Dans ce reportage diffusé au journal de 20h de France 2 le 7 janvier 1998, Johnny Hallyday se livre sans détour dans Le Monde. L’émission revient sur ses confidences marquantes, entre introspection, vérité crue et bilan d’une carrière hors normes. Une archive rare où le rockeur se dévoile avec sincérité.
00:00... sur la drogue, dont il dit avoir usé et abusé, et puis le grand vide de sa vie, l'absence de famille.
00:06Laurent Lejop, Vincent Bayard.
00:10On la connaît, la rock'n'roll attitude de Johnny Hallyday.
00:13Le chanteur et sa propre mythologie, virilité, puissance et gloire.
00:19Il reste l'homme, une face cachée qui apparaît dans une interview accordée à l'écrivain Daniel Rondeau pour le journal Le Monde.
00:26Je suis un chanteur de rock'n'roll et je ne changerai pas. C'est ma sincérité jusqu'à en crever.
00:32L'impression d'être un survivant ne me quitte plus guère, il reste Mick Jagger et moi.
00:37Et moi, je suis comme ces grands malades qui ne se battent plus que pour ne pas mourir.
00:41C'est quelqu'un qui ne fait pas de différence entre sa vie et son métier de chanteur.
00:47C'est-à-dire qu'il n'y a rien entre.
00:49C'est-à-dire que d'ailleurs quand il ne chante pas, il vit presque au ralenti, il vit en mineur.
00:56La vie en mode mineur où Johnny Hallyday et ses démons intimes.
01:02La faiblesse du tombeur de femmes en quête de bonheur.
01:05La fragilité du rockeur en mal d'inspiration avec souvent, comme seule béquille, la drogue.
01:10La cocaïne, oui, j'en ai pris longtemps en tombant de mon lit le matin.
01:15Maintenant c'est fini, j'en prends pour travailler, pour relancer la machine.
01:19Il n'y a pas à s'en vanter, je n'en suis pas fier, c'est ainsi, c'est tout.
01:22Johnny l'avoue parce qu'il n'en a rien à foutre, parce que Johnny pense qu'il n'a rien à cacher et c'est très très bien.
01:28L'autre personnalité à l'avoir dit récemment, c'était François Sagan, en disant effectivement, je me drogue et ça ne regarde que moi, mais je ne conseille pas aux autres de se droguer parce que c'était effectivement dangereux.
01:39Sa justification à lui, Johnny Hallyday la trouve dans le seul héritage laissé par un père absent, une fêlure psychologique, une peur constante et obsessionnelle du vide et de la mort.
01:54Mourir dans l'action ne me fait pas peur, mais la certitude de l'échéance inévitable est effrayante.
01:58Attendre quelque chose qui va arriver, je crois que c'est le pire.
02:02Dans l'absolu, mon rêve s'est dit passer violemment, sans m'en rendre compte, comme James Dean.
02:07Je ne suis pas surpris, non ?
02:08Non, parce qu'au stade où il en est, c'est vrai qu'il y a une solitude qui est chez lui, qui est constante depuis des années et des années.
02:18Même quand je travaillais avec lui, il y avait toujours cette solitude qui est vraiment propre à lui-même.
02:28La confession de Johnny Hallyday restera sûrement comme un exercice de franchise inhabituel dans le show business français.
02:40Il en émane néanmoins un parfum sulfureux qui tombe plutôt bien. Dans quelques jours sort son nouvel album.
02:47Pluie et verglas sur le Québec, au Canada. Le poids de l'eau gelée fait s'effondrer.