C'est un document exceptionnel : le directeur national de la Police judiciaire révèle pour la première fois sur RTL le point de bascule de la traque de Mohamed Amra. C'est l'identification d'un téléphone, après 7 mois de cavale, qui a été décisive pour mettre la main sur le criminel en fuite. Christian Sainte, directeur de la PJ, est au micro de Thomas Prouteau. Regardez RTL Événement du 07 juillet 2025.
00:00RTL événement ce matin avec un document exceptionnel, c'est le directeur national de la police judiciaire qui révèle pour la première fois sur RTL le point de bascule de la traque de Mohamed Hamra dont l'évasion avait coûté la vie à deux surveillants.
00:15C'est l'identification d'un téléphone après sept mois de cavale qui a été décisif pour mettre la main sur le criminel en fuite.
00:22La cavale, la traque, l'enquête pas simple. Christian Sainte, directeur de l'APJ, dit tout au micro RTL de Thomas Proutot.
00:29Oui, alors c'était un boîtier téléphonique qu'il a fallu isoler et identifier parce que l'air de rien, on a quand même dans ce dossier-là 230 millions de lignes de communication qui ont été exploitées par les enquêteurs, ce qui est absolument colossal.
00:42Et à partir du moment où on a trouvé cette ligne, on arrive à raccourcir le délai entre le jour où on a l'information et la présence d'Hamra quelque part.
00:53Parce que jusqu'à présent on avait du retard en fait. Et là on se rapprochait de lui en quelque sorte.
00:57Est-ce qu'on considère qu'il a fait une erreur ? Oui et non. Ils ont quand même besoin de communiquer et dans toute cette masse d'informations, à un moment donné, on a la bonne ligne qui nous permet d'aller à l'autre bout.
01:07Et d'ailleurs, en même temps que le téléphone utilisé par Mohamed Hamra, vous découvrez une planque qu'il a occupée pendant de longs mois à Compiègne jusqu'à l'automne 2024.
01:16Là on est début 2025 et vous êtes tout près du but en fait.
01:19Oui, là où on a une bascule, c'est la localisation d'Hamra. Avec cette planque de Compiègne, ça nous a quand même indiqué qu'Hamra n'était pas parti très loin.
01:29Et puis, assez rapidement dans la dynamique de ce qu'on avait acquis, on a pu déterminer qu'il s'était déplacé sur Rouen.
01:36Et on localise assez rapidement le quartier, plus le bloc de maison où il doit se trouver.
01:42Et on doit intervenir jusqu'au moment où en pleine nuit, le téléphone se déplace.
01:46On comprend qu'il est en train de partir en direction de la Belgique, l'Allemagne et puis direction l'Autriche et ensuite la Roumanie.
01:55Là, vous êtes quand même assez surpris.
01:57Oui, qu'est-ce qu'il fait là-bas ? Qu'est-ce qu'il lui prend d'un coup pour aller là-bas ?
02:01Alors qu'on n'a aucun lien sur la Roumanie. On ne lui détermine pas une relation, un lieu de villégiature ou quoi que ce soit.
02:10Est-ce que Bucarest était la destination finale, au fond ?
02:13En tout cas, à un moment donné, on a eu l'opportunité de le localiser en Roumanie, à Bucarest.
02:18Et puis, le travail qui a été mis en œuvre par les autorités roumaines leur a permis de déterminer assez vite l'immeuble, puis l'appartement dans lequel il s'est trouvé.
02:2922 février, dans l'après-midi, Mohamed Amra, la mouche est interpellée en douceur à la descente d'un VTC à Bucarest.
02:37On imagine qu'il y a une sorte de fierté au sein de l'APJ ?
02:40Oui, inutile de vous dire que ça, quand même, c'est une vraie satisfaction, parce qu'au bout de neuf mois, où vous passez vos nuits, vos week-ends, prendre des surveillances, à exploiter de la vidéo, à travailler des lignes sur ordinateur, des lignes numériques,
02:54avec une seule finalité, au fond, c'est d'arriver à le localiser pour le faire interpeller, parce que c'est ça l'objectif.
03:00Quand c'est réalisé, oui, c'est une fierté.
03:04C'est une fierté d'avoir rempli le contrat.
03:06Voilà, moi, c'est comme ça que je le vois.
03:07Je m'étais engagé auprès des magistrats, et surtout, aussi, l'enquêteur, il a besoin d'apporter une réponse aussi aux familles.
03:14Dans la foulée, des dizaines de personnes sont interpellées en France et à l'étranger.
03:19Quel est l'enjeu de l'enquête désormais ?
03:21On a plus de 50 personnes, on est à une soixantaine d'interpellations aujourd'hui, quand même, dans ce dossier-là.
03:27Il y a ceux qui sont très proches, il y a ceux qui ont participé aux faits, ceux qui ont aidé à la commission des faits.
03:33Et puis, il y a une circonstellation d'individus qui sont un petit peu plus éloignés, mais qui sont des sachants.
03:38Il faut arriver, dans la mesure du possible, à déterminer qui a fait quoi.
03:43Et notamment, identifier clairement celui qui a tiré et qui a abattu ces deux agents pénitentiaires.
03:50Mais en tout cas, cette affaire, elle a démontré que ces individus étaient prêts à tout pour pouvoir s'évader.
03:55Ce sont des criminels qui ne reculent devant aucune violence pour pouvoir parvenir à leur fin.
04:01Donc, il était hors de question qu'on ne l'interpelle pas.
04:03Voilà, très clairement, il n'y avait pas de plan B là-dessus.
04:06Christian Sainte, directeur de la PJ, la police judiciaire.
04:09Une interview exclusive à retrouver envers...
