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00:00Europe 1
00:02Europe 1 matin, il est 8h moins 10
00:04L'édito politique de Karl Meus, bonjour Karl
00:07Bonjour Alexandre
00:08Ce matin vous revenez sur les conséquences politiques et sociales du plan de redressement des finances publiques présenté mardi par le Premier Ministre
00:16Vous nous dites Karl, que le risque social justement est peut-être plus important encore pour François Bayrou que le risque politique
00:23Pour paraphraser le Premier Ministre, on pourrait dire que si l'abondance des éloges faisait le bonheur d'un chef du gouvernement
00:29Qui vient d'annoncer un plan de près de 44 milliards d'euros d'économie
00:33Ce matin, François Bayrou doit être bien malheureux
00:35Il n'attendait pas grand chose du Rassemblement National ni de la France Insoumise
00:39Les deux mouvements sont furieux et réclament une motion de censure, tout cela est assez logique
00:43L'opposition du parti socialiste est plus mesurée, même si ses dirigeants ont fait part de leur mécontentement
00:49La question pour les PS n'est pas de savoir s'ils s'opposent au texte du gouvernement
00:52Mais s'il ira jusqu'à apporter ses voix à une motion de censure votée par le RN et LFI
00:57Au sein du groupe PS, tout le monde n'est pas sur cette ligne
01:00Or, pour que la motion de censure passe, ses promoteurs ont besoin de toutes les voix du groupe PS
01:05A ce stade, ce n'est donc pas le principal souci pour François Bayrou
01:08Est-ce que son principal souci politique, justement, ce n'était pas la faiblesse du soutien de sa majorité ?
01:14Vous avez entièrement raison
01:15Il est intéressant de noter que les ténors de la majorité ne se sont pas pressés au micro pour soutenir le Premier Ministre
01:21Gabriel Attal, le patron de Renaissance, le parti le plus important du socle commun, est resté étrangement silencieux
01:26Pour un homme qui aime la communication, ce silence est assez éloquent
01:30Cela étant, François Bayrou doit préférer le silence à la prise de parole d'Edouard Philippe dans le Parisien
01:36Que dit-il ?
01:37Quasiment rien dans ce qu'il propose ne règle le problème, estime le patron d'Horizon
01:41Ce n'est qu'un plan d'urgence, il ne propose pas de réelle transformation
01:45Aucune réforme structurelle des politiques publiques qui ne fonctionnent plus
01:49Avec des soutiens comme ça, François Bayrou n'a pas besoin d'adversaires
01:52Il en arriverait presque à se satisfaire du mécontentement de Laurent Wauquiez, le patron des députés LR
01:57Qui du coup apparaît moins virulent que l'ancien Premier Ministre
02:00Alors qu'un grand nombre de ses lignes rouges ont été franchies
02:03Mais s'ils ronchonnent aujourd'hui, François Bayrou sait qu'ils voteront son budget demain
02:07Sous la Ve République, le vote du projet de loi de finances détermine qui est dans la majorité et qui est dans l'opposition
02:13Les LR décideront-ils cet automne de faire exploser le socle commun, démissionner leurs ministres
02:18Dont celui de l'Intérieur, Bruno Retailleau
02:20Et se ranger dans l'opposition aux côtés d'Éric Ciotti et Marine Le Pen ?
02:24Les députés Horizon voteront-ils aussi contre le PLF ?
02:27Non, le seul risque pour François Bayrou de ses mouvements d'humeur, s'il devait se prolonger
02:32C'est qu'il pousse les socialistes à la surenchère et à les décomplexer face à la motion de censure
02:37En se disant que si la majorité est au bord de l'explosion, à quoi bon sauver le soldat Bayrou ?
02:43Surtout si les électeurs de gauche font connaître dans le même temps leur mécontentement
02:47Oui, c'est donc bien ce risque social que vous évoquez, Karl Meus
02:50Qui s'avère plus dangereux maintenant pour le Premier Ministre que le seul risque politique
02:54Oui, exactement. L'équation est simple. Un Premier Ministre impopulaire peut-il imposer aux Français un plan de rigueur drastique, par nature impopulaire ?
03:03Même si les Français ont conscience de la gravité de la situation, de la nécessité de fournir des efforts
03:07Ils rejettent les mesures qui les touchent directement, on l'a vu dans les sondages qui sont sortis ces derniers jours
03:12De leur côté, les syndicats sont vent debout
03:14Dans ce registre, il faut toujours se référer à ce que disait Raymond Souby, l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, hors fèvre en la matière
03:21Il savait qu'il y avait une graduation dans l'indignation des syndicalistes qui allait de
03:25« ça ne va pas et je pourrais me fâcher » à « ça ne va pas et je peux me fâcher »
03:31jusqu'à « ça ne va pas et je vais me fâcher »
03:34Pour le moment, nous sommes en juillet, les réactions semblent rester dans un registre classique
03:38Mais rien ne dit qu'au retour des congés, quand les Français feront leur calcul
03:42il n'y aura pas un mouvement des grèves et des manifestations
03:45ou plus tard que la rentrée
03:47Raymond Souby avait l'habitude de dire, quand on promettait des rentrées chaudes
03:50qu'elles n'étaient jamais propices aux mouvements sociaux
03:53Ces dernières années, c'est en octobre-novembre que les mouvements les plus durs se sont lancés
03:57des grandes grèves de 1995, vous vous souvenez, contre le plan Juppé
04:01à plus récemment les Gilets jaunes en 2018
04:04Le chef du gouvernement devra veiller à ce qu'il n'y ait pas que les feuilles
04:08qui tombent à l'automne
04:09Merci Karl Meus, rédacteur en chef au Figaro Magazine
04:13C'était votre édito politique sur Europe

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