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Le rapporteur général du budget à l'Assemblée et député LIOT de la Marne, Charles de Courson, était l’invité de #LaGrandeInterview dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00Bonjour à tous, la grande interview européen CNews. Bonjour Charles de Courson.
00:06Bonjour.
00:06Député Eliott de la Marne, rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale.
00:10Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:12Vous êtes l'un des grands spécialistes de la question budgétaire.
00:15Vous étiez hier après-midi présent dans la salle où le Premier ministre a dévoilé son plan d'économie.
00:20Avez-vous assisté à un moment de vérité de la part de François Bayrou
00:25ou à une litanie de mesures qui n'ont aucune chance d'aboutir ?
00:29Alors, le Premier ministre a le mérite de rappeler que la France ne peut pas continuer comme cela.
00:38Voilà.
00:39Mais je voudrais quand même rappeler que le Président de la République est au pouvoir depuis 8 ans
00:47et que l'état des finances publiques n'a cessé de se dégrader
00:51et que nous sommes dans une situation où il faut maintenant prendre des mesures importantes et urgentes.
00:58dont c'est un mérite d'avoir un Premier ministre.
01:02Vous me direz que d'autres, François Fillon avait déclaré un jour
01:05« Je suis à la tête d'un état en faillite ».
01:08Voilà.
01:09Ce constat est partagé depuis longtemps.
01:11Mais est-ce que François Bayrou fait preuve d'assez de courage dans ce que vous avez pu entendre ?
01:15Alors, il a développé un plan de 44 milliards d'économies.
01:24Alors, moi, j'ai consacré une partie de ma nuit à examiner cela.
01:30Vous avez tout analysé.
01:31Voilà. Et ce que je constate, c'est que dans ces 44 milliards,
01:36il y a 14 milliards d'augmentation des prélèvements obligatoires.
01:41Je vous donne quelques exemples.
01:44Premier exemple, la suppression de deux jours.
01:47Deux jours fériés.
01:48Deux jours fériés. Alors, on a parlé du lundi de Pâques et puis du 8 mai.
01:52La question, c'est qu'est-ce qui se passe du côté des salariés ?
01:57Est-ce qu'il y a une modification de la rémunération ?
02:00Aux dernières nouvelles, la réponse est non.
02:01Ce n'est pas prévu. Non.
02:02La réponse est non.
02:03En revanche, si on vient de l'appeler ce matin...
02:04Mais y a-t-il une contrepartie ?
02:07Il devrait y avoir une contribution demandée aux entreprises.
02:09Alors, si c'est une contribution aux entreprises, c'est-à-dire une cotisation patronale,
02:15modèle de l'époque Raffarin, qui avait supprimé une journée
02:19et qui avait fait payer aux entreprises l'équivalent, c'est-à-dire 0,3 points de cotisation salariée.
02:27Et dans ce qu'a exposé le Premier ministre, il y a 4 milliards d'eux.
02:32Donc, ça correspond à peu près à 0,6 points de cotisation patronale.
02:36Voilà. Sinon, le différentiel, vous enrichissez les entreprises.
02:41Si on travaille plus...
02:42Ça, François-Léros ne l'a pas dit.
02:42Il ne l'a pas dit.
02:43Pourquoi ?
02:444 milliards d'eux.
02:45Parce que je suppose que ça ne va pas être très populaire.
02:49Voilà.
02:49Deuxième exemple sur les prélèvements obligatoires.
02:53On nous dit qu'on va supprimer les niches fiscales et sociales
02:57à hauteur de combien ?
02:59De 3,4 milliards.
03:00C'est bien une augmentation des prélèves obligatoires.
03:03Troisième exemple sur les mesures d'équité fiscale.
03:09Il y en a pour 4,2 milliards d'augmentation.
03:12Mais où voulez-vous en venir ?
03:13Eh bien, je veux dire qu'il ne faut pas dire que ces 44 milliards, c'est massivement une réduction de la dépense publique.
03:22C'est pour, grosso modo, presque un tiers, pour 14 milliards d'abrèmes et des comptes, une augmentation des prélèvements obligatoires.
03:29Or, le Premier ministre l'avait dit, il ne faut plus augmenter les prélèvements obligatoires.
03:34Là, ce sont très clairement des causes d'impôts demandés aux Français, des cotisations demandées aux Français.
03:3814 milliards, voilà.
03:40Et il reste une trentaine de milliards d'économies sur la dépense.
03:45Donc, c'est un tiers sur les recettes et deux tiers sur les dépenses.
03:51Et sur les dépenses, vous avez un certain nombre de choses qui méritent l'investigation.
03:57On nous a dit, on va économiser 5,2 milliards sur les opérateurs.
04:01Alors, les opérateurs, c'est quoi ?
04:02Les fameuses agences de l'État.
04:03C'est des agences diverses et variées qui dépensent à peu près 70 milliards.
04:09Alors, on aimerait savoir sur quoi on économise.
04:13Et on a parlé des économies, mais on n'a pas parlé des dépenses nouvelles.
04:18Pourquoi la situation est aussi catastrophique ?
04:21Parce que vous avez des augmentations spontanées considérables.
04:26Vous avez le budget de la défense, 6,5 milliards supplémentaires.
04:29Vous avez les intérêts de la dette.
04:31Alors, on n'a pas encore le chiffre, mais ça doit être de l'ordre 7, 8 milliards supplémentaires.
04:38On a la contribution à l'Union Européenne.
04:40Qui augmente.
04:417 milliards de plus.
04:42Vous savez pourquoi ?
04:43L'année prochaine.
04:43Parce qu'on a été subventionné par l'Union Européenne dans le cadre du plan de relance.
04:48Mais maintenant, il faut rembourser les dettes.
04:50Ce n'est pas plus compliqué que ça.
04:52Vous voyez, rien que ces trois mesures, grosso modo, c'est 20 milliards de dépenses supplémentaires.
04:56Donc, on voit bien qu'il faut prendre des mesures justes.
05:03Et est-ce qu'elles sont toutes justes ?
05:05Alors là, grand débat.
05:08Est-ce qu'on est estimé que François Bayrou ne va pas assez loin dans les coupes du budget de l'État ?
05:12Je pense que la priorité, c'est de réduire la dépense publique.
05:16Ce n'est pas de continuer à augmenter les prêlements obligatoires.
05:19C'est ça, je pense, une première critique qu'on peut faire.
05:23L'ordre de grandeur, si vous voulez, de 44 milliards, c'est un ordre de grandeur de ce qu'il faudrait faire.
05:31Il faudrait le faire sur la dépense.
05:33Et une dépense juste.
05:35Et puis, prendre quelques mesures symboliques.
05:37Par exemple.
05:39Vous, Charles de Courson, je crois que vous proposez, vous avez déposé une proposition de loi, par exemple,
05:43pour revoir les avantages accordés aux anciens présidents de la République, aux anciens premiers ministres.
05:49Absolument, absolument.
05:50Vous regrettez que le premier ministre n'ait pas mis ça sur la table hier ?
05:52Oui, ce n'est pas avec ça que vous allez redresser les finances publiques.
05:54Mais il y a des mesures symboliques.
05:57De dire, tout le monde doit faire des efforts.
05:59Et en tête, ceux qui ont les meilleurs revenus ou des situations, si vous voulez, qui choquent à juste raison l'opinion publique.
06:10Moi, demander aussi aux parlementaires un petit effort, ça me paraît tout à fait normal.
06:19On a été élus par le peuple.
06:21C'est les impôts du peuple qui nous rémunèrent qu'on fasse aussi un...
06:25Et concrètement, quel effort ?
06:27Quel effort ?
06:28Vous auriez aimé qu'il mette quoi sur la table hier, François Bayrou ?
06:31Un certain nombre de mesures symboliques concernant les ministres, la représentation nationale,
06:38les anciens présidents, les anciens premiers ministres, ce qui choque beaucoup de gens.
06:43Prenez Mme Cresson, tout le monde a oublié depuis combien de temps elle n'est plus première ministre.
06:48Elle continue à avoir un certain nombre de moyens qui sont octroyés par la République.
06:53Est-ce que ceci est raisonnable ?
06:55Moi, j'avais proposé qu'au bout de dix ans,
06:58ce type d'avantages, voitures, chauffeurs, etc., disparaissent.
07:03Ça me paraît tout à fait réaliste.
07:04D'ailleurs, c'est ce que préconisait un rapport, d'ailleurs, qui avait été demandé à un membre du Conseil d'État.
07:10Charles de Courson, la grande interview européen.
07:13C'est nous, le Premier ministre, parle jour février ou encore antibiotiques et vaccins.
07:17Nous consommons en France deux fois plus d'antibiotiques qu'en Allemagne.
07:21Et je ne crois pas que nous soyons en meilleure santé que les Allemands, dit François Bayrou.
07:24En résumé, il veut responsabiliser les Français en les faisant davantage passer à la caisse.
07:29Il faut en passer par là ?
07:30Non, mais il a raison sur ce point.
07:33Prenez les antibiotiques.
07:35Mais qui prescrit les antibiotiques ?
07:38Ce n'est pas vous et moi qui peuvent aller acheter des antibiotiques.
07:43Il faut une ordonnance.
07:45Voilà.
07:45Donc, le problème, c'est l'évolution des prescriptions médicales.
07:51Il y a eu d'ailleurs des progrès.
07:54Prenez certaines formes de maladies, on prend des antibiotiques, alors que c'était totalement inutile.
08:00Mais il y a d'autres exemples qu'on peut prendre en matière de dépenses de santé.
08:05On a parlé vaccination.
08:07C'est vrai que si tout le monde était vacciné, par exemple, contre la grippe,
08:12on ferait des économies très importantes.
08:14Mais une fois que vous avez dit cela, soit vous dites, on rend obligatoire la vaccination.
08:20Excusez-moi, comment vous rendez obligatoire une vaccination si les gens ne veulent pas se faire vacciner ?
08:24On est quand même encore dans un pays libre.
08:26Vous voyez ?
08:27Alors là, je n'ai pas bien compris.
08:29Mais Charles Lecourson, puisqu'on parle santé, économie,
08:32est-ce qu'il ne faut pas aussi, d'une certaine manière, responsabiliser les étrangers ?
08:36Il faut responsabiliser les Français.
08:38Mais est-ce que ce n'est pas aussi le grand oublié de ce grand oral de François Bayrou ?
08:43Pas une fois.
08:44Pas une fois.
08:44Hier, le mot « immigration » n'a été prononcé.
08:47Le coût de l'immigration, ce n'est pas un problème, en tout cas, visiblement, pour François Bayrou.
08:51C'est vrai, mais on a un débat sur l'AME, l'aide médicale d'État,
08:58qui permet de soigner des personnes en situation irrégulière, étrangère, en situation régulière, en France.
09:07Il faut bien voir que, quel que soit le pays, on soigne ces personnes.
09:12Pourquoi ? Parce que si vous ne les soignez pas, ça va déclencher des épidémies.
09:16Donc, en termes de santé publique, c'est indispensable.
09:19François Bayrou cite l'exemple de l'Allemagne.
09:22En Allemagne, il n'y a pas l'aide médicale d'État.
09:24Le panier de soins est resserré.
09:26Le débat, c'est le panier de soins.
09:28Et il n'est pas plus malade en Allemagne qu'en France.
09:29Non, mais le problème, c'est le panier de soins.
09:32Et le panier de soins, il n'est pas législatif, il est réglementaire.
09:36C'est, est-ce qu'il faut restreindre, au-delà de ce qui existe actuellement, le panier de soins ?
09:41Ça, on peut en discuter, c'est tout à fait légitime.
09:43Mais ceux qui disent, on va faire une économie d'un milliard d'eux en supprimant l'AME, ça ne veut rien dire.
09:49Parce que dans les hôpitaux, si quelqu'un étranger se présente, il sera soigné.
09:53Parce que s'il a une maladie contagieuse et qui contamine une partie de nos concitoyens, on aura tout gagné.
09:59On n'aura fait aucune économie, on aura fait des dépenses supplémentaires.
10:03Donc, il faut être raisonnable en toutes choses.
10:05Et donc, le panier de soins...
10:07On veut supprimer le lundi de Pâques, mais pas l'AME.
10:09Oui, mais ce n'est pas raisonnable de supprimer l'AME, en termes de santé publique.
10:15Ceci coûterait plus cher que ce que ça rapporterait.
10:18Donc, si vous voulez, c'est le genre de fausses économies.
10:21Les économies que je qualifierais de démagogiques.
10:25Alors que sur les deux jours de suppression, le problème, c'est qu'aux dernières nouvelles,
10:30il va y avoir une contribution qui va rapporter 4 milliards d'eux.
10:35C'est-à-dire, c'est ce qu'avait fait M. Raffarin,
10:37quand il avait supprimé un jour férié, et puis après, les partenaires sociaux ont discuté branche par branche
10:45pour comment on augmentait de 7 heures par an la durée du travail.
10:50Et en contrepartie, il y a eu une cotisation dite de solidarité de 0,3% sur les cotisations patronales.
10:58Charles de Courson, vous êtes bien sur CNews et Europe 1.
11:04Quelle position va adopter votre groupe, l'IOT, sur cette proposition de budget de François Bayrou ?
11:09On a entendu les représentants du Rassemblement National, ceux du Parti Socialiste.
11:13Visiblement, on se dirige vers la censure. Ce sera votre ligne de conduite également ?
11:17Écoutez, nous devons discuter en fin de matinée avec un ensemble de nos collègues.
11:23Les connaissants, je ne voudrais pas anticiper sur la position de notre groupe,
11:28mais il m'étonnerait qu'il y ait beaucoup de nos collègues qui votent pour.
11:35Pour ce budget ?
11:36Pour ces types de propositions.
11:40Alors reste la censure.
11:41Vous savez, on est un groupe de gens libres.
11:44Voilà. Il y aura peut-être un certain nombre de membres de notre groupe qui voteront la motion de censure.
11:49Mais à titre personnel, vous étiez démené face à Elisabeth Borne en 2023,
11:55en 2025 face à François Bayrou ?
11:57Oui. Je n'ai pas voté la dernière fois la motion de censure.
12:01Contre Michel Barnier.
12:02Contre Michel Barnier.
12:02Mais contre Elisabeth Borne, vous l'avez fait.
12:04Et je l'ai fait, mais sur le problème d'une réforme totalement inadaptée.
12:09D'ailleurs, la suite des opérations l'a montré,
12:11et que ce que nous avions développé dans notre groupe, c'était la sagesse.
12:17C'est-à-dire qu'il faut encourager nos concitoyens à travailler plus longtemps,
12:21mais par des voies d'incitation, et non pas en augmentant...
12:24A titre personnel sur ce gouvernement de François Bayrou ?
12:26Je pense qu'il est dangereux de rajouter du chaos au chaos.
12:31Voilà. Et donc, moi, en l'état actuel des choses, je ne voterai pas pour un tel budget.
12:40Enfin, il n'y a pas que la loi de finances, il y a la loi de financement à la sécurité sociale aussi.
12:44De là à voter la motion de censure, nous en discuterons dans notre groupe.
12:47Est-ce que c'est parce que vous êtes un ancien compagnon de route de François Bayrou ?
12:51Non. Non. Puisque vous savez que j'ai rompu politiquement avec François Bayrou en 2007,
12:58sur sa position au second tour des élections présidentielles,
13:03où il avait fait près de 20% des voix, et Nicolas Sarkozy avait fait une trentaine.
13:07À eux deux, ils avaient fait 50%. Il était évident qu'il fallait s'allier.
13:11Et Nicolas Sarkozy n'attendait que cela. Moi, il me l'a dit.
13:14Voilà. Il l'a refusé. Et là, enfin, ne refaisons pas l'histoire.
13:18Mais ce n'est pas parce que j'ai rompu politiquement qu'on ne continue pas à avoir de temps en temps des discussions.
13:24Et justement, parmi ces discussions, est-ce que vous abordez les éventuelles ambitions de François Bayrou,
13:29triple candidat à la présidentielle ?
13:31Non. Non. Mais j'ai une petite idée. Je pense qu'il n'a jamais renoncé.
13:37Vous le voyez ? Vous l'imaginez ?
13:39Je pense que tout est possible. Vous savez, vu la situation politique française, tout peut arriver.
13:44Charles de Courson, j'aimerais vous faire réagir, parce que dans ce contexte, et c'est un peu passé inaperçu,
13:47on parle beaucoup de ces chiffres, de ce bilan d'Emmanuel Macron.
13:51Est-ce que ce bilan, c'est aussi celui de Bruno Le Maire ?
13:55Oui. Moi, je surnommais Bruno Le Maire, monsieur 1000 milliards,
13:58puisque quand il est arrivé, la dette publique était de 2300 milliards.
14:01Charles de Courson, je vous pose la question.
14:01Quand il nous a quitté, 3300 milliards.
14:03Je vous pose la question, parce qu'il y a quelques jours, on a appris que Bruno Le Maire était décoré,
14:08nommé en titre d'officier de la Légion d'honneur pour le 14 juillet.
14:14Comment vous avez perçu cette nomination ? C'est bienvenu dans ce moment-là ?
14:18Vous savez, quelles que soient les critiques que j'ai pu adresser à Bruno Le Maire,
14:24qui a trouvé que parfois j'étais même très dur à son endroit,
14:28il a quand même consacré une partie de sa vie au service de notre pays,
14:32même si je conteste la façon dont il l'a fait, mais ça, c'est un débat.
14:36Donc, qu'il ait la Légion d'honneur, vous savez, comme tous les anciens députés,
14:42au bout de certains nombres d'années.
14:45Donc, c'est normal.
14:46Mais ça ne me paraît pas anormal.
14:49Merci beaucoup, Charles de Courson, d'avoir accepté notre invitation.
14:53C'était la grande interview européen CNews.
14:56A très bientôt.
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