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  • 03/07/2025
Et si aimer devenait un combat de chaque instant ?

En #CôteDIvoire, élever un enfant autiste est un défi quotidien, souvent dans le silence, l’incompréhension et l’isolement.

Elles n’ont pas choisi ce chemin, mais elles le marchent avec une force bouleversante.

🎥 Une histoire d’amour, de lutte, et d’humanité à ne pas manquer.

#Autisme #Inclusion #Linfodrome

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00Il y avait environ deux ans, on constatait que l'enfant avait des traits d'autiste.
00:04Pour moi, ce n'était pas facile. J'ai beaucoup pleuré.
00:14En Côte d'Ivoire, elles sont nombreuses à se battre dans le silence.
00:18Elles, ce sont des mères, des guerrières du quotidien.
00:22Leur combat, élever, aimer, protéger un enfant porteur d'autisme.
00:27Un mot que l'on chuchote encore, un dianoxique qui fait peur,
00:31mais qui n'efface ni la dignité de l'enfant, ni la force inébranlable de sa mère.
00:36Elles sont trois à nous livrer leurs témoignages.
00:39Toutes, mères de petits garçons, elles se souviennent encore du premier choc.
00:46Il avait environ deux ans, lorsqu'il ne réagissait pas comme les autres enfants.
00:51Donc j'ai un ami qui a son frère qui est éducateur spécialisé,
00:54j'ai envoyé l'enfant et ils ont constaté que l'enfant avait des traits d'autiste.
00:57C'est à partir d'un an que j'ai découvert qu'il avait un problème de langage.
01:02Il ne parlait pas. À un an, il ne disait rien.
01:05En tant qu'il a le même âge que ma nièce qui vivait avec moi.
01:08Et c'est elle-même, c'est l'attitude de ma nièce qui m'a un peu alertée en fait.
01:12Parce qu'elle, à cet âge-là, comme je dis, elle disait des choses.
01:15Tata, maman, tout ce qu'on disait, elle essayait de répéter.
01:19Mais lui, il ne faisait rien de ça.
01:21Comme tant d'autres, le marathon d'école, à des écoles qui refusaient leurs enfants,
01:26était une dure preuve.
01:27Mais jamais, elles l'ont abandonné.
01:29Au début, on est dans un déni, on ne comprend pas.
01:32On se pose la question, qu'est-ce que j'ai fait pour mériter cela ?
01:34Ce n'est pas facile.
01:35Parce que c'est difficile d'avoir un enfant qui ne communique pas.
01:38Et surtout quand c'est ton premier enfant, toute jeune fille rêve d'entendre maman, papa.
01:43Mais quand tu n'as pas cette chance-là, vraiment, pour moi, ce n'était pas facile.
01:47J'ai beaucoup pleuré.
01:49Mais bon, aujourd'hui, j'accepte et je m'adapte à cette situation.
01:53Quand j'ai appris qu'il était autiste, franchement, ça n'a pas été facile.
01:57J'ai déprimé.
01:58Ça a été vraiment un choc pour moi.
02:01Vu que dans son évolution, en tant que bébé, il n'a pas eu vraiment de problème de santé.
02:05Même au cours de la grossesse, il n'y a rien eu.
02:07Donc, je ne comprenais pas vraiment qu'est-ce qui s'était passé.
02:11C'est difficile parce que tu fais tout pour eux.
02:13Avant, lui, comme ça, quand il s'est réveillé, lui, il faisait cette chose, il s'en va aux toilettes.
02:18Quand il finit, il t'appelle, tu le nettoies.
02:19Mais maintenant, il faut tout faire pour lui.
02:22Comprendre, c'est déjà résister.
02:23Mais en Côte d'Ivoire, les structures d'accompagnement sont rares.
02:27L'intégration scolaire est difficile.
02:29Et le regard des autres est souvent plus lourd que la maladie elle-même.
02:33Les préjugés, enfants sorciers ou enfants serpents, c'est la communauté.
02:37C'est nos sociétés, c'est nos familles qui incriminent ces enfants-là.
02:41Mais si moi, je me lève pour venir demander secours pour m'aider à la santé à mon enfant,
02:48c'est que je fais filer ces projets-là.
02:51Et je sais que mon enfant peut mieux supporter.
02:53Les sujets, c'est vraiment très difficile.
02:56Parce qu'aujourd'hui, le coût, ce n'est pas moins de 100 000 francs.
03:00Et donc, ce n'est pas accessible à tous les ménages.
03:02Du coup, nous, on essaie de sensibiliser pour que l'État aussi puisse apporter un soutien à ce niveau-là,
03:08pour que chaque enfant puisse bénéficier d'un accompagnement.
03:12Cette stigmatisation sociale isole.
03:14Elle blesse.
03:15Et pourtant, ces femmes trouvent la force de continuer.
03:19Elles s'entraident, s'informent et créent des groupes de soutien.
03:23Car elles ont compris que pour espérer, il faut d'abord exister.
03:27Je milite beaucoup pour l'insertion, pour briser les stéréotypes de ces enfants-là dans le système scolaire.
03:35Dans ce centre de rééducation à Abidjan, des enfants autistes apprennent à communiquer autrement.
03:40Le langage n'est pas toujours fait de mots.
03:43Quand ils arrivent, ils sont complètement couchés.
03:45Mais avec les rééducations, les séances, avec le kiné, trois fois par semaine,
03:49l'enfant arrive à tenir le cou, à s'asseoir, à marcher et puis à courir.
03:56En Côte d'Ivoire, l'autisme reste encore mal compris et très peu pris en charge.
04:05Près de 300 000 personnes vivraient de ce trouble du spectre autistique dans le pays.
04:10Pour beaucoup de familles, l'accès aux soins de santé, à l'éducation ou à un accompagnement adapté
04:15reste un parcours du combattant.
04:17Nous sommes à l'hôpital psychiatrique de Benjerville.
04:19Nous rencontrerons la directrice du dit centre, qui portera son regard d'experte sur la question.
04:29Malheureusement, et comme pour la plupart des problèmes de santé mentale,
04:34l'autisme est méconnu par nos populations.
04:37Une personne autiste est une personne comme une autre.
04:40On associe la personne autiste à ce qu'on appelle l'enfant serpent.
04:45Et on a tendance à l'amener au village, comme on dit, pour l'accompagner.
04:50Alors que l'autisme, en fait, est un trouble neurodéveloppemental.
04:54C'est une perception différente de l'environnement.
04:58Il faut juste un diagnostic précoce et une prise en charge spécialisée
05:02pour permettre à une personne autiste d'être totalement intégrée dans la vie de tous les jours.
05:08Éviter de casser brutalement la routine d'un enfant autiste,
05:13de perturber de façon brutale son environnement, l'environnement auquel il est familier.
05:19Interagir au maximum avec lui, mettre en place des jeux, limiter les écrans,
05:25être davantage présent, l'intégrer au quotidien de la maison,
05:29de ne pas l'isoler parce que, comme tous les enfants,
05:32il y a cette petite tendance à la manipulation.
05:35Donc, l'intégrer dans le quotidien, lui donner la même éducation, par exemple, que les autres.
05:39Mais au-delà de cela, pour pouvoir mener à bien toutes ses actions avec l'enfant,
05:44il est important que le parent lui-même se sente bien.
05:47L'autisme n'est pas un drame, c'est une différence.
05:51Un autre rapport au monde qui exige de nous écoute, patience et respect.
05:57Moi, personnellement, on me voit comme une personne faute.
06:00Parce que malgré cela, moi, je ne cache pas mon enfant.
06:02Je suis toujours en train de l'exposer, en train de parler de sa situation.
06:06Donc, tout le monde me voit en train d'une personne.
06:07Moi, j'ai été jeune, j'avais que 24 ans quand je mettais au moins de mon enfant.
06:10Ce n'est pas facile, c'est vraiment très, très difficile.
06:14Mais aujourd'hui, on peut compter sur le soutien de beaucoup de personnes.
06:17C'est le moment de ne plus cacher nos enfants, d'être fiers.
06:20C'est le Dieu qui nous a donné.
06:21On ne peut pas refuser.
06:22Donc, on est fiers.
06:23Si nous-mêmes, on cache, nous-mêmes en arrondant de ce qu'on a, est-ce que les autres auront
06:27cette possibilité-là aussi de nous apporter le soutien ?
06:30Donc, pour moi, c'est de dire à ce moment de prendre courage, d'assumer ce qu'on a
06:34et puis d'aller de l'avant.
06:36Derrière chaque enfant autiste, il y a souvent une mère debout, parfois fatiguée, souvent
06:42seule, mais toujours debout.
06:45Elle ne demande pas la charité.
06:47Elle reclame des droits.
06:49Et elle nous rappelle, avec dignité, que toute société se mesure à la façon dont
06:55elle traite ses peuféries.
07:06Un enfant d'être ne peut jamais échouer.
07:14Un enfant d'être ne peut jamais échouer.
07:18Un enfant d'être ne peut jamais échouer.

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RFI
02/04/2018