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Vanessa Le Moigne, fille d’un Breton et d’une mère algérienne : un vrai mélange de beurre salé et de gazouz, porté par un caractère bien trempé qu’elle met au service de ses analyses et interviews sur BeIN Sports.
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00:00Moi, j'ai des combats intérieurs avec moi-même, entre l'Algérie et la Bretagne.
00:04Des fois, je m'embrouille avec moi-même, donc je crie fort et après, je m'auto-boude.
00:07Est-ce que ça règle partout ?
00:09Ça règle.
00:09Ça règle ?
00:10Tu veux faire une entrée de champ par la droite ou par la gauche ?
00:11Comme tu veux, vas-y.
00:12Est-ce que ça fait une démarche ou pas ?
00:13Non, mais plus c'est...
00:14À la Oumtiti.
00:15Ah oui, Oumtiti faisait comme ça.
00:16Ouais.
00:16Donc, on a une entrée à la Oumtiti.
00:18Bonjour.
00:19Ça va ? On est nés la même année ?
00:211982.
00:22C'est une très bonne année.
00:22C'est un truc qu'on est bien conservé pour 1982.
00:24On fait plus jeune, non ?
00:26J'espère que je fais plus jeune que mon âge.
00:28Les gens me le disent souvent, mais je pense que c'est pour me faire plaisir.
00:3082, année de foot forte.
00:32Oui, très forte.
00:34Pour l'Algérie aussi.
00:35Première Coupe du Monde pour l'Algérie.
00:37Première injustice.
00:38Et pour la France terrible aussi.
00:41Et à chaque fois, le bourreau, c'est l'Allemagne.
00:44Tu as des origines algériennes.
00:45J'ai des origines algériennes.
00:47Ma maman est algérienne.
00:48Et tu ne me poserais même pas cette question si du coup, ça avait été mon papa qui aurait été algérien.
00:51Parce que le nom, je t'ai vu agiter quelques drapeaux il y a longtemps.
00:56J'ai vu ta sensibilité.
00:57Et puis on se suit sur les réseaux, j'ai vu évidemment.
00:59Oui, après, j'ai toujours fait.
01:01Même depuis l'époque où je bossais chez Orange Sport, dans des émissions carrément au Stade de France avec le drapeau français et le drapeau algérien.
01:08Mais parce que pour moi, il n'y a pas de problème en fait.
01:09Moi, je suis complètement décomplexe par rapport à ça.
01:11Je suis très fière en fait.
01:12Justement, j'ai cette fierté algérienne et cette fierté bretonne aussi en même temps.
01:16Voilà, c'était tu Algérie, Bretagne.
01:18C'est-à-dire que moi, j'ai des combats intérieurs avec moi-même entre l'Algérie et la Bretagne.
01:22Qui est le plus indépendantiste des deux ?
01:23Ça dépend des fois.
01:25Ça dépend des situations.
01:27Mais tu vois, par exemple, des fois, je m'embrouille avec moi-même.
01:29Donc, je crie fort et après, je m'autoboude.
01:31Donc, ça peut aller très, très loin.
01:32Je t'ai regardé pendant la Coupe d'Afrique des Nations.
01:34Ah, tu fais partie de ceux-là ?
01:36Oui, oui, oui.
01:38J'ai bien regardé toute la canne.
01:39Bon, on a eu...
01:40C'était une grande Coupe d'Afrique.
01:41C'était extraordinaire.
01:42Avec le Maghreb en dépression.
01:43Franchement, la Coupe d'Afrique des Nations, elle n'est peut-être pas autant que la Coupe du Monde.
01:47Parce qu'il y avait un truc aussi très, très personnel pour la Coupe du Monde.
01:49C'était mon goal life, mon rêve.
01:51Mais sincèrement, il n'y a aucune compétition qui m'a fait me porter comme ça à l'antenne.
01:57Jingle, question piège.
02:02Demain, il y a France-Algérie.
02:03Tu es pour qui ?
02:04On m'a déjà posé cette question-là.
02:06C'est terrible.
02:06Alors, ça dépend de la compétition.
02:08On ne répond jamais frontalement à cette question.
02:10Moi, si on me l'a déjà posée.
02:11Alors, moi, je te réponds très simplement.
02:12On te demande de choisir entre ton père et ta mère.
02:14Comment tu fais ?
02:16Désolé, papa.
02:18Maman, quand même.
02:19Mais je suis pour la chérie.
02:21C'est au rire que tu me fais.
02:24J'ai l'impression d'avoir une rareté ici, une femme journaliste foot.
02:27Il y en a de plus en plus, mais c'est quand même une petite perle rare.
02:30Non, on n'est pas nombreuses.
02:32Et par la force des choses et sans le vouloir, on est devenus un peu des porte-drapeaux de la cause.
02:36Parce que le sport, c'est un miroir grossissant de ce qu'est la société.
02:40Et en gros, c'est faire notre place dans ce qui est considéré, qui ne devrait pas l'être, un monde d'hommes.
02:47En fait, j'ai vraiment conscience que notre génération, elle est en train d'essayer de faire bouger des lignes.
02:52Il faut être intelligent pour ne pas tomber dans l'extrême et pas qu'on nous taxe tout de suite de féminisme extrémiste.
02:58En fait, c'est beaucoup de sensibilisation.
03:01C'est de l'éducation des générations d'avant qui n'ont pas le même logiciel que nous, tout simplement.
03:06C'est quoi le préjugé ou le stéréotype qui t'agace le plus qu'on sent ou que tu as entendu ?
03:11Moi, c'était mon petit-neveu, ce n'est pas de sa faute, mais qui me dit à mon grand frère,
03:16oui, mais Tata, elle est à la télé, elle présente le foot, mais c'est parce qu'elle est mannequin.
03:20Alors, c'est dur, parce qu'en même temps, ça m'a fait grave plaisir.
03:24Et en même temps, je me suis dit, quand même, c'est un peu abusé.
03:28Ça veut dire qu'il est tout petit, il a dix balais.
03:30Et en fait, pour lui, une femme à la télé qui parle de foot, c'est uniquement pour son physique.
03:34Elle ne peut pas avoir de maîtrise footballistique.
03:36Il faut le déconstruire, Tata.
03:37Mais oui, donc du coup, je l'ai pris en vacances avec moi et on a regardé des matchs ensemble.
03:40Voilà, c'est aussi une sorte de formation.
03:44Mais ouais, c'est le genre de stéréotype que tu entends.
03:47Elle est là, la vraie problématique de cette histoire.
03:49Et le point de départ aussi de beaucoup de complexes de légitimité nous concernant.
03:52C'est-à-dire qu'en gros, tu es à l'antenne parce que tu es jolie.
03:55Mais après, ça te crée un gros problème dissociatif.
03:58Toi, tu te dis vraiment que tu es là pour tes compétences.
04:00Et en fait, nous, on te ramène à ton physique, les réseaux sociaux, les commentaires de tes collègues.
04:04Et qu'en gros, tu as ta place parce que tu es nana et parce que tu es jolie.
04:07Et donc, tu te dis, mais attends…
04:09Oui, parce que ce qui est fou, si on prend une semaine type de foot à la télé,
04:12tu dois avoir 30, 40, voire presque une cinquantaine de matchs diffusés par semaine.
04:16Il n'y a pas une seule femme qui commente en poste numéro 1, on va dire.
04:20Non, c'est pour ça que les dirigeantes aussi, c'est important, à la fois dans le sport, mais dans la société en général.
04:26Parce que quand tu vas avoir une empathie, une conscience, une responsabilité par rapport à certains sujets,
04:32tu vas avoir la préoccupation d'avoir une vision.
04:35Aujourd'hui, elles sont sensibles à ça et elles vont chercher des profits féminins.
04:39Ce que ne vont pas forcément faire des hommes ou alors ça ne va pas être leur première préoccupation.
04:45Et il faut les sensibiliser, eux, à cette problématique-là.
04:48Tu en penses quoi du Mbappé-Bachings pour son dernier match ?
04:51Il a été sifflé, moi ça m'a fait mal au cœur.
04:54Ce n'est pas cool.
04:54Moi, j'ai beaucoup de compréhension pour Kylian Mbappé et ce qu'il a pu vivre.
04:58Moi, je dis toujours qu'il faut remettre les choses dans leur contexte.
05:02Le Paris Saint-Germain, c'est une entreprise.
05:03Toi, demain, tu es un salarié d'une entreprise et tu vis tout ce qu'il a pu vivre.
05:08Déjà, en plus, il n'a pas trop parlé.
05:10Il a communiqué beaucoup.
05:12C'est un expert en communication.
05:13Je pense qu'il pourrait donner des cours de médiatraining à beaucoup.
05:15Mais voilà, c'est un salarié d'un qui fait valoir ses droits.
05:19Petit questionnaire rapide.
05:20Ta joueuse préférée ?
05:21Ma joueuse préférée ?
05:23C'est dur, j'en ai plein.
05:25Ma joueuse préférée, je suis obligée de dire Kenza Dali.
05:28Même si, en vérité, si tu fais GOAT, tu vois, Luisa Nesip Kadamur.
05:33Quel beau prénom, Luisa.
05:34Oui, magnifique.
05:35Ton joueur préféré de tous les temps ?
05:37C'est Sidane.
05:37Même si j'aimais beaucoup Moustapha Daleb.
05:40Que tu as connu parce qu'on t'en a parlé, parce que tu ne l'as pas vu jouer.
05:43Quand j'étais petite, tu rigoles ou quoi ?
05:44Tu l'as vu dans le monde...
05:47Bien sûr, mais tu ne connais pas les cassettes ?
05:48Ton club préféré ?
05:50Paris Saint-Germain.
05:51Ton maillot préféré ?
05:53Le maillot de l'Algérie.
05:55Quel joueur a le plus de style pour toi ?
05:56David Beckham.
05:57Ever and ever.
05:58À tout point de vue, quand tu parles de style, ce que j'aime le foot est la mode.
06:01Le lifestyle est incroyable.
06:03Et en plus, tu vois, les coups francs, ils étaient légendaires.
06:06Ce but avec Manchester United de la moitié du terrain, je l'ai montré il n'y a pas longtemps à mon fils.
06:10Parce qu'il faut absolument qu'il ait connaissance de ces choses-là, qu'il voit ce que c'était que le football avant aussi.
06:17C'était quand ton dernier date dans la vie ?
06:19Alors, avec mon fils, hier, en tête à tête.
06:24C'est beau.
06:24Mon fils, en fait, en ce moment, il y a un gros problème.
06:26C'est que la maîtresse, elle dit qu'il est brillant à l'école, mais il fait beaucoup de blagues.
06:30Et donc, du coup, elle dit qu'il est à la limite de l'insolence.
06:33Parce qu'il n'a pas encore la jauge, tu vois, il a 7 ans.
06:36Et le souci, c'est que son père, tout comme moi, c'est vrai qu'on fait des blagues.
06:41Je suis une animatrice club Mickey un peu, c'est-à-dire que j'ai un ton un peu différent.
06:44Et on me l'a souvent reproché.
06:45Mes collègues en disant, tu fais des karaokés, ça ne va pas la tête, c'est une chaîne de sport.
06:50Mon fils a le même problème, en fait.
06:58Et donc, hier, on avait un petit date tous les deux où on parlait de ça.
07:01On se racontait que c'est important de garder sa différence, qu'il faut aussi parfois rentrer dans le cadre par respect des autres.
07:11Mais que sa spécificité, c'est d'être un petit garçon heureux, joyeux et drôle.
07:16Et que je ne lui reprocherai jamais de faire des blagues à l'école.
07:18Il faut un peu déranger dans la vie, c'est vrai.
07:19Donc, je m'adapte avec sa maîtresse, bien sûr.
07:22Tu as passé un bon moment ?
07:23Oui, j'ai passé un très bon moment.
07:24Je suis désolée parce que je suis très bavarde.
07:27Mais c'est le but, cette interview.
07:28Et je me suis même posé une question à un moment donné pendant l'interview.
07:31Je me suis demandé si finalement, je n'étais pas venue en pyjama, tu vois.
07:35Parce que ça faisait vachement bien sur la mannequin.
07:37Ça te va ? Parfois.
07:38D'accord, ça va.
07:39Je suis sûr que ça va bien en vrai.
07:41Merci, j'avais besoin d'être rassurée.
07:42Les femmes, nous, on a besoin d'être rassurée.
07:45J'ai commencé à tarder sur nos spécificités.
07:47Et c'est des fausses ou on peut les manger ?
07:50Tu peux les manger.
07:51Ah d'accord, ok, merci.
07:52Parce que depuis tout à l'heure, on ne regarde pas.
07:54Non, ce n'est pas un faux décor.
07:55Tout le monde me donne à ce que c'est faux.
07:58Merci.
07:59Merci à toi.
08:00Merci beaucoup.
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