00:04Quentin, avec nous dans le studio, ici Garlhozer, notre invité, c'est la directrice adjointe de l'Institut Thérapeutique, Éducatif et Pédagogique, le Grésan, à Nîmes.
00:12Oui, établissement qui accompagne près de 70 jeunes de l'adolescence jusqu'aux premières années de l'âge adulte, ayant donc des difficultés psychologiques.
00:25Bonjour Monique Godin. Bonjour. Et merci beaucoup d'être avec nous pour parler de nos jeunes qui sont de plus en plus nombreux, on le disait, à se sentir mal dans leur peau à cause du Covid, à cause en partie des réseaux sociaux.
00:35On va en reparler de tout ça, mais d'abord je voudrais m'arrêter sur l'expression de ce mal-être. Comment est-ce qu'il se manifeste chez les jeunes que vous accompagnez ?
00:42Alors déjà, merci de m'accueillir. Effectivement, à l'étape du Grésan, nous accueillons 67 jeunes avec des troubles psychologiques.
00:50On va dire que les manifestations, pour la plupart, sont des manifestations d'angoisse, d'anxiété, aussi des difficultés à supporter les règles, les limites, le cadre.
01:07Donc ce qu'on fait avec eux, c'est d'essayer de les apaiser d'abord, de leur permettre de retrouver une place d'enfant, une place d'élève dans leur collège et lycée.
01:19Et donc, voilà.
01:21Est-ce qu'ils arrivent à verbaliser leur mal-être ? Parce que j'ai bien compris qu'il y avait des coups de colère, manifestement, ou en tout cas une contestation de l'autorité.
01:27C'est ça.
01:28Est-ce qu'ils arrivent à verbaliser ce mal-être ?
01:30Tout le travail réside là, c'est-à-dire de les amener à exprimer ce qu'ils ressentent, parce que souvent, la colère, la violence s'exprime, exprime en fait des non-dits et des difficultés à supporter, on va dire, leur histoire familiale, parfois, et leurs difficultés.
01:50Celles qu'ils rencontrent dans le cadre d'environnements contraints, comme celui de l'école, comme celui de la famille, etc.
01:58Est-ce que vous avez vu que les jeunes étaient plus nombreux à être dans un mal-être depuis la Covid ? Parce qu'on l'a beaucoup dit.
02:03Mais est-ce que c'est ce que vous avez constaté, vous ?
02:05Moi, je dirais que oui. Effectivement, on a déjà des troubles qui se manifestent de façon plus bruyante.
02:14Et effectivement, il y a une augmentation de notre liste d'attente à l'échelle de notre établissement.
02:22Je travaille depuis 20 ans dans cet établissement. Il y a 20 ans, on avait peu ou pas de liste d'attente.
02:28Aujourd'hui, il y a plus de 20 jeunes qui attendent et parfois, il faut six mois, un an, pour franchir les portes de notre établissement.
02:40Il y a eu un moment de bascule.
02:42Alors, il y a eu un moment de bascule, certainement. La période Covid qui a contribué à l'isolement et qui a dégradé.
02:51Et je pense qu'on en mesure maintenant les effets.
02:53C'est-à-dire que sur le moment, on s'est mobilisés, même pendant le Covid, pour aller voir ces enfants à leur domicile,
02:59pour aller les sortir, leur permettre de prendre l'air en quelque sorte.
03:02Mais aujourd'hui, je pense qu'on touche la suite de cet événement sanitaire majeur.
03:148h moins d'ici ce matin, notre invité, Quentin, c'est la directrice adjointe de l'Institut Thérapeutique, Éducatif et Pédagogique.
03:19Le présent, c'est à Nîmes.
03:21On parle de l'impact de la Covid. Il y a aussi les réseaux sociaux qui sont en partie responsables de ce mal-être.
03:27Mais dit comme ça, c'est un petit peu vague. C'est quoi qui génère ce mal-être chez les jeunes ?
03:31Est-ce que c'est les discussions que les jeunes peuvent avoir sur les réseaux sociaux ?
03:34Est-ce que c'est les vidéos aussi qu'ils peuvent regarder ?
03:36Voilà. Je pense que c'est la rencontre des deux.
03:38C'est-à-dire, c'est l'hyperconnexion aux écrans et leur difficulté à prendre le recul nécessaire face au contenu.
03:48Je crois que ce sont des enfants, pour la plupart, qui sont peu ou pas équipés pour mettre à distance les contenus qu'ils peuvent visionner sur écran.
03:59Et puis, après, ils font partie de réseaux sociaux.
04:02Les propos des camarades ne sont pas toujours appropriés.
04:08Et ça peut prendre des proportions importantes dans le quotidien de ces jeunes-là.
04:15Est-ce que les vidéos, les courtes vidéos, les réelles comme on les appelle, ne sont pas plus dévastateurs ?
04:19Parce que je regardais hier, donc encore sur Facebook, il y a beaucoup d'influenceurs qui donnent des conseils pour bien s'habiller,
04:24pour sortir avec sa copine, pour bien travailler à l'école.
04:27Ça part d'un bon sentiment, mais c'est profondément triste en fait tout ça.
04:30C'est ça.
04:30Il faut être comme ci, il faut être comme ça, pas faire comme ci, pas faire comme ça.
04:33Voilà, à la fois, il y a répondre à des normes.
04:36Et souvent, nos jeunes, les jeunes que nous accompagnons sont un peu éloignés de ces normes.
04:41Donc, ça mesure, on va dire, peut-être pour eux, la distance qu'il y a entre les difficultés qu'ils rencontrent
04:51et la norme qui est, on va dire, traduite dans ces vidéos.
04:59Après, je pense aussi, c'est que la communication sur ces réseaux, elle n'est pas régulée par des adultes.
05:07Nous, on est très présents, on est 55 salariés à l'ITEP pour accompagner 67 jeunes.
05:12Vous voyez qu'il y a nécessité de ces personnes au quotidien pour aider ces enfants à réguler leurs relations sociales.
05:19Est-ce qu'il faudrait les interdire alors, ces réseaux sociaux, comme le propose Emmanuel Macron, au moins de 15 ans ?
05:24Alors, les interdire...
05:25Vous, est-ce que ça vous paraît pertinent ?
05:26Moi, déjà, on le régule, nous, au sein de notre établissement pour les jeunes.
05:31Et on trouve que ça a du sens de les réguler.
05:35Après, il y a aussi la prévention, c'est-à-dire leur apprendre à mieux les gérer, parce qu'on ne sera pas toujours là.
05:42Et à 17 ans, on a des enfants qui sont très immatures encore.
05:46Ce n'est pas tellement une question d'âge, c'est une question de maturité psychique.
05:50Donc, leur apprendre à mieux réguler et à mieux gérer ces réseaux sociaux, à en prendre la distance au bon moment, je pense que c'est aussi notre mission.
06:00Interdire ? Oui, peut-être, pourquoi pas ?
06:04Mais je pense qu'il faut penser que tous n'ont pas acquis la maturité à 15 ans.
06:09Oui, donc faire de la prévention et de l'accompagnement.
06:12C'est ce que vous faites à l'Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique Le Grésant à Nîmes.
06:17Comment est-ce qu'on peut vous retrouver ?
06:19Alors, vous allez nous trouver sur le site de l'association, le CPE-AGL.
06:24Vous allez trouver notre site internet, cpeagl.org sur internet.
06:33On est situé dans la zone de Grésant.
06:36On fait partie de l'acti-parc que je salue au passage.
06:39Et nous avons effectivement un établissement qui a une situation à Nîmes, mais qui a une antenne aussi à Bocquer et une antenne en centre-ville, rue Pradier, pour les grands adolescents que nous accompagnons.
06:53Et donc, vous en êtes la directrice adjointe de l'ITEP, donc l'Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique Le Grésant.
07:01Merci beaucoup, Monique Godin, d'avoir été avec nous ce matin. Merci encore.