- hier
Élever un enfant, c’est tout naturel ? Être parent, ça apporte forcément de la joie non ? Aujourd’hui, être parent, c’est souvent se sentir noyé entre les conseils à tout va, les modèles parfaits qu’on voit partout… et les injonctions contradictoires. Résultat : on doute, on culpabilise, on se sent paumé, et ça pèse sur le moral. Et pourtant, on est beaucoup à garder de nombreux sujets sous silence.
Dans ce nouvel épisode de “Ça va tomber”, l’équipe de Parent Épuisé reçoit Natacha Butzbach, psychologue spécialisée en périnatalité et parentalité, autrice du livre « Devenez le parent que vous souhaitez » aux éditions H. Un éclairage fort, sans filtre et clairvoyant pour nous aider, nous parents, à lever le voile sur ces nombreux tabous qui, parfois, nous bouffent la vie.
Natacha nous partage ses clés pour se détacher de la pression, retrouver une parentalité plus simple, plus sereine… et mieux vivre le quotidien avec nos enfants (et avec nous-mêmes !).
Dans ce nouvel épisode de “Ça va tomber”, l’équipe de Parent Épuisé reçoit Natacha Butzbach, psychologue spécialisée en périnatalité et parentalité, autrice du livre « Devenez le parent que vous souhaitez » aux éditions H. Un éclairage fort, sans filtre et clairvoyant pour nous aider, nous parents, à lever le voile sur ces nombreux tabous qui, parfois, nous bouffent la vie.
Natacha nous partage ses clés pour se détacher de la pression, retrouver une parentalité plus simple, plus sereine… et mieux vivre le quotidien avec nos enfants (et avec nous-mêmes !).
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00:00Aujourd'hui, nous recevons Natacha pour son livre
00:03« Devenez le parent que vous souhaitez ».
00:05Donc, Natacha est psychologue spécialisée en périnatalité,
00:09mais pas que.
00:11Et donc, ce livre est sorti chez Attier Parent.
00:13Donc, ce livre, tu l'as voulu comme une aide concrète
00:16pour se libérer des injonctions
00:18et vivre une parentalité sereinement.
00:21C'est vrai qu'aujourd'hui, en tant que parent,
00:22on a beaucoup de recommandations, de conseils contradictoires.
00:27On est un peu paumés quand même.
00:28Oui, c'est pour ça que je voulais en parler.
00:30Parce que, forcément, moi, je consulte tous les jours avec des parents.
00:34Alors, je suis en périnate, mais je suis aussi d'advidence parentale.
00:37Donc, en fait, j'accompagne des parents parfois même jusqu'à avec des ados,
00:39même dans les relations entre adultes aussi.
00:43Mais souvent, en effet, là aujourd'hui, on est dans une parentalité
00:45où il y a beaucoup de recommandations, beaucoup de conseils, etc.
00:48Et parfois, on ne sait pas très bien ce qu'on doit choisir, ce qu'on doit faire.
00:51C'est ça.
00:52Et parfois, ça peut être contradictoire avec ce qu'on a toujours su,
00:55ce qu'on a toujours entendu, et donc ça peut être compliqué.
00:57Avec nos valeurs aussi.
00:58C'est vrai qu'on dit souvent, avant, j'avais des principes.
01:01Aujourd'hui, je suis parent.
01:03Tout à fait.
01:03On doit s'asseoir sur ces principes.
01:05Comment on fait pour garder un peu le fil entre ce qu'on s'était imaginé et la réalité ?
01:10Moi, je trouve que le plus important, c'est déjà de ne pas ironier sur ces valeurs.
01:13On a des valeurs de base, etc.
01:14Souvent, la parentalité, elle vient nous aider à évoluer par rapport à nos valeurs
01:17ou elle vient aussi nous mettre en évidence ce qui est vraiment saillant et important pour nous.
01:22Et donc, l'idée, c'est de se dire, tiens, il y a des choses où on pensait avoir,
01:24en effet, des idées préconçues.
01:26Et puis, on se rend compte que la réalité, elle vient un peu en antagoniste de ça.
01:30Le coup typique, ah non, mon enfant, il ne dormira jamais avec moi.
01:33Bon, en fait, tous les parents savent que c'est un peu plus complexe que d'avoir ces principes-là.
01:39Après, on peut avoir des valeurs beaucoup plus larges au sens du sens qu'on met dans la vie,
01:43dans le sens qu'on met dans les choses.
01:44Et là, en effet, on peut articuler ça.
01:46Par exemple, la question des croyances, la question de comment est-ce qu'on est dans le rapport au monde, etc.
01:51Ça, il n'est pas la question de transiger sur ces valeurs pour être parents.
01:54Tu nous disais dans le livre, les générations précédentes semblaient ne retenir que le positif de la parentalité.
02:00Donc, c'est vrai que notre génération, quand on a débarqué dans la parentalité,
02:04au final, on les prenait pour modèle.
02:07Et il se trouve que la confrontation avec l'expérience n'est réellement pas similaire à ce qu'on nous avait dit.
02:16Qu'est-ce qui a changé pour nous par rapport à la génération précédente ?
02:19Je pense que ce qui a beaucoup changé, c'est le fait qu'il n'y avait pas de tolérance
02:22dans le fait qu'on pouvait dire qu'être parent, c'était difficile dans les quelques générations qu'on connaît.
02:26Parce que je pense que si on remonte encore, il y a plein de femmes au début du siècle qui pouvaient dire
02:30« Ah bah oui, j'ai eu 10 enfants, la contraception, ça n'existe pas. »
02:32Enfin, ce n'était même pas un mot qui était connu.
02:35J'ai eu 10 enfants, c'est trop difficile, j'en veux pas.
02:37On trouve d'ailleurs des documentaires inas où il y a des femmes qui sont interviewées
02:40et qui vivent super mal cette situation-là.
02:41Donc en fait, dans certaines couches de la population, c'était audible de pouvoir le dire,
02:46mais ce n'était pas dispersé dans la population.
02:47Et s'ouvrirait quand même ce côté du « c'est peut-être pas des très bonnes mères ».
02:51Et ça, ça reste en fait toujours.
02:53Et je pense qu'avec le modèle des années 50, des femmes au foyer,
02:56hyper dévouées à leur rôle dans la famille,
02:59dire après « mon rôle, c'est la famille et en même temps, je ne le vis pas très bien »,
03:03c'était tout de suite, on jetait un peu le propre sur les mères
03:06qui pouvaient affirmer que c'était compliqué.
03:09Et je pense que du coup, nos mères, encore, étaient un peu dans ce modèle-là,
03:13même si elles se sont un peu émancipées, même si elles travaillent, etc.
03:15C'était un peu compliqué de dire « bon, en fait, il y a des choses qui sont vraiment difficiles »
03:19ou « ma santé mentale, elle en a vraiment pâti »
03:21parce que gérer une famille, c'est vraiment intense, en plus d'un travail.
03:27Mais comme ça ne se disait pas, en fait, ce qui ne se dit pas n'existe pas.
03:31Et donc nous, en fait, on n'a pas eu ce discours de
03:33« on voyait bien que parfois nos mères, elles n'allaient pas bien ».
03:35Mais c'était un truc du « non, non, ça va aller, non, non, tout va bien ».
03:38Et en fait, la santé mentale, c'était d'ailleurs beaucoup plus compliqué
03:40d'en parler à ce moment-là, qu'aujourd'hui, on met plus le focus dessus,
03:44on le considère comme une partie intégrante de la santé,
03:47et donc on va se pencher sur le sujet,
03:49et donc on va voir vraiment l'impact de la parentalité sur la santé mentale.
03:53Et c'est pour ça que je voulais faire ce livre,
03:54parce que je voulais qu'on puisse avoir vraiment des infos sur « ok, être parent ».
03:58Il y a des côtés très cools, mais il y a aussi des côtés qui sont très difficiles.
04:01qui sont très difficiles, et c'est vrai que beaucoup de mères
04:05se trouvent un peu lâchées dans la nature, les papas aussi,
04:09mais c'est vrai qu'encore aujourd'hui, le congé maternité,
04:12on le vit quand même essentiellement seul.
04:16C'est encore assez rare d'être à deux vraiment pour ce congé-là,
04:20et voilà, on est hyper vulnérable,
04:24et on remet très vite en question tout ce qu'on pensait pouvoir mettre en place, etc.
04:30Et on se retrouve aussi un peu à la merci de toutes ces recommandations qui affluent,
04:35et tu en parles aussi dans le livre,
04:37la différence entre recommandations et injonctions est hyper fine, en fait.
04:42En fait, ça va très vite d'un conseil à quelque chose que si tu n'appliques pas,
04:47tu es un mauvais parent.
04:48C'est ça. En fait, il y a quand même beaucoup de choses encore
04:50où on se sent très vite être un mauvais parent,
04:53parce qu'on a beaucoup de recommandations, beaucoup de conseils,
04:56beaucoup de « il faudrait qu'il n'y a qu'à Faucon ».
04:58Mais en fait, on ne nous donne pas les moyens d'y accéder.
05:02En effet, la solitude n'aide pas du tout,
05:04parce qu'encore une fois, je le dis souvent,
05:06mais un couple en fait ne suffit pas.
05:08Même quand il y a un couple, un couple ne suffit pas,
05:10parce qu'en fait, c'est beaucoup de charges.
05:12Même un enfant pour un couple a géré H24.
05:15C'est très difficile, parce qu'il y a tout le reste à gérer aussi, en fait.
05:18Et la limite entre recommandations et injonctions,
05:21c'est vraiment dans quelle mesure on peut se dire
05:24« Ok, il y a telle recommandation, moi je l'adapte à mon quotidien,
05:26je l'adapte avec ce qui est possible de faire ».
05:29Typiquement, je pense que toutes les mères qui ont allaité
05:32peuvent dire « Oui, on nous a recommandé de faire dormir le bébé sur le dos ».
05:35En fait, le bébé s'endort dans le lit, sur le côté au sein, en fait.
05:38Et puis, ce qui est dramatique, c'est qu'on se retrouve
05:40à devoir mentir au médecin, parce qu'on va nous culpabiliser
05:43si on ne fait pas ce qui est recommandé.
05:45Alors qu'en fait, au lieu de nous dire,
05:47nous donner un peu des guides de bonne pratique sur
05:49« Ok, comment faire ? Quels sont les risques ?
05:50Comment est-ce qu'on peut trouver des solutions ? »
05:52« Tiens, si par exemple l'enfant passe sa nuit au sein,
05:55ce n'est pas normal. »
05:56« Qui on va aller voir ? »
05:56En fait, on se retrouve dans un cercle vicieux de culpabilité aussi.
06:00C'est-à-dire « Ah, je fais ça, mais je fais peut-être mal ».
06:03Et donc, c'est là aussi qu'on peut creuser, en fait,
06:05au niveau santé mentale, baisser vraiment en état.
06:08Oui, c'est ça.
06:09C'est qu'à l'époque, on disait « Il faut un village pour élever des enfants. »
06:13Et en fait, finalement, aujourd'hui, le rythme qu'on a,
06:17le travail, etc., fait qu'on est beaucoup plus seul qu'avant,
06:21en fait, dans la parentalité.
06:23Tout à fait.
06:23Tu parles aussi du fait que, parfois,
06:27il arrive qu'être parent ne procure pas de joie.
06:30C'est quand même un gros tabou.
06:32Tu dis « Ce sont les mères qui payent le prix fort.
06:34On leur demande de travailler comme si elles n'avaient pas d'enfants
06:36et s'en occuper comme si elles ne travaillaient pas. »
06:40En fait, c'est le problème.
06:41C'est des doubles injonctions qu'on va trouver au niveau des femmes.
06:44Autant un homme qui va dire « Oh oui, bon, moi, les parents,
06:47c'est pas très drôle.
06:50Je préfère quand ils sont plus grands. »
06:52C'est audible.
06:52Peut-être qu'aujourd'hui, quelqu'un dirait « Oh oui, c'est quand même pas cool. »
06:56Mais il n'y aura pas cette même puissance de perception
07:00que si c'était une femme qui va dire ça.
07:01On va dire « Enfin, une femme, ça devrait aimer materner.
07:05Ça devrait aimer être mère.
07:06Enfin, tout petit, c'est tellement mignon.
07:08On devrait adorer ça, etc. »
07:10Et d'ailleurs, on peut adorer ça.
07:12On peut adorer materner.
07:13Tout en trouve ça très difficile.
07:14Oui, c'est pas incompatible.
07:16Oui, mais c'est ça qui est compliqué aussi à concevoir.
07:18En fait, l'ambivalence maternelle,
07:21l'ambivalence des émotions autour de la parentalité,
07:23c'est pas quelque chose de nouveau.
07:24C'est quelque chose dont on trouve beaucoup d'occupation
07:26depuis vraiment très très longtemps
07:27dans l'histoire de la psychologie.
07:29Mais c'est comme si c'était encore aujourd'hui inaudible, en fait.
07:34Alors que tout le monde le sait, tout le monde le vit,
07:36mais en fait, c'est mal vu.
07:37Et donc, il y a un peu ce côté jugement de l'autre.
07:40Et en fait, généralement, quand les gens sont beaucoup jugés
07:43par quelqu'un, en fait, c'est une projection.
07:46C'est une projection de soi dans ce que font ou pas bien les autres
07:50en fonction de ce que nous, on s'impose.
07:53Oui, et puis aujourd'hui, on est quand même...
07:55Alors, c'est une chance.
07:56Et sur certains trucs, c'est un peu notre bourreau aussi.
07:59Voilà, avec le développement des réseaux sociaux,
08:01finalement, on a beaucoup de contenus, de vidéos, etc.
08:05Et la parole s'est libérée.
08:08Sur les réseaux sociaux,
08:09on arrive plus facilement à dire que c'est pas tout rose.
08:13Et en même temps, c'est aussi le premier bourreau
08:15avec toutes ces injonctions.
08:18Et j'ai l'impression que ces derniers temps,
08:20il y a quand même un retour à la mer parfaite
08:21avec beaucoup de contenus où, voilà,
08:25c'est comment bien faire à manger,
08:28comment bien les élever, etc.
08:30Et c'est vrai que rien que si on prend la question des écrans,
08:33où on dit et on répète et on martèle,
08:36et j'entends, pas d'écran avant trois ans, etc.
08:40On en est venu aussi à un stade
08:42où on va culpabiliser une maman
08:44qui met un écran dans la salle d'attente des urgences.
08:47Voilà, c'est devenu...
08:50On est passé d'une recommandation à l'injonction.
08:52Et finalement, multiplié par tous les sujets,
08:55l'alimentation, le sommeil, l'allaitement, la scolarisation,
09:00ça commence à faire beaucoup.
09:02Oui, et moi, ce que je trouve dommage aussi,
09:03c'est qu'on prend ces recommandations
09:05de manière complètement isolée.
09:07C'est qu'en fait, quand on se rend compte, par exemple,
09:09pourquoi est-ce qu'on fait ces recommandations
09:10par rapport à l'écran ?
09:11Parce qu'on s'est rendu compte
09:12qu'un excès d'écran pour les tout-petits,
09:15ça avait vraiment des méfaits sur leur développement.
09:18Quand on parle d'excès,
09:19on est sur les études à au-delà de 5 heures par jour.
09:21Oui.
09:22Pour remettre le contexte.
09:24Et généralement, qu'est-ce qu'on trouve
09:25derrière ces méfaits des écrans ?
09:27En fait, c'est que si les parents
09:29utilisent l'écran comme relais,
09:32c'est parce qu'en fait,
09:33il y a des troubles sociaux, quelque part,
09:35où les parents ne peuvent pas, en fait,
09:36offrir de la stimulation adéquate à leurs enfants.
09:39C'est pareil pour l'allaitement,
09:40c'est pareil pour plein de choses.
09:41En fait, il y a des injonctions qui existent,
09:43mais ça ne prend pas en compte
09:45tout le cadre social
09:47dans lequel les parents, individuellement, chacun,
09:51s'inscrivent, en fait, dans la société aujourd'hui,
09:53dans les contraintes qu'ils ont.
09:55Et c'est ça le gros problème, à mon sens.
09:56Parce qu'en fait, il y a bien des recommandations.
09:58Mais moi, cette recommandation pour les écrans, par exemple,
10:00je peux te dire, moi,
10:01toutes les psys autour de moi
10:02qui travaillent avec des enfants neuroatypiques
10:04vont te dire, ou avec des familles nombreuses,
10:05vont te dire, c'est quasiment impossible
10:07de respecter ça.
10:09Ça ne veut pas dire qu'on les laisse un cœur devant.
10:10Ça veut juste dire qu'on peut l'utiliser comme outil.
10:13Oui.
10:14Tout est une question de juste mesure.
10:16Et d'usage, en fait.
10:17Et de la façon dont on va le vivre aussi.
10:18C'est comme, moi, j'ai beaucoup communiqué
10:21sur le fait que l'allaitement, c'est très cool
10:23et qu'on pourrait vraiment…
10:24que si on pouvait être soutenu plus par rapport à l'allaitement,
10:26ce serait génial, que ce ne soit pas stigmatisé
10:28dès que ça dépasse six mois,
10:29parce que je trouve ça important
10:30qu'on ne soit pas stigmatisé,
10:31comme tous les choix de parentalité.
10:33Ça ne veut pas dire que quelqu'un
10:35qui ne supporte pas d'allaiter
10:38devrait être forcé à allaiter aujourd'hui.
10:40Tu vois, il y a vraiment tout ce truc
10:42où je me dis que ça n'a pas de sens, en fait,
10:44de déconnecter…
10:45On érige, en fait, même parfois,
10:47les mères entre elles,
10:49les unes contre les autres, finalement,
10:51à choisir son camp.
10:53On a l'impression qu'il faut choisir son camp
10:54sur chaque sujet de la parentalité.
10:57Oui, c'est ça.
10:58Et ça empêche, du coup, de créer des liens
10:59qui, pourtant, ce sont exactement ces liens-là
11:02qui nous manquent au quotidien aussi,
11:03d'avoir des communications avec d'autres personnes
11:04qui vivent les choses autrement,
11:06qui peuvent nous expliquer leur point de vue, etc.,
11:08sans que ça fasse des ennemis.
11:10Et d'ailleurs, tu abordes l'égo dans la parentalité.
11:14Et tu dis accepter que la parentalité est ingrate
11:17et que, par ailleurs,
11:19on ne recevra jamais autant qu'on a investi.
11:22Tu rappelles que l'enfant ne nous doit rien.
11:26Et ça, on a parfois un peu tendance à l'oublier
11:30dans une société où on cherche toujours un peu
11:34le retour sur investissement.
11:36La parentalité, elle peut parfois aussi être dure pour ça.
11:40C'est que, finalement, on attend beaucoup trop,
11:42peut-être aussi, de nos enfants.
11:44Je pense qu'il y a beaucoup d'attentes
11:45posées sur les enfants globalement,
11:48même de comportement, de fonctionnement,
11:50de développement, on a l'impression aussi
11:52que si on fait les bons choix parentaux,
11:53alors les enfants vont bien se développer.
11:56C'est un enfant, c'est un individu,
11:58avec ses particularités, avec ses difficultés.
12:00Ce n'est pas parce qu'on a tout bien fait,
12:01qu'on avait une maison Montessori,
12:03que ça va être un enfant hyper à l'aise et hyper autonome.
12:05Peut-être que ça va favoriser les choses.
12:07Mais en fait, il n'y a aucune garantie
12:09d'avoir un retour sur investissement.
12:12Au niveau émotionnel, non plus.
12:15On va avoir différents tempéraments d'enfants.
12:17Et donc, en fait, la parentalité,
12:19même si on essaie de la dealer plus ou moins de la même manière,
12:21on va avoir des relations qui vont être très différentes
12:23en fonction du tempérament des enfants,
12:24de ce qu'ils renvoient chez nous, etc.
12:27Quand je disais qu'il y avait un égo...
12:29Un égo, pardon.
12:30Désolée, je m'exercie la voix.
12:32Pas de souci.
12:32Quand je disais qu'il y avait un égo
12:34qui était à questionner pour la parentalité,
12:37c'est parce que, typiquement,
12:40on a tous vécu sans tant que parents,
12:41on fait à manger, les enfants disent
12:42« Non, bah, j'aime pas ! »
12:44En fait, c'est surtout cette question de « Oh, en fait, oh ! »
12:47C'est le plat qu'ils aiment pas.
12:48C'est pas l'effort qu'on a mis dedans.
12:50Oui, c'est ça.
12:50Et à part qu'à leur âge, ils ne savent pas dire
12:52« Merci pour tous les efforts que tu as faits,
12:54mais vraiment, je n'aime pas. »
12:55Mais pourtant, c'est la même chose.
12:56Et c'est ça qui peut être compliqué parfois aussi.
12:58Et en effet, on est sur une relation qui est asymétrique.
13:01D'ailleurs, on l'expérimente beaucoup en termes d'éducation.
13:04Justement, dès qu'on parle d'éducation,
13:05il y a un rôle de parent et un rôle d'enfant
13:07avec des responsabilités différentes.
13:08Eh bien, la question émotionnelle est vraiment là-dedans.
13:11On est sur un escalier, en fait.
13:12C'est que nous, techniquement,
13:14et c'est pour ça que ça peut être difficile aussi pour nous,
13:15c'est qu'on va donner ce qu'on est censé avoir reçu.
13:19Et parfois, c'est pour ça qu'on dit
13:21qu'on peut parfois casser le cycle de la violence, etc.
13:24On va faire en sorte peut-être de donner un peu différemment.
13:27Mais l'attention que nous, on a donnée à nos enfants,
13:30la façon dont ils vont l'exprimer,
13:31c'est eux-mêmes dans leur rôle de caregiving
13:35auprès d'autres personnes, pas forcément auprès de nous.
13:38Alors, probablement que ça...
13:39Quand on a une chouette relation avec ses enfants,
13:41probablement que ça peut...
13:42Avec des petits, et puis avec des moyens,
13:44puis avec des grands,
13:45la relation, du coup, elle va durer plus longtemps,
13:46elle va être de meilleure qualité.
13:48Aussi, quand on vieillit, aussi, nous.
13:50Eh oui.
13:51Fort probablement.
13:52Mais, globalement, ça va ruisseler, en fait.
13:55Et donc, c'est pas une rivière qui remonte, quoi.
13:57Ça ruisselle, en fait.
13:59Et c'est la façon dont ils acquièrent leur autonomie,
14:02ils peuvent se développer harmonieusement
14:03dans la relation avec les autres, etc.
14:04C'est là, en fait, qu'on donne une base de sécurité
14:06pour que ça se disperse sur l'extérieur.
14:08J'aime bien ce concept de ruissellement.
14:13Le couple est très, très fragile.
14:15Lors de l'arrivée d'un enfant,
14:17les nuages, la fatigue...
14:20Je pense que tous les parents ont connu ça.
14:22On appelle ça même le baby clash.
14:25Tu dis, il est préférable d'attendre
14:27trois ans avant de se séparer.
14:29Les conflits, en fait, c'est normaux
14:31et c'est pas à cette période-là qu'il faut décider...
14:33Oui.
14:34Alors, je mets évidemment un haut-là.
14:35C'est évidemment, sauf en cas de violence.
14:37Bien sûr.
14:37Voilà.
14:38Et les violences, elles peuvent exister,
14:39économiques, psychologiques, physiques.
14:42Évidemment, dans ces cas-là, c'est encore autre chose.
14:44Mais je dis, en cas de non-violence,
14:46et où juste les relations, elles sont tendues,
14:48ça peut être intéressant d'attendre au moins trois ans
14:50parce que le postpartum dure trois ans
14:54dans la tête, dans le corps.
14:55Donc, quand il y a des enchaînements d'enfants,
14:56en fait, on multiplie ça
14:58parce que c'est compliqué de retrouver un rythme,
15:01de retrouver de l'énergie
15:03parce qu'avec des tout petits,
15:04l'énergie, elle est quand même difficile
15:06parfois à trouver.
15:08Et donc, on a besoin de temps
15:10pour se retrouver aussi en couple
15:12parce que quand on est très fatigué
15:14et qu'on n'a pas le temps pour soi,
15:15on n'a pas le temps à consacrer à l'autre, en fait.
15:17Et il y a des personnes qui,
15:19de par leur histoire de vie,
15:20vont avoir beaucoup plus de mal
15:21à investir de l'énergie dans le couple
15:23parce qu'ils veulent focaliser absolument
15:25tout sur l'enfant
15:25et après, peut-être répondre
15:27un tout petit peu à leurs besoins.
15:28Et parfois, c'est là que ça peut même
15:29devenir compliqué.
15:30Donc, quand on ne répond pas à ses besoins,
15:32on ne peut pas répondre aux besoins du couple,
15:33en fait, parce qu'on n'a pas les ressources pour ça.
15:36Donc, il vaut mieux patienter,
15:38prendre un peu son mal en patience
15:39et dire que tout passe
15:41et qu'on va réussir à se retrouver...
15:43Et puis dire les choses aussi.
15:45Dire ce qu'on ressent,
15:45dire ce qui nous traverse
15:48et justement, se dire,
15:49OK, comment est-ce que je veux dire,
15:50moi, par exemple,
15:51que ma partenaire, mon partenaire
15:52ne soit pas du tout disponible.
15:53Et ça va être aussi ça
15:54de travailler aussi la question de l'égo
15:55par rapport à ça.
15:56Eh oui.
15:58Pour finir,
15:59est-ce que tu pourrais nous confier
16:00le conseil que tu donnes le plus
16:03aux parents qui sont terrorisés de mal faire
16:05et qui ne savent plus
16:06si ce qu'ils font est bien ou pas ?
16:10C'est une question qui est difficile
16:11parce que ça dépend vraiment
16:13beaucoup des situations des personnes.
16:14Ça va dépendre en fonction de ce qu'eux
16:16ce qui les traverse le plus
16:17en termes de peur.
16:18Mais la peur de mal faire,
16:19c'est de se dire que,
16:20en fait, en tant que parent,
16:22on a toujours la possibilité
16:23de réparer les relations.
16:24Ça veut dire que même
16:24si vraiment on se trouve nul
16:26à un moment dans nos réactions,
16:28l'avantage des relations humaines,
16:29c'est qu'elles se réparent.
16:30Ça veut dire qu'on peut y mettre du sens.
16:31Ça veut dire qu'on peut toujours
16:32expliquer ce qui s'est passé
16:33et qu'on peut aller tricoter la relation
16:34pour que, bah oui,
16:35c'est vrai que j'ai merdé
16:36dans telle réaction à ce moment-là.
16:38Mais ça ne veut pas dire que,
16:39un, c'était tout le temps comme ça
16:40et surtout, deux,
16:41que ça va forcément avoir
16:43un impact figé dans le marbre.
16:45Oui.
16:45On est dans des relations humaines,
16:46ça veut dire qu'on peut vraiment,
16:48bah on a tous eu des mots
16:49avec des gens
16:50et puis après,
16:50on remet les choses au clair
16:51et puis, en fait, on oublie, quoi.
16:53Parce que si les choses
16:53sont bien réparées,
16:55si la situation qui est difficile
16:56est bien intégrée
16:57dans le récit de vie, etc.,
16:59il n'y a pas de problème à long terme.
17:01Très bien.
17:01Ça veut dire que tout est,
17:03c'est de la pâte à modeler,
17:04la parentalité, en fait.
17:05Tout est modelable
17:05et on peut réussir
17:07à se libérer des injonctions,
17:12à discuter, dialoguer
17:14et à faire mieux.
17:16Oui, et puis,
17:16il y a aussi ce truc
17:17où on a tendance à croire
17:18que la parentalité,
17:19c'est super naturel,
17:20que c'est facile, presque,
17:21que c'est facile,
17:22parce que comme tout le monde
17:22peut avoir des enfants,
17:23on peut se dire,
17:24techniquement, enfin, tout le monde,
17:26sauf certaines difficultés,
17:28mais ça a l'air d'être assez simple.
17:30Normalement, tout le monde
17:31peut en avoir,
17:31il n'y a pas de permis,
17:32il n'y a pas de trucs comme ça.
17:33Et donc, on n'a qu'à se dire,
17:34en fait, c'est censé
17:35de ne pas s'apprendre.
17:36On aura un enfant,
17:37on saura être parent.
17:38Mais en fait,
17:38c'est vraiment difficile,
17:40en fait, parfois.
17:40Il y a des sujets sur lesquels
17:41c'est difficile de s'en sortir
17:42comme ça,
17:43et j'ai tendance à dire,
17:44n'oubliez pas qu'en fait,
17:44on peut être aidé.
17:46Même moi, en tant que parent,
17:47alors que je suis psychologue de base,
17:49j'ai consulté pour ma fille
17:50quand elle a commencé
17:51à avoir des crises d'angoisse
17:52à trois ans.
17:52Oui.
17:53Même si je suis psy à la base.
17:54Je me suis dit, attends,
17:54je vais aller prendre
17:55le point de vue d'une autre collègue
17:56qui va sûrement me donner
17:58un éclairage autre,
17:59qui a été super,
17:59et je suis ravie de l'avoir fait.
18:02Donc, en fait,
18:02ou par rapport à mon rapport
18:04à moi-même
18:05dans les schémas familiaux,
18:07OK, là, en fait,
18:07je me rends compte
18:08qu'il y a des trucs
18:08qui m'activent très fort.
18:10Je vais aller consulter
18:11pour me faire aider
18:12pour que ça ne reste pas figé
18:13et que la relation,
18:14du coup,
18:14avec mon enfant
18:14n'empattisse pas.
18:17Il ne faut pas rester isolée.
18:19Je ne pense pas.
18:19Merci beaucoup, Natacha,
18:21de nous avoir rejoint aujourd'hui
18:22pour parler de ce livre
18:23« Devenez le parent que vous souhaitez »
18:25chez Atié Parent
18:26qui vient de sortir.
18:28Je rappelle que tu es psychologue
18:30spécialisée en périnatalité
18:32et en guidance parentale.
18:34Donc, on a été ravie
18:34de te recevoir
18:35et peut-être à une prochaine fois.
18:38Avec plaisir.
18:39Qui sait.
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