Comment travaillent les enquêteurs pour déterminer l'origine des incendies ?

Sud Radio

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Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, 8h10h, Benjamin Glaze.

00:04Sud Radio, il est à 8h15, c'est à la une.

00:06Comment travaillent les enquêteurs pour déterminer l'origine des incendies ?

00:10Depuis le début de l'été, les feux se multiplient.

00:12Dans l'Aude, l'incendie a finalement été fixé.

00:15C'était le cas depuis hier soir.

00:16Il a parcouru au total 2100 hectares.

00:20Colonel Francis David, bonjour.

00:22Bonjour Benjamin.

00:23Commandant du groupement de gendarmerie de l'Aude,

00:25un grand merci d'être avec nous ce matin.

00:27Je disais, le feu qui est tout juste fixé,

00:29ça veut dire qu'il ne progresse plus, mais qu'il continue de brûler.

00:33L'enquête a été confiée, colonel, à la brigade de recherche de Narbonne.

00:37Les investigations ont-elles déjà commencé sur place ?

00:41Les investigations, en fait, dès le début de l'incendie,

00:44les gendarmes sont mobilisés.

00:46D'abord en concours de nos camarades pompiers

00:49et sous l'autorité du préfet pour la mise en sécurité des axes,

00:53la mise en sécurité des populations.

00:55Donc on y contribue.

00:56Et il existe depuis 2020 sur le département de l'Aude

01:00une cellule de recherche des causes de l'incendie

01:03qui est composée de trois types de participants.

01:07Un agent de l'Office national des forêts de l'Aude,

01:09un sapeur-pompier de l'Aude et un gendarme de l'Aude

01:11qui est généralement un technicien en investigation criminelle.

01:14Dès le début de l'incendie, ils sont saisis pour identifier le lieu de départ

01:17de l'incendie et permettre de comprendre

01:19par où il est parti et actuellement identifier la cause,

01:23la cause et l'origine qui peut être utile pour l'évolution de l'action des pompiers sur le terrain.

01:28Donc ça, c'est le premier élément.

01:29Ça s'est engagé dès le départ.

01:31Ça, c'est quelque chose qui se fait en lien avec les pompiers et donc l'ONF.

01:36Et assez rapidement, pour le coup, sur l'incendie en question,

01:39le procureur de la République de Narbonne a saisi la brigade de recherche

01:43de gendarmerie de Narbonne, effectivement.

01:45Et dans ce cadre, le technicien en investigation criminelle

01:48est allé sur le lieu de départ supposé

01:51et a traité cet endroit-là comme une scène d'infraction,

01:56une scène de crime, au même titre que n'importe quelle autre scène de crime.

01:59Il opère des prélèvements sur le terrain,

02:01des prélèvements de terre, des prélèvements d'indices qui seraient éventuellement présents,

02:04la présence éventuellement de mégots, la présence éventuellement de bidons

02:08avec des produits accélérants pour les incendies.

02:12Et là, en l'occurrence, on a même un chien qui est spécialisé

02:14dans la recherche d'hydrocarbures qui a été engagé.

02:17Et le procureur de la République a désigné un expert

02:20pour nous aider à comprendre comment le feu a démarré

02:24et essayer de déterminer de quelle nature est l'origine du feu.

02:29Est-ce qu'elle est liée aux conditions climatiques ?

02:31Est-ce qu'elle est liée à une action humaine ?

02:34Qu'il soit volontaire ou involontaire ?

02:36Et on en est à cette phase-là de recherche d'indices

02:38et de collecte d'indices sur le terrain.

02:39Ça veut dire, colonel, que vous savez aujourd'hui

02:42à quel endroit précisément est parti cet incendie ?

02:46Ça a été déterminé en lien avec les pompiers.

02:49D'ailleurs, sur l'ensemble des cartes

02:52qui peuvent être projetées par les pompiers

02:54quand ils font leur point presse,

02:55vous avez la manière dont le feu progresse.

02:58Et forcément, vous avez le lieu de départ de l'incendie

03:01qui est déterminé.

03:02Et donc, il est déterminé, comme je l'expliquais,

03:04avec une cellule qui permet, dès le départ,

03:07avec un agent de l'Office national des forêts,

03:10lui qui connaît la forêt,

03:11qui connaît la nature de la végétation qui est présente.

03:14Le pompier qui connaît la manière dont le feu va se déplacer.

03:17Et le gendarme qui lui est présent dès le début

03:20pour avoir un œil un peu plus aiguisé

03:22par rapport à une partie judiciaire éventuelle

03:24à mettre en route ou pas.

03:25Alors, là, ce qu'on entendait,

03:27c'est que la piste privilégiée,

03:28ce serait le mégot de cigarette.

03:30C'est-à-dire que vous en avez trouvé un

03:31sur le lieu supposé de départ de l'incendie ?

03:35Alors, je ne vais pas rentrer dans le détail,

03:37bien entendu.

03:37Vous comprendrez bien que l'enquête

03:39n'est pas dans l'état.

03:40Il y a effectivement plusieurs prélèvements

03:42qui ont été opérés sur le lieu.

03:43Et effectivement, je pense que dans les prélèvements,

03:45il y a au moins un mégot

03:47qui a été prélevé, effectivement.

03:48Dans ce cas-là...

03:48Sans pouvoir vous dire...

03:49Oui, bien sûr.

03:50Sans pouvoir vous confirmer au moment où vous parle que...

03:52Si on trouve, alors, que ce soit un mégot ou autre chose,

03:55ce sont des indices, en l'occurrence,

03:58qui ont brûlé.

03:59Donc, est-ce qu'on peut faire un relevé d'ADN ?

04:02Est-ce que ça peut fonctionner, ça ?

04:03Alors, c'est une question qui a souvent été posée.

04:06Donc, le lieu de départ, le feu progresse.

04:09Les pompiers vous expliqueraient ça mieux que moi.

04:11Et donc, le mégot, il est l'origine du feu.

04:16Mais en fonction d'où vient le vent,

04:18le feu va partir de l'endroit où il est.

04:20Et le mégot, au départ, n'est pas forcément

04:22complètement consumé.

04:24Il faut comprendre aussi que parfois,

04:25il y a des reprises de feu.

04:27Parce que le feu parcourt une superficie.

04:29Mais il ne brûle pas toute la superficie.

04:31Donc, en fonction des conditions de vent

04:33qui peuvent changer,

04:35le feu peut reprendre.

04:36Et le feu peut passer deux fois au même endroit.

04:38Parce que le feu avance.

04:40Et donc, il ne brûle pas forcément complètement

04:42la surface sur laquelle il est passé.

04:45Et donc, en l'occurrence, sur le lieu de départ,

04:47on a une préservation des indices

04:49qui est généré par cette manière.

04:53Donc, le feu progresse.

04:54Donc, le mégot, il n'est pas forcément

04:56complètement volé.

04:57On est en capacité,

04:58notamment en sollicitant l'IRCGN,

05:01de faire des analyses sur les prélèvements.

05:04C'est la gendarmerie technique, c'est ça ?

05:06C'est ça.

05:07C'est l'Institut de recherche de criminologie

05:09de la Gendarmerie Nationale qui est à Paris.

05:11Enquête confiée,

05:13on en parlait tout à l'heure

05:14à la brigade de recherche de Narbonne.

05:17Combien d'enquêteurs on a de mobilisés

05:19sur une telle enquête ?

05:21Là, pour le coup,

05:22on a une demi-douzaine d'enquêteurs

05:23qui sont mobilisés,

05:24tout confondu,

05:25par rapport aux investigations

05:27qui sont à mener.

05:28Alors, on a une montée en puissance

05:29qui est faite dès le départ

05:31en fonction de l'endroit

05:32pour faire de l'enquête de voisinage.

05:34On est vraiment sur une enquête

05:35assez classique

05:36qu'on conduit dans n'importe quel type

05:38d'infraction à traiter.

05:42Donc, il peut y avoir une enquête de voisinage.

05:44On peut avoir aussi, vous savez,

05:46une saisie des systèmes de vidéosurveillance

05:48qui sont sur les axes

05:49ou dans les communes

05:50qui ont pu être traversées

05:51s'il s'agit d'un acte accidentel

05:55ou intentionnel,

05:55s'il y a une intervention humaine.

05:56C'est le cas dans 9 fois sur 10.

05:59Donc, on a toute une série

06:02de mesures et de constatations

06:04qui sont effectuées.

06:04Donc, il y a une demi-douzaine

06:06de gendarmes engagés.

06:07Au départ, il peut y en avoir

06:08un peu plus par rapport

06:09au recueil d'indices sur le terrain

06:12en fonction de la zone de départ.

06:13Bien sûr.

06:14Pour conclure, colonel, rapidement,

06:16les peines encourues

06:17en fonction si c'est volontaire

06:19ou involontaire, c'est quoi ?

06:21Alors, si c'est involontaire,

06:23on est dans le cas d'un délit.

06:24Donc, les peines encourues,

06:26c'est...

06:26Là, on n'a pas constaté de décès

06:29et fort heureusement,

06:30c'est jusqu'à 5 ans d'emprisonnement

06:31et 100 000 euros d'amende.

06:33Si on constate des décès,

06:34quand c'est intentionnel,

06:35quand c'est involontaire toujours,

06:37on peut encourir 10 ans d'emprisonnement

06:39et 150 000 euros d'amende.

06:41Et dès qu'on est sur un côté intentionnel,

06:43donc il y a une volonté manifeste

06:44de mettre le feu,

06:46là, on encourt une peine criminelle

06:48de réclision maximale de 15 prisons

06:51et 150 000 euros d'amende.

06:53Merci.

06:54Merci, colonel Francis David,

06:56commandant du groupement

06:56de gendarmerie de l'Aude.

06:58Un grand merci pour toutes ces explications.

07:00Je vous souhaite une très belle journée.

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