«Nous sommes tous épuisés, mais une résilience absolue règne», témoigne un Parisien en vacances à Tel-Aviv. Il raconte le déroulement de ses journées depuis les frappes israéliennes en Iran, suivies de la riposte.
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00:00Alors tout à fait, pour tout vous dire, à 4h, je vous répondrai sur la nuit qui vient de se passer,
00:05et la journée assez particulière, mais effectivement, à 3h30 d'après-midi,
00:09on a décidé avec mes deux cousins d'aller chercher de quoi faire à repas ce soir,
00:14et donc on n'est rentré pas sur la rue principale au bord de mer, qui est très touristique et donc fermée,
00:19on a été plus en ville, qui est à 500 mètres plus haut,
00:22et en fait, au bout d'une demi-heure de course, on s'est retrouvé avec l'alarme,
00:26et là, on va se dire la vérité, pris de panique, parce qu'il y a l'alarme sur le téléphone qui nous dit que bientôt, il va se passer quelque chose,
00:32ça, c'est le côté 1 de l'anxiété, puis après, vous avez la sirène qui retentit dans le pays, dans la ville,
00:39et là, c'est vite, il faut trouver un abri, et là, ce qui se passe, c'est la solidarité israélienne,
00:44c'est que tout le monde, quel que soit les gens, ils ne vous connaissent pas, ils vous prennent par la main, ils vous amènent,
00:48et là, j'ai une vidéo assez incroyable qui tourne, que j'ai prise à la base,
00:52parce que je pensais vous prévenir que je ne pouvais pas être disponible, parce qu'on ne sait pas pour combien de temps on est là-dedans,
00:56et en fait, on est dans un abri, et on est quoi, on est entassé, on est 60-70 personnes,
01:01et quelque chose de vachement, qui caractérise vachement la société israélienne,
01:05c'est que vous avez une femme qui est prise de panique, une femme éthiopienne qui est prise de panique,
01:10qui est réconfortée par un médecin israélien qui était présent par hasard là dans le coin,
01:14et que cette même personne est prise dans les bras par une femme musulmane voilée,
01:19et tout ça, les trois, dans le même endroit, avec 50 autres personnes de toutes nationalités différentes,
01:23le stress qui grandit, parce qu'en Israël, la règle désormais, c'est quand on est dans un abri,
01:28ça ne suffit pas, il faut vraiment fermer l'abri, c'est peut-être un détail,
01:31mais c'est vraiment super important de le dire, et donc là, les gens s'engueulaient entre guillemets,
01:35mais dans une pression normale, de se dire, et compréhensible, de se dire,
01:39fermez vite la porte, et là, il y avait des gens, on ne pouvait pas les mettre dehors,
01:42on ne pouvait pas non plus être sur entassé, donc on est resté 20 minutes,
01:45il n'y avait pas de réseau.
01:46À la fin, il a fallu que moi, j'appelle quelqu'un en France, ma sœur en l'occurrence,
01:49pour lui dire, est-ce qu'on peut sortir ?
01:50Elle dit, oui, c'est bon, l'alerte est levée, tu peux y aller, et là, on n'a pu passer.
01:53On n'avait pas de réseau via WhatsApp, donc c'était bloqué,
01:55mais par le réseau normal, on est passé.
01:57Et là, voilà, ça montre juste le quotidien des gens,
02:00c'est que si on veut faire quelque chose,
02:02en fait, il faut être toujours pas loin d'un abri,
02:04et donc on est resté 25 minutes, on est ressorti,
02:06forcément, on commence à être un truc guillemets habitué.
02:09C'est la première fois depuis, à Tel Aviv en tout cas,
02:12depuis ce début de guerre avec l'Iran,
02:14qu'on est en pleine journée sollicités.
02:16On a appris à faire un peu, comme vous savez,
02:18les jeunes parents, quand ils sont parents pour la première fois d'un nouveau-né,
02:23ils dorment quand le nouveau-né dort.
02:24Et bien nous, en fait, quand on n'a pas d'attaque,
02:25on essaye de dormir, parce que les trois dernières nuits,
02:28si je vous dis qu'on a dormi trois heures,
02:29mais de manière irrégulière, c'est exactement ce qui s'est passé,
02:32donc on a pu dormir un peu ce matin.
02:34Voilà, et donc la nuit, oui, ça a été assez particulier,
02:38parce que c'était excessivement calme hier,
02:40mais vraiment très calme.
02:42Vers 10h du soir, il y a eu une première alerte,
02:44puis on est descendus, on est rentrés,
02:46il ne s'est rien passé, on est remontés.
02:48Et à 2h du matin, de mémoire, oui, 2h30,
02:50il y a eu une énorme alerte.
02:51Et là, vraiment, nous, on a la chance d'avoir un abri dans l'appart où on est,
02:55mais on s'est dit qu'on serait peut-être mieux avec d'autres personnes,
02:57donc on est descendus au parking,
02:59et le parking n'est qu'au moins 1.
03:01Et encore une fois, quand je vous dis que même nous,
03:02on est à tâtonner,
03:04c'est qu'on pensait que le parking suffisait,
03:05mais on nous a expliqué ce matin que moins 1 n'est pas suffisant,
03:08donc il faut être encore plus en profondeur.
03:10Et la preuve en est, c'est qu'à 2h30 du matin,
03:11quand l'explosion a eu lieu au-dessus de nos têtes,
03:13on sait qu'il y a eu quelque chose à Tel Aviv de Grave,
03:15encore plus à Batiam, à un quart d'heure d'ici.
03:17Quand il y a eu l'explosion, le souffle a été tellement impressionnant
03:20que même la porte du parking, on était enfermé,
03:22mais la porte du parking a bougé,
03:24et c'était vachement, vachement, vachement impressionnant.
03:26On est resté plus d'une heure dans cet abri.
03:29Et derrière, comment vous pouvez dormir ?
03:30Vous n'essayez surtout pas de voir ce qui se passe par ailleurs,
03:33parce que derrière, vous voyez à Batiam,
03:35Batiam, c'est ma ville d'enfance, c'est là où j'ai grandi,
03:37donc forcément, c'est touchant.
03:39Mon oncle a attendu des heures.
03:40Et on voit les images en direct de la ville que vous évoquiez, Batiam.
03:45Batiam, c'est une ville qui a un quart d'heure de Tel Aviv,
03:47qui est une ville bord de mer, c'est comme Tel Aviv, c'est une super ville.
03:51Et on a, mon oncle a attendu,
03:53il a eu des nouvelles de son meilleur ami qui habitait là-bas
03:56que vers 11h du matin, parce que lui aussi excédait,
03:58quand il y a eu la bombe derrière, il a éteint son téléphone,
04:00il n'en pouvait plus, c'est fatigant.
04:02Mais encore une fois, on est tous épuisés,
04:05mais il y a une résilience absolue,
04:07comme quoi cette guerre, il faut la faire,
04:09mais il faut la finir, pas en disant,
04:11quelle paix vous pouvez faire ?
04:12Alors, je ne rentre pas dans la politique,
04:13je ne suis pas dans ce domaine-là,
04:15mais quelle paix vous pouvez faire avec un pays qui,
04:17depuis 20 ans, depuis que je suis en âge de comprendre,
04:19dit qu'il veut éradiquer Israël de la surface de la Terre,
04:21et qu'on essaye de faire des pourparlers de paix avec ce pays-là,
04:24ce pays qui interdit aux femmes de vivre,
04:26aux hommes gays d'exister,
04:28et à l'inverse, vous avez Israël,
04:29où tout le monde peut coexister,
04:30et quoi que nos copines qui prennent des bateaux racontent,
04:33on peut exister, on peut coexister,
04:35on peut vivre ensemble ici,
04:36tout n'est pas parfait,
04:38mais tout a le mérite d'exister,
04:39on a le choix,
04:39et le fait d'avoir le choix,
04:40il n'y a pas beaucoup de pays autour de nous qui ont le choix,
04:42et quand vous avez un pays qui veut vous éradiquer,
04:45ce qu'a fait Israël jeudi,
04:47ça me rappelle un peu le lien qui s'est passé,
04:50le 6 octobre, le pays ici était déchiré,
04:52il y a eu le 7 octobre, le 8 octobre,
04:53tout le monde était main dans la main,
04:55et à chaque fois qu'il se passe une agression si significative qu'il y a,
04:58et bien on est encore plus soudé,
04:59on fait une unité centrale,
05:00je dis on, je suis franco-israélien,
05:02ma vie, ma famille est en France,
05:04mais mon cœur est ici aussi,
05:05je dis bien aussi,
05:06et en fait quand vous vous retrouvez à avoir un pays qui veut vous éradiquer,
05:09finissons on,
05:10finissons faisant le travail,
05:12allons jusqu'au bout,
05:13et nous on est prêts à galérer ici,
05:14parce que nous aussi aujourd'hui on est dans une incertitude énorme,
05:19on a eu ce matin,
05:19parce qu'on devient dans une routine,
05:21on essaye d'échanger entre nous,
05:22c'est sympa,
05:22et je vous remercie pour les invitations,
05:24mais nous notre routine le matin c'est quand on arrive à dormir,
05:26on appelle derrière Air France,
05:29qui nous dit qu'elle a trouvé un vol,
05:30mais derrière c'est annulé,
05:31parce qu'évidemment l'aéroport est fermé,
05:33mais on nous fait croire,
05:33donc on a cet espoir,
05:34on dit à nos familles,
05:35on devait partir demain,
05:36puis un autre vol mardi,
05:37c'est annulé,
05:38puis ils nous disent non mais il y a un autre vol mardi soir,
05:39avant même que la dame termine le vol est annulé,
05:41donc là on ne sait pas quand est-ce qu'on rentre,
05:43et on a eu la chance,
05:43j'ai eu la chance de découvrir un échange avec le ministère des affaires étrangères,
05:46donc je commence à tisser un lien très fort,
05:48après l'ambassade française qui m'a demandé une notation de 0 à 5 suite à aucun effort de leur part,
05:53pour dire on ne sait pas,
05:54aller sur le site internet,
05:55ben là le ministère des affaires étrangères c'est encore mieux,
05:57c'est on ne peut pas vous héberger,
05:59vous ne croyez pas qu'on va vous payer un hôtel,
06:00je ne demande pas d'un hôtel,
06:01je demande un endroit où vous êtes sûr,
06:02où être sûr,
06:03parce qu'on ne sait pas où être sûr,
06:04parce qu'on est étranger ici entre guillemets,
06:08et on ne sait pas où être sûr,
06:09et derrière et quand est-ce qu'on rentre,
06:10ils disent on ne sait pas.
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