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DB - 14-06-2025

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00:00:00C'est parti
00:00:30C'est parti
00:01:00Pierre Costal, écrivain célèbre, consacre le meilleur de ses forces à son oeuvre, à son fils Brunet et à ses plaisirs.
00:01:21La gloire littéraire lui vaut l'admiration des jeunes filles.
00:01:27Il repousse celles qu'il juge sans grâce, ainsi André Aquebaud.
00:01:30Et il est séduit par les autres, en particulier par Solange d'Andillot, dont il fait sa maîtresse, mais qui l'entraîne dangereusement vers le mariage.
00:01:41Pour fuir ce danger, Costal a rejoint son fils dans sa propriété du Midi, où le jeune garçon vit avec une gouvernante.
00:01:49Tiens mon gars, lave à ton endroit ce stylo.
00:01:57Toi, tu as pédalé comme un fou.
00:01:59Avec cette chaleur.
00:02:00Oui.
00:02:02Son cœur bat sous sa chemise comme le cœur d'une grenouille sous la peau.
00:02:05Ça c'est un détail.
00:02:08Je veux qu'il fasse vérifier ses freins très régulièrement.
00:02:10J'étais contre ce vélo, cher ami. Il est tellement étourdi.
00:02:20Dis donc, ma monnaie.
00:02:22Tiens.
00:02:25Lave-la ta monnaie.
00:02:28Il manque 15 francs.
00:02:30C'est pas vrai.
00:02:30Je te dis qu'il manque 15 francs.
00:02:32Qui t'a rendu la monnaie ?
00:02:34Le patron n'était pas là. C'est son petit commis.
00:02:37Oh, la vache lui m'a feinté.
00:02:38Non mais c'est très embêtant ça mon ami, parce que du papetier, du commis ou de toi, je ne sais pas lequel a triché.
00:02:42Mais papa !
00:02:43Remarque, ce n'est pas pour les 15 francs, mais jusqu'à maintenant, tu ne m'avais habitué à aucune friponnerie.
00:02:47Pourquoi pleures-tu ?
00:02:49Parce que je ne me frappe pas.
00:02:51Je croyais t'avoir interdit de pleurer.
00:02:53Allez, viens t'asseoir là.
00:03:01Tu sais, je crois ce que tu me dis.
00:03:03Ah non, non, ne me lèche pas en douille, tu n'es pas une fille.
00:03:06Mais pourquoi replores-tu ? Tu n'as pas de raison.
00:03:11Parce que tu n'as bien failli plus m'aimer.
00:03:24Mon petit garçon, depuis que tu es sur terre, je n'ai jamais rien eu à te reprocher.
00:03:29Dans ce village du Loiret, la Poste transmettait à Costal les lettres d'André Aquebaud.
00:03:47Derrière cette fenêtre, chaque jour, elle décrivait longuement ses rêves et ses désirs.
00:03:57Je boude depuis six mois.
00:04:02Je dois bien vous le dire, puisque vous ne vous en apercevez pas.
00:04:09Vous m'avez fait mal, Costal.
00:04:12Très mal.
00:04:14Et maintenant, manquerai-je de dignité parce que je vous écris encore ?
00:04:17Non, puisque je ne vous demande plus rien.
00:04:25Vous ne saurez jamais ce que vous avez refusé.
00:04:29J'aurais fait de notre amour une telle plénitude.
00:04:34Ces dimanches, on voit à peine clair.
00:04:38Tout est si triste à Saint-Léonard, un dimanche.
00:04:45Que de dimanches pleurer à ma fenêtre.
00:04:50Et penser que nulle part, personne ne m'attend.
00:04:54Personne n'a envie de mon visage.
00:04:58On me dit, mariez-vous.
00:05:01Mais je ne suis pas mariable si je n'aime pas infiniment.
00:05:04Et qui j'aime infiniment, vous le savez, Costal.
00:05:12Cette lettre a été classée par le destinataire l'enveloppe non ouverte.
00:05:23Mon petit garçon,
00:05:25je te vois dans une périssoire qui est à nouveauté,
00:05:28au-dessus d'un océan d'ordures qui est le monde.
00:05:30Et c'est un miracle que tu ne chavires pas.
00:05:32Je te regarde comme on regarde ce qui est bien né.
00:05:37C'est-à-dire ce qu'il y a de plus rare.
00:05:40Ah, s'il faut être fou de quelque chose,
00:05:43soyons fous de qualité.
00:05:45Et dire que lorsque j'entrais dans son bureau,
00:05:49ton père me disait,
00:05:50ici, vous n'êtes que tolérés.
00:05:54Pour ce qu'il y faisait, le pauvre.
00:05:59Enfin, j'en ferai un boudoir.
00:06:02J'ai toujours eu envie d'un boudoir.
00:06:09Il faudra qu'on classe tout ça avant que les peintres viennent.
00:06:14Il doit y avoir un tas de choses à brûler.
00:06:16Sans doute.
00:06:17Mais ça ne me traite pas, maman.
00:06:27La mort de son mari et la pensée que sa fille avait un amant,
00:06:30tout cela rajeunissait et réveillait Mme Dandillot,
00:06:33qui avait 52 ans, âge bien trouble chez les dames,
00:06:36surtout quand elles ont des rentes.
00:06:38Merci, Georges.
00:06:43Merci.
00:06:45Pour le bureau,
00:06:46que penserais-tu d'un papier peintre et moderne,
00:06:49en camaillus bleus ?
00:06:51Oui.
00:06:52Ou vieux rose ?
00:06:54Oui.
00:06:55Tu dis toujours oui.
00:06:57Oui à tout.
00:06:59Il y a pourtant des moments où tu devrais dire non.
00:07:00Enfin, est-ce qu'il se décide à parler mariage ?
00:07:07Presque.
00:07:08Qu'est-ce que ça veut dire, presque ?
00:07:13Il y a pourtant quantité d'hommes célèbres
00:07:15qui sont mariés et pères de famille.
00:07:19C'est qu'il y a quantité d'hommes célèbres
00:07:21qui ne sont pas exceptionnels.
00:07:23Et puis, toute une vie sans enfants.
00:07:27Imaginez que j'ai un fils.
00:07:30Imaginez.
00:07:32Et que le monde étant ce qu'il est,
00:07:35l'ignominie de ce monde déteigne sur lui.
00:07:38Il me faudrait alors mépriser mon fils.
00:07:42Grande horreur.
00:07:45Solange, ça ne peut pas durer.
00:07:47S'il ne te parle pas carrément mariage,
00:07:49il va falloir que tu lui en parles la première.
00:07:51Et n'aie pas peur.
00:07:53Il m'en parlera.
00:07:54La semaine prochaine, je le fais venir ici
00:07:56et je lui demande ses intentions.
00:07:57Non, laisse.
00:07:59Je vais d'abord lui écrire.
00:08:01C'est très bien de lui écrire.
00:08:03Mais si à ta lettre, il répond non.
00:08:05Alors, ma petite, il faudra bien cesser de le voir.
00:08:07Évidemment.
00:08:07C'est une écharpe arabe dont on peut faire tout ce qu'on veut.
00:08:36Les arabes ne s'en privent pas.
00:08:38Leur chèche leur tiendue de foulard,
00:08:40de chapeau, de serviette,
00:08:43de corde, de voile, de filtre,
00:08:45de sac, de ceinture,
00:08:46de chasse-mouche,
00:08:48de mouchoir,
00:08:49de caleçon,
00:08:51de caleçon,
00:08:51d'oreille.
00:09:00Je veux qu'où soyez moi.
00:09:02Rien d'autre.
00:09:05Soyez moi-même
00:09:06pour que je ne me défie pas de vous.
00:09:09Que je ne me lasse jamais de vous.
00:09:11En tout cas, pas de mariage religieux.
00:09:32Oh !
00:09:33Quoi, oh ?
00:09:34Mais maman ne voudra jamais.
00:09:38La religion n'est qu'un prétexte pour les mondains,
00:09:40comme le Christ n'est qu'un prétexte pour l'Église.
00:09:44Et puis quoi ?
00:09:44Quand nous divorcerons,
00:09:45vous nous voyez dans les singeries d'une annulation à Rome ?
00:09:48Si vous ne songez qu'à la rupture,
00:09:49autant nous quitter tout de suite.
00:09:51C'est mal raisonné.
00:09:54Mettons qu'il y a une chance sur cent
00:09:55que je vous épouse.
00:09:56Si vous rompez maintenant,
00:09:58vous perdez cette chance.
00:10:00Que craignez-vous ?
00:10:02Vous savez bien
00:10:03de trop m'attacher à vous.
00:10:06Et ensuite,
00:10:08que je vous plaque.
00:10:10Oui.
00:10:11Eh bien, vous souffrirez.
00:10:13Franchement, je ne vous trouve pas très courageuse.
00:10:15Tenez, je vais vous prêter quelques livres.
00:10:18Le journal de Tolstoy
00:10:19et celui de sa femme.
00:10:21Vous y découvrirez ce qu'est
00:10:22l'insanité du conjugo
00:10:23pour un artiste.
00:10:26Tolstoy.
00:10:26Depuis cinquante ans,
00:10:29la femme ne fait que baisser dans mon estime.
00:10:32Madame Tolstoy.
00:10:35Je ne puis le supporter
00:10:37parce qu'il écrit
00:10:38et qu'il ne souffre jamais.
00:10:41Terrifiant.
00:10:44Que de natation dans les marges ?
00:10:46Oui, je les ai prités
00:10:47à cinq ou six jeunes filles
00:10:48qui voulaient m'épouser.
00:10:54Vous êtes toute froide.
00:10:55Moi, petit enfant.
00:11:01Avant-hier,
00:11:02vous m'avez abordé
00:11:03en me demandant
00:11:04alors,
00:11:04le moral est bon ?
00:11:05Je vous ai répondu oui.
00:11:07L'immoral aussi.
00:11:11Prenez-moi comme je suis.
00:11:12Solange,
00:11:18j'éprouve pour vous quelque chose
00:11:21de déchirant.
00:11:23Vous avez de la peine.
00:11:26Cette peine qui vient de moi,
00:11:27je la guérirai.
00:11:30Je la guérirai.
00:11:31Pitié pour les femmes.
00:11:39Dangereuse pitié.
00:11:42Cher monsieur,
00:11:43parlons pratiquement.
00:11:44J'ai réfléchi à ce mariage civil.
00:11:46Je suis d'accord.
00:11:48Nous respectons trop l'église
00:11:49pour la mêler
00:11:50et à une parodie de mariage.
00:11:52À mon avis,
00:11:52vous la respectez trop peu
00:11:53en acceptant
00:11:54de vous en passer.
00:11:55Merci.
00:11:55Cher monsieur,
00:11:57je ne pensais pas,
00:11:58d'après vos livres,
00:11:59que vous me donneriez
00:11:59des leçons de religion.
00:12:01Cher madame,
00:12:01si je me piquais
00:12:02d'être catholique,
00:12:02je le serais parfaitement.
00:12:04J'aurais fait
00:12:04un excellent cardinal.
00:12:05Une poule qui pond.
00:12:09Chose étrange,
00:12:10boulevard d'Auteuil.
00:12:11Soyons sérieux.
00:12:12Pendant votre voyage de noces,
00:12:14vous pourriez vous faire venir
00:12:16dans une petite chapelle
00:12:17sans rien préciser au curé.
00:12:19Ainsi,
00:12:20nous pourrions faire annoncer
00:12:21dans le Figaro
00:12:21que le couple a été béni.
00:12:23Saluons le génie
00:12:24de la haute bourgeoisie.
00:12:25Vous n'avez rien
00:12:25contre Pérouse Guérec.
00:12:27Je ne tiens pas
00:12:27à me marier à Paris.
00:12:28Pérouse Guérec ?
00:12:29Mais c'est très amusant.
00:12:31Je prendrai des témoins
00:12:32dans la rue.
00:12:32Ne vous obligez pas à venir.
00:12:34Très bien.
00:12:35Pendant que vous cacherez
00:12:37votre amour
00:12:38dans un coin perdu,
00:12:39je pourrai vous chercher
00:12:40un appartement.
00:12:42Et puisque vous serez
00:12:43sous la séparation de biens,
00:12:45Solange apportera ses meubles.
00:12:47Serait-ce des choses
00:12:48vous appartenant ?
00:12:49Non, non.
00:12:50Tout sera neuf.
00:12:51Vous choisirez avec Solange.
00:12:53À la mairie,
00:12:54je serai en veston.
00:12:55Aucune loi ne vous interdit
00:12:57de vous marier au Colmou.
00:12:59Solange a dû vous dire
00:12:59que j'ai exigé
00:13:00trois mois de vacances conjugales.
00:13:02Oui,
00:13:02j'ai d'abord trouvé cela étrange.
00:13:04Mais enfin,
00:13:04beaucoup de femmes restent
00:13:05longtemps éloignées
00:13:05de leur mari.
00:13:07Les femmes d'officiers
00:13:08de marine, par exemple.
00:13:09Pendant ces vacances,
00:13:10je ne réponds pas de moi.
00:13:12J'ai l'esprit large.
00:13:13À condition que la petite
00:13:15n'en sache rien.
00:13:17Comment entrer dans une famille
00:13:18qui n'a pas de morale ?
00:13:21Solange me donnait sa parole
00:13:22qu'elle ne s'opposerait pas
00:13:22au divorce.
00:13:24Solange a trop d'orgueil
00:13:25pour s'imposer.
00:13:26Ça a dit bien
00:13:28qu'Amoureux de sa femme
00:13:29l'abandonne
00:13:30pour se consacrer
00:13:30à la poésie.
00:13:31Et il écrit à son beau-père
00:13:32une lettre sur la liberté.
00:13:35Une lettre si belle
00:13:35que celui-ci lui pardonne.
00:13:37Les Corses
00:13:38ont des façons
00:13:38de faire bien à eux.
00:13:40Ça a dit,
00:13:40il n'était pas Corse,
00:13:41c'était un poète persan.
00:13:43S'il vous plaît.
00:13:45Voilà le thé.
00:13:51J'avais pensé
00:13:52à différentes choses.
00:13:56Oui.
00:13:57Si le mari interdit
00:13:58à sa belle-mère son domicile,
00:13:59est-ce un cas de divorce ?
00:14:00Cher monsieur,
00:14:01si vous en êtes déjà là...
00:14:03Il faut toujours prévoir le pire.
00:14:05Je n'ai jamais vu un mariage
00:14:06se faire dans de telles conditions.
00:14:07C'est vous qui voulez
00:14:08ce mariage, pas moi.
00:14:09Si réellement,
00:14:09c'est une croix
00:14:10si lourde à porter.
00:14:11Non, non, non.
00:14:12Ah, je ne veux pas
00:14:12de TSF à la maison.
00:14:14Solange, je n'écoute
00:14:14jamais le TSF.
00:14:16Et si j'avais envie
00:14:16de me marier à Naples ?
00:14:18C'est peut-être un peu loin.
00:14:20Et puis, ça retarderait.
00:14:22Vous viendriez ?
00:14:23Prenez au dé pour vous.
00:14:26Et Ispahan ?
00:14:28Tout cela est à voir.
00:14:32Vous avez sans doute
00:14:33un notaire.
00:14:35J'en ai beaucoup.
00:14:37Le nôtre est Maître Vignal,
00:14:39rue de Miroménil.
00:14:40Pour ?
00:14:41Eh bien, pour arrêter
00:14:42le contrat.
00:14:44Oh, rien de presse.
00:14:45Comment ?
00:14:46Votre décision n'est pas prise ?
00:14:48Mais enfin, voilà une heure
00:14:49que nous parlons des détails.
00:14:50Permettez, chère madame,
00:14:51je vous ai dit au début
00:14:52si la chose se fait.
00:14:54Supposez que la chose
00:14:55se fasse.
00:14:56Vous n'êtes pas décidé ?
00:14:57Je suis décidé.
00:14:59Parlez-vous sérieusement ?
00:15:00Je suis décidé
00:15:01à épouser Solange,
00:15:02mais pour passer l'exécution.
00:15:03Ça demande un nouvel effort
00:15:03de ma part.
00:15:05Enfin,
00:15:06vous considérez-vous
00:15:06comme fiancé ?
00:15:08Fiancé, ça consiste en quoi ?
00:15:10Vous lui faites une promesse ferme
00:15:12et vous lui donnez une bague.
00:15:14Moi, je préfère donner une bague
00:15:16après,
00:15:17pour le divorce.
00:15:18Ça, au moins,
00:15:19ça a un sens.
00:15:20Ça signifie qu'on reste
00:15:21bon copain.
00:15:25Est-ce qu'elle va me faire
00:15:26mettre à la porte ?
00:15:27Georges, fermez les portes.
00:15:29Il vient une odeur de cuisine.
00:15:34Eh bien, je suppose
00:15:35que nous devons attendre encore.
00:15:37Vous ne pouvez pas donner
00:15:38de date.
00:15:39Oh non, jamais de date.
00:15:41C'est en fixant des dates
00:15:42qu'on détraque la vie.
00:15:44Donnez-lui cette chance
00:15:45à cette petite
00:15:46d'épouser quelqu'un
00:15:46qui lui plaît.
00:15:47Si après deux ans
00:15:48vous voyez qu'elle vous gêne,
00:15:50elle aura eu au moins
00:15:50deux ans de bonheur.
00:15:52Mais ce n'est pas deux ans,
00:15:53c'est une vie entière
00:15:54de bonheur
00:15:54que je veux lui donner.
00:15:55En principe ?
00:15:56Ou pratiquement ?
00:15:58En principe.
00:15:59Pratiquement,
00:15:59il faut que ça mijote
00:16:00encore un peu.
00:16:01Mais ne craignez rien,
00:16:02chère madame.
00:16:03Vos affaires
00:16:04sont en bonne voie.
00:16:24Votre mère vous a raconté
00:16:25notre conversation
00:16:25d'hier soir ?
00:16:27Oui.
00:16:31Et alors ?
00:16:32Qu'en pensez-vous ?
00:16:34J'attends.
00:16:37Je suis votre chèche.
00:16:39Vous le savez bien.
00:16:40Et moi,
00:16:40votre serviteur reconnaissant.
00:16:44Alors,
00:16:44que voulez-vous faire maintenant ?
00:16:46Il y a un film
00:16:47qui se passe
00:16:48à Châtelayon.
00:16:49On allait en vacances.
00:16:50Eh bien,
00:16:51va pour Châtelayon.
00:16:52C'était un film français
00:16:55d'une si parfaite vulgarité
00:16:57et d'une si profonde sottise
00:16:59qu'on renonce à vous le montrer.
00:17:01400 simples d'esprit,
00:17:06léché se pue
00:17:06avec extase.
00:17:09Sortons-nous.
00:17:10On pourrait voir la fin.
00:17:12Donc,
00:17:12elle aime ça.
00:17:14Elle fait corps
00:17:15avec ses super cucus
00:17:16et ses super gougous.
00:17:18Quel avenir
00:17:21je me fabrique.
00:17:24Mais si c'était Brunet,
00:17:25je me dirais
00:17:25c'est de son âge.
00:17:27Et je n'ai plus rien
00:17:27esquimau.
00:17:36Même pas fiancé
00:17:37et déjà muet.
00:17:39Le mariage
00:17:40de la petite carpe
00:17:41et du vieux lapin.
00:17:42Poème persan.
00:17:55N'espère pas
00:17:56la fidélité
00:17:57du rossignol
00:17:57car il chante
00:17:59toujours
00:17:59sur une rose différente.
00:18:02Merci.
00:18:05Oh,
00:18:06quelle bûche.
00:18:06Cette nuit-là,
00:18:14il eut des cauchemars.
00:18:15Un être pesait sur lui.
00:18:17Une masse l'étouffait.
00:18:19Les cauchemars de l'aube
00:18:20disent la vérité.
00:18:21Et la peur
00:18:21qui errait
00:18:22depuis l'idée de mariage
00:18:23l'envahit complètement.
00:18:27Et sous le coup
00:18:28de cette frousse salutaire,
00:18:29il décida qu'aujourd'hui même,
00:18:30sans revoir Solange,
00:18:31il quitterait la France
00:18:32pour des mois.
00:18:36Beaucoup souffèrent.
00:18:51En une nuit,
00:18:52les poils de ma brosse
00:18:52à habit ont blanchi.
00:19:03Revoir Venise
00:19:04et enfin revivre.
00:19:17Bonjour,
00:19:18monsieur Pestal.
00:19:19Vous faites un bon voyage ?
00:19:20Ah bon, oui.
00:19:22Merci.
00:19:25Merci.
00:19:26On va me faire monter
00:19:27votre bagage.
00:19:32À Venise,
00:19:33c'était la vie idéale.
00:19:34Huit heures de travail
00:19:35et huit heures de chasse.
00:19:39Il avait tout son temps
00:19:40pour le travail
00:19:41et le plaisir
00:19:41qui, l'un et l'autre,
00:19:43en demandent beaucoup
00:19:44si l'on ne veut rien saboter.
00:19:52Si vous avez douté
00:19:53de mes sentiments,
00:19:56moi, je les mesure
00:19:56à ma souffrance.
00:19:57Ma chérie,
00:19:59à cause de vous,
00:20:00pendant quatre mois,
00:20:01je n'ai pas écrit une ligne.
00:20:03Maintenant,
00:20:03je travaille comme un buffle
00:20:04ou plutôt comme un demi-buffle,
00:20:07réservant l'autre moitié
00:20:08aux châteries.
00:20:10Mais ça va mieux.
00:20:11Je me suis dégorgé.
00:20:13Je ne veux pas
00:20:14que vous soyez malheureuse.
00:20:16C'est très simple.
00:20:18Venez.
00:20:19Avec moi,
00:20:19les absents ont toujours raison.
00:20:21Je vous propose
00:20:22quinze jours.
00:20:23Non,
00:20:25quatorze jours de bonheur,
00:20:26comme dans la bibliothèque rose,
00:20:29me réservant le quinzième
00:20:30pour vous faire du chagrin.
00:20:32Post-scriptum,
00:20:33apportez votre lapin en peluche.
00:20:35C'est très important.
00:20:38Quinze jours de vie commune ?
00:20:40Je ne peux pas feindre
00:20:41de fermer les yeux.
00:20:43Mais après cela,
00:20:44comment me faire l'affront
00:20:45de ne pas t'épouser ?
00:20:47Écoute, Solange,
00:20:48parle-lui de Thomasie.
00:20:49Je ne veux pas lui mentir.
00:20:51Thomasie espère toujours.
00:20:52Ce n'est pas mentir
00:20:54que dire qu'il vient
00:20:54parfois me voir.
00:20:55Je ne peux pas lui dire
00:20:56que j'épouserai Thomasie
00:20:57puisque je ne veux pas
00:20:58de Thomasie.
00:20:59Tu peux dire
00:21:00que ma mère exige
00:21:01que je sois mariée
00:21:02cet hiver.
00:21:03Ce sera Thomasie ou vous.
00:21:05Ce n'est pas mentir
00:21:06puisque je le ferai.
00:21:07Je verrai.
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00:23:09et le lui prouva une seconde fois.
00:23:17Costal, toujours levé à l'aube,
00:23:20aimait montrer à Solange
00:23:21une Venise déserte
00:23:22qui n'existait que pour eux seuls.
00:23:26Le plaisir estompait
00:23:27les dangers du mariage
00:23:29qu'il avait baptisé
00:23:30d'Hippogrifhe Conjuga.
00:23:32Et dans ce décor
00:23:33pour carte postale,
00:23:34il s'offrait l'illusion
00:23:35d'un voyage de noces
00:23:36avec une demoiselle
00:23:37envers qui il n'avait
00:23:38aucune obligation.
00:23:50Regardez les barques.
00:23:53Elles ont la forme de cœur.
00:23:55Elles se balancent
00:23:56et se frottent l'une à l'autre.
00:23:58On dirait des cœurs tourmentés.
00:24:02Ah.
00:24:04En mer,
00:24:04les barques au flanc de femmes
00:24:05qui ondulent sous vous
00:24:06comme des femmes.
00:24:09Elles se retirent un peu
00:24:10puis se rapprochent.
00:24:13Comme des landaux
00:24:13que les mères de famille
00:24:14font aller et venir
00:24:16pour endormir l'enfant.
00:24:18Ah, vous gagnez le premier prix
00:24:19avec cette image
00:24:20des voitures d'enfants.
00:24:22Voyons maintenant
00:24:22qui de nous deux
00:24:23est capable de fixer le soleil.
00:24:29Vous regardez de côté.
00:24:30Oh, votre mauvaise foi.
00:24:33Oui, tout à fait de mauvaise foi.
00:24:34Oui, mais noblement.
00:24:35Comme un grec du temps d'Homère.
00:24:37Allez, recommençons.
00:24:41Oh, le salaud.
00:24:48Solange,
00:24:49moi qui vous prenez
00:24:50pour une bourgeoise,
00:24:52vous fixez le soleil.
00:24:56Princesse,
00:24:56vous fixez le soleil.
00:24:58Oh, divinité.
00:25:00Dès lors que nous sommes
00:25:01dans le surhumain,
00:25:02toutes les valeurs sont changées.
00:25:04Je vous épouse
00:25:05car je vois en vous
00:25:07le signe souverain,
00:25:08déesse à tête de chatte.
00:25:09Je vous épouse
00:25:10en Égypte.
00:25:12Du Caire,
00:25:13nous emmenons un prêtre copte
00:25:14qui nous bénit
00:25:15sur les ruines d'Héliopolis.
00:25:16En Alexandrie,
00:25:17je donne une fête publique
00:25:18où je combats un lion
00:25:19et nous avons quatorze offices.
00:25:22Vous avez si chaud.
00:25:23Je brûle, ma chère.
00:25:25Je travaille
00:25:25de la couronne de laurier.
00:25:39J'aime Venise.
00:25:41J'aime bien les villes.
00:25:42J'aime les villes
00:25:45où je suis avec vous.
00:25:47Oui.
00:25:50Tous ces êtres adorables
00:25:51que je pourrais posséder.
00:25:54Hélas.
00:25:56Tous ceux
00:25:56que je ne posséderai pas.
00:26:00Si ma mémoire est bonne,
00:26:02le Minotaure avait besoin
00:26:03de sept garçons
00:26:04et de sept filles par an.
00:26:06C'est votre ration ?
00:26:07Je n'ai pas de ration.
00:26:10Cher Minotaure,
00:26:11c'est qu'aucune femme
00:26:12ne vous a satisfait.
00:26:14Erreur.
00:26:15C'est parce qu'une femme
00:26:16vous a satisfait
00:26:17qu'on a envie
00:26:18de toutes les autres.
00:26:20Vous manquez de tact.
00:26:22Zeus aussi manque de tact.
00:26:23Vous avez lu L'Iliade ?
00:26:25Oui ?
00:26:27Menteuse.
00:26:29Dans L'Iliade,
00:26:30quand Zeus
00:26:30met dans son lit
00:26:31sa légitime,
00:26:33il est du maire
00:26:33toutes les autres
00:26:34pour lui montrer
00:26:36qu'il la préfère à toutes.
00:26:38Mais il fait de chacune
00:26:39un éloge convenable.
00:26:44À Athènes,
00:26:44la fiancée consacrait
00:26:45son lapin en peluche
00:26:46à Artemis.
00:26:49En Boétie,
00:26:50quand elle arrivait
00:26:50au seuil de son époux,
00:26:52on brûlait les roues
00:26:53de son char,
00:26:54car elle ne quitterait
00:26:54plus jamais son foyer.
00:26:56À Rome,
00:26:57le jeune marié
00:26:58soulevait la jeune épouse
00:26:59dans ses bras.
00:27:01Au fait,
00:27:01pourquoi voulez-vous
00:27:02m'épouser ?
00:27:03Pour être heureuse.
00:27:05C'est bien une parole
00:27:05de femme, ça.
00:27:07Je voudrais tant
00:27:07que ça se fasse.
00:27:08Et moi,
00:27:09je voudrais tant
00:27:09que vous fussiez heureuse.
00:27:11C'était sincère,
00:27:13mais ça n'engageait pas.
00:27:15Passé le coup de soleil,
00:27:16il avait retrouvé
00:27:16sa prudence.
00:27:25Je suis content
00:27:28qu'elle soit là,
00:27:29c'est entendu,
00:27:29mais il suffit
00:27:30qu'elle s'absente une heure
00:27:31pour que je me sente mieux.
00:27:33Hier,
00:27:34j'entre dans sa chambre.
00:27:38Vous interrogez les cartes ?
00:27:41Pour savoir
00:27:41si je vous épouserai.
00:27:43Pas du tout.
00:27:45Je fais une patience.
00:27:47Avoir apporté
00:27:47des cartes
00:27:48dans sa valise.
00:27:49Un degré plus bas encore
00:27:52et nous en serons
00:27:52au mot croisé.
00:28:17Bonne nouvelle.
00:28:19Maman veut que je sois mariée
00:28:20au printemps.
00:28:22Elle veut ?
00:28:24Il faut qu'elle donne
00:28:26sa réponse
00:28:26à un jeune ingénieur.
00:28:28Qui ?
00:28:30Il s'appelle Tomasi.
00:28:33Il n'y a rien du tout
00:28:34entre nous.
00:28:37Mais...
00:28:37Vous n'avez jamais parlé
00:28:38de ce Tomasi ?
00:28:40Ça compte si peu.
00:28:42Je ne voulais pas
00:28:43vous ennuyer.
00:28:46Eh bien qu'elle l'épouse
00:28:47et me délivre d'elle.
00:28:49ou bien
00:28:51elles ont combiné
00:28:51ce mensonge
00:28:52pour me faire marcher.
00:28:54Ah !
00:28:55Ces deux femmes
00:28:56qui me dindonnent.
00:28:59Je lui avais promis
00:28:59quinze jours,
00:29:01encore trois jours
00:29:02au jus
00:29:02et la quille.
00:29:03dire qu'il faudra
00:29:07la présenter à Brunet.
00:29:25Imaginons que d'emblée
00:29:25il la déteste.
00:29:27Qu'est-ce que j'en fais ?
00:29:29Je la balance.
00:29:38Il fait beau
00:29:39et vous êtes sombres.
00:29:40Pourquoi ?
00:29:42Vous savez bien.
00:29:44Ah,
00:29:44l'avenir.
00:29:47Avec vous,
00:29:47j'ai toujours peur
00:29:48d'être dépossédée.
00:29:50Dépossédée de quoi ?
00:29:51Mais de vous ?
00:29:53Croiriez-vous donc
00:29:55me posséder.
00:30:01Je trouve qu'avec
00:30:01votre morale si peu conforme
00:30:03et vos idées biscornues,
00:30:05c'est étonnant
00:30:05que vous restiez
00:30:05tout de même
00:30:06un homme bien.
00:30:08Mais imaginez
00:30:09que vous ayez un fils.
00:30:12Que dites-vous ?
00:30:14Il est heureux
00:30:14que vous n'ayez pas de fils.
00:30:16Pourquoi est-il heureux
00:30:16que je n'ai pas de fils ?
00:30:17Parce que s'il entendait
00:30:18de votre bouche
00:30:19toutes vos théories ?
00:30:20Si j'avais un fils,
00:30:22passionnément,
00:30:22je le voudrais semblable
00:30:23à moi.
00:30:25Passionnément.
00:30:26Envers et contre tous.
00:30:28Et ça ferait un fils
00:30:28et pas de temps.
00:30:29Oui, ça ferait un fils
00:30:30et pas de temps.
00:30:31Vous pensez
00:30:31que ce serait un miracle ?
00:30:33Mais moi,
00:30:33j'attends toujours le miracle.
00:30:34Et le miracle
00:30:35vient toujours.
00:30:43Je n'ai confiance en personne.
00:30:44Vous n'avez pas confiance
00:30:46en moi ?
00:30:47En ce que vous êtes,
00:30:48un peu.
00:30:48En ce que vous pouvez
00:30:49devenir,
00:30:49pas du tout.
00:30:52Mettons que je sois impatient,
00:30:54coléreux,
00:30:54impossible.
00:30:56Mais il y a des êtres
00:30:56avec lesquels ça va toujours.
00:30:58Avec vous,
00:30:58j'ai des accrochages
00:30:59après quelques jours
00:30:59en commun.
00:31:01Non, non, non, non,
00:31:02croyez-le,
00:31:02un état dans lequel
00:31:03en s'aimant l'un l'autre
00:31:03on se fait du mal,
00:31:04cet état n'est pas sain.
00:31:06Je devrais mieux
00:31:07d'être carrément méchant.
00:31:08Si tout votre malheur
00:31:09vient de ne pouvoir
00:31:09être méchant avec moi,
00:31:10alors allez-y,
00:31:11délivrez-vous.
00:31:14C'est vous qui m'avez
00:31:16fait venir.
00:31:17Il y a longtemps
00:31:18que j'attendais ce mot-là.
00:31:19Je vous ai appelé, oui.
00:31:19Et pourquoi est-ce que
00:31:20je vous ai appelé ?
00:31:20Parce que je vous sentais
00:31:21malheureuse.
00:31:22Je n'avais aucun besoin
00:31:22de vous.
00:31:23Ça me dérangeait,
00:31:23au contraire.
00:31:25Je vous ai appelé
00:31:25par charité.
00:31:28Toujours ce démon
00:31:29de la charité
00:31:29qui désorganise ma vie.
00:31:32Eh bien, ça y est.
00:31:33Elle sait enfin
00:31:34ce que c'est que pleurer.
00:31:35C'est toujours la même chose.
00:31:36Je lutte contre la charité
00:31:37puis j'y cède.
00:31:39Mais la charité
00:31:39se retourne deux fois.
00:31:41Une fois contre celui
00:31:42qui la reçoit,
00:31:43une fois contre celui
00:31:43qui la fait.
00:31:44La charité manque
00:31:45toujours son but,
00:31:46c'est automatique.
00:31:48Le bien.
00:31:51Le bien, ça devrait être
00:31:52de vivre puissamment
00:31:53sans s'occuper des autres.
00:31:55Un jour dans la cuisine
00:31:56chez moi,
00:31:58vous m'avez dit
00:31:58je ne vous ferai
00:32:00jamais de mal.
00:32:02Tu dis ça, moi ?
00:32:03Oui.
00:32:04Eh bien, c'était pour dire
00:32:04le contraire de la vérité.
00:32:07Et puis cessez de pleurer,
00:32:08j'ai horreur
00:32:08des larmes des autres.
00:32:10Tenez.
00:32:13Lève-toi, fistounet.
00:32:19Lève la main.
00:32:21Crache par terre.
00:32:22Regarde-moi.
00:32:23Dis-moi,
00:32:23je jure de ne jamais pleurer.
00:32:25Je jure de ne jamais pleurer.
00:32:27Mais je ne te promets rien.
00:32:29Je promets d'essayer.
00:32:32Promis.
00:32:32Comprenez-moi bien, Solange.
00:32:40J'ai commencé à avoir pitié de vous
00:32:41le jour où j'ai su
00:32:42que je ne vous aimais pas assez.
00:32:44C'est-à-dire dès le début.
00:32:45Si je vous aimais,
00:32:48tout serait merveilleusement simple.
00:32:50Mais je ne vous aime pas.
00:32:53Enfin, je veux dire,
00:32:53je ne vous aime pas à fond.
00:32:54Et quand on n'aime pas à fond,
00:32:55c'est qu'on n'aime pas.
00:32:58Ma vie est ailleurs.
00:32:59Ma vie est là où vous n'êtes pas.
00:33:01Vous avez été un malentendu.
00:33:02La sincérité,
00:33:19passion trouble
00:33:20qui autorise tous les crimes.
00:33:22Solange.
00:33:26Moi qui cherchais de tout faire
00:33:28pour vous rendre heureux.
00:33:30Si je suis maladroite,
00:33:32il ne faut pas m'en vouloir.
00:33:34Mais attendez.
00:33:36Quand nous serons mariés,
00:33:38quand nous nous connaîtrons mieux,
00:33:40enfin,
00:33:41quand nous aurons l'habitude.
00:33:44Vivre ne deviendra jamais
00:33:45pour moi une habitude.
00:33:48Je vous avais prévenu
00:33:49que je vous rendrai malheureuse
00:33:50un jour sur les quinze.
00:33:53Est-ce que j'ai des rides ?
00:34:02Non, non, non, gardez-le.
00:34:07En souvenir.
00:34:08Nous l'appellerons Fontaine d'Italie.
00:34:14Je vous ai dit tout à l'heure
00:34:15que je n'avais confiance en personne.
00:34:17Vous vous souvenez ?
00:34:18Oh oui.
00:34:20Ça n'est pas vrai.
00:34:21Je veux avoir confiance.
00:34:24Moi, j'ai confiance.
00:34:28Vous précipitez contre cette porte
00:34:30comme un petit fauve.
00:34:32Une fauvette.
00:34:35Et vous aviez peur d'une fauvette ?
00:34:36Madame.
00:34:36Une fauvette qui vous picorait le crâne
00:34:38toute la journée.
00:34:40Ça vous tuerait.
00:34:44Cette petite scène vous a toute défaite.
00:34:46Allez vous bichonnez.
00:35:01Eh bien, vous voyez,
00:35:02je vous ai deux fois rendu, femme.
00:35:05Une fois, comme vous savez,
00:35:06une fois en vous faisant pleurer.
00:35:11Je m'en donnez en main pardon
00:35:12de vous avoir fait pleurer.
00:35:15Je vous pardonne.
00:35:18Oh, j'ai déchiré ma robe.
00:35:26Pendant que j'ai une aiguille,
00:35:28vous n'avez rien à recoudre.
00:35:30Merci, il y a des femmes de chambre pour ça.
00:35:36Enfin, Costal accompagna Solange à la gare.
00:35:41Il pleuvait,
00:35:42mais lui ne s'en apercevait pas.
00:35:44Le départ de Mademoiselle Dandillot
00:35:45avait ensoleillé sa journée.
00:35:47Je penserai à vous.
00:35:48Je vous écrirai souvent
00:35:49et nous tirerons profit de cette expérience.
00:35:51Vous verrez, tout n'est pas dit.
00:35:53Vous croyez toujours que ce mariage
00:35:56doit se faire ?
00:35:57Bien sûr.
00:35:58Tout s'arrangera avec le temps.
00:36:03Quand j'entends un train,
00:36:05je pense toujours
00:36:05il emporte combien d'espoirs déçus,
00:36:09combien de rêves
00:36:09qui ne sont pas réalisés.
00:36:12Une femme ne pensera jamais
00:36:13qu'un train emporte aussi
00:36:14des rêves accomplis
00:36:15et des espoirs comblés.
00:36:16Mettez-vous à notre place.
00:36:17Oh, Dieu m'en garde.
00:36:19La mélancolie est le luxe
00:36:20des âmes pauvres.
00:36:23Vous savez qu'il me tarde
00:36:24déjà de vous retrouver.
00:36:26Vous présenterez mes respects
00:36:27à madame votre mère
00:36:28et bien des choses
00:36:29à monsieur Tomasi.
00:36:30Oh, vous n'avez aucune raison
00:36:31d'être jaloux.
00:36:32Mais je ne suis pas jaloux.
00:36:34Ce n'est pas gentil, ça.
00:36:36Mon Dieu,
00:36:37qu'il est donc difficile
00:36:38d'être gentil.
00:36:47Portez-vous bien.
00:36:51Je vous jure
00:36:51que je vais penser
00:36:52énormément à vous.
00:36:54Harold,
00:36:54vous êtes très belles.
00:36:58Et le lendemain,
00:37:18il était de nouveau lui-même.
00:37:20Il était de nouveau un homme
00:37:22et il était oppressé
00:37:23de sa création
00:37:24qui tapait à l'intérieur
00:37:25de lui pour sortir
00:37:26car sa force était revenue.
00:37:29Et il écrivit neuf jours de suite
00:37:30à raison de douze heures par jour.
00:37:33Et il trempait sa plume
00:37:34dans lui-même
00:37:35et il écrivait avec du sang,
00:37:37de la boue,
00:37:37du sperme et du feu.
00:37:39Et il vidait Solange
00:37:40comme un plat clonçon.
00:37:41Il la pompait
00:37:42et il la dégorgeait
00:37:44dans son roman.
00:37:46Ah, tu as voulu boire,
00:37:48mon âme.
00:37:49Et le soir du neuvième jour,
00:37:50il partit dans les rues
00:37:51et il chassa la femme.
00:37:53Et la chasse fut bonne.
00:37:54Et il l'avait bien mérité.
00:37:57Et il écrivit encore
00:37:58vingt-cinq jours
00:37:59à raison de quatorze heures
00:38:00par jour.
00:38:01Et il chassa deux jours.
00:38:03Et il fut bredouille.
00:38:05Et ensuite,
00:38:05il écrivit encore
00:38:06trente jours.
00:38:07Et il rigola.
00:38:08Et il dit...
00:38:10J'en ai foutu un sacré con.
00:38:14Et ensuite,
00:38:15il écrivit encore
00:38:16vingt-quatre jours.
00:38:17Et ce qu'il écrivit
00:38:18était excellent.
00:38:19Et le matin du vingt-cinquième jour,
00:38:21qui était le 89e de sa création,
00:38:24il en eut assez.
00:38:25Et il revint à Paris.
00:38:26Pourquoi n'avez-vous pas écrit
00:38:38votre article
00:38:39dans les nouvelles littéraires ?
00:38:41Il était annoncé
00:38:42la semaine dernière.
00:38:43Si vous l'écrivez,
00:38:45glissez dedans
00:38:46le mot
00:38:46remords.
00:38:48Et je saurais
00:38:49que vous regrettez
00:38:49votre façon d'agir
00:38:50envers moi.
00:38:51cette lettre
00:38:53étant restée
00:38:54sans réponse,
00:38:54André Agbo
00:38:55vint à Paris
00:38:56pour rencontrer Costal.
00:38:57Qu'est-ce que c'est ?
00:39:25C'est moi.
00:39:26Qu'est-ce que c'est moi ?
00:39:27Dis-moi.
00:39:30André.
00:39:33André,
00:39:33il ne connaît pas.
00:39:34André Agbo.
00:39:36Impossible de vous ouvrir.
00:39:37Je suis rentré hier soir,
00:39:38mais je ne suis pas rasé.
00:39:39Oh, mais qu'est-ce que ça peut faire ?
00:39:40Ouvrez-moi,
00:39:41je vous en prie.
00:39:43Il faut dire
00:39:43pour l'amour de Dieu.
00:39:46Pour l'amour de Dieu.
00:39:49Je vous ouvrirais bien,
00:39:50mais je suis tout nu.
00:39:53Vous refusez
00:39:54de me recevoir ?
00:39:55En ce moment, oui.
00:39:57C'est votre dernier mot ?
00:39:59N'insistez pas.
00:40:01Ça va, ça va.
00:40:03Je vais reprendre mon tringe.
00:40:05Vous n'aurez plus rien
00:40:06à craindre de moi.
00:40:07Mais non, mais non, mais non.
00:40:08Je vous téléphonerai à midi.
00:40:09Oui, bien sûr, oui.
00:40:10Comme d'habitude.
00:40:17Adieu.
00:40:17Sous-titrage Société Radio-Canada
00:40:31Mon petit garçon,
00:40:52L'essentiel,
00:40:54L'essentiel, vois-tu,
00:40:55c'est la hauteur.
00:40:57En elle,
00:40:58je comprends le détachement.
00:41:00Car comment prendre de la hauteur
00:41:02sans se détacher ?
00:41:05Je t'écris des choses bien difficiles
00:41:06pour ton âge,
00:41:07je le sais.
00:41:09Mais quand ce sont les choses
00:41:10difficiles qui comptent,
00:41:12ne dire que des choses faciles.
00:41:14Est-ce vraiment aimé ?
00:41:16Une bonne lettre ?
00:41:18Oui.
00:41:21Oh, la vache !
00:41:23Brunet.
00:41:24Il veut m'envoyer
00:41:25dans un collège en Angleterre.
00:41:28Quelques mois pour votre anglais.
00:41:30C'est très raisonnable.
00:41:33Oh, la vache !
00:41:34Brunet, on ne parle pas ainsi
00:41:35de son père.
00:41:37Avec ça qu'il n'est pas grossier,
00:41:38lui, quelquefois.
00:41:39Mais vous n'avez pas son âge.
00:41:41Ça, c'est un détail.
00:41:46Si je pense que le roman
00:41:49est un genre périmé,
00:41:51non, monsieur Mesquy devrait l'être,
00:41:52c'est l'absence de talent.
00:41:53Oui, et aussi les interviews
00:41:54par téléphone.
00:41:56Au revoir, monsieur.
00:42:02Excusez-moi.
00:42:05Que disions-nous ?
00:42:07Que vous n'aimez pas assez, Solange.
00:42:10Précisément, je ne l'aime pas assez.
00:42:12Ne tournez pas cela contre moi.
00:42:14Que voulez-vous ?
00:42:15Le cœur.
00:42:15Il en faut beaucoup
00:42:17pour aimer assez.
00:42:18L'amour viendra.
00:42:19C'est toujours comme cela.
00:42:20Non, madame,
00:42:21ce n'est pas toujours comme cela.
00:42:22L'amour ne vient pas.
00:42:23Ne le savez-vous pas vous-même ?
00:42:28Je vous demande pardon.
00:42:29Enfin, vous souhaitez pour gendre
00:42:30un individu qui vous avoue
00:42:31qu'il n'aime pas assez votre fille.
00:42:33Croyez que j'apprécie votre franchise ?
00:42:36Mais non, madame,
00:42:37vous pensez comme toutes les femmes
00:42:38qu'il garde donc pour lui sa franchise.
00:42:41Le mariage n'a pas besoin
00:42:42d'amour romantique.
00:42:43Vous aimez suffisamment Solange
00:42:45pour lui apporter ce secours,
00:42:48cette aide dont toute femme a besoin.
00:42:52Je vais vous parler du fond de moi-même.
00:42:55Il y a deux sortes d'hommes.
00:42:58Les créateurs et les autres.
00:43:00Que les autres se marient,
00:43:02qu'ils aient des soucis de ménage,
00:43:03qu'ils aient des enfants
00:43:04pour compenser ce qu'ils n'apportent pas
00:43:05à l'humanité.
00:43:06Soit.
00:43:08Mais pour l'amour de Dieu
00:43:09et pour l'amour des œuvres humaines,
00:43:12qu'on laisse les créateurs tranquilles.
00:43:14Et moi, monsieur,
00:43:15je vais vous dire mon dernier mot.
00:43:17Vous avez votre œuvre.
00:43:18C'est un fait.
00:43:19C'est votre fil à la patte.
00:43:21Moi, j'ai ma fille.
00:43:23Les femmes heureuses
00:43:24aiment bien leurs enfants.
00:43:26Les femmes malheureuses
00:43:27les aiment désespérément.
00:43:29Et maintenant,
00:43:30voyez ce qu'elle est devenue,
00:43:31ma fille,
00:43:32à cause de vous.
00:43:379 octobre,
00:43:3859 kilos 100.
00:43:4023 octobre,
00:43:4156 kilos 300.
00:43:432 novembre,
00:43:4454 kilos 200.
00:43:46Vous savez ce que c'est
00:43:47que ce décalcifié ?
00:43:50C'est une dent
00:43:51qu'elle a perdue.
00:43:53Et elle maigrit.
00:43:54Et elle a un zona.
00:43:56Vous parlez de l'amour,
00:43:57du peu ou du passé.
00:43:58C'est quoi, cela ?
00:44:00Qu'est-ce que c'est ?
00:44:04C'est un pneumatique, monsieur.
00:44:10Excusez-moi.
00:44:17Écoutez ça.
00:44:19Mon cher maître,
00:44:21vous sentez comme nous
00:44:22que l'heure est venue
00:44:23de reconsidérer le monde
00:44:24et de sauver l'homme.
00:44:26Nous proposons un débat
00:44:27sur cette question
00:44:28de première urgence,
00:44:29Dieu et la révolution.
00:44:32Pouvez-vous nous donner
00:44:32votre réponse par retour,
00:44:34trois feuillets maximum,
00:44:36au problème suivant.
00:44:37Qu'est-ce que Dieu aujourd'hui ?
00:44:38Que sera-t-il demain ?
00:44:40Dieu est-il le message
00:44:41permanent de la révolution
00:44:42et inversement ?
00:44:44Sur quoi se fonde
00:44:45votre désespoir
00:44:46et par quel chemin
00:44:47transcendez-vous l'espérance ?
00:44:49Dans l'attente de votre réponse
00:44:50avant 21h,
00:44:51nous vous pourrions agréer,
00:44:52etc., etc., etc.
00:44:53Je vous avoue
00:44:54que je n'y comprends pas grand-chose.
00:44:56Mais, chère madame,
00:44:56il n'y a rien à comprendre.
00:44:57Ce sont peut-être des lycéens.
00:44:59Oh, non !
00:45:01Mais il y a certains milieux
00:45:01de pensée à Paris
00:45:02où l'on n'est pas précoce.
00:45:04Où en étions-nous ?
00:45:06Ah, oui.
00:45:07Le poids, le zonin
00:45:08et la décalcification.
00:45:10Eh bien, c'est entendu,
00:45:11j'épouse votre fille,
00:45:12chère madame.
00:45:13Vous venez de changer d'avis
00:45:14encore une fois.
00:45:15J'avais des raisons solides
00:45:17de dire non.
00:45:18Mais que Solange soit malade,
00:45:19c'est une raison solide
00:45:20de dire oui.
00:45:22J'ai des problèmes sérieux,
00:45:24cette petite.
00:45:24Ce n'est pas comme ces andouilles
00:45:25qui reconsidèrent l'univers.
00:45:27Je me moque des souffrances morales,
00:45:28pas des souffrances physiques.
00:45:30J'épouse, chère madame.
00:45:31Je téléphonerai demain matin
00:45:32à mon notaire
00:45:32pour qu'il se mette
00:45:33en rapport avec le vôtre.
00:45:34Voilà.
00:45:35Pardon.
00:45:42Vous êtes quand même un chique-tip.
00:45:45Je vous souhaite une bonne soirée.
00:45:53Je me la souhaite aussi.
00:45:59Eh bien, je fais mon devoir.
00:46:02La conscience du devoir accompli
00:46:03me rend toujours triste.
00:46:07Mon pauvre chou,
00:46:08qu'êtes-vous devenu ?
00:46:10Mais à présent,
00:46:11nous allons vous voir grossir.
00:46:13Une vraie fiancée d'Arabie
00:46:14qu'on en graisse comme de la volaille.
00:46:17Alors,
00:46:19êtes-vous contente ?
00:46:21Vous permettez que je remette mon manteau ?
00:46:24Pourquoi ? Vous avez froid.
00:46:26Il ne fait pas très chaud chez vous.
00:46:27Mais j'y ai travaillé
00:46:28de deux à sept immobiles
00:46:29sans avoir froid.
00:46:31Je ne suis pas en très bonne santé,
00:46:32mon ami.
00:46:34Vous m'excusez.
00:46:35Tandis que vous,
00:46:39superbe,
00:46:41toute l'Italie sur votre visage.
00:46:45Cette périlleuse navigation
00:46:47que nous entreprenons ensemble,
00:46:50tout le long de la vie,
00:46:51sans sombrer.
00:46:52J'aurais voulu vous convaincre
00:46:55que ce n'est pas si terrible.
00:46:57Je vous demande
00:46:57votre parole profonde
00:46:58de ne jamais me faire de tort.
00:47:00Je vous l'ai déjà donné,
00:47:01mon ami.
00:47:03Laissons ce sujet.
00:47:04Vous avez raison.
00:47:05Occupons-nous des sujets de plaisir.
00:47:07Mon zona n'est pas fini.
00:47:10Ça vous ennuierait
00:47:11plutôt qu'on aille quelque part ?
00:47:13L'éternel cinéma.
00:47:19Pourquoi pas.
00:47:26Ah.
00:47:27Demain, ma mère vous attend
00:47:28pour le déjeuner.
00:47:31C'est alors qu'il se sentit
00:47:32tout à fait piégé.
00:47:35À votre bonheur.
00:47:43Il faut que tu manges,
00:47:48que tu reprennes des forces.
00:47:52Les femmes disent toujours
00:47:54qu'elles donnent
00:47:55et elles ne font qu'engloutir.
00:48:04Et qu'est-ce qu'en pensera Brunet ?
00:48:08Mon Dieu, qu'est-ce qu'en pensera Brunet ?
00:48:10Sortez-vous cet après-midi ?
00:48:19Que faisons-nous ?
00:48:21Voulez-vous venir voir
00:48:21mon album de sculpture égyptienne ?
00:48:23Oh, Solange adore
00:48:24la sculpture égyptienne.
00:48:26Je crois qu'elle s'en moque,
00:48:27mais il faut bien faire quelque chose.
00:48:28Oh, mon Dieu, qu'il est drôle.
00:48:30Je vous laisse.
00:48:38Et voilà.
00:48:40Oh, société.
00:48:43Que de choses il faut faire
00:48:44pour mériter tes louanges.
00:48:51Voulez-vous voir toute la famille ?
00:48:53Avec plaisir.
00:48:54Ma grand-mère paternelle.
00:49:05La mère de ma mère.
00:49:09À mesure qu'il feuilletait,
00:49:12un calme étrange montait en lui.
00:49:16Un calme vraiment mystérieux.
00:49:19Qui est-ce ?
00:49:21Un petit cousin à moi.
00:49:26On dit qu'il me ressemble
00:49:27quand j'avais son âge.
00:49:30Vous ne trouvez pas ?
00:49:31Franchement, non.
00:49:34Non ?
00:49:34Oh, non.
00:49:36Il y a un petit terresquilleur
00:49:37qui ne me plaît pas du tout.
00:49:38Alors, ce fut la paix.
00:49:44La grande paix.
00:49:47Comme un bateau qui rentre au port
00:49:49après une mer démontée.
00:49:50Pourquoi fais-tu cette tête ?
00:49:58Solange, tu vas chez lui ?
00:49:59Venez chez moi à cinq heures
00:50:08et soyez courageuse, ma petite.
00:50:11J'ai à vous apprendre une nouvelle
00:50:12pas agréable du tout pour vous.
00:50:14Qu'est-ce que ça veut dire ?
00:50:16Mes téléphones !
00:50:17Il ne répond pas.
00:50:19Mais qu'est-ce qu'il veut te dire ?
00:50:20Tu ne t'en doutes pas ?
00:50:22Oh, ce n'est pas possible.
00:50:23Tout de même, non, ce n'est pas possible.
00:50:24Il est un peu fou,
00:50:25mais il y a des limites.
00:50:27On voit, maman.
00:50:29Je ne vivrai pas en t'attendant.
00:50:31J'ai beau faire,
00:50:45je ne peux pas arriver à vous en vouloir.
00:50:48Je ne peux rien contre mon amour pour vous.
00:50:51Moi non plus, je ne vous en veux pas.
00:50:53Il ne manquerait plus que ça.
00:50:58Le pouvoir que vous m'a donné sur vous,
00:50:59je l'aurais pu en user plus mal.
00:51:01Et puis après tout,
00:51:02je vous ai appris à vivre.
00:51:04Pensez que ça aurait pu être réussi.
00:51:08Qu'on n'a pas essayé.
00:51:11Qu'on a souffert pour rien.
00:51:13Vous n'avez pas souffert pour rien.
00:51:14Un homme peut souffrir pour rien,
00:51:16pas une femme.
00:51:17Les femmes ont besoin de souffrir.
00:51:20Et puis, et puis,
00:51:20votre désespoir, c'est quoi ?
00:51:21Vous avez perdu un homme.
00:51:22La guerre en a tué 8 millions.
00:51:24Votre mère pourrait être morte.
00:51:25Moi, vous ne me connaissiez pas
00:51:26il y a 8 mois.
00:51:27Je ne passe assez de peine comme ça.
00:51:29Vous voulez m'en faire davantage
00:51:30avec l'amour de maman.
00:51:31Que voulez-vous que je fasse pour vous ?
00:51:38Voulez-vous qu'on continue comme avant ?
00:51:40Ah non.
00:51:41Non.
00:51:42Par votre maîtresse seulement.
00:51:43Voulez-vous que je vous cherche à marier ?
00:51:48Taisez-vous.
00:51:50Il y aura des années avant que je me marie.
00:51:54Vous ne savez pas ce que c'est
00:51:55que de rencontrer un homme intelligent ?
00:51:58Maintenant,
00:51:59de qui pourrais-je me contenter ?
00:52:02où retrouverais-je quelqu'un qui me comprenne ?
00:52:05Quelqu'un qui me comprenne ?
00:52:09J'imagine Aristote ou Einstein
00:52:14posant cette question,
00:52:15mais une demoiselle d'Andyou.
00:52:18Mon Dieu.
00:52:20Qu'avait-il à comprendre ?
00:52:22Êtes-vous si différente des autres ?
00:52:24Vous le savez bien.
00:52:25L'important n'est pas d'être différent des autres,
00:52:28mais d'être différent de soi.
00:52:29Et vous, vous êtes toujours semblable à vous-même.
00:52:32Ah là, ah là, ah là, ah là.
00:52:35Soyez-donc un peu intelligente.
00:52:37Comme un petit chat qui pousse la porte pour sortir.
00:52:41Sachez sortir.
00:52:42Et puis pour vous,
00:52:45il ne s'agit plus d'aimer,
00:52:45il s'agit d'épouser.
00:52:47On pourrait tromper votre mari ?
00:52:49Hein ?
00:52:50Ce n'est pas mon genre.
00:52:53Vous me désolez.
00:53:06Tenez, j'avais dit que la bague de fiançailles,
00:53:08je la donnerais pour le divorce.
00:53:09Laissez-moi vous l'offrir.
00:53:10Le diamant est un solitaire,
00:53:12symbole de ma destinée.
00:53:14Je ne vais quand même pas accepter
00:53:15une bague de vous maintenant.
00:53:17Vous n'en voulez pas ?
00:53:19Je vous en prie.
00:53:33Pas comme cadeau, alors.
00:53:36Comme un souvenir.
00:53:37Bien entendu, bien entendu.
00:53:39je n'en ai pas du tout un cadeau.
00:53:43Il est regrettable que la monture soit démodée.
00:53:50Elle a appartenu à ma mère.
00:53:53Je vous ferai faire une monture à la mode.
00:53:57Vous dire à votre futur que c'est une bague de votre grand-mère
00:53:59offerte par Napoléon III.
00:54:00Prévenez votre maman qu'elle ne vous trahisse pas.
00:54:02Trahir, c'est plutôt votre affaire à vous.
00:54:08Vous aimez à vous croire exceptionnel.
00:54:10C'est pour le coup que vous seriez exceptionnel si un homme ne vous avait pas trahi.
00:54:14Est-ce qu'encore une fois, vous voudriez vous déshabiller ?
00:54:16Non.
00:54:18Laissez-moi.
00:54:19Laissez-moi.
00:54:22Je ne veux pas vous perdre.
00:54:23apaiser mes scrupules, cher maman.
00:54:32Selon vous, dois-je continuer à rencontrer Solange ?
00:54:34Oh, monsieur, ceci est une affaire terminée.
00:54:37Il avait souhaité cette réponse.
00:54:40Il irait au Maroc retrouver une petite amie.
00:54:43Non seulement j'ai toujours su fuir, mais j'ai toujours fui à temps.
00:54:56Bonjour.
00:55:07Merci, Louis.
00:55:08Au voyage, monsieur.
00:55:09Au voyage, monsieur.
00:55:09Il quitte à Paris sans avoir revu Solange.
00:55:14Et il se retrouva dans le sud marocain avec la jeune Radija.
00:55:26Je fais 4000 kilomètres pour te revoir.
00:55:29C'est beaucoup.
00:55:31Oui.
00:55:33Je t'aime beaucoup.
00:55:35Oui.
00:55:35Et toi, tu n'as rien à me dire ?
00:55:40Non.
00:55:43Tu m'as beaucoup trompé ?
00:55:45Oui.
00:55:49Tu es contente que je sois là ?
00:55:51Oui.
00:55:54Tu sais pourquoi je t'aime ?
00:55:55Parce qu'on se plaît.
00:55:56Et ça vire depuis 4 ans.
00:56:04Tu es comme une pierre.
00:56:07Sauf quand tu fais l'amour.
00:56:09J'aime les jolies pierres.
00:56:11Tu comprends ce que je dis ?
00:56:12Tu as envie ?
00:56:17Et toi ?
00:56:18Oui.
00:56:22Tu es enrhumée ?
00:56:24Oui.
00:56:30Tu sais une donnée ?
00:56:34Viens.
00:56:39Ces mains de bronze pâle, si pure.
00:56:58Il y a une drôle de tâche là.
00:57:00C'est El J'dem.
00:57:04Qu'est-ce que c'est ?
00:57:05El J'dem.
00:57:07J'ai vu le docteur quand il est passé.
00:57:10Il m'a donné un papier.
00:57:12Ah.
00:57:17Ça, c'est un arabe qui me l'a donné.
00:57:20Tu m'as dit que tu ne croyais pas en Dieu.
00:57:22Il me l'a donné.
00:57:24Et ça, c'est le docteur.
00:57:25Oui.
00:57:25Non, Radija Ben Ali.
00:57:29Âge, environ 18.
00:57:33Maladie, choriza sanglant, macule à pouce droit, lèpre.
00:57:41Mais c'est une maladie très grave.
00:57:43Tu ne me le disais pas.
00:57:44Le docteur a dit qu'il m'apporterait des piqûres la prochaine fois.
00:57:47Mais tu es là comme si de rien n'était.
00:57:52Il ne t'a pas dû prendre des précautions.
00:57:54De ne pas manger avec mes parents.
00:57:57Et que te disent tes parents ?
00:57:59Rien.
00:58:02Mais tu as eu des contacts avec les lèpreux ?
00:58:04Mon oncle.
00:58:06Il vivait à la maison.
00:58:08Mais il est mort il y a trois ans.
00:58:11Il vivait avec vous ?
00:58:12Oui.
00:58:14Qu'est-ce qu'il faisait pour ça ?
00:58:16Deux fois, il allait à la mosquée, à Marrakech.
00:58:24Écoute, quand j'irai à Marrakech, je n'irai pas à la mosquée.
00:58:27J'irai à l'hôpital.
00:58:29Voir des médecins.
00:58:31Pour toi.
00:58:32Je ne veux pas.
00:58:33S'ils savent que vous me connaissez, ils le disent à mon père.
00:58:36Mais ils ignorent ton père.
00:58:37Non.
00:58:38Non.
00:58:40Bon, rassure-toi, je n'irai pas.
00:58:41Bon.
00:58:46Tu ne te déshabilles pas ?
00:58:48Bien sûr que si.
00:58:53Il était sous le drap comme dans une mare où nage un serpent.
00:59:12Mais son cœur qui battait fort, s'apaisa bientôt.
00:59:17Et il buvait cette bouche.
00:59:20Toute capitonnée d'un rose surnaturel.
00:59:23Et qu'il imaginait bientôt perforé par la lèpre.
00:59:27Et il était aspiré par le désir et la bravoure.
00:59:30Comme un fleuve est aspiré par la mer.
00:59:32On dirait que ça fait longtemps que tu n'as pas fait ça.
00:59:42Oui.
00:59:43Longtemps.
00:59:46Je reviens demain ?
00:59:49Bien sûr.
01:00:02Il eut du contentement, comme si dans tout cela, il avait fait une bonne action.
01:00:12Et cependant, sa destinée était sur les genoux des dieux.
01:00:32Notre-Pierre Costal, l'écrivain.
01:00:37Oui, docteur.
01:00:39Alors, asseyez-vous.
01:00:41Merci, docteur, c'est déjà fait.
01:00:42Ah oui.
01:00:44Excusez-moi, mais ici, à Marrakech, je n'ai pas une minute pour lire.
01:00:47Je dois vous avouer que je ne connais pas vos livres.
01:00:52C'est aussi bien comme ça.
01:00:53Mais un de vos amis m'a longuement parlé de vous.
01:00:56Alors, je crains le pire.
01:00:57M. Richard, professeur au lycée de Rabat.
01:01:01En fait, je me souviens d'avoir lu un article de vous très...
01:01:05très piquant.
01:01:08Vous preniez la défense de la Tour Eiffel.
01:01:10Je n'ai jamais rien écrit de pareil.
01:01:12Ah, vous, non, pardon.
01:01:13Je me souviens parfaitement.
01:01:15Je vais peut-être parler incidemment de la Tour Eiffel,
01:01:16mais je n'ai jamais consacré un article à ce sujet en peau de lapin.
01:01:19Je vais m'occuper de votre amoresque.
01:01:22Ici, dans tout le Maroc, la maladie de Anseine est en pleine extension.
01:01:25La maladie de Anseine, c'est la lèpre en termes consolants ?
01:01:29Exact.
01:01:31Mais il ne faut pas vous en faire une idée du Moyen-Âge.
01:01:33À Paris, il y a 300 lépreux, dont 20 seulement sont à l'hôpital.
01:01:38Voyons le pire.
01:01:40Si je suis pincé, quels sont les premiers symptômes ?
01:01:43Vous les connaissez ?
01:01:43Mal.
01:01:44Quelque chose comme un gros rhume,
01:01:47des macules sur le visage ou les membres,
01:01:49les extrémités insensibles.
01:01:51Mais il n'y a aucune chance que le bacille vous ait sauté dessus.
01:01:53Je le saurais quand ?
01:01:55Dans quatre mois ou quatre ans.
01:01:58C'est tout ce que je peux vous dire.
01:02:03Est-ce que je peux prendre des soins préventifs ?
01:02:05Non.
01:02:06Mais évitez tout de même cette jeune personne.
01:02:08Il ne faut pas jouer avec les muqueuses.
01:02:12Vous voulez visiter le Lazaret ?
01:02:14Non, merci.
01:02:15Le pittoresque ne m'intéresse pas.
01:02:16Mais pourriez-vous me prêter un livre spécialisé ?
01:02:18Avec plaisir.
01:02:21Tout plaisir sera pour moi.
01:02:26Tenez.
01:02:27Merci, docteur.
01:02:31Diable.
01:02:33Ce n'est pas beau.
01:02:35Dame.
01:02:35Vous restez longtemps au Maroc ?
01:02:47Je ne sais pas, je verrai.
01:02:49Je vais peut-être aller à la chasse.
01:02:50Très bien.
01:02:51Au revoir, cher monsieur.
01:02:52Au revoir.
01:02:52Au revoir.
01:02:52Je m'ennuie en Angleterre.
01:03:19Je ne comprends rien à l'anglais et je n'arriverai jamais à comprendre.
01:03:23Je n'ose pas prononcer de mots.
01:03:26Je n'ai même pas de copains.
01:03:28Je ne te dis pas ce qu'on mange, ça ne te coûte pas l'appétit.
01:03:33C'est parce qu'il n'arrive pas à apprendre l'anglais qu'il a si mauvaise mine.
01:03:38Quand j'étais petite et qu'on était chacun de son côté,
01:03:41je ne pensais à toi que lorsque je t'écrivais et quelques fois le soir dans mon lit.
01:03:46Mais maintenant, je voudrais tant te revoir.
01:03:53Mon Dieu, que va-t-il devenir s'il n'y a plus personne pour l'aimer ?
01:03:58Un homme va mourir.
01:04:03Et toute la fermeté qu'il montre devant la mort,
01:04:06s'il aime quelqu'un, toute sa fermeté tombe en morceaux.
01:04:11Il est horrible d'aimer.
01:04:13Je viens de lire votre conte dans Candide.
01:04:25Ainsi, vous avez utilisé ma dernière lettre.
01:04:29Eh bien, je suis heureuse de me retrouver dans vos écrits
01:04:33et de penser que pour créer, vous avez besoin de vivre avec moi.
01:04:38Cela me rend plus femme.
01:04:39Je suis si heureuse que je viens de chanter toute seule une valse lente d'avant-guerre,
01:04:46Amoureuse.
01:04:49Amoureuse, n'est-ce pas ce que j'ai voulu ?
01:04:52Avoir une place unique dans votre cœur.
01:04:54Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Amoureuse, Am
01:05:24la tête avec la mort. J'y penserai quand j'aurai le nez dessus, huit heures avant de me tirer une balle dans la bouche.
01:05:39Pas d'autres taches sur le corps ? Non, c'est ce que j'ai pu voir.
01:05:46Vous ne mouchez pas plus que d'habitude ? Non.
01:05:49Pas de fourmillement au bout des doigts ? Je ne crois pas.
01:05:57Docteur ? Excusez-moi. Qu'est-ce que c'est ? Eh bien, je vais venir.
01:06:03C'est que vous êtes bien gentil, mais vous n'aviez pas rendez-vous. Je ne voudrais pas vous faire attendre.
01:06:08Seulement, je ne peux pas vous examiner sérieusement avant une heure. Vous n'avez pas d'autres courses à faire dans Marrakech ?
01:06:14Non, pas spécialement. C'est toujours agréable de se promener dans Marrakech. Moi, je ne m'en lasse pas.
01:06:22Évidemment, c'est un autre genre que la tour Eiffel.
01:06:27Tout à l'heure, docteur. Tout à l'heure, cher monsieur.
01:06:30Il me rendra fou avec sa tour Eiffel.
01:06:32C'est toi, Solange ?
01:06:57Oui.
01:06:59Tu ne dors pas ?
01:07:01Mais tu le vois bien.
01:07:04Je me suis réveillée et j'ai cru que tu étais partie.
01:07:07Partie ?
01:07:08Oui, que tu t'étais élevée, habillée, que tu étais partie avec ta valise.
01:07:14Mais est-ce que tu ne deviens pas un peu folle ?
01:07:18Je crois que si.
01:07:19Pourquoi allumes-tu ?
01:07:25Mais enfin !
01:07:29Oui, c'est bien toi.
01:07:34À présent, je suis rassurée.
01:07:38Tu es ma fille unique, tu sais.
01:07:40Mais oui.
01:07:43Tu me fais une petite place.
01:07:45Mais tu sais bien que je n'ai déjà pas assez de chaleur pour moi.
01:07:47Ce n'est pas pour avoir chaud, c'est pour être près de toi.
01:07:55Il y a longtemps que tu es réveillée ?
01:07:58Je ne sais plus.
01:08:00Je me suis réveillée une fois à minuit et quart, une fois à deux heures et...
01:08:05Et maintenant ?
01:08:07Moi, exactement pareil.
01:08:10Tu n'as pas mal quelque part.
01:08:11Mais ne t'inquiète pas toujours comme ça.
01:08:13Ton père disait, ça ferait un monde de poules mouillées si on imaginait toujours le pire pour ce qu'on aime.
01:08:23Moi, je crois que quelqu'un qui aime une autre personne, si un jour il n'imagine plus qu'elle est en train de se faire écraser,
01:08:31eh bien, c'est simplement qu'il l'aime moins.
01:08:33Si la vie, ça pouvait être ça.
01:08:47Étendue auprès de toi, sans bouger.
01:08:49Tu sais, je suis passée chez Janine, la couturière.
01:08:57C'est drôle, mais à mesure que je prends de l'âge, je ne sais plus choisir.
01:09:04Autrefois, j'étais bien avec rien.
01:09:06Ou presque.
01:09:07Je voudrais donner ma vie pour toi.
01:09:14À quoi cela avancerait-il ?
01:09:17Je pensais que ce cochon est à chasser les zizards dans l'atlas.
01:09:21Pourquoi cochon, maintenant ?
01:09:23Avant, tu disais que c'était un chameau sympathique.
01:09:27C'était beaucoup mieux.
01:09:28Je l'appelle un cochon parce qu'il fait souffrir ma petite fille.
01:09:31Oh, je t'en prie.
01:09:33Ne parlons plus de ça.
01:09:34Ne parlons plus de ça.
01:09:37Je me rappelle du jour de ton baptême.
01:09:44Il faisait la fête en bas.
01:09:46Moi, j'étais toute seule dans ma chambre.
01:09:50On m'avait oubliée.
01:09:52J'ai pleuré.
01:09:54Ils ne m'ont même pas fait monter un verre de granadine.
01:09:58Alors, j'ai envoyé chercher dehors une bouteille de champagne
01:10:01pour ne rien demander à ton père.
01:10:03Quand il est monté, il m'a trouvé en larmes.
01:10:09Il m'a dit que vous êtes bêtes.
01:10:12On croyait que vous dormiez.
01:10:15Ta grand-mère n'avait pas voulu se déplacer à cause de la neige.
01:10:20Toujours une raison.
01:10:23Quand ta tante, Charlotte est arrivée.
01:10:24Tu te as?
01:10:38Mon Dieu, faites que ma vie se sorte de là.
01:10:42Comme la nuit est grande sur le monde
01:10:50et comme la terre est silencieuse
01:10:53quand on regarde dormir ce qu'on aime.
01:10:56Cependant, Costal écrivait à Solange
01:11:10des lettres vagues et rassurantes.
01:11:14Il ne pouvait se résoudre à cesser d'exister
01:11:16pour Mademoiselle Dandillot
01:11:17bien qu'elle n'exista plus pour lui.
01:11:21Solange ne croyait plus à ce mariage.
01:11:23Les désirs non exaucés se résorment.
01:11:27Mais elle avait gardé pour Costal du sentiment.
01:11:30Et elle avait commencé à tenir un journal.
01:11:33Ce qui est le signe de la vie intérieure
01:11:35chez les demoiselles.
01:11:48Alors, vous êtes forcé de rester au Maroc?
01:11:51Nullement.
01:11:51Rentre à Paris.
01:11:52Ce n'est pas la peine de rien commencer ici.
01:11:54Et puis, ils sont mis au tillet pour la recherche.
01:11:58Alors, franchement, je ne peux pas poser de diagnostic.
01:12:02Ah bon?
01:12:03À mon avis, je n'avais aucun symptôme.
01:12:06Il y a...
01:12:07Il y a bien sûr...
01:12:09cette tâche.
01:12:11Ça peut être du liquide ou autre chose.
01:12:14Ici, c'est le paradis des maladies de peau.
01:12:15Docteur, regardez.
01:12:19C'est impeccable.
01:12:21Parfait.
01:12:22Tenez, voyez.
01:12:24Qu'est-ce que c'est?
01:12:25Un cancer de l'estomac.
01:12:26Le type est foutu.
01:12:31Totalement.
01:12:32Mais en vrai que c'est une belle image.
01:12:35Oui, c'est une belle image.
01:12:38C'est beau la médecine.
01:12:40Sauver.
01:12:42Mais sauver quoi?
01:12:44Quand les hommes sont malades,
01:12:45leurs bêtises et leurs vacheries perdent leur virulence.
01:12:48Mais une fois guéris,
01:12:49qu'est-ce qu'ils en font de la vie que vous leur rendez?
01:12:51Quand vous la leur rendez.
01:12:54Si on se disait ça.
01:12:56Mais on se pique aux yeux.
01:12:58Docteur, je peux compter sur vous?
01:12:59Pour?
01:13:01Ma petite mauresque d'amblée de Radija.
01:13:03Je ferai ce que je pourrai.
01:13:06Je serais très heureux si vous pouviez accepter ceci pour l'hôpital.
01:13:09Merci.
01:13:11Vous êtes très gentil.
01:13:16Deux fois, il m'a dit que j'étais gentil.
01:13:18C'est parce que je suis foutu.
01:13:48Au revoir.
01:14:31Allo Solange, c'est moi.
01:15:31Allo Solange, c'est moi.
01:16:31Allo Solange, c'est moi.
01:16:34Moi, je vous trouve changé.
01:16:36J'ai l'impression que maintenant, si je vous proposais de venir chez moi de temps en temps, vous accepteriez.
01:16:41Je pourrais être votre secrétaire ?
01:16:47Où sont ces lettres ?
01:16:49Même mariés ?
01:16:53Il le faut bien.
01:16:56Pourquoi il le faut bien ?
01:16:57Puisque je vous aime.
01:17:01Mais vous n'avez jamais voulu comprendre que je vous aimais.
01:17:04C'est vrai.
01:17:05C'est vrai.
01:17:06Peut-être parce qu'une femme qui m'aime, ce n'est pas la solution à laquelle je tienne.
01:17:10Mais je suis touché que vous m'aimiez.
01:17:13Après tout ce que je vous ai fait.
01:17:19Solange,
01:17:20voulez-vous monter dans ma chambre ?
01:17:23Non, j'ai seulement à vous parler.
01:17:24Asseyez-vous.
01:17:37Solange,
01:17:37je suis presque sûr d'avoir tapé au Maroc une maladie grave.
01:17:41Moins contagieuse qu'on ne le croit,
01:17:42mais tout de même.
01:17:45Je crois deviner.
01:17:48Non, ce n'est pas ce que vous pensez.
01:17:49Mettez votre main, comme je fais,
01:17:57sur la manche.
01:18:01Ne vous effrayez pas.
01:18:04Savez-vous ce que c'est que la maladie de Hansen ?
01:18:06Non.
01:18:09C'est la lèpre.
01:18:11Vous n'avez pas ?
01:18:15Si.
01:18:16Très probablement.
01:18:18Ce n'est pas possible.
01:18:19Ah.
01:18:22Nous pourrons continuer à nous voir quelque temps,
01:18:25à condition que nous ne nous touchions pas.
01:18:28Je peux vivre une dizaine d'années, très bien.
01:18:32Ou presque.
01:18:35Ensuite,
01:18:38mais ensuite, ça ne se pose pas,
01:18:40puisque je me tuerai.
01:18:45Comment avez-vous attrapé ça ?
01:18:47Avec une femme.
01:18:49De passage.
01:18:52Non.
01:18:54Elle était ma maîtresse depuis...
01:18:55quatre ans.
01:18:57Une indigène.
01:19:03Si je vous épouvante,
01:19:04vous pouvez vous en aller.
01:19:06Je comprendrai ça très bien.
01:19:07Pourquoi serais-je épouvantée ?
01:19:09S'il y avait du danger pour moi,
01:19:13vous ne m'auriez pas fait venir, j'imagine.
01:19:15En effet.
01:19:18Mais je ne peux pas y croire.
01:19:21On vous a fait toutes les analyses ?
01:19:22Non, je suis venu ici pour me les faire faire.
01:19:25Alors rien n'est sûr.
01:19:28Non.
01:19:29Mais vous vous êtes peut-être monté la tête.
01:19:31Dès qu'un homme a un tout petit truc de travers,
01:19:33il s'imagine mourant.
01:19:37Votre mère disait ça aussi.
01:19:39Mais votre père est mort.
01:19:42Je ne peux pas y croire.
01:19:45Je n'y crois qu'à demi.
01:19:46Il me semble que si c'était vrai,
01:19:51je le sentirais.
01:19:54Selon, il me reste quelque chose à vous demander.
01:19:59À un homme sain,
01:20:00que vous ne m'avez pas,
01:20:03préféreriez-vous un homme
01:20:04perdu,
01:20:06que vous aimez ?
01:20:07Oui.
01:20:12Bien sûr.
01:20:16Voulez-vous vous attendre sur le lit ?
01:20:25Je ne vous embrasserai pas sur la peau.
01:20:27Et je vais mettre mes gants.
01:20:30Et pourquoi des gants ?
01:20:32Vous n'avez rien aux mains.
01:20:41Elle fait du sublime.
01:20:44Parce qu'elle ne me croit qu'à moitié.
01:20:47Et puis quoi ?
01:20:48Plein de santé,
01:20:49je renaclais au mariage.
01:20:51Ce serait une lâcheté d'épouser maintenant
01:20:53une infirmière.
01:20:57J'ai eu tort de l'appeler.
01:21:00C'est qu'on est en dessous de soi
01:21:01quand on est fatigué.
01:21:05Vous êtes sûr ?
01:21:07Je vous le répète,
01:21:08vous n'avez rien.
01:21:09Absolument rien.
01:21:11Toutes les analyses sont formées.
01:21:12Et vous savez ce que prouvent
01:21:15toutes ces analyses ?
01:21:16Que vous êtes solide
01:21:18comme un buffle, cher ami.
01:21:19Je me suis toujours senti un peu buffle.
01:21:22Un peu serpent aussi, d'ailleurs.
01:21:24La subtilité d'un serpent
01:21:25et la force d'un buffle,
01:21:28avec ça, on va loin.
01:21:30J'y compte bien.
01:21:32Merci, docteur.
01:21:34Au revoir, cher ami.
01:21:35Au revoir.
01:21:35Et il se promit la force et l'audace
01:21:40de songer sans cesse à son bonheur.
01:21:42Il se jura la force et l'audace
01:21:43de se rappeler sans cesse
01:21:44qu'on doit être heureux.
01:21:46Et il rentra dans Paris
01:21:47qui est sale et odorant
01:21:48comme des draps après une nuit à deux.
01:21:50Et il roula dans ce fumier
01:21:52qui est plein de perles.
01:21:54Et il plongea dans cette jongle.
01:21:55Et il rentra dans sa vie
01:21:57qui était de dévorer des proies toutes fraîches.
01:21:59Et la force de la vie
01:22:00et la rage de prendre
01:22:01et la passion de créer
01:22:02le rendaient invincible.
01:22:03Et déjà, il songeait
01:22:05à la pointe lumineuse
01:22:06du lendemain matin.
01:22:07Morte la bête
01:22:08et mort le venin.
01:22:15Louis !
01:22:18Laissez sonner !
01:22:21C'est sûrement mon zèle d'Andillo !
01:22:25Oh, mon Dieu !
01:22:27Moi, je décroche,
01:22:28puis elle s'accroche.
01:22:30Quelle colle, cette fille !
01:22:33Depuis un mois,
01:22:34Solange le poursuivait.
01:22:37Costal, délivré de la lèpre
01:22:39et guéri du mariage,
01:22:42trouvait que les femmes
01:22:43changent beaucoup
01:22:44quand on n'en veut plus.
01:22:46Et il voyait,
01:22:47horrible métamorphose,
01:22:49Solange d'Andillo
01:22:49devenir une Andrée Agbo.
01:22:51Monsieur Costal est là ?
01:22:52Non, mademoiselle.
01:22:54Enfin, Louis.
01:22:55Désolée, mademoiselle.
01:22:56Écoutez, mademoiselle d'Andillo,
01:23:04je vous aurai grande obligation
01:23:05de ne pas me téléphoner
01:23:06tous les jours.
01:23:09Oui, vous me dérangez, oui.
01:23:14Écoutez,
01:23:15convenons de nous voir
01:23:15une fois par mois.
01:23:17Eh bien, nous nous sommes rencontrés
01:23:18il y a huit jours,
01:23:19téléphoner-moi dans trois semaines.
01:23:21C'est ça.
01:23:22Merci, au revoir.
01:23:23Qui est-ce ?
01:23:26Personne.
01:23:27Mais encore ?
01:23:29On dit que la mémoire
01:23:30est une muse,
01:23:30alors l'oubli est une fée.
01:23:34Et il retournait aussitôt lever,
01:23:36travailler dans le bois,
01:23:37avec l'assentiment des petits oiseaux
01:23:39qui ne chantent que pour eux seuls.
01:23:41Et il écrivait très bien.
01:23:43Et il était heureux,
01:23:45à condition toutefois
01:23:46d'éviter les endroits
01:23:47où il s'était embêté
01:23:48avec les boiselles.
01:23:50Qu'une vie est heureuse
01:23:52quand elle commence
01:23:52par l'ambition
01:23:53et finit par n'avoir
01:23:54plus d'autres rêves
01:23:56que donner du pain au canard.
01:24:01Nous aimons les animaux
01:24:02parce que les animaux
01:24:04ne mentent pas.
01:24:08Depuis des mois,
01:24:10vous ne m'avez donné
01:24:11signe de vie.
01:24:14Et vous avez aujourd'hui
01:24:15la bonne grâce
01:24:15de m'informer
01:24:16que mes lettres sont chez vous,
01:24:18non des cachetés.
01:24:19vous pensez me faire de la peine.
01:24:24Ah, vous vous leurrez, Costal.
01:24:26Je ne vous aimais pas.
01:24:28J'aimais rêver ma vie.
01:24:31Adieu, monsieur.
01:24:33Les choses s'en vont
01:24:34que l'on croyait aimer.
01:24:37Elles s'en vont d'un seul coup.
01:24:38J'ai fait tout ce que j'ai pu
01:24:41pour la beauté
01:24:42de mon destin
01:24:43à cause de vous,
01:24:45sans vous,
01:24:46malgré vous.
01:24:49J'aurais été une femme
01:24:50tout de même.
01:24:53Et vous,
01:24:54vous êtes inhumains.
01:24:58Adieu.
01:24:58Cette lettre a été classée
01:25:02l'enveloppe non ouverte.
01:25:03Toutefois,
01:25:04le timbre n'ayant pas été oblitéré
01:25:06a été détaché
01:25:07par monsieur Costal.
01:25:09Ce fut d'ailleurs
01:25:09la dernière lettre
01:25:10de mademoiselle Aquebaud.
01:25:12Tout est bien
01:25:12qui finit bien.
01:25:21Monsieur Lachard,
01:25:22chevalier de la Légion d'honneur
01:25:23et madame Charles d'Andiot
01:25:25ont l'honneur
01:25:26de vous faire part
01:25:26du mariage
01:25:27de mademoiselle Solange d'Andiot,
01:25:29leurs petites filles et filles,
01:25:31avec monsieur Gaston Pégorier,
01:25:33attaché d'ambassade.
01:25:35Il vous prie
01:25:35d'assister
01:25:36à la bénédiction nuptiale
01:25:37ainsi qu'à la réception
01:25:39qui suivra la cérémonie.
01:25:41Monsieur Pierre Costal
01:25:42adresse à madame
01:25:43et à mademoiselle d'Andiot
01:25:44ses plus vives félicitations
01:25:45et ses voeux de bonheur.
01:25:47Il regrette
01:25:48de ne pouvoir assister
01:25:49à la cérémonie
01:25:50étant absent de Paris
01:25:51ce jour-là.
01:25:54Sachez que malgré tout,
01:25:56vous m'avez fait vivre
01:25:57pendant une année.
01:25:59Vous m'avez donné
01:26:00des sentiments.
01:26:02Jusqu'à votre dernier jour,
01:26:03vous pourrez donc vous dire
01:26:04que vous n'avez pas été
01:26:05superflu sur la terre.
01:26:07C'est une consolation.
01:26:12Cette carte est restée
01:26:13sans réponse.
01:26:16Costal
01:26:16n'a plus reçu
01:26:17signe de vie
01:26:18de madame Solange Pégorier.
01:26:22Tout est bien
01:26:23qui finit bien.
01:26:32Je pense à toi,
01:26:33fistounet.
01:26:35Et sais-tu ce que je pense ?
01:26:37Je devrais enfin
01:26:38t'avoir près de moi.
01:26:39C'est mon travail
01:26:40qui toujours m'a fait
01:26:41te remettre à deux mains.
01:26:42vivons ensemble
01:26:44pour le peu de temps
01:26:44qui reste.
01:26:46Je veux dire
01:26:46le peu de temps
01:26:47qui reste
01:26:47avant que tu sois un homme,
01:26:49que tu n'aies plus besoin
01:26:50de moi
01:26:50et même une sourde envie
01:26:51que je ne sois plus là.
01:26:53En attendant,
01:26:54si on en profitait.
01:26:55Hein ?
01:26:56Réponds-moi là-dessus
01:26:57en anglais.
01:26:58Ça va te coûter,
01:26:59mais tout se paye.
01:27:01Mon petit garçon,
01:27:04tu m'as été donné.
01:27:06Mais aussi,
01:27:06je t'ai choisi.
01:27:07Je t'ai choisi
01:27:09parce que j'ai voulu
01:27:10t'aimer.
01:27:12Il n'y a pas d'amour
01:27:13sans volonté de l'amour.
01:27:14C'est une chose
01:27:15que tu comprendras plus tard.
01:27:18Je t'ai choisi
01:27:18parce que j'ai parié
01:27:19sur toi.
01:27:21J'ai parié
01:27:22que tu serais
01:27:22un être de qualité.
01:27:25Et parce que tu seras
01:27:25un être de qualité,
01:27:26tu te feras des ennemis.
01:27:29Oui, tu te feras
01:27:29des ennemis,
01:27:30c'est bien certain.
01:27:31Mais quoi ?
01:27:33N'avoir que des amis
01:27:34est une obligation
01:27:35de commerçant.
01:27:35Se faire des ennemis
01:27:37est une occupation
01:27:39d'aristocrates.
01:27:40de l'aristocrates.
01:28:10...
01:28:40...
01:29:10...
01:29:39...

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