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L'écrivain et journaliste Kamel Daoud était l'invité de France Inter ce jeudi. Il évoque notamment la condamnation de l'écrivain Boualem Sansal en Algérie, espérant sa libération. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-03-juillet-2025-2973310
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00:00Et avec Léa Salamé, nous recevons donc ce matin un écrivain dans le grand entretien
00:05prix Goncourt 2024 pour son roman Ouri chez Gallimard.
00:10Un écrivain mais aussi un intellectuel engagé dans les combats de ces deux pays,
00:15l'Algérie et la France.
00:17Vous pouvez dialoguer avec lui au 01 45 24 7000
00:22et sur l'application de Radio France.
00:24Kamel Daoud, bonjour.
00:26Bonjour.
00:26Et bienvenue sur Inter.
00:27Nous tenions avec Léa pour ce dernier grand entretien que nous faisons ensemble.
00:34Nous tenions à vous recevoir parce que vous êtes l'un des hommes de l'année.
00:39Le prix Goncourt donc avec votre roman très fort, très puissant
00:43qui revient sur les années noires de la guerre civile algérienne
00:47et que vous avez vendu à près d'un demi-million d'exemplaires.
00:52Parce qu'aussi on a commencé l'année avec vous.
00:55A la sortie du livre, juste avant la consécration
00:58et qu'on voulait donc boucler la boucle ensemble
01:02pour cette dernière.
01:03Et puis aussi parce que l'actualité nous rattrape malheureusement
01:07et que votre ami Boilem Sansal a vu sa peine de 5 ans de prison
01:11confirmée en appel mardi par la justice algérienne.
01:16Sansal, 5 ans de prison.
01:17Réaction.
01:19Écoutez, bonjour.
01:20D'abord je suis très ému d'être votre invité aussi.
01:22Je sais que c'est un moment très particulier pour vous.
01:24Je fais partie de vos auditeurs et je vous remercie.
01:27Et ce n'est pas la dernière émission, c'est la première émission ailleurs.
01:30Donc je suis très touché.
01:31Maintenant pour Boilem Sansal, qu'est-ce que vous voulez que je dise de plus ?
01:35C'est un homme qui est en prison pour ses opinions,
01:37parce que c'est un écrivain.
01:38On en a fait le procès, on l'a condamné à 5 ans là-bas.
01:40On a fait un procès d'intention contre lui ici en France par certains tribunaux médiatiques
01:46et ça c'est douloureux.
01:47Ça en dit beaucoup sur l'Algérie, ça en dit beaucoup aussi sur la France.
01:51Et pour le reste, c'est quelque chose de bouleversant.
01:54J'ai l'impression qu'on veut toucher la France dans ce qu'elle garde comme capitale.
01:59C'est-à-dire ses éditeurs, ses écrivains, ses lecteurs
02:02et sa puissance culturelle et éditoriale un peu.
02:06Donc c'est quelque chose qui fait mal.
02:07Et je fais partie de ces gens-là qui se sont tués à un certain moment.
02:10Mais là, il faut parler.
02:11Aujourd'hui, le gouvernement français espère que Sansal soit gracié par le président algérien Tebboune.
02:16Ses deux filles et ses proches aussi attendent une grâce, peut-être le 5 juillet,
02:20c'est-à-dire dans deux jours, lors de la commémoration du 63e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie.
02:25Vous, vous gardez espoir ce matin ?
02:27Écoutez, je garde espoir comme tout le monde.
02:29Mais ce matin, en lisant l'une des principaux journaux algériens, c'est une douche froide.
02:34C'est le même titre qui a été publié par pratiquement tous les journaux,
02:37avec la même question de quoi se mêle la France.
02:38Et sachant que j'étais un journaliste algérien pendant 20 ans,
02:42quand on a le même titre sur les mêmes unes le même jour,
02:45ça veut dire que l'instruction est venue d'en haut.
02:47Et ça n'augure pas de quelque chose de bon pour le moment.
02:52Alors, autant je garde espoir comme tout le monde et j'espère vraiment me tromper.
02:55J'espère vraiment me tromper et revoir Saint-Salle ici, en France, libre et en bonne santé.
03:00Mais ce matin, c'est quand même une douche froide.
03:03Parce que les unes de la presse ?
03:05Parce que les unes de la presse.
03:06C'est la même question, c'est le même titre.
03:08Vous nous avez montré, quand je suis venue vous saluer,
03:10vous m'avez montré l'intégralité des unes de toute la presse algérienne en disant que ça c'est mauvais signe.
03:14Exactement, c'était une qui disait de quoi la France se mêle.
03:17Elle a beaucoup de prisonniers ailleurs, pourquoi elle incite sur Bollem Saint-Salle ?
03:20Et ça, ce n'est pas un bon signe.
03:22Kamel Daoud, vous en avez dit un mot rapide.
03:25L'emprisonnement de Saint-Salle a suscité une vague d'indignation en France, à l'international.
03:30En novembre, des écrivains, dont des prix Nobel de littérature,
03:34signaient une tribune pour sa libération.
03:37Annie Ernaud, le clésio, Rann Pamouk.
03:39Comment, a posteriori, jugez-vous cette campagne de soutien ?
03:44Sans-Salle a été suffisamment soutenu à vos yeux par les mondes politiques, médiatiques, culturels, français ?
03:51Les deux à la fois.
03:52Il y a eu un soutien massif, un soutien spectaculaire, des gens de bonne foi et de bonne volonté.
03:56Mais il y a eu aussi des procès d'intention.
03:59Moi, je suis quand même frappé par le fait que, lorsqu'il s'agit de Bollem Saint-Salle,
04:02on a eu des plateaux télé où on répétait « ce n'est pas un ange, c'est quelqu'un d'Alexandre droite », etc.
04:07Quand Christophe Glez a été arrêté, personne n'a jugé de ses positions,
04:11ni a parlé de ses positions politiques à gauche, présumées ou pas.
04:15C'est un journaliste qui a été injustement incarcéré en Algérie.
04:18Donc, on est solidaires avec lui.
04:19On a fait le procès de Bollem Saint-Salle, le procès d'intention de Bollem Saint-Salle,
04:22mais on n'a jamais fait le procès d'intention du journal français.
04:26Mais il y a eu beaucoup de prises de positions quand même en faveur de Bollem Saint-Salle.
04:29Mais tout à fait.
04:29Il y a eu quand même un mouvement populaire de beaucoup de médias aussi.
04:33Énormément.
04:35Charles et Asselamé, je ne le suis pas en train de dire non, mais c'est un état des lieux.
04:38C'est-à-dire, le cas Saint-Salle fait parler aussi sur la France et de ce qu'il en est,
04:42de la cartographie médiatique et politique de la France.
04:46Donc, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu un soutien massif pour Bollem Saint-Salle.
04:50Non, au contraire, ça se répand dans le monde.
04:52J'ai voyagé dans d'autres pays et c'est spectaculaire.
04:54Mais ça, on dit aussi sur la France comment elle perçoit les gens qui viennent d'ailleurs,
04:58qui sont franco-algériens, écrivains, dissidents et qui ont déserté le communautaire et le dolorisme postcolonial.
05:05En tout cas, nous, ce matin, on voulait en parler en vous invitant.
05:07C'est aussi ça qu'on voulait faire ce matin pour cette dernière matinale Ensemble.
05:10Vous consacriez un très beau texte récemment dans le point à Bollem Saint-Salle intitulé
05:14« Hashtag je lis Saint-Salle ».
05:15Vous y écrivez « Lisez Saint-Salle car l'histoire retiendra que par cet acte,
05:19vous avez fait partie des lecteurs et non des geôliers ».
05:21Soutenir Saint-Salle, c'est aussi le lire.
05:23C'est surtout le lire.
05:25Qu'est-ce qui rend heureux un écrivain ?
05:26Ce n'est pas d'être applaudi de loin ou qu'on lui en consacre deux ou trois phrases.
05:30C'est d'être lu, c'est sa fonction.
05:31Qu'est-ce qui fait que Bollem Saint-Salle est Bollem Saint-Salle ?
05:33C'est parce qu'il a écrit, parce qu'il a publié, parce qu'il a un lectorat.
05:37Donc lire Bollem Saint-Salle, c'est la moindre des choses.
05:40C'est participer à sa libération.
05:41Est-ce que vous savez comment il va ?
05:42Est-ce que vous avez des nouvelles fraîches ?
05:46Il va bien, il est combatif.
05:47C'est quelqu'un qui est debout, qui ne se laisse pas faire, contrairement à beaucoup d'autres.
05:52Voilà qui nous emmène vers vous également, Kamel Daoud, vers votre situation.
05:57Vous n'êtes pas en prison, mais vous êtes visé par deux mandats d'arrêt internationaux émis par l'Algérie
06:02et une plainte en France portant justement sur le roman que je citais.
06:06Ouri, on vous accuse de violation de la vie privée d'une plaignante algérienne,
06:12une femme qui vous accuse elle-même d'avoir utilisé le récit de sa vie pour votre roman.
06:18Entre ces épreuves judiciaires, le sort de Bollem Saint-Salle en prison,
06:22la douleur de l'exil, mais aussi la consécration de l'écrivain populaire que vous êtes devenu.
06:31Comment avez-vous vécu, traversé cette année pleine de vents contraires ?
06:37Ça a été des montagnes russes pour vous ?
06:39Oui, tout à fait. C'était un yo-yo, c'était de l'exaltation, de la joie, de la déception,
06:45de la douleur pour les miens et pour ma famille, de la discipline.
06:49Parce que les gens ne se posent pas la question que j'ai, moi et mon épouse, de la famille de l'autre côté.
06:53Donc toute prise de parole, c'est une prise de risque pour moi.
06:56Parler du courage quand on vit à Paris, c'est facile.
06:58Parler du courage quand on a de la famille de l'autre côté, c'est difficile.
07:00Ça, c'est le premier point.
07:01Ils sont intimidés ?
07:03Je ne peux pas en parler ici.
07:06La réalité, c'est que moi j'ai écrit un roman.
07:08C'est un roman de fiction.
07:09Il ne raconte la vie de personne.
07:11Il raconte et je persiste et je signe.
07:13Et je suis heureux de vivre en France parce qu'en France, j'aurai droit à un procès.
07:16Pas un procès politique.
07:17J'aurai droit à un procès normal.
07:19Et ça, c'est très important.
07:21Moi, j'ai écrit un roman que je trouve triste pour mon pays d'origine, l'Algérie, que j'aime tant.
07:25Je trouve triste qu'après une guerre des coloniales, après des luttes, après des décennies,
07:29on en vient à payer des terroristes qui ont égorgé pendant dix ans
07:32et à persécuter, à pourchasser des écrivains un peu partout dans le monde.
07:35Ce qui me pourchasse et me persécute aujourd'hui,
07:37ce n'est pas la démocratie norvégienne, c'est la dictature algérienne.
07:40Et donc, ça devrait rester en tête de ceux-là même qui viennent faire les procès des écrivains algériens.
07:44Vous avez eu des moments de découragement, de mélancolie, de tristesse.
07:48Qu'est-ce qui vous a traversé ?
07:50On s'est vraiment posé la question...
07:52Sincèrement ?
07:53Des pressions, interrogations.
07:55Le prix Goncourt, puis ensuite, il y a l'arrachement de l'exil,
07:58dont vous nous avez déjà parlé ici à ce micro.
08:00La douleur de ne plus pouvoir rentrer dans votre pays natal depuis plus de deux ans maintenant.
08:04Le fait de vous être installé ici en France.
08:06En même temps, ce Goncourt, ces ventes, vous êtes célébré, c'est la consécration.
08:10En même temps, ces accusations et ces mandats d'arrêt internationaux.
08:13Vous savez, il n'y a pas que les mandats d'arrêt internationaux
08:16qui ont été d'ailleurs rejetés par Interpol parce que leur dossier était grossier.
08:19Je suis quand même harcelé.
08:20Il y a plusieurs plaintes contre moi, menées aussi par Alger sur beaucoup de choses.
08:24Comment j'ai vécu ça ?
08:24Sincèrement, toute sincérité, il y a eu des moments où j'ai regretté.
08:27Il y a eu des moments où je me suis dit, je vais changer de métier.
08:30Il y a eu des moments où je me suis dit, je dois chercher un pays tiers où je dois me cacher.
08:34Et puis, vous savez, je suis peut-être comme certain,
08:36je suis quelqu'un très prudent entre deux écrits.
08:39Mais dès que je commence à écrire, ça disparaît.
08:41Et je replanche dans cette sorte du bonheur du mot juste.
08:45Et je me retrouve à écrire et à écrire et à écrire.
08:47Les miens autour de moi, ceux-là même qui supportent mon absence et ma présence surtout,
08:50l'ont compris et ils me soutiennent dans ça.
08:52Je préfère une vie d'erreur et de courage qu'une vie de prudence et de stérilité.
08:58Vous avez publié un très beau tract aux éditions Gallimard intitulé « Il faut parfois trahir ».
09:04Vous assumez la figure, le nom de traître qui vous est accolé par vos détracteurs en Algérie.
09:11Vous écrivez « Suis-je donc un traître ? »
09:14Peut-être que oui, mais je m'en console en feuilletant les livres d'histoire.
09:19Tous les héros ont trahi l'immobilité.
09:22Qu'avez-vous trahi, Kamel Daoud ?
09:25J'ai trahi ceux-là même qui ont trahi l'Algérie.
09:28Ceux-là même... Au fait, qu'est-ce que j'ai fait ?
09:30J'étais enfant dans l'école algérienne.
09:32On m'a appris que les plus grandes valeurs, c'est d'être un héros et d'être libre.
09:35J'ai essayé de le faire dans ma vie.
09:36J'ai essayé d'être libre et j'ai essayé plus ou moins, avec beaucoup de maladresse, d'être un héros.
09:40Et on me le reproche maintenant.
09:41On me le reproche par l'unanimité, par l'hypernationalisme, par cette orthodoxie de « Sois-tu avec nous, sois-tu de l'autre côté ? »
09:48On ne peut pas être franco-algérien, on ne peut pas être universaliste, etc.
09:50Donc oui, c'est la première insulte.
09:53La première insulte, c'est traître.
09:55La deuxième, c'est sale juif.
09:56C'est ça ce que je reçois en permanence.
09:58Et j'assume, j'ai trahi ceux-là même qui ont trahi l'Algérie.
10:00Et l'Algérie, elle est en train de vivre.
10:02Et on parle de Boulem Sansal.
10:03Je veux que Boulem Sansal soit libéré.
10:04Je le souhaite, mais je souhaite aussi qu'un jour, l'Algérie soit libre.
10:07Vous parlez aussi de trahison et de désertion.
10:11Je vous lis toujours dans ce tract.
10:12« Je sens parfois que j'ai quitté un lieu avec des gens que j'aime.
10:15Je la vis mal, cette désertion nécessaire, cette dissidence face au confort de la conformité immobile du « nous ».
10:21Parce que souvent maintenant, les morts, mes morts les plus aimés, ne me parlent plus dans mes rêves.
10:26Peut-être qu'ils ne me pardonnent pas. »
10:28Oui. Quand on dort, on revient chez soi.
10:31Quand on se réveille, on est à Paris.
10:33Et j'ai un pays dur, un pays nocturne.
10:36Et parfois, je vois mes morts qui me reviennent et qui me regardent.
10:39Mais après, j'ai compris.
10:40Ce qu'ils me demandent, ce n'est pas de me taire, c'est de parler.
10:43C'est d'écrire, c'est de rappeler le vrai pays, les vraies langues algériennes, les vraies identités.
10:47Ce pays a besoin de se bâtir dans sa souveraineté affective.
10:50On n'est pas algérien parce qu'on est anti-français.
10:52On doit construire une algérienité heureuse, ouverte, plurielle et fière de l'être.
10:57Ce n'est pas un projet, ce n'est pas une indépendance que d'être dépendant affectivement de l'ex-colonisateur.
11:02Ça ne s'appelle pas de l'indépendance.
11:03Mais pourquoi vous écrivez que vos morts ne vous pardonnent pas ?
11:06Parce que c'est ce que je vis.
11:07Mais il faut lire le reste du texte.
11:08Le reste du texte dit que mes morts me demandent de trouver les meilleurs mots.
11:12Et j'essaie de les trouver pour parler d'eux.
11:15Et ça, c'est important.
11:16Je le dis dans Hori.
11:17Les morts ne nous demandent pas de leur ressembler.
11:20Ils sont morts pour que nous soyons heureux, pour que nous vivions.
11:23Et si des gens sont morts pour la guerre d'indépendance algérienne, ce n'est pas pour que je les imite.
11:27Ils veulent me voir danser, rire, écrire, réussir.
11:30Je viens d'un petit village et j'ai le Goncourt.
11:31Le Goncourt que le régime n'a pas, parce que le régime n'écrit pas de romans.
11:34Moi, j'écris des romans.
11:35Et je suis heureux et j'ai envie de gagner.
11:37Et j'ai envie de gagner jusqu'au bout.
11:39Parce que je dois rendre honneur à mes parents et à ceux-là qui sont morts pour que je sois quelqu'un de brillant.
11:44C'est ça ce qui est important.
11:45Il faut mériter de vivre.
11:46Il faut vraiment le mériter.
11:48Vous avez cette phrase que je trouve sublime, Kamel Daoud.
11:52Je dévore une sardine et cela m'évoque les goûts de mes étés de commencement,
11:58avec mes grands-parents aux oisivetés fascinantes.
12:01Tout ce que je touche peut devenir un souvenir et servir d'inauguration à la rêverie.
12:08Je suis, vous savez, un exilé, c'est comme le roi Midas.
12:11Tout ce qu'il touche devient un souvenir.
12:12Le roi Midas, tout ce qu'il touche devient de l'or.
12:14Mais il ne faut pas s'enfermer dans cela.
12:16La Méditerranée, vous savez, ceux qui habitent autour savent que c'est une nationalité à part.
12:20On est libanais, on est marocains, on est tunisiens, on est italiens.
12:23Mais quand on arrive près de la Méditerranée, on est méditerranéens.
12:27J'ai dit un jour que la Méditerranée, c'est le seul dieu équitable.
12:31Il ne nous demande pas de nous agenouiller, ni de nous humilier pour obtenir quelque chose.
12:35Vous arrivez, vous nagez.
12:37C'est un dieu magnifique.
12:38Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour l'année prochaine, Kamel Daoud ?
12:40Que je termine le prochain roman, parce que c'est le plus important.
12:43Il faut faire œuvre.
12:44La décomptation vient avec l'action.
12:46Je ne réponds pas aux attaques, je ne réponds pas aux diffamations.
12:49Je protège les gens qui m'aiment.
12:50Je fais œuvre et j'écris.
12:52Et ça, c'est le plus important.
12:53On a cherché à détruire en moi la vocation de l'écrivain.
12:56Je serai un écrivain.
12:57Ils peuvent multiplier les mandats d'arrêt.
12:59Là, ils ont fait une manœuvre en Italie pour m'avoir.
13:01Ils ne m'ont pas eu.
13:02Je suis ici dans un pays libre.
13:04Et je le souhaite pour Bollem-Sansal.
13:06Et je souhaite que la France, ce pays magnifique, arrête de se nécroser de l'intérieur.
13:11Et que les gens soient fiers de vivre dans ce pays-là.
13:14Parce que ne pas avoir un pays, c'est quelque chose qu'ils ne connaissent pas.
13:17Ils ne sont pas assez fiers d'être français, à vos yeux ?
13:20Certains croient que être français, c'est de ne pas aimer la France.
13:22Bon, c'est un raffinement du confort.
13:25Mais bon, ce n'est pas mon cas.
13:26Moi, j'ai déjà perdu un pays.
13:27Je ne veux pas perdre le deuxième.
13:28Mais elle va mal, la France, selon vous ?
13:30Non, je pense qu'il y a une tendance intellectuelle qui croit que le déclinisme est un raffinement de la lucidité.
13:36Ce qui fait que quand on dit que tout va mal, on est un intellectuel.
13:39Et de l'autre côté, quand on dit que tout va bien, on est un idiot.
13:42Je préfère faire partie des idiots.
13:45Et le prochain livre, il est sur quoi ?
13:47C'est un roman.
13:48Le prochain roman, il est sur quoi ?
13:50Emigwe disait, à quoi bon écrire un roman qu'on a déjà raconté ?
13:52On va attendre.
13:54Ça sort dans combien de mois ? Combien d'années ?
13:56J'écris vite.
13:57On en est où ?
13:58Vous écrivez vite.
13:58Oui, j'écris vite tous les jours parce que j'estime que j'ai tardé à écrire et que la vie est courte.
14:04Et puis il y a tellement de choses à dire et puis ça ne s'arrête jamais dans ma tête.
14:08Eh bien, merci.
14:08Merci beaucoup, Kamel Daoud.
14:09Merci à vous.
14:10Merci infiniment.
14:11Merci à vous, surtout pour cette belle invitation pour le dernier.
14:13Et je vous souhaite beaucoup de courage.
14:15Et puis je vous remercie, au moins en représentant certains de vos auditeurs.
14:18Je vous dis merci.
14:19Merci et on se retrouvera dans ce studio ou un autre, c'est sûr et certain, ou riche et Gallimard.
14:27Je redonne le titre du prix Goncourt 2024 que vous avez signé et qui est un grand succès auprès des lecteurs.
14:36Merci encore.
14:37Merci.
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