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  • il y a 5 jours
Il est paysan bio de Pussay et a subi des pertes dans ses productions à cause des variations extrêmes du climat. Il a décidé d'attaque l'État pour inaction climatique. Faute de réponse du gouvernement, les associations et les citoyens sinistrés saisissent le Conseil d'Etat pour l'obliger à renforcer sa politique en matière d'adaptation au changement climatique. Regardez Florent Sebban, maraîcher bio en Essonne, membre du réseau AMAP, les Associations pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 25 juin 2025.

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Transcription
00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:04RTL, il est 18h42, bonsoir Florence Leban.
00:07Bonsoir.
00:07Vous êtes maraîchère bio en Essonne et vous faites partie du réseau AMAP,
00:11les associations pour le maintien d'une agriculture paysanne.
00:13Et vous signez avec plusieurs associations et sinistrées climatiques une tribune
00:17que vous adressez au président de la République et au Premier ministre.
00:20Vous affirmez, je cite, que le changement climatique n'est pas une menace lointaine.
00:25Vous dites, c'est notre quotidien.
00:27Ça veut dire quoi, très concrètement, votre quotidien ?
00:32Très concrètement, je crois que tous les Français, aujourd'hui, s'en rendent bien compte.
00:35Il fait extrêmement chaud, on est dans une canicule.
00:38Nous, les agriculteurs, on subit des sécheresses qui ont des impacts clairs dans nos champs.
00:44Donc, on le sent vraiment, ce changement climatique dans nos chairs.
00:48Et l'État regarde ailleurs.
00:50Nous, avec les sinistrées climatiques, on se fait les porte-parole de la souffrance des Français
00:55liées au changement climatique.
00:57Et donc, on a décidé de faire un recours en justice contre l'État
01:00dans le but de forcer l'État à prendre des mesures pour aider tous les Français
01:05à s'adapter au changement climatique.
01:07On va revenir sur ces questions, mais expliquez-nous.
01:09Depuis quatre ans, dites-vous, on observe la multiplication de phénomènes anormaux climatiques.
01:14Lesquels ? Qu'est-ce qui a changé ?
01:15Nous, on subit la chaleur en ce moment, mais on ne peut pas se plaindre.
01:18Vous comprenez ce que je veux dire ?
01:19Alors que vous, vous voyez vivre le pays et sa terre.
01:22Exactement.
01:23Mais nous, par exemple, pour vous prendre un cas très concret, aujourd'hui, j'étais
01:27dans le champ il y a deux heures.
01:28On a des poivrons qui ont des grandes difficultés parce qu'ils subissent des coups de soleil,
01:34des chaleurs et qui, du coup, pour une partie, vont être perdus.
01:38Pour nous, des poivrons qui sont perdus à cause de la chaleur, ça veut dire...
01:42Nous, on fait une délicieuse poivronade à partir de ces poivrons.
01:46Mais ça veut dire qu'on ne va pas pouvoir la faire.
01:47Et donc, pour nous, agriculteurs, ça veut dire une perte de revenu sèche liée à ça.
01:52Il est possible de trouver des solutions.
01:54Nous, on en trouve, on bricole.
01:56On a une partie de nos poivrons, par exemple, qu'on a plantés sous des arbres,
01:59qu'on a camouflés avec de la paille pour être bien plus résistants face à ce changement climatique.
02:05Mais ça prend beaucoup de temps de planter des arbres.
02:08Et à l'échelle d'une petite ferme, on arrive un petit peu à le faire.
02:11À l'échelle d'une grande ferme, on a vraiment besoin que l'État aide les modèles agricoles
02:17à s'adapter à ces nouveaux chocs climatiques.
02:19Que reprochez-vous très concrètement à l'État ?
02:21Justement, qu'aurait-il pu faire de façon, vraiment, vous, dans votre quotidien, très précisément ?
02:28Ce qu'on voit, par exemple, c'est que réintroduire des arbres, des haies dans les modèles agricoles,
02:35ça permet de faire face à la chaleur, ça permet de faire face à certains problèmes,
02:40même avec le gel, parce que le changement climatique, ça va dans les deux sens.
02:44Donc, des grands programmes de replantation de haies,
02:46des grands programmes avec des solutions qui sont fondées sur la nature,
02:50pour nous aider à couvrir nos sols, pour nous aider à penser des systèmes d'irrigation
02:54qui soient respectueux des nappes.
02:55Et en fait, ce qu'on voit aujourd'hui, c'est qu'à l'inverse, l'État fait tout autre chose.
03:00Aujourd'hui, il y a une loi du plomb qui est en question,
03:04et il y a une commission mixte paritaire qui se réunit lundi prochain
03:07entre l'Assemblée et le Sénat pour faire passer cette loi.
03:10Cette loi, elle fait quoi ?
03:11Elle propose de développer l'accaparement de l'eau avec les méga-vacines,
03:16de faire de l'élevage industriel,
03:18et puis de réintroduire des pesticides tueurs d'abeilles.
03:21Pour nous, ces solutions-là, c'est vraiment des solutions du passé
03:24qui ne permettent pas aux agricultrices et aux agriculteurs
03:26de s'adapter aux changements climatiques.
03:28Au contraire, elles les rendent plus vulnérables.
03:30Alors justement, Florian Sebon, vous savez aussi que ce système que vous êtes en train de décrire
03:33et qui existe bien, c'est celui qui a fait manger la France après la guerre,
03:37dans les années 60, et que voilà, tous nos agriculteurs,
03:41à ce moment-là, ont fait d'immenses propriétés,
03:44et on y est allé avec le tracteur.
03:45Donc c'est quand même une histoire qui est en train de basculer.
03:48Alors je comprends très bien ce que vous dites,
03:50et évidemment on a envie de vous accompagner dans cette agriculture que vous défendez,
03:56mais ça va être un bouleversement faramineux pour l'agriculture française.
04:00C'est bien entendu quelque chose qui prend du temps,
04:03et nous ce que l'on constate, c'est que nous on est en Beauce,
04:06dans une région céréalière, donc on a des voisins qui ont des fermes
04:09qui ne sont pas forcément comme les nôtres,
04:11mais quand il y a une volonté politique claire pour se passer des pesticides,
04:16comme le président Macron l'avait fait au début de son mandat en 2017,
04:21et bien on se retrouve avec des fermes qui décident de se passer des pesticides,
04:25et qui décident de progressivement y aller dans des programmes de transition écologique,
04:29et qui du coup sont bien moins impactés par ces chocs climatiques.
04:32Aujourd'hui, ce que l'on voit, c'est que la direction politique,
04:35c'est de réintroduire les pesticides, c'est de faire des méga-bassines.
04:38Donc en fait, les acteurs économiques agricoles qui sont mes voisins,
04:43le signal qui leur est envoyé, c'est qu'on ne se passe pas des pesticides.
04:47Et ça ne fait marrer personne d'utiliser ces produits-là.
04:50Moi je parle à mes voisins, et il n'y a personne absolument qui est heureux d'utiliser du glyphosate,
04:54qui est heureux de faire des méga-bassines,
04:57mais c'est qu'on les laisse dans cet étau où on ne leur offre pas de solution.
05:01Et quand on passe une loi comme celle qui s'apprête à être passée avec la loi du plomb,
05:04pour moi on les met dans un étau,
05:08et en plus avec ces pesticides-là, on risque de les mettre vraiment en opposition avec la société,
05:13parce que ce n'est pas du tout ce que demande la société.
05:15Donc il y a une souffrance agricole, on l'a bien connue l'année dernière,
05:18cette souffrance agricole-là, elle est empirée par ces décisions
05:22qui font que les agriculteurs n'ont pas de solution à part utiliser des pesticides.
05:26Ce qu'il faut absolument, et nous ce qu'on attend avec les sinistries climatiques,
05:29c'est qu'il y ait des grands plans de transition.
05:32Il y a notamment un plan national d'adaptation au changement climatique
05:34qui devrait permettre de donner toute une série d'outils aux fermes
05:38pour s'adapter et faire la transition.
05:39Alors puisqu'on parle de sinistries climatiques à Blandec, dans le Pas-de-Calais,
05:43où les inondations, on se rappelle de ça, avaient fait de nombreux dégâts il y a un an et demi,
05:47l'État a fini par racheter 87 maisons qui vont être détruites
05:51afin de créer à la place un bassin de rétention d'eau.
05:55Est-ce que c'est ça la solution finalement ?
05:57Déplacer au fur et à mesure les sinistrées ?
06:01Ça c'est un pansement sur une jambe de bois.
06:04Nous ce que l'on attend d'un point de vue agricole,
06:07mais dans bien d'autres domaines, parce qu'avec les sinistries climatiques,
06:11il y a des victimes d'inondations, il y a des gens qui dans les outre-mer n'ont pas accès à l'eau,
06:15il y a des gens qui ont des maisons qui n'arrivent pas à payer
06:17parce qu'ils ont des retraits gonflements d'argile.
06:20Ce que l'on attend c'est d'autres politiques, c'est-à-dire où est-ce qu'on va construire ?
06:24On réfléchit un peu en amont, comment est-ce qu'on va penser l'hydrologie précise d'un bassin versant ?
06:30On le fait en amont et en termes agricoles, c'est quel type de ferme on crée ?
06:34Quel type de ferme on soutient ?
06:35Donc plutôt que de donner des petites aides ici ou là, on n'a pas besoin de ces pansements-là,
06:39on souhaite vraiment que l'État respecte les lois, parce que nous on ne l'invente pas ça.
06:44Ce recours en justice, on le fait sur la base de règlements,
06:48notamment il y a un règlement européen, une loi européenne sur le climat,
06:51qui impose à l'État d'agir sur la question de l'adaptation au changement climatique.
06:55Sans ce règlement-là, nous on ne serait pas fondé dans notre recours en justice.
06:59Aujourd'hui il y a ce règlement qui est très précis.
07:01Et donc vous allez saisir le Conseil d'État ?
07:03Alors voilà, du coup, il y a deux mois, on a fait une demande préalable,
07:07c'est-à-dire qu'on a appelé le Président et le Premier Ministre à agir sur la question de l'adaptation au changement climatique.
07:13Et donc cette demande préalable, elle est terminée,
07:16et il n'y a aucune réponse de la part du Président et du Premier Ministre.
07:19Et donc du coup, la procédure normale maintenant,
07:22c'est que l'on saisit le Conseil d'État dans le but d'avoir une condamnation de l'État.
07:26Ça ne nous fait pas rigoler de faire condamner de l'État,
07:28mais l'objectif c'est qu'il y ait une forme de signal d'alarme
07:31et que l'État comprenne que les Français souffrent,
07:34ils ont des inondations, des retraits conflements d'argile,
07:36ils ont des sécheresses, ils n'ont pas accès à l'eau.
07:39Le changement climatique, on imagine toujours que c'est demain, après-demain,
07:42les petits-enfants, les arrière-petits-enfants.
07:43Alors qu'aujourd'hui, on est tous impactés par cette canicule,
07:47et donc il faut absolument qu'il y ait des mesures concrètes.
07:49Merci beaucoup Florence Aumont, vous êtes maraîcher bio
07:51dans le département de l'Essonne et porte-parole du réseau AMAP,
07:55les associations pour le maintien d'une agriculture paysanne.
07:58Il sème, lui, de la bonne humeur et récolte notre bonheur.
08:00Rassurez-vous, il n'utilise aucun pesticide.
08:02Marc-Antoine Lebray est avec nous dans un instant.

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