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00:00L'édito politique de Karl Meus. Bonjour Karl. Bonjour Alexandre.
00:04Ce matin vous nous parlez de ce rendez-vous fixé tout à l'heure par le Premier ministre
00:09qui va annoncer cet après-midi ses mesures pour réaliser 40 milliards d'économies en 2026.
00:14Alors pour vous Karl, François Bayrou n'a pas d'autre choix que d'annoncer des mesures fortes en tout cas
00:19s'il ne veut pas perdre sa crédibilité politique, rien que ça.
00:23Oui, parce que c'est François Bayrou lui-même qui a scénarisé les enjeux de cette séquence.
00:27C'est en quelque sorte notre Alfred Hitchcock de la politique, le maître du suspense.
00:33Depuis son arrivée à Matignon, il explique aux Français que le pays ne peut plus continuer sur cette voie
00:37et qu'il faut prendre des mesures drastiques pour réduire la dette et les déficits du budget et de la sécurité sociale.
00:42Il en a même fixé le montant, 40 milliards d'économies en 2026, vous l'avez dit.
00:46Mais il s'est bien gardé de préciser comment il comptait les réaliser.
00:49Sa conférence de presse le 15 avril n'était qu'un moyen de faire prendre conscience aux Français, disait-il,
00:54de la gravité de la situation du pays.
00:56Comme s'ils n'en avaient aucune conscience, eux qui ont un taux d'épargne plus élevé que celui de leurs voisins.
01:02Preuve qu'ils savent parfaitement qu'ils ont intérêt à mettre de l'argent de côté.
01:06Depuis le 15 avril, François Bayrou n'a rien dévoilé de ses intentions,
01:09laissant craindre le pire pour ceux qui l'accusent d'immobilisme.
01:12Il y a bien eu quelques ballons d'essai, voire quelques fuites sur l'année blanche
01:15ou la possibilité de taxer les plus riches.
01:17Mais rien sur les indispensables réformes à engager pour pérenniser les économies.
01:21C'est pourtant sur ces points que le Premier ministre est attendu.
01:24Je ne sais pas, on vous sent dubitatif sur la capacité du Premier ministre à engager de vraies réformes de structure ?
01:30Disons que les sept premiers mois à Matignon ont montré un chef du gouvernement
01:34plus préoccupé par repousser les problèmes qu'à tenter de les régler.
01:38À sa décharge, il n'est pas aidé par une assemblée nationale où il ne dispose pas de majorité absolue,
01:43par des leaders du socle commun qui regroupent avec son parti le Modem, Renaissance, Horizon et Les Républicains,
01:49qui lui glissent gentiment des peaux de banane sur sa route,
01:52sans oublier le locataire de l'Elysée qui reste en embuscade.
01:55Mais bon, il a absolument voulu le job, c'est donc à lui qu'il revient de prendre les décisions.
01:59Quand il est arrivé à Rue de Varennes, il a expliqué aux Français qu'il se trouvait face à un Himalaya de difficultés,
02:05comparant sa mission à cette chaîne de montagne qui comprend dix sommets de plus de 8000 mètres.
02:10Depuis, on a quand même l'impression qu'il n'est toujours pas parti à la conquête de ces fameux sommets.
02:15Est-il même arrivé au premier camp de base, à plus de 5000 mètres ?
02:18Il aimerait qu'on le croie, mais les Français en doutent.
02:21La preuve, sa cote de confiance est l'une des plus basses des premiers ministres de la Ve République,
02:26au niveau d'Edith Cresson et de Jean-Marc Ayrault.
02:28Bon, si on veut filer la métaphore, Carl Méhuz, peut-être redoute-t-il d'être privé d'oxygène en cours d'ascension ?
02:34Il n'y en a plus beaucoup quand on arrive à 8000 mètres.
02:36Oui, il y a sûrement de ça, vous avez raison.
02:37François Bayrault est un homme prudent qui n'avance que s'il est sûr de la stabilité de sa position.
02:42Seulement voilà, aujourd'hui, il ne peut plus reculer.
02:45Il s'est installé en premier de cordée et doit maintenant lancer le mouvement.
02:48Les Français ne comprendraient pas qu'il convoque encore les partenaires sociaux,
02:51voire les forces vives, ou renvoie des décisions à la rentrée.
02:54L'échec du conclave sur les retraites est encore dans toutes les têtes.
02:57Et même si le Premier ministre refuse de le qualifier d'échec,
03:00il a perdu une partie de son crédit politique dans cette affaire.
03:03Un succès lui aurait permis de vanter sa méthode.
03:05L'absence de conclusion l'a privé de ce gain
03:07qui lui aurait donné la possibilité d'arriver le 15 juillet en position de force.
03:11D'autant que si on continue la métaphore himalayenne, comme vous le faites,
03:15si on admet qu'il a quitté le camp de base,
03:17on a l'impression que François Bayrou se retrouve sur une arrête particulièrement dangereuse.
03:20Alors quelle arrête ?
03:21L'arrête des impôts.
03:23Elle n'est pas répertoriée dans les cartes, mais on la connaît.
03:25Le macronisme s'est construit sur une promesse.
03:27Pas d'augmentation d'impôts, voire des baisses régulières.
03:31La taxe d'habitation, la redevance.
03:33Ces derniers jours, le discours de François Bayrou n'est pas exactement le même.
03:37Il dit qu'il n'y aura pas de hausse généralisée,
03:40mais des efforts particuliers.
03:42Qu'il n'y aura aucune mesure d'impôts nouveau,
03:45mais qu'il veut que tout le monde participe.
03:48François Bayrou est-il vraiment sûr que les Français
03:50sont prêts à entamer l'ascension des 8000 de l'Himalaya
03:54par leur face nord, comme ils semblent s'apprêter à le faire ?
03:57Merci Karl Méhus, rédacteur en chef au Figaro Magazine.
04:00C'était votre édito politique sur Europe 1.
04:02À la une du Figaro ce mardi 15 juillet,
04:05la dette et les déficits, justement l'heure de vérité pour François Bayrou.
04:09Bienvenue à tous, il est 8h moins 5.

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