- 10/07/2025
La Grande Armoire, constitution et accroissements de la collection des traités des Affaires étrangères.
Par Gabriel POISSON, conservateur du patrimoine aux archives du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères
Séance du mardi 1er avril 2025, qui s’est tenue de 14h00 à 17h30 dans les salons de l’hôtel de Soubise (60 rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris), dédiée au thème de la diplomatie et des relations internationales sous l’Ancien Régime : La France et le monde.
Par Gabriel POISSON, conservateur du patrimoine aux archives du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères
Séance du mardi 1er avril 2025, qui s’est tenue de 14h00 à 17h30 dans les salons de l’hôtel de Soubise (60 rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris), dédiée au thème de la diplomatie et des relations internationales sous l’Ancien Régime : La France et le monde.
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00:00...
00:00Remercier nos collègues des archives nationales
00:16pour inviter les archives diplomatiques à avoir franchi le périphérique,
00:21ce qui est toujours un grand moment.
00:23Et aussi pour moi, personnellement,
00:25parce que l'essentiel de mes fonctions au pôle de traité,
00:28c'est d'abord de collecter les traités contemporains et de les décrire.
00:33Et donc, je suis vraiment très heureux d'avoir l'opportunité
00:35de me pencher un petit peu, de manière un peu réflexive,
00:38sur l'origine de la collection dont j'ai la charge
00:40et sur son histoire ancienne, ou du moins des temps modernes,
00:45à partir du XVIIe siècle.
00:48Le point de départ, c'est 1680.
00:50C'est un État comptable qui nous apprend que le secrétaire d'État
00:54aux affaires étrangères a rémunéré un menuisier
00:57pour faire une grande armoire pour y mettre les traités originaux.
01:02On est vraiment dans un point extrêmement pratique
01:05qui est au détour d'un document qui est un récultatif,
01:08qui n'est pas particulièrement un document solennel,
01:11mais qui nous apprend qu'il y a désormais une constitution
01:15d'un nouveau type archivistique au sein de l'administration
01:21bourgeonnante des affaires étrangères.
01:23Il ne s'agit évidemment pas de la première conservation
01:26de traités au sein d'une institution monarchique française.
01:29On peut renvoyer ici au grand ouvrage de 2015,
01:32Diplomatique et diplomatie, qu'avait dirigé Olivier Poncet,
01:36qui évoquait déjà énormément de ces aspects de conservation.
01:39On peut évidemment penser au Trésor des Chartres,
01:42qui, depuis les inventaires qu'on connaît du XIVe siècle,
01:45mentionnent des Candonnationnes, des Pâques, des Trèves,
01:50et donc qui attestent bien de la présence de documents
01:53qui sont des documents de type traité,
01:56de type engagement internationaux,
01:58et cela dans le grand dépôt médiéval des rois.
02:01Néanmoins, ces documents qui ont été décrits tout au XVIIe
02:05et qu'on retrouve pour l'essentiel pas très très loin
02:08de l'endroit où nous sommes, dans les dépôts des archives nationales
02:12dont nous avons vu la photo tout à l'heure,
02:13ces documents-là font place à une nouvelle organisation archivistique
02:19à cette fin du XVIIe siècle.
02:20Cette organisation, c'est vraiment le dossier de traité authentique.
02:25Donc j'insiste sur ces trois éléments,
02:27c'est les archives, le dossier,
02:32et l'authenticité.
02:33C'est ça qui en fonde une caractéristique tout à fait nouvelle.
02:36Pourquoi le dossier de traité ?
02:40Le traité, en soi, c'est aussi une forme qui est tout à fait vague,
02:45ce n'est pas une définition très forte.
02:47On entend par traité, en fait, l'engagement entre deux ou plusieurs puissances
02:54de voir mutuellement des obligations légales.
02:59À partir de cela, on peut faire rentrer énormément de documents
03:02sous la catégorie de traité.
03:04Pourtant, il y a, dès la fin de l'époque médiévale,
03:09une forme réservée avec des documents spécifiques
03:12qui constituent réellement ce que l'on considère être un traité.
03:17Donc c'est cette première description que je voudrais faire.
03:19D'abord, qu'est-ce qui compose un dossier de traité à l'époque moderne ?
03:24Ensuite, je voudrais vraiment évoquer la question de la mise en série archivistique
03:29du moment où on va se constituer à partir de 1780
03:33cette collecte et cette conservation spécifique de l'objet traité
03:38avant ensuite de voir le rapport du dossier de traité
03:42par rapport à son authenticité et à sa copie
03:45qui sont des choses qui posent tout à fait question au XVIIe siècle.
03:50Mais on peut tirer le fil jusqu'à aujourd'hui
03:54où je suis très régulièrement confronté à des gens qui me disent
03:57« Je vous ai envoyé un scan, c'est bon ? »
03:59« Non, vous m'avez envoyé un scan, ce n'est pas bon,
04:01ce n'est pas un document authentique. »
04:03Voilà, donc je voudrais mettre en regard un petit peu
04:06ces questionnements anciens avec des pratiques tout à fait contemporaines.
04:12Le dossier de traité, donc la composition du dossier de traité.
04:17Le document primordial, évidemment, c'est le document
04:23dans lequel sont listés les engagements réciproques des puissances.
04:26C'est ce qu'on appelle communément le document, le traité.
04:30Ce document de traité, il revêt des formes
04:35qui obéissent généralement à des formes cérémonielles
04:37et qu'on observe depuis le XVe siècle au moins.
04:40Le traité est négocié par des envoyés du pouvoir
04:46qui sont rarement, voire jamais, les souverains eux-mêmes.
04:51Donc dans cet élément-là, on a un élément toujours de délégation.
04:59On parlait tout à l'heure de la question des dépêches diplomatiques.
05:02On est bien dans une approche de l'écrit.
05:06Le document du traité, c'est le résultat d'une discussion
05:09qui a pu être une discussion orale,
05:11qui a pu impliquer de nombreux documents écrits,
05:13mais qui se fige dans une forme écrite.
05:16Cette forme écrite, elle-même, elle reçoit
05:19des formes cérémonielles assez diverses.
05:21Donc la première forme qu'on retrouve,
05:26par exemple ici, 1420, au très fameux traité de Troie,
05:33ça peut être une forme de lettre battante.
05:35Là, c'est l'un des souverains, le roi de France en l'occurrence,
05:38qui promulgue les conditions d'intérêt.
05:41Plus classiquement, on retrouve des formes
05:44qui sont des cahiers.
05:49Donc la forme de cahier,
05:51c'est vraiment la liste des stipulations
05:53de l'engagement international,
05:56avec, in fine, l'inscription de la validation des envoyés.
06:01Alors, on trouve, de manière intermédiaire,
06:04avant qu'on ait la forme du cahier,
06:07on a la forme du rouleau.
06:09Donc là, qui a le même rôle, le même dispositif.
06:13On remarque ici un élément qui va revenir
06:16pendant toute la période,
06:17et quasiment jusqu'à nos jours,
06:20jusqu'aux années 2010, en fait,
06:21c'est la présence de cachets
06:24que vous voyez ici, sur les bords.
06:27Ces cachets-là, qui viennent dans les coutures
06:29qui lient les membranes du rouleau.
06:32Donc là, ce ne sont pas des sceaux
06:34au sens de corroboration,
06:36d'investissement de l'autorité souveraine,
06:39mais bien des marques
06:40pour garantir l'intégrité matérielle du document.
06:43Et c'est ce qu'on retrouve également,
06:44vous le voyez, dans ce traité.
06:47ici, puisqu'on a en bas, vous le voyez, un cachet.
06:52Ce cachet, en fait, tient la ficelle de la rouleure.
06:56Vous voyez, deux cachets.
06:58Et donc là, on a un élément,
06:59cet élément-là, qui vraiment se met en place.
07:02C'est l'idée qu'on a à la fois
07:03un investissement d'une personne
07:05qui va signer,
07:06donc là, vous voyez très largement
07:07la grande signature du cardinal de Lorraine,
07:10Charles Cardinal de Lorraine,
07:11donc là, l'investissement de l'autorité personnelle,
07:13et en même temps, une marque plus symbolique
07:16qui est elle aussi personnelle
07:18et qui est liée, notamment,
07:20au maintien de l'intégrité physique du document
07:22pour s'assurer qu'il n'y a pas eu d'interpolation,
07:24qu'on n'a pas rajouté de feuilles, par exemple.
07:27Donc ces deux marques-là se conjuguent.
07:30Et cette forme-là, qu'on voit déjà
07:32quasiment aboutie au milieu du XVIe siècle,
07:37perdure de manière quasiment identique.
07:39Alors évidemment, il n'y a plus de parchemin,
07:41jusqu'au début du XXIe siècle,
07:44puisqu'on s'arrête en France
07:45de cacher les traités vers 2009-2010.
07:50Jusqu'à cette date-là,
07:51on était vraiment dans une continuité matérielle
07:53tout à fait forte avec l'époque moderne.
07:58Donc là, l'élément de traité,
08:01et on le remarque,
08:03est marqué d'une grande complexité.
08:08C'est-à-dire que là, c'est le cas le plus simple,
08:10où on a un seul document qui porte les situations
08:12à une traité.
08:13Mais on a beaucoup, à l'époque moderne,
08:14des articles séparés,
08:16voire des articles séparés et secrets,
08:18qui vont être l'objet, eux aussi,
08:20des mêmes processus de signature,
08:22voire de cachetage,
08:23et qui permettent de garantir que l'ensemble des engagements,
08:31bien qu'ils aient vocation à être dissimulés,
08:35soient investis de l'autorité des États.
08:37Cette autorité, elle passe notamment,
08:39là où vous le voyez,
08:40c'est le traité de Munster,
08:43le traité de Westphalie,
08:43qui est l'un de nos best-sellers,
08:46évidemment, archivistiques,
08:47j'y reviendrai,
08:48là où vous voyez,
08:50seuls les plénipotentiaires
08:53du roi de France
08:55et de l'empereur cachètent,
08:57sur le ruban de soi,
08:58mais l'ensemble des signataires cachètent.
09:01Donc là, vous voyez que le cachet
09:03est devenu simplement une marque de personne,
09:04et non plus une marque
09:05qui sert à retenir un élément d'intégrité physique.
09:08Donc on a eu un déplacement.
09:08Là, pareil pour ces traités américains,
09:15où là encore,
09:16on est vraiment dans la même logique,
09:17toujours le même cadre.
09:20Et là, le cadre rouge
09:21qui encadre des documents,
09:21ça c'est ce qu'on appelle le papier fileté,
09:23qui continue à être le type de papier
09:24qu'on a encore dans les traités contemporains.
09:26Donc on peut dire vraiment
09:28qu'à la fin du XVIIIe siècle,
09:29on a mis en place un modèle qui dure.
09:32Donc cette autorité,
09:33ces signataires,
09:34ils doivent, pour l'exercer,
09:35être munis d'un pouvoir.
09:37Il faut que le souverain les ait investis
09:38de cette autorité-là.
09:40Et donc ça, ça passe par des lettres
09:42de pouvoir, de création de pouvoir.
09:44Donc c'est généralement des lettres battantes.
09:46Alors j'ai choisi un exemple particulièrement
09:48parce qu'ils vont soigner.
09:50Alors évidemment, normalement,
09:51nous en France,
09:52nous conservons les pouvoirs
09:53des pays étrangers,
09:55puisque le pouvoir est remis à l'autre partie
09:57pour symboliser le fait
09:58qu'on ait l'autorité de signes.
10:00Néanmoins, les hasards archivistiques,
10:02j'aviendrai,
10:03n'empêchent pas qu'on retrouve
10:04beaucoup de pouvoirs d'origine française,
10:06y compris dans les collections françaises.
10:07Donc là, il s'agit d'un pouvoir anglais,
10:08pour le mariage d'Henriade d'Angleterre.
10:13Donc là, on a vraiment un exemple
10:14tout à fait solennel,
10:17extrêmement décoré,
10:19assez rare,
10:20il faut être clair,
10:23sur cette délégation de pouvoir
10:25qui est faite par le souverain.
10:28Le souverain agit donc préalablement traité
10:33en confiant le pouvoir de signature.
10:34Il agit également à l'autre extrémité
10:37de la chaîne de vie du traité,
10:39lorsque celui-ci doit être accepté.
10:42Puisque le souverain n'est pas présent
10:44au cours de la signature,
10:45il faut qu'il y ait une confirmation.
10:47Et cette confirmation-là,
10:48c'est elle qui engage l'autorité souveraine.
10:51Donc ça prend, généralement,
10:52ce qu'on appelle une ratification,
10:54qui est toujours aujourd'hui un terme employé,
10:57bien que là aussi,
10:58depuis 2009,
11:00les ratifications françaises
11:02ne soient plus en forme de lettres patentes,
11:04ce qu'elles étaient encore.
11:05Et cette ratification a donc souvent
11:08cette forme de lettres patentes.
11:12Mais on la trouve aussi en forme de cahier.
11:14Pourquoi ?
11:15Parce qu'à partir de la fin du XVIe siècle,
11:17les ratifications reprennent,
11:19copient l'intégralité de disposition du traité.
11:22Et donc, si vous voulez,
11:23la ratification devient un duplicata,
11:26un double du traité.
11:29Mais un double qu'on investit
11:31d'une autorité particulière,
11:33celle d'un des souverains
11:34qui s'engage à l'appliquer.
11:37Et cet investissement va aussi se doubler
11:40d'un grand investissement
11:41cérémoniel et de richesse.
11:45Donc c'est sur les ratifications
11:46que vont se concentrer
11:48tous les efforts d'ornamentation
11:49de la période moderne,
11:51spécifiquement au XVIIIe siècle.
11:54On en aura des exemples.
11:56Donc la ratification,
11:58elle peut être aussi multiple
12:00selon le système institutionnel.
12:01Alors ça, c'est un peu une particularité.
12:03Donc au XVIe siècle,
12:03on a encore des ratifications
12:04par les États provinciaux.
12:06Et on a un processus d'enregistrement
12:09par les cours souveraines
12:10qui est parfois considéré
12:12et intégré comme une ratification.
12:14Bien que ce processus d'enregistrement
12:16s'affaiblisse au cours du XVIIe siècle
12:19jusqu'à disparaître
12:21de facto à la fin du XVIIIe siècle.
12:24On peut aussi voir dans ces éléments
12:27de ratification des engagements
12:29d'autorités diverses.
12:32Mais on va dire que la principale ratification,
12:35celle qui est remise notamment à l'autre partie,
12:37c'est la ratification du souverain.
12:41Donc je vous parlais d'investissement de richesse.
12:43Là, on a trois beaux exemples
12:46de ratification italienne
12:49qui reproduisent en couverture
12:52des éléments
12:54héraldiques.
12:56Donc là, on retrouve bien
12:58les armes du duc de Modène,
13:00les armes du grand duc de Toscane
13:02et les armes de la République de Venise.
13:04Donc évidemment,
13:05on est dans quelque chose
13:05qui est bien connu,
13:07qu'on a déjà pu évoquer
13:08dans d'autres contextes,
13:12qui tend quand même
13:13à montrer cette aisance graphique,
13:16on va dire,
13:16qu'on trouve dans les états italiens.
13:18Les ratifications françaises
13:21sont généralement moins ornées,
13:24bien qu'assez riches.
13:26La forme qui s'impose
13:27au 18e siècle,
13:29c'est le cahier
13:31recouvert de velours.
13:33C'est vraiment ce qui va dominer
13:35à partir des 1650
13:37comme étant la forme symbolique
13:39la plus forte.
13:42Cette forme symbolique
13:43de la ratification,
13:45vous le voyez,
13:45elle s'accompagne
13:46d'un seau appendu
13:48qui est lui
13:49dans une boîte
13:50en métal précieux.
13:52Donc là,
13:52on arrive,
13:53si vous voulez,
13:54un peu à la fin du processus,
13:55c'est-à-dire que la richesse
13:56est devenue une vraie richesse.
13:58D'une certaine manière,
13:59on a constitué
14:00un vrai trésor
14:01en faisant une collection
14:02des traités,
14:03c'est-à-dire que c'est une collection
14:03qui a un intérêt monétaire.
14:07Là,
14:07c'est la ratification
14:09de Marie-Thérèse
14:10du contrat de mariage
14:11de Bain-Antoinette
14:12et de Louis XVI.
14:12On est là aussi
14:13dans un document
14:14particulièrement important
14:16et prestigieux
14:17avec sa boîte en vermeil.
14:19Et donc,
14:19cette question
14:20du trésor
14:22qui a été accumulée,
14:23elle est d'ailleurs
14:24contrebalancée
14:26par les prélèvements
14:27qu'on a.
14:29La France a perdu
14:29une centaine
14:31de ratifications
14:32traitées en 1927
14:33parce qu'il y a
14:33un comité des archives étrangères
14:34qui les a volées.
14:35mais les Français,
14:38on sait aussi
14:38que les Français
14:38en 1997
14:39à Turin
14:40ont prélevé
14:41la plupart
14:42des boîtes en argent
14:43des ratifications
14:44des archives royales
14:47là aussi
14:48pour les faire partir
14:49à la fonte.
14:49Donc,
14:49il y a aussi
14:50une dimension
14:52de richesse
14:53qui est mobilisable
14:54aussi,
14:54qui est importante
14:55dans cette typologie-là.
14:58Donc là,
15:00la dimension
15:00de trésor,
15:02vous voyez là,
15:02le saut est facile
15:03parce qu'on peut parler ici
15:05d'un trésor,
15:05d'un trésor monétaire.
15:08Ça nous renvoie évidemment
15:08à la question
15:10du trésor des chartes
15:11puisque le trésor des chartes
15:16a eu le rôle
15:18à l'époque
15:19du XVIe siècle,
15:22on l'évoquait tout à l'heure
15:24avec des exemples
15:24qui venaient de la série J,
15:26le trésor des chartes
15:27a été le lieu
15:28de conservation
15:30des documents
15:30les plus importants
15:31de la monarchie
15:31y compris
15:32les documents
15:33de trésor.
15:34Et donc là,
15:35même si on sait
15:36que le fonctionnement
15:36du trésor
15:37a été assez erratique
15:38au XVIIe,
15:39il y a
15:40une hypothèse
15:41qui est celle
15:43que j'ai trouvée
15:43moi dans la bibliographie
15:45classique
15:46qui était que
15:47d'une certaine manière
15:48la collection des traités
15:50venait relayer
15:51le trésor des chartes.
15:52Le trésor des chartes
15:53s'épuise
15:54dans son fonctionnement
15:55au XVIe siècle,
15:56il n'y a plus
15:56de conservation
15:57ordonnée
15:58des traités.
15:59Le célèbre exemple
16:00qui revient souvent
16:01c'est le contrat de mariage
16:02de Louis XIII
16:03en 538
16:04qui est retrouvé
16:05chez un épicier
16:05parce qu'on ne sait pas
16:07comment il a été conservé.
16:11Et du coup,
16:12il y aurait
16:13avec l'administration
16:14des affaires étrangères
16:15qui se met en place
16:16à la fin du XVIe siècle
16:17une continuité.
16:19Et éventuellement,
16:20il y aurait
16:21un élément de partage
16:22qui serait donc
16:23le règne de Louis XIV,
16:26la majorité de Louis XIV,
16:27qui permettrait
16:28de basculer
16:28de l'un à l'autre.
16:29Et finalement,
16:30on aurait eu
16:30quelques prélèvements
16:31dans le trésor des chartes
16:33qui auraient donné
16:34la profondeur historique
16:35à la collocation
16:35des traités
16:36et qui lui auraient permis
16:37son fonctionnement
16:38à la fin du XVIIIe siècle
16:40pour ensuite avoir
16:41son rythme de croisière,
16:42si j'ose dire,
16:43son fonctionnement normal
16:43au XVIIIe siècle.
16:45Or, la situation
16:45est en fait
16:46beaucoup plus difficile.
16:48Si on examine
16:50les documents originaux,
16:54et je reviendrai
16:54à cette question
16:55entre les originaux
16:56et les copies
16:56qui posent bien problème,
16:57si on regarde
16:58les documents originaux
17:00entre le trésor
17:01des chartes
17:02et la collection
17:04des traités,
17:05on remarque
17:06qu'il y a
17:07assez peu
17:08de situations
17:09où on aurait eu
17:11un dossier
17:11qui aurait été divisé.
17:12On aurait par exemple
17:13une ratification
17:14d'un côté,
17:15un traité de l'autre
17:16ou un pouvoir de l'autre.
17:18En fait,
17:18la situation
17:18qu'on observe
17:19le plus fréquemment
17:20pour le XVIe siècle
17:21notamment,
17:23c'est que
17:23c'est avec
17:24la collection
17:25des mélanges Colbert
17:26à la Bibliothèque nationale
17:27de France
17:27qu'on retrouve
17:28des cas
17:29de dossiers
17:30divisés
17:30entre les archives
17:31diplomatiques
17:32et notre institution,
17:33en l'occurrence
17:33la BNF.
17:35Ce qui viendrait
17:35nous dire
17:36quand finalement
17:36la question
17:37de l'enrichissement
17:39de la collection
17:39des traités
17:40avant la fin
17:41du XVIe siècle
17:41ne vient pas
17:42du tout
17:43de prélèvements
17:43qui auraient été faits
17:44dans le trésor
17:45des chartes
17:45mais qui viendraient
17:47d'une origine
17:48intermédiaire
17:49qui seraient
17:51les accroissements
17:52de Colbert.
17:54Alors,
17:54ce qui n'empêche pas
17:55que Colbert lui-même
17:56ait pu récupérer
17:59des documents
17:59dans le trésor
18:00des chartes
18:00mais ça explique
18:01notamment
18:02la présence
18:03de ratification
18:04et de pouvoir
18:05français
18:05dans les documents
18:06de la collection
18:07qui seraient
18:08en fait issus
18:09des prélèvements
18:10d'archives
18:10à l'étranger
18:11faits par Colbert
18:12comme par exemple
18:13Château de Gant
18:14en 1786
18:15qui seraient venus
18:17soit directement
18:19entre Colbert
18:20et Colbert de Croissy
18:21venus nourrir
18:22la collection
18:23et en fait
18:24si vous voulez
18:24l'idée
18:25que l'on voit ici
18:26c'est que
18:27sur la longue durée
18:29on ne peut
18:30vraiment pas
18:31voir
18:32un abouchement
18:33de fonctionnement
18:34des trésors des chartes
18:35avec des prélèvements
18:36et de la collection
18:37des traités
18:37la collection des traités
18:39lorsqu'elle semble
18:40se massifier
18:40c'est ce que vous voyez ici
18:41à la fin du XVIe siècle
18:44elle ne le fait pas
18:45avec des éléments
18:47qui viennent
18:48du trésor des chartes
18:49et finalement
18:50le seul
18:51le seul
18:52le seul traité
18:53au XVIIe siècle
18:54où on trouve
18:55des pièces originales
18:57dans le trésor
18:58et dans la collection
18:59c'est la paix de Westphalie
19:00dont évidemment
19:02non seulement
19:03c'est le plus grand
19:04traité en termes numériques
19:05parce qu'il y a
19:06énormément de documents
19:07qui sont produits
19:07pour alimenter ce dossier
19:09de traité multilatéral
19:10très large
19:10et c'est aussi
19:12le plus signifiant
19:13en termes symboliques
19:14en termes également
19:15pratiques
19:15pour le fonctionnement
19:16de la diplomatie française
19:17donc
19:18le reste
19:19c'est vraiment
19:20des éléments
19:22qui seraient
19:23des éléments
19:23disjoints
19:26donc
19:26ce que l'on peut
19:28voir
19:29c'est que
19:29lorsque
19:30en 1780
19:31la collection
19:32des traités
19:32se manifeste
19:33par le fait
19:35qu'elle ait un lieu
19:36qu'elle ait une armoire
19:37alors une armoire
19:37dans le bureau
19:38du secrétaire d'état
19:38c'est pas encore
19:39les grands dépôts
19:40qu'on connaîtra ensuite
19:41elle le fait
19:43par rapport au fonctionnement
19:44de l'administration
19:45et éventuellement
19:46par rapport aux logiques
19:47d'accumulation
19:47qu'on a pu évoquer tout à l'heure
19:49pour les nombreux documents
19:50qui sont trouvés à la BNF
19:51qui viennent
19:52des individus
19:53qui sont
19:54dans l'administration
19:55ou dans le pouvoir royal
19:56et non pas
19:56d'une logique administrative
19:57qui viendrait
19:58couronner
19:59si vous voulez
19:59une transmission
20:00de chaînes administratives
20:02et archivistiques
20:02si on regarde
20:05en termes numériques
20:08vous pouvez voir
20:09qu'effectivement
20:10on a relativement
20:10peu de documents
20:11les étiquettes de siècles
20:12ont disparu
20:13mais vous voyez
20:14on a à peine
20:14une trentaine
20:15d'engagements
20:16pour le XVIe siècle
20:16on en a un peu plus
20:18de 300 pour le XVIIe
20:19par contre
20:20on en a plus de 500
20:22pour le XVIIIe
20:23donc on a une expansion
20:24ici
20:25qui vient
20:26vraiment
20:27être celle
20:28d'un fonctionnement
20:29qui est un fonctionnement
20:30d'une administration
20:31qui marche
20:32si vous voulez
20:33les 780
20:33c'est vraiment important
20:34parce que c'est le moment
20:35où la collecte
20:36des traités
20:37se met en place
20:38c'est vraiment ça
20:40qui va expliquer
20:41l'origine de la collection
20:41après le reste
20:43les traités antérieurs
20:45qui sont arrivés
20:45sont plus
20:46relèvent plus
20:47de ce qu'on appellerait
20:47aujourd'hui
20:48des acquisitions
20:49extraordinaires
20:49avec des logiques
20:51d'accumulation
20:51qui sont très disjointes
20:53plutôt qu'un vrai
20:54fonctionnement archivistique
20:55quand on regarde
20:57un petit peu
20:58la répartition
21:00ça c'est pour
21:01quelques petits éléments
21:02chiffrés
21:03de cette répartition là
21:04vous pouvez voir
21:05effectivement
21:06alors il n'y a pas
21:07il n'y a plus
21:10évidemment
21:10de typologie
21:11notamment il y a
21:11beaucoup de traités
21:12avec des états
21:13des états allemands
21:14des états d'empire
21:14que je n'ai pas détaillé
21:16ici
21:17mais on peut voir
21:18néanmoins
21:18la place
21:19qui correspond
21:20au fonctionnement
21:21diplomatique
21:22de l'époque
21:23donc qui est tout à fait
21:24cohérente finalement
21:25avec une grande place
21:27toujours
21:27des ailes britanniques
21:29d'un côté
21:30et de la péninsule
21:31ibérique
21:31de l'autre
21:32qui est là
21:33avec évidemment
21:34l'apparition
21:35l'affirmation
21:36des nouveaux états
21:37enfin des états
21:38de nouveaux acteurs
21:39comme la Bévière
21:40au 17ème
21:42et au 18ème
21:42la question de la Lorraine
21:43c'est un peu un artefact
21:44c'est la cause
21:45surtout de l'acquisition
21:46de la Lorraine
21:47par la France
21:47qui amène une grande création
21:49d'engagements internationaux
21:50liés à cette acquisition
21:51le fait que la collection
21:57fonctionne à partir
21:59du 7ème siècle
22:01dans un cadre
22:01qui est d'un cadre
22:02désormais classique
22:05se manifeste
22:07dans un lieu
22:08je l'ai mentionné ici
22:10ça c'est
22:10on a la chance
22:12d'avoir conservé
22:13notre lieu
22:13c'est la biothèque
22:15municipale de Versailles
22:17qui était donc
22:17le dépôt
22:18de la guerre
22:19enfin de la guerre
22:20non de la marine
22:20et des affaires étrangères
22:21auparavant
22:22on a le dépôt
22:23du Louvre
22:24on est à priori
22:25du 1710
22:25et on sait
22:27que dans ces deux lieux
22:28il y a un cabinet
22:29des traités
22:29donc il y a bien
22:30une implantation
22:31qui est une implantation
22:33fixe
22:34et certaine
22:35des traités
22:38au sein
22:39d'un espace
22:40qui est un espace
22:41lui-même
22:41mis en scène
22:42pour mettre en scène
22:43le pouvoir royal
22:44et notamment
22:46l'ordonnancement
22:47des puissances
22:48puisque là
22:49la galerie
22:50est ordonnée
22:50avec le nord
22:51le sud
22:51la puissance du nord
22:52la puissance du sud
22:53et le cabinet
22:55des traités
22:55qui est dans l'axe
22:56cette répartition
22:59elle se fait
23:01également
23:02avec un usage
23:03pratique
23:04donc là aussi
23:04on a aussi
23:05conservé
23:05les laillettes
23:06qui est qu'on met
23:07les traités
23:07dans des boîtes
23:08qui imitent
23:09des relures
23:10et qui sont
23:11au nom
23:12des pays
23:13donc là
23:14tout à l'heure
23:14on a vu
23:14les relures
23:15des colberts
23:16dans la
23:17correspondance politique
23:18là si vous voulez
23:19c'est un petit peu
23:20la même idée
23:21on essaie de créer
23:23des volumes
23:24alors qu'ils sont
23:24des volumes fictifs
23:25pour mettre
23:27en série
23:28les traités
23:29or évidemment
23:30ça pose
23:31énormément de questions
23:32tout d'abord
23:33parce que
23:34certains traités
23:35ce sont des traités
23:36multilatéraux
23:37dans lesquels
23:38il y a plusieurs acteurs
23:39de plus on peut avoir
23:40des situations complexes
23:41dans lesquelles
23:41il y a une puissance
23:42qui va accéder
23:43à un traité bilatéral
23:45qui a été conclu
23:46entre deux puissances
23:46donc il va falloir
23:48intégrer ces questions là
23:50autrement dit
23:51ce choix là
23:52de cette mise en scène
23:54par puissance
23:54avec cet élément
23:55de relure
23:56est un choix
23:57qui est d'abord
23:58de portée symbolique
24:00et de portée
24:01qui vient
24:02déterminer
24:03un ordre du monde
24:04tel qu'il est déterminé
24:05par les bureaux
24:06des affaires étrangères
24:06et la dimension pratique
24:09de cette conservation
24:10qui est pourtant
24:11célébrée à l'envie
24:13quand on a les mémoires
24:14qui sont rédigées
24:15par les comités
24:16des affaires étrangères
24:17il parle bien du fait
24:18qu'il y a cette réserve
24:19de traités
24:20qui sert tous les jours
24:21au droit public
24:22au droit des gens
24:22or en fait
24:24l'organisation même
24:26des lieux
24:26fait que ce n'est pas
24:28très pratique
24:28et donc ça
24:31il faut le mettre
24:32en regard d'un autre élément
24:33qui est l'élément
24:34de la copie
24:35qui est capable
24:36au moment justement
24:37où on met en place
24:38ces dépôts d'archives
24:41on a des entreprises
24:42d'édition
24:43de traités
24:45de manière générale
24:47alors on a toujours eu
24:48des éditions
24:48de traités
24:49là par exemple
24:50vous avez
24:51une édition
24:52quasiment contemporaine
24:54de la paix des dames
24:55il y a toujours eu
24:58des éditions
24:59depuis le début
25:00de l'imprimerie
25:00on a toujours imprimé
25:01les traités
25:02éventuellement
25:02on a eu des travaux
25:04récapitulatifs
25:04concernant quelques décennies
25:06mais ce qui se passe
25:07au début du 18ème siècle
25:09c'est qu'on va avoir
25:09des éditions générales
25:10comme là
25:10le recueil de Dumont
25:11le recueil de Dumont
25:13le corps universel diplomatique
25:14qui commence à Charlemagne
25:16et jusqu'à nos jours
25:18donc là l'idée
25:19dans laquelle
25:19l'idée
25:20d'éditer
25:21l'ensemble
25:22des traités
25:23de l'Europe
25:24et donc
25:26cette coexistence
25:28et cette concurrence
25:30on va dire
25:31temporelle
25:32entre les entreprises
25:33d'édition générale
25:34et l'installation
25:35du dépôt
25:36est doublée
25:38si on peut dire
25:38dans le fonctionnement
25:39même des affaires étrangères
25:41par les entreprises
25:42de copier
25:42donc là
25:44on avait des éditions
25:45mais là
25:46on a aussi
25:46des copies manuscrites
25:47par exemple
25:48la paix des Pyrénées
25:49qui est fameusement
25:51le dernier grand traité
25:53à rentrer au trésor des Chartres
25:55et à ne pas être intégré
25:56à la collection des traités
25:56on voit là ici
25:58la copie
25:59qui a été demandée
26:01qui a été faite évidemment
26:03par Joly Fleury
26:04donc pour le général
26:05au parlement
26:05et donc trésorier des Chartres
26:07et qui est
26:09elle-même
26:11intégrée
26:12dans une forme
26:13de dossier fictif
26:15au sein
26:16de la collection des traités
26:17comme de certaine manière
26:19si ces belles
26:20léiettes
26:21recouvertes de marocains
26:22peuvent permettre
26:24de dissimuler
26:25en tout cas
26:26de recouvrir
26:27une collection factice
26:29où il y a à la fois
26:31des documents originaux
26:32et notamment
26:33les documents originaux
26:34que l'on collecte
26:35dans la pratique diplomatique
26:36mais en même temps
26:38d'inscrire l'action
26:39du secrétaire d'état
26:40aux affaires étrangères
26:41dans un ton long
26:42comme si cette collection
26:44était une collection
26:44perpétuelle
26:45donc en fait
26:46il y a une articulation
26:47des deux
26:48avec l'usage
26:49de ces processus
26:51de copie
26:51qui va se poursuivre
26:53très très longtemps
26:54pour prendre
26:56un exemple
26:57on a parlé tout à l'heure
26:57des archives
26:58de la marine
26:59tous les traités
27:00qui sont signés
27:01dans le cadre
27:01du secrétaire d'état
27:02à la marine
27:03ne figurent pas
27:05donc dans la collection
27:06des traités
27:06donc traités
27:07avec les indiens
27:08d'amérique du nord
27:09avec les états
27:10africains
27:10avec les chefferies
27:11africaines
27:12mais à partir
27:14du 19ème siècle
27:15les archivistes
27:15des affaires étrangères
27:16vont vouloir
27:16avoir des copies
27:18voire demander
27:19des doubles exemplaires
27:21de ces traités là
27:21comme s'il s'agissait
27:23de recréer
27:24un ordre du monde
27:25un ordre
27:26vraiment de
27:27l'expansion
27:28de la puissance française
27:29par ces entreprises
27:30de copies
27:32et d'inscriptions
27:33dans la collection
27:34des traités
27:34donc c'est ça
27:36que je voudrais
27:37signaler
27:38c'est la naissance
27:39de cette collection
27:40si je peux conclure
27:41ainsi
27:41c'est une collection
27:43qui est née
27:44de la mise en place
27:45du fonctionnement
27:46d'une administration
27:47qui s'est mise
27:48à collecter
27:49les documents
27:49qui sont nés
27:50de son fonctionnement
27:51donc notamment
27:52les plus importants
27:53étant les traités
27:53mais qui a aussi
27:55à partir de ce biais là
27:57voulu créer
27:58un cadre
28:00d'orientation
28:01de sa propre histoire
28:02finalement
28:02en faisant
28:04de cette collection
28:05un raccourci
28:06de son fonctionnement
28:09et du coup
28:10de son fonctionnement
28:10de l'ordre du monde
28:11et donc c'est ainsi
28:13qu'on se retrouve
28:14dans ce cabinet
28:15des traités à Versailles
28:16qui lui-même
28:17est une reproduction
28:18en petit
28:19de l'espace
28:20des bureaux
28:21de Versailles
28:22qui lui-même
28:23s'inscrit
28:24dans la présentation
28:24collective
28:25évidemment
28:25de Versailles
28:25qui sont la mise
28:27en scène
28:27autour du pouvoir
28:29et de la symbolique royale
28:30et donc
28:31c'est ainsi
28:31que cette collection
28:33a longtemps
28:34c'est longtemps
28:35pensé ainsi
28:36comme étant
28:37un raccourci
28:38de la diplomatie
28:40voire
28:41comme je l'ai moi-même
28:42pu le dire
28:43étant le coeur
28:44le germe
28:46des affaires étrangères
28:47je vous remercie
28:48merci
Recommandations
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