00:00Toujours en compagnie de Catherine Ney et de Louis de Ragnel, le chef du service politique d'Europe 1,
00:07nous avons parlé de Bruno Retailleau qui a fait publier d'ailleurs des chiffres sur l'immigration depuis qu'il est à Beauvau.
00:14C'est-à-dire qu'on avait des chiffres qui, pour l'année 2024, étaient ceux à la fois de Gérald Darmanin et de Bruno Retailleau.
00:22Et lui, il a fait publier les chiffres qui sont vraiment que à lui et ils sont plutôt bons, ces chiffres, Louis de Ragnel.
00:28Et alors, c'est assez, j'allais dire, amusant parce que d'un côté, on a donc ces chiffres de Bruno Retailleau qui sont bons.
00:35On a Mme Le Pen qui dit, finalement, ce que fait M. Retailleau, ce n'est pas forcément génial.
00:41Alors qu'en réalité, tous ces programmes-là, que ce soit celui-ci, que ce soit aussi, par exemple, la proposition de loi UDR d'Éric Ciotti sur les OQTF,
00:51il y a un socle commun, il y a une sorte de forme d'union des droites qu'on pourrait envisager.
00:57Et pourtant, ce qu'on appelle, nous, dans notre jargon journalistique, la politique politicienne le rattrape.
01:03Alors qu'en réalité, sur le fond, tous ces gens-là pourraient s'entendre.
01:07Alors tous ces gens-là, évidemment, oui, pourraient s'entendre puisqu'ils disent la même chose
01:10et ils défendent les mêmes idées en matière d'immigration.
01:13La difficulté, s'agissant de la petite polémique qui oppose Bruno Retailleau à Marine Le Pen,
01:18c'est qu'il parle de deux chiffres, de deux données un peu différentes.
01:22Bruno Retailleau lui explique que depuis son arrivée, il y a eu la délivrance de moins 7,5% de visas long séjour
01:29et moins 17% de naturalisation qui ont été faites par les préfets.
01:32Je vous donne ces deux chiffres qui, pour moi, étaient les plus importants.
01:37À quoi sont liés ces deux chiffres ?
01:39Ces deux chiffres sont liés à l'impulsion que le ministre de l'Intérieur prend lorsqu'il appelle les préfets
01:45et qu'il leur dit, qu'il leur demande via des circulaires
01:48et bien maintenant, il faut arrêter de délivrer des titres de séjour,
01:52il faut diminuer les naturalisations, diminuer les régularisations
01:55parce que ça, c'est un outil qui est à la main des préfets dans toutes les préfectures
01:59puisque les demandes de naturalisation sont toujours faites par le biais des préfets.
02:03Et de l'autre côté, vous avez Marine Le Pen qui regarde les chiffres de manière globale
02:07et des chiffres sur lesquels Bruno Retailleau a beaucoup moins la main
02:11alors je ne vais pas rentrer dans le détail technique
02:12il a moins la main tout simplement parce qu'il ne peut pas faire changer la loi
02:15puisqu'il n'y a pas de majorité absolue à l'Assemblée Nationale.
02:18Et donc si on regarde ces chiffres, Marine Le Pen a raison
02:21on a les premiers titres de séjour délivrés l'an dernier
02:26qui atteignent un record avec 343 000 premiers titres de séjour délivrés
02:31vous avez le nombre de titres de séjour renouvelé
02:34qui passent de 4,1 millions à 4,3 millions
02:38je ne vais pas vous faire la litanie de ces chiffres
02:41mais il y a des chiffres qui sont plutôt dans le rouge que dans le vert.
02:43Et donc en fait on parle des chiffres qui ont un impact de deux manières différentes
02:47donc Bruno Retailleau, il a bien vu qu'il n'avait pas la main sur le Parlement
02:51donc il le fait en administratif en demandant à ses préfets d'agir
02:55et Marine Le Pen, elle, en fait, explique que sans une grande loi
02:59en réalité, on ne peut pas réduire l'immigration légale.
03:01Oui mais elle a raison, mais seulement elle serait aujourd'hui à la place de Bruno Retailleau
03:07elle n'obtiendrait pas mieux que lui
03:09elle n'aurait pas du tout la possibilité d'agir
03:12et donc le ministre de l'Intérieur la gêne
03:16parce que depuis qu'il est là, il parle enfin, il prend des thèmes
03:20qui étaient un petit peu l'apanage du Rassemblement National
03:23et elle voit qu'il y a des élections, comment on appelle ?
03:29Municipales, qui arrivent en 2026
03:32Non, non, non, elle a perdu des députés
03:34Des élections partielles, vous voulez dire ?
03:35Voilà, je cherchais le mot
03:36dans les élections partielles, on voit un effet Retailleau
03:39puisque ce sont souvent des LR qui l'emportent contre des RN
03:42et là, elle voit le danger
03:44et elle voit une possibilité que Bruno Retailleau
03:47s'il poursuit son chemin, lui mange des voix
03:50comme avait fait Nicolas Sarkozy en son temps
03:53donc c'est ça qui lui fait peur aujourd'hui
03:55et donc c'est pour ça que tout ce que...
03:58On en revient à la guerre de boutique alors qu'en réalité...
04:00Oui, c'est à la guerre de boutique
04:01mais parce que Bruno Retailleau travaille sur les mêmes sujets qu'elle
04:05et comme vient très bien de le dire Louis
04:07il a donné, et d'ailleurs tous les préfets le disent
04:10pour une fois les ordres sont très précis
04:12et donc il les réunit
04:14il y a des ordres qui sont clairs, qui sont réitérés
04:17et je crois que c'est pour la première fois
04:19Et le narratif du RN c'est aussi que Bruno Retailleau
04:22fait partie d'un gouvernement de composition
04:24donc c'est ça aussi qui est le RN
04:26Alors oui, le Rassemblement National tape très fort là-dessus
04:29en expliquant comment est-ce que Bruno Retailleau
04:31peut soutenir telle et telle mesure
04:32qui souvent sont assez éloignées de son périmètre
04:35mais ce qui est vrai factuellement
04:38c'est que Bruno Retailleau met une énergie folle
04:41à essayer d'avoir des résultats
04:43de la manière avec laquelle on l'a expliqué avec les préfets
04:46mais il n'en demeure pas moins que
04:48si on veut vraiment s'attaquer au mammouth
04:51du dérèglement de l'immigration légale et illégale en France
04:54et bien ça doit passer par une loi
04:56Catherine Nel a très bien rappelé
04:58Bruno Retailleau n'a pas la majorité absolue
05:00donc il fait ce qu'il peut
05:01et de l'autre côté Marine Le Pen explique évidemment