Lors de l'émission L'Heure Inter du 10 juillet, e Général Jean-Paul Paloméros revient sur la coordination inédite entre la France et le Royaume-Uni sur la question du nucléaire : «Il n'est pas question d'abandon quelconque de souveraineté, surtout pas pour la France qui est totalement souveraine dans la préparation, dans la mise en œuvre dans sa composante de dissuasion».
00:00Oui, alors il faut savoir que c'est une longue histoire. Il y a 30 ans, lors de la déclaration des Tchekers, la France et la Grande-Bretagne disaient et affichaient au monde qu'il ne saurait y avoir finalement de divergence sur leurs intérêts vitaux, qui conditionnent évidemment l'emploi au nom de la dissuasion.
00:21Donc ça, c'était une première étape. Ensuite, en 2010, il y a eu le fameux Lancaster House Treaty qui parlait aussi de nucléaire, la mise au point d'une coopération très technique sur le thème nucléaire qui demeure un enjeu de souveraineté pour les deux pays.
00:34Et puis, il y a cette vaste question, c'est la dépendance de la Grande-Bretagne vis-à-vis des Américains. Il faut savoir que la Grande-Bretagne, jusqu'à ce jour, n'avait qu'une composante nucléaire, les sous-marins, quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engin.
00:50Mais qu'en l'occurrence, ces engins, ce sont des missiles Trident, des missiles américains. Donc on voit la dépendance, malgré tout, de la Grande-Bretagne vis-à-vis des Américains.
01:01Et la Grande-Bretagne, et ça c'est un élément important du dossier, vient aussi de décider, de faire comme d'autres pays européens, c'est-à-dire d'accepter au sein de l'OTAN une responsabilité vis-à-vis de la dissuasion nucléaire de l'OTAN,
01:14c'est-à-dire que ces avions F-35 achetés aux Américains, faut-il le souligner, emporteront également la bombe nucléaire qui, elle-même, est américaine, donc sous le couvert de l'autorisation de Donald Trump.
01:25Donc on sent bien qu'il y a à la fois une sorte de renforcement, mais qu'il y a ses limites, c'est ça qu'il faut comprendre.
01:33Et je crois qu'il faut être très clair sur le sujet, il n'est pas question d'abandon quelconque de souveraineté,
01:39surtout pas pour la France qui, elle, est totalement souveraine dans la préparation, dans la mise en œuvre de sa composante de dissuasion.
01:46Simplement, et c'est quand même extrêmement important, il s'agit d'établir un dialogue de très haut niveau pour définir le mieux que possible sans aller trop loin,
01:58et en tout cas se préparer au cas où on devrait menacer d'utiliser cette dissuasion d'une manière coordonnée, c'est ça qui est important,
02:08ou alors même l'employer, ce qui serait évidemment absolument dramatique.
02:12Donc c'est important qu'il y ait ces petits pas de fait, mais les Anglais, et j'insiste là-dessus, et les Français se connaissent très bien en matière nucléaire.
02:20Il y a même des installations communes, on va rentrer dans le détail, mais ça ne change pas quand même, et c'est ma conclusion,
02:26l'attitude et la dépendance des Anglais vis-à-vis des États-Unis.