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  • il y a 5 jours

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00:00A la veille des obsèques de Mélanie, cette surveillante poignardée a mort par un collégien de 14 ans mardi dernier à Nogent,
00:06plus de deux ans aussi après la mort d'Agnès Lassalle, professeure d'espagnol à Saint-Thomas-d'Aquin,
00:11c'est à Saint-Jean-de-Luz, poignardée par un élève en plein cours.
00:13On s'intéresse ce matin, Yves Tussaud, à la sécurité dans les établissements scolaires,
00:19et pour en discuter, l'invité d'ici matin, c'est Franck Yalet, le secrétaire régional UNESA Éducation.
00:22Bonjour Franck Yalet.
00:24Bonjour.
00:24Agnès Lassalle a été tuée par un élève le 22 février 2023 au lycée Saint-Thomas-d'Aquin à Saint-Jean-de-Luz,
00:31poignardée en plein cours.
00:32Mardi dernier à Nogent, en Haute-Marne, Mélanie, surveillante, a été tuée par un collégien de 14 ans,
00:37poignardée aux portes de l'établissement scolaire, alors que des gendarmes procédaient à une fouille des sacs.
00:44La même horreur en un peu plus de deux ans d'intervalle.
00:47Franck Yalet, entre-temps, que s'est-il passé dans les établissements, que s'est-il passé à l'Éducation nationale ?
00:52Il s'en est passé des choses.
00:57En tout cas, il y a eu des annonces politiques qui ont été faites,
01:00des annonces politiques qui permettent peut-être de traverser cette période d'émotion, d'inquiétude, de colère,
01:08pour nos concitoyens, pour nos collègues, pour nos élèves.
01:11Mais après, dans la réalité des faits, pas grand-chose,
01:14parce qu'annoncer une grande priorité sur la santé mentale et la santé mentale de nos élèves...
01:20La hausse nationale, en 2025, le gouvernement a d'ailleurs dévoilé un plan pour la santé mentale en fin de semaine dernière.
01:27Face à la pénurie de soignants, à la hausse des besoins, le gouvernement propose et promet une refonte de la psychiatrie.
01:34On est au cœur du problème, la psychiatrie ?
01:36Oui, moi je pense, je pense, au-delà de l'émotion, de la période de deuil, il faut maintenant aborder,
01:43voilà, c'est un sujet qui mérite réflexion, la santé de nos établissements, des élèves, des personnels, c'est un sujet important.
01:49C'est un sujet important, mais complexe, très complexe.
01:51Et c'est vrai qu'il faut s'orienter, nos réflexions, vers cette santé mentale de nos élèves.
01:59C'est quelque chose, on essaie d'attirer l'attention là-dessus depuis très longtemps,
02:02mais malheureusement, nos écoles sont des déserts médicaux.
02:05Une santé mentale qui s'est dégradée ces dernières années,
02:08ou est-ce que c'est un phénomène qui existe depuis des dizaines d'années ?
02:11Elle s'est dégradée.
02:12Nos élèves, nos enfants sont le buvard des adultes de la société.
02:16La société ne va pas bien, les adultes ne vont pas bien, donc forcément, nos élèves ne vont pas bien.
02:23Et c'est ça qui est au cœur du problème.
02:25Il faut arriver, je crois que nous en sommes capables, de repérer des signaux faibles.
02:29Parmi nos élèves, je pense aux profs principaux, je pense à nos vies scolaires, je pense à nos infirmières scolaires.
02:34Mais le problème, c'est le manque d'interlocuteurs.
02:37Interlocuteurs en interne comme en externe.
02:39C'est là que je parle de... Notre école est un désert médical.
02:42Oui, il manque d'infirmières ou d'infirmiers scolaires, il manque de médecins scolaires,
02:46il manque de relais humains dans les établissements.
02:49Mais oui ! Prenons l'échelle de notre territoire.
02:53Imaginez, c'est à peu près 100 000 élèves sur notre département.
02:56Nous avons moins de 60 infirmières scolaires.
02:59Imaginez cette situation sur notre territoire.
03:02Prenez le BAB, c'est à peu près la même quantité de personnes.
03:05Imaginez s'il y avait seulement 50 infirmières pour ces 100 000 habitants.
03:10C'est ça la réalité de nos établissements.
03:12Quelle est la raison de cette réalité, de cette absence, de ce manque de moyens humains ?
03:16La problématique, c'est quand on axe sur ce qui est visible.
03:21Heures de cours non effectuées.
03:22C'est le focus politique qui a été fait là-dessus.
03:25Et ça, ça se fait au détriment de toutes les personnes invisibles de notre ministère.
03:30Notre ministère est sous-administré en termes d'administration, de gestion.
03:34Je pense à ces personnels-là.
03:36Et aussi dans toutes les personnels santé-sociaux.
03:38On en manque cruellement.
03:39Pourtant, le ministère de l'Éducation nationale est pointé du doigt parce qu'il y a beaucoup de monde dans ce ministère.
03:46On se trouve ici face à la responsabilité du plus grand employeur de France.
03:52C'est le plus grand employeur de France.
03:54Mais les moyens ne sont pas mis là où ils doivent être.
03:56Ce sont des choix politiques.
03:58Ce sont des choix politiques qu'il faut prendre des décisions.
04:02On parle de portiques.
04:03Mais ce n'est pas en mettant des portiques ou des estrades que l'on va protéger nos élèves et nos personnels.
04:09On va y revenir sur les portiques.
04:10Ici Pays-Bas, qu'il est 8h21.
04:11Notre invité ce matin, Franck Yalet, secrétaire régional UNSA Éducation sur la sécurité dans les établissements scolaires.
04:17Alors des personnels, notamment infirmiers, infirmières scolaires, des médecins scolaires,
04:22ils font un certain temps pour les former.
04:23Et visiblement, on en manque.
04:26Donc cette solution-là, elle n'est pas pour les 5 ans à venir.
04:30Elle est assez long terme.
04:31On a le problème.
04:32On a plusieurs problèmes.
04:33Là, on vous pointait du doigt le problème de la formation des médecins.
04:36Ce qui peut en être un à l'échelle du territoire.
04:39On a aussi une problématique qui est dans notre ministère de l'attractivité.
04:44Qui est liée aux conditions de travail, qui est liée aux conditions salariales.
04:48Mais on a aussi après un autre problème.
04:50C'est-à-dire que c'est le nombre de postes que l'on va réellement affecter.
04:53345, exactement 345 infirmières pour les 500 000 élèves de l'académie.
04:59Voilà notre réalité.
05:01Il y a moins de 50 médecins scolaires.
05:03Ce qui veut dire qu'il n'y a pas une infirmière scolaire par établissement en permanence 5 jours sur 5.
05:07Pas du tout, pas du tout.
05:08Une infirmière scolaire, on est sur une infirmière pour à peu près 1600, 1700 élèves.
05:14On a une assistante sociale pour plusieurs milliers d'élèves, peut-être 5000.
05:18C'est ces interlocuteurs-là.
05:20Comme me disait un directeur d'école, j'interprète des signaux faibles.
05:24J'ai des solutions à proposer.
05:25Mais malheureusement, ce qui lui manque, c'est les interlocuteurs.
05:28Je pense en interne et je pense en externe.
05:30L'école ne doit pas être la solution à tout.
05:34Elle doit faire partie de la solution, mais elle ne peut pas être l'unique solution.
05:38Il nous manque des interlocuteurs externes.
05:40Je pense à des centres médicaux sociaux.
05:42Je pense à l'ARS qui doit être notre partenaire et qui elle-même doit jouer son rôle.
05:47En attendant, est-ce qu'il faut installer des portiques à l'entrée de tous les collèges ?
05:50Est-ce qu'il faut boucler les réseaux sociaux, les interdire au moins de 15 ans ?
05:55Je différencie les deux.
05:57Le problème des réseaux sociaux, c'est le problème du temps d'écran.
06:01Le temps d'écran de nos enfants, il est trop grand.
06:04C'est un vrai problème de santé publique.
06:07Il faut s'y intéresser.
06:08Il faut peut-être donner l'exemple.
06:09Il faut peut-être l'interdire aux élèves.
06:11Peut-être aussi aux présidents de la République.
06:13Mais il y a aussi le problème des portiques.
06:16Le problème des portiques, c'est un sujet complexe.
06:18Je l'ai dit, la sécurité.
06:20Et ce n'est pas simplement en construisant des murs et des protections qu'on va y arriver.
06:24Il faut vraiment avoir ce temps de réflexion.
06:26Moi, je pense qu'on a besoin.
06:28Moi, je pense à la vie scolaire.
06:29Je pense à notre collègue assistante d'éducation.
06:32La vie scolaire, c'est l'épine dorsale de nos établissements.
06:35C'est elle qui établit ce lien de confiance avec les élèves, qui prend le temps avec les familles.
06:40Il est là.
06:41Ça, ça s'appelle du climat scolaire.
06:42Et du climat scolaire, ça se fait avec des adultes, pas avec des portiques.
06:46Franck Yalet, tout cela veut dire que ce type d'événement, ce type de drame peut se renouveler n'importe quand ?
06:52Moi, je me refuse.
06:54Je me refuse.
06:54Je pars en classe, là.
06:55Je pars en classe avec mes cinquièmes en mathématiques.
06:58Moi, je me refuse à croire que je fais un métier à risque.
07:01Je ne veux pas faire un métier à risque.
07:03Je ne fais pas un métier à risque.
07:05Voilà.
07:06C'est statistiquement.
07:07Malheureusement, ça existe.
07:09La société se complique.
07:12Oui, ça se traduit malheureusement par des faits de violence dans la société, dans nos écoles et dans vos faits divers.
07:18Regardez le journal qui nous a précédés.
07:20Merci Franck Yalet d'avoir accepté notre invitation.
07:23Bonne journée.
07:24Merci.
07:24Merci à vous.

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