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  • 08/07/2025
Il est le premier flic de France et pour la première fois il prend la parole : sécurité du quotidien, criminalité organisée, affaire Nahel... Regardez l'interview de Louis Laugier, directeur général de la police nationale.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Olivier Bost du 08 juillet 2025.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:02Et donc c'est une première au micro pour lui, il est le premier flic de France, il est l'invité de RTL ce matin.
00:09Bonjour Olivier Boss.
00:10Bonjour.
00:10Votre invité est donc le directeur général de la police nationale.
00:14Louis Logier, bonjour.
00:15Bonjour.
00:15Lutter contre le narcotrafic parce qu'il tue, parce qu'il gangrène des quartiers est une priorité du ministère de l'Intérieur.
00:23Le travail de la police nationale est-il efficace ou il s'agit d'un océan qu'on vide quelque part à la petite cuillère ?
00:31C'est un travail qui se manifeste à deux niveaux.
00:33Au niveau de la gestion des points de deal, qui est un sujet qui est régulièrement abordé et qui porte ses fruits,
00:38puisqu'en 2020 vous devriez avoir à peu près 4000 points de deal au niveau national et on est à 3000 aujourd'hui.
00:43Et d'autre part, un travail qui s'exerce sur les filières, donc les filières d'acheminement.
00:49D'ailleurs tout cela, si vous voulez, il faut se dire que c'est la misère humaine,
00:51parce que les points de deal, ça signifie des quartiers entiers ou des points dans des quartiers qui sont des points dévastés d'un point de vue social
00:57ou des pauvres gens n'ont plus de vie sociale normale.
01:00Vous avez un gamin de 15 ans qui va faire la loi sur un secteur.
01:04Et donc je pense que c'est un sujet essentiel pour nos concitoyens de voir que nous luttons contre ce phénomène.
01:10Et puis vous avez les filières sur lesquelles c'est un travail complexe.
01:14Pourquoi ? Parce que nous avons affaire à des gens qui ont beaucoup d'argent, qui sont très organisés.
01:18D'où la loi qui a été votée récemment sur le narcotrafic et qui permet de s'attaquer de manière plus aisée
01:23à des filières dans la durée et faire tomber des personnes de manière conséquente.
01:28On va revenir sur différents points que vous venez d'évoquer, mais qu'est-ce qu'indique la hausse du nombre de morts
01:32dans des règlements de compte ? Que le travail de la police perturbe les trafiquants
01:37ou que la concurrence entre trafiquants est de plus en plus violente ?
01:40Alors, d'abord la hausse n'est pas avérée de manière constante.
01:44C'est-à-dire qu'il y a des années où vous avez plus ce qu'a été en 2023, de mémoire,
01:47et là c'est régulièrement...
01:50Ces dernières années ça a...
01:52Régulièrement le fruit en tout cas en...
01:53Vous avez eu des pics.
01:55Et le pic de 2023 était lié notamment à des oppositions entre différents clans.
02:02Je vous l'ai dit, c'est une matière extrêmement conséquente d'un point de vue financier.
02:05Donc cela attire les appétits et inévitablement on a des confrontations.
02:10Donc le travail que nous menons nous, c'est d'éviter que les points de deal qui sont des points de confrontation subsistent.
02:17Et donc vous avez un contrôle, un démantèlement de points de deal toutes les demi-heures sur le territoire.
02:21C'est ce qu'on appelle les opérations place nette ?
02:24Alors vous avez deux choses.
02:26Vous avez les opérations place nette qui sont des opérations qui ont été revisitées différemment
02:29parce qu'elles ont pris une dimension judiciaire plus poussée,
02:33avec un appui d'unité nationale d'investigation
02:36qui vienne appuyer les services sur le terrain.
02:40Donc en gros vous avez une judiciarisation plus poussée que ce qu'on faisait auparavant
02:44pour s'attaquer justement aux filières.
02:46Et puis vous avez l'opération quotidienne...
02:47C'est pour éviter qu'on fasse le ménage entre guillemets un jour
02:49et que le lendemain le trafic réapparaisse ?
02:52C'est pour faire que le ménage que nous faisons soit plus profond, si vous voulez.
02:58Et puis vous avez l'opération qui est constante de démantèlement de points de deal
03:02et celle-ci est réalisée par tous les services sur le terrain.
03:06Je vous le dis, toutes les demi-heures en moyenne, vous avez un point de deal qui est démantelé.
03:09Et donc moi je tiens à rendre aussi hommage aux policiers
03:11parce que là-dessus il faut quand même une certaine opiniâtreté
03:14pour continuer à travailler de manière constante sur le terrain ainsi pour nos concitoyens.
03:18Vous parliez des jeunes de 13, 14, 15 ans qui sont dans ces trafics
03:23et pour certains tueurs à gages.
03:25Quelle est l'ampleur de ce phénomène de jeunes tueurs à gages
03:28et puis comment on peut lutter contre ce phénomène ?
03:30C'est très difficile de vous répondre ainsi
03:32parce que vous avez une expression de la radicalité
03:36qui a augmenté dans les actions de certains jeunes sur le terrain
03:40qui sont recrutés d'ailleurs parfois sur des réseaux, parfois par relation.
03:44et pour rentrer dans une telle démarche il faut déjà avoir perdu beaucoup de repères.
03:51Donc l'ampleur, il n'y a pas de hausse majeure de la délinquance chez les mineurs
03:55en revanche il y a une expression de la radicalité qui est plus poussée
03:58et qui se traduit notamment par le type d'actes que vous venez d'évoquer.
04:02Ceci dit vous avez aussi beaucoup de jeunes qui se retrouvent uniquement guetteurs sur un point de deal
04:06et qui sont là aussi des personnes totalement exploitées par des responsables de points de deal
04:12qui sont en fait des victimes potentielles
04:14parce que vous évoquez celui qui va les tirer sur quelqu'un d'autre
04:17mais il y a celui qui va se faire tirer dessus aussi.
04:19Et finalement quand on regarde bien quelqu'un qui est sur un point de deal
04:22son destin est assez limité.
04:25C'est aussi pour cela qu'on intervient
04:26parce qu'on ne peut pas non plus laisser une misère se développer ainsi
04:28au-delà de la contamination que ça a pour nos concitoyens.
04:31Louis Logier, vous êtes directeur général de la police nationale.
04:33Dans ce contexte contre le trafic de drogue, il y a une affaire embarrassante pour la police.
04:38A Lofast, l'Office anti-stupéfiants de Marseille,
04:41cinq policiers dont la patronne et l'adjoint du service ont été mis en examen.
04:45Alors en clair, pour résumer l'histoire,
04:47ils devaient arrêter des trafiquants lors d'une grosse livraison de cocaïne en provenance de Colombie.
04:51Le bilan, c'est que la drogue a disparu et qu'il n'y a eu aucune interpellation.
04:55C'est le fiasco d'une enquête où des policiers se sont carrément transformés en trafiquants.
05:00Lofast, vous savez, sont plusieurs centaines d'enquêteurs
05:03au niveau national.
05:04Ce sont des personnes qui, tous les jours, nous sauvent la vie de manière indirecte
05:06puisqu'elles font des saisies incroyables.
05:11Donc c'est un travail énorme.
05:12Là, vous défendez l'Office dans sa globalité.
05:14Dans sa globalité, il y a une quinzaine d'antennes, dont celle de Marseille.
05:16Et le cas marseillais.
05:17Et j'y viens.
05:18Donc il y a une quinzaine d'antennes, dont celle de Marseille.
05:21Et donc, pour l'instant, rien ne dit que l'antenne de Marseille pose des difficultés dans sa globalité.
05:25En revanche, vous avez cinq personnes qui, actuellement, sont mises en examen,
05:29avec d'ailleurs des suites différentes selon les situations.
05:34Donc je me garderai bien, sur une enquête qui est en cours, de tirer une généralité.
05:38En revanche, ce que je peux vous dire, c'est que ce sont les enquêteurs qui travaillent dans le domaine des stupéfiants,
05:43exercent des missions extrêmement difficiles.
05:45Parce que pour arriver à remonter des filières, on est régulièrement en contact avec des personnes
05:49qui ne sont pas forcément très fréquentables.
05:51Il faut arriver à respecter un certain nombre de procédures pour pouvoir éviter d'avoir des difficultés.
05:56Pour autant, sur la situation que vous venez d'évoquer,
05:59une enquête de l'IGPN a été mandatée, au-delà de l'aspect judiciaire,
06:03pour regarder s'il y a des dysfonctionnements en interne
06:06qui ont pu mener à, justement, l'absence de respect de certaines procédures, à une certaine dérive.
06:10C'est quelque chose qui nous permettra, après ça, de s'assurer que le reste corresponde bien à accueillir des charges précis
06:16et d'éviter d'avoir ce type de situation qui se renouvelle.
06:18Mais encore une fois, je le dis, rappelons-nous que c'est plusieurs centaines d'enquêteurs
06:21qui font un travail extrêmement conséquent au niveau national.
06:24Une question sur une toute autre affaire.
06:25Le policier qui a tué Naël en juin 2023 à Nanterre n'a pas été encore jugé.
06:31Mais il a retrouvé un commissariat.
06:32Il a été muté dans la ville de son choix, dans le sud-ouest.
06:35Avez-vous accepté cette mutation ?
06:37Et est-ce que ce n'est pas choquant alors qu'il n'est pas encore jugé ?
06:40Il est mis en examen pour meurtre ?
06:42Bon, tout d'abord, si on remet le chaud en perspective,
06:45c'est une affaire qui est arrivée dans le cadre d'un refus d'obtempérer.
06:50Alors, c'est un drame.
06:51Il y a eu un mort, c'est un drame.
06:52Pour nous tous, c'est un drame, quelles que soient les circonstances.
06:56Après ça, vous avez la situation plus particulière de ce policier.
07:00Ce policier, n'oublions pas qu'il était victime de menaces, sa famille également.
07:03Au moment où vous l'oubliez très justement, il n'est pas jugé.
07:08Il a un contrôle judiciaire qui lui permet d'exercer ses fonctions.
07:11Je ne pouvais pas le laisser là où il était.
07:13Décemment, ce n'était pas possible, ni pour lui, ni pour sa famille.
07:16Donc, il a été effectivement muté.
07:19Et cette mutation permet de retravailler dans des conditions qui sont adaptées au contrôle judiciaire.
07:24Les polices municipales et la vidéosurveillance font débat en ce moment.
07:28Alors, sans s'immiscer dans la politique, mais pour apporter votre point de vue et puis surtout des faits.
07:33Deux questions simples.
07:34Est-ce que la vidéosurveillance est devenue indispensable aujourd'hui à la police et aux enquêteurs ?
07:40Qu'est-ce qu'elle permet aujourd'hui de résoudre dans la part des enquêtes ?
07:43Je pense qu'on peut dire qu'on est dans une forme de continuum de sécurité
07:46qui permet de prendre conscience que la société, dans sa globalité, doit savoir aussi s'unir pour lutter contre les dérives d'insécurité.
07:56Et la vidéosurveillance permet notamment, dans certains cas de manière prédictive,
08:01voir qu'est-ce qui va se passer dans certains secteurs, parce qu'on a quand même une phase d'observation.
08:05Et puis, le permet également tout ce qui est résolution d'enquête.
08:09Donc, beaucoup d'enquêtes permettent d'aboutir grâce au travail mené sur la vidéosurveillance.
08:14Est-ce qu'il y a une société de plus en plus violente ?
08:17Je vous ai dit tout à l'heure qu'il y a une expression de la radicalité qui était très forte chez les jeunes.
08:22Moi, je constate simplement que la gestion de la frustration de manière générale
08:25est devenue complexe pour beaucoup de personnes
08:27et se traduit par des réactions qui sont plus violentes que celles qu'on aurait pu avoir auparavant.
08:32C'est-à-dire que la contrariété n'est pas forcément bien vécue.
08:36Et il y a une perte d'autorité, y compris dans la figure de la police, de ce qu'elle représente, des agressions qu'elle subit ?
08:44C'est un sujet pour moi constant de préoccupation, si vous voulez.
08:47Parce que la question de la police nationale, est-ce qu'elle est aimée ou pas aimée,
08:51se posait quand je suis arrivé sur mon poste, donc il y a quelques mois.
08:54Je constate que les enquêtes que nous faisons faire par des personnes extérieures,
08:58donc notamment Ipsos a fait des enquêtes dessus,
09:01on s'aperçoit qu'on est toujours sur une cote d'amour entre 69 et 75% de personnes.
09:07Pour moi, ce n'est jamais suffisant, mais c'est quand même très bien.
09:09Et puis nous faisons des tests également à côté, avec des opérations de testing dans les commissariats,
09:13et puis on enquête aussi.
09:16Et on a quand même une très bonne relation globale avec la population.
09:19Je m'en réjouis, et c'est le fruit d'un travail de nos effectifs sur le terrain,
09:22que je remercie une fois de plus.
09:23Le ministre de l'Intérieur, Bruno Rotaillot, met en avance ce qu'il appelle la sécurité du quotidien.
09:28Concrètement, la sécurité du quotidien, ça veut dire quoi ?
09:31Ça veut dire plus de policiers dans les rues ?
09:33Ça veut dire une présence sur le terrain qui se voit, une présence de proximité.
09:39C'est celle qui va...
09:41Vous avez évoqué déjà les opérations qui sont menées sur le terrain pour lutter contre le narcotrafic.
09:45Ça fait partie de la sécurité du quotidien.
09:47Ce sont des policiers qui viennent sur le terrain, avec des forces mobiles qui peuvent intervenir,
09:51plus un renfort judiciaire.
09:53Mais ça sera également des patrouilles que vous verrez sur le terrain.
09:55Et les patrouilles ont été pédestres, ont été augmentées considérablement depuis plusieurs années.
10:01Et nous continuons cette voie-là.
10:02Est-ce que ça a pour conséquence que les policiers sont parfois davantage agressés ?
10:07L'accueil de la population est très bon vis-à-vis de la police nationale.
10:11Si vous prenez d'ailleurs un exemple type, qui est un exemple un peu particulier,
10:15mais qui est celui des Jeux Olympiques,
10:17on a pu voir que les relations entre la population et la police étaient très bonnes.
10:21Je tiens à dire que les Jeux Olympiques sont tenus dans telles conditions
10:23parce que tous les policiers de France ont modifié leurs congés
10:27pour permettre aux Jeux Olympiques de se dérouler dans de bonnes conditions.
10:29Louis Logier, merci beaucoup.
10:30Invité de RT le matin, bien sûr, entretien que vous retrouvez sur notre site.

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