- 12/07/2025
Ce samedi 12 juillet, Marion Solletty, directrice POLITICO Europe était l'invitée dans l'émission Hebdo Com, présentée par Sofiane Aklouf. Hebdo Com est à voir ou écouter le samedi sur BFM Business. Cette émission a été réalisée en partenariat avec CB News.
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00:00BFM Business présente, Hebdo.com, Sofiane Aklouf.
00:12Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau numéro d'Ebdo.com.
00:15Juste derrière moi, derrière cette porte, il y a des conférences qui se tiennent à l'occasion de la deuxième édition des Rencontres Internationales des Médias,
00:22un événement cofondé par la branche médias de CMA-CGM, propriété de BFM Business.
00:27Et parmi les intervenants aujourd'hui, nous voulions entendre Marion Soletti.
00:31Elle a lancé la version française de Politico avec 4 newsletters.
00:36Nous voulions l'entendre notamment sur l'émergence de ces sites web et puis de ce top 40 des personnalités les plus influentes de France.
00:43C'est tout de suite et c'est dans Hebdo.com.
00:46Bonjour Marion Soletti.
00:48Bonjour, merci de me recevoir.
00:49Merci d'avoir accepté l'invitation de BFM Business.
00:52Vous êtes depuis début janvier éditeur à Tlarge à Politico Europe.
00:56Qu'est-ce que ça veut dire ? C'est très large justement.
00:59Ça veut dire que je continue de faire plein de choses que j'ai fait par le passé mais à un échelon un peu différent.
01:03Aujourd'hui, je développe des grands projets éditoriaux sur un périmètre Europe.
01:06Et je m'occupe aussi du développement de notre offre événementielle qui est quelque chose d'assez nouveau en France,
01:11qu'on fait beaucoup ailleurs mais qu'on commence tout juste ici.
01:14Alors vous avez publié le 3 juillet dernier le top 40, le power 40.
01:19C'est le classement des 40 influenceurs, on peut les appeler comme ça.
01:23Les personnalités qui comptent en tout cas.
01:25Voilà, un peu. Pas au sens influenceurs sur les réseaux sociaux mais au sens de personnes qui ont de l'influence en politique.
01:30C'est important. C'est un peu les gens qui en coulisses tirent les ficelles ou influent sur l'agenda.
01:35Donc vous ne trouverez pas de ministres ou de grands élus.
01:37C'est vraiment ceux qui sont un petit peu dans l'ombre ou qui ont un pouvoir économique qui influe sur l'agenda politique.
01:44Donc on assume d'y mettre un petit peu des choux et des carottes.
01:46Ça nous amuse beaucoup. On aime beaucoup les classements.
01:48Ça fait beaucoup jaser.
01:49On a des gens qui râlent parce qu'ils ne se trouvent pas assez haut ou parce qu'ils n'y sont pas.
01:52Donc ça c'est très marrant.
01:53C'est power 40. Cette année, on a mis Rodolphe Sadeh en premier.
01:57Mais vous trouverez aussi des personnalités moins connues comme Claire Landais par exemple,
02:00qui est secrétaire général du gouvernement et qui tient un peu la boutique quand les premiers ministres changent.
02:05Je me suis étonné. Assez haut d'ailleurs dans le classement.
02:06Je me suis dit, mais je ne connaissais même pas son nom.
02:08Est-ce que c'est mon manque de culture générale ou politique ?
02:11Non, mais on met beaucoup ce type de figure.
02:14Aussi en raison du contexte politique.
02:15Parce que quand vous avez des premiers ministres qui changent tous les six mois,
02:18il y a une permanence qui est assurée derrière et des gens qui deviennent plus influents par la force des choses.
02:23Donc voilà, c'est un classement qui est un peu...
02:25C'est notre marque de fabrique. C'est quelque chose qu'on fait aussi à Londres, à Bruxelles.
02:28On y passe pas mal de temps.
02:29C'est une méthode pas très scientifique, mais très drôle à mettre en œuvre.
02:33Comment ça se passe ? Vous vous réunissez ?
02:35Vous dites, moi je pense qu'il est 40, moi je pense qu'il est 25e.
02:38Un peu. Alors déjà, on fait un premier tour d'horizon des noms.
02:41Donc là, c'est un petit peu l'effervescence.
02:43Tout le monde est invité un peu à balancer des noms.
02:45On a un peu des typologies.
02:47Donc on sait qu'on va avoir des PDG, des patrons de médias,
02:50parce que forcément, ils ont un poids par leur pouvoir, des hauts fonctionnaires,
02:53parce que c'est aussi les gens à qui on s'intéresse, des lobbyistes, des communicants.
02:56Et puis après, on les classe.
02:58Ça, c'est le plus difficile.
02:59En ayant un petit peu, on va dire, des sous-classements en tête par typologie, justement.
03:03Donc on essaie quand même de ne pas nacher.
03:04Ce n'est pas un classement de pouvoir absolu dans tous les domaines.
03:07C'est vraiment à travers leur dimension politique.
03:09Ça, c'est assez important.
03:10Avec des femmes, vous allez me dire, peut-être pas assez nombreuses.
03:13Il y en a de plus en plus dans ce type de classement, mais on n'est toujours pas à la parité.
03:16Oui, on essaie d'y être attentif, bien sûr.
03:19On n'est pas tout à fait à la parité cette année, mais bien sûr, on fait attention à ça.
03:23À qui la faute ? C'est ce que j'ai envie de vous dire.
03:25Ou je ne m'aventurerai pas sur ce terrain.
03:27Oui, en tout cas, vous faites attention à cela,
03:31mais on ne les retrouve pas forcément à la tête des grandes entreprises et dans le monde politique.
03:36Et votre classement reflète ce qui compte dans ces milieux-là.
03:40Oui, dans notre top 5, il y a deux femmes.
03:42Donc on en a quand même pas mal.
03:46Dans ce type de classement qu'on fait à l'échelle européenne, il y en a aussi beaucoup.
03:50La présidente de la commission, c'est une femme.
03:52Donc il y a quand même des femmes qui sont à des gros postes en Europe.
03:54Donc on n'a pas non plus un mal fou à en trouver.
03:57Des choux et des carottes, vous le disiez.
03:58C'est-à-dire qu'il y a des figures politiques, des gens du monde économique.
04:03Et aussi Thibault InShape et Pascal Praud.
04:06Oui, ça nous amuse.
04:08Dans la première édition de ce classement qu'on avait faite il y a deux ans,
04:12on avait mis Bouba parce qu'il était intervenu dans le débat sur la régulation des influenceurs.
04:16Et à ce moment-là, c'était un gros dossier.
04:17Donc on prend beaucoup en compte l'actualité.
04:19Thibault InShape, on a fait des articles sur lui.
04:21On a parlé de son influence en politique, de comment les politiques essaient de l'utiliser aussi.
04:25Donc il y a une dimension sur l'actualité qui est importante.
04:28Maintenant, on fait le classement.
04:30On est aussi plutôt regardé vers l'avenir, de se dire est-ce que c'est des personnes qui sont ascendantes
04:33ou qui sont déjà au sommet ou un petit peu déclinantes.
04:36Donc c'est ça qui va faire qu'on va être des gens plus hauts parce qu'on pense qu'ils vont continuer à être de plus en plus influents.
04:41Et voilà la dimension actuelle qui est importante.
04:44Quels sont les gros débats, quels sont les gros sujets.
04:46Donc par exemple, il y a deux personnalités sur l'IA qui sont marquées dans le classement
04:49parce que c'est ce dont tout le monde parle.
04:51Et on sait que ce sont des personnalités qui vont compter.
04:53Arthur Mensch qui est deuxième, c'est ça ?
04:54Bien sûr.
04:54Avant ça, vous avez fondé et dirigé Politico France, un média jeune puisqu'il est né il y a 4 ans, en 2021.
05:012021 tout à fait, un an avant la présidentielle.
05:03Pourquoi est-ce que Politico, ce média de référence aux Etats-Unis, a voulu s'implanter en Europe et à Paris ?
05:11Alors au départ, comme toujours, je dirais, c'est quand même la vision de certaines personnes
05:14qui connaissaient le Politico américain et qui se sont dit que cette recette-là, elle peut marcher en France.
05:21Donc ça, c'était la PDG fondatrice de Politico Europe qui s'appelle Sherazade Sansard de Bois-Sesson
05:25qui a fondé le Politico européen en 2015 avec la même recette que le Politico américain,
05:30c'est-à-dire on va faire du journalisme politique un peu autrement pour une audience très intéressée par la politique
05:35et même souvent des professionnels de la politique.
05:37Donc il y a besoin d'une information politique de très haute qualité, très fiable et non partisane.
05:41Ça, c'est assez important.
05:42On n'a pas de position partisan.
05:43On ne va jamais faire des éditos, peser ou prendre position sur un candidat ou des choses comme ça
05:50parce qu'on nourrit une audience qui a un besoin professionnel de cette information
05:55avec une visibilité dans le gratuit avec une newsletter qui s'appelle Playbook
06:01qui est publiée tous les matins à 7h, qui est très lue par le monde politique
06:04et tous ceux qui gravitent autour du monde politique
06:06mais aussi par des gens qui ont envie d'une info détaillée sur la politique de qualité.
06:11Parfois, certains nous comparent un peu au canard enchaîné pour le ton
06:14parce que dans l'identité rédactionnelle, on a un ton un peu irrévérencieux.
06:18C'est un compliment, ça. Vous le prenez comme tel ou pas ?
06:20J'étais presque un peu étonnée au début parce que pour le coup, on a une audience très numérique,
06:25très jeune, pas du tout la même.
06:28Mais sur le ton, oui, il y a une filiation.
06:30Par contre, je dirais qu'on n'est pas du tout satirique.
06:33C'est juste qu'on utilise l'humour pour faire passer des infos.
06:38Donc, il y a des limites à la comparaison, mais il y a un petit peu de ça.
06:40Pas satirique, mais un peu piquant parfois.
06:43Un peu irrévérencieux, je dis souvent.
06:44On essaie d'avoir un petit peu de malice, de traiter tout le monde pareil,
06:48mais sans déférence particulière et surtout de sortir des infos qui ne plaisent pas forcément.
06:53Des infos qui sont plus larges, je pense, que la presse politique française.
06:58On s'intéresse parfois à des sujets de conflit d'intérêts qui peuvent toucher à la vie privée des politiques,
07:03par exemple, sur laquelle il peut y avoir des tabous, sur d'autres titres.
07:07Nous, on ne se pose pas de tabous, on ne se pose pas de barrières.
07:09Aussi parce qu'on est un média jeune, donc on pouvait se permettre de faire ça.
07:11On est arrivé avec une page blanche et on écrit l'info qu'on a envie de lire aussi.
07:15Ça, les créateurs de Politico l'avaient bien en tête.
07:17Ils disaient, nous, on s'ennuie un peu en lisant la presse politique aujourd'hui.
07:21C'est John Harris qui disait ça, le fondateur de Politico.
07:23Mais par contre, on adore toujours écouter les journalistes politiques à la machine à café.
07:27Et donc, nous, on essaie de faire un petit peu ça, de dire, en fait, si nous, on en parle,
07:30si c'est quelque chose qui nous fait parler, il faut qu'on arrive à l'écrire en sourçant,
07:34en étant très rigoureux sur le fond.
07:36Mais voilà, il y a ce côté-là.
07:38Justement, est-ce que vous recevez des coups de fil régulièrement
07:40de ceux qui lisent, par exemple, Playbook Politico le matin,
07:44qui découvrent qu'il y a une petite pique ou un petit ton irrévérencieux à coller à leur nom
07:49et qui disent, je ne suis pas content et qui vous le font savoir ?
07:53Oui, alors souvent, on en a rarement reproché le ton parce qu'en fait, tout le monde adore.
07:57Les politiques eux-mêmes, ça les fait marrer, y compris quand c'est sur eux.
08:00Donc, ils aiment plutôt bien le côté blague, le côté un peu piquant.
08:03Quand il est bien dosé, on a rarement eu des problèmes.
08:05Les gens nous appellent, bien sûr, mais c'est sur les infos parce qu'on sort des choses
08:08qui ne leur plaisent pas, qu'on l'écrit en premier, tôt le matin,
08:12que ça les met un peu dans la mouise pour la journée.
08:15Donc, bien sûr, on a beaucoup d'appels très matinaux.
08:17C'est la loi du genre et on le prend avec humour.
08:20En général, on est assez solide sur le fond.
08:24Mais comment on gère ?
08:24Parce que c'est une chose de taper sur tout le monde.
08:27Ça en est une autre de taper sur les hautes sphères du pouvoir
08:30et de ceux qui, justement, tirent les cordes.
08:32Est-ce que ça va jusqu'à des menaces sur des terrains économiques ?
08:38Non, non, non.
08:39Je ne dirais pas des...
08:40Alors déjà, nous, on appartient à un groupe de presse allemand.
08:43Donc, on est assez à l'aise, très indépendant du pouvoir politique français
08:47ou du pouvoir même économique français.
08:50C'est une chance.
08:52Ensuite, encore une fois, quand il y a la rigueur sur le fond
08:54et que le fond de l'info n'est pas contesté,
08:57et ça, ça arrive quand même très rarement,
08:59en fait, ça se passe bien.
09:00Aussi parce qu'on essaie d'avoir du respect pour nos sources et pour nos sujets.
09:03C'est-à-dire que quand on va sortir un truc un petit peu fort un jour,
09:09on a fait nos devoirs.
09:10Donc, on a appelé tout le monde.
09:12Ils savent que ça va sortir parce qu'on leur a demandé leurs commentaires,
09:14leurs réactions, leurs points de vue.
09:16Donc, en général, on ne prend pas les gens aux traîtres.
09:18Si je vous dis que vous gérez une colonie de petites souris
09:21qui vont glaner des informations à droite et à gauche,
09:25est-ce que vous comprenez cette image et cette comparaison
09:29qui vont essayer de tirer les ficelles, justement ?
09:31Alors, oui, au sens où nous, on est une trentaine de journalistes
09:34à la rédaction de Paris aujourd'hui,
09:36et beaucoup plus évidemment à Bruxelles et à Londres,
09:39et maintenant à Berlin,
09:40on fait du journal très terrain, en fait.
09:42Terrain institutionnel, on est beaucoup à l'Assemblée,
09:45dans les ministères,
09:47dans des rendez-vous professionnels du secteur.
09:49Et c'est un peu à l'ancienne, quoi.
09:51On fait bouille de travail des sources,
09:52on rencontre, on parle à des gens tous les jours.
09:55On n'a pas d'abonnement à des agences de presse, par exemple.
09:57Donc, c'est que de l'info de première main, en fait.
09:59Donc, c'est un côté très reporter à l'ancienne.
10:03On adore ça.
10:04On partage beaucoup nos infos.
10:05C'est un fonctionnement très collectif.
10:06Donc, c'est dans ce sens-là que je dirais peut-être la fourmilière,
10:10plutôt que les souris.
10:12Mais voilà, on se donne un petit peu nos petites infos les uns les autres,
10:17et on se nourrit entre les gens qui sont plutôt spécialisés,
10:19qui écrivent pour nos offres politico-pro,
10:21donc des offres sectorielles,
10:22qui couvrent notamment les secteurs de la tech,
10:25de l'énergie, de l'influence et du lobbying.
10:28Donc, ça, qui sont assez spécialisés,
10:29qui vont apporter leur connaissance technique
10:31aux journalistes politiques pur sucre,
10:32qui écrivent Playbook,
10:33et qui ont la vision d'ensemble,
10:35la vision au niveau de la politique.
10:37Justement, quelle est la part de ces revenus gratuits
10:39par rapport à ces revenus réservés aux abonnés pour Politico-pro ?
10:43Oui, en termes de revenus,
10:44aujourd'hui, un peu plus de la moitié de nos revenus,
10:46c'est Politico-pro, donc ces abonnements.
10:48Le reste étant la publicité.
10:50Donc, on a vraiment ces deux sources de revenus,
10:52que ce soit en Europe ou aux États-Unis.
10:53Combien coûtent ces abonnements à Politico-pro ?
10:57Alors, on ne donne pas les chiffres d'abonnement,
10:59parce qu'en fait, ça dépend énormément
11:00du nombre de sujets auxquels s'abonnent les gens,
11:02de combien il y a de comptes.
11:03Combien ça coûte pour la personne qui veut s'abonner, justement ?
11:05Oui, alors on ne fait pas d'abonnement individuel,
11:07c'est que des abonnements professionnels d'entreprise.
11:09C'est pour ça que je ne peux pas vous donner un chiffre,
11:11parce que ça dépend encore une fois
11:12du nombre de personnes qui sont abonnées dans une organisation.
11:15Mais c'est de l'abonnement B2B,
11:17donc évidemment, c'est beaucoup plus élevé
11:19que des abonnements à de la presse grand public.
11:22Nous, on touche seulement une audience professionnelle,
11:24donc c'est plus comparable à des tarifs d'agences de presse,
11:26ou des choses comme ça.
11:27Avant ça, vous avez travaillé dans des médias franco-français,
11:30notamment à la rédaction de FranceInfo.fr.
11:33Qu'est-ce qui change dans le traitement de l'actualité,
11:35notamment des institutions, je pense des institutions européennes,
11:38dans l'actualité vue de Bruxelles,
11:40entre ces sites d'infos généralistes,
11:43et le travail que vous avez pu mener à Politico France, par exemple ?
11:47Alors, bien sûr, FranceInfo, c'est un site d'infos très grand public.
11:50Donc, par exemple, nous, on était, à l'époque où je travaillais là-bas,
11:52et ils le sont toujours aujourd'hui,
11:53beaucoup dans la pédagogie, expliquer l'info, la raconter,
11:56la rendre accessible au plus grand nombre,
11:58sous tout un tas de formats,
12:00beaucoup dans le temps réel aussi, dans l'actu chaude.
12:02Politico, nous, on fait de l'information à haute valeur ajoutée
12:04pour un public très ciblé.
12:06Donc, c'est une grosse niche, mais c'est quand même une niche.
12:08Donc, eux, ils cherchent une info beaucoup plus granulaire sur la politique,
12:11donc beaucoup de détails, beaucoup de coulisses,
12:13des choses qu'ils n'ont pas lu ailleurs,
12:14plus que l'exhaustivité ou, justement, le côté très pédagogique.
12:20On essaie quand même de rendre l'info hyper accessible,
12:22si vous nous lisez, vous savez que n'importe qui peut nous lire
12:25et comprendre tout ce qu'on écrit.
12:27Mais le type d'info qu'on recherche est quand même beaucoup plus spécialisé.
12:31Il y a un enjeu quand même, c'est de séduire,
12:33aussi pour qu'il s'abonne, tous ces décideurs pro,
12:37ces décideurs du monde économique et politique.
12:40Comment faites-vous ?
12:42Quelle est votre recette pour y arriver,
12:44non seulement en France, mais aussi à nouveau en Europe ?
12:46Oui. Alors ça, c'est un petit peu la magie de, justement,
12:49la synergie entre Playbook, notre couverture politique gratuite,
12:52et Politico Pro, nos offres abonnés.
12:54C'est-à-dire que souvent, on a des décisions d'abonnement
12:57parce que le boss lit Playbook.
12:59Donc, en fait, on connaît la marque une première fois
13:02par la couverture politique un peu haut de volée
13:04tous les matins dans Playbook.
13:05Et puis après, les départements qui s'occupent des affaires publiques
13:09ou les institutionnels ou les cabinets,
13:11eux qui ont plutôt besoin du pro,
13:12donc un peu plus détaillé, un petit peu plus sectoriel,
13:16ils vont pouvoir s'abonner aussi
13:18parce que leur écosystème connaît Politico.
13:20C'est un moment qui est quand même assez cher,
13:22donc il faut pouvoir l'argumenter aussi, avoir les budgets, etc.
13:25Et puis tout simplement, c'est une info qui est très utile pour eux.
13:27En fait, ça, c'est le premier critère dans nos abonnements.
13:30C'est de l'information qui souvent est assez en amont,
13:34c'est-à-dire qu'on va leur dire le matin,
13:36voilà ce qui va passer dans la journée,
13:38voilà ce qu'il faut savoir sur les rapports de force,
13:40sur tel texte de loi.
13:41Donc, en fait, qui est très utile dans leur quotidien,
13:43qui leur permet de savoir tout ce qui se passe,
13:45de préférence avec un temps d'avance sur leur concurrent,
13:48et de pouvoir prendre des actions derrière,
13:50que ce soit côté public ou privé.
13:52Quelles sont les spécificités de votre couverture
13:54par rapport à des médias comme le Financial Times
13:57ou Contexte, par exemple ?
13:59Alors, le Financial Times, par exemple,
14:01c'est quand même une audience plus business.
14:05Nous, c'est vraiment la politique qu'on couvre,
14:06donc on ne fait pas les résultats financiers,
14:08les choses comme ça.
14:10On se compare pas mal à eux quand même
14:12sur notre couverture, on va dire, gratuite,
14:15parce qu'on couvre la politique aussi
14:17avec des formats similaires,
14:18avec une forme d'identité similaire.
14:20Mais voilà, nous, on a un positionnement purement politique.
14:22Eux, ils sont vraiment sur le business.
14:24Des acteurs qui sont plus spécialisés,
14:26la différence qu'on a, justement,
14:27c'est que nous, on n'a pas que l'offre pro abonné.
14:30On a aussi Playbook et un site qui s'appelle politico.eu
14:34où on couvre toute l'actu politique de manière gratuite
14:36et donc avec un impact quand même beaucoup plus important.
14:41Et c'est pour ça que, par exemple,
14:42des politiques de très haut niveau,
14:44si on n'a pas cette couverture-là,
14:45en fait, on n'a pas aussi forcément l'accès
14:48pour l'offre pro.
14:48Donc nous, en termes d'accès aux sources,
14:51notre couverture politique nous donne accès
14:53et nous donne une exposition
14:54qu'on n'aurait pas si on avait juste
14:56l'offre spécialisée pro.
14:59Vous avez largement couvert les élections européennes,
15:01évidemment, sur Politico,
15:03à laquelle a participé moins d'un Français sur deux
15:06et moins d'un Européen sur deux, finalement.
15:09Même si vous êtes sur une audience niche,
15:11est-ce que ce n'est pas devenu un peu plus compliqué
15:13d'intéresser le public, en général,
15:16à la politique et au-dessous de la politique
15:19et la politique européenne,
15:20aux institutions notamment ?
15:22Ce n'est pas toujours un domaine très sexy, disons-le.
15:25Oui, alors, nous, notre public, il est intéressé
15:27parce que c'est une audience politique,
15:28donc les élections européennes, ça compte pour lui.
15:31C'est toujours pareil, en fait.
15:32Je pense que le public s'intéresse
15:33quand on le raconte bien, quand même,
15:35avec un certain plaisir aussi.
15:40Nous, je pense qu'on est passionnés par ce qu'on fait.
15:42On est tous passionnés par la politique
15:43et par la manière de la raconter.
15:46Je ne prétends pas avoir la recette
15:48et ce n'est pas notre rôle non plus de dire
15:49qu'on n'est pas dans une position militante
15:51de dire qu'on veut intéresser les gens à l'Europe.
15:52En fait, nous, on essaie de couvrir ce qui se passe
15:54de la manière la plus intéressante possible
15:55pour notre audience.
15:57Les publications plus grand public
15:59ont une autre problématique.
16:01Et comment les institutions européennes
16:02perçoivent-elles les journalistes ?
16:05Justement, est-ce qu'il y a autant peut-être
16:06de défiance de leur côté,
16:10autant d'opacité qu'en France ?
16:11Ou est-ce que ça se passe différemment à Bruxelles ?
16:14Alors, la classe politique, je dirais,
16:16de manière générale à Bruxelles,
16:18est très différente de celle de Paris.
16:19C'est une ville qui est quand même
16:20beaucoup une ville de hauts fonctionnaires,
16:21de diplomates.
16:23Il y a évidemment beaucoup de politiques,
16:24mais qui sont moins exposées
16:27que les politiques à Paris
16:28parce qu'ils sont loin de leur électorat.
16:30À Bruxelles, c'est ça qui est un peu spécial.
16:34Donc, c'est une ville...
16:34Tout est un peu plus feutré,
16:36un peu plus lent.
16:37Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas
16:38des gros rapports de force
16:39et des grosses luttes,
16:41mais c'est un petit peu différent de Paris.
16:42Les gens sont plutôt plus accessibles.
16:44C'est plus facile de percer au départ
16:46comme journaliste politique à Bruxelles.
16:48Vous pouvez aller assez vite
16:48rencontrer des commissaires
16:50plus vite que des ministres à Paris.
16:53Par exemple, les registres de transparence,
16:55les choses comme la HATVP
16:56qui régulent les problèmes de conflits d'intérêts
16:58sont plus récents.
17:00Très critiqués encore aujourd'hui.
17:01Et critiqués.
17:02Mais l'intensité politique est telle
17:05qu'en fait, les choses sortent par là.
17:07C'est-à-dire les rivaux
17:08qui vous balancent les saletés
17:09sur les autres, etc.
17:11Donc, c'est d'autres mécanismes de contrôle.
17:14C'est un peu plus brutal, je pense,
17:15la politique nationale à Paris, à Londres
17:17qu'à Bruxelles.
17:19Les mécanismes sont les mêmes,
17:21mais les courroies de transmission
17:22un peu différentes.
17:22Et ceux qui disent
17:23« Non, moi, je ne participe pas à ça.
17:25Je ne donne pas d'infos sur les concurrents
17:27ou sur les gens qui sont de mon parti. »
17:30Est-ce que ça existe vraiment ?
17:31Ou est-ce que c'est de l'affichage ?
17:32Ces politiques, en fait,
17:33vous parlent tous de tous bords
17:34et de tous partis.
17:35Il y a des sensibilités.
17:41Il y a des partis qui sont
17:42un peu plus hostiles aux journalistes.
17:43On les connaît.
17:44Mais je dirais que ceux qui disent ça
17:46mentent en général.
17:47C'est-à-dire que la plupart
17:49parlent aux journalistes.
17:50Ça fait partie de leurs besoins,
17:52de leurs métiers.
17:52Aussi parce que souvent,
17:54ils trouvent des informations
17:54en nous parlant,
17:55dans les questions qu'on leur pose,
17:57les sujets qui nous intéressent.
17:58Ils sentent où le vent tourne.
18:01Donc, en fait,
18:02c'est des conversations bien comprises.
18:04Nous, on les pousse dans leur retranchement.
18:06On essaye d'avoir des infos
18:06qu'ils ne veulent pas nous donner.
18:07Parfois, il y a des infos
18:08qu'ils nous donnent
18:09et il y a une intention derrière
18:11que nous, on doit comprendre
18:12pour donner une information
18:13qui n'est pas biaisée.
18:14L'essentiel, pour nous,
18:16c'est de parler à tout le monde
18:17et de traiter tout le monde
18:18de la même manière.
18:18C'est extrêmement important.
18:19Vous disiez que c'est important
18:20d'être neutre dans le traitement.
18:23On lit parfois que
18:24vous êtes plutôt un média pro-business
18:27et aligné à l'anglo-saxonne,
18:30si je résume.
18:31Ça, c'est quelque chose
18:32que vous assumez
18:33ou vous vous inscrivez en faux ?
18:35Je pense qu'on l'assume
18:36sur le côté identité rédactionnelle.
18:39C'est-à-dire qu'on découle
18:41d'une tradition anglo-saxonne
18:42du journalisme,
18:43très offensive sur le scoop,
18:44qui valorise énormément ça.
18:46Une forme de contre-pouvoir
18:47un peu, donc très combative
18:49dans l'identité aussi de nos titres.
18:52Par exemple, on est très offensif
18:53dans la titraille.
18:54Parfois, on a des appels
18:56parce qu'on bouscule un petit peu les gens.
18:59Pourquoi mon nom est associé
19:00à un jeu de mots ?
19:01Par contre, on ne roule pas
19:03pour les anglo-saxons,
19:04les américains,
19:05les britanniques ou quoi.
19:06Nous, on a des personnes
19:08qui parlent à tous les pays.
19:11Par exemple, à Bruxelles,
19:11on a une énorme diversité géographique
19:13dans la rédaction
19:14qu'on fait attention d'entretenir.
19:16On ne veut surtout pas avoir
19:16que des américains,
19:17justement,
19:18ou que des britanniques
19:18parce que forcément,
19:19ils viennent d'un bain culturel,
19:21comme les Français,
19:22comme d'autres.
19:23Donc, on a des Italiens,
19:24des Espagnols,
19:25des Roumains,
19:26des pays du Nord
19:27qui écrivent tous en anglais,
19:28c'est vrai,
19:29mais qui viennent de traditions
19:30culturelles et géographiques différentes.
19:32Et l'IA dans tout ça ?
19:33Parce que je me suis dit
19:34deux choses
19:35qui sont un petit peu contradictoires.
19:36À la fois,
19:37c'est un média jeune,
19:38un média en ligne,
19:39donc ils doivent être à fond.
19:40Et en même temps,
19:41le côté très artisanal
19:42dont vous parlez là,
19:43d'aller à la chasse au sujet,
19:45de faire beaucoup de terrain,
19:46de parler aux uns aux autres,
19:47ne peut pas se faire
19:48avec l'intelligence artificielle.
19:50Donc, quels sont les outils
19:51et surtout, quels sont les usages ?
19:53Alors, le groupe de presse
19:55auquel on appartient,
19:56donc Axel Springer,
19:57a un positionnement
19:57plutôt très offensif sur l'IA.
20:00Au sens où,
20:01ils ont été parmi les premiers
20:02à signer un accord
20:03avec un acteur
20:04de l'intelligence artificielle.
20:05Donc, on a déjà déployé
20:06des outils d'IA,
20:08certaines choses assez classiques,
20:10comme par exemple,
20:10on a un outil de traduction automatique
20:12dans notre back-office,
20:13donc dans l'outil
20:13qui nous permet d'écrire des articles,
20:15qui nous permet de traduire
20:16facilement des contenus.
20:17On a aussi lancé
20:19un outil aux Etats-Unis
20:21sur de la génération
20:23de rapports
20:23pour notre audience pro
20:25à partir de l'IA,
20:26avec toujours une couche
20:26de contrôle humain,
20:28comme c'est le cas
20:29dans beaucoup de rédactions.
20:30Je dirais que pour nous,
20:31l'IA, évidemment,
20:32c'est un truc
20:32qui ouvre des possibles,
20:34qui est un énorme facilitateur.
20:36Mais nous, à la base,
20:37on est quand même
20:38sur de l'information,
20:39encore une fois,
20:40à haute valeur ajoutée,
20:40donc à la source.
20:43On ne fait pas
20:44de la génération
20:44de contenu par IA,
20:46à tout va,
20:46parce que notre force
20:48et notre valeur ajoutée,
20:50c'est quand même
20:51l'info qu'on va chercher
20:52de nos blanches mains
20:53et à la force,
20:54entre les dents,
20:56par nos journalistes.
20:57Alors projetons-nous,
20:58quels sont les grands chantiers
20:59à venir
20:59pour Politico Europe
21:01et Paris ?
21:03Alors,
21:03c'est continuer
21:03de se développer,
21:04notamment dans les capitales,
21:05donc Londres,
21:06Paris, Berlin,
21:08en dehors de notre fief historique.
21:09Rester fort à Bruxelles,
21:10parce qu'on est copié,
21:11on est concurrencé,
21:12c'est normal.
21:13Et puis développer
21:14toute la diversité
21:15de nos contenus
21:16et de nos offres,
21:17donc à la fois
21:17sur le gratuit,
21:19avec les playbooks,
21:19sur le pro,
21:20avec Politico Pro,
21:21sur l'événementiel,
21:22on en a parlé.
21:23Donc voilà,
21:23c'est la première fois
21:24qu'on fait un événement
21:24à Aix-en-Provence
21:25pendant les rencontres économiques,
21:27sur les municipales.
21:27Pour le premier soir
21:28d'Aix-en-Provence.
21:29Exactement,
21:29pour le premier soir
21:30des rencontres.
21:32Donc en fait,
21:32toute la palette,
21:33la recette qu'on a développée
21:35avec succès à Washington,
21:36à Bruxelles,
21:37l'a déployée
21:38dans toute sa profondeur
21:39à Londres,
21:40à Berlin et à Paris.
21:41Et enfin,
21:42deux questions plus personnelles.
21:43D'abord,
21:43qu'est-ce qui vous enthousiasme
21:44le plus aujourd'hui
21:45dans votre travail ?
21:47Moi,
21:47ce que j'adore dans mon travail,
21:49c'est que j'apprends
21:50des choses tous les jours.
21:51C'est une banalité,
21:52mais l'actualité,
21:53c'est sa richesse.
21:54On est payé
21:55pour s'intéresser
21:56à tout un tas de sujets.
21:57Et même dans le politique,
21:58dans le champ politique,
21:59le champ est quand même
21:59très large.
22:01Qu'on rencontre des gens
22:03qui sont passionnants,
22:05parfois challengeants,
22:06mais voilà,
22:07que ce soit côté politique
22:08ou les collègues,
22:09et c'est des gens
22:10qui sont en général
22:11assez brillants
22:12et qui ont un point de vue
22:12sur le monde
22:13qui est toujours intéressant.
22:15Et enfin,
22:15dans cinq ans,
22:16où est-ce que vous vous voyez ?
22:18Je ne savais pas
22:19que je passais
22:19un entretien RH.
22:21C'est souvent la question
22:21qu'on pose
22:22et que vous devez
22:22vous-même poser,
22:23j'imagine,
22:24à de jeunes journalistes
22:24qui toquent à votre porte.
22:25Oui.
22:26Je vous retourne la question.
22:27Moi,
22:28je me vois de continuer
22:29de développer des offres éditoriales,
22:30de penser toujours
22:31contenu,
22:33récit,
22:34comment on apporte
22:35une info
22:36de haute qualité
22:37à différentes audiences.
22:39Je pense que ça,
22:40je pourrais le faire
22:41sous plein de capacités.
22:42Politico,
22:42c'est un terrain de jeu
22:43énorme
22:44parce qu'on a
22:45différentes géographies,
22:46on a différents contenus,
22:47donc c'est une chance
22:48de pouvoir faire ça
22:49pour ce média.
22:50Donc,
22:51éditorate large
22:52plus plus
22:52si on veut
22:54dans 5 ans.
22:55Merci d'avoir répondu
22:55à nos questions
22:57à Marion Soletti
22:57et à très vite
22:58pour un nouveau numéro
22:59d'Ebdo.com.
23:01Ebdo.com
23:02sur BFM Business.
23:03Sous-titrage Société Radio-Canada
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