Quand la technologie a déchaîné la panique Le 19 octobre 1987 restera gravé dans l’histoire financière comme le "Lundi noir", une journée où Wall Street s’est effondrée dans un chaos sans précédent. Dès l’ouverture, les cours s’effondrent comme un château de cartes, le Dow Jones plongeant de 22,6% en quelques heures – la pire chute quotidienne jamais enregistrée. Les salles de marché, habituellement bruyantes d’activité, sont prises d’une panique silencieuse, entrecoupée seulement par le cliquetis des machines et les cris des traders.
Au cœur de la tempête, une innovation de l’époque : les ordinateurs de trading programmé. Ces machines, censées rationaliser les investissements, deviennent les acteurs involontaires du désastre. Fonctionnant avec des algorithmes rudimentaires, ils déclenchent des ventes automatiques massives dès que les cours baissent, créant un cercle vicieux : plus les prix chutent, plus les ordinateurs vendent, alimentant la panique. Les écrans rouges des terminaux Bloomberg, inondés de chiffres en chute libre, reflètent l’impuissance des traders, réduits à des spectateurs d’un crash qu’ils ne contrôlent plus.
La contagion est foudroyante : Londres, Tokyo, Hong Kong… Les places boursières du monde entier s’embrasent dans un effet domino. Les téléscripteurs ne parviennent plus à suivre l’avalanche d’ordres de vente. À la clôture, près de 500 milliards de dollars se sont évaporés, laissant les investisseurs sous le choc.
Ce krach historique révèle les dangers d’une finance trop dépendante de la technologie. Il conduira à des réformes majeures, comme les "circuit breakers", ces dispositifs désormais essentiels pour calmer les marchés en crise. Le Lundi noir reste ainsi une sombre leçon : parfois, les machines censées nous protéger peuvent devenir les accélérateurs de notre propre panique.