Il veut conquérir l'Elysée en 2027 : ses vérités, ses ambitions, mais aussi son regard sur l'échec du conclave sur les retraites et la situation au Proche-Orient : Edouard Philippe est l'invité de RTL. Le maire du Havre publie "Le prix de nos mensonges", aux éditions Jean-Claude Lattès. Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 25 juin 2025.
04:39Et puis certains vont dire que le Premier ministre joue la montre.
04:40Est-ce qu'il n'est pas temps de rendre la parole aux Français maintenant ?
04:43Là, pas par une dissolution, vous parlez d'une funeste initiative.
04:45Donc j'imagine que vous n'en voulez pas une deuxième de dissolution.
04:47Je pense que, je vais vous dire, j'ai vu deux dissolutions à froid dans ma vie.
04:52Celle de 1997 et celle de 2024.
04:58Elles ont toutes les deux été de mauvaises idées.
05:02Alors, est-ce qu'il faut avancer la présidentielle ?
05:03Est-ce qu'il faut avancer la présidentielle ?
05:05Est-ce que l'urgence...
05:06Non, le mandat présidentiel, il va jusqu'en 27.
05:07L'idée, ce n'est pas d'avancer la présidentielle.
05:09L'idée, c'est de stabiliser au maximum le pays, d'éviter de faire des bêtises pendant deux ans
05:12et de préparer dans notre pays, aujourd'hui, un débat public qui permette de trancher les questions.
05:17Parce que c'est bien beau de dire, j'entendais Mélenchon qui parlait de la langue française.
05:20C'est formidable de s'échapper sur la langue française.
05:23Enfin, on pourrait quand même essayer de regarder la réalité en face et se demander comment est-ce qu'on redonne à notre pays les moyens de sa puissance.
05:31Notre pays, il s'affaiblit...
05:32Pardon, il ne s'affaiblit pas simplement parce qu'on peut contester la décision prise par tel ou tel.
05:37Il s'affaiblit en tendance depuis très longtemps.
05:39Et ma conviction, c'est qu'être faible dans un monde dangereux, c'est s'exposer à des graves déconvenus.
05:44Donc, il vaut mieux être fort, il vaut mieux être prospère, il vaut mieux prendre les décisions qui nous permettent d'être plus riches.
05:49Il vaut mieux remettre à plat notre système d'éducation pour créer et pour avoir la possibilité d'être plus intelligent collectivement.
05:57L'éducation, la justice sociale, la justice tout court parce que c'est l'élément faible de notre chaîne sécuritaire.
06:04On va en parler de tout ça.
06:05Tout ça, c'est ce qui redonne à la France sa puissance.
06:07Vous dites dans ce livre, je ne m'énerve pas, je suis en colère.
06:12Vous l'étiez en colère quand vous étiez à Matignon parce qu'on a l'impression que la colère, on la découvre quand on n'est plus aux affaires.
06:17Donc, ce que je dis, c'est que oui, je suis en colère.
06:19Je la contiens.
06:21C'est une colère froide, je la contiens.
06:22Je la contiens parce qu'il y a un peu d'impatience, il y a un peu parfois de frustration par rapport à ce qu'on n'arrive pas à faire.
06:28Il y a parfois aussi beaucoup d'agacement et de consternation par rapport à ce qu'on ne veut pas voir.
06:33Vous dites, nous passons notre temps à essayer de déformer les faits pour qu'ils entrent dans les histoires que nous racons.
06:37Mais c'est vrai.
06:38Mais c'est le principe d'une campagne présidentielle.
06:39Mais pas du tout.
06:41On fait une liste au Père Noël et une fois qu'on est élu, on rappelle aux Français que le Père Noël n'existe pas.
06:45Thomas Soto, je ne dis pas qu'il n'y a pas des gens qui pensent que c'est ça la démocratie.
06:48Je ne crois pas que ce soit ce que vous pensiez.
06:50Et si vous pensez que la démocratie...
06:51Non, ça m'étonnerait que vous ne pensez rien.
06:52Si vous pensez que la démocratie, c'est raconter des histoires aux Français pour ensuite dire
06:57c'est plus compliqué que ce qu'on vous a dit, moi je ne crois pas ça et je ne dis pas ça.
07:02Et j'accepte l'idée de Thomas Soto de dire des choses qui ne sont pas populaires,
07:07que peut-être certains Français n'ont pas envie d'entendre, mais que je crois vrai.
07:10Et puis ensuite, les Français y choisiront.
07:12Il faut faire...
07:13Si on est démocrate, il faut prendre les Français au sérieux.
07:16Et il faut leur dire les choses telles que vous les voyez.
07:17Et ensuite, c'est eux qui le choisissent.
07:19Des paroles et des actes, Edouard Philippe.
07:20Nous sommes fièrement attachés à notre semaine de 35 heures,
07:23à nos jours fériés et aux rêves d'une retraite pas trop tardive.
07:25C'est vous qui l'écrivez dans le Prix de nos mensonges.
07:28Les 35 heures, en parler, les critiquer souvent, les abrogez jamais.
07:31Si vous devenez président de la République, est-ce que vous abrogerez les 35 heures ?
07:34Je ferai en sorte qu'on travaille plus longtemps.
07:36Est-ce que vous abrogerez les 35 heures ?
07:37Je ferai en sorte qu'on travaille plus longtemps.
07:38Plus longtemps dans la semaine, plus longtemps dans l'année,
07:42et peut-être plus longtemps dans la vie, oui.
07:43Donc la réponse est oui.
07:44Mais je ne suis pas sûr, je vais vous dire, je ne suis pas sûr que les...
07:47Enfin, c'était une très mauvaise idée les 35 heures.
07:49Mais je ne suis pas sûr que réintroduire les 39 heures serait une meilleure idée.
07:52Je pense qu'il faut laisser de la liberté aux Français.
07:55Dès lors qu'on leur dit qu'il va falloir travailler plus longtemps.
07:58Dès lors qu'on leur dit qu'il va falloir travailler plus nombreux.
08:00Dès lors qu'on leur dit qu'il va falloir travailler plus.
08:02Et qu'en travaillant plus, pour le coup, on va pouvoir régler un certain nombre de problèmes.
08:06Et donc, d'une certaine façon, gagner mieux sa vie.
08:10Et bien, il faut leur laisser le soin de s'organiser pour ça.
08:11Il peut y avoir des accords dans les entreprises où on travaille plus longtemps.
08:14Il y en a déjà.
08:15Il peut y avoir des âges de la vie où on a envie de travailler plus longtemps.
08:19Moi, j'ai toujours été frappé par ça.
08:20Et d'ailleurs, je vais vous dire, il y a des âges dans la vie dans lesquels on travaille plus que d'autres.
08:25Moi, quand j'avais 30 ans, j'étais célibataire.
08:29Je pouvais travailler.
08:30C'est ce que vous disiez précédemment.
08:32Beaucoup, beaucoup.
08:33On peut, en fonction de l'âge, aussi adapter la durée du travail.
08:35Mais bien sûr.
08:36Mais bien sûr, il y a mille solutions.
08:37Et encore une fois, Thomas Soto, je ne suis pas en train de vous parler d'un truc qui serait incroyable.
08:41On serait les seuls en France à se poser cette question.
08:43Dans tous les pays d'Europe, extrêmement attachés à leur modèle social, extrêmement attachés à la solidarité, extrêmement attachés à la défense des salariés.
08:51Donc, on doit travailler plus et plus fort.
08:53Avec Édouard Philippe, on travaille plus et plus longtemps.
08:56Et on gagne plus.
08:57Et on rend la France plus prospère.
08:59Et on rend la France plus prospère, donc plus sûre.
09:02Et on rend la France plus puissante.
09:04Et on prépare l'avenir pour nos enfants.
09:05Non, ce n'est pas une question de travailler plus parce que j'ai envie de jouer le père fouettard en disant aux gens de travailler plus.
09:11J'ai envie de faire en sorte que notre pays soit puissant.
09:13Je le vois de moins en moins puissant.
09:16Ça me terrifie.
09:18Et donc, je dis, si on veut être plus puissant, on a à régler quelques problèmes.
09:23Pas 60 quelques problèmes.
09:25Et ensuite, on peut avancer.
09:26Parce que les Français, ils ont de la ressource.
09:28Ils ont une capacité, lorsqu'on leur laisse la marge de manœuvre, à avancer très vite.
09:33Et de se dire, ce monsieur-là a été le premier Premier ministre d'Emmanuel Macron.
09:36Oui, j'ai fait 8 ans qu'Emmanuel Macron est au pouvoir.
09:38Et il fait ce constat quasi apocalyptique.
09:40Vous comprenez que ça trompe ?
09:41Je ne fais pas un constat apocalyptique.
09:43Ça ne va pas bien.
09:45Pourquoi ? Vous pensez que ça va bien ?
09:46Vous pensez qu'il y a un Français qui nous écoute qui se dit...
09:49Je ne sais que rebondir sur ce que vous dites.
09:50Je ne crois pas.
09:51Je pense que tout le monde voit ce que je suis en train de dire.
09:53Bon, moi j'ai été Premier ministre pendant 3 ans.
09:55Je n'ai pas été Premier ministre en me tournant les pouces.
09:58Premier ministre pendant 3 ans, en faisant une politique de l'offre,
10:00en essayant de faire en sorte que les entreprises puissent fonctionner mieux,
10:03en faisant en sorte que le chômage puisse baisser, et il a baissé,
10:06en réduisant le déficit,
10:08en faisant en sorte que l'apprentissage puisse fonctionner mieux
10:10pour qu'on ait une génération qui accède plus facilement à l'emploi,
10:13et ça a fonctionné.
10:14Je ne dis pas que j'ai bien tout fait.
10:15Je ne me suis pas tourné les pouces pendant 3 ans.
10:17En augmentant considérablement les dépenses de défense,
10:20alors même, monsieur Soto, qu'en 2017, les gens me disaient
10:23vraiment, dépenser autant pour la défense, est-ce bien sérieux ?
10:27Je ne vais pas m'excuser de ça.
10:29Simplement, ce qui est vrai, c'est qu'il y a énormément de choses à faire,
10:33peut-être à faire différemment de ce que j'ai fait,
10:35mais à faire si on a envie de faire avancer le pays.
10:37Je voudrais qu'on se dise quelques mots de la situation internationale,
10:39puisque vous parlez de la défense dans ce monde, évidemment, dangereux.
10:42On a l'impression que la France s'écoute beaucoup parler,
10:44mais qu'elle n'est pas très entendue,
10:45que ce soit sur Israël, sur la situation en Iran,
10:47qu'elle n'est pas dans le match.
10:48Vous dites, nous n'avons aucun traitement de faveur à espérer des Etats-Unis.
10:52Nous devons apprendre à faire sans eux,
10:53peut-être même parfois contre eux.
10:54On est dans une espèce de niaiserie romantique,
10:57avec les Etats-Unis, avec notre supposé puissance.
10:59Je vais citer une autre phrase.
11:01C'est une blague en Allemagne, qu'on vous a racontée,
11:04qui ne vous fait pas marrer.
11:05Et quelqu'un qui vous dit,
11:06pour devenir riche, il faut acheter un Français ce qu'il vaut,
11:10et le vendre à ce qu'il prétend être.
11:12Oui, c'est une vieille blague allemande,
11:14qui ne m'a jamais fait rire.
11:15Mais est-ce que notre arrogance est en train de nous tuer ?
11:19Qui dit beaucoup de choses sur la façon dont les Français sont vus à l'étranger,
11:21y compris en Allemagne, où pourtant la population est plutôt francophile ?
11:25Et de fait, nous nous racontons des histoires,
11:28y compris dans notre système de relations internationales.
11:31On ne pèse plus, si ? On pèse encore ?
11:32On a encore de l'influence.
11:34La France reste une puissance nucléaire,
11:36reste une puissance prospère,
11:38même si à mon avis elle pourrait l'être plus.
11:40Elle reste un acteur du système international,
11:43qui a un rôle, qui a une influence.
11:45On ne va pas non plus raconter des cracks.
11:46Mais ce qui est vrai,
11:49c'est que la façon dont elle se représente le monde
11:50est souvent dépassée.
11:52Moi, j'ai été frappé de ça depuis très longtemps,
11:54parce que j'ai habité en Allemagne,
11:55parce que je connais un peu l'Allemagne,
11:56parce que j'aime bien l'Allemagne.
11:58Je vois, depuis que je suis adolescent,
12:00les responsables politiques, un par un,
12:02se féliciter de l'amitié franco-allemande.
12:04Et expliquer que l'amitié franco-allemande,
12:05c'est au cœur de la politique étrangère française.
12:07C'est vrai d'ailleurs, c'est au cœur de la politique étrangère française.
12:09Mais est-ce que cette amitié franco-allemande,
12:11elle produit encore ses fruits ?
12:12Est-ce qu'elle est encore réelle ?
12:13Est-ce que les Français connaissent l'Allemagne ?
12:15Est-ce que les Allemands connaissent la France ?
12:16Est-ce que vraiment, dans notre vision du monde,
12:18dans nos politiques publiques,
12:19on assiste à plus de convergence ou à plus de divergence ?
12:22Simplement, à tout ça, vous répondez non.
12:23Ben oui, mais c'est la vérité.
12:24Dans des domaines dans lesquels on était complémentaires,
12:26par exemple l'aéronautique ou le spatial,
12:28on est aujourd'hui concurrent.
12:29Dans notre vision du monde,
12:31on n'est pas aligné.
12:32Dans nos politiques énergétiques,
12:34on est très différent.
12:34Donc, cette alliance fondamentale extrêmement importante,
12:37sur laquelle je ne veux pas revenir,
12:39elle est minée par quoi ?
12:40Par deux visions du monde différentes,
12:42et éliminée par le fait que
12:43les Français ne comprennent pas les choix des Allemands,
12:46et les Allemands ne comprennent pas
12:47la capacité des Français
12:48à faire ce que les Français disent qu'ils vont faire,
12:51notamment en matière de tenue des comptes.
12:52Et quel serait le président Edouard Philippe
12:55s'il était élu ?
12:55On va parler de votre vision de l'exercice du poids.
12:57Et là, vous prenez le contre-pied du discours ambiant
12:59qui veut de l'horizontalité,
13:01des conventions citoyennes,
13:02on en a une en ce moment
13:03qui vient de débuter sur le rythme de l'école.
13:04Ce n'est pas votre truc.
13:05Vous êtes plutôt sur la ligne Chirac,
13:06un chef, c'est fait pour chefé.
13:07En fait, vous revendiquez une verticalité
13:10qui a exactement été un des principaux reproches
13:13faits à Emmanuel Macron.
13:14Vous êtes joueur, vous ?
13:16Je ne suis pas joueur, je dis ce que je pense.