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Il a passé sa vie à sauver celle des autres ! Pascal Sancho, ancien chef de groupe au prestigieux Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne, a mené plus de 1 000 opérations de secours en conditions extrêmes. Dans "S’élever ensemble", son dernier ouvrage en date, il transmet avec force et humilité les leçons d’une vie suspendue entre ciel et abîmes. Leadership ou position dominante, courage, lucidité, esprit d’équipe : ce livre est une boussole pour tous ceux qui cherchent à guider, à fédérer, à décider. Une leçon de commandement par l’exemple, nourrie d’action, de doutes, et de solidarité. La préface du livre est signée par Ugo Mola, le remarquable entraîneur du Stade Toulousain et tout juste vainqueur du Top 14 de rugby. “Ce n’est pas seulement un récit. C’est une boussole pour dompter l’incertitude” écrit le vainqueur de la finale qui a opposé le Stade Toulousain à la forte équipe de Bordeaux. Quand un maître du collectif en montagne rencontre un champion du collectif sur le terrain, la parole devient précieuse et le conseil précis. Ce livre n’est pas réservé aux montagnards : il s’adresse à tous ceux qui veulent s’élever — dans la vie, dans l’entreprise, dans la cité. Un témoignage ancré dans le réel, qui parle à la tête, au cœur mais aussi aux tripes.
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00:00Arriver à TVL en qualité de journaliste et intervenant, je peux témoigner que TVL, c'est du sérieux.
00:09J'ai vu par moi-même la qualité du savoir-faire des équipes, le professionnalisme du matériel, des studios et de l'organisation.
00:17Cela fait 12 ans que TVL existe, 12 ans d'expérience, 12 ans que rien ne serait possible sans nos donateurs.
00:24Certes, le modèle du don n'est pas vraiment le plus facile, mais il permet à TVL de rester libre et de produire de l'information de qualité.
00:32Les donateurs en vérité sont nos seuls patrons. Ils sont les garants et les gérants de la première chaîne alternative de France.
00:39Et cette relation de confiance n'en est qu'à ses débuts.
00:42Notre chaîne n'a jamais eu autant de vues et d'influence et entre maintenant dans une nouvelle phase de croissance
00:47qui ne s'arrêtera que lorsque nous aurons pris le pouvoir et remplacé le JT de France 2 par celui d'Élise Blaise.
00:52Alors, ceci est une invitation.
00:55Une invitation à l'audace.
00:57Soyez les pionniers. Soyez à l'avant-garde de la croissance d'une structure d'expérience qui ne fera que continuer son développement.
01:04Et ce, malgré les pressions du pouvoir et des banques.
01:08Participez dès maintenant à la croissance financière de TVL en faisant un don.
01:12Comme vous investiriez dans une action d'une entreprise patriote d'avenir.
01:17Car au moment où la presse alternative va remplacer les médias de grand chemin, vous pourrez dire
01:22« J'étais là ».
01:23Pascal Sancho, ancien secouriste de montagne des CRS et officier de police judiciaire,
01:44a consacré plus de 30 ans de sa vie à sauver celles des autres,
01:47souvent dans des conditions extrêmes entre crevasses, avalanches, sommets, escarpés et situations de crise.
01:53Médaillé pour son courage, formateur reconnu, il a aussi accompagné les forces d'élite comme le RAID ou la BRI
01:59et conseillé des équipes sportives de haut niveau.
02:02Son expérience du terrain l'a conduit à une réflexion profonde sur l'engagement humain,
02:06le sens de l'effort, la solidarité et le leadership, c'est-à-dire la volonté de domination.
02:13Dans « S'élever ensemble », il nous propose bien plus qu'un récit de montagne.
02:16C'est un véritable manuel d'élévation personnelle et collective.
02:20C'est aux éditions Maraï et vous retrouvez cet ouvrage sur le site tvl.fr.
02:24Vous allez dans la boutique de TVL, vous connaissez « Le chemin » Pascal Sancho.
02:27Bonjour.
02:27Bonjour.
02:28En couverture du livre, Hugo Mola, l'entraîneur du stade toulousain de rugby, écrit que « S'élever ensemble » n'est pas seulement un récit,
02:36c'est une boussole pour ceux qui veulent comprendre ce que signifie guider un collectif, dompter l'incertitude.
02:42Et vous qui êtes rompu à la prise de décisions en conditions extrêmes,
02:46que vous inspire cette analogie venue du monde du sport de haut niveau ?
02:50Celui du rugby.
02:51Oui, c'est surtout celui du rugby parce que c'est vraiment moi, ma deuxième famille, pour un tas de choses,
02:56mais en priorité pour les valeurs.
02:58Les valeurs, parce que je trouve que ce combat qui est quand même très âpre sur un terrain de rugby,
03:03pour ceux qui connaissent, se conjugue bien avec un état d'esprit de fraternité, de camaraderie.
03:10Et pour moi, c'est une très belle métaphore de la vie, tout simplement, le rugby.
03:13Et je pense que s'il y avait plus de rugby dans nos vies, ça serait très bien.
03:17Hugo Mola, vainqueur, peut-il le rappeler, samedi dernier, de la finale du top 14 avec le stade toulousain
03:25contre Bordeaux qui s'est bien battu.
03:28Vous avez regardé ces matchs extraordinaires d'ailleurs ?
03:30Ah oui, c'est certainement une des peut-être les plus belles finales de la décennie.
03:34Puis je suis vraiment content, triste pour Bordeaux parce qu'il le méritait tout autant,
03:38mais content pour Toulouse qui a traversé une saison compliquée humainement.
03:42Il perd de Mehdi, une jeune pépite du stade toulousain qui est en stage de l'équipe de France.
03:47L'épouse d'un ancien joueur est décédé.
03:49Je sais qu'il y avait une version un peu spirituelle dans cette finale.
03:52Et c'est bien qu'il l'ait emporté.
03:54Et s'élevait ensemble avec Hugo Mola.
03:56Et avec qui en particulier dans cette équipe ?
03:58Ramos ?
03:58Antalak ?
03:59Oui, le leader du pont n'était pas là.
04:02Et puis de toute façon, je veux dire, c'est le collectif qui prie.
04:04Mais c'est vrai que Ramos s'impose comme le patron de cette équipe.
04:08Allez, on revient à votre livre, S'élevait ensemble.
04:10Vous avez effectué, je l'ai dit, plus de 1000 missions de secours en montagne.
04:14Vous avez affronté l'urgence.
04:15Qu'est-ce qui vous a poussé après toutes ces années finalement d'action
04:18à passer ensuite à l'écriture ?
04:20Et pourquoi ce besoin de transmettre aujourd'hui ?
04:23Je crois qu'une aventure humaine n'a de sens que si elle est partagée, très sincèrement.
04:28Et je suis convaincu qu'en altitude, on a des enseignements qui sont vraiment épurés,
04:32qui sont tournés vers l'excellence.
04:34Cette obligation pour nous de résultat qui est de sauver des vies.
04:36Et je suis convaincu que dans la vraie vie, on va dire, à des altitudes plus modestes,
04:43ces enseignements sont universels, notamment quand on voit aujourd'hui notre société en souffrance,
04:48pour ne pas dire en déliquescence, notamment dans le lien qui nous relie aux autres.
04:52Et pour moi, c'était plus qu'une évidence.
04:54Je trouve que c'est peut-être un peu le prolongement de ma formation,
04:57mais c'était un devoir que de le mettre à disposition du plus grand nombre.
05:01Et le titre même, S'élevait ensemble, reflète à la fois, bien sûr, l'ascension physique en montagne.
05:05Ça, c'est l'ancien secouriste qui prime.
05:08Mais vous avez aussi la notion, et vous l'avez presque évoqué, d'élévation morale.
05:13Et pourquoi cette idée d'élévation collective vous semble-t-elle si essentielle dans notre monde actuel ?
05:19Tout simplement, dans un principe de réalité, personne ne réussit seul.
05:23L'aventure solitaire n'existe pas, en fait.
05:25Vous prenez n'importe quels exemples.
05:27Celui qui traverse dans une course au large, en solitaire sur son bateau à une équipe.
05:32Le pilote de Formule 1 qui tient un volant à une grande équipe.
05:35Plus de 200 personnes pour qu'ils puissent prendre le premier virage.
05:38Donc, c'est une forme d'honnêteté, d'abord, de se dire qu'on réussit grâce aux autres.
05:44Et puis, je suis convaincu qu'on grandit grâce aux autres aussi.
05:47Dans vos pages, il y a la cordée, l'art de la cordée, qui apparaît comme une métaphore forte.
05:53Chaque membre est un maillon essentiel de la chaîne.
05:56On dirait du barès.
05:57La cordée, image du lien, de la confiance, de la solidarité.
06:00En quoi cette expérience très collective, j'insiste toujours sur ce thème, comme vous le faites, très concrète en haute montagne, bien sûr, peut-elle éclairer notre manière de vivre, de travailler ou même de gouverner, d'ailleurs ?
06:13Mais la cordée, qu'est-ce que c'est, en fin de compte ? C'est un état d'esprit.
06:16Donc, on va mettre en commun toutes nos forces pour atteindre un objectif, quel qu'il soit.
06:20Pour nous, c'est sauver des vies.
06:22Pour l'alpiniste, c'est atteindre un sommet.
06:24Mais dans le même temps, et ce qui est quand même assez remarquable, c'est qu'on va être capable de mettre sur la table, dès le départ,
06:29en marge de nos qualités, nos défauts, parfois nos faiblesses, pour que, dans le projet, on ne vienne pas mettre à mal cette association solidaire, quelque part, et être vraiment efficace.
06:43Et je pense que c'est là où l'esprit de cordée est remarquable, c'est qu'on n'a pas d'état d'âme à se dire les choses.
06:50L'altitude, de toute façon, le ferait à notre place, parce qu'elle va nous dénuder, même en mettant des couches de vêtements avec le froid.
06:58Donc, on est franc, on est honnête, on essaye de donner la meilleure version de nous-mêmes, et on a aussi cette idée que les uns ne réussissent pas sans les autres.
07:08Le premier n'existe pas sans le second de cordée.
07:11Et ce qui est encore plus remarquable, c'est qu'un premier peut très bien passer second de cordée, un second premier,
07:16et tout ça se fait de manière assez naturelle, sans jugement, sans état d'âme, et toujours avec l'objectif d'être le meilleur et d'atteindre l'objectif commun qu'on s'est fixé.
07:26Et si je transposais cela au gouvernement de notre pays, vous diriez qu'à la limite, le premier de cordée, il a besoin d'un second, etc.
07:34Est-ce que cette métaphore, on peut l'établir de la même façon ?
07:37Absolument, et c'est pour ça que je pense très sincèrement que ça s'applique dans tous les domaines,
07:41et que c'est avant tout une question d'état d'esprit, on ne va pas se reposer sur des fondements hiérarchiques.
07:45Donc, notre seul boussole, ça va être l'objectif, être efficace.
07:49Et pour cela, si une jeune recrue dans mon groupe, dans tel ou tel domaine, a plus d'aptitudes ou de connaissances que moi,
07:57elle sera première de cordée et je n'aurai aucun état d'âme à me mettre en retrait.
08:01C'est pour ça que je dis que c'est avant tout un état d'esprit.
08:03Parlons concrètement.
08:04Si on prépare une cordée pour monter une grande montagne ensemble, moi, vous êtes le spécialiste, je suis le néophyte, est-ce que vous êtes le premier de cordée obligatoirement ?
08:15Moi, je suis le dernier de cordée obligatoirement.
08:16Oui, si vous êtes néophyte, là, il n'y a pas de sujet.
08:19Moi, je suis le dernier de cordée.
08:20Il va falloir que vous fassiez de l'apprentissage, c'est normal.
08:24C'est aussi la raison d'être du premier de cordée, c'est de transmettre.
08:27Mais les cordées les plus efficaces, c'est des cordées qui peuvent partager le leadership,
08:31qui ont des compétences, mais qui peuvent être des compétences différentes.
08:34Par exemple, moi, je suis meilleur en escalade en rocher, pour prendre une métaphore.
08:39Je vais franchir les passages en rocher, puis à un moment donné, arrive de la glace.
08:41Mon second est meilleur en glace, il va passer devant tout naturellement.
08:45Et tout ça se fait de manière assez agile, assez naturelle, et surtout de manière très efficace.
08:51Le collectif, pour sublimer son leadership, c'est ça la réalité ?
08:55J'ai l'impression que je suis du Gomola, là.
08:56Oui, non, mais c'est un leadership, nous, on appelle ça un leadership d'objectif et de momentum.
09:00C'est-à-dire que, voilà, on va être en permanence à trouver la meilleure articulation possible.
09:07Par exemple, dans une mission de secours, le pilote va avoir la main pour approcher les pales de la paroi,
09:11à mettre de la paroi.
09:13Quand je serai dans la paroi, c'est moi qui aurai la responsabilité de l'extraction.
09:16À tout moment, il faut médicaliser la victime.
09:18C'est le médecin qui prend la gouvernance de l'opération.
09:21Et tout ça se fait de manière très naturelle.
09:23Vous avez commandé, je regarde dans l'ouvrage, ce que je vais chercher,
09:27et très exactement ce que vous indiquez.
09:29Vous avez commandé des équipes dans l'urgence, parfois au bord du vide,
09:32parfois aussi dans le silence du doute.
09:34Comment forger cette position dominante ?
09:36Terme, à nouveau, que je vais utiliser de leadership, position dominante.
09:39C'est-à-dire une position dominante à la fois qu'il faut qu'elle soit ferme,
09:43il faut qu'elle soit lucide, il faut qu'elle soit humaine.
09:47Et pour cela, vous dites qu'il y a un nombre de points essentiels.
09:51Vous en comptabilisez huit.
09:52Oui.
09:53Là aussi, le leadership, je pense que déjà, il faut être conscient.
09:56On en déplaise à certains docteurs spécialisés dans le leadership.
09:59Le leadership, ça se conquère, mais ça s'offre aussi.
10:03C'est le groupe qui vous le donne, ce leadership.
10:05Il vous le donne pour plusieurs raisons.
10:07D'abord, parce qu'à leurs yeux, vous êtes crédibles, parce que vous êtes compétents.
10:12Et à partir de cette ouverture qu'ils vous proposent,
10:17parce qu'il faut aussi s'appuyer sur ce groupe pour avoir un leadership,
10:23on va pouvoir avoir un management qui, pour moi,
10:26prenait vraiment deux directions totalement complémentaires.
10:29C'est une exigence.
10:30Exigence de tous les instants qui, dans nos métiers,
10:33mais je pense dans la vie, ne doit pas être négociable.
10:37Et à côté de ça, beaucoup de bienveillance,
10:39beaucoup de reconnaissance aussi.
10:42Et c'est cet équilibre subtil qu'il faut adapter,
10:44puisque le leadership, il s'adapte en permanence au contexte et aux circonstances.
10:48Et donc, voilà, c'est ce qui fait que le groupe vous reconnaît comme un leader.
10:52Et ça, je pense que c'est une force qui vient de l'intérieur.
10:56Contrairement au management, ça ne s'apprend pas.
10:58Vous l'avez ou vous ne l'avez pas.
10:59On peut être un très bon manager, mais pas être un leader de groupe.
11:03Il y a des gens qui n'ont pas un niveau hiérarchique important dans le groupe
11:06et qui sont pourtant des leaders.
11:07Des leaders d'exemple, des leaders de terrain,
11:09parce qu'ils dégagent quelque chose qu'on pourrait appeler le charisme,
11:13mais ça va bien au-delà.
11:15Ce qui fait que, dans cet élan, les gens sont capables de vous suivre jusqu'au bout du monde.
11:19Et tous les grands hommes ou les grandes femmes qu'on pourrait citer,
11:23de Simone Veil au général de Gaulle,
11:25c'est des gens qui, de par leur positionnement,
11:29dégageaient quelque chose qui donnait envie de les suivre.
11:32Vous parlez d'adaptabilité.
11:34Vous dites aussi un autre mot qui est celui de résilience.
11:36Qu'est-ce que cela veut dire clairement dans votre esprit ?
11:38Cette résilience, ce n'est pas un terme qui est toujours très bien apprécié.
11:42La résilience, c'est d'abord être capable de se dire
11:45qu'il va y avoir des moments difficiles.
11:47Moi, j'ai perdu, par exemple, 7 camarades en 30 ans,
11:51sur un groupe de 38, ce qui est énorme.
11:53C'est des moments où on va, naturellement, poser un genou à terre.
11:56C'est tout à fait humain.
11:57Mais c'est des moments aussi où le roseau, il va se courber,
12:01mais il ne va pas rompre.
12:02Et c'est dans ces moments-là, justement, qu'on va évaluer la force d'un groupe.
12:07C'est ces moments où, pour prendre une image que tout le monde comprendra,
12:10on va serrer les dents, on va se serrer les uns avec les autres
12:13pour franchir l'obstacle.
12:15Et c'est ça aussi, l'esprit de Cordée,
12:16c'est que quand on est ensemble, il n'y a pas vraiment de difficultés
12:20ou d'écueils qu'on ne puisse surmonter.
12:23Il y a aussi une autre notion que j'ai trouvée importante,
12:25c'est de défendre l'idée que le doute n'est pas forcément une faiblesse.
12:29Mais alors, vous dites même, ça peut être une force.
12:31D'où vient cette conviction ?
12:32Et comment peut-elle s'appliquer à d'autres univers, d'ailleurs,
12:35que celui du secours ?
12:35Bien sûr.
12:36Le doute, si vous voulez, il va être générateur de créativité.
12:40Parce que quand on doute, qu'est-ce qu'on va faire ?
12:41Bon, je ne suis pas sûr de cette option.
12:43On réfléchit, on partage, on décide.
12:47Mais le doute nous aura permis d'avoir une certaine synergie dans nos forces,
12:50dans nos manières de penser.
12:52Et ça aura été une forme de créativité, quelque part,
12:55quelqu'un qui ne doute pas.
12:57Il ne faut pas que ça dure dans le temps, le doute.
12:59Mais c'est une étape importante dans l'action.
13:04Tout au long du livre, on sent aussi l'importance du courage,
13:07non pas comme la bravoure héroïque, mais comme une force,
13:09toujours cette force intérieure, dans l'adversité.
13:12Vous avez bien évidemment connu, traversé.
13:16Comment vous avez appris, vous, à reconnaître ou à cultiver ce courage au quotidien ?
13:21Est-ce qu'il est transmissible ?
13:23Est-ce qu'il faut avoir fait mille actions de secours,
13:25comme vous l'avez fait, découvrir le plus délicat,
13:29le plus difficile pour pouvoir obtenir ce courage-là ?
13:32Est-ce qu'il est accessible à tous ?
13:33Je pense que beaucoup de gens sont courageux.
13:36Comme vous l'avez bien précisé, ce n'est pas une version héroïque
13:39ou voire romantique de la notion de courage.
13:41Nous, dans une unité comme la nôtre,
13:42où il y a vraiment cette obligation de résultat,
13:44où on va être confronté à une hostilité permanente,
13:47moi, je suis plus sensible à l'audace,
13:48qui pour moi est la version intelligente du courage.
13:51Parce qu'être courageux, c'est bien.
13:53Vous sauter d'un pont pour aller sauver un gamin qui se noie.
13:56S'il y a un mètre d'eau,
13:57ce n'est peut-être pas la meilleure des solutions.
13:59On va mieux peut-être contourner, arriver par la berge
14:01et rejoindre le gamin.
14:02Donc nous, ce qu'on veut, c'est des gens qui vont trouver en permanence
14:05la solution à une situation qui est compliquée.
14:08Et je ne vous dirai pas la réponse parfaite,
14:10parce qu'elle n'existe pas,
14:12mais la moins imparfaite dans chaque situation.
14:14Et donc, effectivement, à la base,
14:16le terreau, c'est quand même ne pas se laisser prendre
14:19par ses émotions, être un minimum courageux.
14:22Aujourd'hui, vous transmettez votre expérience à des policiers, toujours ?
14:26Oui, c'est plus maintenant, aujourd'hui, le monde de l'entreprise, du sport.
14:29Les dirigeants, les sportifs ?
14:30Oui.
14:30Et qu'est-ce que le terrain vous a appris que les écoles, les manuels,
14:33ne peuvent t'enseigner ?
14:34Parce qu'aujourd'hui, tous les manuels, bien, sont nombreux sur ces questions-là.
14:38Qu'est-ce que vous pouvez leur apporter de plus ?
14:40À part, je suis l'homme de terrain, j'ai vécu ce dont je vous parle.
14:43Je crois qu'il faut renouer avec soi-même.
14:45D'abord, il faut être très humble.
14:46Très humble, le moins-jeu, éviter.
14:50Savoir que c'est souvent dans la dimension collective
14:52qu'on va trouver la solution.
14:55Et ensuite, avoir confiance en soi
14:57et ne pas hésiter à oser.
15:00À oser en permanence, c'est toujours le premier pas qui est difficile.
15:03Et il faut être capable de le faire.
15:05Donc, on est tous nourris par des émotions.
15:07Ces émotions, il faut être capable de les accepter, d'abord.
15:09De les canaliser ensuite et puis ensuite de se mettre dans l'action.
15:13Et une action efficace, là aussi, ne peut passer que par un collectif fort.
15:18Et cette transmission, elle fonctionne ?
15:20On dit tout le temps, maintenant, aujourd'hui, il n'y a plus de transmission
15:21et que ceux qui ont votre âge, les jeunes de votre âge ou du mien,
15:26n'arrivent plus à transmettre aux générations futures
15:28parce qu'elles ne les écoutent plus.
15:29Ça, ce n'est pas votre sentiment ?
15:31Dans des unités comme le nôtre, non.
15:33On a une intégration intergénérationnelle qui se fait bien
15:37parce que d'abord, il y a beaucoup de respect.
15:39Les jeunes apportent leur fraîcheur, apportent des connaissances que nous n'avons pas.
15:44Mais nous, on leur apporte aussi une expérience
15:45et ils savent très bien, dès le début,
15:47dans ce monde qui est quand même, à chaque fois,
15:50relié au principe de réalité.
15:51Et nous, on ne fait pas que parler.
15:52On est quand même dans la réalité au quotidien.
15:55On est avant tout ce qu'on fait.
15:56Ils se rendent bien compte que c'est une équipe.
15:58Et l'équipe, c'est un peu l'éloge de la complémentarité,
16:01voire de la différence.
16:02Et donc, les jeunes qui ont été acceptés dans nos unités
16:08ont déjà été sélectionnés
16:10et n'ont pas de difficulté à s'intégrer à ce niveau-là.
16:14C'est dans un monde que vous évoluez, que vous évoquez à l'instant,
16:17qui est un monde qu'on définit comme étant marqué par la solitude,
16:22par l'individualisme, par l'instantanéité.
16:25Vous parlez du « nous » toujours, du lien, du collectif.
16:28J'y reviens.
16:29Vous dites, je pense que les aventures humaines
16:31ne peuvent être que collectives.
16:33Est-ce que c'est aussi, pour vous, un acte de résistance ?
16:36Mais c'est aussi une manière d'aller à contre-courant,
16:38Pascal Sancho.
16:39Est-ce que ça, vous êtes capable,
16:40ou vous avez la volonté d'être à contre-courant ?
16:43Ce n'est pas compris dans votre formation.
16:46Non, je crois que dès l'instant qu'on est authentique,
16:49il faut aller au bout de ses idées.
16:50Donc, pour nous, c'est une évidence,
16:52même s'il faut toujours se méfier des évidences.
16:54Mais c'est vrai que le collectif, pour nous,
16:57est la seule porte de sortie.
16:59Et là, si on fait une analogie importante avec nos sociétés,
17:02dans des sociétés qui se recroquevillent sur elles-mêmes,
17:05qui sont individualistes,
17:07et on voit aujourd'hui où ça nous mène, clairement.
17:09Donc, si on n'est pas capable de réaffirmer
17:11et de rendre plus authentique la relation à l'autre,
17:14et celle de l'autre à soi,
17:16je pense qu'on s'expose à des jours difficiles.
17:19Et donc, c'est une conviction profonde,
17:21parce que je sais que quand on est dans l'adversité,
17:24quand on est dans la réalité du terrain comme je l'ai été,
17:26quand on ne triche pas,
17:28il n'y a que cette seule réponse qui puisse répondre
17:30à l'intensité d'un objectif qui est toujours difficile à atteindre.
17:34– Quand on sait que vous avez formé les gens de la BRI du RET,
17:38quand vous dites, moi j'aime le rugby pour les valeurs,
17:40quand vous dites, eh bien il faut le collectif parce que c'est un contre-courant,
17:43est-ce que c'est encore audible ou est-ce que ça ne vous situe pas
17:46comme un rétrograde, un réactionnaire ?
17:50– Un réactionnaire, non, parce que moi je ne fais pas de politique,
17:52mais dans l'esprit…
17:53– Vous en faites quand même.
17:53– Dans l'esprit, je pense qu'aujourd'hui, il faut être clair,
17:57il faut aussi inspirer les nouvelles générations,
18:00il ne faut pas avoir peur de leur dire, voilà, il y a une voie,
18:04on peut toujours bifurquer, on peut toujours prendre des chemins différents
18:08pour aller d'un point à un point B, mais il y a quand même des constantes.
18:12Il y a des constantes et la relation à l'autre,
18:15être capable de considérer qu'on va grandir grâce à un collaborateur
18:18et pas à la place d'un collaborateur,
18:20je pense que c'est aussi une forme d'éducation.
18:23Et dans ce sens, entre guillemets, les seniors, les anciens,
18:27ont leur rôle à jouer dans un domaine de transmission,
18:30et donc là, je vais même plus loin, c'est aussi à la famille
18:33à prendre ce relais, cette famille qui parfois est déficiente
18:36et qui devrait toujours situer un petit peu le chemin de notre jeunesse,
18:42quelque part, par rapport à un équilibre qu'on devrait trouver
18:46entre cette fricheur, cette envie d'autres modèles
18:50et aussi ce qui a déjà fonctionné,
18:53ce qui garde encore aujourd'hui à mes yeux de la valeur,
18:57et donc je pense qu'il ne faut pas renoncer.
18:58– Et vous faites bien de la politique au sens noble du terme,
19:01s'intéresser à l'homme dans la cité.
19:02– Voilà, sans mandature et sans carte d'adhésion.
19:05– Plus sincère ?
19:07– Non, non, tout à fait.
19:08– Que diriez-vous à un jeune, comme moi,
19:10qui cherche sa voie dans un monde incertain,
19:13sans sommet clairement visible ?
19:15Quel conseil vous donneriez à celui qui veut avancer,
19:17mais qui ne sait pas par où commencer ?
19:18C'est quand même vraiment la difficulté de notre jeunesse.
19:21Qu'est-ce qu'on lui dit ?
19:22– Dans un premier temps, pour côtoyer les jeunes,
19:25essayer de leur donner des conseils,
19:26il y a un mot qui me vient à l'esprit,
19:28je leur dirais n'ayez pas peur.
19:29Parce qu'aujourd'hui, tout le monde est terrorisé de tout.
19:31Principe de précaution par ici,
19:33principe de précaution par là, n'ayez pas peur.
19:35Soyez curieux, allez voir différents univers,
19:39essayez de trouver votre chemin,
19:40et ayez conscience, contrairement à tout ce que vous avez entendu,
19:44que le facteur principal va être le travail.
19:46Même dans des activités où vous êtes doué,
19:49où vous avez des aptitudes,
19:51si vous ne vous investissez pas,
19:52s'il n'y a pas de l'engagement,
19:53s'il n'y a pas beaucoup de travail,
19:55vous n'irez jamais au bout de votre rêve.
19:57– Vertu de courage, du lien, de la hauteur ?
20:00– Bien sûr.
20:01– Ça vous s'inquiéterie, parce qu'elle s'enchaude,
20:03ne me dites pas le contraire.
20:03– Et peut-être un peu de spiritualité.
20:05– C'est-à-dire ?
20:06– C'est-à-dire qu'il faut donner un sens à nos vies,
20:09quelque part, je la détache obligatoirement de la croyance,
20:12et peut-être pas obligatoirement à associer,
20:15mais chacun a sa forme de spiritualité.
20:17Je pense que si on n'est pas capable de mettre du sens
20:19dans ce qu'on fait, mais un sens vraiment profond,
20:23l'aventure sera toujours inaboutie.
20:24– Vous n'allez pas me dire que vous êtes élevé
20:26pour essayer de rencontrer Dieu ?
20:29– Non, parce que je ne suis pas croyant,
20:31je crois par contre aux hommes et aux femmes,
20:34même si des fois c'est difficile de croire
20:36en fonction du spectacle qui nous livre,
20:38mais je crois en une forme de spiritualité.
20:41Sans spiritualité dans la vie, je pense que,
20:42voilà, notre passage sur Terre serait inachevé.
20:45– Merci Pascal Sancho, s'élever ensemble,
20:50c'est un ouvrage bien évidemment que je vous invite à lire,
20:53l'art de la cordée pour sublimer sa position dominante,
20:56son leadership.
20:58Merci pour ce message qui est un peu vital,
21:02celui aussi d'un homme d'action devenu un passeur d'expérience,
21:05qui est une belle chose.
21:07Merci à vous.
21:07– Merci pour m'avoir invité.
21:08– Sous-titrage Société Radio-Canada
21:13– Sous-titrage Société Radio-Canada
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