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Il veut conquérir l'Elysée en 2027 : ses vérités, ses ambitions, mais aussi son regard sur l'échec du conclave sur les retraites et la situation au Proche-Orient : Edouard Philippe est l'invité de RTL. Le maire du Havre publie "Le prix de nos mensonges", aux éditions Jean-Claude Lattès.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 25 juin 2025.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 25 juin 2025.
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00:00RTL Matin
00:00Et tout de suite l'invité d'RTL Matin, Thomas, vous recevez aujourd'hui le maire du Havre,
00:06président du parti Horizon et candidat à la présidentielle, Edouard Philippe.
00:09Bonjour et bienvenue sur RTL, Edouard Philippe.
00:11Bonjour.
00:12Vous venez donc de publier ce livre, Le prix de nos mensonges, chez J.C. Lattest,
00:15livre que vous auriez pu appeler d'ailleurs, Il faut arrêter de se raconter des histoires,
00:18tant la formule revient souvent sous votre plume.
00:21Et ce matin, on va essayer, si vous êtes d'accord, de percer ce qu'il y a dans le moteur.
00:24Il faut arrêter de se raconter des histoires, on a l'impression que ça peut s'appliquer
00:27à la grande comédie des retraites, qui dure depuis 2017.
00:30Le conclave, on le sait, c'est mort.
00:31La retraite avec une part de capitalisation, qui a votre préférence,
00:35ça ne sera pas pour tout de suite, quoi qu'il arrive.
00:37Que doit faire François Bayrou ?
00:38C'est quoi ? C'est la méthode qui n'est pas bonne ?
00:40Qu'est-ce qui cloche ?
00:42D'abord, la question des retraites, on la traite depuis bien plus longtemps que 2017.
00:45Et on aurait dû la régler depuis bien plus longtemps que 2017.
00:50C'est 2017, rapport à l'arrivée d'Emmanuel Macron ?
00:53Oui, j'avais bien compris.
00:54Je n'ai pas de conseil à donner à François Bayrou.
00:56Il essaie d'engager dans cette histoire de conclave.
00:59Pourquoi pas ?
01:00Ce que je redoute, c'est que ce conclave, il avait pour objectif de rendre acceptable
01:03une réforme qui a déjà été votée, et qui elle-même,
01:07celle qui porte progressivement l'âge de départ à 64 ans,
01:10ne règle pas, au fond, la totalité de la question pour les 20 ans qui viennent.
01:14Bon, le conclave n'a pas donné d'accord.
01:16Je ne sais pas si François Bayrou, en recevant chacun des responsables,
01:20réussira à avoir un élément sur lequel il pourrait avancer.
01:25Je n'ai pas l'impression que vous y croyez.
01:27Mais je suis, je suis, non, je ne suis pas totalement optimiste.
01:32Mais surtout, je pense qu'on n'arrivera à rien si on se raconte des histoires.
01:38Et ce que disait François Langlais juste auparavant est parfaitement exact.
01:43Imaginez qu'on puisse conserver le même niveau de prospérité en travaillant globalement sur une vie
01:48plutôt moins que nos voisins.
01:51Et nos voisins proches, les Allemands, les Anglais, même les Italiens,
01:56c'est se raconter des histoires.
01:58Ce n'est pas forcément très agréable, et ce n'est certainement pas très populaire,
02:02de dire aux gens que si on veut rester prospère, il va falloir travailler plus longtemps.
02:05Ça, j'ai bien vu.
02:05Mais il n'empêche, Thomas Soto, que c'est vrai.
02:09Vous convoquez votre prof d'économie de seconde,
02:11qui vous expliquait que le système de retraite par répartition est par nature
02:13très largement dépendant de la démographie.
02:17On a l'impression qu'il avait tout dit, en fait.
02:18Le problème, il est là.
02:19Mais moi, c'est ça qui me fascine.
02:21C'est que, comme notre système de retraite,
02:24il est fondamentalement dépendant de notre démographie.
02:28Et que la démographie, c'est une de ses rares sciences sociales
02:30qui permet de voir à peu près ce qui va se passer.
02:32Pas complètement, mais à peu près ce qui va se passer.
02:34On sait depuis assez longtemps qu'il y a
02:36augmentation du nombre de pensionnés à cause du baby-boom
02:39de juste après la Deuxième Guerre mondiale.
02:42On sait qu'ils vont arriver à la retraite, qu'ils vont vivre plus longtemps.
02:44C'est tant mieux, d'ailleurs.
02:45C'est la génération de mes parents.
02:46Moi, je suis très content que ma mère vive encore.
02:48Elle a 78 ans.
02:50Elle touche sa pension.
02:51Et elle a travaillé toute sa vie.
02:52Et je trouve ça très bien.
02:53Mais il y a de moins en moins de gens qui financent la retraite.
02:56De plus en plus de gens qui sont à la retraite.
02:58Et donc, c'est de plus en plus difficile pour ceux qui payent les pensions.
03:01C'est-à-dire, pour le dire autrement, de façon un peu techno,
03:04que le poids de notre protection sociale,
03:06il pèse majoritairement sur le travail.
03:08Et bien ça, ça a des conséquences qui sont violentes et brutales
03:12pour l'économie française.
03:13Vous avez appris comment votre prof d'économie de ce monde ?
03:14Mais j'ai oublié son nom.
03:16Je me souviens de sa tête.
03:17Vous auriez pu nommer à Matignon, si vous êtes élu.
03:18Oui, oui.
03:18Je me souviens de sa tête.
03:19Il ressemblait un peu à l'acteur Rufus.
03:22Et je peux vous dire que...
03:24Enfin, je n'ai jamais parlé de politique avec lui.
03:27Je ne crois pas du tout que c'était un homme de droite, vous voyez.
03:29Je ne pense pas du tout.
03:30Mais, au moins, il expliquait que la démographie,
03:33si on ne la prenait pas en compte, on se racontait d'histoires.
03:35Et je voudrais vous dire un autre mot, M. Soto.
03:38C'est qu'à force de ne pas régler la question des retraites,
03:40alors même qu'on sait que la démographie nous y invite,
03:43on est aujourd'hui en train de ne pas régler la question de dans 20 ans.
03:46La question de dans 20 ans, c'est comment est-ce qu'on finance la dépendance ?
03:50Parce que tous ces de plus en plus nombreux retraités,
03:53ils vont avoir plus de 85, voire plus de 90 ans à jour.
03:56Ils vont être confrontés massivement aux questions de dépendance.
03:59Et aujourd'hui, on ne sait pas faire face à ces questions.
04:01Mais en attendant dans 20 ans...
04:02Et on n'arrivera jamais à les régler si on n'a pas réglé la question des retraites d'abord.
04:05Il doit faire quoi, le Premier ministre ?
04:07Il faut attendre 2027 ?
04:08Il faut dire, voilà, de toute façon, on n'y arrive pas, il n'y a pas de majorité.
04:11Ma conviction, c'est qu'on ne réglera pas cette question par des éléments techniques.
04:19On la réglera par un vrai débat politique consistant à dire qu'est-ce qu'on veut pour notre pays.
04:24Et ce moment-là, c'est plutôt le moment de la présidentielle, c'est vrai.
04:27Là, on va avoir le cirque habituel, même si tout ça est tout à fait légal.
04:32Motion de censure des socialistes qui va être discutée, votée.
04:35Bayrou tombera peut-être, tombera peut-être pas.
04:37Et puis on va perdre du temps.
04:39Et puis certains vont dire que le Premier ministre joue la montre.
04:40Est-ce qu'il n'est pas temps de rendre la parole aux Français maintenant ?
04:43Là, pas par une dissolution, vous parlez d'une funeste initiative.
04:45Donc j'imagine que vous n'en voulez pas une deuxième de dissolution.
04:47Je pense que, je vais vous dire, j'ai vu deux dissolutions à froid dans ma vie.
04:52Celle de 1997 et celle de 2024.
04:58Elles ont toutes les deux été de mauvaises idées.
05:02Alors, est-ce qu'il faut avancer la présidentielle ?
05:03Est-ce qu'il faut avancer la présidentielle ?
05:05Est-ce que l'urgence...
05:06Non, le mandat présidentiel, il va jusqu'en 27.
05:07L'idée, ce n'est pas d'avancer la présidentielle.
05:09L'idée, c'est de stabiliser au maximum le pays, d'éviter de faire des bêtises pendant deux ans
05:12et de préparer dans notre pays, aujourd'hui, un débat public qui permette de trancher les questions.
05:17Parce que c'est bien beau de dire, j'entendais Mélenchon qui parlait de la langue française.
05:20C'est formidable de s'échapper sur la langue française.
05:23Enfin, on pourrait quand même essayer de regarder la réalité en face et se demander comment est-ce qu'on redonne à notre pays les moyens de sa puissance.
05:31Notre pays, il s'affaiblit...
05:32Pardon, il ne s'affaiblit pas simplement parce qu'on peut contester la décision prise par tel ou tel.
05:37Il s'affaiblit en tendance depuis très longtemps.
05:39Et ma conviction, c'est qu'être faible dans un monde dangereux, c'est s'exposer à des graves déconvenus.
05:44Donc, il vaut mieux être fort, il vaut mieux être prospère, il vaut mieux prendre les décisions qui nous permettent d'être plus riches.
05:49Il vaut mieux remettre à plat notre système d'éducation pour créer et pour avoir la possibilité d'être plus intelligent collectivement.
05:57L'éducation, la justice sociale, la justice tout court parce que c'est l'élément faible de notre chaîne sécuritaire.
06:04On va en parler de tout ça.
06:05Tout ça, c'est ce qui redonne à la France sa puissance.
06:07Vous dites dans ce livre, je ne m'énerve pas, je suis en colère.
06:12Vous l'étiez en colère quand vous étiez à Matignon parce qu'on a l'impression que la colère, on la découvre quand on n'est plus aux affaires.
06:17Donc, ce que je dis, c'est que oui, je suis en colère.
06:19Je la contiens.
06:21C'est une colère froide, je la contiens.
06:22Je la contiens parce qu'il y a un peu d'impatience, il y a un peu parfois de frustration par rapport à ce qu'on n'arrive pas à faire.
06:28Il y a parfois aussi beaucoup d'agacement et de consternation par rapport à ce qu'on ne veut pas voir.
06:33Vous dites, nous passons notre temps à essayer de déformer les faits pour qu'ils entrent dans les histoires que nous racons.
06:37Mais c'est vrai.
06:38Mais c'est le principe d'une campagne présidentielle.
06:39Mais pas du tout.
06:41On fait une liste au Père Noël et une fois qu'on est élu, on rappelle aux Français que le Père Noël n'existe pas.
06:45Thomas Soto, je ne dis pas qu'il n'y a pas des gens qui pensent que c'est ça la démocratie.
06:48Je ne crois pas que ce soit ce que vous pensiez.
06:50Et si vous pensez que la démocratie...
06:51Non, ça m'étonnerait que vous ne pensez rien.
06:52Si vous pensez que la démocratie, c'est raconter des histoires aux Français pour ensuite dire
06:57c'est plus compliqué que ce qu'on vous a dit, moi je ne crois pas ça et je ne dis pas ça.
07:02Et j'accepte l'idée de Thomas Soto de dire des choses qui ne sont pas populaires,
07:07que peut-être certains Français n'ont pas envie d'entendre, mais que je crois vrai.
07:10Et puis ensuite, les Français y choisiront.
07:12Il faut faire...
07:13Si on est démocrate, il faut prendre les Français au sérieux.
07:16Et il faut leur dire les choses telles que vous les voyez.
07:17Et ensuite, c'est eux qui le choisissent.
07:19Des paroles et des actes, Edouard Philippe.
07:20Nous sommes fièrement attachés à notre semaine de 35 heures,
07:23à nos jours fériés et aux rêves d'une retraite pas trop tardive.
07:25C'est vous qui l'écrivez dans le Prix de nos mensonges.
07:28Les 35 heures, en parler, les critiquer souvent, les abrogez jamais.
07:31Si vous devenez président de la République, est-ce que vous abrogerez les 35 heures ?
07:34Je ferai en sorte qu'on travaille plus longtemps.
07:36Est-ce que vous abrogerez les 35 heures ?
07:37Je ferai en sorte qu'on travaille plus longtemps.
07:38Plus longtemps dans la semaine, plus longtemps dans l'année,
07:42et peut-être plus longtemps dans la vie, oui.
07:43Donc la réponse est oui.
07:44Mais je ne suis pas sûr, je vais vous dire, je ne suis pas sûr que les...
07:47Enfin, c'était une très mauvaise idée les 35 heures.
07:49Mais je ne suis pas sûr que réintroduire les 39 heures serait une meilleure idée.
07:52Je pense qu'il faut laisser de la liberté aux Français.
07:55Dès lors qu'on leur dit qu'il va falloir travailler plus longtemps.
07:58Dès lors qu'on leur dit qu'il va falloir travailler plus nombreux.
08:00Dès lors qu'on leur dit qu'il va falloir travailler plus.
08:02Et qu'en travaillant plus, pour le coup, on va pouvoir régler un certain nombre de problèmes.
08:06Et donc, d'une certaine façon, gagner mieux sa vie.
08:10Et bien, il faut leur laisser le soin de s'organiser pour ça.
08:11Il peut y avoir des accords dans les entreprises où on travaille plus longtemps.
08:14Il y en a déjà.
08:15Il peut y avoir des âges de la vie où on a envie de travailler plus longtemps.
08:19Moi, j'ai toujours été frappé par ça.
08:20Et d'ailleurs, je vais vous dire, il y a des âges dans la vie dans lesquels on travaille plus que d'autres.
08:25Moi, quand j'avais 30 ans, j'étais célibataire.
08:29Je pouvais travailler.
08:30C'est ce que vous disiez précédemment.
08:32Beaucoup, beaucoup.
08:33On peut, en fonction de l'âge, aussi adapter la durée du travail.
08:35Mais bien sûr.
08:36Mais bien sûr, il y a mille solutions.
08:37Et encore une fois, Thomas Soto, je ne suis pas en train de vous parler d'un truc qui serait incroyable.
08:41On serait les seuls en France à se poser cette question.
08:43Dans tous les pays d'Europe, extrêmement attachés à leur modèle social, extrêmement attachés à la solidarité, extrêmement attachés à la défense des salariés.
08:51Donc, on doit travailler plus et plus fort.
08:53Avec Édouard Philippe, on travaille plus et plus longtemps.
08:56Et on gagne plus.
08:57Et on rend la France plus prospère.
08:59Et on rend la France plus prospère, donc plus sûre.
09:02Et on rend la France plus puissante.
09:04Et on prépare l'avenir pour nos enfants.
09:05Non, ce n'est pas une question de travailler plus parce que j'ai envie de jouer le père fouettard en disant aux gens de travailler plus.
09:11J'ai envie de faire en sorte que notre pays soit puissant.
09:13Je le vois de moins en moins puissant.
09:16Ça me terrifie.
09:18Et donc, je dis, si on veut être plus puissant, on a à régler quelques problèmes.
09:23Pas 60 quelques problèmes.
09:25Et ensuite, on peut avancer.
09:26Parce que les Français, ils ont de la ressource.
09:28Ils ont une capacité, lorsqu'on leur laisse la marge de manœuvre, à avancer très vite.
09:33Et de se dire, ce monsieur-là a été le premier Premier ministre d'Emmanuel Macron.
09:36Oui, j'ai fait 8 ans qu'Emmanuel Macron est au pouvoir.
09:38Et il fait ce constat quasi apocalyptique.
09:40Vous comprenez que ça trompe ?
09:41Je ne fais pas un constat apocalyptique.
09:43Ça ne va pas bien.
09:45Pourquoi ? Vous pensez que ça va bien ?
09:46Vous pensez qu'il y a un Français qui nous écoute qui se dit...
09:49Je ne sais que rebondir sur ce que vous dites.
09:50Je ne crois pas.
09:51Je pense que tout le monde voit ce que je suis en train de dire.
09:53Bon, moi j'ai été Premier ministre pendant 3 ans.
09:55Je n'ai pas été Premier ministre en me tournant les pouces.
09:58Premier ministre pendant 3 ans, en faisant une politique de l'offre,
10:00en essayant de faire en sorte que les entreprises puissent fonctionner mieux,
10:03en faisant en sorte que le chômage puisse baisser, et il a baissé,
10:06en réduisant le déficit,
10:08en faisant en sorte que l'apprentissage puisse fonctionner mieux
10:10pour qu'on ait une génération qui accède plus facilement à l'emploi,
10:13et ça a fonctionné.
10:14Je ne dis pas que j'ai bien tout fait.
10:15Je ne me suis pas tourné les pouces pendant 3 ans.
10:17En augmentant considérablement les dépenses de défense,
10:20alors même, monsieur Soto, qu'en 2017, les gens me disaient
10:23vraiment, dépenser autant pour la défense, est-ce bien sérieux ?
10:27Je ne vais pas m'excuser de ça.
10:29Simplement, ce qui est vrai, c'est qu'il y a énormément de choses à faire,
10:33peut-être à faire différemment de ce que j'ai fait,
10:35mais à faire si on a envie de faire avancer le pays.
10:37Je voudrais qu'on se dise quelques mots de la situation internationale,
10:39puisque vous parlez de la défense dans ce monde, évidemment, dangereux.
10:42On a l'impression que la France s'écoute beaucoup parler,
10:44mais qu'elle n'est pas très entendue,
10:45que ce soit sur Israël, sur la situation en Iran,
10:47qu'elle n'est pas dans le match.
10:48Vous dites, nous n'avons aucun traitement de faveur à espérer des Etats-Unis.
10:52Nous devons apprendre à faire sans eux,
10:53peut-être même parfois contre eux.
10:54On est dans une espèce de niaiserie romantique,
10:57avec les Etats-Unis, avec notre supposé puissance.
10:59Je vais citer une autre phrase.
11:01C'est une blague en Allemagne, qu'on vous a racontée,
11:04qui ne vous fait pas marrer.
11:05Et quelqu'un qui vous dit,
11:06pour devenir riche, il faut acheter un Français ce qu'il vaut,
11:10et le vendre à ce qu'il prétend être.
11:12Oui, c'est une vieille blague allemande,
11:14qui ne m'a jamais fait rire.
11:15Mais est-ce que notre arrogance est en train de nous tuer ?
11:19Qui dit beaucoup de choses sur la façon dont les Français sont vus à l'étranger,
11:21y compris en Allemagne, où pourtant la population est plutôt francophile ?
11:25Et de fait, nous nous racontons des histoires,
11:28y compris dans notre système de relations internationales.
11:31On ne pèse plus, si ? On pèse encore ?
11:32On a encore de l'influence.
11:34La France reste une puissance nucléaire,
11:36reste une puissance prospère,
11:38même si à mon avis elle pourrait l'être plus.
11:40Elle reste un acteur du système international,
11:43qui a un rôle, qui a une influence.
11:45On ne va pas non plus raconter des cracks.
11:46Mais ce qui est vrai,
11:49c'est que la façon dont elle se représente le monde
11:50est souvent dépassée.
11:52Moi, j'ai été frappé de ça depuis très longtemps,
11:54parce que j'ai habité en Allemagne,
11:55parce que je connais un peu l'Allemagne,
11:56parce que j'aime bien l'Allemagne.
11:58Je vois, depuis que je suis adolescent,
12:00les responsables politiques, un par un,
12:02se féliciter de l'amitié franco-allemande.
12:04Et expliquer que l'amitié franco-allemande,
12:05c'est au cœur de la politique étrangère française.
12:07C'est vrai d'ailleurs, c'est au cœur de la politique étrangère française.
12:09Mais est-ce que cette amitié franco-allemande,
12:11elle produit encore ses fruits ?
12:12Est-ce qu'elle est encore réelle ?
12:13Est-ce que les Français connaissent l'Allemagne ?
12:15Est-ce que les Allemands connaissent la France ?
12:16Est-ce que vraiment, dans notre vision du monde,
12:18dans nos politiques publiques,
12:19on assiste à plus de convergence ou à plus de divergence ?
12:22Simplement, à tout ça, vous répondez non.
12:23Ben oui, mais c'est la vérité.
12:24Dans des domaines dans lesquels on était complémentaires,
12:26par exemple l'aéronautique ou le spatial,
12:28on est aujourd'hui concurrent.
12:29Dans notre vision du monde,
12:31on n'est pas aligné.
12:32Dans nos politiques énergétiques,
12:34on est très différent.
12:34Donc, cette alliance fondamentale extrêmement importante,
12:37sur laquelle je ne veux pas revenir,
12:39elle est minée par quoi ?
12:40Par deux visions du monde différentes,
12:42et éliminée par le fait que
12:43les Français ne comprennent pas les choix des Allemands,
12:46et les Allemands ne comprennent pas
12:47la capacité des Français
12:48à faire ce que les Français disent qu'ils vont faire,
12:51notamment en matière de tenue des comptes.
12:52Et quel serait le président Edouard Philippe
12:55s'il était élu ?
12:55On va parler de votre vision de l'exercice du poids.
12:57Et là, vous prenez le contre-pied du discours ambiant
12:59qui veut de l'horizontalité,
13:01des conventions citoyennes,
13:02on en a une en ce moment
13:03qui vient de débuter sur le rythme de l'école.
13:04Ce n'est pas votre truc.
13:05Vous êtes plutôt sur la ligne Chirac,
13:06un chef, c'est fait pour chefé.
13:07En fait, vous revendiquez une verticalité
13:10qui a exactement été un des principaux reproches
13:13faits à Emmanuel Macron.
13:14Vous êtes joueur, vous ?
13:16Je ne suis pas joueur, je dis ce que je pense.
13:18Et je pense que dans les périodes
13:20comme celles que nous vivons,
13:21qui sont des périodes d'affaissement,
13:23qui sont des périodes dangereuses,
13:25il faut une vision claire
13:27et une capacité à mettre en œuvre
13:29ce qu'on a expliqué aux Français.
13:31Et donc, je crois qu'en effet,
13:33on est dans une période...
13:34Alors, je ne veux pas manier les dates
13:35avec trop de force symbolique.
13:39Mais enfin, il y a quand même quelque chose
13:40comme la période de la fin des années 50
13:43qui se vit en France aujourd'hui.
13:44C'est-à-dire un modèle institutionnel
13:46qui n'est plus servi par des gens
13:48qui s'en affranchissent.
13:51Une situation d'affaissement
13:52qui est perçue par tout le monde.
13:54Je constate que la dernière fois
13:55que nous avons vécu ça
13:56de façon extrêmement claire en France,
13:58c'était en 57-58,
14:00dans des circonstances différentes,
14:01avec la guerre d'Algérie, peut-être.
14:02Néanmoins, c'était quand même
14:03ce que nous vivions.
14:04Et que ce qui s'est passé en 58,
14:06ça n'a pas été une grande cure
14:07d'horizontalité, vous voyez.
14:08Ça a plutôt été
14:09un homme proposant une vision
14:11et ensuite une action rapide,
14:13résolue,
14:14permettant de la mettre en œuvre.
14:15Et bien, je crois
14:16qu'on se raconte des histoires
14:17en pensant que,
14:19en diluant le pouvoir,
14:21en le faisant partir dans tous les sens,
14:23on va réussir à régler
14:24les problèmes français.
14:25Je ne crois pas ça.
14:26En revanche, je crois à la liberté.
14:27Et donc, je suis convaincu
14:28qu'il faut donner de la liberté
14:30à un certain nombre d'acteurs.
14:30Rapidement, pour finir,
14:32il y a une femme
14:32qui, elle aussi, a une vision
14:34et qui aimerait être candidate
14:34à la présidentielle,
14:35c'est Marine Le Pen.
14:36Demain, Eric Ciotti
14:36va déposer une proposition de loi
14:37pour supprimer l'exécution provisoire
14:40de l'inéligibilité.
14:41Il s'agit donc de lui permettre
14:42d'être candidate à la présidentielle.
14:44Est-ce que, très simplement,
14:45vous souhaitez que Marine Le Pen
14:46puisse être candidate
14:46à la présidentielle en 2027 ?
14:48Je préfère la battre
14:49à l'élection présidentielle
14:50que ne pas pouvoir la battre
14:52à cause d'une décision de justice.
14:54La réponse est oui.
14:54J'ai toujours dit ça.
14:56Enfin, je ne crois pas
14:57qu'il soit utile
14:58de voter des lois de circonstance
15:00en plein milieu
15:01de procédures judiciaires.
15:02Et je m'amuse
15:02à constater
15:04qu'il fut une époque
15:06où le Rassemblement National
15:07fustigait,
15:10fustigait avec des termes
15:11très durs
15:11et parfois des insultes,
15:13toutes celles et ceux
15:13qui auraient pu proposer
15:14la même chose.
15:15Merci, Edouard Philippe.
15:16L'époque est au catch.
15:17Il faudrait du clivage,
15:18du sang, de la chic
15:18et du mollard, dites-vous.
15:20On referme ce livre
15:20en disant qu'il est nuancé,
15:21Edouard Philippe.
15:22C'est audacieux
15:23dans notre époque.
15:24Merci, en tout cas,
15:25d'être venu nous voir
15:25ce matin sur RTL.
15:26Le livre s'appelle
15:27Le prix de nos mensonges
15:28chez CJ...
15:29CJ, c'est la thèse.
15:31Et dans un instant...
15:32On l'avait saisi.
15:32On l'avait saisi.
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