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Avec Thierry Marignard, écrivain et traducteur, auteur de "L'interprète" éd. Konfident

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##LE_FACE_A_FACE-2025-06-25##

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Sud Radio Bercov dans tous ses états, le face-à-face.
00:06Alors voilà, pendant qu'on parle de l'OTAN, pendant qu'on parle du Moyen-Orient et Dieu sait comment,
00:12vous avez vu, mais c'est comme ça, ainsi va l'information, ainsi va l'actualité,
00:16aussi bien l'écume que les faces cachées de l'iceberg,
00:19il y a quand même autre chose, le conflit russo-Ukraine, la Russie-Ukraine n'a pas disparu.
00:25On est toujours là, d'ailleurs Zelensky est au sommet de l'OTAN, même s'il ne fait pas partie de l'OTAN,
00:31si l'Ukraine ne fait pas partie de l'OTAN, et c'est pas demain la veille,
00:34mais il est au sommet de l'OTAN avec tous les autres.
00:38Alors qu'est-ce qui se passe en Russie ?
00:39Eh bien on a toujours, vous le savez, en général, les médecins de plateau au moment du Covid,
00:44les généraux de plateau au moment de l'Ukraine-Russie,
00:47et en général c'est peuplé de gens, je ne dis pas, attendez, il y a des gens très bien, très bien,
00:51mais c'est souvent peuplé des gens qui, depuis 20 ans, n'ont pas mis les pieds sur un terrain,
00:56n'ont pas mis les pieds sur une ligne de front,
00:59et puis qui parlent, et qui disent voilà ce qui se passe, et qui légifèrent, etc.
01:03Et depuis quelques années, nous nous sommes habitués à entendre ces sermons hallucinants
01:07sur des montagnes non seulement hallucinantes.
01:09Eh bien de temps en temps, il y a aussi un autre son, un autre mot,
01:13c'est ce qu'a fait Thierry Marignac.
01:15Thierry Marignac avait écrit « Vue de Russie » à la manufacture des livres,
01:20et « Vue de Russie », ça s'appelle d'ailleurs « Chronique de guerre dans le camp ennemi ».
01:24Pourquoi c'est le camp ennemi la Russie, Thierry Marignac ?
01:27Ben on dirait quand même, hein ?
01:29Il semble qu'il y ait une russophobie sérieusement enracinée,
01:35dans tous les sens, ce qui est un peu logique,
01:37on cherche toujours à diaboliser son ennemi,
01:40mais on entend que ce son de cloche-là.
01:43Mais en quoi c'est notre ennemi, nous, en France ?
01:46Il semblerait que ce soit l'ennemi commun,
01:50que d'ailleurs les Coréens de Kim Jong-un,
01:53qui sont soi-disant sur le front,
01:55ils vont s'installer dans le Bordelais,
01:57puisqu'il est amateur de vin fin.
01:59Oui, ça on va suivre.
02:01C'est vrai qu'il y a beaucoup de choses à dire sur la Russie,
02:03on ne sera pas des poutinolâtres,
02:06mais je voudrais aussi signaler
02:09que Thierry Marignac a écrit,
02:11que je l'ai reçu aussi, un très beau roman,
02:14qui s'appelle L'interprète,
02:16c'est Confidente Noire,
02:17Confidente avec un K.
02:19On en parlera en fin d'émission, Thierry Marignac,
02:22mais pour le moment,
02:23vous avez passé trois mois en Russie,
02:25dans le dernier trimestre de 2024,
02:28d'octobre à décembre, c'est ça.
02:30Et vous êtes baladé,
02:31et je rappelle que vous parlez,
02:32vous écrivez de russe,
02:33vous avez traduit énormément de livres
02:35de russes en français,
02:37donc vous n'êtes pas en territoire,
02:41je dirais, étranger du point de vue linguistique,
02:43c'est le moins que l'on puisse dire.
02:44Alors, si vous regardez un peu,
02:46qu'est-ce que vous avez vu,
02:47qu'est-ce que vous avez entendu,
02:49sans simplifier,
02:52mais en même temps,
02:53nous racontant,
02:54parce que vous avez eu des...
02:55J'ai eu dans votre livre,
02:56Vues de Russie,
02:57que je recommande,
02:58parce qu'il y a vraiment un tableau,
03:00un portrait de la Russie,
03:01de l'intérieur,
03:03comme on n'en voit pas beaucoup,
03:04on n'en lit pas beaucoup,
03:05c'est ainsi.
03:06Les lignes de force,
03:07c'est quoi ?
03:07Qu'est-ce que vous avez constaté
03:09qui vous a vraiment le plus frappé,
03:10Thierry Marignac ?
03:11Disons que la première chose,
03:13c'est que c'est la même civilisation,
03:15c'est-à-dire que la représentation occidentale,
03:18très souvent donnée,
03:19imposée par une forme de propagande,
03:22comme quoi la Russie contemporaine,
03:24ce serait l'URSS de Staline,
03:25c'est complètement faux.
03:27C'est complètement faux.
03:29C'est complètement faux.
03:31J'en suis le premier exemple,
03:32je me suis baladé partout,
03:35ils me connaissent bien,
03:36puisque j'étais un copain de Limonov,
03:38qui était un opposant pendant très longtemps.
03:39L'écrivain Edouard Limonov,
03:41l'écrivain est politique,
03:42oui bien sûr.
03:42Voilà, qui est mort il y a 5 ans,
03:43donc ils savent très bien qui je suis,
03:45je suis allé partout,
03:46j'ai parlé à tout le monde,
03:48à des gens qui étaient d'accord,
03:49à des gens qui n'étaient pas d'accord,
03:51et sans aucun problème.
03:53Mais c'est même pas ça que je veux dire.
03:55Je veux dire que,
03:56d'abord,
03:57l'économie,
03:58elle semble tourner à plein régime,
04:00si vous êtes sur un périphérique de Moscou,
04:03je veux dire,
04:03tous les poids lourds,
04:06les camions,
04:07les autocars,
04:09etc.,
04:10et même dans la vie quotidienne,
04:13c'est-à-dire,
04:14et c'est là où je dis que c'est la même civilisation,
04:16les tajiks ubérisés,
04:17livreurs de pizzas.
04:19Ouais,
04:20oui,
04:20tajiks ubérisés,
04:22c'est pas mal.
04:23Tajiks ubérisés,
04:24c'est-à-dire que,
04:24non mais vous avez constaté,
04:25les magasins sont pleins,
04:26les...
04:26Ah, écoutez,
04:27je peux vous dire
04:28que j'ai fait
04:30mon fameux ragout d'agneau
04:31à la bière belge
04:32dans l'Oural,
04:34à Tchelyabinsk.
04:36Je sais pas si vous voyez
04:36ce que c'est Tchelyabinsk,
04:37mais c'est loin.
04:38Je vous garantis que,
04:39quand on y est,
04:39on pense plus à l'Europe.
04:41Ouais.
04:41C'est en plein Oural ?
04:43C'est en plein Oural,
04:43oui,
04:44c'est une ville assez importante,
04:45d'ailleurs,
04:45comme il y en a en Russie,
04:47une ville d'un million et demi
04:49d'habitants,
04:49métallurgique.
04:53Mais c'est très, très loin.
04:55Cette ville-là,
04:56a mérité le surnom
04:57de Tankograde
04:58pendant la Deuxième Guerre mondiale
05:00parce que l'usine de tracteurs
05:02fabriquait des tanks.
05:03Des tanks, d'accord.
05:04Et donc,
05:04les skinheads locaux,
05:05c'est le nom qu'ils ont adopté
05:07parce que ça faisait plus viride,
05:08les Tankograde Ultra.
05:10D'accord.
05:11Et alors, justement,
05:12mais alors,
05:13donc,
05:13vous voulez dire,
05:14l'économie,
05:14enfin,
05:15je dirais,
05:15il y a une...
05:15On peut parler de prospérité
05:17parce que c'est quand même
05:18la Russie ou pas ?
05:19C'est-à-dire,
05:19les gens vivent à leur faim,
05:21mangent à leur faim ?
05:22Ah oui,
05:22ça,
05:23sur la question de la faim,
05:25il n'y a absolument aucun doute.
05:26Mais si vous voulez,
05:27moi,
05:28je regarde des signes élémentaires.
05:32Les salles de fitness sont pleines.
05:34Oui.
05:36Il y a des boutiques de vapotage.
05:39Il y a des boutiques de vapotage.
05:40Ah oui.
05:41Il y a des boutiques de vapotage.
05:42Ta signe, quand même, oui.
05:44Et il y a des galeries métavers
05:45pour les adolescents.
05:49Moi, je n'y comprends rien,
05:50au métavers,
05:50mais c'est une réalité artificielle,
05:53l'intelligence artificielle,
05:54etc.
05:54Je ne suis pas à guisez
05:55de ce que c'est.
05:55Oui,
05:56oui.
05:59La plupart des marques de fringues,
06:00en tout cas,
06:01sont présentes.
06:02Y compris les marques étrangères,
06:04oui.
06:04Ah oui,
06:04les Max Marat,
06:05je ne vais pas faire de la pub.
06:07Zara,
06:08etc.
06:09Oui,
06:09je comprends.
06:10Vous voyez,
06:11tout ce que vous pourriez voir
06:12à Hong Kong,
06:13Londres ou Mexico City.
06:15D'accord.
06:16Et on va en parler,
06:18on va prendre le temps
06:19d'en parler,
06:19Thierry Marignac,
06:20et les gens sont,
06:22puisque vous avez les contacts,
06:24et non seulement vous avez les contacts,
06:25mais vous parlez,
06:25vous parlez à tout le monde,
06:26puisque vous parlez la langue,
06:28vous êtes au moins bilingue là-dessus.
06:30Comment sont-ils ?
06:32On parle toujours,
06:33vous savez,
06:33de la résilience russe,
06:35du fait qu'ils ont été habitués
06:37quand même aux temps difficiles.
06:39Comment ça se passe aujourd'hui ?
06:41Écoutez,
06:42je ne peux parler que des gens
06:44que je connais,
06:44parce que si je me suis déplacé comme ça,
06:46c'est parce que je connais un monde fou,
06:47vu que ça fait une trentaine d'années
06:49que j'y vais,
06:50et que je suis toujours
06:52extrêmement bien accueilli.
06:54Donc,
06:54les gens me font confiance,
06:57et ça,
06:57là-dessus,
06:58c'est le nom de Limonov,
07:00qui est le Sésame,
07:02qui a été le Sésame,
07:03mais aussi,
07:04j'ai traduit
07:04nombre de poètes russes,
07:07et la Russie,
07:08je crois qu'en Amérique du Sud,
07:09c'est un peu pareil,
07:10mais la Russie,
07:11c'est un des rares pays
07:12où les poètes ont un vrai statut,
07:13c'est un vrai prestige.
07:15Toujours maintenant,
07:16toujours en présent.
07:17Oui, oui, absolument.
07:18Avec Atterrabourg,
07:19le poète Boris Rigi,
07:20qui s'est suicidé il y a déjà longtemps,
07:23c'est une légende locale.
07:27Donc,
07:27les gens,
07:29donc avec moi,
07:29ils sont assez ouverts,
07:31et rien que le fait
07:32d'être un petit Français
07:33qui se soit pointé
07:35comme ça...
07:36Vous étiez tout seul ?
07:38Ah oui.
07:38Vous êtes baladé tout seul ?
07:39Ah oui.
07:40Oui,
07:41mais je me suis déplacé
07:42d'ami en ami,
07:43en fait.
07:44Oui, bien sûr.
07:45qui m'ont hébergé,
07:46qui étaient très contents
07:47de me voir
07:47et de me parler.
07:50Et donc,
07:51je dirais que l'attitude générale,
07:52c'était,
07:53bon,
07:54le régime,
07:55on ne l'aime pas forcément,
07:56mais c'est nos affaires,
07:58d'abord.
08:00C'est nos affaires de famille.
08:02Ensuite,
08:03ça,
08:03c'est une femme médecin
08:04qui me l'a dit,
08:05qui s'était portée volontaire
08:06pour aller soigner
08:08les enfants au Donbass.
08:10elle m'a dit,
08:10je ne suis pas forcément
08:11pour le régime,
08:12mais je ne suis pas
08:13contre mon pays.
08:15C'est l'attitude,
08:17en général,
08:18que j'ai eue
08:19à peu près partout.
08:20Très nationaliste,
08:22au bon sens du terme,
08:22d'ailleurs.
08:23C'est pas...
08:23Patriote, quoi.
08:24Patriote, ouais.
08:25Parce que, vous savez,
08:26le nationaliste,
08:27c'est toujours l'ennemi,
08:28et vous,
08:28vous êtes patriote.
08:29C'est une question de rétorique.
08:31Bien sûr.
08:31Alors,
08:33on va en parler juste
08:34après cette petite pause,
08:35Thierry Marignac.
08:36Je vous rappelle que
08:36si vous avez des questions
08:37à poser à Thierry Marignac,
08:39n'hésitez pas,
08:400826 300 300,
08:420826 300 300,
08:44vous nous appelez,
08:45et on va parler de cela,
08:47parce que,
08:47je trouve que c'est très important
08:50de parler des pays
08:52quand on y va.
08:53Vous voyez,
08:54parce que ce n'est pas
08:55la spécialité
08:56la plus répandue.
08:58Je pense à quelqu'un,
08:59vraiment,
09:00et que je salue,
09:01très affectueusement
09:03à une grande reporter de guerre
09:04qui est Anne Lorbonnel,
09:06qui est allée dans l'eau de Donbass,
09:07qui est allée partout
09:08et qui a suivi
09:08en pleine guerre,
09:10et voilà.
09:11Il y en a quelques-uns,
09:12effectivement,
09:14Lison Boutboul et d'autres,
09:15mais vous,
09:17Thierry Marignac,
09:18comme vous dites,
09:19ça fait 30 ans
09:20que vous parcourez,
09:21effectivement,
09:21ces pays.
09:22Vous les connaissez à fond.
09:23D'ailleurs,
09:23on va parler de,
09:25justement,
09:26des changements
09:26que vous avez vus,
09:27peut-être,
09:27en 25 ou 30 ans,
09:28par rapport à...
09:29Puisque,
09:30on rappelle que
09:30l'ascension de Poutine,
09:32c'est en 2000.
09:33C'est en 2000.
09:34Voilà,
09:34ça fait 25 ans,
09:35pratiquement.
09:37Mais on va parler de tout cela
09:39parce qu'il faut parler des peuples
09:40et pas seulement
09:41des communiqués.
09:44Sud Radio Bercov,
09:45dans tous ses états,
09:46midi 14h.
09:48André Bercov.
09:48vu de Russie,
09:50il faut le lire.
09:52Si vous voulez savoir
09:52ce qui se passe actuellement
09:53dans le quotidien en Russie,
09:55lisez le livre de Thierry Marignac,
09:58Chronique de guerre
09:59dans le camp ennemi,
10:00paru à la manufacture de livres
10:04et puis son roman.
10:05J'en parle aussi,
10:06l'interprète,
10:07paru chez Confident Noir,
10:09Confident avec un K.
10:10Ça,
10:10c'est un roman polar
10:11et qui vaut aussi le détour.
10:14Thierry Marignac,
10:15alors parlons un peu
10:16peut-être des villes
10:18que vous avez vues,
10:19notamment,
10:19je renvoie au livre,
10:20il faut le lire,
10:21mais par exemple,
10:22Kronstadt,
10:24l'impression de Kronstadt.
10:25C'est-à-dire,
10:26c'est un peu aussi
10:27un journal de voyage,
10:28c'est être sur la route un peu.
10:30Bien sûr.
10:31Vous avez été on the road again
10:32pendant trois mois.
10:33Oui, absolument, oui.
10:35À Kronstadt,
10:36d'abord,
10:37c'est extrêmement spectaculaire
10:38parce qu'on a l'impression
10:39que ça n'a pas changé
10:40depuis les années 20.
10:41On se retrouve,
10:43on voit les troupes de Trotsky
10:45en train de la prendre,
10:47etc.
10:47Vous savez,
10:48ça s'écroule.
10:49Il y a encore les bâtiments,
10:50si vous voulez,
10:50de l'époque.
10:51Absolument, oui,
10:51qui sont,
10:52on ne sait pas
10:53s'ils sont en décrépitude
10:55ou en rénovation,
10:56c'est très bizarre.
10:57Limonov disait ça,
10:58d'ailleurs,
10:59quand il a parlé de Kronstadt.
11:01Et c'est un endroit
11:03un peu plouc,
11:05quand même,
11:05il faut bien le dire,
11:07mais où il y a
11:08beaucoup de ferveur.
11:09J'ai retrouvé
11:10un auteur russe
11:13que je connaissais
11:14parce qu'on s'était rencontrés
11:16au festival Gorky
11:19de Nijlinovgorod
11:20où on m'avait invité
11:21il y a 6 ou 7 ans.
11:24Et ce mec,
11:25à la table du petit déjeuner,
11:26il parlait de l'anticommunisme
11:27de gauche.
11:28L'anticommunisme de gauche,
11:30voilà une expression
11:31qu'elle est intéressante.
11:32Et donc,
11:33j'ai rapproché ma chaise
11:35tout de suite
11:35et j'ai dit
11:36vas-y, raconte.
11:38Et depuis,
11:39on est très amis
11:41et je suis allé le voir,
11:43il habite à Kronstadt,
11:44je suis allé le voir
11:44parce qu'il fait
11:45de l'aide humanitaire
11:46au Donbass.
11:47D'accord.
11:48Il a même fondé
11:49une association
11:51qui s'appelle
11:51l'Association du 24 février.
11:55Et ils font régulièrement,
11:58je crois que c'est
11:5822 heures de bagnole.
12:00Oui, pour Arébuchko Donbass,
12:01je rappelle,
12:02c'est l'Est de l'Ukraine
12:02qui est devenu
12:03mais d'un territoire russe.
12:05Voilà.
12:06Et donc,
12:07il racontait,
12:08évidemment,
12:09c'est des nouvelles du front.
12:11Oui, bien sûr.
12:12Mais il m'a raconté,
12:13par exemple,
12:13des années glottes
12:14absolument incroyables
12:15du genre,
12:15le premier chargement
12:18qu'il a emmené
12:19au Donbass,
12:20c'est des instruments
12:20de musique.
12:22Ah bon ?
12:23Pour le conservatoire
12:24de Donetsk.
12:25D'accord.
12:26Ouais,
12:27ça dit bien.
12:28Il y a des tas
12:29de moments comme ça
12:30durant tout ce voyage,
12:31il y a des tas de moments
12:31où il y a des trucs
12:32qui étaient très touchants
12:33de cette manière-là.
12:35Bon, après,
12:35il a aussi emmené
12:36des gilets pare-balles.
12:38L'un n'empêche pas l'autre.
12:39Mais c'est bien
12:40qu'il a emmené
12:40des instruments de musique.
12:41Mais là,
12:42et parce que,
12:43si vous voulez,
12:44ça,
12:44tous les gens
12:45me l'ont raconté,
12:46apparemment,
12:49à Donetsk,
12:51les gens sont
12:52complètement habitués
12:52à la guerre.
12:55Et ils refusent,
12:57ils refusent
12:58d'avoir peur,
12:58je crois.
12:58Ils sont fatigués
12:59d'avoir peur,
12:59c'est ça l'expression
13:00que j'ai entendue.
13:02Ils sont fatigués
13:02d'avoir peur.
13:03Ouais.
13:03Et donc,
13:04les cafés sont ouverts,
13:05les restaurants sont ouverts,
13:06etc.
13:08Les boutiques sont ouvertes.
13:10Et bon,
13:11c'est plus comme ça
13:11parce que le front a reculé,
13:12mais il y a un
13:13correspondant de guerre
13:14qui est l'ancien chauffeur
13:15de Limanoff
13:16qui vivait à Pétersbourg
13:17qui m'a raconté
13:18que les soldats,
13:19ils allaient à la guerre
13:21en tramway.
13:23Genre au boulot, quoi.
13:25Ah oui,
13:26ils allaient comme
13:26s'ils allaient au travail,
13:27quoi.
13:27Ouais.
13:28Avec leurs armes et tout
13:29dans le tramway.
13:29Ouais.
13:30C'est assez étonnant,
13:32ça,
13:32vraiment,
13:32personne n'en parle.
13:33Enfin,
13:34ces détails-là.
13:36Juste avant de parler
13:36de Saint-Pétersbourg,
13:38est-ce que vous avez
13:39quand même rencontré,
13:40parce qu'il faut le dire aussi,
13:41je sais que vous,
13:42des gens qui sont opposés
13:43à cette guerre,
13:44qui ne voulaient pas
13:44à cette guerre.
13:46Absolument,
13:47je n'en ai pas rencontré
13:50beaucoup,
13:50c'est pour ça qu'il y en a
13:51moins dans le bouquin.
13:52Non, non, je comprends,
13:52mais vous en avez rencontré.
13:53Il y a 20 ans,
13:54quand j'ai fait un bouquin
13:55sur les drogues en Ukraine
13:58et la Révolution Orange,
13:59il y avait plus de gens
14:00pour la Révolution Orange
14:01que d'autres,
14:02parce que j'en ai rencontré
14:03plus.
14:03Bien sûr.
14:04C'est tout.
14:05Évidemment,
14:06je voulais donner la parole
14:07au côté opposé.
14:09Bien sûr.
14:09Ça me paraît logique,
14:09parce que moi,
14:10mon boulot,
14:10ce n'est pas de prendre parti,
14:11mon boulot,
14:12c'est de raconter les histoires.
14:13Bien sûr.
14:14Et il y avait trois personnes,
14:15il y avait une poétesse
14:17que j'avais traduite,
14:22l'écrivain Vladimir Kazloff,
14:23dont j'ai traduit trois bouquins
14:24en français,
14:26et mon copain Vladimir Moseyev,
14:29qui est russe,
14:29ethniquement d'ailleurs,
14:31mais qui vivait depuis
14:33des dizaines d'années
14:34à Kiev.
14:36D'accord.
14:36Et qui racontait
14:38le début de la guerre
14:40à Kiev,
14:41quand les troupes russes
14:43ont cru qu'elles allaient
14:43être accueillies
14:44en libératrices,
14:45et pas du tout.
14:46Ça n'a pas été le cas,
14:47bien sûr.
14:47Et donc,
14:48il y a un missile
14:48qui tombe.
14:49Alors,
14:50eux,
14:50qu'est-ce qu'ils disent ?
14:51Enfin,
14:51je veux dire,
14:51jusqu'à aujourd'hui,
14:52ils disent,
14:52on n'aurait pas dû faire ça,
14:54Poutine n'aurait pas dû
14:54envahir l'Ukraine.
14:55Je crois que...
14:56Ah oui,
14:58mais quant à Moseyev,
15:02qui vivait à Kiev,
15:03et qui vit maintenant
15:04à Berlin,
15:05il n'hésite pas,
15:07il dit,
15:07je déteste les Russes.
15:09Hum,
15:10d'accord.
15:12Mais,
15:12il dit aussi,
15:13et ça,
15:14c'est intéressant,
15:15vu qu'il était
15:16dans un travailleur social
15:18chez les toxicomanes
15:21anonymes de Kiev,
15:23il dit aussi,
15:23en 2016,
15:25j'ai rempli des missions,
15:26parce que ça existait
15:27aussi chez eux,
15:29la toxicomanie,
15:30le sida,
15:31etc.
15:31J'ai rempli des missions
15:32au Donbass,
15:34et là,
15:35je me suis dit,
15:36nous avons perdu
15:36ces territoires.
15:38C'est intéressant
15:38qu'un pro-ukrainien
15:40dise ça,
15:41parce que
15:42c'est des soviétopithèques.
15:44C'était son expression.
15:46Soviétopithèques,
15:47pas mal,
15:47oui.
15:47Alors,
15:48là-dedans,
15:50je vois aussi,
15:53j'ai beaucoup d'estime
15:54pour Moseyev,
15:55j'ai traîné
15:55dans tous les baffons
15:56drogués de Kiev
15:57avec lui,
15:58et Odessa aussi.
16:00là-dedans,
16:01je vois quand même
16:01une forme de mépris
16:03de la capitale
16:04pour la province.
16:06Vous voyez ce que je veux dire ?
16:07Et ça,
16:08j'en suis sûr,
16:09parce que
16:10j'ai souvent connu ça
16:12à Kiev.
16:14Oui,
16:14le mépris des capitales
16:16pour les plouks,
16:17ou pour les gueux
16:18de l'extérieur.
16:20Et c'est un élément
16:21qui finalement
16:22joue sa partie
16:24dans la guerre.
16:27Non mais,
16:28c'est très intéressant,
16:29c'est très intéressant cela.
16:32On va continuer à en parler,
16:34Thierry-Marie Ignac,
16:35beaucoup de choses à dire
16:35sur tout cela.
16:37Mais justement,
16:37parlez-nous,
16:38justement des gens,
16:39des gens que vous avez rencontrés,
16:40etc.
16:40Parce que c'est important
16:41d'avoir cette réalité russe
16:43qui est là,
16:46parce que pendant la guerre,
16:48tout continue,
16:48la vie continue.
16:50Évidemment.
16:51Alors,
16:51on se retrouve juste
16:52après cette petite pause.
16:53A tout de suite.
16:56Sud Radio Bercoff
16:57dans tous ses états,
16:58midi 14h.
17:00André Bercoff.
17:01De Kronstadt
17:02à Saint-Pétersbourg,
17:03de Belgorod
17:04à Moscou,
17:06Thierry Mariniac
17:06est parti
17:08pendant trois mois,
17:09il était déjà parti
17:10à nombreuses reprises,
17:12pardon,
17:13sur les routes
17:14de Russie.
17:16Et justement,
17:16on a parlé un peu
17:17d'économie au départ,
17:18vous avez dit tout ça,
17:19mais on va un peu parler,
17:21par exemple,
17:21Saint-Pétersbourg,
17:22Saint-Pétersbourg,
17:23magnifique ville
17:24qu'on a appelée,
17:27qui s'appelait Leningrad,
17:29d'ailleurs.
17:30Oui,
17:30qui s'appelait,
17:32enfin,
17:32les Russes,
17:32les Russes,
17:33ils n'ont jamais trop dit
17:34Leningrad,
17:35ils ont toujours dit Peter.
17:36Peter,
17:37d'accord.
17:38Alors,
17:39Saint-Pétersbourg,
17:40ville florissante,
17:41ville commune,
17:42d'abord,
17:42effectivement,
17:43eux,
17:43ils sont loin de la guerre,
17:44ils ne sont pas au front,
17:46ils ne sont pas...
17:46Non, mais c'est ça,
17:47c'est que dans la plupart
17:49de ces villes,
17:50et moi je dirais,
17:51je pourrais parler
17:51de Décaterimbourg,
17:52ou de Chéry-Habiz,
17:53loin dans l'Oural aussi,
17:55on est loin de la guerre.
17:56Bien sûr.
17:57On a des avertissements
17:58de temps en temps,
17:59par exemple,
18:00pendant tout l'automne,
18:01c'était la question
18:02des frappes dans la profondeur.
18:03Ah oui,
18:04avec les drones,
18:05les compagnies.
18:05Avec les drones,
18:06etc.,
18:06etc.
18:06et on entendait
18:10les avions de chasse.
18:12Mais ça reste quand même
18:14assez loin.
18:15Je veux dire qu'à Moscou,
18:16par exemple,
18:17au centre-ville,
18:18la géolocalisation
18:20des téléphones
18:22était brouillée.
18:23Ah oui, d'accord.
18:24Oui, quand même.
18:25La géolocalisation.
18:26Mais en fait,
18:27ils étaient là,
18:28mais eux vivent ça comment ?
18:30Je parle que ce soit
18:31dans l'Oural,
18:32que ce soit à Saint-Pétersbourg
18:34ou ailleurs.
18:35Ils parlent de ça
18:37ou ils ne parlent pas de ça ?
18:38Ils en parlent
18:39de temps en temps,
18:40mais c'est toujours
18:41avec cette attitude
18:44de bon,
18:46ça aurait pu être mieux fait,
18:48ça aurait pu être fait
18:49autrement, etc.
18:50Mais c'était inévitable.
18:52Il faut se souvenir
18:53qu'en 2014,
18:54au moment de ce qu'on a appelé
18:55le printemps russe,
18:57quand la guerre a commencé,
18:58ce que vous disiez,
18:59Anne-Laure Bonnel,
19:00quand la guerre a commencé,
19:01il y a eu un grand éventail
19:03de sensibilités diverses
19:05qui se sont unis
19:06pour aider le Donbass.
19:08Ça allait du parti communiste
19:09aux associations patriotiques
19:11d'extrême droite.
19:12D'accord.
19:13Ah oui,
19:13il y a eu une union sacrée
19:15pour le Donbass.
19:16Ça s'appelait
19:17le printemps russe aussi.
19:19D'accord.
19:20Vous savez,
19:20c'est l'époque du printemps arabe,
19:21donc...
19:22Et c'était une fraction
19:24de la population
19:26qui était non négligeable.
19:28Ça donne une indication
19:29qui, selon moi,
19:31est la plus exacte.
19:34C'est que,
19:34vu qu'il y avait
19:35une opération ukrainienne
19:36en préparation
19:37sur le Donbass,
19:39le régime russe
19:40a réagi
19:41parce qu'il n'y aurait pas
19:43survécu
19:43s'il n'avait pas fait
19:44quelque chose,
19:45s'il avait laissé
19:45l'ethnocide se réaliser.
19:47Oui, c'est vrai,
19:48il faut rappeler
19:48le bombardement
19:49de la population civile
19:50du Donbass
19:51pendant des années.
19:52Ah, moi,
19:53j'ai parlé
19:53à des réfugiés ukrainiens
19:54avec Catherinebourg
19:55en 2015.
19:56C'était...
19:57C'était une...
20:00Pas des foudres de guerre,
20:01c'était une mère
20:02d'une quarantaine d'années
20:03et un fils de 15 ans.
20:04Ils étaient terrorisés.
20:06Bien sûr.
20:08Donc,
20:09alors,
20:09ce qui fait que,
20:10pour revenir au sujet,
20:11c'est-à-dire,
20:11les Russes,
20:12ils ont tous tendance
20:13à dire,
20:15écoute,
20:15que ce soit
20:15mes copains de Kronstadt
20:17qui leur apportent
20:20des instruments de musique
20:23ou
20:23les Russes simples,
20:26j'ai parlé,
20:27je connais beaucoup
20:28de gens ordinaires aussi,
20:29j'ai parlé à tout le monde,
20:31ils disent
20:32on ne pouvait pas
20:32laisser faire ça.
20:34Il y a un consensus
20:35là-dessus, quoi.
20:36Absolument.
20:37C'est ça.
20:38D'accord.
20:39Et
20:39aujourd'hui,
20:41par exemple,
20:42Saint-Pétersbourg,
20:43vie culturelle,
20:44vie tout ça,
20:45ça vit très
20:46fortement,
20:48ça vit intensément,
20:49ça se passe comment ?
20:50Dans la vie quotidienne,
20:52bien sûr.
20:52Dans la vie quotidienne,
20:53la ville a l'air
20:54très très animée,
20:56les restaurants
20:58sont pleins,
21:02et il y a même
21:03des pochoirs
21:04sur certains murs,
21:05vous savez,
21:06c'est la technique
21:07des dealers modernes,
21:09des pochoirs
21:10sur certains murs,
21:12avec des petits symboles
21:13sur des drogues modernes
21:13que je ne connais pas
21:14parce qu'à l'époque,
21:15ça n'existait pas,
21:16et le code télégramme
21:18en dessous.
21:19Ah oui, carrément.
21:21Alors la drogue,
21:21justement,
21:22ça joue un rôle
21:22fort,
21:23comme partout,
21:24que ce soit ici,
21:26ailleurs.
21:26un matin,
21:28dans l'Oural,
21:29j'étais réveillé par des gens
21:30qui creusaient dans la cour
21:32qui était gelée,
21:33à coup de pioche,
21:36dans l'uniforme mondialisé
21:38des survêtements,
21:39et je ne comprenais pas
21:41ce qui se passait.
21:43Après,
21:43j'ai demandé aux voisins.
21:45Ils m'ont dit,
21:45oh,
21:45ils cherchaient la cam'.
21:47D'accord.
21:48Ils tapaient la glace
21:49à coup de pioche,
21:50quoi.
21:50Parce qu'il y avait,
21:51ils croyaient
21:53ou il y avait,
21:55mais les voisins
21:55étaient habitués.
21:58Ça se passait
21:58tout le temps comme ça.
21:59Et moi,
22:00j'ai une certaine expérience,
22:02je peux vous dire,
22:03les visages que je croisais
22:04là-bas,
22:04jusqu'au fond de l'Empire,
22:07ils ne me laissaient
22:08aucun doute.
22:08Donc,
22:09à Pétersbourg,
22:10j'ai vu
22:12ces pochoirs,
22:14c'est très drôle,
22:15c'était sur un monastère.
22:17D'accord.
22:18C'est un monastère
22:19qu'il y a au bout
22:20de Pétersbourg,
22:21je ne sais pas
22:21si vous connaissez,
22:22il y a deux cimetières
22:23où sont intérés
22:24le compositeur
22:25Shostakovich
22:26et Dostoevsky.
22:27D'accord.
22:28Et si on part
22:30un peu à droite
22:31et qu'on s'enfonce
22:32dans une espèce
22:33de douve,
22:34il y a
22:34les moines
22:37et ils produisent
22:38du pain,
22:38du lait,
22:40du kéfir,
22:41enfin,
22:41des produits laitiers.
22:44Et là,
22:44c'est là que j'ai vu
22:45tous les pochoirs
22:45sur la cam.
22:46Oui,
22:46c'est comme
22:47des graffitis,
22:48quoi.
22:48Oui.
22:48et il faut savoir
22:50qu'en août
22:51de l'année dernière,
22:53il y a eu
22:54une décision
22:55ministérielle,
22:55je crois,
22:56qui a décidé
22:57que ces pochoirs
22:59pouvaient déclencher
23:00des poursuites pénales.
23:02D'accord,
23:02mais oui,
23:03on attaque
23:04quand même
23:04les traficants.
23:05Parce que ça se multiplie,
23:06c'est tout.
23:07Bien sûr.
23:07Vous voyez ?
23:08Et il y a des affaires
23:09comme ça
23:10qui se multiplient.
23:11Moi,
23:11je ne connais pas
23:12grand-chose à la guerre,
23:13mais la guerre
23:14des stupéfiants,
23:14c'est un truc
23:17que je connais.
23:17Vous avez écrit
23:17plusieurs livres
23:18là-dessus,
23:18en tout cas un livre.
23:19C'est un truc
23:19que je connais
23:20et donc je regardais
23:22ça avec intérêt.
23:24Et je dirais
23:24que paradoxalement,
23:26ça prouve
23:27que c'est la même
23:27civilisation.
23:29Mais vous voulez dire,
23:30ils sont aussi
23:30occidentaux que nous
23:31là-dessus ?
23:32La cam,
23:32elle circule
23:33comme aux Etats-Unis
23:34ou ici,
23:35d'ailleurs.
23:36Oui,
23:36ou ici,
23:37absolument.
23:37Non mais c'est intéressant
23:38ça,
23:38parce qu'il faut quand même
23:39rappeler ça.
23:40Je voudrais juste
23:41qu'on parle aussi,
23:42alors quand vous êtes
23:43approché du front,
23:44Belgorod.
23:45Oui.
23:46Alors comment on s'est
23:46passé à Belgorod ?
23:47Belgorod,
23:48c'est vraiment
23:48pratiquement,
23:49enfin,
23:50à quelques kilomètres
23:51de la ligne de front.
23:52Oui,
23:52oui,
23:52oui.
23:53Je voulais aller voir
23:55quelqu'un de précis
23:57et mon bouquin
23:59est quand même
23:59pas mal fondé
24:00sur des portraits
24:01qui s'appelle
24:02Gennady Alekin
24:03qui était encore
24:04un copain de Limonov
24:05qui est un ex-colonel
24:06de l'appareil de presse
24:07de l'armée russe.
24:08D'accord.
24:09Et qui est un spécialiste
24:11donc de la guerre
24:12de l'information.
24:13La guerre de l'information,
24:13c'est un de mes sujets
24:14dans ce livre.
24:16Puisque c'est pareil,
24:17la guerre en elle-même,
24:18je n'ai aucune compétence
24:19militaire,
24:19mais la guerre de l'information,
24:20j'y comprends quelque chose.
24:22Et donc,
24:23c'est lui qui m'a dit
24:24viens.
24:25Viens voir.
24:26Et alors,
24:27qu'est-ce que vous avez
24:28sur la guerre de l'information
24:29comme sur la guerre ?
24:30Qu'est-ce que vous avez retenu
24:31de ce que vous avez vu là-bas ?
24:33Ce qu'il m'a expliqué,
24:36Gennady,
24:38tout le monde ment.
24:40Donc, le mec était honnête.
24:43Tout le monde ment,
24:44des deux côtés.
24:44Oui.
24:45D'accord.
24:45Il dit tout le monde ment,
24:46mais du côté russe,
24:49c'est axé plutôt
24:49sur la propagande politique,
24:52tandis que du côté ukrainien,
24:54c'est axé plutôt
24:55sur la désinformation.
24:58C'est-à-dire,
24:58attendez,
24:58c'est intéressant ça.
25:00Précise un peu,
25:00vous voulez dire,
25:01les russes appuient quoi
25:02sur plutôt le patriotisme,
25:04etc.
25:04Voilà.
25:05Mais par exemple,
25:06il m'a donné un exemple,
25:08Gennady,
25:08il m'a dit,
25:08après l'affaire Prigogine,
25:10il y a eu quelques généraux
25:13qui ont ouvert leur gueule
25:16juste après
25:17cette insurrection avortée.
25:21Bien sûr,
25:21l'insurrection avortée.
25:23Et,
25:23bon,
25:24ils ont été mutés.
25:25Et les Ukrainiens,
25:28on commençait,
25:29les euro-ukrainiens d'ailleurs,
25:31ont commencé à diffuser
25:32l'information
25:32sans laquelle
25:33ils avaient été liquidés.
25:35Mais,
25:36par assinuation,
25:37on les voit plus,
25:39comme c'est étrange,
25:40etc.
25:41Ce qui avait deux avantages,
25:44selon Gennady,
25:44c'est de continuer
25:46à décrire la Russie moderne
25:48comme l'URSS de Staline,
25:50évidemment.
25:50Les purges,
25:51évidemment.
25:51voilà.
25:53Et le deuxième avantage,
25:54c'était que,
25:55vu dans le contexte
25:57de l'époque Prigogine,
25:58où c'était quand même
25:59relativement hésité,
26:00c'était la possibilité
26:01de susciter
26:02ou de fomenter
26:03des nouvelles mutineries
26:04dans l'armée russe.
26:06D'accord.
26:06Et donc,
26:07cette désinformation,
26:08elle servait à ça.
26:10Et pour être tout à fait honnête,
26:12j'ai vu,
26:13dans un grand quotidien
26:15du matin parisien,
26:18cette thèse-là,
26:18c'est un article là-dessus,
26:19on ne les voit plus,
26:20comme c'est étrange.
26:21Oui, bien sûr,
26:22c'est la guerre de l'information.
26:24Voilà.
26:24Et alors,
26:24côté russe,
26:25comment ils traitaient ça ?
26:26Vous dites,
26:27l'autre côté,
26:27c'est plus politique.
26:29Oui,
26:29c'est plus politique,
26:30ça mène plus à des discours
26:32sur la patrie,
26:34les valeurs,
26:36et tout,
26:39enfin,
26:39je dirais,
26:40comment dire,
26:42le contre-discours
26:43du woke.
26:46Ah oui,
26:47d'accord.
26:48Le woke étant
26:49cette partie de l'Occident.
26:51Étant le diable occidental.
26:53Le woke est très combattu
26:55en Russie.
26:56Combattu,
26:57je veux dire,
26:57vituperé ?
26:59Si vous voulez,
27:01les gens,
27:02quand vous parlez
27:03à des gens
27:03dans la province russe,
27:05ils n'ont pas envie
27:06qu'il y ait des drag queens
27:07qui viennent parler
27:08à leurs petits garçons,
27:09ça c'est sûr.
27:10Et ça leur paraît
27:12démentiel.
27:13D'accord.
27:14Ça,
27:14c'est sûr.
27:16Mais d'un autre côté,
27:17à Moscou,
27:19à Moscou
27:19et même à Pétersbourg,
27:21moi j'ai vu
27:22des garçons
27:23qui se tenaient la main
27:24au centre-ville
27:25et mon ami...
27:26Sans être embêté.
27:27Oui,
27:27l'homosexualité,
27:28enfin,
27:29il n'y a pas...
27:29Ah,
27:29ce n'était pas comme ça
27:30il y a 25 ans,
27:30ça je vous le garantis.
27:31Oui,
27:32d'accord.
27:32Ça a beaucoup changé.
27:34Et mon préfacier
27:35me disait,
27:36tu sais,
27:37il y a toute cette idéologie,
27:39mais les clubs gays
27:41ils sont toujours ouverts,
27:43etc.
27:44parce qu'il faut
27:44que l'argent circule.
27:46Eh oui.
27:47L'économie a ses raisons
27:48que...
27:49C'est le capitalisme.
27:50C'est le capitalisme.
27:50L'entreprise n'ignore pas.
27:51Voilà.
27:52Le capitalisme a ses raisons.
27:54Absolument.
27:55Voilà.
27:55Alors,
27:56ce qui était très frappant
27:56à Belgorod,
27:58c'est...
28:00d'abord,
28:01c'est une ville
28:01où il y a
28:0210 alertes aériennes par jour.
28:05Oui.
28:05Et il n'y a pas de chômage
28:09dans le bâtiment là-bas.
28:11Parce que oui,
28:11on détruit,
28:12on reconstruit,
28:12on détruit,
28:13on construit.
28:13Dans le train,
28:14pour y aller,
28:15pour en revenir,
28:15j'étais avec des travailleurs
28:16du bâtiment
28:17qui avaient fait des missions.
28:19Il y avait des Ouig ?
28:19Non,
28:20enfin,
28:20on ne va pas faire de pub.
28:21Il y aurait pu.
28:22Il y aurait pu.
28:23Non,
28:23mais vous voulez dire que,
28:24oui,
28:24c'est le quotidien de cette ville,
28:28quoi.
28:28Absolument.
28:29Il y a des abris anti-aériens
28:30à tous les coins de rue.
28:33Et il y a des spots publicitaires
28:34à la télévision
28:35où on vous conseille
28:36de courir en zigzag.
28:38Ah oui.
28:39Vous voyez,
28:39comme pour...
28:41Pour éviter des snipers.
28:45Voilà.
28:46De vous courir en zigzag.
28:48Et moi,
28:49j'ai vécu un certain nombre
28:49de ces alertes.
28:50C'est normal
28:50puisque je me baladais
28:51dans la ville
28:52et qu'il y en a tout le temps.
28:56Et les gens,
28:57comment ils prennent ça ?
28:58Je veux dire,
28:58ils sont habitués.
29:00Les gens,
29:02tant que c'est que les sirènes,
29:03ils ne bougent pas.
29:04D'accord.
29:05Ah bon,
29:05ils ne bougent pas ?
29:06Quand ça commence
29:07à faire des pap, pap, pap,
29:08là,
29:08ils se mettent à courir.
29:09D'accord.
29:11Et c'est leur quotidien ?
29:12Enfin, c'est les quotidiens.
29:13Mais c'est tous les jours.
29:14Je suis allé
29:14avec...
29:17Voir
29:17le directeur
29:19de la bibliothèque
29:19pour enfants,
29:21là-bas,
29:22Likanov,
29:22parce que
29:23ce Likanov,
29:25qui a ce nom-là,
29:27j'ai traduit
29:27un de ses bouquins.
29:29Il m'a montré...
29:30Bon,
29:32la bibliothèque
29:32avait été refaite,
29:33mais il a ouvert
29:34son placard
29:36et il m'a montré
29:36les éclats
29:37des drones suicides.
29:39Ouais.
29:40C'est des morceaux
29:41de ferraille
29:41gros comme le poing.
29:44Je n'avais pas envie
29:44de prendre ça
29:45dans la bidoche.
29:45C'est sûr.
29:47Oui, oui,
29:47quand si on le reçoit,
29:48c'est pas...
29:49C'est pas...
29:50Mais ils sont...
29:52Je n'aime pas ce mot
29:53de résilience là
29:53qu'on emploie
29:54à toutes les sauces,
29:55mais ils tiennent le coup.
29:56En fait, ils tiennent...
29:57Ils sont très endurants,
29:58vous voyez.
30:01Et le souvenir
30:03des années 90,
30:04enfin, c'est un cliché,
30:05mais le souvenir
30:05des années 90
30:06est très présent
30:07à leur esprit.
30:08On leur a fait déjà
30:09une fois le régime
30:10à l'occidental,
30:11ils n'en veulent plus.
30:13C'est-à-dire que
30:13même si celui-ci
30:15n'est pas idéal,
30:17tout le monde mange
30:19et il n'y a pas
30:20des bandes de trouillants
30:21qui se massacrent
30:22sur la place de la mairie.
30:23Ouais, c'est ça.
30:24Il y a une sécurité
30:25quand même,
30:26de ce point de vue-là.
30:27Oui, oui, nettement.
30:28Ouais.
30:29Il n'y a pas...
30:30Et...
30:31On a même
30:33essayé
30:35d'aller sur le front.
30:36Bon, il y a eu
30:37des drones
30:38et tout ça,
30:39on a été obligés
30:39de rebrousser ce chemin.
30:42Et on m'a parlé
30:43beaucoup
30:43de l'impréparation.
30:46J'étais avec
30:46un ancien
30:48du renseignement militaire
30:49et mon ami Gennady,
30:51qui est un ancien colonel,
30:52qui a fait quand même
30:53la Tchétchénie,
30:53tout ça,
30:55beaucoup parlaient
30:55de l'impréparation
30:56de l'armée russe
30:57au départ.
30:58Oui, c'est intéressant ça,
31:00oui, alors qu'ils n'étaient pas
31:01effectivement,
31:02n'étaient pas formés
31:02pour ce qui allait arriver.
31:03C'est pour ça que peut-être
31:04cette espèce
31:05d'orgueil
31:06des Européens,
31:08avant,
31:08ils prennent les puces
31:09de machines à laver,
31:10enfin, vous savez,
31:11tous ces trucs-là.
31:12Les Russes étaient...
31:13Peut-être pas
31:14complètement infondés
31:15parce que
31:15l'ancien
31:17du renseignement militaire,
31:18il m'a dit
31:19qu'ils n'avaient pas
31:20de moyens de communication.
31:22Mais c'est drôle,
31:23mais enfin,
31:23ils se sont rattrapés depuis,
31:25visiblement.
31:26Oui, mais ça,
31:26c'est clair.
31:27Ça, vous savez,
31:27c'est Bismarck qui le disait,
31:29la Russie n'est jamais
31:29aussi puissante
31:31qu'on ne le craint
31:31et jamais aussi faible
31:32qu'on ne le souhaite.
31:33On le souhaite.
31:34On va continuer
31:35d'en parler
31:35et on va arriver
31:36à Moscou,
31:37Thierry Marignac.
31:39On va arriver
31:39à Moscou,
31:40non pas à la fin du périple,
31:41mais encore une fois,
31:42lisez ce livre
31:43Vu de Russie,
31:44lisez aussi l'interprète.
31:46C'est vraiment
31:46très intéressant
31:48de voir ce qui se vit,
31:49effectivement,
31:51par quelqu'un
31:51qui, heureusement,
31:52parle la langue,
31:53encore une fois,
31:54comme disait
31:54Michel Audiard,
31:56il y a peut-être
31:57des poissons volants,
31:59mais ce n'est pas
31:59la majorité de l'espèce.
32:01Thierry Marignac
32:02est un poisson volant.
32:03C'est pour ça
32:03qu'il faut le lire.
32:04André Bercoff
32:06Toujours avec
32:08Thierry Marignac
32:09et ses passionnants
32:10Vues de Russie,
32:12ses chroniques de guerre
32:13dans le camp ennemi,
32:14un sous-titre.
32:16Et puis,
32:17on arrive à Moscou.
32:18On ne va pas
32:19faire une grande description
32:20de Moscou,
32:21mais ça me permet
32:22quand même,
32:23comme il y a
32:23une certaine institution,
32:26je dirais,
32:26un bâtiment,
32:27c'est un corps
32:27de bâtiment
32:28qui s'appelle
32:28le Kremlin.
32:30Je voulais savoir,
32:30parce que nous,
32:32ici de l'extérieur,
32:33comment est perçu ?
32:35Pas une réponse globale,
32:36ce serait idiot,
32:37mais quand même,
32:39comment est perçu Poutine,
32:40au fond ?
32:41Est-ce qu'il est perçu
32:41de façon très différente ?
32:44Puisque maintenant,
32:45ça fait 25 ans.
32:46Oui,
32:47c'est complètement différent.
32:50Je dirais que
32:51c'est...
32:53ça me rappelle un peu...
32:55Il y a une expression
32:55comme ça
32:56des femmes
32:57en Russie
32:58sur leur mari.
32:59elles lui disent
33:01« Tu es mon malheur familier ».
33:03Oh,
33:03qu'est-ce que c'est joli !
33:04« Tu es mon malheur familier »,
33:06mais c'est superbe !
33:07J'adore !
33:09On va répandre ça.
33:11Et c'est un peu ça
33:12avec Poutine,
33:13je vous raconterai
33:14une histoire en russe,
33:17les blagues,
33:18c'est un mot français,
33:19ça veut dire
33:20« anecdote ».
33:22« Anecdote ».
33:22« Anecdote ».
33:24« Anecdote »,
33:25ça ne veut pas dire
33:26« anecdote »,
33:26ça veut dire « blague ».
33:27D'accord.
33:28Et donc,
33:28la blague
33:29que j'ai entendue
33:30à Écaterre-Himbourg
33:31et qui faisait rire
33:32tout le monde,
33:32c'était
33:33« Merci Poutine et les oligarques
33:35d'avoir rendu
33:35notre pays invivable
33:36parce que comme ça,
33:37on n'a pas de migrants ».
33:38Ils ont un vrai sens
33:42de l'humour,
33:43les russes.
33:45Ah oui,
33:46ils ont un sens
33:46de l'humour.
33:47Sens de l'humour
33:48souvent très noir,
33:49mais un grand sens
33:51de l'humour,
33:51bien sûr.
33:52Je sais que
33:53quand
33:55la sœur du poète
33:57Boris Rigi
33:58avec qui je suis
33:59lié d'amitié
34:00m'envoie,
34:01moi et son mari,
34:02chercher de la cannelle
34:04au supermarché.
34:08On ne trouve pas
34:08de cannelle.
34:10On en fait un autre,
34:11on n'en trouve toujours pas.
34:12Et je dis,
34:13c'est les sanctions.
34:15Et le mec
34:15se plie en deux.
34:17Et pendant,
34:18à chaque fois,
34:19pendant les...
34:20le mois
34:22où je suis resté,
34:23à chaque fois
34:23qu'il me manquait un truc,
34:25on disait,
34:25c'est les sanctions.
34:26Et ça faisait rigoler
34:27tout le monde.
34:29Parce que ce n'est pas
34:29les sanctions.
34:30Ils s'en foutent.
34:31Non, non.
34:32Je vous assure.
34:33Je vous dis,
34:33j'ai fait un ragout
34:34à la bière belge
34:35à Tchelibisque.
34:37Pas mal.
34:38Vive l'embargo.
34:38Enfin, j'exagère.
34:40Mais pour revenir
34:41juste à Poutine,
34:41vous dites,
34:42à part le malheur familier,
34:44justement,
34:45que dit le favreux...
34:45D'abord,
34:46il ne le voit pas
34:47comme le tyran omniscient
34:51qui fait tout.
34:54Il ne le voit pas
34:55comme le terrible dictateur,
34:58etc.
34:59D'abord,
35:02la perception en Russie,
35:04c'est qu'il faut
35:05qu'il y ait un homme à poigne
35:06pour contrôler un pays
35:08aussi vaste.
35:10Deuxièmement,
35:12il ne le voit pas.
35:14La différence
35:14avec la perspective occidentale,
35:17c'est qu'il comprenne bien
35:18qu'il y a
35:19toute une ligarchie
35:21avec,
35:22qu'il y a
35:22tout un appareil d'État
35:24avec.
35:24Il ne l'isole pas
35:25dans le sensationnalisme
35:27de la presse européenne.
35:28qui en fait le diable,
35:32etc.
35:32Il suffit de dire
35:33Poutine,
35:33tout le monde se mire
35:34dans sa bonne conscience,
35:35je lutte contre la tyrannie.
35:37Non,
35:38il n'y a pas
35:38cette sensation-là.
35:40Mais vous savez,
35:41mes amis de l'Oural,
35:44ils ont appris
35:45l'existence de Navalny
35:46par Euronews.
35:48Oui,
35:49bien sûr.
35:50Il ne savait pas
35:51qui c'était.
35:52Il ne le faisait
35:52avec ses Navalny,
35:53bien sûr.
35:53Il ne savait pas
35:54qui c'était.
35:55Et Euronews,
35:57Euronews,
35:58il le consultait encore.
35:59Je crois que maintenant,
36:00ce n'est plus possible.
36:01Mais quand j'y étais
36:01en automne,
36:02il le consultait encore.
36:04Et Youtube,
36:05qui devait être interdit,
36:06n'a été interdit
36:07que très récemment.
36:08Ça passait encore.
36:10Pas partout,
36:11mais ça passait encore.
36:12Mais il a été interdit quand même.
36:12Il y a un problème
36:13de liberté quand même
36:14comme surveillé.
36:15Au moins très surveillé.
36:16Il a été interdit,
36:17mais je pense que c'est
36:18en grande partie
36:20en représailles
36:21contre l'interdiction
36:22de RT.
36:23Oui,
36:24bien sûr.
36:24parce que pendant très longtemps,
36:27moi,
36:28je vous ai regardé,
36:30André,
36:31de Écaterrabourg.
36:33Vous vous rendez compte ?
36:34Je suis très fier
36:35que vous m'avez regardé
36:36de Écaterrabourg,
36:37mon cher Thierry Marignac.
36:39Je voudrais dire vraiment,
36:40écoutez,
36:41maintenant vous avez écouté,
36:43allez-y,
36:43lisez-le.
36:44Lisez,
36:44vue de Russie.
36:45Vous entendrez beaucoup de choses
36:46et puis lisez.
36:47Je le montre,
36:48je le montre,
36:49vue de Russie.
36:51Et puis l'autre aussi,
36:53qui s'appelle
36:55L'interprète
36:56de Thierry Marignac,
36:57un roman,
36:58un roman policier,
37:00un très bon polar
37:01qui est paru
37:02chez Confident.
37:03Voilà.
37:03Et puis, écoutez,
37:05nous,
37:05ce que nous aimons ici,
37:06c'est justement
37:07de recevoir des gens
37:08qui ont été
37:09sur le terrain
37:10et qui ont payé
37:11pour voir.
37:12de Thierry Marignac.
37:13Sous-titrage Société Radio-Canada

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