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Le 29 septembre 2002, Johnny Hallyday est l’invité exceptionnel du Journal de 20h sur TF1. En direct sur le plateau, il présente le film L’Homme du train de Patrice Leconte, dans lequel il tient l’un de ses rôles les plus marquants au cinéma. Un moment rare où l’artiste évoque son expérience de tournage, sa collaboration avec Jean Rochefort, et sa vision du personnage qu’il incarne.
Transcription
00:00Alors nous avons le plaisir ce soir, je le disais, de recevoir Johnny Hallyday qui ne vient pas nous parler d'un album, encore que pourquoi pas,
00:06mais de son dernier rôle au cinéma dans le film de Patrice Lecomte, L'Homme du Train.
00:10L'histoire d'une rencontre improbable entre un truand et un ancien professeur et qui rêvent tous les deux d'échanger leur vie.
00:16Le face à face Johnny Hallyday, Jean Rochefort est formidable, plein d'humour et de tendresse, comme nous le montrent Christian Dada-Delsen et Patrick Delporte.
00:23En 1998, lors de la cérémonie des Césars, Johnny Hallyday avait dit au réalisateur, Patrice Lecomte, un jour j'aimerais bien être filmé par toi.
00:38Patrice Lecomte a donc écrit un rôle pour Johnny, celui d'un braqueur de banque qui va se réfugier dans l'Ardèche, chez un ancien professeur de français, joué par Jean Rochefort.
00:48Pourquoi faut-il faire gaffe à la douceur des choses ? Parce qu'on risque de s'y habiter.
00:53Je ne crois pas que les choses soient douces.
00:56Vous étiez avant-preuve ?
00:58En 30 ans d'enseignement, pas un seul attouchement sexuel à me reprocher. Chapeau.
01:03Johnny Hallyday et Jean Rochefort forment un duo épatant, celui de deux hommes qui rêvent d'échanger leur vie.
01:09J'ai loupé ma vie. Plus que vous ne pensez, car elles sont neuves.
01:12La pantoufle doit se porter à la limite de l'usure, comme une deuxième peau.
01:17Marchez pour voir.
01:19Ah non, mais pas comme ça, malheureux, il faut laisser traîner les pieds.
01:23Le fin du fin, c'est de la porter en savate, le talon libre, coupé.
01:28En ce qui concerne Johnny, lui, ce qu'il a de force, c'est que depuis toujours, il a voulu être acteur.
01:36Un peu comme si sa carrière de chanteur était un avatar inattendu.
01:40Et moi, d'ailleurs, je l'ai traité comme un acteur.
01:44Non, désolé, je n'ai plus de...
01:46En fait, tout au long de sa carrière de chanteur, Johnny Hallyday a fait du cinéma, puisqu'il a tourné dans 17 films, depuis Les Diaboliques de Clouseau en 1954.
01:56Alors Johnny, effectivement, il y a eu 17 films, mais Patrice Lecomte, 17 fois, je l'ai traité comme un acteur.
02:01C'est vrai qu'on a le sentiment que c'est, d'une certaine façon, un premier grand rôle pour vous.
02:05Ou est-ce que c'est un tournant ?
02:08Oui, c'est certainement un tournant, mais c'est vrai que Patrice Lecomte m'a traité comme un acteur, enfin, ce que je faisais dans le film.
02:16Et pas du tout comme un chanteur qui est venu par hasard dans un film et interpréter un rôle, quoi.
02:25Et c'est vrai que c'est...
02:26Pour moi, c'est un...
02:28D'abord, on a passé des moments inoubliables, formidables.
02:31Et j'étais vraiment très, très, très heureux de l'attention que me portait Patrice Lecomte.
02:38Et puis d'avoir pu jouer avec Jean Rochefort, qui est un acteur généreux, drôle, spirituel.
02:46Mais c'est beaucoup plus facile de jouer avec un acteur qui est généreux qu'avec un acteur qui joue que pour lui-même.
02:54On sent d'ailleurs dans le film qu'il y a beaucoup de complicité entre vous et les...
02:57Oui, mais c'est vrai que lui et moi, on était un petit peu tendus le premier jour parce qu'on ne se connaissait pas bien.
03:00On s'était rencontrés comme ça dans des couloirs de télévision, dans des restaurants.
03:04Il dit qu'il était intimidé par vous.
03:06Mais moi, j'étais intimidé par lui.
03:08Alors bon.
03:08Et puis c'est vrai qu'il s'est passé quelque chose dès la fin de la première journée de tournage.
03:14Et qui s'est amplifié par rapport à tout le tournage.
03:20De ces deux personnes qui ne se connaissaient pas, on a fini par s'aimer.
03:26Par rigoler aussi, sans doute.
03:27Rigoler, s'aimer, attendrir l'un par l'autre.
03:31Et moi, pour moi, je garde un souvenir formidable.
03:34C'est formidable de pouvoir jouer avec un acteur comme Rochefort.
03:38Alors, qu'est-ce qui vous a plu dans le scénario et dans ce personnage de Milan qui, il faut le dire, a envie de raccrocher.
03:44Au fond, a envie de changer de vie après avoir mené une vie de truand, de voyou.
03:48Souvent, le rôle de Milan n'est pas de génialité dans la vie.
03:54J'ai essayé de m'éloigner du personnage que les gens connaissent de moi en tant que chanteur.
04:01Milan est un truand qui fait des coups, qui est un peu en fin de parcours.
04:11Et qui se dit, d'après tout, l'avis de cet instituteur de français, professeur de français à la retraite,
04:21qui continue à donner quelques cours à des étudiants qui n'ont rien à foutre de ce qu'ils racontent, si on peut dire.
04:27Je finis par l'envier et puis lui, et puis Manesquier, qui est Jean Rochefort, rêve d'aventure.
04:34Il pense que de braquer une banque, c'est beaucoup plus...
04:37Il suffit de... ça doit être tout minuté, etc.
04:40Alors que Milan lui répond, non, c'est beaucoup plus simple que ça.
04:42On rentre, on prend et on sort, quoi.
04:44Et puis Milan, il dit à un moment, et on l'a entendu, il ne faut pas croire que les choses soient douces.
04:47Que les choses soient douces.
04:48Oui, absolument, oui.
04:49Et puis je ne veux pas non plus oublier quand même mon vieux ami, Jean-François Stévelin,
04:54qui joue dedans, qui joue dans ce film, qu'on n'en a pas assez parlé, je trouve,
05:00mais il est formidable dans ce film, qui joue mon vieux complice, braqueur de banque,
05:05avec qui je fais le braquage de la banque.
05:07Alors est-ce que ça vous donne envie ?
05:08Enfin, on sait que vous avez retourné ensuite au Canada avec toute une pléiade de vedettes,
05:12le film va sortir.
05:13Est-ce que là, vous sentez qu'au fond, la carrière de chanteur va s'effacer ?
05:17Non, bien sûr.
05:17Non, non, non, vous savez, j'aime les deux métiers.
05:20Je pense qu'on peut très bien être chanteur et on peut très bien être acteur.
05:27Je ne dirais pas comédien, parce que pour moi, comédien, c'est le comédien de théâtre.
05:30Acteur, c'est acteur des cinémas.
05:33Je crois très honnêtement que...
05:37Écoutez, on a des exemples, Yves Montand est venu de la Seine, Bourville, Gabin,
05:42c'est vrai, j'en ai parlé avec Philippe Lavreau.
05:44Et puis, bon, sans parler des Américains, que ce soit Dille Martin, Sinatra,
05:49enfin, ils sont tous passés par la Seine.
05:51Je crois que la Seine amène aussi quelque chose par rapport à ce qu'on peut être acteur
05:57quand on se retrouve dans une caméra.
05:59Et puis, il faut rappeler qu'il y aura, de toute façon, un nouvel album qui sort bientôt,
06:02et puis une scène très importante, et on en parlera plus tard.
06:05On vous retrouvera le chanteur qu'on aime.
06:09En tout cas, ce film est effectivement très émouvant.
06:12Vous, Jean Rochefort, un très beau duel, un très beau face-à-face,
06:15plutôt, dans L'homme du train de Patrice Lecomte.
06:18Merci beaucoup, Johnny Hidé, d'être venu nous en parler.

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