- 10/07/2025
Conclusion
Par Lucien BELY, professeur d’histoire moderne à Sorbonne Université, membre du centre Roland Mousnier (CNRS), spécialiste de l’histoire des relations internationales et de la diplomatie à l’époque moderne.
Séance du mardi 1er avril 2025, qui s’est tenue de 14h00 à 17h30 dans les salons de l’hôtel de Soubise (60 rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris), dédiée au thème de la diplomatie et des relations internationales sous l’Ancien Régime : La France et le monde.
Par Lucien BELY, professeur d’histoire moderne à Sorbonne Université, membre du centre Roland Mousnier (CNRS), spécialiste de l’histoire des relations internationales et de la diplomatie à l’époque moderne.
Séance du mardi 1er avril 2025, qui s’est tenue de 14h00 à 17h30 dans les salons de l’hôtel de Soubise (60 rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris), dédiée au thème de la diplomatie et des relations internationales sous l’Ancien Régime : La France et le monde.
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ÉducationTranscription
00:00Merci à Cécile Figuilloussi de nous avoir organisé cette réunion intéressante dans ce cadre magnifique.
00:24Merci aux archives qui nous accueillent, merci aux intervenants.
00:28Donc Cécile m'a confié le soin de faire la conclusion parce que lorsqu'elle m'a écrit, je lui ai dit que moi je ne connaissais pas bien les archives nationales
00:40et que je n'avais pas beaucoup travaillé aux archives nationales puisque j'ai travaillé toute ma vie sur la diplomatie depuis 50 ans.
00:48Et ça dit bien les choses, c'est-à-dire qu'on peut travailler sur la diplomatie et venir très rarement aux archives nationales
00:56parce que finalement il y a ce fonds, on l'a déjà expliqué à multiples reprises, ce fonds qui s'est créé,
01:03ces deux fonds finalement qui se sont créés, qui ont une sorte d'antériorité sur les archives nationales
01:10puisque c'est la fin du XVIIe siècle, ce sont deux fonds bien installés, bien repérés, bien organisés d'une certaine manière,
01:21très tôt organisés, on vient encore de le voir pour les traiter,
01:24et qui ont suscité une masse, une mer sans rivage de documentation.
01:34Je dois dire que quand on m'a proposé tout au long de ces décennies de participer à une réunion scientifique,
01:42quelle qu'elle soit, je me suis toujours dit, bon, quelques jours passés au ministère des Alliés étrangères
01:49et puis après à la Courneur, je trouverais bien quelque chose, quoi qu'il arrive, je trouverais bien quelque chose.
01:54Et je dois dire que ce n'était pas toujours évident, ce n'était pas toujours immédiat,
01:59mais on trouve toujours quelque chose, une liasse, un mémoire, quelques lettres
02:06qui permettent de connaître les relations internationales de l'époque moderne.
02:10Moi je vous parle de l'époque moderne, je pense que pour l'époque contemporaine,
02:14les choses seraient certainement très différentes.
02:15Je vais revenir en quelques points sur ma propre vision des choses,
02:21peut-être pour d'abord entrer un peu plus dans le détail de ce fonds des archi-diplomatiques,
02:30cette composition, pour les périodes anciennes,
02:36cette division entre correspondance politique et mémoire et documents.
02:40D'une certaine manière, on a construit une série qui s'appelle correspondance politique
02:45et non pas correspondance diplomatique, ça dit tout, c'est-à-dire que c'est finalement
02:50le discours de l'État, c'est un des endroits où on peut savoir ce que sont les intérêts de la France
02:57et c'est finalement aussi une certaine vision de la monarchie.
03:02Le roi, c'est d'abord celui qui parle aux autres souverains, c'est un discours de souveraineté
03:07et c'est aussi une mémoire secrète.
03:12Je crois qu'on l'a bien vu avec ce que nous a dit Camille Desenclos,
03:16il s'agit de protéger cette correspondance.
03:19Alors, a fortiori, les traités, vous n'avez pas évoqué, mais au Quai d'Orsay,
03:25c'était un véritable coffre-fort.
03:28On entrait avec des portes monumentales fermées à double tour.
03:33Donc c'est vraiment cette idée de secret à protéger dans deux domaines,
03:39donc la diplomatie pour les archi-diplomatiques et la guerre pour le ministère de la guerre.
03:44En même temps, c'est aussi, on le voit bien, un fonds spécifique.
03:50Et d'emblée, Thierry Sarman a évoqué la définition de la diplomatie,
03:55ce n'est pas si facile.
03:58C'est un choix de regrouper les correspondances des ambassadeurs, des envoyés, des résidents,
04:05mais aussi, par exemple, pour moi qui ai travaillé sur la paix du Trèche,
04:10la paix de Westphalie, mais surtout la paix du Trèche,
04:12c'est aussi les correspondances avec les plénipotentiaires,
04:19c'est-à-dire ceux qui ne sont pas forcément ambassadeurs,
04:23mais qui sont négociateurs et qui peuvent être des agents très secrets.
04:27Donc il y a aussi tout ce travail quotidien de la diplomatie, de la négociation,
04:35et puis aussi conserver toutes ces minutes des lettres du roi.
04:41Tout à l'heure, on a évoqué ces lettres qui sont aussi des lettres collectives.
04:47Quand on envoie une dépêche à Utrecht, c'est signé Louis,
04:54mais c'est 24 pages, très techniques,
04:58et je ne crois pas que Louis XIV ait pu écrire comme ça, deux fois par semaine, 24 pages.
05:04Donc on voit bien que ce sont des...
05:06C'est du copier-coller, il y a sur les différents commis qui préparent ces documents,
05:10qui sont aussi la voie de la France.
05:12Il s'agit de préciser pour les envoyer ce qu'il faut dire, ce qu'il faut faire.
05:18Alors, il y a aussi des lettres de la main du roi.
05:20Mathieu Gellard l'a exposé, mais finalement, ce sont des lettres souvent de compliments.
05:25Il s'agit de lettres qui sont envoyées à l'occasion d'une mort.
05:31Donc c'est à cette occasion-là qu'on exige, en quelque sorte, la main du roi.
05:37Alors, cette série est merveilleuse, parce qu'elle est d'abord continue.
05:43C'est la continuité du temps.
05:45C'est une série où l'on a voulu tout regrouper également.
05:49C'est une collègue donc exhaustive.
05:52Il y a une forme d'indifférence.
05:53Il n'y a pas de choix dans la correspondance diplomatique.
05:55On regroupe tout.
05:56Tout ce que l'on peut trouver.
05:58Il n'y a pas de choix manifeste.
06:00C'est une sorte de curiosité universelle.
06:02Aussi bien la lettre d'un grand dégociateur officiel,
06:06mais aussi quelques pages d'un agent secret.
06:10Et c'est ça qui fait aussi toute la variété, l'intérêt de ce fonds,
06:15qui rebondit toujours.
06:17Parce que ce n'est pas du tout un fonds gourmet.
06:19Ce n'est pas du tout la vision que l'on peut avoir de la diplomatie un peu figée.
06:24Au contraire, c'est un fonds qui permet d'entrer vraiment dans le malheur,
06:29les souffrances des populations et l'effort de certains pour les résoudre.
06:33Alors, nous l'avons déjà exprimé.
06:35Donc, il y a eu un départ.
06:37Ce fonds a quitté le ministère des Affaires étrangères pour gagner la Courneuve.
06:41Il a été en grande partie micro-filmé.
06:44Tout ça est assez complexe.
06:48Thierry a évoqué la difficulté d'avoir des inventaires.
06:52Il y a encore un certain temps, on a trouvé les inventaires.
06:54Ce n'est pas si facile de retrouver sur les sites.
06:56Je l'ai retrouvé finalement l'inventaire.
06:58Il faut bien penser qu'il n'y avait qu'un exemplaire de l'inventaire
07:00qui était à ce moment-là aux archives.
07:03Ce qui est quand même assez aberrant.
07:04Quand vous regardez encore aujourd'hui, ce n'est pas si facile de retrouver cet inventaire
07:09qui donne des correspondances.
07:10Vous avez la correspondance diplomatique, mettons, suède.
07:15C'est classé par de 1 à 500, uniquement par ordre chronologique.
07:21C'est le seul ordre qui prime.
07:23Avec les micro-films, maintenant, il faut chercher d'autres références
07:26parce que les micro-films n'ont pas les mêmes chiffres.
07:29J'avais un jour suggéré à Isabelle Richefort,
07:31qui a été au traité avant vous, de peut-être simplifier.
07:37Je pense que ça demanderait un travail énorme,
07:40mais on voit bien qu'il n'y a pas une volonté, finalement,
07:45de donner au public des accès très, très faciles.
07:50Mais en même temps, c'est un fonds qui, très vite,
07:52a été considéré comme exceptionnel.
07:54Je ne l'ai pas pris, mais je vous le montre.
07:57Un ouvrage.
07:58C'est Mme Juliette Delois qui a publié
08:07« Naissance d'une institution, écriture et réécriture du ministère
08:11des Affaires étrangères, 1710-1830 ».
08:14C'est une thèse, j'ai participé au jury,
08:17c'est une publication 2024 de l'EHSS.
08:20C'est très remarquable.
08:21C'est un petit livre qui résume la thèse.
08:23La thèse était beaucoup plus importante,
08:24mais qui montre bien, justement, tout l'intérêt de ce fonds
08:29qui a été assez vite connu.
08:30On savait que ça existait.
08:32Bien sûr, c'était inatteignable.
08:36Et il y a eu des tentatives, finalement, pour aller y travailler.
08:40Ce qui a été fait d'emblée, c'est l'académie politique de Torcy,
08:45qui considérait, finalement, que les diplomates
08:47devaient travailler dans les archives.
08:49C'est assez étonnant, c'est-à-dire l'idée
08:51qu'avant de partir comme ambassadeur en Suède,
08:53il fallait lire les dépêches des ambassadeurs
08:57qui avaient précédé.
08:58Donc, il y a bien l'idée d'archives
09:00qui servent immédiatement le travail diplomatique.
09:05Et ça, c'est vraiment quelque chose d'intéressant.
09:08On l'a dit à plusieurs reprises,
09:10c'était aussi, j'allais dire, un monopole d'État.
09:13C'est-à-dire que, jusqu'au XVIIe siècle,
09:16les diplomates considéraient qu'il était intéressant
09:19de garder les lettres du roi, en particulier.
09:23Leurs lettres, bon, les minutes de leurs lettres,
09:25ça pouvait être intéressant,
09:26mais ce qui était intéressant,
09:27c'est de garder les lettres du roi
09:28pour dire qu'ils avaient reçu ces lettres-là.
09:34Donc, il y a eu l'idée que, progressivement,
09:37il fallait mettre la main sur ces correspondances.
09:42Alors, je ne sais pas si ça a été fait systématiquement.
09:44On sait que ça a été fait, par exemple, pour Saint-Simon.
09:46Puisque les mémoires de Saint-Simon,
09:48les mémoires sont entrées au ministère des Affaires étrangères
09:52parce que Saint-Simon avait une ambassade.
09:55Et donc, on a décidé de mettre les scellés sur ces papiers.
09:58Et par là-même, tous ces papiers sont entrés
10:00au ministère des Affaires étrangères.
10:02Au ministère des Affaires étrangères,
10:04aujourd'hui, c'est à la Bibliothèque nationale
10:06parce que ça a été rendu à la famille,
10:08puis réintégré à la Bibliothèque nationale.
10:11Donc, cette idée d'une correspondance continue,
10:16mais également, la richesse de ce fonds,
10:19ce sont tous les mémoires particuliers,
10:21c'est-à-dire que des hommes d'État ou des politiques
10:24ont rédigé des synthèses sur des sujets particuliers.
10:28Par exemple, il y a quelques années,
10:30au moment où le ministère avait prêté le traité de 1763 au Québec,
10:37il y avait eu une petite exposition,
10:39on voyait tous ces traités faits par des administrateurs
10:43pour prouver au roi qu'il fallait conserver le Canada.
10:46Vous voyez, c'était persuader l'État que c'était une bonne idée,
10:50alors que ça coûtait cher.
10:51Donc, on a ces traités très intéressants
10:53qui parlent du Canada,
10:55mais d'une certaine manière totalement à contre-pied
10:58de ce qu'on pourrait penser.
11:00C'est-à-dire que le souverain est plutôt tenté
11:02d'abandonner cette colonie,
11:03et ce sont ces hommes qui écrivent pour le persuader.
11:07Il y a également, on n'en a pas parlé,
11:10mais des papiers saisis.
11:11Par exemple, lorsque le prince de Sélamard
11:14est reconduit à la frontière en 1718,
11:17il y a tout un travail pour mettre la main sur ces papiers.
11:21On a la description,
11:22on voit les mousquetaires investissent l'ambassade.
11:25C'est un des cas assez rares d'une ambassade violée.
11:28Ils sont là, le prince se met sur le côté en disant
11:31« Moi, je ne suis pas au courant, je ne suis... »
11:34Donc, on met dans des cartons,
11:36et tous ces papiers sont aux archives diplomatiques.
11:42Donc, ça, c'est finalement une première idée,
11:44ces correspondances dans leur complexité.
11:47Et à cette collecte, je dirais au jour le jour,
11:51s'est ajouté des collectes parallèles
11:54avec cette série qu'on appelle « Mémoire et documents »
11:57qui est très riche.
11:58Et justement, les premiers numéros,
12:00c'étaient les papiers Saint-Simon pendant très longtemps.
12:02Les mémoires même étaient les premiers numéros.
12:06Ce qui a suscité d'ailleurs assez vite
12:08l'intérêt pour les archives diplomatiques.
12:10C'est-à-dire que des comiques qui bavardaient,
12:13disaient « Mais il y a un document extravagant
12:15qui sont des mémoires,
12:17où l'on parle de Louis XIV,
12:18c'est amusant comme tout. »
12:20Et bien sûr, beaucoup d'écrivains du XVIIIe siècle
12:22ont été tentés d'y aller.
12:24Donc, ils ont demandé des autorisations
12:26pour aller lire les mémoires de Saint-Simon.
12:29Et finalement, ça a contribué à faire connaître
12:33et à faire connaître la richesse de ce fonds.
12:38Mais également, des documents, par exemple,
12:41j'ai étudié, ça m'a donné un chapitre de ma thèse,
12:45des passeports, comment c'était arrivé là.
12:48Donc, une liste de passeports
12:49que Torcy avait demandé d'établir,
12:52c'était tous les passeports délivrés
12:54par le ministre au cours d'une année.
12:56C'était très détaillé, admirable.
12:59On l'a regroupé comme cela.
13:00Donc, il y a beaucoup de, je dirais,
13:02d'apports différents.
13:04Et pour l'historien, c'est très précieux.
13:05Parce que ce sont des documents un peu dispersés,
13:09dont on ne comprend pas toujours
13:10comment ils ont été ramenés là.
13:12Il y a aussi des papiers d'agents,
13:14les traités, bien sûr.
13:16Et ça, c'est un cas très particulier.
13:19Les présents diplomatiques.
13:21Madame Bougou-Pongo a fait une très belle thèse
13:24sur les présents de Louis XV
13:27en essayant de les retrouver, justement.
13:31C'est-à-dire que certains de ces objets
13:32sont des chefs-d'oeuvre absolus
13:34de l'orfèvrerie
13:35ou du travail des ébénistes.
13:40Et ce sont des séries très intéressantes.
13:44On y a fait allusion, mais très brièvement,
13:47il y a eu aussi, je crois que c'est vous
13:49qui avez parlé des acquisitions extraordinaires.
13:51C'est-à-dire, le ministère continue à acheter.
13:56Et j'ai fait moi-même deux études
13:57à partir de ces acquisitions extraordinaires
14:00sur le renversement des alliances.
14:02Par exemple, de 1756.
14:04Vous savez, quand la France quitte
14:05l'alliance de la Prusse
14:06pour s'allier avec l'Autriche de Marie-Thérèse,
14:11tout ça a été mené très secrètement
14:14par l'abbé de Bernice
14:15qui, dans ses mémoires, dit qu'il a tout détruit.
14:18Or, il y a un document, enfin un recueil,
14:22d'ailleurs, qui est relié en blanc
14:26et qui comporte les papiers
14:29de cette négociation très secrète
14:32entre Bernice et Starenberg
14:34chez Madame de Pompadour
14:36dans son château,
14:38dans ce petit pavillon de Brimborion.
14:41Et en réalité, ces documents n'étaient pas inconnus
14:45parce qu'ils étaient en Autriche.
14:47Les lettres Starenberg avaient écrites
14:49sous la dictée de l'abbé de Bernice.
14:51Donc, le chevalier von Arnett,
14:52quand il a fait ses livres sur Marie-Thérèse,
14:54avait publié ses archives
14:56qu'il avait trouvées en Autriche.
14:57Mais en France, on pensait que ça avait disparu.
15:00Or, la famille avait conservé ses papiers.
15:04C'est cette reliure blanche
15:07correspond en fait à une vente
15:09entre les deux guerres,
15:10probablement par une dame de la famille de Bernice
15:13qui a vendu certains papiers.
15:14Le ministère n'a n'en acheté qu'un,
15:16bizarrement, vous voyez, considérant
15:17que c'était les papiers d'État,
15:18que c'était très important.
15:20Et une autre branche de la famille de Bernice
15:22a racheté le reste,
15:23qui se trouve aujourd'hui
15:24dans un château près de Grenoble.
15:26J'y reviendrai tout à l'heure,
15:27où je peux en parler tout de suite.
15:29Ce château a été...
15:31Le châtelain, qui est un membre
15:34de la famille de Bernice,
15:35a demandé à notre collègue Gilles Montaigre
15:36ce qu'il pouvait en faire.
15:38Si bien que Montaigre avait mis en place,
15:41Gilles Montaigre a mis en place un système,
15:43c'est-à-dire que je lui avais dit
15:44qu'il ne pourrait pas passer son temps
15:46pendant dix ans chez les Bernices
15:49à leur frais, vous voyez,
15:50à étudier les archives,
15:53mais d'en faire des clichés,
15:56en quelque sorte.
15:57Vous voyez, de passer son temps
15:59à faire des clichés,
16:00et de réunir une équipe.
16:03Ça a été l'objet de deux colloques,
16:05un Grenoble, l'autre à Rome,
16:08et d'un livre, chez Thaïlandier.
16:11Donc, toutes les séries de Kroll,
16:14de ce château de Kroll,
16:15ont été photocopiées.
16:17Et il y a eu une réunion,
16:19chacun s'est attribué
16:21une correspondance.
16:23Et nous recevions par la poste,
16:26un jour, vous voyez,
16:27dans une lettre,
16:28il y avait une clé USB,
16:30où il y avait tous les clichés
16:31de la série, vous voyez,
16:32c'était un peu comme Mission Impossible,
16:34ça allait éclater avant de...
16:36Et donc, nous avons...
16:37Nous sommes partagé le travail,
16:39c'était intéressant.
16:40Alors, il y avait non seulement
16:40au château de Kroll,
16:42mais également dans des archives
16:43départementales
16:44qui avaient récupéré
16:45d'autres archives.
16:45Donc, vous voyez,
16:46il reste encore
16:47dans des fonds privés,
16:49dans des archives diplomatiques,
16:52des ensembles considérables.
16:55Vous voyez,
16:55le cardinal de Bernice,
16:56il avait beaucoup d'amis,
16:58un très grand réseau.
17:00Donc, le Quai d'Orsay,
17:03enfin, le Quai d'Orsay,
17:03le ministère a un de ses volumes,
17:06mais la famille en a beaucoup d'autres.
17:07Et ça, j'avais bien reconnu,
17:09vous voyez,
17:09la couverture,
17:11qui est rarement blanche,
17:12vous voyez,
17:12dans les paviers,
17:13en cuir blanc,
17:14et c'était probablement
17:15un élément
17:17que le ministère
17:19avait récupéré.
17:20De même,
17:20il y a quelques années,
17:21j'ai fait un article là-dessus,
17:22il y a eu un recueil
17:25des versements
17:26au 18e siècle
17:27aux puissances étrangères.
17:30Alors, c'est passionnant,
17:30on voit ce que donnait la France,
17:32elle donnait beaucoup,
17:33à des tas de puissances.
17:34Mais ce qui est étonnant,
17:35c'est que le document suivant
17:38a été publié
17:39par les révolutionnaires.
17:40C'est ce qu'on appelle
17:40le livre rouge
17:41qui a été publié
17:43sous la révolution
17:45pour dénoncer
17:46les pensions.
17:48Par la France,
17:49disons que la France,
17:51le paysan français
17:52payait des princes étrangers
17:54et qu'on dépensait l'argent.
17:56Donc, vous voyez comment,
17:57finalement,
17:58ce document ultra secret,
18:02c'est une sorte de recueil
18:03et des versements,
18:04comment est-il entré
18:05dans le public ?
18:06Et puis,
18:09comment a-t-il circulé ?
18:10Il a été publié en partie.
18:11Probablement,
18:11les révolutionnaires ont-ils dit
18:12que ce n'était pas intéressant
18:14de publier le début
18:16du XVIIIe siècle.
18:17En tout cas,
18:17le ministère l'a racheté
18:19il n'y a pas très longtemps.
18:21Ce que nous avons vu aussi,
18:22c'est qu'il y a,
18:23bien sûr,
18:24d'autres fonds.
18:25J'ai eu l'occasion
18:27de venir aux archives nationales.
18:31Le fonds de la marine
18:32est très important
18:33pour tout ce qui concerne,
18:35je dirais,
18:35le grand monde,
18:36enfin,
18:36le monde large.
18:38C'est-à-dire que ça permet
18:40de quitter l'Europe
18:41et on a beaucoup parlé
18:44de torsies.
18:46Mais parallèlement,
18:47il y a une autre politique
18:48internationale,
18:50au même moment,
18:51c'est celle du ministre
18:52Ponchartrain,
18:53le ministre de la marine,
18:56qui lance
18:57d'innombrables missions
18:58d'exploration,
18:59des espions au Mexique,
19:01au Pérou,
19:02qui sont entre le savant,
19:05le naturaliste
19:06et puis l'agent,
19:09puisqu'ils font des rapports
19:11sur la richesse
19:13de l'Amérique,
19:13des différentes parties
19:14de l'Amérique
19:14et des moyens
19:16d'y pénétrer aussi.
19:17Donc, vous voyez,
19:18c'est toujours très,
19:19très ambigu.
19:20Il s'agit de faire du commerce,
19:21mais également
19:22de s'implanter
19:24éventuellement.
19:25Donc, il y a
19:26tout un pan,
19:27je dirais,
19:28de l'action internationale
19:29à l'échelle du monde
19:30qui peut être étudié
19:32à travers la série B
19:34et à toutes les archives
19:35de la marine.
19:38Il y a aussi,
19:39on en a parlé,
19:41la série K,
19:43la série des consulats,
19:46il y a aussi
19:47des archives privées.
19:48Certains fonds
19:49des archives privées
19:50peuvent être très intéressants.
19:51Moi, j'avais trouvé
19:52un cas d'une dame,
19:53ce n'est pas si fréquent,
19:54les femmes en diplomatie.
19:57Il y a un dossier
19:59très passionnant
20:00que un collègue m'avait indiqué,
20:02je l'ai étudié en entier,
20:04d'une dame de Blot
20:05qui demande,
20:06enfin, sa famille
20:06demande des pensions
20:08à Louis XV
20:09parce qu'elle aurait aidé
20:11les négociations
20:12en Hollande
20:14dans les années 1710-1711.
20:17Elle se serait même travestie
20:18pour aller voir
20:19les ambassadeurs,
20:21les négociateurs français.
20:22Donc, on voit comme cela
20:24des ensembles
20:26qui peuvent être
20:27très intéressants.
20:28À la bibliothèque nationale,
20:30on vient de l'évoquer,
20:31bien sûr, il y a toute
20:32la collection Colbert
20:34qui est immense,
20:36il y a un fond brienne
20:37et moi, je me suis
20:39beaucoup intéressé
20:40aux archives de la Bastille
20:41qui se trouvent
20:42à l'arsenal,
20:44c'est-à-dire
20:44tous les espions,
20:47tous les agents
20:47arrêtés
20:49par la police.
20:52Donc, ça,
20:52c'est la correspondance
20:53entre le secrétaire d'État,
20:55le roi
20:56et le lieutenant général
20:58de police.
20:58ce sont des fonds
21:00admirables,
21:01pénibles,
21:02puisque ce sont souvent
21:02des interrogatoires,
21:04les 40 interrogatoires
21:05qu'on fait subir
21:06à un pauvre diable
21:07qui a dit
21:08« Vive le roi d'Angleterre ! »
21:10Donc,
21:10ça peut être toujours
21:13un peu...
21:13Alors,
21:14ce n'est pas non plus
21:14le même État
21:15que les archives diplomatiques.
21:17Souvent,
21:18ce sont des masses
21:20qui ont été sauvées.
21:21Ce n'est pas toujours
21:21très, très lisible,
21:23mais c'est souvent
21:24passionnant.
21:25et ça a été publié
21:26en partie
21:27au XIXe siècle
21:28par Ravesson
21:29dans cette grande série
21:30des archives
21:31de la Bastille.
21:33Là,
21:34bien sûr,
21:34on en a parlé,
21:35les archives
21:36de la Défense,
21:38en particulier pour...
21:39Moi,
21:39quand on ne s'intéresse
21:41pas aux opérations militaires,
21:43il y a un aspect
21:44qui est très,
21:44très passionnant,
21:45c'est l'information secrète,
21:47l'information militaire
21:49à côté des opérations.
21:50Donc,
21:51la série A1
21:52est très importante
21:53pour cela.
21:54Je voudrais...
21:56On en a parlé
21:57des archives départementales,
21:59mais également,
22:00par exemple,
22:01le journal de Torcy
22:02qu'on a vu
22:02se trouve
22:03à la bibliothèque
22:03municipale de Versailles.
22:05Vous voyez là,
22:05pourquoi ?
22:06Alors,
22:07c'est un document
22:08qui était parti
22:09en Angleterre,
22:10qui a été acheté
22:12par un collectionneur,
22:14racheté par un autre
22:15collectionneur français
22:16qui en a fait don
22:17à la bibliothèque
22:18municipale de Versailles
22:19il y a quelques décennies.
22:21Donc,
22:22c'est un document
22:23qui a été publié
22:23au XIXe siècle,
22:24mais que la France
22:25n'avait plus.
22:27Et c'est un document
22:27extraordinaire,
22:28puisque c'est un peu
22:29quelques années
22:31de la politique,
22:33le journal
22:33d'un ministre
22:34des Affaires étrangères.
22:36Donc,
22:37je veux souligner
22:39par là même
22:39l'ampleur
22:40de ces sources
22:44dispersées.
22:45et également,
22:48ce que j'aimerais
22:49souligner
22:49pour terminer
22:51sur ce point,
22:52c'est comment
22:53certains fonds
22:54ont été
22:55divisés.
22:57C'est pour des raisons
22:59que je ne comprends pas
23:00toujours.
23:01Vous avez en particulier
23:02ce fonds Godefroy,
23:04vous avez évoqué
23:05Vesphalie,
23:06les Godefroy,
23:07il y avait un Godefroy
23:08à Vesphalie,
23:09c'est une famille
23:10qui a publié
23:11de gros livres
23:12sur le cérémonial,
23:14les savants Godefroy
23:15qui ont beaucoup
23:17publié
23:18sur ces faits
23:21diplomatiques
23:21au fil du temps.
23:24Et ils ont travaillé
23:25pour la monarchie française,
23:27en particulier
23:27lorsqu'il y avait
23:28des conquêtes
23:29au temps de Louis XIV.
23:31Vous connaissez bien sûr
23:32le livre de Jacob Saul
23:33sur ce thème-là,
23:36l'information de Colbert.
23:38Et on rassemblait
23:40les documents.
23:41Dès qu'on avait
23:42une conquête,
23:43on prenait
23:45tous les papiers
23:45et Jacob Saul
23:49cite d'ailleurs
23:50très bien
23:50une lettre de Colbert
23:51à Chaplin,
23:54je ne sais plus
23:54à quel historien
23:55qui lui demandait
23:55si on pouvait
23:56les publier.
23:57Et Colbert lui dit
23:57nous ne collectionnons
23:59pas ces papiers
24:00pour qu'ils soient
24:00publiés.
24:01Il s'agit de les garder
24:02pour nous
24:03pour valoir
24:04à des revendications.
24:06Et les frères Godefroy,
24:07surtout à ce moment-là
24:09c'était Denis Godefroy,
24:10a participé
24:11à cette collecte,
24:13si bien que les papiers
24:13Godefroy,
24:14on les trouve un peu partout.
24:15Il y a des papiers Godefroy
24:16à la bibliothèque municipale
24:18de Lille,
24:18par exemple.
24:20Moi, j'ai trouvé
24:20le journal
24:21d'introduction
24:21des ambassadeurs
24:22à Lille.
24:23C'est passionnant.
24:24À la bibliothèque
24:25de l'Institut,
24:26il y a un fonds Godefroy
24:28très important.
24:29Il y a un fonds Godefroy
24:30à la bibliothèque nationale,
24:31je crois.
24:32Donc, c'est typiquement,
24:34vous voyez,
24:35des rapines,
24:36mais au nom
24:37des intérêts
24:39de l'État
24:39et on les cache,
24:41ils ne sont pas très bien
24:42classés
24:42et on les a dispersés.
24:44Il y a un autre cas,
24:46j'ai souvent essayé
24:47de travailler
24:47avec des étudiants
24:48là-dessus,
24:49mais ce n'est pas si facile,
24:50c'est le maréchal
24:50duc de Noailles
24:51qui a été
24:53une sorte de quasi-ministre
24:55au temps de Louis XV,
24:56pendant très très longtemps,
24:57qui, dès le traité d'Utrèche,
25:00se mêlait
25:01d'affaires d'État.
25:02Saint-Simon disait
25:03qu'il faisait travailler
25:04dans les greniers
25:04des secrétaires
25:05sur les renonciations.
25:07Donc, vous voyez,
25:07c'était un travail collectif.
25:09C'était le neveu
25:09de Madame de Maintenon.
25:10C'est lui qui a sauvé
25:11les mémoires de Louis XIV.
25:12Donc, vous voyez,
25:13il y avait un intérêt
25:14très fort pour la documentation.
25:15Or, ces archives
25:16sont dispersées un peu partout.
25:17Elles sont immenses.
25:18Il a traité à peu près
25:20tous les sujets possibles
25:21et imaginables
25:22et ce sont des archives
25:25considérables.
25:26Il y en a,
25:26à Vincennes,
25:29il y en a
25:29à la Bibliothèque nationale,
25:30il y en a
25:30aux archives diplomatiques
25:32et là encore,
25:33je ne comprends pas
25:35et je ne sais pas
25:35à quel moment
25:36on a en quelque sorte
25:37divisé,
25:39peut-être au moment
25:40de la Révolution
25:40ou au moment
25:41d'une faillite
25:42de la famille,
25:42on a distribué
25:44ces papiers.
25:46Donc, il y a parfois
25:47des grandes difficultés
25:49à imaginer
25:50le parcours
25:52de ces fonds
25:52qui sont souvent
25:53d'une grande richesse.
25:54Le maréchal-Duc de Noa
25:55était un conseiller
25:58proche de Louis XV.
25:59Ils étaient très amis
26:01et il a certainement
26:04orienté souvent
26:05la politique royale.
26:08Donc,
26:08cet ensemble,
26:11je reprends un peu
26:12tout cet éventail
26:14de données
26:15qui nous ont été
26:17présentées
26:18par les intervenants.
26:20et ce que je voudrais
26:21souligner,
26:22c'est que finalement,
26:24ce qu'offrent
26:26ces archives diplomatiques,
26:28c'est aussi
26:29un type
26:30de document.
26:32C'est d'abord
26:33un discours politique.
26:35Des hommes,
26:36quelques femmes,
26:38parlent au nom
26:39d'un pays,
26:40d'une communauté
26:40d'intérêts
26:41et ils tentent
26:42en quelque sorte
26:43d'exposer
26:44les intérêts du prince,
26:46c'est-à-dire
26:46les intérêts
26:46de la nation
26:47et de l'État.
26:47Donc,
26:48c'est une caractéristique
26:51et c'est pour cela
26:52que mon correspondance
26:53politique
26:53est intéressante.
26:56Il s'agit
26:56d'idées politiques
26:59et en cela,
27:00ces archives
27:00s'inspirent,
27:02s'informent,
27:03se nourrissent
27:04de toutes les réflexions
27:06sur la politique,
27:07quelles qu'elles soient,
27:08de l'art
27:09sur l'art
27:09de gouverner les hommes,
27:11de la négociation
27:14avec eux
27:15jusqu'à leurs intérêts
27:17très précis,
27:18économiques en particulier.
27:20Ce sont également
27:21des documents,
27:23je dirais,
27:23rédigés.
27:24C'est-à-dire que,
27:26on l'a vu,
27:26ils sont aussi cryptés,
27:28mais ils sont d'abord
27:29rédigés.
27:30Ce sont souvent
27:30de très beaux textes
27:31et c'est pour ça
27:32que j'ai continué
27:33dans cette voie.
27:33C'est-à-dire que
27:34Daniel Roche
27:36m'avait orienté
27:37vers une idée
27:38de la paix
27:38au XVIIIe siècle,
27:40la présence culturelle
27:41de la paix
27:42et allant au ministère
27:44des Averses étrangères,
27:45j'avais d'abord trouvé
27:45très intéressant
27:46d'aller dans ce ministère
27:47et de voir ces archives
27:48et j'avais été fasciné
27:49et captivé
27:50par la qualité
27:51de l'écriture.
27:52Ces hommes écrivent
27:53en permanence
27:54dans une langue
27:55où il ne manque jamais
27:56un imparfait du subjonctif.
27:58Alors,
27:59la ponctuation manque,
28:01les majuscules manquent,
28:04mais la langue
28:05est soutenue
28:06parce que c'est une langue
28:07d'État,
28:07en quelque sorte.
28:08Ils parlent au nom du roi,
28:09ils parlent au nom de la France
28:10et c'est intéressant
28:11et c'est un travail
28:13d'écriture.
28:14J'ai un jour
28:15écouté une conférence
28:17de Jean-Bernard Raymond
28:18qui avait été diplomate
28:19et qui avait été
28:21à un moment
28:22ministre des Affaires étrangères.
28:23Il disait
28:23« J'ai écrit toute ma vie.
28:24Je ne savais pas
28:25à qui j'écrivais
28:26et pour qui j'écrivais,
28:27mais j'ai écrit toute ma vie.
28:28Écrire,
28:29une partie arrive
28:30et c'est intéressant. »
28:34C'est qu'on l'a vu
28:35tout à l'heure
28:36dans ce rapport,
28:37je crois,
28:38Mathieu,
28:39qui a parlé
28:39du rapport
28:40avec le roi.
28:41C'est une occasion
28:42où on parle au roi,
28:43où on peut parler au roi.
28:44Il ne faut pas rêver.
28:46C'est-à-dire que
28:46si le passage
28:47est intéressant,
28:48on va lire au roi
28:49et le roi va dire
28:50« Qui a écrit ça ? »
28:52Et c'est une façon
28:53de distinguer un homme,
28:55une famille,
28:55un lignage.
28:57Ce qui explique aussi
28:57souvent que ces écrits
28:59soient pittoresques.
29:03Vous parliez
29:04du chiffre.
29:05du chiffre.
29:06J'ai étudié
29:07les dépêches
29:09d'un agent
29:11qui s'appelait Poussin
29:12qui était dans
29:13les pays du Nord
29:13vers Hambourg.
29:15Dans ses lettres
29:16qui sont passionnantes,
29:17il est resté très longtemps
29:18au poste.
29:19Il chiffre
29:20tout ce qui a trait
29:21à la vie personnelle
29:23du prince,
29:23c'est-à-dire
29:24les amourettes,
29:25les secrets d'Alcove,
29:27tout ça est chiffré.
29:28Le reste,
29:29quand on parle
29:29des intérêts de la France,
29:30des intérêts économiques,
29:31il dit
29:32« Ça n'intéresse que moi
29:34et le ministre,
29:35ils ne chiffrent plus. »
29:37Et on voit bien
29:38que c'est...
29:38Et pourquoi ?
29:39Parce que c'est ça
29:40ce qui va être lu,
29:41ce sont les anecdotes
29:43personnelles
29:43et on voit bien
29:44que c'est une façon
29:45d'attirer l'attention.
29:46C'est d'ailleurs
29:47ce qui fait parfois
29:48l'intérêt,
29:50il faut bien le dire,
29:51de certaines correspondances.
29:53J'ai lu une correspondance
29:54de Naples,
29:54d'un choiseu
29:55qui était à Naples
29:56au moment du mariage
29:57de Marie-Caroline
29:58d'Autriche.
30:00C'est uniquement
30:01des histoires,
30:02excusez-moi,
30:03d'Alcove,
30:04c'est-à-dire
30:04il ne parle
30:06que de ce mariage,
30:08de la consommation
30:09de ce mariage,
30:10de l'entente
30:10entre le couple
30:11et il laisse
30:12un secrétaire,
30:13Béranger,
30:13très remarquable,
30:14le soin
30:14de parler
30:15des choses sérieuses,
30:16des choses diplomatiques.
30:18Lui,
30:19il parle
30:20de la vie personnelle
30:22de ses princes.
30:23C'est un peu
30:23people comme genre,
30:24c'est amusant,
30:25je peux vous assurer
30:26que c'est amusant
30:27parce qu'il n'a pas
30:28forcément
30:28des informations précises
30:30mais il parle de ça
30:32parce que c'est
30:33l'intérêt des princes.
30:34Donc il y a aussi,
30:35vous le voyez,
30:35tout un talent
30:37intellectuel et littéraire
30:39qui est nécessaire.
30:40D'où ces professions
30:43qu'on voit surgir
30:44à l'ombre
30:45des ambassadeurs,
30:46à les secrétaires.
30:48Tout ça passionne
30:49aujourd'hui.
30:49Qui écrit ?
30:51On en a parlé tout à l'heure.
30:52Qui écrit ?
30:53C'est très difficile.
30:55Catherine peut-être
30:56parce qu'elle avait
30:56la tête politique
30:58mais ce n'est pas toujours
30:58le cas.
30:59Louis XIV,
31:00à mon avis,
31:00il n'écrivait jamais.
31:02Je n'ai jamais vu
31:03une lettre à la main
31:04ou alors,
31:04parfois justement,
31:05dans une lettre à l'empereur,
31:06on lui donne un brouillon
31:07et on lui dit
31:09c'est la chasse.
31:10On le sait comme ça,
31:10il écrit un brouillon
31:11de condoléances à l'empereur
31:13et on lui dit
31:14ça y est,
31:14la chasse part
31:15et il donne à son secrétaire
31:16de la main
31:16et il lui dit
31:16vous terminez la lettre.
31:18Vous voyez,
31:18c'était une lettre
31:19purement de compliments
31:20mais dans les lettres
31:21très sérieuses,
31:22je ne pense pas
31:23qu'il écrive lui-même.
31:24Donc,
31:24c'est très complexe
31:26d'où l'intérêt
31:28de réfléchir
31:29à cette composition
31:30de ces documents,
31:32à la façon de l'écrire.
31:34Bien sûr,
31:35également,
31:35c'est une action,
31:36l'action diplomatique
31:38où nous avons vu
31:38les audiences,
31:39nous avons vu
31:40les négociations
31:41et ça,
31:42bien sûr,
31:43c'est important
31:44et tout à l'heure,
31:46Mathieu l'a bien souligné,
31:48les marges de manœuvre,
31:50cet éloignement,
31:52ce délai temporel.
31:53Il est certain
31:54qu'aujourd'hui,
31:55le métier d'ambassadeur
31:55n'est plus le même
31:56puisqu'il y a le téléphone.
31:58Donc,
31:59quand on était
32:00à Constantinople,
32:02il fallait quelques mois
32:03pour donner un rapport.
32:05Donc,
32:05il fallait bien décider.
32:06Ce qui fait d'ailleurs
32:07que quelques fois,
32:08les femmes avaient de l'importance
32:09dans ces cas-là,
32:10c'est quand le mari mourait.
32:12Il fallait le remplacer.
32:14C'est arrivé pour,
32:15excusez-moi,
32:17pour Gérardin,
32:18Gérardin a été remplacé
32:23par son épouse.
32:25Il y a eu une sorte
32:25de conflit entre l'épouse
32:27et le premier secrétaire.
32:29Enfin,
32:30ces documents
32:32nous permettent
32:33de connaître l'étranger.
32:34c'est une des forces
32:39de cette documentation.
32:46Les diplomates
32:49analysent,
32:51observent
32:53tous les milieux
32:54dans lesquels ils sont
32:55et on peut dire
32:56que ces sources diplomatiques
32:57sont parmi les plus riches
32:59pour connaître l'autre.
33:00On parle beaucoup
33:01de l'autre,
33:01de l'altérité,
33:03indéniablement,
33:05pour connaître un pays,
33:08il faut souvent
33:09aller voir,
33:11aller lire
33:12les récits,
33:14les témoignages
33:15des diplomates.
33:17Et je ne sais pas
33:18s'il y a ici
33:19des professeurs,
33:20mais on donne,
33:21oui,
33:22Mathieu,
33:22par exemple,
33:23on donne souvent
33:24des documents
33:25qui sont
33:26des documents
33:28de diplomates.
33:29Pour Louis XIV,
33:30Spanheim,
33:32quand on n'a pas
33:33d'idée,
33:34on donne un texte
33:35de Spanheim
33:35à analyser
33:37aux étudiants.
33:38Au moins,
33:39c'est clair,
33:40il y a une certaine distance
33:42et il y a beaucoup
33:44de choses
33:44et série.
33:46Et on pourrait faire
33:47la même chose
33:48pour Louis XIV.
33:49Je suppose que
33:50dans toute l'Italie,
33:51tous ces résidents
33:54qui sont restés
33:5530 ans à la Cour
33:56ont analysé
33:58la Cour de France
33:59par le menu
34:00et ce sont des ressources
34:02très importantes.
34:03Et bien sûr,
34:03pour l'ensemble du monde,
34:05plus le temps va,
34:06plus les archives diplomatiques
34:09ont été,
34:09avec d'autres,
34:10une sorte de secrétariat
34:13du monde.
34:14Souvent,
34:15on parle de domination
34:16de l'Europe du monde,
34:16mais je n'y crois pas trop.
34:18Elle a existé,
34:19mais peut-être,
34:20au XIXe siècle.
34:21Mais en même temps,
34:23les Européens
34:24ont parlé du monde
34:25et se sont mis,
34:26se sont mis finalement
34:28en scène
34:29dans le monde.
34:31Et même s'ils avaient
34:33des humiliations,
34:33même s'ils n'étaient pas tellement,
34:35ils ne réussissaient pas tellement,
34:36ils racontaient finalement
34:37une belle histoire.
34:40Ce qui a donné
34:41ce ton un peu insupportable
34:43aujourd'hui
34:43pour les historiens
34:46du monde entier,
34:47ce discours surplombant,
34:50en quelque sorte,
34:51où les diplomates
34:54regardent une humanité
34:55avec distance.
34:56Mais au moins,
34:56ils la regardent.
34:57Et ils en parlent
35:00et ils en écrivent.
35:02Je regarde en ce moment
35:03les ambassades du Siam,
35:07vous savez,
35:07au temps de Louis XIV,
35:08ça a duré quelques années,
35:09trois, quatre ans.
35:11Mais la documentation
35:12réunie par les Français
35:14à cette occasion-là
35:15est extraordinaire.
35:16Tous ces Français
35:16se sont mis à écrire
35:17de façon frénétique.
35:20La Louberte
35:21a laissé un livre énorme
35:23sur le Siam
35:23qui est un document
35:24extraordinaire.
35:25Il parle de la vaisselle,
35:27il parle des habits.
35:29C'est un document
35:30ethnologique,
35:31anthropologique
35:31extraordinaire.
35:33Et bien sûr,
35:34pour les Thaïlandais
35:34d'aujourd'hui,
35:35c'est un document
35:36très intéressant
35:37parce que c'est
35:37la vision de leur pays
35:39à un moment donné.
35:40Une sorte de coupure,
35:42comme si une armée
35:43de savants
35:45était venue
35:46étudier leur pays
35:48et ces documents
35:50sont très passionnants.
35:52Je terminerai enfin
35:53en disant
35:54que cette documentation
35:57sur la diplomatie
35:58a finalement
35:59créé
36:03une historiographie singulière
36:05qui a beaucoup évolué
36:06à travers le temps.
36:08Je pourrais y passer
36:08des heures.
36:10Mais nous l'avons vu
36:11au XVIIIe siècle,
36:12il y a eu l'idée
36:12qu'il y avait un fonds précieux
36:14auquel simplement
36:16quelques-uns avaient accès.
36:17Mais à l'intérieur
36:18de ce fonds,
36:19déjà à l'intérieur
36:19du ministère,
36:21certains se sont mis
36:21à écrire,
36:22en particulier Le Dran
36:23qui a fait des synthèses
36:25sur tout et n'importe quoi.
36:27Immense travail.
36:29M. Fournier
36:29qui a travaillé avec moi
36:31en a fait le répertoire
36:32qu'il n'a pas pu publier.
36:33Il l'a publié
36:34à ses propres frais.
36:36C'est merveilleux.
36:37C'est un très gros livre
36:37où il a analysé
36:39tout ce travail
36:40de Le Dran
36:41qui est étonnant.
36:43Et sur tous les sujets,
36:44il lisait les dépêches
36:45et en faisait des synthèses.
36:47Il prenait des extraits.
36:49C'est très rigoureux.
36:50C'est très intéressant.
36:51C'est une idée
36:52de faire des manuels
36:54pour diplomates
36:55sur des sujets variés.
36:56Et il a...
36:57C'était pendant sa période
36:58en fait de disgrâce.
37:00Quand il n'était pas commis,
37:01on le mettait chef des archives
37:03et il travaillait
37:04comme nous le faisons,
37:05en fait.
37:05un peu...
37:06Il mettait bout à bout
37:07des documents.
37:09Ces travaux ont débouché
37:12au début du XIXe siècle
37:13sur l'histoire diplomatique
37:17de Racine, de Flaçan.
37:20C'est une étape importante.
37:22Et progressivement,
37:23sur une réflexion
37:24à propos de la publication.
37:26Et c'est Minier,
37:28l'ami de Thiers,
37:28qui a commencé à publier.
37:30Il était garde des archives.
37:31Puis, à la fin du siècle,
37:33on l'a permis aux savants
37:34de prendre des notes.
37:37Je crois que Sorel
37:38n'avait pas le droit
37:39d'avoir de crayons.
37:41Et ce qui a fait
37:42son admirable
37:42La Révolution et l'Europe,
37:46il écrivait en fin de journée
37:48ce qu'il avait retenu
37:50d'une lecture des papiers.
37:51Vous voyez donc...
37:52Et c'est toute une école
37:53qui est apparue.
37:55Albert Sorel,
37:55Émile Bourgeois,
37:56Georges Pajolès.
37:57Donc, une sorte d'école
37:58positiviste de la diplomatie.
38:00Or, c'est étonnant.
38:02Vous voyez,
38:02ça a été une somme
38:03de grands livres.
38:05Cela a suscité
38:05une sorte de rage.
38:07C'est apparu
38:08comme ce qu'il ne fallait
38:09plus faire.
38:10Et vous savez bien
38:10qui ont été
38:12les plus féroces.
38:14C'est Lucia Fèvre
38:15et Brodel.
38:16Pour eux,
38:16c'était de l'anti-histoire.
38:18L'histoire à ne pas faire,
38:20c'était de l'histoire diplomatique.
38:21L'histoire d'en haut.
38:23Eux, ils voulaient faire
38:23l'histoire d'en bas.
38:25Et c'est intéressant, d'ailleurs.
38:26Finalement,
38:27qu'est-ce que c'est
38:27que la Méditerranée
38:28au temps de Philippe II ?
38:30C'était un livre
38:31qui, à l'origine,
38:31était la politique
38:32méditerranéenne
38:33de Philippe II.
38:34Et Brodel renverse
38:35la chose,
38:36dit,
38:37« Mon personnage principal,
38:39c'est la Méditerranée.
38:41Philippe II n'a aucune importance. »
38:42Et à la fin de son livre,
38:45il a écrit,
38:45« Ah, si je me souviens
38:46de Philippe II. »
38:46Et il le fait mourir.
38:48Des pages admirables.
38:49D'ailleurs,
38:49la mort de Philippe II,
38:50c'est un chef-d'œuvre.
38:51Mais vous voyez,
38:52c'est vraiment
38:53un changement total
38:55de perspective
38:56qui reste important
38:58puisque toute l'école
38:59historique française
39:00s'est construite
39:01dans cette vision-là.
39:03Alors,
39:03moi-même,
39:04je suis arrivé
39:04dans cette situation-là
39:06et vous le voyez,
39:07si j'ai pu peut-être
39:09avoir un peu la parole,
39:12c'est que, justement,
39:13je n'ai pas voulu faire
39:13de l'histoire diplomatique.
39:14J'ai considéré
39:15que tout était connu,
39:16qu'on savait
39:16ce qu'était la paix d'Utrèche
39:18et j'ai étudié
39:19ce que racontaient
39:19ces documents,
39:20c'est-à-dire les lire
39:21dans leur diversité,
39:22j'allais dire dans les coins.
39:24Alors,
39:24les espions,
39:25les agents,
39:26la formation,
39:27les pratiques
39:28de la négociation,
39:31comment on parle,
39:32comment on écrit,
39:33comment on se lève,
39:33comment on réagit
39:34et puis aussi
39:35les idées générales
39:36qui transparaissent
39:37de ces textes.
39:39Qu'est-ce que ça nous dit
39:39sur les préjugés,
39:41sur la vision
39:42de l'organisation ?
39:43Alors,
39:43ça a marché.
39:44Espion et ambassadeurs
39:46a été un livre
39:46en 1990
39:47qui a été lu,
39:49qui a été commenté
39:50aux Etats-Unis.
39:51J'ai eu un énorme
39:52compte-rendu.
39:53Donc,
39:53pendant quelque temps,
39:54finalement,
39:54on a pu travailler.
39:56Finalement,
39:57ça a été,
39:58beaucoup de chercheurs
39:59se sont mis à travailler
40:00sur ces sujets-là.
40:01Bien sûr,
40:01pas dans le terme
40:02de l'histoire diplomatique
40:03de Flaçant
40:04où on raconte
40:05les guerres et les paix,
40:07mais en trouvant des sujets,
40:10il y a eu,
40:11ça a été fécond,
40:11me semble-t-il.
40:12Mathieu a travaillé
40:13sur l'idée
40:14de la correspondance,
40:16par exemple,
40:16et bien d'autres savants
40:18ont pu travailler.
40:19Il y a eu de nouveau
40:20dans les années 2000
40:21une sorte de remise en cause.
40:22On nous a dit,
40:23non,
40:23c'est des puissants,
40:24tout ça.
40:25C'est des dominateurs,
40:27ce sont quand même
40:28des diplomates
40:28qui écrivent,
40:29et le peuple,
40:30là-dedans,
40:31ça n'a aucun intérêt.
40:32quel intérêt des traités ?
40:33Les traités,
40:35brûlez-les.
40:36C'est un élément
40:38de domination des peuples
40:39et ça a donné lieu
40:41à des livres
40:43intéressants.
40:45On disait,
40:45ce qui compte,
40:46c'est la contrebande.
40:48Voilà,
40:48ça,
40:48c'est un rapport
40:49entre les peuples.
40:50Et même l'histoire internationale,
40:52le mot international
40:53a été banni.
40:54si vous allez
40:55à l'EHESS
40:57ou à l'école normale supérieure,
40:59ce mot est interdit.
41:02On parle de transnational.
41:04On fait de l'histoire
41:04transnationale.
41:06Alors,
41:06pour l'histoire contemporaine,
41:07on hésite un peu,
41:08parce que ça,
41:08c'est quand même un peu difficile
41:09de le bannir.
41:11Mais pour les périodes anciennes,
41:12il y a une sorte de difficulté,
41:14vous voyez,
41:14je vais dire,
41:16méthodologique
41:17et intellectuelle.
41:18Alors,
41:18par chance,
41:19Huda Ombéli est apparu
41:20venant des États-Unis
41:22dans les années 2010
41:23parce que,
41:24brusquement,
41:25beaucoup d'historiens
41:26de la littérature,
41:27de l'art,
41:29se sont mis à étudier
41:29les diplomates
41:30en disant
41:31que les missions diplomatiques
41:33offrent des vues culturelles.
41:37Ces diplomates
41:37s'intéressent à la littérature,
41:39ils écrivent bien,
41:40ils regardent autour d'eux,
41:41leurs textes sont intéressants.
41:43Et donc,
41:44il y a eu de nouveau,
41:45vous voyez,
41:45une sorte d'intérêt,
41:46mais je dirais,
41:47par d'autres disciplines
41:48et c'est heureux.
41:49Et beaucoup de chercheurs
41:52ou de chercheuses,
41:53d'ailleurs,
41:54se sont intéressés.
41:55Et vous voyez,
41:55par exemple,
41:55je dis chercheuses
41:56parce que beaucoup de...
41:58la place des femmes
41:59est apparue.
42:00C'est-à-dire,
42:01les femmes,
42:01on ne s'en souciait pas
42:02parce que ce n'est pas
42:03elles qui signent
42:04les traités.
42:05La femme d'un diplomate,
42:06qu'est-ce qu'elle fait ?
42:07Elle reçoit.
42:09Elle fait circuler
42:10les petits fours.
42:11Et on a dit,
42:12ben voilà,
42:12ça,
42:12ça fait partie du travail.
42:14Le working couple,
42:16là,
42:16on a inventé
42:16les working couples.
42:18C'est un couple
42:18qui travaille
42:19et madame,
42:20eh bien,
42:21elle fait,
42:21elle utilise
42:22le soft power.
42:24Elle a des contacts
42:25avec les autres.
42:26Enfin,
42:26vous voyez,
42:26ça a été une critique,
42:28finalement,
42:29très féconde.
42:30Voilà quelques images
42:31que je voulais vous donner
42:32d'une documentation
42:35qui est exceptionnelle,
42:37d'une grande richesse,
42:37d'une grande variété
42:38et qui offre
42:39des pistes innombrables
42:41encore à explorer
42:42et d'une thématique
42:44qui doit être discutée,
42:47qui doit être nuancée
42:50mais qui offre quand même
42:52cet avantage immense
42:55d'être une documentation
42:57et une étude
42:59qui fait découvrir
43:00d'autres mondes,
43:02qui lance des passerelles
43:03entre les cultures,
43:04entre les pays,
43:05voire entre les continents.
43:07Je vous remercie.
43:07Applaudissements
43:17...
Recommandations
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