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Le Premier ministre François Bayrou vient de livrer ses conclusions sur le conclave des retraites, à la suite de l'ultime échange avec les partenaires sociaux mardi. Éric Chevée, vice-président de la CPME, était présent à Matignon avec ses camarades de la CFTC et de la CFE-CGC.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 26 juin 2025.

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Transcription
00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Il est 18h19, bonsoir Eric Chevet.
00:06Bonsoir.
00:07Vous êtes vice-président de la CPME, la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises.
00:11Merci beaucoup de nous rejoindre en direct sur RTL.
00:13Le Premier ministre François Bayrou vient donc de livrer ses conclusions sur le conclave des retraites.
00:19A la suite de l'ultime échange avec les partenaires sociaux en ce mardi,
00:23vous étiez présent à Matignon avec les autres partenaires sociaux.
00:26Le compromis est à portée de main, répète ce soir François Bayrou.
00:29Est-ce que c'est votre sentiment aussi ou c'est de la méthode Coué ?
00:32Non, c'est vrai qu'on a beaucoup progressé.
00:35Mais malheureusement, il reste un petit écart, mais qui est très profond
00:41entre les organisations patronales et les organisations syndicales
00:45sur la question du traitement de l'usure professionnelle et de la pénibilité.
00:49Et c'est vraiment une différence d'approche que nous avons sur ce sujet-là.
00:53Et ce sera compliqué, effectivement, d'aboutir, de trouver l'innovation qui nous permettrait,
01:00sur la méthodologie peut-être, qui nous permettrait en fait de trouver la voie de passage.
01:04Alors bon, c'est pas qu'on a envie de continuer, parce que ça fait quand même 4 mois que nous sommes sur le sujet.
01:10Mais c'est vrai que nous sommes pas loin du but quand même, et que c'est peut-être dommage.
01:16Et j'ai un peu le sentiment aussi qu'on nous attend quand même.
01:19Je pense qu'au-delà de la question politique, il me semble qu'il y a une attente des chefs d'entreprise,
01:26voire aussi des salariés, sur la possibilité du monde paritaire de s'entendre sur un sujet aussi important.
01:34Donc pour vous, c'est clair, vous êtes prêt à vous rasseoir à la table des discussions ?
01:37Oui, alors en fait, c'est une image, parce que ça ne se passera pas comme ça.
01:42On ne va pas retourner discuter autour d'une table au ministère du Travail,
01:46mais on va en fait continuer à discuter entre nous, avancer, faire progresser les dossiers.
01:54Et l'important, c'est effectivement qu'on se parle sur ce sujet.
01:59Je pense qu'on ne s'est pas encore suffisamment parlé pour obtenir une convergence.
02:03Alors, l'un des points d'achoppement concerne la prise en compte de la pénibilité.
02:07Vous n'admettez pas que certaines professions sont plus difficiles que d'autres et peuvent permettre des départs anticipés ?
02:12Ah si, si, si.
02:14Si, c'est même essentiel à la CPME, nous nous défendons ça depuis très très longtemps.
02:18C'est même d'ailleurs nous qui avons proposé, dans la réforme Borne,
02:22qui sommes à l'initiative de la création du fonds d'investissement dans la prévention de l'usure professionnelle.
02:26Et donc vous acceptez les départs anticipés, c'est très clair pour la CPME ?
02:30C'est ça en fait, c'est ça qui est le point d'achoppement.
02:32Parce que nous, nous pensons...
02:33Oui, donc il n'y a pas d'accord, excusez-moi.
02:35Non, non, mais il n'y a pas d'accord.
02:36Alors, nous acceptons, côté CPME, qu'effectivement il y a des métiers qui sont bien exposés,
02:42qu'ils ont une usure professionnelle, notamment sur les trois critères ergonomiques dont a parlé le Premier ministre.
02:48Ce que nous disons en fait, c'est que nous devons mettre en place, tout au long de la carrière,
02:54les éléments qui nous permettent d'amoindrir, et voire même de supprimer, cette usure professionnelle et cette pénibilité.
03:02Voire de recycler, de proposer aux salariés de faire autre chose en seconde partie de carrière,
03:09parce qu'on sait que sinon ils seront usés.
03:11C'est là qu'on a une divergence, puisqu'en fait, les syndicats disent, de toute façon ça ne marchera pas,
03:17donc on va aller sortir de bonheur, c'est le seul moyen d'y arriver,
03:21alors que nous disons, non, non, non, non, non, on n'a pas tout essayé,
03:24et humainement c'est quand même mieux d'essayer de corriger ces métiers qui sont fortement exposés.
03:30Donc c'est ça en fait la différence.
03:32Qu'est-ce que vous dites aux déménageurs qui ont le dos cassé,
03:36et à tous ces gens qui ont fait des travaux difficiles toute leur vie, physiquement ?
03:40Absolument, d'abord on dit qu'il y a des méthodes maintenant,
03:43alors on part d'une catégraphie des métiers qui sont effectivement des métiers qui sont risqués,
03:47sur lesquels il y a une usure prématurée,
03:49et sur lesquels il faut qu'on continue à progresser avec un certain nombre de dispositifs.
03:54Il y a des méthodes, effectivement, pour faire en sorte aujourd'hui
03:58de supporter les charges lourdes beaucoup mieux que ce qu'on avait dans le passé,
04:02et puis surtout, je vais vous dire, effectivement,
04:04dans mon métier, il y en a effectivement des déménageurs.
04:06Eh bien, en fait, c'est vrai que passer un certain âge, il ne faut plus faire ce métier-là.
04:11Il faut faire des reconversions professionnelles en mille carrière
04:15ou en seconde partie de carrière.
04:17C'est ça que nous ne savons pas faire en France.
04:19Nous ne savons pas conserver suffisamment nos salariés dans l'emploi le plus longtemps possible,
04:25parce que c'est aussi important d'augmenter l'emploi en France.
04:29Et donc, vous ne bougerez pas sur ces questions ?
04:31En tout cas, sur ce point précis sur lequel je vous interrogeais.
04:33En fait, il faut qu'on trouve un mécanisme qui permette à la fois de satisfaire
04:38la légitime revendication des salariés qui nous disent
04:41« quand on est cassé, il faut nous faire sortir parce qu'on ne peut pas faire autrement ».
04:45Ça, oui, effectivement.
04:46Donc, c'est ce qu'on propose avec une visite médicale de fin de carrière
04:50pour constater effectivement que l'usure, la prévention de l'usure n'a pas fonctionné
04:53et qu'il y en a un certain nombre qui doivent effectivement partir plus tôt.
04:57Nous, on est prêts à aller sur ce sujet-là, la CPME,
05:01mais par contre, ça n'est pas automatique.
05:03Ça n'est pas le statut de déménageur qui vous donne systématiquement droit à la sortie.
05:09Parce que ça, ça s'appelle des catégories actives ou des régimes spéciaux.
05:13Et il faut éviter de créer de nouveau ça.
05:16C'est pour ça, en fait, que la discussion est si compliquée à la fin.
05:19C'est qu'on ne veut pas être dans cette idée, en fait,
05:22de recréer des métiers, qu'on va être des métiers fléchés
05:26et qui permettront, parce qu'on a le statut, de partir plus tôt.
05:30C'est ça que nous voulons.
05:31Éric Chevet, l'autre point de crispation soulevé par François Bayrou
05:34concerne le financement des mesures.
05:36Les patrons peuvent supporter un effort supplémentaire ?
05:39Non. Là, je pense que...
05:41Le financement des mesures.
05:43Oui, je comprends bien.
05:44Mais il faut se mettre dans la tête, une bonne fois pour toutes,
05:48que la protection sociale en France est très large,
05:51probablement l'une des meilleures au monde.
05:52Elle coûte 5 points de PIB de plus que la moyenne européenne
05:55en matière de protection sociale.
05:57Et ces 5 points, ils sont payés par les entreprises et les salariés.
06:01Et donc, il faut sortir de l'idée
06:03que tous nos problèmes de protection sociale
06:07devront être réglés par des cotisations supplémentaires,
06:10que ce soit des cotisations salariées
06:12ou des cotisations patronales.
06:14C'est une mauvaise solution.
06:16Pour notre économie, c'est très, très, très délétère
06:19comme attitude.
06:20Ça nous coûte...
06:21Et donc, on finance comment ?
06:22On finance comment ?
06:23C'est ma dernière question.
06:23D'abord, on finance en faisant des économies.
06:26Puis, on finance en faisant, effectivement,
06:28sur l'ensemble du processus de départ en retraite.
06:32Parce qu'il y en a qui partent plus tôt,
06:33mais qui, peut-être, n'ont pas suffisamment...
06:36n'ont pas de raison objective de partir si tôt.
06:41Eh bien, on finance sur l'ensemble du système de retraite.
06:43Nous, on paye la partie qui est la pénibilité.
06:45Ça, on le paye.
06:46Dans l'équation qui est sur la table,
06:50ça nous coûte 500 à 600 millions d'euros.
06:51Donc, on paye notre partie sur la pénibilité.
06:54C'est notre responsabilité d'employeur.
06:56Et on le fait depuis toujours.
06:57Globalement, on pèse 15 milliards
06:59sur les accidents du travail et les maladies professionnelles.
07:02Tous les ans, uniquement sur les cotisations employeurs.
07:04Donc, on fait des efforts énormes là-dessus.
07:06Bien plus que tous les autres pays européens sur le sujet.
07:08Il faut le reconnaître.
07:11Un oui, un non.
07:12Est-ce que vous croyez, s'il vous plaît, avant de nous séparer,
07:14est-ce que vous croyez à un accord quand même ?
07:17En fait, je pense qu'on n'est vraiment pas très loin.
07:20On n'est vraiment pas très loin.
07:22C'est oui, non ou non, mais ?
07:23Je voudrais vous comprendre.
07:26Non, mais...
07:27Ah oui, c'est bien non, mais.
07:28Je vais garder quand même cette option négative.
07:33Mais je pense que franchement, on n'est pas très loin.
07:36Merci infiniment, Éric Chevet.
07:38Vous êtes vice-président de la CPME,
07:39la Confédération des petites et moyennes entreprises.
07:41Merci de nous avoir donné vos premières réactions
07:44après cette journée quand même particulière.
07:47Les intempéries d'hier ont entraîné des scènes d'apocalypse.
07:50Partout en France, à Paris,
07:51beaucoup d'arbres arrachés,
07:52des stations de métro
07:53et des rues totalement inondées.
07:55des pluies torrentielles
07:57qui se sont même invités à l'Assemblée Nationale.
07:59Thomas Becker vous raconte cette scène surréaliste
08:02dans notre journal de 18h30.

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