Le 19 novembre 1994, Johnny Hallyday est interviewé par RTL TVI en plein cœur de la tournée Rough Town. Dans cet entretien rare, il évoque son concert à la salle La Luna de Bruxelles et partage ses impressions sur cette tournée marquée par un virage rock anglo-saxon. Une séquence précieuse pour les fans, captée entre passion, sincérité et énergie brute.
00:00On a beau s'y attendre, on a beau l'avoir déjà vu et écouté sur scène, ça surprend toujours l'entrée de l'idole.
00:07La voix enrouée, le geste un rien plus économe, redingote style joueur de poker du 19e, guitare mitrailleuse, cuir nageville patiné synthrope, voici la bête du rock français.
00:18Français, blues, yeah, United Colors of Johnny Holiday.
00:30Alors Johnny, une question que tout le monde se pose, c'est pourquoi vous avez enregistré un album en anglais ?
00:45Pour plusieurs raisons, d'abord je savais très longtemps que j'avais envie de faire en anglais.
00:49Et puis comme cet album-ci, il y a un petit plein retour un peu au blues, je crois que c'était important de le faire en anglais, d'abord par rapport à la langue.
00:57Je pense pas que le blues soit une... le français soit une langue très adaptée pour le blues, disons, peut-être plus pour le rock que pour le blues, bizarrement.
01:06Mais il y a certaines chansons qu'on peut pas chanter en... on peut pas chanter en français, quoi.
01:12Et puis aussi parce que j'avais aussi envie d'aller travailler un petit peu hors des territoires francophones.
01:19Toute la musique qu'il aime pour un album, Ralph Towne, qui ne devait pas sortir chez nous et qui, number one, en cinq jours, a convaincu ses partenaires du bien fondé d'un Johnny Bigode in American.
01:30« You're addicted to the blues, always getting high »
01:43« Au départ, j'ai voulu vraiment travailler avec un coach pour perdre complètement mon accent français.
01:51Et les Américains ont dit « Non, non, il faut garder un tout petit peu quand même, parce que c'est ce qui sort un petit peu de l'ordinaire.
01:57Autrement, ça fait comme tout le monde, quoi. »
01:58L'homme qui est capable de tenir Bercy pendant des semaines vient chanter dans des petites salles, maintenant. Pourquoi ?
02:20« Parce qu'au départ, on devait faire, pour avoir appel pour pouvoir l'album, on devait faire des, comment on appelle, des showcase. »
02:27« Et puis bon, en cours de rose, je me suis dit quand même, chanter dans des showcase uniquement pour les médias, je préfère quand même qu'il y ait un peu de public. »
02:38« Donc, on a opté pour faire des petites salles, mais c'était un peu volontaire. »
02:43« D'abord, c'était pour recréer un peu une number blues. »
02:45« Et puis, parce que ça fait longtemps que je n'avais pas chanté des petites salles, et de temps en temps, c'est bien de « Back to the goods. »
02:50« Vous n'avez pas voulu vous faire un peu plaisir ? Hier, par exemple, vous avez dit au public, « Pour une fois, je vous vois. »
02:54« C'est vrai ? »
02:55« Vous savez, quand à force de faire des endroits comme, je dirais même pas Bercy, mais même, disons, même par des princes, où il y a 60 000 personnes, on voit une espèce de marée humaine. »
03:05« On voit plein de têtes, mais on ne voit pas vraiment les gens. »
03:09« C'est trop grand, quoi. »
03:13« Et là, pour une fois, les gens me pensent, je les vois, je sais avec qui je parle, je sais. »
03:18« Et pour une fois, vous arrivez à vous voir. »
03:22« On avait convenu d'un truc avant l'interview. »
03:34« On ne parle pas d'Adeline ou de la vie privée. »
03:37« Le temps d'une confidence, un projet de film avec Maurice Piala, d'une question, que vais-je acheter pour l'anniversaire de Laura ? »
03:43« Avec beaucoup de pudeur, l'homme s'est enfin révélé à nous. »
03:46Johnny est un homme rare, un ado de 50 ans, une leçon pour les vieux cons. »
03:53« Les femmes qui font rêver aujourd'hui sont les top modèles. »
03:56« Parce que les top modèles, on les voit toujours bien préparées, bien arrangées, sexy, bien maquillées. »
04:02« Et je trouve que les comédiennes, elles ont tendance à mal s'habiller, à ne pas faire attention. »
04:10« Finalement, bon, les gens sont des fois d'ici parce qu'ils voient une comédienne dans la rue. »
04:14« Ils disent « Tiens, elle est moins bien. »
04:17« Ça, ça vient un petit peu de la faute des comédiennes. »
04:19« Quel top modèles Johnny aimerait bien faire des comédiennes ? »
04:21« Non, non, mais en général, je n'aime pas de nom. »
04:24« À toutes. »
04:26« Moi, j'aime bien que le décifer, je ne sais pas. »
04:29« Oui, moi aussi. »
04:30« Ben voilà, je vous l'ai fait avouer quand même. »
04:33« Je ne suis pas magicien. »
04:36« Oui, les mots ont fait l'amour avec des harlées. »
04:39« On a évoqué Ramatuel, les viraires Saint-Trope, les bateaux, la mer, David, et puis toujours Laura. »
04:46« Il me vient une question. »
04:48« Est-ce que l'Amérique comprendra ? »
04:51« J'aimerais bien de temps en temps pour avoir une magie. »
05:05« Un artiste, qu'il soit chanteur, comédien ou n'importe quoi. »
05:09« Quand il fait son métier, il fait son métier, je comprends qu'on fait ça. »
05:14« Quand il sort pour aller au cinéma ou dans un restaurant pour lui foutre la pêche. »
05:19« C'est un petit peu la rançon de la gloire, ça non ? »
05:21« Je sais, c'est ce qu'on me dit souvent, ça m'énerve. »