Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • avant-hier

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Olivier, mais d'abord, Charlotte Dornelas est avec nous sur Europe 1 comme tous les jeudis.
00:03Bonjour Charlotte.
00:04Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05Vous avez regardé une émission de télévision du service public cette semaine qui fait couler beaucoup d'encre.
00:10Sommes-nous tous racistes ? C'était le titre de cette émission diffusée il y a deux jours.
00:15Ça a suscité énormément de réactions.
00:17Oui, en effet. Vous vous souvenez de la phrase de la présidente de France Télévisions ?
00:21On essaye de représenter la France telle qu'on voudrait qu'elle soit.
00:24Elle résonne forcément à chaque charge idéologique du service public et c'en était une belle.
00:29Bon, la réponse était dans la question.
00:31Oui, nous sommes tous racistes, car même quand nous ne le sommes pas, notre culture l'est pour nous.
00:37Le tout pendant 1h40, sans ne jamais donner de définition du racisme,
00:41ce qui permet d'y fourrer à peu près tout et n'importe quoi.
00:44Parce que pour être plus exact, l'émission a surtout permis de montrer que l'humanité entière a des préjugés.
00:49Bon, il était assez inutile de dépenser de l'argent pour nous apprendre un truc pareil, nous le savions,
00:54à moins que cela serve à justifier une nécessaire rééducation de la population.
00:57Résumons, tout le monde a des préjugés, ceux qui génèrent le racisme, la responsabilité à un combat,
01:04la culture sans qu'on ne sache vraiment laquelle, et il faut donc passer par l'éducation,
01:09mais de qui par qui, puisque nous sommes tous racistes.
01:11Eh bien, les commentaires des spécialistes étaient là pour nous aider.
01:14Tout le monde est raciste, mais seules les minorités visibles, expression de l'émission, en souffrent.
01:20Et le blanc n'est jamais une minorité, c'est entendu.
01:23Bon, l'analyse est classique et c'était tellement clair qu'ils avaient même invité Maboula Soumaoro,
01:28présentée comme maîtresse de conférence, caution universitaire donc,
01:32sans que jamais ne soit évoqué son militantisme décolonial,
01:35qui lui a fait dire qu'un homme blanc, par exemple, avait forcément tort en face d'une femme arabe ou noire.
01:41Bon, vu le thème de la soirée, la précision aurait pu être utile.
01:43En effet, mais comment s'est déroulée cette émission pour prouver l'universalité du racisme ?
01:50Le concept est importé des Etats-Unis, évidemment.
01:52Donc, on a pris des cobayes, 32 blancs et 18 non-blancs,
01:56que l'on a soumis à des expériences,
01:58en passant toutes leurs réactions au prisme de l'analyse raciale,
02:01comme si elles suffisaient à expliquer toute situation, toute réaction.
02:05Qui s'assoit à côté du noir, qui s'assoit à côté du blanc,
02:08bref, une belle manière de créer des problèmes là où il n'y en a pas,
02:11et d'exaspérer encore un peu plus,
02:13des Français lassés de se prendre des leçons d'autoflagellation doublées d'une rééducation permanente.
02:19Le tout, surtout, dans la confusion totale.
02:22Une expérience, par exemple, consiste à montrer des photos aux cobayes
02:25en leur demandant un mot de réaction.
02:28Une première photo montre une femme asiatique, en gros plan,
02:31en train de manger des sushis avec des baguettes.
02:34Réponse des cobayes, asiatiques.
02:36C'est le mot auquel ils pensent.
02:38C'est déjà louche.
02:39Mais attention, une autre femme asiatique,
02:42en train de se mettre du rouge à lèvres fluo,
02:45et le mot devient maquillage.
02:47Une autre porte une blouse et un stéthoscope autour du cou,
02:50et le mot devient médecin.
02:53Alors, qu'est-ce que ça prouve exactement ?
02:55Que le contexte change l'appréciation.
02:58Bien vu, Sherlock.
02:59Mais quel rapport avec le racisme ?
03:01Eh bien, on n'y comprend plus rien.
03:03Jusqu'à ce que le commentaire nous éclaire.
03:05Voir des différences et le début du racisme.
03:08C'est donc qu'il faut encore déconstruire le commun, la culture, les sociétés naturelles,
03:14tout pour qu'il ne reste que des individus, dépourvus de tout attachement.
03:19Vous trouvez que j'exagère ?
03:20Écoutez cette phrase de l'universitaire de la soirée.
03:23Je cite,
03:23« Cette présence du « nous » indique la catégorisation sociale et devrait nous alerter. »
03:30Dire « nous », c'est déjà suspect.
03:32Maboula Soumaoro, c'est le nom de cette universitaire, entre guillemets.
03:37Est-ce qu'il n'y a pas des expériences plus convaincantes pendant cette émission, Charlotte ?
03:41L'une d'elles a été très partagée et concerne un potentiel vol de vélo.
03:45On met en scène un jeune homme blanc qui scie le cadenas d'un vélo en prétendant avoir oublié ses clés,
03:51un jeune homme maghrébin dans la même situation et une jeune femme dans la même situation, dans la rue, en caméra cachée.
03:57Et les réactions des passants sont en effet différentes pour les trois.
04:00Notons que les passants sont également différents pour les trois.
04:03C'est un peu plus difficile de les comparer.
04:05Préjugés, nous dit-on.
04:07Et c'est vrai.
04:08Mais est-ce le résultat d'une culture de détestation infusée de siècle en siècle gratuitement ?
04:12On aurait aimé que le service public réponde à une question.
04:15Qu'est-ce qui nourrit un préjugé ?
04:18L'émission répond sur ce point précis que c'est la presse, forcément,
04:21qui fait trop de cas de la délinquance quotidienne.
04:24La répétition joue donc un rôle, nous explique-t-on.
04:26Et si la presse n'était que le miroir de la réalité ?
04:29Voilà une question intéressante, qui n'a pas été abordée par le service public
04:33et qui n'empêcherait personne de rappeler ensuite qu'évidemment,
04:36tout préjugé mérite d'être dépassé dans la relation individuelle.
04:40Signature Europe 1, Charlotte Dornelas.
04:42Merci beaucoup, Charlotte.
04:43L'émission s'appelait Sommes-nous tous racistes ?
04:45Si ça vous a intrigué, que vous ne l'aviez pas vue, que vous avez envie de la voir,
04:47vous pouvez la retrouver facilement en replay.
04:49C'est un peu long.
04:50C'est un peu long, mais très édifiant.
04:52Merci beaucoup, Charlotte Dornelas.

Recommandations

0:59
À suivre