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Violette Spillebout, députée Renaissance du Nord, et Paul Vannier, député LFI du Val-d'Oise, étaient les invités de France Inter ce mercredi. Les deux co-rapporteurs de la commission d’enquête sur les violences en milieu scolaire présentent ce mercredi leurs recommandations. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-02-juillet-2025-9162729

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00:00France Inter, Léa Salamé, Nicolas Demorand, le 7-10.
00:07Grand entretien sur le rapport publié aujourd'hui par la commission d'enquête sur les violences dans les établissements scolaires
00:14consacrée notamment à l'affaire Bétara. Nous recevons Léa, les deux co-rapporteurs de cette commission.
00:21Violette Spilbout, bonjour, vous êtes députée du Nord, partient ensemble pour la République
00:27et Paul Vannier, vous êtes député La France Insoumise du Val d'Oise.
00:30Vous avez donc travaillé ensemble pour cette commission d'enquête.
00:33Soyez les bienvenus sur Inter. Vous nous dévoilez donc en exclusivité le contenu de ce rapport.
00:39Un rapport dense, 330 pages, 50 recommandations pour prévenir et lutter contre les violences dans les écoles, collèges et lycées.
00:49Vous avez entendu plus de 130 personnes pendant près de 60 heures.
00:54L'audition la plus médiatique fut celle du Premier ministre François Bayrou.
00:59On va y venir.
01:00Avant d'entrer dans le détail de votre rapport, de votre travail, diriez-vous que les violences que vous avez rencontrées
01:08sont des violences systémiques ou des violences circonscrites à quelques établissements problématiques ?
01:16Violette Spilbout.
01:17Bonjour. Ce qu'on a constaté avec les nombreux témoignages, plus de 200 témoignages qui nous sont arrivés depuis plusieurs mois pendant cette commission d'enquête,
01:28c'est que ces violences à l'école ont eu lieu dans toute la France, dans des centaines d'établissements, avec des milliers de victimes pendant des années.
01:38Donc oui, on peut dire que c'était systémique.
01:42Qu'elles sont encore présentes aujourd'hui dans des établissements privés, publics ?
01:46On a de nombreux cas qui nous sont soulevés avec des victimes qui ne se sentent pas entendues.
01:51Et donc je crois que d'une affaire Betaram, qui a été le point de départ de cette commission d'enquête sur l'initiative de mon collègue co-rapporteur Paul Vannier,
02:00on a aujourd'hui un phénomène qui est non seulement dénoncé dans ce rapport de la commission d'enquête,
02:08mais auquel on essaye de trouver des protections pour l'avenir.
02:11Et c'est vraiment ça l'objet des travaux que nous avons menés.
02:14On va venir aux recommandations, vous en avez 5 ans.
02:16Donc, Paul Vannier, la présidente de la commission, écrit dans l'avant-propos du rapport, je cite,
02:20que cette commission d'enquête fut un travail de fond sur l'impensable.
02:24Des enfants, partout en France, livrés à des monstruosités, des violences sexuelles, des violences physiques aussi,
02:29parfois d'une violence inouïe, d'un sadisme absolu, il est difficile de se préparer à entendre l'inentendable.
02:37C'est ça que vous avez ressenti pendant toutes ces semaines de travail et d'audition,
02:42c'est que vous étiez en train d'entendre l'inentendable ?
02:45Oui, moi, beaucoup des témoignages que nous avons reçus, je ne pouvais pas les imaginer.
02:50Je pouvais imaginer la violence verbale, psychologique, la violence physique, la violence sexuelle, le viol,
02:56mais je ne pouvais pas imaginer des actes de torture, des enfants à qui on injecte des piqûres d'eau,
03:02des enfants qu'on prive de sommeil, des enfants qu'on prive de nourriture,
03:05pour les punir dans des jeux sadiques infinis durant des années et des années et ravageant des vies tout entières.
03:11Évidemment, moi, je sors humainement et comme député profondément marqué, bouleversé, changé par cette commission d'enquête.
03:20Quatre mois de rencontres, quatre mois d'audition, de contact avec l'horreur, m'a percuté.
03:26Et m'a percuté aussi du point de vue de mes positions, des solutions, des recommandations.
03:32Et je crois que notre rapport appelle à des ruptures, à une révolution dans le contrôle, dans la prévention.
03:38Et c'est le fruit de cet échange avec les victimes qui, je veux insister là-dessus,
03:42elles nous ont accompagnés du début à la fin, hier soir encore.
03:46Nous avons eu un échange avec elles pour leur dire vers quoi nous allions ce matin.
03:51Et nous avons été en contact quasiment permanent avec ces victimes de toute la France.
03:55Y a-t-il une audition, un témoignage qui vous est particulièrement marqué ou éprouvé, Violette Spilbout ?
04:03Je crois que beaucoup nous ont éprouvé parce qu'on a commencé, la première audition était à l'Assemblée nationale,
04:09celle des premiers collectifs de victimes.
04:11Les huit premiers, il y en a 80 aujourd'hui.
04:13Donc on voit combien cette commission d'enquête a aussi permis que la parole se libère et que les actions s'organisent.
04:20Je crois que celle qui m'a le plus profondément choquée et émue, c'est le déjeuner,
04:26le moment de partage que nous avons eu avec les victimes du village d'enfants de Riaumont, à Liévin.
04:33J'avais déjà rencontré quelques victimes de Riaumont, entendu des témoignages.
04:37Mais au moment de ce déjeuner, juste avant que nous allions entrer dans le village de Riaumont
04:43pour saisir des documents sur place, l'échange a été bouleversant parce que nous étions en proximité.
04:52C'était quatre hommes.
04:54L'un était venu avec sa fille, ce monsieur Bruno avait 60 ans, avec sa fille d'une vingtaine d'années.
05:00Et j'ai pu, je crois, mesurer à ce moment-là avec beaucoup de force
05:07comment une souffrance d'enfant, qui parfois était enfouie pendant des années
05:12et qui est révélée à 60-65 ans, est encore une souffrance extrêmement violente et actuelle
05:19chez la victime, mais aussi chez les enfants, les petits-enfants parfois.
05:24Combien une violence sur un enfant marque toute une génération.
05:28Et c'est le cas de beaucoup de victimes qu'on a rencontrées.
05:31Et combien ces violences sur les enfants, et vous l'écrivez au début du rapport,
05:35combien ces violences sur les enfants ont été largement occultées pendant des années
05:38et comment on ne voulait pas voir.
05:40La violence sur les enfants était restée taboue pendant des années.
05:44C'est un sujet où on détourne les yeux parce que, bon, voilà, c'est comme ça,
05:47il faut les éduquer, il faut les éduquer à la dure.
05:50Et c'était ça, en fait, qui nous faisait détourner les yeux.
05:53Le témoignage ou le moment qui vous a, vous, marqué, Paul Vannier ?
05:57Moi, je dirais, j'ai participé à une réunion publique il y a quelques semaines
06:00dans un petit village d'Île-et-Vilaine, à Brue,
06:02et il y avait une centaine de personnes devant moi sur des gradins.
06:04Et pendant mon intervention, je vois une femme qui se met à pleurer.
06:07Et je suis marqué par ça.
06:09Et tout d'un coup, son mari, qui est à côté d'elle,
06:12lève la main pour prendre la parole.
06:14Et c'est un ancien élève de Bétarame.
06:16Et il prend la parole et, peut-être pour la première fois,
06:19il exprime les violences dont il a été l'objet.
06:22Et je vois dans ce moment, d'abord, la persistance des conséquences des violences.
06:26Cet homme a presque 50 ans et il porte aujourd'hui encore cette souffrance.
06:29Je vois comment ces violences ravagent la vie des victimes,
06:33la vie de leurs entourages, avec sa femme bouleversée,
06:36absolument transie par les sanglots.
06:38Et puis, je vois ce moment auquel nous contribuons tous ensemble
06:42et qui est un moment salvateur, celui de la libération de la parole,
06:44parce que, pour la première fois, il dit devant d'autres
06:47ce dont il a été la victime.
06:50Et je crois que c'est ça aussi la force de cette commission d'enquête.
06:53C'est qu'à mesure que nous avons travaillé,
06:55nous avons déjà commencé à faire changer des choses.
06:57Nous avons tout de suite été utiles.
07:00Et cette vague de libération de la parole,
07:02il faut continuer à l'encourager, à appeler les victimes,
07:05à parler, à aller en justice, à porter plainte,
07:07y compris s'il est fait, son prescrit.
07:09Car y compris s'il est fait, son prescrit,
07:10nous avons l'engagement du garde des Sceaux sur ce point.
07:12Des enquêtes sont ouvertes
07:14et elles peuvent permettre d'identifier des agresseurs
07:16qui seraient toujours aujourd'hui en contact d'enfants.
07:19Oui, parce que ça, c'est une de vos recommandations.
07:20C'est, pour certains faits très graves,
07:23de lever la prescription, d'annuler la prescription.
07:25C'est non seulement une de nos recommandations,
07:26mais c'est un vœu extrêmement fort
07:29chez l'ensemble des victimes.
07:31Et c'est une revendication des associations de victimes.
07:33Ils nous l'ont encore dit hier soir.
07:35C'est un sujet extrêmement complexe
07:37parce qu'aujourd'hui, les faits qui sont imprescriptibles
07:41dans la loi française, c'est les crimes contre l'humanité.
07:44Et puis ensuite, il y a des délais de prescription
07:45selon les délits commis sur mineurs.
07:48Mais c'est un sujet sur lequel nous avons travaillé ensemble
07:51avec Paul Vannier.
07:52C'est un sujet aussi qui a déjà mobilisé
07:55des députés à l'Assemblée nationale et des sénateurs.
07:58Et donc, nous recommandons dans notre rapport
08:00de revoir ces délais de prescription
08:04et de saisir l'Assemblée nationale
08:06pour y travailler en format transpartisan
08:08parce qu'il n'y a que dans ce format transpartisan
08:10où nous pourrons vraiment changer la loi.
08:12Alors, entrons dans le cœur de l'affaire Bétharam,
08:15cet établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques
08:18que les victimes appellent le goulag des Pyrénées.
08:23Expression sinistre.
08:25À ce jour, environ 250 plaintes ont été déposées
08:29impliquant des prêtres, des surveillants,
08:31parfois des élèves, dont 90 pour des violences
08:34à caractère sexuel.
08:36Des plaintes portent sur des faits
08:39commis entre les années 50 et 2010.
08:43Question simple, comment Bétharam a-t-il été possible ?
08:48Qu'est-ce qui, à vos yeux, après ces mois d'enquête,
08:52explique ce demi-siècle de violences continues
08:54systématiques de violences physiques,
08:57verbales, sexuelles, inouïes sur les élèves
09:00au sein de cet établissement ?
09:02D'abord, des défaillances majeures
09:05et des défaillances de l'État.
09:06Des défaillances de gendarmes
09:08qui, pendant des années, ont vu des élèves fugués
09:09et qui, pendant des années, les ont ramenés
09:11à la porte de l'école sans jamais s'interroger
09:13sur la raison de ces fugues.
09:14Des défaillances majeures de la justice
09:16qui n'a pas fait le lien entre une série de plaintes
09:19déposées sur plusieurs décennies
09:21et qui pointaient à un établissement
09:24qui dysfonctionnait gravement.
09:26Défaillance de l'Éducation nationale.
09:27Avec un rapport dont on a beaucoup parlé,
09:29d'inspection en 1996,
09:31bâclé, ni fait, ni à faire,
09:33commandé en urgence.
09:35Un inspecteur qui se rend quelques heures sur place,
09:37qui écrit son rapport le week-end,
09:38qui est transmis le lundi matin au recteur
09:39et à François Bayrou,
09:40qui dit tout et son contraire.
09:42Avec une conclusion qui blanchit l'établissement,
09:45mais un rapport qui décrit aussi
09:47des faits de châtiments corporels,
09:49le supplice du Perron notamment.
09:51Et donc, c'est toute une chaîne de responsabilités,
09:54une responsabilité locale.
09:55C'est quoi le supplice du Perron ?
09:55Le supplice du Perron, c'est mettre un enfant
09:57en petite tenue, la nuit, dehors,
10:01dans le froid, l'hiver, pour le punir.
10:03Jusqu'à ce que cet enfant,
10:04c'est Marc Lacoste-Séris,
10:06souffrant d'une hypothermie telle,
10:08soit envoyé à l'hôpital.
10:10Et dans le livre d'Alain Esquerre,
10:10on décrit qu'il a frôlé l'amputation.
10:12C'est dire la gravité des actes
10:14qui ont été imposés à ces enfants.
10:16Ces défaillances, je veux dire,
10:17ce sont celles de l'État.
10:18Et puis, il y a une omerta.
10:20Il y a une culture du silence
10:21qui tient à beaucoup de choses,
10:23qui est particulière aux établissements privés
10:25sous contrat, en particulier aux établissements catholiques,
10:28qui tient à des enjeux de réputation
10:29de ces établissements,
10:30qui tient au fait que les fédérations
10:32de parents d'élèves...
10:33Il y a une seule fédération de parents d'élèves
10:34dans l'enseignement privé.
10:35Donc, il y a un pluralisme qui n'existe pas.
10:38Et donc, il y a des phénomènes de huis clos.
10:39Et vous pointez, je cite,
10:40le rôle central est plus qu'ambigu
10:42de l'association des parents d'élèves.
10:43Exactement, parce qu'à la fois,
10:45elle constate des violences.
10:46Parfois, elle passe des signaux d'alerte.
10:47Et nous avons saisi à Bétharam
10:49des comptes rendus de conseils d'administration
10:51qui en témoignent.
10:52Mais toujours, elle agit,
10:53du point de vue de l'extérieur,
10:55comme un organe qui va couvrir l'établissement,
10:58préserver sa réputation.
10:59Et pourquoi ?
11:00C'est une excellente question,
11:02parce que peut-être que le choix des parents
11:03est un choix très ambigu, très paradoxal.
11:05Ce sont des parents qui choisissent
11:06ces établissements à la dure,
11:08parce qu'ils recherchent une éducation.
11:11Et en même temps, ce sont des parents
11:13et ils découvrent,
11:14et on a des descriptions qui sont terribles,
11:16de lynchage d'élèves,
11:17qui sont des descriptions
11:19que les parents d'élèves assument
11:20et ils découvrent que leurs enfants
11:22sont mis en danger
11:22et il y a cette tension permanente
11:23qui les accompagne.
11:24Vous écrivez noir sur blanc dans le rapport
11:26que la violence était pour partie
11:27au moins institutionnalisée
11:28et constituée un produit d'appel
11:30de Bétharam pour les parents.
11:32C'est-à-dire, je veux mettre mes enfants
11:34dans un établissement
11:35qui va redresser,
11:37qui va les faire filer droit.
11:38On a entendu des expressions
11:40effectivement reprises par les victimes
11:42et ça explique aussi une partie
11:44du silence ou de la résignation
11:46de certaines victimes
11:48dans le but de ne pas culpabiliser
11:50leurs parents,
11:51parce que finalement,
11:52des parents qui imaginaient
11:53qu'il y avait quelques coups,
11:55qui parfois, même quand l'enfant
11:57se plaignait en revenant
11:58le week-end à la maison,
12:00ils disaient,
12:00écoute, si tu as des coups,
12:02c'est que tu l'as mérité
12:03et qui repartaient
12:04et qui remettaient leurs enfants
12:05à Bétharam le lundi,
12:07eh bien,
12:08ces enfants se disaient
12:09que les parents ne voyaient pas
12:11ce qui se passait réellement
12:12et pourquoi ça allait plus loin
12:14dans un système organisé
12:16de domination
12:17de l'adulte ayant autorité.
12:19Dans le cas de Bétharam,
12:20c'était des prêtres pour la plupart,
12:22de domination,
12:23d'humiliation psychologique,
12:24parce que la violence sur l'enfant,
12:25ça peut être simplement
12:27une humiliation psychologique,
12:28de violence physique
12:29et aussi derrière cela,
12:30de violence sexuelle.
12:32C'est ce que l'on a vu aussi,
12:33le même système
12:34au village d'enfants
12:35de Riaumont,
12:36dans le nord,
12:36à Liévin,
12:37le même système
12:38quasiment militarisé
12:39d'autorité,
12:41de punition,
12:42de soumission,
12:43qui a finalement
12:45mis un couvercle
12:46sur des violences innommables
12:48qui sont allées
12:48dans le nord
12:49jusqu'aux travaux forcés
12:50la nuit d'enfants.
12:51On l'a dit,
12:52point d'orgue
12:53de la commission d'enquête,
12:54l'audition du premier ministre
12:56François Bayrou,
12:58élu de la région,
12:59trois de ses enfants
13:00scolarisé à Bétarame,
13:02son épouse
13:02qui y a enseigné
13:04le catéchisme,
13:06sa fille a témoigné
13:07sur les violences
13:08qu'elle avait subies,
13:10une audition tendue,
13:12musclée,
13:13où François Bayrou
13:14a déclaré,
13:15je n'ai évidemment
13:16jamais,
13:17au grand jamais,
13:19été informé
13:19de quoi que ce soit
13:21en matière de violence,
13:23a fortiori
13:24de violence sexuelle.
13:26Et dans ce rapport ?
13:28Alors pardon,
13:28ça c'est important
13:29parce que ça c'est
13:29ce qu'il déclare
13:30le 11 février 2025
13:31en réponse à la première question
13:33que je lui pose
13:34à la Sommé nationale.
13:35Le 14 mai,
13:36en audition,
13:37il reconnaît sous serment
13:38avoir été informé
13:40par la presse,
13:41dit-il,
13:42dès les années 1990,
13:43de ces faits
13:44de violences physiques d'abord.
13:46C'est très très important
13:47parce que c'est
13:47une des grandes questions.
13:49Qu'est-ce que savait
13:49François Bayrou ?
13:50Qu'a-t-il fait
13:51pour faire cesser ces violences ?
13:52Sur ce point,
13:52vous n'êtes pas tout à fait d'accord.
13:54C'est le seul endroit
13:55du rapport
13:55où il y a un paragraphe
13:57que vous signez,
13:58Paul Vannier,
13:59et que vous ne validez pas
14:01à Violette Spilboot.
14:02Mais tout de même,
14:03il est écrit
14:03que vous dénoncez,
14:06vous pointez
14:06un défaut d'action
14:07de François Bayrou
14:08contre ces violences.
14:10Un défaut d'action
14:11parce qu'il avait
14:11les moyens d'engager
14:12alors qu'il était informé
14:13quand il était ministre
14:14de l'éducation
14:15de ce qui s'est passé
14:16et de ce qui a perduré
14:17pendant des années.
14:18Le constat qu'on fait
14:19dans l'ensemble des travaux
14:20de cette commission d'enquête
14:21où nous avons saisi
14:22des documents,
14:23des archives nationales,
14:24des échanges entre les ministres,
14:26leurs cabinets,
14:27les rectorats dans les territoires
14:28et des plaintes,
14:31des courriers de signalement
14:33ou de lanceurs d'alerte,
14:34des enseignantes,
14:35la plupart du temps,
14:36très courageuses,
14:37qui se sont adressées
14:38directement à différents ministres
14:40au fur et à mesure
14:41des époques.
14:42C'est que oui,
14:42il y a eu une inaction
14:44de l'État,
14:45une sorte...
14:47D'abord parce que
14:48l'organisation du pouvoir
14:50fait que dans beaucoup
14:51de cabinets ministériels,
14:53il y a des signalements
14:53de victimes et encore aujourd'hui
14:55qui arrivent,
14:55qui s'adressent personnellement
14:56aux ministres
14:57et le ministre,
14:58dans la masse,
15:00n'a pas organisé,
15:01on l'a entendu
15:02dans l'audition
15:03avec Elisabeth Guigou
15:04qui à l'époque
15:05était ministre de la Justice,
15:06n'a pas organisé
15:07un système qui permet
15:08lorsqu'il y a quelque chose
15:09de très grave
15:10de réagir dans le temps.
15:12Le changement de ministre
15:13également montre
15:14qu'il y a eu des campagnes
15:16de sensibilisation,
15:17même d'action,
15:17quand Ségolène Royal
15:18était ministre de l'Éducation
15:20et puis quand elle n'est plus ministre
15:22et qu'elle passe à la famille,
15:23la campagne est terminée.
15:24On a vu des choses
15:25qui se sont enchaînées
15:26dans les différentes périodes
15:27et qui montrent
15:28que l'État,
15:29dans son entièreté
15:30des années 50 à aujourd'hui,
15:32est co-responsable
15:33de cette inaction
15:35et c'est pour ça
15:35qu'on a le sujet
15:37de la reconnaissance
15:38des victimes.
15:39La défaillance claire
15:41de l'État,
15:42ça vous l'écrivez
15:42noir sur blanc
15:43et vous dites
15:43les victimes doivent être
15:45dédommagées,
15:47elles doivent être reconnues
15:48en tant que victimes
15:49par l'État
15:50de façon collective
15:51et individuelle
15:52et elle doit pouvoir
15:53être indemnisée
15:54avec un fonds d'indemnisation
15:55et reconnue notamment
15:57pour la souffrance psychologique,
15:59psychiatrique parfois
16:00que cela engendre
16:00avec un suivi des soins
16:02qui doit pouvoir
16:03être pris en charge.
16:04Cette défaillance
16:05de l'État,
16:05il faut l'expliquer,
16:06elle a une cause politique.
16:09Il y a pendant des décennies
16:10une accusation,
16:11un rayon paralysant,
16:12celui de la guerre scolaire
16:13qui a été brandi
16:14en direction
16:15de toutes celles
16:16et tous ceux
16:17qui osaient ne serait-ce
16:18que questionner
16:19la place très particulière
16:20des établissements privés
16:21sous contrat dans notre pays.
16:22Et cette accusation,
16:23elle a conduit
16:24pendant des décennies
16:25des ministres,
16:26des tutelles politiques
16:27à s'auto-censurer,
16:28en tout cas à ne jamais
16:30se saisir de leurs prérogatives
16:31parce que le code
16:32de l'éducation,
16:33la loi prévoit le contrôle.
16:34La puissance publique
16:34avait peur.
16:35La puissance publique
16:36était terrorisée
16:37au point qu'il n'y a eu
16:38pendant 40 ans
16:39aucun contrôle,
16:40aucun contrôle
16:41dans ces établissements
16:42parce qu'aussi
16:43un organe,
16:44le secrétariat général
16:45à l'enseignement catholique.
16:48Il était si puissant ?
16:49Mais il l'est toujours.
16:50C'est le ministère
16:50bis de l'éducation nationale.
16:52Nous documentons
16:52dans ce rapport
16:53la fréquence
16:54à laquelle
16:55il est reçu
16:56dans la coulisse
16:57en toute opacité
16:58au ministère
16:59pour discuter
17:00de tant et tant de choses
17:01et nous avons
17:01un courrier
17:02de novembre 2024,
17:03très récent donc,
17:04dans lequel
17:05le secrétaire général
17:06à l'enseignement catholique
17:07se bat de toutes ses forces
17:08contre le contrôle.
17:09contre le renforcement
17:10de ce contrôle.
17:11C'est le ministère bis ?
17:12C'est important juste
17:13sur ce point.
17:13Il appelle à la suppression
17:15des fiches du contrôle
17:17portant sur les internats
17:18en novembre 2024.
17:20C'est le ministère bis.
17:20Il est d'ailleurs décrit
17:21dans certaines notes
17:22de cabinet de ministres
17:23que nous avons saisis
17:24comme un lobby.
17:25Et ce lobby agit
17:26dans la coulisse
17:26depuis 40 ans.
17:27Je suis d'accord
17:27avec ce qu'on a écrit
17:28dans notre rapport
17:29de Paul Vannier.
17:29On n'a pas utilisé
17:30ce mot de ministère bis
17:31dans le rapport.
17:32En revanche,
17:33oui, constater
17:35que le secrétariat général
17:36à l'enseignement catholique
17:37dans ce courrier
17:38du 24 novembre
17:39est en rapport de force
17:41avec le ministère
17:42de l'éducation
17:43pour dire comment
17:44il veut ou il ne veut pas
17:46que les établissements
17:46privés sous contrat
17:47catholique soient inspectés.
17:49C'est une réalité,
17:50c'est un fait.
17:51Mais je tiens à dire aussi
17:52qu'au long de cette
17:53commission d'enquête,
17:54on a vu beaucoup de choses
17:55déjà changer.
17:56On a bougé les lignes,
17:57on a dérangé.
17:59Et c'est dérangé
18:00positivement
18:01puisque le secrétariat général
18:02à l'enseignement catholique
18:03depuis 4 mois
18:05a déjà pris
18:06un certain nombre
18:07de mesures
18:08à annoncer des mesures.
18:09L'enseignement
18:10à la vie sexuelle
18:12et affective
18:13déployé
18:14dans tous les établissements
18:15à la rentrée 2025.
18:17Le lancement
18:18d'une campagne
18:18stop violence
18:19au-delà déjà
18:20du plan de protection
18:21des élèves
18:21qui existait.
18:23Très récemment,
18:23le contrôle interne
18:24de tous les internats
18:26de l'enseignement
18:27catholique privé.
18:29Donc tout ça,
18:30ça va dans le bon sens.
18:31Ça montre aussi
18:31qu'on est à un moment
18:32charnière, je crois,
18:34à travers les mots vrais
18:35et les faits
18:36et les documents
18:37que nous produisons
18:37dans cette commission
18:38d'enquête,
18:39dans ce rapport.
18:40On est à un moment
18:41où nous pourrons,
18:42je pense,
18:43changer les choses
18:44à travers la loi,
18:45à travers une évolution
18:46d'un certain nombre
18:47de règlements et décrets
18:48pour que ce type d'action
18:51ne puisse pas perduire.
18:52Vous allez continuer
18:52votre travail
18:53et ce rapport doit aboutir,
18:54vous le dites,
18:55à une proposition de loi
18:56ou à un projet de loi
18:57qui viendra reprendre
18:58un certain nombre
18:59de vos recommandations
19:00et qui sera commun,
19:01transpartisan.
19:02Sur les défaillances,
19:04sur les contrôles,
19:04les contrôles,
19:05le plus important,
19:06ce sont les contrôles
19:06à vous lire,
19:07sur tout ce que vous mettez
19:08en place et qu'on peut lire
19:09et j'encourage tout le monde
19:10à maintenant qu'il est
19:11officiellement dévoilé
19:12à lire votre rapport
19:13passionnant.
19:14Merci à tous les deux.
19:16Violette Spilbout,
19:17député du Nord,
19:18parti ensemble
19:19pour la République,
19:21Paul Vannier,
19:22député de la France
19:23Insoumise du Val-d'Oise.
19:24Merci.
19:24Merci d'avoir été
19:25au micro d'Inter.
19:26Il est 8h46.

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