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L'OL rétrogradé en Ligue 2 va devoir désormais se montrer plus convaincant lors de son appel devant la DNCG. L'instance qui semble n'avoir pas eu assez de garanties de la part de John Textor a peut-être précipité la fin de ce dernier. Ares, principal financeur du rachat de l'OL a d'ores et déjà pris les commandes. Analyse de cette reprise en main par David Gluzman, conseiller financier du fonds américain. 

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Transcription
00:00Voilà où on en est, on en sait un peu plus désormais, les éléments n'étaient pas complets, pas suffisamment convaincants pour maintenir l'Olympique lyonnais et lever la rétrogradation à titre conservatoire.
00:12Alors, mon cher David, toi qui es sur le dossier en profondeur, en détail...
00:17Il connaît Ares en plus, parce que je rappelle qu'Ares c'est...
00:19Tu connais Ares ?
00:20Oui absolument, c'est un de mes clients.
00:22C'est un de tes clients Ares, bon.
00:24Est-ce que, c'est la question centrale maintenant, on parle beaucoup de mise en retrait de John Textor, Ares est en colère, l'image n'est pas bonne également, et surtout Ares veut récupérer son oseille.
00:34Absolument.
00:34A terme, et à moyen ou à long terme, c'est 425 millions d'euros, avec un taux d'intérêt à entre 12 et 16%, c'est environ.
00:41Exactement, ouais.
00:41C'est monstrueux.
00:42Ouais, c'est beaucoup.
00:43Donc, est-ce que Ares...
00:44Mais ça reflète le risque, en fait, pris par Ares, c'est pas étonnant.
00:46Est-ce que Ares, comme c'est arrivé à Milan, à l'Inter notamment, les dernières années, à Lille aussi, peut reprendre les mains de ce dossier-là, et injecter de l'argent, et donc sauver l'OL ?
00:57C'est intéressant que tu poses la question, parce que c'est un problème qui n'est pas si évident que ça.
01:01J'ai beaucoup lu ces derniers jours qu'il suffirait qu'Ares arrive, reprenne le club, déjà il faut savoir en fait s'il est juridiquement en position de le reprendre, impose une cure d'austérité, et redresse le club et le vende.
01:15C'est un peu plus compliqué que ça.
01:17Ares, il y a, comme tout fonds d'investissement, il y a deux choses qu'il déteste.
01:21Un, perdre de l'argent, et de deux, que sa réputation soit ternie.
01:26Un peu comme à la manière d'un Fortress ou d'un King Street, c'est-à-dire que c'est des gens qui agissent régulièrement avec discrétion, ils collectent énormément d'argent, ils communiquent dessus, mais ils communiquent jamais sur les raisons d'où viennent l'argent.
01:40Ce qu'on sait, c'est que désormais, Ares a repris la main. Ils ont repris la main. Pourquoi ? Car avec la relégation, il y a une baisse de la valeur de l'actif qui est donnée en garantie par rapport au prêt.
01:55Donc, cette relégation, elle a acté le fait que la valeur de l'actif, donc l'Olympique, l'OL, a baissé.
02:03Mais elle n'est elle-même pas actée, cette relégation.
02:06Non, elle est...
02:06Parce que si on parle de financier, la décision n'est pas définitive.
02:08Tout à fait, mais généralement, dans les contrats de prêt, il y a potentiellement une clause de relégation.
02:12C'était notamment le cas dans le prêt Fortress qui avait été donné aux Girondins de Bordeaux.
02:18Donc là, ils agissent en anticipation sur un risque de relégation qui est plus en plus sérieux.
02:21Ils agissent en anticipation. Et la première manifestation de cette anticipation, c'est le fait d'avoir capté une grande partie du produit de la vente des parts de Crystal Palace
02:31et de ne laisser que quelques dizaines de millions dans l'exploitation de l'Olympique lyonnais.
02:35C'est-à-dire que là, Ares a envoyé un message très clair. C'est-à-dire qu'on ne laissera pas John Textor nous exposer un peu plus.
02:45On ne laissera pas John Textor dépenser pour acheter la totalité de Crystal Palace si tenté que c'était possible.
02:51Nous, ce qu'on veut, c'est réduire notre endettement et réduire notre exposition au risque John Textor et Olympique lyonnais.
03:00Il y a une perte de confiance de par l'utilisation de cette somme, la captation de cette somme, qui est très claire.
03:07Après, ensuite, concernant une reprise du club par Ares, si je me mets dans les chaussures d'Ares, quelle est la meilleure façon pour moi ?
03:18– C'est des grosses chaussures, très vite. C'est des trucs…
03:20– Les berloutis.
03:21– Ah ouais, minimum.
03:22– Minimum.
03:22– Mais si je me mets dans les chaussures d'Ares, quelle est la marche à suivre ?
03:29Il y a quelques plus et il y a aussi quelques moins.
03:32– Je rappelle que David est un homme, dans son quotidien, qui peut conseiller des fonds d'investissement comme Ares.
03:37– Moi, je leur prête de l'argent.
03:39– Tu leur prêtes de l'argent, mais d'abord, tu regardes un petit peu s'ils sont fiables.
03:42– Ah mais Ares, c'est des pointures. Nico, Ares, c'est des pointures.
03:46– D'accord.
03:46– Ares, pour donner un peu la magnitude et l'étendue, la force de frappe d'Ares, Ares a levé 92 milliards l'année dernière.
03:55– Oui, mais enfin, David, excuse-moi, des pointures qui prêtent 425 millions d'euros à John Textor.
03:59– Non, mais tout le monde fait des erreurs fortes.
04:00– Dont les compétences sur le marché du football sont contestées et contestables.
04:05– Mais c'est…
04:05– Qu'est-ce que c'est ça ? Avec le risque de ne pas revoir leur argent ?
04:07– Ça veut dire que les éventuelles lacunes d'efficience de Textor ne sont pas lisibles en anticipation.
04:12– Mais non, mais les gars, les gars, les gars, les gars, regardez le taux d'intérêt qui a été appliqué auprès Ares.
04:21C'est-à-dire que la prime de risque, elle est reflétée.
04:24C'est des taux d'intérêt à deux chiffres.
04:28C'est-à-dire que ce risque, ils lui ont mis un prix.
04:30Bien évidemment que c'est peut-être pas le meilleur de leurs investissements.
04:34C'est un fonds d'investissement qui prend des risques, qui prête de l'argent notamment, et qui les rémunère.
04:38– La leçon de 2008, c'est quand même que tu peux mettre les taux d'intérêt que tu veux,
04:42si l'argent disparaît et qu'il n'arrive plus au bout d'un coup.
04:45– Mais justement, là, on va parler de la possibilité, pour eux, de recouvrer une partie de leur investissement.
04:50– Une partie.
04:51– Donc, au moins une partie.
04:53Il y a cette partie, il y a cette côté réputationnel.
04:55Pour eux, ils ont quand même plus de 400 millions d'euros investis.
04:59Et donc, ils doivent se dire qu'ils doivent au moins essayer de récupérer une partie de leur investissement.
05:03Il y a aussi cette partie financière de pouvoir agir en nommant, par exemple, un administrateur à eux
05:10pour prendre les décisions au niveau de l'Olympique lyonnais.
05:14Mais ensuite, c'est quelque chose qui va coûter beaucoup d'argent.
05:17L'OL est un club déficitaire.
05:19– Tu l'appelles l'OL maintenant, c'est pas mal.
05:20– Non, l'OL est un club déficitaire, et pour combler le déficit d'exploitation
05:27et pour réinjecter de l'argent dans l'exploitation du club,
05:31ça va coûter plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de millions d'euros.
05:35– Donc, on n'est pas sur un fonds qui est en comité stratégique,
05:38on est sur un fonds qui est en gestion de crise, et de crise…
05:40– Ah, mais qui va devoir…
05:41– Parce que tu disais au début, deux impératifs, préserver l'image,
05:46ou faire en sorte qu'elle ne soit pas poussée, cornée,
05:48et perdre le moins d'argent possible.
05:50Dans les deux cas, c'est raté pour Ares.
05:53– Ah, mais pour l'instant, mais c'est pour ça qu'il va y avoir des mesures à prendre,
05:56et c'est pour ça qu'à mon avis, je ne suis pas dans les petits papiers d'Ares,
05:59mais à mon avis, ils vont forcément agir pour essayer de limiter la casse.
06:04Il y a le fait que Ares va devoir dépenser des dizaines, voire des centaines de millions d'euros
06:08sur la longueur de l'investissement pour justement limiter les pertes.
06:12Ensuite, il y a un autre problème, et ça c'est un des problèmes majeurs.
06:15Et je pense que beaucoup de gens l'oublient dans l'analyse.
06:17Ares est actionnaire de la holding.
06:20Au niveau de Lyon, il y a un pool bancaire qui est mené par Goldman Sachs,
06:25un autre grand nom du capitalisme américain,
06:27qui a prêté 385 millions à l'OL.
06:30Et en garantie de ce prêt,
06:32il y a l'hypothèque sur le stade et une sûreté qui permet de capter les revenus générés par ce stade.
06:39C'est-à-dire qu'Ares va se retrouver, ils vont finir par une collaboration,
06:44on met en confrontation avec ces prêteurs,
06:48et Ares ne pourra pas se désintéresser sur une possible vente du stade,
06:51parce qu'ils sont déjà donnés en garantie aux pools menés par Goldman Sachs.
06:54Tu es en train de me dire, en fait, il y a deux groupes prêteurs à l'OL,
06:57Ares et Goldman Sachs.
06:57Alors Ares à la holding.
06:59D'accord.
07:00À la Eagle.
07:01Alors il y a Eagle Football Holding et Eagle Football Group.
07:04D'accord.
07:05Mais il y a de la dette à deux niveaux.
07:07Et c'est pour ça que ce n'est pas aussi facile qu'Elliot,
07:10Octry, qui ont pu convertir leur dette en action
07:16et prendre le contrôle immédiatement du club.
07:18Là, tu prends le contrôle immédiatement du club,
07:20mais tu dois rembourser en plus pour retrouver ton argent
07:23les 385 millions qui ont déjà été prêtés à Goldman Sachs.
07:28Donc tu ne retrouves jamais ton argent.
07:30Non, tu as moins de chance de retrouver ton argent.
07:31Alors à l'essentiel, toi, ton regard sur le dossier olympique yonné,
07:35est-ce que les supporters de l'OL ont raison d'être aussi pessimistes ce soir ?
07:39Non, mais ils ont...
07:40Je pense que tout est possible, tout est sauvable, entre guillemets.
07:42Mais tout est sauvable dans une certaine mesure.
07:44En tout cas, je serais très surpris
07:46qu'Ares ne tente pas de protéger son investissement
07:50par la nomination d'une équipe opérationnelle
07:53spécialisée de la restructuration en entreprise.
07:56Et le principal signal positif,
08:00rayon de soleil que les supporters lyonnais peuvent entrevoir,
08:03c'est le fait qu'ils ont, dans la liste de leurs prêteurs,
08:08deux énormes noms du capitalisme mondial américain, Goldman Sachs et Ares,
08:12qui vont, quoi qu'il arrive, essayer de protéger leurs investissements.

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