Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • avant-hier
Le trafic maritime joue un rôle essentiel au sein de l'économie globalisée. 95% des produits expédiés à travers la planète passent par les mers ou les océans. Certains objets de consommation courante voyagent plusieurs fois autour du globe avant de parvenir dans les commerces. Qui sont les acteurs de ce gigantesque trafic ? Quels en sont les enjeux ? Enquête dans les coulisses du transport maritime, un milieu opaque, qui engendre de graves atteintes à l'environnement et d'importantes pertes fiscales, liées aux pavillons de complaisance.

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00:00Nos vitrines sont la face visible du grand spectacle commercial offert en continu aux consommateurs de la planète.
00:00:26Mais sont-elles aussi transparentes qu'il y paraît ?
00:00:29Ce film explore les mécanismes d'une industrie qui en coulisses tire les ficelles de notre monde globalisé et se cache derrière chaque étiquette.
00:00:39Excusez-moi, vous travaillez ici ?
00:00:40Oui, oui.
00:00:42Est-ce que vous savez quelle distance a été parcourue pour fabriquer cette veste ?
00:00:48Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'elle est made in Bangladesh.
00:00:53Fabriquée au Bangladesh ?
00:00:54Oui, c'est ça.
00:00:56Ok, et c'est tout ce que nous savons sur cette veste ?
00:00:58Oui, messieurs.
00:00:59D'accord. Merci beaucoup.
00:01:01Au plaisir.
00:01:06D'où viennent les produits qui font notre quotidien ?
00:01:09Mes chaussures viennent de Chine, ma chemise vient d'Indonésie, tous ces articles viennent de l'autre bout de la planète.
00:01:19Et ce qui est vraiment incroyable, c'est que même si tous ces produits ont voyagé à travers le monde, ma tenue reste vraiment bon marché.
00:01:27Des milliers de kilomètres parcourus, et tout ça pour une poignée de dollars.
00:01:37Ça, c'est venu par bateau. Ça, c'est arrivé par bateau. Mes chaussures sont arrivées par bateau. Le micro, toute votre technologie, la caméra même est arrivée par bateau.
00:01:46On remplit des conteneurs avec de la ferraille, du foin, du papier recyclé.
00:01:56De l'énergie que nous utilisons, à la nourriture que nous consommons, en passant par tous ces gadgets avec lesquels nous aimons jouer.
00:02:0290% d'absolument tout.
00:02:0490% de tout ce que nous consommons.
00:02:06Tout vient par conteneurs, de l'autre bout du monde.
00:02:09Le transport maritime a pris les commandes de notre société, maillons fondamentales d'une chaîne d'approvisionnement bien réglée.
00:02:38Il navigue loin des regards, et assouvit en silence notre addiction à la consommation.
00:02:45Nous dépendons tous de cette industrie, et pourtant, elle reste hors de portée de notre écran radar.
00:02:50Vous êtes sur le pont du Poelche.
00:02:54C'est un porte-conteneur.
00:02:57Je suis le capitaine Razvan Adrianita, je viens de Roumanie, et je suis le capitaine de cette jolie dame.
00:03:08Cette jolie dame mesure plus de 300 mètres de long.
00:03:11Elle appartient à un armateur allemand, mais elle bat pavillon du Liberia.
00:03:17Son équipage n'est formé que d'une vingtaine d'hommes, capables à eux seuls de faire fonctionner cette cité flottante.
00:03:23Dans ses conteneurs, 80 000 tonnes de produits en tout genre, transportés d'un bout à l'autre de la planète pour le compte de milliers d'exportateurs.
00:03:29Quels sont les dessous de cette industrie ?
00:03:33Quel est son impact sur l'environnement ?
00:03:36Comment influence-t-elle notre société ?
00:03:38Et à quel prix ?
00:03:42Beaucoup de gens attribuent la mondialisation aux différences de salaires,
00:03:47et pensent que les entreprises vont en Asie du Sud-Est, parce que la main-d'oeuvre y est moins chère.
00:03:53Ce n'est pas tout à fait vrai.
00:03:54Les travailleurs d'Asie du Sud-Est ont gagné moins que les travailleurs européens et américains pendant des centaines d'années,
00:04:01sans que nous n'atteignions un tel degré de mondialisation.
00:04:06C'est en réalité le coût très bas du transport qui a rendu possible l'utilisation de cette main-d'oeuvre bon marché
00:04:11pour fabriquer les produits destinés à être vendus sur les marchés étrangers.
00:04:15Ce qui est fascinant avec le faible coût du transport maritime,
00:04:28c'est qu'une entreprise peut traiter le monde entier comme une seule usine.
00:04:39Avant que le fret maritime soit répandu, il était courant d'avoir de très grandes usines.
00:04:45Les matières premières entraient à un bout de l'usine
00:04:50et les produits finis ont sorti à l'autre bout.
00:05:05Plus personne ne fait ça aujourd'hui.
00:05:07Plus personne n'a besoin de faire ça.
00:05:09Le transport a tout changé.
00:05:15Aujourd'hui, les distances n'existent plus.
00:05:18Et un produit aussi simple qu'une veste est le résultat d'une collaboration à l'échelle planétaire.
00:05:23Quand vous voyez une étiquette « Made in Bangladesh » sur un vêtement,
00:05:35vous n'avez en réalité qu'une partie de l'histoire.
00:05:38Cela ne dit pas où le coton a été cultivé, où il a été tissé, où il a été teint.
00:05:44Et s'il y a des éléments comme des boutons ou une fermeture éclair, où ceux-ci ont été fabriqués ?
00:05:52Cela peut avoir été fait dans un tout autre pays.
00:05:55Tout ce que l'étiquette vous dit, c'est où se trouve l'usine, où l'assemblage final a eu lieu.
00:06:04Le « Made in » se limite en réalité à la dernière étape d'un long périple.
00:06:08Son coton vient des États-Unis, mais il a été envoyé en Inde pour être tissé, éteint.
00:06:14Les boutons, eux, ont été fabriqués au Vietnam,
00:06:17mais à partir de plastique collecté en Europe, puis transformé en Chine.
00:06:23Au total, 48 000 kilomètres, plus que la circonférence de la Terre, ont été parcourus.
00:06:29Et tout ça pour le prix modique d'un ticket de métro.
00:06:34Nous sommes arrivés à un point où les marchandises faites localement
00:06:37sont plus chères que celles qui nous sont expédiées de l'autre bout du monde.
00:06:41Pour moi, il y a quelque chose qui cloche dans cette équation.
00:06:44Et de toute évidence, il y a des effets induits et des coûts cachés
00:06:48que le consommateur ne connaît pas.
00:06:59L'équation a ses secrets.
00:07:01Et cela peut déclencher quelques interrogations.
00:07:03Comment cette industrie peut-elle proposer un transport à si bas prix ?
00:07:10Bonjour, monsieur.
00:07:14Vous pouvez sans doute m'orienter.
00:07:16On tourne un documentaire sur le transport maritime,
00:07:18mais je voudrais savoir s'il serait possible d'entrer dans le port.
00:07:20Non. Est-ce que ce véhicule derrière est avec vous ?
00:07:22Non. Je pense plutôt qu'il nous surveille depuis un moment.
00:07:26Oui, bonjour.
00:07:28Vous êtes en train de filmer, là ?
00:07:29En fait, je souhaiterais...
00:07:30Je vais vous demander de quitter les lieux et de m'attendre là-bas,
00:07:32derrière le camion rouge.
00:07:34Bonjour, monsieur.
00:07:35Je peux savoir ce que vous faites là ?
00:07:37On tourne un documentaire.
00:07:39Un documentaire sur quoi ?
00:07:40Sur le transport maritime.
00:07:43Vous savez, 90% de tout ce que nous consommons.
00:07:45Vous avez une autorisation, quelque chose ?
00:07:47Non, pas pour l'intérieur du port.
00:07:49C'est là que je voudrais filmer.
00:07:50Les conteneurs...
00:07:51Permis de conduire, carte grise, assurance, s'il vous plaît.
00:08:00Sous bonne garde, le transport maritime, ou le shipping,
00:08:04opère loin des regards.
00:08:06Et cette réalité a un nom.
00:08:08Les transporteurs l'appellent la cécité des mers.
00:08:12Cette industrie ne se laisse pas voir.
00:08:15Et pourtant, elle est immense.
00:08:17Si vous regardez n'importe quel site de localisation des navires,
00:08:25vous verrez des milliers de points.
00:08:27Et chaque point est un bateau.
00:08:28Et chaque bateau porte des milliers de tonnes de cargaisons.
00:08:31Mais si vous voulez vraiment voir ces bateaux,
00:08:33c'est très compliqué.
00:08:3760 000 vaisseaux sillonnent sans relâche les artères maritimes du globe.
00:08:42Ils sont le flux sanguin qui nourrit la machine globale
00:08:44et ravitaille 7 milliards d'humains.
00:08:47Les matières premières, minerais, charbon, le pétrole, le gaz,
00:08:52tous les fruits, légumes, céréales, les liquides,
00:08:55produits chimiques, composants, produits finis.
00:08:5890% de tout ce qui est fabriqué ou extrait de la planète
00:09:01passe par la mer.
00:09:04Alors comment expliquer une telle invisibilité du secteur maritime ?
00:09:08Vu que les bateaux deviennent de plus en plus grands,
00:09:12les ports doivent être plus profonds.
00:09:14Donc ils se sont éloignés.
00:09:18Il n'y a plus de dock au centre de Londres.
00:09:20Il n'y a plus de dock dans New York.
00:09:22Parce qu'il n'y a pas assez d'eau et pas assez d'espace.
00:09:27Aujourd'hui, les ports sont énormes.
00:09:29Et ils sont souvent situés à plusieurs kilomètres des villes.
00:09:32C'est pourquoi il est difficile de voir les navires.
00:09:37C'est paradoxal.
00:09:40Mais si les ports et l'industrie tout entière sont devenus invisibles,
00:09:43c'est parce que les bateaux ne cessent de grandir.
00:09:50Les navires deviennent de plus en plus grands.
00:09:53Vraiment, on dirait qu'il n'y a plus de limite maintenant.
00:09:56Les records de taille ne durent que quelques mois.
00:09:58Il y a constamment un bateau encore plus grand qui fait son apparition.
00:10:03Les dimensions sont titanesques.
00:10:06Le triple E est l'un des petits derniers de la flotte.
00:10:08Avec ses 400 mètres de long,
00:10:10l'équivalent de 4 terrains de football,
00:10:12il pourrait accueillir 10 Airbus A320 en file indienne.
00:10:16Ou une tour Eiffel.
00:10:17Ou pourquoi pas, le Titanic tout entier.
00:10:20Mais sa spécialité, ce sont les conteneurs.
00:10:2318 000 à chaque voyage.
00:10:26Si on les alignait,
00:10:27cela donnerait un serpent d'acier de 120 kilomètres.
00:10:30Plus on en met sur un seul bateau,
00:10:32plus le coût du transport baisse.
00:10:34C'est ça, l'économie d'échelle.
00:10:35Nous avons fait quelques calculs plutôt amusants.
00:10:40Et il s'avère qu'un navire comme celui-là
00:10:41peut transporter 800 millions de bananes,
00:10:44suffisamment pour donner une banane à chaque personne
00:10:46en Amérique du Nord et en Europe.
00:10:53Et dans la conquête silencieuse du shipping,
00:10:56il est une invention qui a largement contribué
00:10:58à réduire les coûts du transport.
00:11:00Celle du conteneur.
00:11:01Avant, cela prenait des semaines et même des mois
00:11:07pour charger ou décharger un navire.
00:11:09On y chargeait individuellement
00:11:10jusqu'à 200 000 caisses ou paquets.
00:11:12Mais maintenant, si vous avez par exemple 6 000 conteneurs,
00:11:15tous peuvent être chargés et déchargés
00:11:16en à peine 24 heures.
00:11:27Aujourd'hui, avec les conteneurs si efficaces,
00:11:29si simples à gérer,
00:11:30il est devenu rentable, par exemple,
00:11:33pour des pêcheurs écossais,
00:11:34d'expédier leurs morues jusqu'en Chine
00:11:36pour les découper,
00:11:37puis de les renvoyer en Écosse pour les congeler
00:11:39et ensuite les vendre dans le monde entier
00:11:41comme du poisson écossais.
00:11:43Et il y a toutes sortes d'exemples comme celui-là.
00:11:49Le conteneur a tout accéléré.
00:11:53Et ce sont aujourd'hui 500 millions de ces boîtes
00:11:55qui transitent chaque année sur les autoroutes maritimes.
00:11:58Qu'est-ce que vous transportez dans ces conteneurs ?
00:12:00Il y a quoi sur votre bateau ?
00:12:01En dehors de certaines cargaisons spéciales
00:12:05et des conteneurs réfrigérés,
00:12:07en pratique,
00:12:08nous ne savons pas vraiment ce qu'il y a dans ces conteneurs.
00:12:12Ça peut être n'importe quoi.
00:12:24Chaque conteneur est rempli et scellé
00:12:26par l'expéditeur lui-même.
00:12:29Puis il est acheminé au port
00:12:30avant d'être chargé sur un navire en partance.
00:12:34Une fois à destination,
00:12:36la boîte, toujours scellée,
00:12:38est déchargée,
00:12:39puis livrée par train ou par camion
00:12:40à son destinataire.
00:12:42Et sauf exception,
00:12:44seul l'expéditeur et le destinataire
00:12:46savent ce que la boîte contient.
00:12:52En général,
00:12:53l'équipage et le capitaine
00:12:54n'ont aucune idée de ce qu'ils transportent.
00:12:57Pour eux,
00:12:57tous les conteneurs se ressemblent.
00:13:00La compagnie à qui appartient le navire,
00:13:02elle non plus,
00:13:02ne sait pas ce qu'elle transporte.
00:13:05Elle reçoit ce qu'on appelle
00:13:06un manifeste rempli par l'expéditeur
00:13:08qui dit par exemple
00:13:09« Ce conteneur est rempli
00:13:11de tant de pulls en laine ».
00:13:14Il est possible que ce conteneur
00:13:16contienne des pulls.
00:13:17Mais il est aussi possible
00:13:19qu'il renferme d'autres choses
00:13:21à l'intérieur.
00:13:21Ce que j'adore
00:13:26avec le transport maritime,
00:13:28c'est cette expression
00:13:29« disant contenir ».
00:13:31C'est un terme légal
00:13:32sous lequel opère toute l'industrie.
00:13:34Une manière de dire
00:13:35« Nous n'avons aucune idée
00:13:36de ce qu'il y a dans les conteneurs ».
00:13:38C'est un mystère.
00:13:43Mais l'Office de lutte
00:13:44contre la drogue et le crime
00:13:45des Nations Unies,
00:13:46à travers son programme d'inspection,
00:13:48a une petite idée
00:13:49de ce qu'ils peuvent renfermer.
00:13:50« Ces dix dernières années,
00:13:53nous avons saisi
00:13:54plus de 100 tonnes de cocaïne,
00:13:5660 tonnes de cannabis,
00:13:57des tonnes d'héroïne,
00:13:59des tonnes de produits chimiques
00:14:01utilisés dans la fabrication
00:14:02de drogues,
00:14:03sans compter les marchandises
00:14:04de contrefaçon,
00:14:05les armes, etc.
00:14:09Il n'y a pas de limite
00:14:10à ce que notre programme
00:14:11d'inspection a trouvé. »
00:14:17Plus de la moitié
00:14:17des narcotiques
00:14:18qui inondent l'Europe
00:14:19et les États-Unis
00:14:20pénètrent via les ports
00:14:21commerciaux
00:14:22dans des boîtes
00:14:23apparemment anodines.
00:14:25Mais leurs parois métalliques
00:14:26peuvent cacher
00:14:26bien plus que des drogues
00:14:27illicites.
00:14:31Pour les trafiquants d'armes,
00:14:33le conteneur
00:14:34est un cheval de troie idéal
00:14:35pour esquiver des embargos
00:14:36et alimenter les conflits armés
00:14:38ou les organisations terroristes
00:14:40du globe.
00:14:41Chaque port est une brèche
00:14:42dans le système
00:14:43de sécurité des nations.
00:14:44conscient de la menace terroriste
00:14:47depuis septembre 2001,
00:14:49les États-Unis,
00:14:50en accord avec d'autres pays
00:14:51industrialisés,
00:14:52ont instauré une politique
00:14:53d'inspection visant
00:14:54à scanner 100%
00:14:55des conteneurs.
00:14:57Mais la réalité
00:14:58est légèrement différente.
00:15:00Seulement 2% des conteneurs
00:15:03qui circulent dans le monde
00:15:04sont inspectés ?
00:15:05Oui.
00:15:06À mon avis,
00:15:07il n'est pas utile
00:15:08d'augmenter le nombre
00:15:08d'inspections.
00:15:11Parce qu'heureusement,
00:15:12la plupart des gens
00:15:12respectent les règles.
00:15:16Ce ne sont pas
00:15:17des criminels.
00:15:19D'accord,
00:15:20mais il reste quand même
00:15:2198% de conteneurs
00:15:23à risque
00:15:23dont on ne sait rien.
00:15:25mais je vous dis
00:15:26que la plupart
00:15:27des entreprises,
00:15:28la plupart des exportateurs
00:15:30veulent respecter la loi.
00:15:34Ce ne sont pas
00:15:34des criminels.
00:15:41Naïveté ou indifférence,
00:15:43les autorités
00:15:44et les transporteurs
00:15:44ferment les yeux.
00:15:47C'est un autre
00:15:47des symptômes
00:15:48de la cécité des mers.
00:15:52Une des plus grandes
00:15:53compagnies maritimes,
00:15:54en fait la plus grande,
00:15:55est Mersk,
00:15:56dont la plupart des gens
00:15:57n'ont jamais entendu parler.
00:15:59Mais c'est absolument énorme.
00:16:01Elle a les mêmes revenus
00:16:02que Microsoft.
00:16:06Il est très difficile
00:16:07d'imaginer l'équivalent
00:16:08de l'industrie informatique
00:16:10sans rien savoir
00:16:11de Steve Jobs
00:16:11ou de Bill Gates.
00:16:13C'est un peu ça
00:16:14le transport maritime
00:16:15aujourd'hui.
00:16:16Ça représente une partie
00:16:17très très importante
00:16:19du commerce mondial.
00:16:21Mais contrairement
00:16:22à l'informatique
00:16:23ou à la plupart
00:16:23des autres activités,
00:16:24nous ne savons pratiquement
00:16:26rien des entreprises
00:16:27de ce secteur.
00:16:29Elles n'attirent
00:16:30aucune publicité.
00:16:32Même pour les compagnies
00:16:33maritimes numéro 2,
00:16:343, 4 du monde,
00:16:36la plupart des gens
00:16:37ne savent pas
00:16:37ce que leurs initiales
00:16:38signifient.
00:16:40Ils ont vu les noms
00:16:40sur des conteneurs
00:16:41mais ils ne savent pas
00:16:42grand-chose d'elles.
00:16:44Ils ne savent pas
00:16:44qui sont les propriétaires.
00:16:46Ils ne savent probablement
00:16:47pas dans quels pays
00:16:47elles sont basées.
00:16:49C'est une des industries
00:16:50les plus opaques
00:16:51que je connaisse.
00:17:03Opacité
00:17:04ou gigantesques
00:17:05tours de magie
00:17:06capables de dissimuler
00:17:08une industrie
00:17:08pourtant omniprésente.
00:17:10Les entreprises du secteur
00:17:17et leurs dirigeants
00:17:18travaillent dans l'ombre.
00:17:20Ils tirent les ficelles
00:17:21du commerce mondial
00:17:21à distance.
00:17:23Depuis leurs bureaux
00:17:24européens et asiatiques,
00:17:26deux continents
00:17:27où plus de 90%
00:17:28de ces sociétés
00:17:29sont implantées.
00:17:32Leur revenu annuel
00:17:33dépasse les 450 milliards d'euros.
00:17:35C'est plus que le budget
00:17:38national de la France.
00:17:42C'est supérieur
00:17:43au revenu cumulé
00:17:43de l'industrie aérienne.
00:17:46Et cela fait du shipping
00:17:47un poids lourd
00:17:48de l'économie mondiale.
00:17:52Plusieurs centaines
00:17:52d'entreprises
00:17:53composent le secteur.
00:17:55Les plus puissantes
00:17:55sont à la tête
00:17:56de véritables empires.
00:17:59Mersk est un exemple.
00:18:01Ce conglomérat danois
00:18:02emploie 90 000 personnes
00:18:03dans 130 pays.
00:18:05Et chaque année,
00:18:06il réalise près de 50 milliards
00:18:08de dollars de chiffre d'affaires.
00:18:10Outre sa flotte
00:18:11de 600 navires surdimensionnés,
00:18:13le groupe est aussi
00:18:14dans le business
00:18:14du pétrole et du gaz
00:18:16et il dirige
00:18:17une soixantaine de ports
00:18:18dans le monde.
00:18:20Ces entreprises
00:18:20pèsent très lourd
00:18:21et elles sont entre les mains
00:18:23d'une poignée d'individus.
00:18:25La plupart d'entre elles
00:18:27sont privées.
00:18:29La plupart sont
00:18:29des entreprises familiales.
00:18:32Nous dépendons
00:18:32d'une industrie
00:18:33très privée
00:18:34dans tous les sens
00:18:35du terme.
00:18:38Le top 10
00:18:39des manias
00:18:40les plus puissants
00:18:41du monde.
00:18:42Ces personnes
00:18:43contrôlent cet énorme marché
00:18:44et 7 milliards
00:18:45de consommateurs
00:18:46dépendent
00:18:46de leurs entreprises.
00:18:48Pourtant,
00:18:49leurs noms
00:18:50et leurs visages
00:18:50sont inconnus
00:18:51du grand public.
00:18:53Parmi eux,
00:18:54John Fredriksen
00:18:55et ses filles.
00:18:55Ce Norvégien
00:18:57pèse plus de 15 milliards
00:18:58de dollars
00:18:59et son train de vie,
00:19:00bien que peu médiatisé,
00:19:02n'a rien à envier
00:19:03à celui d'une rockstar.
00:19:05Il ne met jamais
00:19:06les pieds sur ses navires
00:19:07et c'est en jet privé
00:19:08qu'il se déplace
00:19:09entre les paradis fiscaux
00:19:10où il a domicilié
00:19:12ses sociétés.
00:19:12Je pense que l'on peut
00:19:15diviser les armateurs
00:19:16en deux grandes catégories.
00:19:18La première
00:19:19est celle
00:19:20des industriels
00:19:21droits et honnêtes
00:19:21qui n'utilisent pas
00:19:23leurs navires
00:19:23pour spéculer
00:19:25et qui ont opté
00:19:27pour mener
00:19:27une activité durable
00:19:28sur une longue période.
00:19:34L'autre partie
00:19:35de l'industrie,
00:19:38ce sont les manias.
00:19:40Les types
00:19:41qui ont d'énormes fortunes,
00:19:42qui ne payent pas d'impôts
00:19:43et qui ne parlent pas
00:19:43de leurs affaires
00:19:44en public.
00:19:46Et je pense
00:19:48que John Fredrickson
00:19:49en est l'exemple typique.
00:19:54Quand vous allez
00:19:56dans une station-service
00:19:57faire le plein
00:19:57de votre voiture,
00:19:59il y a une très forte
00:20:00probabilité
00:20:00que votre carburant
00:20:01ait été transporté
00:20:02par John Fredrickson.
00:20:06Fredrickson possède
00:20:07la plus grande flotte
00:20:07de tankers au monde.
00:20:10Une de ses sociétés
00:20:11basée au Bermude
00:20:11déplace la moitié
00:20:13du pétrole brut
00:20:14extrait de la planète.
00:20:16Mais jusqu'à preuve
00:20:17du contraire,
00:20:18cela n'est pas un crime.
00:20:20Il y a un proverbe
00:20:21qui dit qu'un crime
00:20:22se cache derrière
00:20:23chaque fortune.
00:20:24Et à mon avis,
00:20:25John Fredrickson
00:20:26s'inscrit certainement
00:20:27dans ce cas de figure.
00:20:29dans les années 80,
00:20:34il réussit son premier jackpot
00:20:35pendant le conflit
00:20:36Iran-Irak.
00:20:38Sous contrat
00:20:39avec le régime
00:20:40des Ayatollahs,
00:20:41le jeune industriel
00:20:42aurait mis son premier
00:20:43tanker à disposition
00:20:44de l'Iran
00:20:44et ainsi permis
00:20:46au pays sous embargo
00:20:47de continuer
00:20:48à vendre son pétrole
00:20:49et à financer
00:20:50ses armes.
00:20:52Plus tard,
00:20:54il fait la une
00:20:54des journaux norvégiens
00:20:55soupçonnés
00:20:57d'avoir volé
00:20:57le pétrole de ses clients,
00:20:59l'équivalent
00:21:00de 10 millions de dollars
00:21:01pour alimenter
00:21:02les moteurs
00:21:02de ses navires.
00:21:05À chaque fois,
00:21:07l'armateur norvégien
00:21:08est passé
00:21:08entre les mailles
00:21:09de la justice.
00:21:15Certains industriels
00:21:16savent très bien
00:21:17comment embrouiller
00:21:18les pistes.
00:21:20Ce navire
00:21:21a été livré
00:21:21en 2007
00:21:22à un armateur allemand,
00:21:23Peter Doley,
00:21:25mais il navigue
00:21:26sous pavillon libérien.
00:21:28Donc,
00:21:28le propriétaire
00:21:30est en réalité
00:21:30basé
00:21:31au Libéria.
00:21:33Le propriétaire
00:21:35est européen,
00:21:36mais sur le papier,
00:21:38le navire
00:21:38est libérien.
00:21:40Contradiction
00:21:41autour
00:21:41de passe-passe.
00:21:42C'est très facile
00:21:44pour les propriétaires
00:21:46peu scrupuleux
00:21:47d'échapper
00:21:47au cadre
00:21:48de la loi,
00:21:49de la justice.
00:21:52Et s'ils peuvent
00:21:53se le permettre,
00:21:55c'est grâce
00:21:55au pavillon.
00:21:58Ce drapeau,
00:21:59on l'appelle aussi
00:22:00pavillon de complaisance.
00:22:02Et c'est grâce
00:22:03à lui
00:22:03qu'un armateur
00:22:04peut jeter
00:22:04un voile
00:22:05d'anonymat
00:22:06sur son entreprise.
00:22:08C'est tout à fait
00:22:08légal
00:22:08et conforme
00:22:09aux lois maritimes.
00:22:13Alors,
00:22:15vous avez la côte
00:22:16et ensuite,
00:22:17vous avez
00:22:1812 000 marins
00:22:18d'eau territoriale
00:22:19et 200 000
00:22:21de zones économiques
00:22:23exclusives
00:22:23où l'État côtier
00:22:25est autorisé
00:22:26à exploiter
00:22:27les ressources
00:22:27naturelles
00:22:28s'y trouvant.
00:22:30Et puis,
00:22:30vous avez
00:22:31la haute mer
00:22:31et celle-ci
00:22:32n'appartient
00:22:32à personne.
00:22:34Donc,
00:22:35il existe
00:22:35une règle.
00:22:36Chaque navire
00:22:37doit porter
00:22:37un drapeau
00:22:37et une fois
00:22:38en haute mer,
00:22:39il passe sous
00:22:40la responsabilité
00:22:41de l'État
00:22:41dont il porte
00:22:42le drapeau.
00:22:43Et ce sont
00:22:43les lois
00:22:43de ce pays
00:22:44qui sont appliquées.
00:22:45Une fois
00:22:50en haute mer,
00:22:51le navire
00:22:52obéit donc
00:22:52aux lois
00:22:53du pays
00:22:53dont il porte
00:22:54le drapeau.
00:22:55Mais la plupart
00:22:56des navires
00:22:56grecs,
00:22:57japonais,
00:22:57chinois
00:22:58et allemands
00:22:58sont immatriculés
00:23:00au Panama,
00:23:00au Liberia,
00:23:01aux îles Marshall
00:23:02ou en Mongolie.
00:23:04Ils s'éclipsent
00:23:05ainsi,
00:23:06légalement,
00:23:06de leur pays
00:23:07d'origine.
00:23:08Et dans la pratique,
00:23:09cela peut comporter
00:23:09certains avantages.
00:23:15Disons que je suis
00:23:17un armateur.
00:23:18Je cherche un drapeau
00:23:19pour mon bateau.
00:23:20Et je ne veux pas
00:23:21utiliser celui
00:23:22de mon propre pays
00:23:23car si par exemple
00:23:24je suis anglais,
00:23:25je sais qu'il y a
00:23:26certains impôts
00:23:27ou certaines obligations
00:23:28concernant le travail,
00:23:29le salaire minimum,
00:23:31etc.
00:23:32Et je ne veux pas
00:23:33de bâton dans les roues.
00:23:34Alors je vais sur le web
00:23:36et là je vois
00:23:37que je peux y matriculer
00:23:37mon navire
00:23:38dans les îles Marshall
00:23:39ou en Mongolie
00:23:40qui n'a même pas
00:23:41de façade maritime
00:23:42ou en Bolivie
00:23:43qui n'a pas non plus
00:23:44de façade maritime.
00:23:45Disons que je choisis
00:23:46le drapeau bolivien.
00:23:48Je peux acheter
00:23:49leur pavillon
00:23:49en 24 heures
00:23:50et je n'aurai plus
00:23:51d'obligation
00:23:51de salaire minimum.
00:23:53Je paierai peu
00:23:54ou pas d'impôts,
00:23:55très peu de charges sociales
00:23:56sur mon personnel.
00:24:01Un simple rectangle
00:24:02de tissu,
00:24:03ça peut rapporter
00:24:04très gros.
00:24:04vous avez des chaînes
00:24:10de la magouille,
00:24:12l'ensemble des économies,
00:24:14si vous ne passez
00:24:14par un pavillon de complaisance,
00:24:15l'économie fiscale,
00:24:17sociale, technique,
00:24:18vous pouvez,
00:24:19dans le cas extrême,
00:24:20avoir qu'à 65%
00:24:22d'économies
00:24:22sur votre fret.
00:24:23dans leur course frénétique
00:24:28pour tirer les coups
00:24:28au plus bas,
00:24:30les armateurs
00:24:30ont trouvé
00:24:31dans ces pavillons
00:24:32un atout majeur.
00:24:34Chaque année,
00:24:35ils se retrouvent
00:24:36sur des salons
00:24:36de la complaisance
00:24:37où les pays offrant
00:24:39leur pacte
00:24:40de réglementation permissive
00:24:41viennent vanter
00:24:42les atouts
00:24:43de leur drapeau
00:24:43et faire de fructueuses affaires
00:24:45entre deux cocktails.
00:24:47Nous y matriculons
00:24:53des bateaux
00:24:54dans les îles Marshall.
00:24:55C'est notre spécialité.
00:24:56Nous représentons
00:24:56le troisième pavillon
00:24:57le plus coté au monde.
00:25:00La Dominique,
00:25:01c'est l'île de la nature
00:25:02et c'est probablement
00:25:04un des pavillons
00:25:04les plus rentables.
00:25:06Je dirais que les Bahamas
00:25:07sont les meilleurs.
00:25:08Nous sommes dans le top 10
00:25:09mondial des pavillons.
00:25:17Dans la recette miracle
00:25:28du transport à bas prix,
00:25:30c'est le drapeau,
00:25:32l'ingrédient de base.
00:25:34Mais loin de l'ambiance feutrée
00:25:35et des sphères décisionnaires,
00:25:37le jeu de la complaisance
00:25:38a des effets secondaires.
00:25:40Sur le pont des Cargos,
00:25:42où un million et demi
00:25:43de travailleurs,
00:25:44isolés du reste du monde,
00:25:46sont les victimes
00:25:46du jeu truquer des pavillons.
00:25:49Pavillons de complaisance,
00:25:50c'est le terme parfait.
00:25:52Parce que c'est bien
00:25:52ce qu'ils sont,
00:25:53complaisants.
00:25:54Parce que grâce à eux,
00:25:55on peut employer
00:25:56qui on veut.
00:25:58Par exemple,
00:25:58un navire américain,
00:25:59avec la loi américaine,
00:26:01doit employer
00:26:01des marins américains.
00:26:03Mais ça coûte
00:26:04trois ou quatre fois plus cher
00:26:05qu'avec des marins ukrainiens,
00:26:06du Bangladesh
00:26:07ou des Philippines.
00:26:11Les gens profitent
00:26:12de ceux qui sont vulnérables.
00:26:13C'est ça,
00:26:13le système du pavillon
00:26:14de complaisance.
00:26:15Un système
00:26:16où les personnes
00:26:17sont des parties vulnérables
00:26:18du processus.
00:26:21Si on s'en tenait
00:26:23à un système national
00:26:24avec des employés
00:26:25rémunérés
00:26:25selon les salaires en vigueur,
00:26:27alors on ne pourrait pas
00:26:28se permettre
00:26:28d'aller chercher
00:26:29de la main d'œuvre pas chère
00:26:30dans les pays
00:26:30en voie de développement.
00:26:31Chaque époque a sa main d'œuvre
00:26:43de prédilection.
00:26:45Et comme c'est le cas
00:26:46dans d'autres industries mondialisées,
00:26:48on voit souvent des changements
00:26:49s'opérer pour aller vers
00:26:50le plus rentable
00:26:51et le moins contraignant.
00:26:54Les Philippines sont tout à fait
00:26:56bon marché
00:26:56et ils parlent bien anglais,
00:26:58alors ils sont très populaires.
00:27:03Les Philippines
00:27:04représentent 40%
00:27:05de la main d'œuvre
00:27:06du secteur.
00:27:08En mer,
00:27:09ils peuvent toucher
00:27:09un salaire
00:27:10cinq ou six fois
00:27:11plus élevé
00:27:11que dans leur pays.
00:27:16Je peux trouver
00:27:17du travail aux Philippines,
00:27:19mais le salaire
00:27:20est d'à peine
00:27:20100 dollars par mois.
00:27:22comment voulez-vous
00:27:25que je survive
00:27:26avec ça ?
00:27:29Chaque heure,
00:27:33950 jeunes Philippines
00:27:35quittent leur pays
00:27:35pour aller travailler
00:27:36à l'étranger.
00:27:37Mais leur quête
00:27:38d'un salaire convenable
00:27:39n'est pas la seule raison
00:27:40à cette hémorragie
00:27:41de main d'œuvre.
00:27:43Ils sont aussi
00:27:43des pions
00:27:44sur le grand échiquier
00:27:45de la stratégie économique
00:27:47de leur pays.
00:27:48Ils sont forcés
00:27:49de reverser 80%
00:27:51de leur salaire de base
00:27:51dans le système.
00:27:56C'est une industrie.
00:27:58Le gouvernement
00:27:59exporte sa population
00:28:00pour enflouer l'économie.
00:28:02C'est l'industrie
00:28:03la plus importante
00:28:04pour les Philippines.
00:28:09Manille
00:28:10est un gigantesque vivier
00:28:12où le gouvernement,
00:28:14relayé par des agences
00:28:15de recrutement,
00:28:16enrôle chaque jour
00:28:17et à même la rue
00:28:18des milliers de jeunes
00:28:20rêvant d'une vie meilleure.
00:28:22Ceux qui embarquent
00:28:23sont contraints
00:28:24de recevoir leur salaire
00:28:25dans des banques locales
00:28:26où un tiers de leur revenu
00:28:27est saisi par le gouvernement.
00:28:30Chaque année,
00:28:31ils injectent ainsi
00:28:3210 milliards de dollars
00:28:33dans les caisses du pays.
00:28:34je passe toute ma vie sur ce bateau.
00:28:50Noël, le nouvel an,
00:28:53les anniversaires,
00:28:54l'anniversaire de ma femme,
00:28:55je suis toujours ici.
00:28:57ils me payent pour mon travail,
00:29:02mais c'est comme vivre en prison.
00:29:06C'est comme une prison.
00:29:08Cicero disait,
00:29:19il y a trois catégories de personnes,
00:29:21les vivants,
00:29:21les morts
00:29:22et ceux qui sont en mer.
00:29:24Ils ne sont ni ici ni là.
00:29:26Nous savons qu'ils sont vivants,
00:29:27mais nous ne savons pas
00:29:28où ils sont.
00:29:29Nous ne savons rien d'eux.
00:29:33Passé l'horizon,
00:29:34la prison flottante,
00:29:36comme l'appellent les marins,
00:29:37entre dans une zone de confinement.
00:29:41Nous vivons dans un monde
00:29:42globalisé ultra-connecté.
00:29:44Mais la plupart des bateaux,
00:29:46pourtant au centre de ce système,
00:29:48n'ont pas de connexion Internet
00:29:49ou cellulaire
00:29:50à disposition de l'équipage.
00:29:52Les marins embarquent pour neuf mois,
00:30:05dix mois.
00:30:06Ils devraient avoir accès à Internet.
00:30:08Ils veulent parler à leur famille,
00:30:09ils veulent les contacter par Skype,
00:30:11ce que la moyenne des enfants de sept ans
00:30:12considère comme allant de soi.
00:30:14Ce niveau de communication,
00:30:16ils ne l'ont pas.
00:30:20Une vingtaine d'hommes,
00:30:22isolés pendant dix mois
00:30:23sur un bâtiment de 300 mètres de long.
00:30:26Deux fois par jour,
00:30:27un repas pris en silence
00:30:28et en une poignée de minutes.
00:30:31Et une moyenne de 72 heures
00:30:33de travail par semaine
00:30:34n'élève pas vraiment
00:30:36le moral des troupes.
00:30:38Ils sont confinés
00:30:39dans cet univers industriel
00:30:40et le résultat,
00:30:41c'est de la fatigue.
00:30:48Conséquence directe
00:30:49des heures de travail,
00:30:49de l'isolement
00:30:51et du manque de sommeil
00:30:52des officiers
00:30:53et de l'équipage,
00:30:5560% des accidents
00:30:56de navigation
00:30:57sont dus
00:30:58à une erreur humaine.
00:31:00Essayez de faire une analogie
00:31:02entre une voiture
00:31:02et un bateau.
00:31:04Vous pouvez arrêter la voiture,
00:31:06verrouiller la portière
00:31:06et partir.
00:31:07Si vous êtes à bord
00:31:09d'un bateau
00:31:10et qu'il y a
00:31:10un problème technique,
00:31:12par exemple avec le moteur,
00:31:13premier cas de figure,
00:31:14un jour calme,
00:31:15vous êtes coincé là,
00:31:17très isolé,
00:31:18très sol,
00:31:19au milieu de genres
00:31:19de cultures différentes.
00:31:21C'est la panique
00:31:22dans des langues différentes.
00:31:26Et puis,
00:31:28vous essuyez une tempête.
00:31:30Si vous survivez,
00:31:31c'est que vous avez
00:31:32de la chance.
00:31:32Marins est le second métier
00:31:49le plus dangereux au monde.
00:31:51Le premier,
00:31:52c'est pêcheur.
00:31:54C'est une activité
00:31:55très dangereuse.
00:31:57Vous composez
00:31:57avec les intempéries,
00:31:58les courants
00:31:59et avec un objet énorme
00:32:01que vous tentez
00:32:01de manouvrer
00:32:02dans un environnement
00:32:03très dangereux.
00:32:04Ce n'est pas étonnant
00:32:05qu'environ 2000 marins
00:32:06perdent la vie chaque année.
00:32:13À moins qu'il ne s'agisse
00:32:15de bateaux de croisière,
00:32:17les victimes de naufrages
00:32:18font rarement
00:32:18les lignes des Jourdons.
00:32:20Pas plus d'ailleurs
00:32:21que les accidents eux-mêmes.
00:32:23Le naufrage,
00:32:24c'est presque une réalité
00:32:25quotidienne malheureusement.
00:32:26Vous avez 110,
00:32:28120,
00:32:29122 naufrages
00:32:30de gros bâtiments
00:32:31de plus de 300 tonneaux
00:32:32par an.
00:32:33Ce qui veut dire,
00:32:34rapporté au nombre
00:32:34de jours de l'année,
00:32:35vous avez un naufrage
00:32:37à peu près tous les 3 jours
00:32:38sur les mers du globe.
00:32:39Si on prend les cas
00:32:45les plus graves,
00:32:46on remarque
00:32:47que les bateaux
00:32:47n'ont pas été entretenus
00:32:48pendant un certain temps,
00:32:50que l'armateur
00:32:51n'a pas investi.
00:32:52Peut-être même
00:32:53que l'armateur
00:32:54n'est pas vraiment
00:32:55un armateur,
00:32:56que c'est juste
00:32:56un spéculateur
00:32:57qui se dit
00:32:57« Le marché est bon,
00:32:59pourquoi ne pas investir
00:33:00dans un peu d'acier
00:33:01qui flotte en mer ? »
00:33:03Là encore,
00:33:04les pavillons de complaisance
00:33:05sont en cause.
00:33:06Comme ils permettent
00:33:07de se soustraire
00:33:08aux normes d'entretien
00:33:09des navires,
00:33:10les armateurs dépensent
00:33:11le strict minimum
00:33:12et poussent les vaisseaux
00:33:14à la limite
00:33:14de leur usure.
00:33:16Dans les trois quarts
00:33:17des naufrages,
00:33:18les navires ont plus
00:33:19de 25 ans
00:33:19et ne sont pas
00:33:21dûment entretenus.
00:33:23Et comme près
00:33:24de la moitié
00:33:24de la flotte
00:33:25est composée
00:33:25de pétroliers,
00:33:27quand une coque
00:33:28se brise
00:33:28ou quand un bateau
00:33:29sombre,
00:33:30c'est l'environnement
00:33:31qui paye la facture.
00:33:32Loin des images
00:33:34chocs de plages
00:33:35engluées,
00:33:36les marées noires
00:33:37surviennent principalement
00:33:38en haute mer
00:33:38et hors de portée
00:33:40des caméras.
00:33:41Chaque année,
00:33:42150 000 tonnes
00:33:43de pétrole brut
00:33:44contaminent
00:33:45les océans
00:33:46de la planète.
00:33:47Et ce n'est pas tout.
00:33:49« Ce n'est jamais
00:33:50que 2,5%
00:33:52de la pollution
00:33:53des mers.
00:33:53On nous parle
00:33:54toujours des marées noires
00:33:55parce que bien sûr,
00:33:55celles-ci,
00:33:56on ne peut pas
00:33:56vous les cacher,
00:33:57mais on ne parle pas
00:33:58de ce que j'appelle
00:33:59les marées blanches,
00:33:59qu'on ferait mieux
00:34:00d'appeler d'ailleurs
00:34:00les marées transparentes,
00:34:01celles que l'on ne voit pas.
00:34:04Alors c'est quoi ?
00:34:05Eh bien c'est ce qu'on appelle
00:34:06le dégazage,
00:34:08c'est-à-dire le fait
00:34:08de nettoyer son moteur,
00:34:10ses cales, etc.,
00:34:12le pont.
00:34:12C'est tout un tas
00:34:13de produits toxiques
00:34:14nocifs qui vont bien sûr
00:34:15à la mer.
00:34:15Une partie bien sûr
00:34:16d'eau de mer mélangée
00:34:18avec du fioul.
00:34:19C'est,
00:34:19au niveau mondial,
00:34:21chaque année,
00:34:211,8 million de tonnes.
00:34:27Chaque jour,
00:34:28ce sont donc
00:34:295 000 tonnes
00:34:30de produits toxiques
00:34:30qui sont déversées
00:34:31en mer.
00:34:33Et l'impact
00:34:34de ces marées transparentes
00:34:35génère un autre type
00:34:36de pollution.
00:34:38Quand ils ne sont pas
00:34:39chargés à plein,
00:34:40les navires pompent
00:34:41de grandes quantités
00:34:42d'eau pour assurer
00:34:43leur stabilité.
00:34:45Une eau qu'ils déchargent
00:34:46une fois que leur cargaison
00:34:47pèse suffisamment lourd
00:34:48pour assurer leur équilibre
00:34:50en navigation.
00:34:52Souvent,
00:34:53plusieurs milliers
00:34:53de kilomètres séparent
00:34:54dans le port
00:34:55où l'eau a été pompée
00:34:56de celui
00:34:57où elle a été rejetée.
00:35:02Des espèces vivantes
00:35:03peuvent être déplacées
00:35:04d'un endroit à un autre.
00:35:06Et si elles sont
00:35:08parachutées dans un port,
00:35:10avec des conditions
00:35:11environnementales
00:35:12assez semblables
00:35:13pour survivre,
00:35:15alors elles peuvent
00:35:18se reproduire
00:35:18dans ce nouvel environnement.
00:35:20C'est ce que nous appelons
00:35:22des espèces invasives.
00:35:27Tout à fait inoffensives
00:35:28à l'origine,
00:35:30ces espèces deviennent
00:35:30invasives lorsque,
00:35:32dans un nouvel habitat,
00:35:33elles ne retrouvent pas
00:35:34leurs prédateurs naturels.
00:35:37Qu'elles soient animales,
00:35:38végétales ou même
00:35:38à l'échelle d'une bactérie,
00:35:40elles prolifèrent
00:35:41et détruisent tout
00:35:41sur leur passage.
00:35:43Elles peuvent affecter
00:35:45la vie des plantes,
00:35:46des poissons
00:35:47et de tout l'écosystème marin
00:35:48et les mettre en danger
00:35:50pour toujours.
00:35:54Pour réduire ce risque,
00:35:56l'Europe dépense
00:35:56chaque année
00:35:57plus de 12 milliards d'euros.
00:35:59Et au-delà
00:36:00de l'impact économique,
00:36:02c'est la vie marine
00:36:02tout entière
00:36:03qui s'en ressent.
00:36:05Les espèces invasives
00:36:06sont la cause directe
00:36:07de l'extinction
00:36:08de 42%
00:36:09des espèces aquatiques
00:36:10de la planète.
00:36:12Mais l'industrie,
00:36:14elle aussi,
00:36:14est invasive.
00:36:16Elle exerce
00:36:17une pression constante
00:36:18sur les océans
00:36:19et leurs habitants
00:36:19qui subissent en silence
00:36:21ou presque.
00:36:23De nombreuses espèces sous-marines
00:36:39communiquent par le son.
00:36:40Et si vous avez
00:36:41à la surface de l'eau
00:36:42un navire immense
00:36:43avec une hélice démesurée
00:36:45et un moteur
00:36:46de la taille d'une maison,
00:36:47ça fait du raffu.
00:36:48Ce moteur fait
00:36:54beaucoup de bruit.
00:36:56Il est fixé
00:36:57à la coque
00:36:58d'un bateau en acier
00:36:58qui fait l'effet
00:37:00d'un tambour
00:37:01et cela génère
00:37:03de très basses fréquences.
00:37:09Le vacarme
00:37:10de ces navires
00:37:11sur les voies
00:37:11de navigation
00:37:12c'est...
00:37:15Comment dire ?
00:37:18C'est...
00:37:19Si on reportait
00:37:24les niveaux de décibels
00:37:25dans le monde
00:37:26dans lequel nous vivons
00:37:27et si on les comparait
00:37:29avec le niveau sonore
00:37:30dans lequel
00:37:31les mammifères marins
00:37:32vivent,
00:37:33aux États-Unis,
00:37:34je serais obligé
00:37:35de porter
00:37:36une protection auditive.
00:37:37Les mammifères marins,
00:37:45eux,
00:37:46ne portent pas
00:37:47de protection.
00:37:48Constamment bombardés
00:37:49de basses fréquences,
00:37:51comparables
00:37:51à cent fois
00:37:52le volume sonore
00:37:53d'un réacteur d'avion,
00:37:55ils sont privés
00:37:55de communication
00:37:56et perdent leurs repères.
00:37:59Désorientés
00:37:59par le bruit
00:38:00et fuyant le calvaire,
00:38:02des cétacés
00:38:03vont régulièrement
00:38:03s'échouer
00:38:04sur des plages
00:38:04de la planète,
00:38:06souvent au prix
00:38:07de leur vie.
00:38:09L'habitat acoustique
00:38:11de la baleine à bosse
00:38:12a été réduit
00:38:13de 90%.
00:38:15Nous détruisons
00:38:20l'océan
00:38:20par le bruit
00:38:21avec des bateaux.
00:38:22Un tiers des cétacés
00:38:41souffrent
00:38:41de lésions auditives
00:38:42irréversibles,
00:38:44directement liées
00:38:45à la pollution sonore
00:38:46des navires.
00:38:48Mais rien ne peut stopper
00:38:49la grande machine
00:38:50du commerce maritime
00:38:51ni les moteurs
00:38:54qui la font tourner,
00:38:56des engins bruyants
00:38:57et particulièrement voraces.
00:38:59Le cœur d'un bateau,
00:39:10c'est son moteur.
00:39:10Ce moteur
00:39:11est le genre de technologie
00:39:15qui peut brûler
00:39:15n'importe quel carburant
00:39:17imaginable.
00:39:20Depuis l'essence
00:39:21jusqu'à la boue
00:39:25de charbon.
00:39:27Je le comparerais
00:39:28à un omnivore.
00:39:29Il peut manger
00:39:30n'importe quel type
00:39:30de carburant
00:39:31pour peu
00:39:32qu'il contienne
00:39:32de l'énergie inflammante.
00:39:38Et ces moteurs
00:39:39affamés
00:39:39préfèrent la quantité
00:39:40à la qualité.
00:39:42Nous consommons
00:39:46parfois
00:39:47200 tonnes
00:39:47par jour.
00:39:50Donc,
00:39:51nous ne pouvons pas
00:39:51imaginer
00:39:52utiliser
00:39:52un carburant cher.
00:39:56Nous brûlons
00:39:56du fioul résiduel.
00:40:04Ce produit
00:40:05est ce qu'il reste
00:40:05une fois
00:40:06que le pétrole brut
00:40:07a été raffiné.
00:40:09Si ces moteurs
00:40:10boulimiques
00:40:10ne pouvaient
00:40:11le digérer,
00:40:12ce résidu
00:40:13irait tout droit
00:40:13au dépotoir.
00:40:16C'est un résidu
00:40:18et certains
00:40:19appellent ça
00:40:20un déchet.
00:40:21L'odeur
00:40:22de ce carburant
00:40:22est épouvantable.
00:40:24Ce carburant
00:40:24a un taux
00:40:25de soufre élevé.
00:40:26Il contient
00:40:27des résidus
00:40:27de métaux,
00:40:28de la cendre,
00:40:29des particules,
00:40:30de l'eau
00:40:31et ce carburant
00:40:32est très,
00:40:32très épais.
00:40:36L'industrie
00:40:37du fret maritime
00:40:39a toujours consommé
00:40:40ce produit résiduel.
00:40:42et pendant
00:40:44de nombreuses années,
00:40:45c'est passé
00:40:45inaperçu.
00:40:51Mais il y a
00:40:52environ 10 ans,
00:40:53quelques scientifiques
00:40:54ont commencé
00:40:55à étudier
00:40:55les effets
00:40:56de la consommation
00:40:56de ce carburant,
00:40:58particulièrement
00:40:59dans les régions
00:40:59littorales.
00:41:02Et ils ont découvert
00:41:03que ce fuel résiduel
00:41:04avait une très forte
00:41:06teneur en soufre,
00:41:07en particules,
00:41:08et que sa combustion
00:41:09générait environ
00:41:103000 à 3500 ppm
00:41:13de soufre.
00:41:15C'est ainsi
00:41:16qu'on calcule,
00:41:17en partie par million,
00:41:19ppm.
00:41:21À titre de comparaison,
00:41:23une voiture
00:41:23dans l'Union européenne,
00:41:24selon la loi,
00:41:25doit émettre
00:41:26moins de 15 ppm
00:41:27de soufre.
00:41:28Alors ils ont commencé
00:41:33à faire des comparaisons
00:41:34entre les voitures
00:41:35et ces bateaux.
00:41:36Et ces calculs
00:41:37révèlent qu'un bateau
00:41:38émet la même quantité
00:41:40de soufre
00:41:40qu'environ 50 millions
00:41:42de voitures.
00:41:46Si un seul cargo
00:41:47émet autant d'oxyde
00:41:48de soufre
00:41:48que 50 millions
00:41:49de voitures,
00:41:50les 20 plus grands navires
00:41:51polluent à eux seuls,
00:41:53plus que toutes
00:41:54les voitures
00:41:54de la planète.
00:41:55Et ce n'est pas 20,
00:41:59mais 60 000 navires
00:42:00qui sillonnent
00:42:01les océans du globe
00:42:02à longueur d'année
00:42:03et dispersent
00:42:04leur poussière
00:42:05de soufre
00:42:05dans l'atmosphère.
00:42:08Ces particules fines
00:42:09sont produites
00:42:10à une taille telle
00:42:12et dans une quantité
00:42:12si élevée
00:42:13qu'elles pénètrent
00:42:15facilement
00:42:16dans nos poumons.
00:42:17Non seulement
00:42:18nous pouvons
00:42:18les inhaler facilement,
00:42:20mais elles peuvent
00:42:20aussi pénétrer
00:42:21profondément
00:42:22dans nos poumons
00:42:22et s'y déposer.
00:42:25Alors que le secteur automobile
00:42:28est en permanence
00:42:29pointé du doigt
00:42:30en matière de pollution,
00:42:32le transport maritime
00:42:33échappe à la critique
00:42:34et brûle
00:42:35le carburant
00:42:36le plus sale du monde.
00:42:39Newark
00:42:40est l'arrière-cours
00:42:41de New York.
00:42:43C'est le plus grand port
00:42:44de la côte est
00:42:45des États-Unis
00:42:46qui approvisionne
00:42:47la métropole
00:42:48et la moitié du pays.
00:42:50Pour ceux qui vivent
00:42:56à proximité
00:42:57de ce carrefour portuaire,
00:42:59la pollution
00:42:59des navires
00:43:00n'est pas un scoop.
00:43:02C'est une réalité
00:43:03palpable
00:43:03au quotidien.
00:43:06On sent vraiment
00:43:07clair et chargé,
00:43:08l'air qui vient du port.
00:43:10On le ressent
00:43:10dans la poitrine,
00:43:11on le sent
00:43:12dans les yeux.
00:43:12Et depuis que nous sommes ici,
00:43:19j'attrape plus souvent froid,
00:43:20j'ai plus de rhume.
00:43:22Je n'avais pas besoin
00:43:23d'une pompe
00:43:23pour l'asthme auparavant.
00:43:25Je l'utilise
00:43:26presque chaque jour maintenant.
00:43:30Chercher refuge
00:43:30à l'intérieur des maisons
00:43:31est une règle autocide
00:43:33que tous les habitants
00:43:34appliquent
00:43:34pour se protéger
00:43:36de la toxicité ambiante.
00:43:39La zone la plus polluée
00:43:40est celle qui est
00:43:41aux abords des ports.
00:43:42On se retrouve
00:43:44avec des zones sinistrées
00:43:46par la pollution.
00:43:49Et l'effet est empiré
00:43:49par le fait
00:43:50que les camions
00:43:51viennent jusqu'au port
00:43:52pour prendre
00:43:54ces conteneurs
00:43:55et les acheminer
00:43:57aux quatre coins
00:43:58des Etats-Unis.
00:43:59Et c'est comme ça
00:43:59dans tous les pays.
00:44:05Les camions
00:44:05sont les meilleurs alliés
00:44:06des navires.
00:44:08Dans la course de relais
00:44:09du commerce mondial,
00:44:10ils travaillent en horde
00:44:11pour acheminer
00:44:12les cargaisons
00:44:13jusqu'à leur destinataire.
00:44:16Et avec les cargos,
00:44:18ils forment
00:44:18un cocktail explosif.
00:44:20Il y a des toxiques
00:44:22volatiles
00:44:23qui peuvent causer
00:44:23des cancers.
00:44:25Il y a des particules fines,
00:44:27essentiellement de la suie,
00:44:28qui entrent dans les poumons
00:44:29et créent de l'asthme,
00:44:30spécialement chez les enfants
00:44:31et les personnes âgées.
00:44:42Dans la région,
00:44:43une personne sur quatre
00:44:44est asthmatique.
00:44:47Les zones portuaires
00:44:48sont aux premières loges
00:44:49d'une contamination
00:44:51qui ne connaît pas de frontières.
00:44:53Les communautés
00:44:58qui vivent
00:44:59tout près
00:44:59des ports
00:45:00sont les plus
00:45:00lourdement touchées.
00:45:07Cependant,
00:45:08les vents côtiers
00:45:09pénètrent loin
00:45:09dans les terres,
00:45:10à plusieurs centaines
00:45:11de kilomètres.
00:45:12Donc,
00:45:12à l'intérieur des terres,
00:45:13on retrouve aussi
00:45:14des dommages
00:45:15qui sont directement
00:45:16attribuables
00:45:16à la pollution
00:45:17atmosphérique des bateaux.
00:45:19Là aussi,
00:45:19cette industrie
00:45:20a un impact
00:45:21sur la santé.
00:45:22Ce n'est pas juste
00:45:23limité
00:45:24à ceux qui peuvent
00:45:24voir les navires.
00:45:3460 000 personnes
00:45:36chaque année
00:45:36dans le monde
00:45:37meurent prématurément
00:45:39des effets
00:45:39du transport maritime
00:45:41sur la santé.
00:45:45Inexorablement,
00:45:47les populations
00:45:47inhalent le poison
00:45:48en doses quotidiennes.
00:45:49victimes d'une épidémie
00:45:51qui, chaque année,
00:45:53emportent des milliers
00:45:54de vies
00:45:55au nom du commerce mondial.
00:46:00Comment y remédier ?
00:46:04C'est l'Organisation
00:46:06Maritime Internationale,
00:46:08l'OMI,
00:46:09une branche
00:46:09des Nations Unies
00:46:10qui est en charge
00:46:11de réglementer le secteur
00:46:12et de prévenir
00:46:13la pollution des navires.
00:46:15Comment envisage-t-elle
00:46:16d'assainir la flotte ?
00:46:18L'impact
00:46:20des nouveaux règlements
00:46:23met un certain temps
00:46:24à prendre effet
00:46:25car les navires
00:46:27ont une durée
00:46:28de vie économique
00:46:29d'environ 25 à 30 ans.
00:46:33Les améliorations
00:46:34et avancées
00:46:35s'appliquent seulement
00:46:36aux nouveaux navires
00:46:37et pas à la flotte
00:46:38toute entière
00:46:39d'un coup
00:46:39parce que c'est
00:46:40tout simplement impossible.
00:46:41C'est simplement pas possible.
00:46:5130 ans.
00:46:52C'est la durée
00:46:53de vie moyenne
00:46:53des navires
00:46:54qui vont mourir
00:46:55échoués
00:46:55sur des plages
00:46:56cimetières
00:46:57en Inde
00:46:58ou au Bangladesh
00:46:59où leurs dépouilles
00:47:01continuent de polluer
00:47:02loin des pays occidentaux.
00:47:0530 ans,
00:47:06c'est le temps nécessaire
00:47:07pour moderniser
00:47:08l'ensemble de la flotte mondiale
00:47:09et la rendre moins nocive.
00:47:13Mais la planète
00:47:14peut-elle
00:47:16attendre 30 ans ?
00:47:18La marine marchande
00:47:36lâche dans l'atmosphère
00:47:38autant de gaz
00:47:39à effet de serre
00:47:39qu'un pays
00:47:40comme le Canada.
00:47:42A elle seule,
00:47:43elle est responsable
00:47:44de 4%
00:47:45du réchauffement global.
00:47:484% c'est énorme
00:47:50quand vous parlez
00:47:50d'un problème
00:47:51aussi grand
00:47:51que le changement climatique.
00:47:53Chaque différence
00:47:54de pourcentage
00:47:55dans les émissions
00:47:56a un impact énorme,
00:47:57énorme
00:47:58sur la stabilité climatique.
00:48:02Le changement climatique
00:48:04menace l'ensemble
00:48:05de la planète
00:48:05mais c'est près des pôles
00:48:07que ses conséquences
00:48:08sont les plus évidentes.
00:48:10Chaque année,
00:48:12la banquise arctique
00:48:12perd en moyenne
00:48:1337 000 km²
00:48:14de sa surface,
00:48:16soit plus que la Belgique
00:48:17et le Luxembourg réunis.
00:48:19Et cela a pour effet
00:48:20d'ouvrir deux nouveaux passages
00:48:21pour les navires
00:48:22à l'est
00:48:23et à l'ouest
00:48:24du pôle nord.
00:48:25Le passage du nord-ouest
00:48:26ou le passage du nord-est
00:48:27découle directement
00:48:28du réchauffement climatique.
00:48:29On peut aujourd'hui
00:48:30à peu près naviguer
00:48:3125 à 30 jours par an
00:48:33et on pense
00:48:34qu'au d'ici
00:48:34une vingtaine d'années
00:48:35on pourra naviguer
00:48:35120 à 130 jours par an.
00:48:37Donc ça change la donne.
00:48:40La fonte des glaces
00:48:41au nord de la Sibérie
00:48:42et du Canada
00:48:43présente un enjeu
00:48:44géopolitique considérable.
00:48:47Par l'est
00:48:47comme par l'ouest
00:48:48ces nouvelles autoroutes
00:48:50sont des raccourcis
00:48:50qui permettent
00:48:51de réduire
00:48:52d'un tiers
00:48:52les distances
00:48:53et le coût du transport
00:48:54entre les grands ports
00:48:55asiatiques et européens.
00:48:56D'ici 2050
00:49:12toutes les glaces
00:49:14auront disparu
00:49:15et ces nouvelles voies
00:49:16maritimes seront
00:49:17praticables toute l'année
00:49:18ce qui n'est pas
00:49:20pour déplaire aux armateurs.
00:49:23Ce qui est tragique
00:49:24et ironique
00:49:24c'est que nous créons
00:49:26une fois encore
00:49:27un serpent
00:49:28qui se mord la queue.
00:49:29Plus nous polluons
00:49:30plus nous émettons
00:49:30de gaz à effet de serre
00:49:32plus nous accélérons
00:49:33la fonte des glaces.
00:49:34Et ensuite on dit
00:49:35oh oh regardez
00:49:36voici une nouvelle opportunité
00:49:38de polluer encore plus.
00:49:44Les navires qui passent par là
00:49:45vont aggraver
00:49:46le réchauffement climatique
00:49:47qui a lui-même
00:49:48formé ses routes
00:49:49en premier lieu.
00:49:50Je suppose que c'est
00:49:51une bonne nouvelle
00:49:52pour les armateurs
00:49:52mais je doute
00:49:53que ce soit
00:49:53une bonne nouvelle
00:49:54pour nous.
00:49:56C'est parti.
00:49:57C'est parti.
00:49:57C'est parti.
00:49:58C'est parti.
00:49:58La nature est très résistante.
00:50:28et elle a montré
00:50:29qu'elle est capable
00:50:30dans certains cas
00:50:31de se régénérer.
00:50:33Mais nous sommes arrivés
00:50:35à un point
00:50:35où nous infligeons
00:50:36plus de dégâts
00:50:37que ce que la nature
00:50:37peut endurer.
00:50:42Et il est vraiment
00:50:43vraiment urgent
00:50:44que nous prenions en main
00:50:46la question
00:50:46de la pollution
00:50:47de cette industrie.
00:50:47L'OMI est habilité
00:50:54et nous avons besoin
00:50:55de se rendre compte
00:50:58qu'on ne va pas
00:50:59pouvoir plaire
00:50:59à tout le monde
00:51:00et nous avons
00:51:01vraiment besoin
00:51:02que l'OMI
00:51:02agisse en leader.
00:51:05Mais parfois,
00:51:06c'est dur
00:51:06d'être en leader
00:51:07quand vous avez peur
00:51:08de fâcher quelqu'un.
00:51:11L'OMI est habilité
00:51:13à mettre en place
00:51:13des mesures
00:51:14à l'échelle internationale.
00:51:15Les États qui y siègent
00:51:17ont le pouvoir
00:51:18d'adopter de nouveaux textes
00:51:19et de les faire appliquer
00:51:20sur leur territoire.
00:51:22Qui sont-ils ?
00:51:24Et quels sont leurs intérêts
00:51:25au sein
00:51:26de l'organisation internationale ?
00:51:29L'OMI est financée
00:51:33par ses États membres.
00:51:35C'est plutôt inhabituel
00:51:36pour une organisation
00:51:37des Nations Unies.
00:51:39Mais ici,
00:51:40la participation
00:51:41de chaque pays
00:51:42dans l'organisation
00:51:42dépend de la taille
00:51:43de sa flotte.
00:51:45pour ce pays.
00:51:47Donc, en fait,
00:51:48le plus grand contributeur
00:51:49au budget de l'OMI
00:51:50est le Panama,
00:51:51suivi de l'Iberia
00:51:52et des îles Marshall.
00:51:54Car ce sont eux
00:51:55qui possèdent
00:51:55les plus grandes flottes
00:51:56sur la carte
00:51:56du transport maritime mondial.
00:52:01L'OMI
00:52:02est donc aux mains
00:52:02des mêmes pays
00:52:03qui vendent leur nationalité
00:52:04aux armateurs
00:52:05les moins consciencieux.
00:52:07Ils tiennent l'organisation
00:52:08par l'argent
00:52:09et s'assurent ainsi
00:52:10qu'aucune réglementation
00:52:11ne viendra déranger
00:52:12leur business.
00:52:13ce même business
00:52:15de pavillon de complaisance
00:52:16qui est à la source
00:52:17de tous les abus
00:52:18de cette industrie,
00:52:19qui permet aux industriels
00:52:21peu scrupuleux
00:52:21de garder l'anonymat,
00:52:23qui encourage
00:52:23l'évasion fiscale,
00:52:25qui permet d'exploiter
00:52:25les marins,
00:52:26qui permet de polluer
00:52:27en toute impunité.
00:52:30Le Liberia
00:52:31est l'un de ces pays
00:52:32qui finance l'OMI
00:52:33avec l'argent
00:52:34de la vente
00:52:34de son pavillon
00:52:35de complaisance.
00:52:36Celui-ci a déjà rapporté
00:52:38plus de 700 millions
00:52:39de dollars
00:52:40au gouvernement.
00:52:41Malgré cela,
00:52:43ce pays de l'Ouest africain
00:52:44stagne parmi les 5
00:52:45les plus pauvres
00:52:45de la planète.
00:52:47Sa capitale
00:52:48est toujours
00:52:48sans électricité
00:52:49ni eau courante
00:52:49et sa population
00:52:51vit en moyenne
00:52:52avec 1,25$ par jour.
00:52:54Si vous interrogez
00:52:56ceux qui dirigent
00:52:56l'administration
00:52:57du pavillon libérien
00:52:58aujourd'hui,
00:52:59ils vous diront
00:52:59que c'est un pavillon
00:53:00très respectable.
00:53:01Et ils n'ont pas tort.
00:53:02Mais son histoire
00:53:03est très sombre.
00:53:04Un passé sombre
00:53:09dans lequel
00:53:10250 000 hommes,
00:53:12femmes et enfants
00:53:12ont été massacrés
00:53:14et un million et demi
00:53:15de personnes
00:53:16ont été déplacées.
00:53:18Un passé
00:53:19d'enfants-soldats,
00:53:20de tortures
00:53:21et de massacres.
00:53:22La guérilla
00:53:23opposait des troupes rebelles
00:53:24aux milices
00:53:25du dictateur
00:53:25Charles Taylor.
00:53:27Et pendant 13 ans,
00:53:29c'est ce même argent
00:53:29tiré de la vente
00:53:30du pavillon
00:53:31qui a financé
00:53:32les armes du tyran.
00:53:34L'argent du pavillon
00:53:39libérien
00:53:40a été également
00:53:40utilisé
00:53:41pour le trafic
00:53:41de diamants,
00:53:42ce qui était aussi
00:53:43une violation
00:53:43des sanctions
00:53:44de l'ONU à l'époque.
00:53:46Ce n'était pas
00:53:47juste une question
00:53:48d'armes.
00:53:49Cet argent
00:53:49a également servi
00:53:50au blanchiment
00:53:50de diamants,
00:53:51les diamants de sang
00:53:52comme on les appelait.
00:53:57Le Libéria
00:53:58est un bon exemple
00:53:59du problème.
00:54:00Mais ce n'est qu'un
00:54:01pays parmi d'autres.
00:54:02comme lui,
00:54:09des états faibles
00:54:10aux institutions
00:54:10fragiles
00:54:11sont plus enclins
00:54:12à commettre
00:54:12des obus.
00:54:19Sur le grand jeu
00:54:20du transport maritime
00:54:21à prix cassé,
00:54:22ce sont les états
00:54:23les plus vulnérables,
00:54:25les populations
00:54:25et l'environnement
00:54:27qui pèlent la facture.
00:54:28d'hommages collatéraux
00:54:30d'un jeu féroce
00:54:31qui n'a de règle
00:54:33que celle
00:54:33du profit maximum.
00:54:34L'entreprise capitaliste
00:54:38est extrêmement destructrice.
00:54:39Pour elle,
00:54:39les répercussions sociales
00:54:40ne comptent pas.
00:54:41L'entreprise capitaliste
00:54:48est extrêmement destructrice.
00:54:53Pour elle,
00:54:53les répercussions sociales
00:54:54ne comptent pas.
00:54:55Mais on ne peut pas
00:54:57l'accuser
00:54:57de prendre part
00:54:58au jeu.
00:54:59Et le but
00:54:59de ce jeu,
00:55:00c'est de faire
00:55:00autant d'argent
00:55:01que possible.
00:55:02Alors immatriculer
00:55:03son navire
00:55:04au Libéria
00:55:04ou au Panama,
00:55:05c'est juste
00:55:06une autre façon
00:55:07de jouer à ce jeu
00:55:08et de s'assurer
00:55:09que la population
00:55:10paiera la facture
00:55:11et qu'on continuera
00:55:12à faire des profits.
00:55:19La mécanique
00:55:20du transport international
00:55:21s'est emballée.
00:55:22Depuis 1979,
00:55:24le secteur
00:55:24a cru de 470%.
00:55:26Et d'ici 20 ans,
00:55:28sa taille
00:55:29va encore tripler.
00:55:29L'immensité
00:55:31de la flotte
00:55:32en fait certes
00:55:33un secteur
00:55:34très polluant.
00:55:35Mais il reste
00:55:35la meilleure option.
00:55:37Si on confiait
00:55:38la tâche
00:55:38d'acheminer
00:55:39les mêmes cargaisons
00:55:39à des avions,
00:55:40le coût financier
00:55:41et environnemental
00:55:43serait largement supérieur.
00:55:46Le fret maritime
00:55:47est toujours
00:55:48et de loin
00:55:48le moyen
00:55:49le plus efficace
00:55:50de transporter
00:55:50des marchandises.
00:55:53Nous ne devons
00:55:54pas l'oublier.
00:55:55C'est un atout
00:55:56énorme
00:55:56dont nous avons
00:55:57tous besoin
00:55:57pour répondre
00:55:58à notre demande
00:55:59sans cesse croissante.
00:56:06Il y a des tas
00:56:07de choses
00:56:07que nous pouvons faire
00:56:08et que l'industrie
00:56:09en particulier
00:56:10peut faire.
00:56:11Elle pourrait très bien
00:56:12réduire ses émissions
00:56:13de carbone
00:56:14et continuer
00:56:14à gagner de l'argent.
00:56:18Si la quête
00:56:19de profit
00:56:20est prioritaire
00:56:21dans la stratégie
00:56:21des armateurs,
00:56:23l'argent peut devenir
00:56:24un argument clé
00:56:25pour les convaincre
00:56:26d'améliorer
00:56:26l'efficacité énergétique
00:56:28de leur navire.
00:56:30En investissant
00:56:30relativement peu,
00:56:32ils pourraient
00:56:32améliorer
00:56:33le rendement
00:56:33de leur moteur,
00:56:35la qualité
00:56:35de leur coque
00:56:36ou encore
00:56:37utiliser
00:56:38d'autres innovations
00:56:39comme par exemple
00:56:40le vent.
00:56:42Résultat,
00:56:4430 à 40 %
00:56:45de carburant
00:56:45en moins,
00:56:47plus de profit
00:56:47pour l'armateur
00:56:48et moins de pollution.
00:56:49une recette
00:56:51gagnant-gagnant
00:56:52parmi d'autres.
00:56:54Aujourd'hui,
00:56:54à la portée
00:56:54des industriels
00:56:55conscients
00:56:56que ce secteur,
00:56:57pour rester profitable,
00:56:58doit aussi
00:56:59devenir durable.
00:57:04Mais cette industrie
00:57:06existe avant tout
00:57:07pour nous servir.
00:57:09Et il appartient aussi
00:57:10aux consommateurs
00:57:11d'ouvrir les yeux.
00:57:12La consommation
00:57:14d'énergie
00:57:15et la pollution
00:57:16qui se cachent
00:57:17dans tout ce que nous portons
00:57:18et dans tout ce que nous utilisons
00:57:20doivent être prises en compte.
00:57:23Mais la première chose
00:57:24à faire
00:57:24pour pouvoir agir,
00:57:25c'est d'informer
00:57:27les gens.
00:57:27en savoir plus
00:57:32pour consommer mieux
00:57:33et imaginer
00:57:35un monde
00:57:36de transparence
00:57:37dans lequel
00:57:37toute l'information
00:57:38sur la face cachée
00:57:39de ce que nous achetons
00:57:40serait accessible.
00:57:45J'aimerais vraiment
00:57:46pouvoir entrer
00:57:47dans un magasin
00:57:48et avoir à disposition
00:57:49une étiquette
00:57:50avec toutes les informations
00:57:51qui me disent
00:57:52d'où vient réellement
00:57:52ce vêtement,
00:57:54où il a voyagé,
00:57:55combien de kilomètres
00:57:56il a parcouru.
00:57:57Je pense que nous avons
00:58:04les ressources nécessaires
00:58:05pour que cela
00:58:05devienne une réalité.
00:58:07C'est aussi
00:58:08la responsabilité
00:58:08des entreprises
00:58:09qui nous vendent
00:58:10leurs produits
00:58:10de nous fournir
00:58:11ces informations.
00:58:15Et j'espère
00:58:16que dans un futur proche,
00:58:18c'est quelque chose
00:58:18qui sera disponible
00:58:19pour les consommateurs.
00:58:21Absolument.
00:58:21Une simple étiquette
00:58:27pourrait-elle contribuer
00:58:28à changer
00:58:29certains réflexes
00:58:30de consommation ?
00:58:32Une piste
00:58:33qui peut-être un jour
00:58:34pourrait inspirer
00:58:35certains fabricants
00:58:36et inciter tout un système
00:58:38à redresser la barre
00:58:39pour mettre le cap
00:58:40vers un modèle
00:58:41de société plus responsable.
00:58:42Les plus grands navires
00:58:55quand ils sont en route
00:58:56prennent beaucoup de temps
00:58:58pour virer,
00:58:59pour changer de cap.
00:59:00Donc s'ils changent de cap,
00:59:03ne serait-ce qu'un peu,
00:59:05on peut prendre ça
00:59:06comme le début
00:59:06d'un très grand changement
00:59:08pour le futur,
00:59:08dans un long voyage
00:59:11à travers le siècle à venir.
00:59:17Une longue traversée
00:59:19en perspective
00:59:19qui verra peut-être
00:59:21cette industrie
00:59:22sortir de l'ombre
00:59:23et se montrer
00:59:24à visage découvert.
00:59:28Mais il appartient
00:59:29avant tout
00:59:30aux politiques
00:59:30et aux institutions
00:59:31de prendre part
00:59:32au voyage
00:59:32et de se positionner
00:59:34avec fermeté
00:59:35pour réformer ce secteur
00:59:36et de conduire
00:59:38vers des pratiques
00:59:38plus responsables
00:59:39afin que le transport maritime
00:59:41soit un vrai moteur
00:59:42de croissance
00:59:43qui ne laisse personne
00:59:44sur le bas-côté.
00:59:45et de l'ombre
00:59:50de croissance
00:59:51et de l'ombre
00:59:52de croissance
01:00:22...

Recommandations