixées
14:03pour plus de diversité, plus d'égalité en entreprise.
14:07Il y a de nombreuses études qui le montrent.
14:08Je crois que c'est notamment une étude de Women's Forum
14:11qui montre que les entreprises qui investissent plus dans l'égalité,
14:15dans les politiques d'égalité, sont plus résilientes, elles sont plus résistantes.
14:18Et donc, s'il leur fallait un argument économique de plus, le voilà.
14:22En tout cas, à la fois ne pas lâcher,
14:26maintenir parce que vraiment, on a tous et toutes à y gagner.
14:30Et il faut continuer aussi à innover,
14:33à penser la vie de leurs salariés et de leurs salariés EES dans leur globalité.
14:41C'est vrai qu'avec nous, on a un observatoire de l'émancipation économique des femmes
14:46à la Fondation des femmes qu'on anime avec le Crédit municipal de Paris
14:49qui publie des études régulièrement et qui permet de mesurer,
14:53de montrer aussi que lorsque les entreprises s'investissent,
14:56qu'elles mettent en place des politiques spécifiques,
14:59je pense par exemple au Parental Act ou à des mesures pour corriger
15:04ou apporter plus d'égalité dans l'entreprise, ça fonctionne.
15:07Et les salariés sont plus heureux et plus heureuses aussi.
15:11En tout cas, on les invite aussi à continuer
15:14parce qu'il y a aussi encore des marges de progression sur certains sujets.
15:18On a publié une note récemment sur la question des femmes seniors
15:22et de leur carrière.
15:24Elle a été rédigée par Laetitia Vito.
15:26Rédigée par Laetitia Vito, qui montre en fait que vraiment entre 45 et 65 ans,
15:32la carrière des femmes stagne pour toute une série de facteurs
15:36et leur pouvoir économique aussi vraiment décroît en tout cas par rapport aux hommes.
15:43Oui, c'est 157 245 euros qu'elles perdent par rapport à leurs camarades masculins.
15:50Oui, on a fait ce calcul aussi pour attirer l'attention
15:53où on a pris deux trajectoires, la trajectoire d'un homme et la trajectoire d'une femme,
15:57en se basant sur les chiffres de l'INSEE,
15:59qui montrent en fait du simple fait d'être une femme.
16:01Entre ses 40 et 60 ans, une femme, à chaque fois qu'elle souffle une bougie,
16:05elle perd 7000 euros de pouvoir économique par rapport aux hommes.
16:09Et sur 20 ans, ça fait 157 000 euros d'opportunités perdues,
16:14du simple fait entre guillemets d'être une femme.
16:15Et le thème de notre émission aujourd'hui, c'est le renouveau.
16:19Et vous avez commencé à parler d'innovation.
16:21Et moi, je voudrais qu'on rentre un peu plus dans le détail
16:23et dans des choses plus concrètes.
16:27Je vois au quotidien des employeurs qui essayent justement d'innover,
16:34de trouver des nouvelles formes d'engagement.
16:35Mais je trouve que c'est un peu difficile,
16:40parce que ça fait 25 ans qu'on travaille sur ces questions-là.
16:43Est-ce que vous, justement, vous avez trouvé des moyens d'innover ?
16:46Et de quelle manière ?
16:48Nous, on essaie de faire corréler la question du bien commun et du droit commun.
16:54C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il y a plein de publics
16:56qui n'ont pas accès à la question du droit commun
16:58et qui pourraient en bénéficier pour pouvoir faire en sorte que ces publics-là,
17:02hommes ou femmes, puissent aujourd'hui être un peu plus autochtones.
17:05Je crois qu'il y a un chiffre qui dit qu'aujourd'hui,
17:08une femme qui divorce, elle perd près de 70% finalement
17:11de ses moyens financiers, de sa capacité financière, etc.
17:15Donc, c'est là où on voit qu'aujourd'hui, il y a un vrai delta,
17:18c'est qu'on a de plus en plus en plus de familles monoparentales
17:20et la plupart des familles monoparentales sont des femmes.
17:23Et donc, il y a un vrai sujet aussi à aller voir ces publics-là,
17:26faire en sorte de les mobiliser, de leur donner les moyens, les outils.
17:30Et donc, ça se concrétise par des actions terrain qu'on a mis en place
17:32à travers différents programmes.
17:34Et un des programmes phares qu'on a mis en place,
17:36il s'appelle Ambassadrice Santé.
17:37Pourquoi Ambassadrice Santé ?
17:39Parce que, un, les femmes sont en première ligne des inégalités sociales.
17:42Elles portent souvent le poids de la vie.
17:43Elles portent la vie pour certaines.
17:45Et puis, elles sont la résolution aux inégalités sociales.
17:48Et donc, depuis deux ans et demi,
17:49on a monté tout un programme avec le soutien des agences régionales de santé,
17:52du ministère de la Santé et d'autres instances d'État,
17:55mais aussi des instances privées,
17:56à monter un programme de santé publique
17:58qui dure entre 4 et 8, 9 mois pour ces femmes,
18:03où, parfois, on a essentiellement des femmes
18:06qui n'ont jamais travaillé leur vie,
18:07qui rentrent dans ce processus de formation,
18:10et par la suite, elles deviennent ambassadrices de santé,
18:12et elles vont faire en sorte de faire passer des messages de santé publique.
18:16À d'autres femmes ?
18:16À d'autres femmes, mais pas que.
18:18La porte d'entrée sur les femmes,
18:20la porte de sortie, ce sont les enfants,
18:22la famille de manière globale,
18:24parfois, famille, grands-parents, parents, etc.
18:27Et elles sont rémunérées.
18:29Donc, aussi, on ne voulait pas entrer dans un schéma
18:31où l'action sociale, c'est appauvrir les gens.
18:33Alors que nous, l'action sociale, c'est vraiment de faire en sorte
18:35qu'elles aient un pouvoir d'agir.
18:37Elles se sentent aussi dans l'espace public.
18:39C'est reprendre l'espace public qui leur appartient
18:41et aussi agir en conséquence pour leur propre santé
18:44et aussi la santé, finalement, des habitants,
18:47parce qu'on le voit aujourd'hui à travers la question
18:49des inégalités sociales en santé.
18:51Il y a de moins en moins de professionnels de santé.
18:53Il y a de plus en plus de personnes malades.
18:55Et donc, il faut trouver le moyen d'avoir, aujourd'hui,
18:57des personnes qui arrivent à faire en sorte
18:59que les habitants les plus vulnérables aient accès à la santé,
19:02en tout cas au message de santé publique.
19:03OK. Donc, une des manières de renouveler,
19:07c'est finalement de croiser des sujets.
19:08Moi, là, ce que j'entends et ce qu'on voit de plus en plus,
19:11c'est qu'on ne traite pas seulement de l'égalité femmes-hommes,
19:14mais on va traiter de la santé, de l'égalité femmes-hommes,
19:17mais dans la santé.
19:18On ne va pas seulement traiter des violences sexistes et sexuelles,
19:22on va le traiter dans un cadre ou dans un contexte spécifique.
19:25Je fais le lien avec, par exemple, Banlieue Climat,
19:26où là, on fait le lien entre des questions environnementales
19:29et des questions sociales, en fait.
19:31Tout à fait.
19:31Donc, on est plus sur des questions,
19:33pas que de l'intersectionnel,
19:34mais aussi des croisements des sujets qui se traversent.
19:36Et pour vous, à la Fondation des Femmes,
19:39l'innovation, elle passe par quoi ?
19:41Alors, je voulais juste réagir.
19:45Est-ce que vous venez de dire sur l'intersectionnalité
19:49ou la prise des sujets dans leur globalité ?
19:51Nous, on peut voir à quel point on manque de réflexes genre
19:55sur les données,
19:56à quel point on manque de données genrées
19:57sur tous les sujets qu'on étudie.
20:02Et en tout cas, ce qu'on peut voir dans ce que vous dites
20:04sur les ambassadrices de l'égalité,
20:06et ça résonne vraiment avec les sujets qu'on travaille aussi,
20:09c'est que souvent, on voit que les femmes,
20:11elles sont la variable d'ajustement des politiques publiques,
20:14du manque de place en crèche.
20:16Il y a 230 000 familles qui n'ont pas de place en crèche.
20:19On a choisi, je parle des aidantes,
20:22on a choisi de faire un virage d'homitiaire,
20:25c'est-à-dire permettre aux personnes âgées et dépendantes
20:26de rester chez celles.
20:28On manque complètement de personnes pour le faire.
20:31Donc, ce sont les femmes qui assurent ces rôles-là.
20:34Et ce qu'on invite à faire aux employeurs,
20:37mais globalement à la cécité et aussi aux pouvoirs publics
20:39dans nos travaux, c'est de repenser la globalité.
20:42Je ne sais pas si c'est de l'innovation,
20:44mais en tout cas, penser les femmes,
20:46arrêter de penser les choses en silo,
20:47comme s'il y avait l'égalité professionnelle d'une part,
20:49la lutte contre les violences d'autre part,
20:51la santé des femmes de troisième part.
20:53Ce qu'on voit, c'est qu'en fait,
20:55les femmes, il y a des choses sur leur parcours de vie,
20:58il y a des inégalités qu'elles rencontrent
21:00au cours de leur parcours de vie.
21:02On invite vraiment les employeurs à prendre en compte,
21:05c'est-à-dire que certes,
21:06il peut y avoir un écart salarial de 24 %,
21:08mais le plus grand écart salarial,
21:09il est au sein des couples.
21:11Il faut penser que ce sont les mêmes femmes
21:12qui sont aidantes,
21:13qui sont discriminées parce qu'elles vont être mères,
21:15qui sont susceptibles d'être victimes
21:17de violences conjugales.
21:18Et on n'a pas force de...
21:20Évidemment, à la Fondation des femmes,
21:22on soutient toute forme d'innovation
21:23qui permette aux entreprises de s'engager
21:26et de répondre à ces sujets
21:27en formulant différentes recommandations
21:30qu'on invite à retrouver.
21:32Merci à vous deux.
21:33Floriane Volt, je rappelle que vous êtes directrice
21:35des affaires publiques et juridiques
21:36à la Fondation des femmes.
21:38Abdelali El Badaoui, je rappelle que vous êtes
21:40président et fondateur de Banlieue Santé,
21:42Banlieue Climat et Banlieue School.
21:44Donc, merci à vous deux d'être venus.
21:47Maya, nous nous retrouvons à la rentrée
21:49pour une nouvelle émission,
21:51une émission qui portera sur la réinsertion
21:54des ex-détenus, ce sera passionnant.
21:56Et je vous souhaite un merveilleux été
21:58en attendant ce moment.
21:59Et je vous souhaite un merveilleux
22:02et un merveilleux.
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