00:00Europe 1 Soir, 19h, 21h, Pierre de Villeneuve.
00:04Avec mes camarades de la première heure, bonsoir Nathan Devers.
00:06Bonsoir, ça fait longtemps que vous n'étiez pas venu.
00:08C'est un grand plaisir, ça fait longtemps.
00:10Vous me boudez ou...
00:11Non, pas du tout, ce sont les hasards de...
00:13Écrivain et philosophe, bonsoir Gilles William Goldnadel, heureusement que vous êtes là.
00:17Bonsoir Pierre.
00:17Merci de votre fidélité le mardi soir, cher ami.
00:20C'est la première qualité qu'on me prête, la fidélité.
00:23Et les autres ?
00:24Il y en a beaucoup d'autres, je vous confirme.
00:26Vous allez offenser ma modestie.
00:27Nous sommes en ligne avec l'ambassadeur Xavier Driancourt.
00:32Bonsoir Xavier Driancourt.
00:33Bonsoir.
00:34Merci d'être là, vous êtes précisément à Toulouse où se tient ce soir une grande soirée du comité de soutien à Boilem Sans Salle.
00:42Quel est le but de cette soirée, Xavier Driancourt ?
00:45C'est évidemment d'exprimer notre soutien à l'écrivain Boilem Sans Salle, l'écrivain franco-algérien.
00:53D'autant plus qu'aujourd'hui, comme vous le savez, il a été condamné à cinq ans de prison ferme, ce qui confirme sa première condamnation il y a deux mois.
01:05Donc il n'y a pas eu de clémence particulière du juge.
01:08Les réquisitions étaient de dix ans.
01:10Comment est-ce que vous expliquez cette peine de moitié ?
01:13Est-ce qu'on peut, d'une manière générale, d'ailleurs, comprendre les juges algériens ?
01:18Ce n'est pas une diminution particulière par rapport aux réquisitions du procureur.
01:27Le juge n'a fait que confirmer son jugement de première instance qui était de cinq ans de prison ferme.
01:34Alors nous espérions un petit peu qu'il y aurait une condamnation d'un an, dont sept mois de prison ferme.
01:46Et comme il a déjà accompli sept mois de prison, il aurait été libéré.
01:50Ça n'a pas été le cas.
01:52Donc ce n'est pas un geste de clémence particulier.
01:55Donc il n'y a aucune volonté d'assouplir la peine.
01:58Est-ce que vous espérez encore cette ultime grâce présidentielle qui pourrait intervenir samedi en Algérie ?
02:07On peut toujours rêver, mais rêvons.
02:10Mais je n'y crois pas beaucoup.
02:13On peut l'espérer, il faut l'espérer.
02:15Mais encore une fois, je n'y crois pas beaucoup parce que la peine a été confirmée.
02:20Parce qu'au même moment, vous avez bien noté qu'un de vos confrères, Christophe Gleize, a été condamné à sept ans de prison pour avoir enquêté en Kabylie.
02:31Donc il n'y a pas du tout de gestes particuliers de la part du régime algérien.
02:36Oui, pour avoir enquêté en Kabylie sur du foot, sur un club de foot.
02:40Ça n'a rien de politique, ça n'a rien de...
02:43Voilà, Gilles-William-Goldenadam.
02:44Non, mais ça fait partie des chiffons rouges, si j'ose dire, du régime algérien.
02:49Il y a le Sahara occidental et l'indépendance du peuple kabyle.
02:55C'est les deux choses où ils sont...
02:57Mais en dehors de ça, il est vain, ce me semble, de chercher une improbable logique dans la prétendue justice de la dictature algérienne.
03:08Vous avez affaire à un écrivain franco-algérien innocent, qui n'a rien fait sinon que de savoir écrire.
03:15Et c'est pour ça qu'il est blâmé, avec en plus un rapport de cause à effet insécable entre la faiblesse française,
03:25la culpabilisation française et le ressentiment algérien.
03:29Ils sont complètement liés.
03:30Nathan Devers ?
03:31Oui, alors moi je suis heureux d'entendre Xavier Briancourt sur le sujet.
03:35J'aimerais rappeler à nos éditeurs qui le savent peut-être, mais que c'est l'ambassadeur français en Algérie qui a été le plus longtemps en poste à Alger,
03:41puisqu'il a été deux fois ambassadeur.
03:43Avec des résultats à la clé d'ailleurs.
03:45Exactement.
03:46Et il y avait une question que je me posais et que j'avais envie de lui poser.
03:49Il vous écoute.
03:49C'était que depuis que Boilem Sansal a été embastié dans des conditions honteuses,
03:55on a entendu une forme de controverse au sein du monde politique.
03:59Et notamment une certaine partie du monde politique, la France Insoumise récemment,
04:03qui disait pour obtenir la libération de Boilem Sansal,
04:07il ne faut pas sortir les muscles et dire la vérité,
04:10à savoir que cet enfermement et ce procès sont un scandale absolu.
04:13Mais il faut essayer d'aller dans la diplomatie, de discutailler, de tendre le bras à Alger.
04:20Je voulais savoir ce que pensait Xavier Driancourt de ce discours qu'on a entendu jusqu'à ces derniers jours.
04:25Monsieur l'ambassadeur.
04:26Oui, c'est non seulement ce que dit la France Insoumise,
04:30mais c'est aussi ce que dit M. Barrault, le président de la République.
04:33Ils disent qu'il faut négocier en sous-main, il faut être discret, il ne faut pas provoquer Alger.
04:39Et c'est pour cela, du reste, que personne n'avait signalé la condamnation et l'arrestation
04:45de ce journaliste Christophe Glez, qui étant arrêté en prison en Algérie depuis un an,
04:53mais on ne voulait pas en parler pour ne pas faire de la peine au président Tebboune.
04:58Et de ma propre expérience, je sais que l'Algérie ne comprend que le rapport de force.
05:04Donc ça ne sert à rien de leur taper dans le dos, de leur faire des embrassades et d'être gentil avec eux.
05:11Ils ne comprennent que le rapport de force.
05:13Puisque vous en parlez, écoutons Jean-Noël Barrault, ministre des Affaires étrangères.
05:17C'était cet après-midi à l'Assemblée nationale.
05:19Je veux évidemment avec vous m'indigner de la condamnation en appel de notre compatriote Boilem Sansal,
05:24qui est incompréhensible et injustifiable.
05:26Aujourd'hui, alors que la procédure est arrivée à son terme,
05:30les autorités algériennes sont face à un choix, celui de la responsabilité, de l'humanité et du respect,
05:37permettant à notre compatriote d'être libéré et soigné en tenant compte de son état de santé et de son âge.
05:44Et puis s'agissant de Christophe Glez, comme depuis le premier jour de son arrestation au mois de mai 2024,
05:49nous sommes à ses côtés.
05:51Nous avons été vivement choqués par sa condamnation en première instance à 7 ans de prison,
05:59condamnation extrêmement lourde, et nous allons nous mobiliser pour obtenir sa libération.
06:02Monsieur l'ambassadeur Driancourt, cette hésitation à la fin de la phrase de Jean-Noël Barrault,
06:08est-ce que ça ne dit pas tout ?
06:10Oui, on parle, on parle, mais on ne fait rien.
06:14Nous avons des moyens d'action, nous avons des leviers vis-à-vis de l'Algérie,
06:19les visas, les consulats algériens, l'accord de 1968, l'accord de 2007,
06:25la mosquée de Paris, etc. Mais nous ne voulons pas les utiliser, nous ne faisons que parler.
06:31Donc on peut parler, on peut attendre samedi éventuellement, samedi il ne se passera rien,
06:37et à ce moment-là nous attendrons le 1er novembre, qui est la deuxième fête nationale algérienne,
06:43et le 1er novembre nous attendrons le 1er janvier 2026.
06:47Hier, dans ce studio, Henri Guénaud disait, c'est une prise d'otage, Boilem Sansal,
06:53il faut nous aussi prendre en otage des responsables algériens, c'est ça le rapport de force, qu'est-ce que vous en dites ?
07:00Oui, il faut utiliser tous les leviers dont nous disposons, et prendre en otage,
07:06le président du Sénat algérien a son appartement dans le 16e arrondissement,
07:11le chef d'état-major de l'armée a son fils qui habite également à Paris,
07:16on remet ces gens-là dans l'avion,
07:19Alger ne pourra évidemment pas ne pas les accepter à leur retour en Algérie.
07:23Dans l'avion ou en prison ? Parce que c'est ça aussi l'idée.
07:27Parce que Boilem Sansal est en prison.
07:28Est-ce que demain on va dans le 16e, comme vous dites, aller chercher ce haut dignitaire algérien,
07:33on le met en prison à Fresnes, et puis on attend de voir ce qui se passe ?
07:36Non, ça on ne le fera pas.
07:38Parce que ?
07:39On ne le fera pas, non, non.
07:40Parce que raison d'état, parce que état de droit, Gilles-Willem Gullnadel ?
07:44Oui, tout simplement parce que nous ne sommes pas une dictature.
07:47C'était toute la discussion, je vous restitue la discussion d'hier dans ce studio,
07:52entre Georges Fenech et Henri Guédeau.
07:53Je vous signale qu'il n'y a pas qu'une faiblesse politique, il y a aussi une faiblesse médiatique.
07:58On n'a pas parlé beaucoup de Boilem Sansal dans le monde ou sur France Inter par exemple,
08:05et j'observe que Repartin Sans Frontières, qui maintenant parle beaucoup de Jean-Christ-Christ Glees,
08:10a choisi la voie de la discrétion et de la diplomatie pendant des mois, avec le résultat.
08:16C'est une posture idéologique, ne vous y trompez pas.
08:19Ils savent être beaucoup plus bruyants s'agissant d'autres pays.
08:23Nathan Degers.
08:24J'irai même plus loin que les sages paroles de Gilles William, c'est non seulement une bataille politique médiatique,
08:30mais il y a aussi quelque chose qui s'est joué dans l'opinion publique.
08:33Vous avez noté comme moi que nous n'avons pas vu de grandes manifestations entre la place de la République et Nation par exemple,
08:40avec des centaines de milliers de personnes qui déferlent dans les rues pour réclamer la libération de Boilem Sansal.
08:43Avec, au lieu d'un certain drapeau, par exemple, le portrait en très grand de Boilem Sansal, ça aurait été une idée.
08:51Exactement, et vous avez noté comme moi qu'il y a même eu des gens, dès le jour où Boilem Sansal a été en Bastille,
08:57en tout cas dans les jours qui ont suivi, pour dire, mais finalement Boilem Sansal, il a des idées qui sont problématiques.
09:03Il l'a un peu cherché, il est un peu responsable de ce qui lui a dit.
09:06Il y avait eu un invité qui avait dit ça, mais ce n'était pas le seul, il y a eu beaucoup de gens qui se sont exprimés de cette manière.
09:13Il y a de la contradiction aussi.
09:15Mais on entend ce discours-là, qu'on a pu entendre jadis au sujet de Charlie Hebdo, avant l'attentat,
09:19mais quand il y avait eu la première attaque contre Charlie Hebdo.
09:22Mais finalement, pourquoi ils font ça ?
09:24Ils s'exposent à des problèmes en faisant ça.
09:26Alors moi, Boilem Sansal, je suis en désaccord avec ses idées,
09:28mais j'ai hâte qu'il soit libéré pour pouvoir en discuter avec lui.
09:31Xavier Driancourt, juste pour terminer, parce qu'on va vous libérer,
09:35il y a cette soirée qui approche, on a parlé du fond, sur la forme,
09:39quelle forme prend cette soirée ?
09:41Il y a, j'imagine, des invités, ça se passe dans un théâtre ?
09:44Oui, il y a différentes interventions des uns et des autres,
09:50la lecture de textes de Boilem Sansal, nous en avons fait plusieurs de soirées analogues,
09:57et la semaine dernière, moi-même, j'étais à Cholet pour inaugurer une place Boilem Sansal.
10:03Il y a du public qui vient ?
10:05Pardon ?
10:06Il y a du public qui vient ?
10:07Oui, oui, oui, tout à fait, il y a du public.
10:09Ça se trouve où qu'on puisse lancer un appel ce soir sur Europe 1,
10:13pour ceux qui voudraient encore vous rejoindre ?
10:15Je n'ai pas l'adresse exacte, malheureusement.
10:17On va la retrouver en attendant hors antenne,
10:20et on va le préciser tout à l'heure.
10:21Merci beaucoup, M. Driancourt, d'avoir été avec nous en direct,
10:25et merci de votre fidélité à Europe 1, à nos antennes.
10:28Dans un instant, on le rappelle des titres de l'actualité,
10:31et on continue de passer en revue l'actualité,
10:33bien sûr, avec Gilles-William-Golnadel et Nathan Devers sur Europe 1.