00:00Une minute de silence à midi dans tous les établissements scolaires.
00:05Aujourd'hui, après le meurtre à Neugean, en Haute-Marne, mardi,
00:09une surveillante a été tuée par un élève de 14 ans lors d'un contrôle de sac.
00:14Le principal du collège René Coty à Val-de-Sy est représentant du syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale pour la Seine-Maritime.
00:23Et votre invitée, Marianne Naquet.
00:25Bonjour Sylvain Caron.
00:26Bonjour.
00:27Tristesse, choc, sidération, inquiétude, vous ressentez tout ça ce matin ?
00:31Oui, comme toute la communauté scolaire en France.
00:34Effectivement, sidération, c'est un choc.
00:36Je crois qu'il n'y a pas d'autre mot pour le dire.
00:40Dans quel état d'esprit sont vos surveillants ?
00:43Les assistants d'éducation s'identifient parce que c'est un collège sans histoire, j'allais dire, avec un climat scolaire extrêmement apaisé.
00:49Donc forcément qu'on se dit, est-ce que ça pourrait m'arriver à moi ?
00:53Voilà, maintenant tous les médias, j'allais dire, sont en boucle ou avec depuis mardi malheureusement.
01:00Donc c'est vrai qu'il faut aussi relativiser en se disant que, heureusement, ce type d'événement est rarissime.
01:06Il y a eu Samuel Paty, il y a eu Dominique Bernard.
01:10A chaque fois, le contexte est différent, bien évidemment, mais ces traumatismes s'ancrent à chaque fois dans la mémoire de la communauté enseignante.
01:19Oui, c'est vrai qu'on ne parle pas de la même chose.
01:21Les actes terroristes, les attentats, comme pour les personnes que vous venez de citer, Samuel Paty et Dominique Bernard,
01:27c'est un autre phénomène, on va dire, la radicalisation.
01:31Et voilà, là, on n'est pas sur ces sujets-là.
01:33On est néanmoins sur un passage à l'acte d'un jeune qui n'a pas pu être détecté avant, identifié.
01:38Et c'est ça qu'il faut analyser à postériori.
01:41Il affirme d'ailleurs qu'il voulait tuer une surveillante, mais sensible, prédéterminée, a dit le procureur.
01:46Oui, je ne suis pas dans le dossier, je ne suis pas le spécialiste, évidemment, de la question.
01:51On verra, on aura sûrement des éléments d'explication, mais ce qui est certain, c'est que l'absence d'empathie,
01:57le manque de prise en compte aussi, enfin de prise de conscience de ce qu'il a fait,
02:01la gravité pour l'autre, bien sûr, pour la victime, mais aussi pour lui-même, il ne l'a pas pesé.
02:06Donc il y a sans doute au niveau de la santé mentale quelque chose qui était à accompagner.
02:10Alors justement, la santé mentale, vous l'évoquez, ça a été aussi évoqué par le Premier ministre François Bayrou,
02:18et le plan santé mentale vient d'être publié.
02:21Il y aura des kits de repérage distribués pour détecter des troubles psychiques.
02:26Vous en pensez quoi ?
02:28Toutes les bonnes idées sont intéressantes.
02:32Le souci, c'est que c'est au niveau des équipes médico-sociales qu'il y a une difficulté.
02:39Et en fait, on a des équipes formées en santé mentale, effectivement.
02:43Dans chaque établissement, on nous a demandé de trouver de référents en santé mentale.
02:46Donc souvent, ce sont des CPE, des infirmières scolaires qui font déjà ce travail.
02:50Le problème que l'on a, c'est qu'on manque de personnel, le déficit d'attractivité sur ces métiers-là.
02:55On parle beaucoup des enseignants dans l'éducation nationale,
02:58mais c'est dans les métiers, on va dire les psychologues scolaires, les infirmières scolaires,
03:03quand aujourd'hui il y a un congé maternité, par exemple, on n'a pas de remplaçante en général.
03:07À l'heure où la santé mentale des jeunes est troublée ?
03:12À un moment où il faut effectivement accompagner ces jeunes de la génération dite post-Covid.
03:17On en parle beaucoup en ce moment dans les médias.
03:19Effectivement, il faut qu'on puisse être là, présent, et ça n'est pas rien.
03:24On absorbe beaucoup, beaucoup, beaucoup de demandes.
03:26Le chef du gouvernement veut expérimenter les portiques de détection d'armes
03:31à l'entrée des établissements. Bonne ou mauvaise idée, selon vous ?
03:34Vous savez, quand le Premier ministre doit s'exprimer le 10 juin, le jour de ce drame,
03:40c'est compliqué. C'est compliqué de communiquer.
03:42Sauf à avoir préparé, j'allais dire, déjà une solution, des mesures depuis plusieurs semaines.
03:48Donc il faut faire une annonce.
03:49Je crois que l'idée du portique, ensuite d'autres membres du gouvernement
03:51ont expliqué que ce n'était pas forcément partout la solution.
03:55À mon avis, il faut laisser de l'autonomie aussi aux établissements.
03:57C'est-à-dire qu'il y a matériellement des choses à prendre en compte.
04:01Quand vous mettez en place un portique de détection,
04:03je rappelle qu'il y a plusieurs années, c'était pour justement
04:05la radicalisation et les risques d'actes terroristes.
04:08Donc en fait, vous créez des rassemblements.
04:11Et donc il y a d'autres consignes qui sont de ne pas avoir de rassemblement
04:13devant l'établissement pour éviter ce type de risque.
04:15C'est-à-dire une attaque avec un véhicule
04:18ou avec des armes à l'entrée d'un établissement.
04:21Donc bon, il y a des endroits où les portiques de détection métallique
04:26sont sans doute utiles, ont été mis en place.
04:29Mais maintenant, est-ce que c'est le cas partout ?
04:32Je suis convaincu du contraire.
04:33Et puis c'est plusieurs milliers, voire dizaines de milliers d'euros par appareil.
04:37Il y a aussi depuis mars des contrôles organisés de façon aléatoire
04:40avec les forces de l'ordre.
04:43Plus de 6 000, dit le ministère de l'Éducation nationale
04:46et le ministère de l'Intérieur mené en toute la France,
04:4810 en Seine-Maritime.
04:51Est-ce que vous en avez eu dans votre établissement
04:53et qu'est-ce que vous pensez de ces fouilles ?
04:56Oui, alors il y a deux types de contrôle du contenu des sacs et des cartables.
05:02Il y a ceux qui sont faits par les équipes de vie scolaire.
05:04Donc ceux-là, ils sont effectués dans mon établissement.
05:08Alors de manière inopinée et pas toujours le même jour.
05:11C'est environ une vingtaine d'élèves, on va dire, par matinée.
05:15Et puis il y a les autres types de contrôle qui sont faits avec l'appui des forces de l'ordre,
05:19comme c'était le cas effectivement dans le collège où a eu lieu ce drame.
05:23Et là, effectivement, c'est mis en place en lien avec les services de la préfecture,
05:27donc entre les services de l'Éducation nationale et de la préfecture.
05:29Donc en Seine-Maritime, pour ce que je connais,
05:32ils se sont toujours bien déroulés.
05:33On arrive à effectivement trouver des choses dans les sacs, mais généralement pas.
05:38Alors il peut y avoir des canifs, il y a des élèves qui ont aussi des opinels
05:42parce qu'ils sont à la pêche ou à la chasse le mercredi après-midi.
05:45On a aussi un territoire rural.
05:46Donc voilà, il y a parfois des objets, des pistolets à eau,
05:50des déodorants qui sont interdits aussi parce que les aérosols peuvent être utilisés
05:54pour faire des projecteurs de flammes ou des petits lance-flammes.
05:58Donc voilà, ce genre de choses.
05:59Donc un plan à affiner.
06:02Merci beaucoup Sylvain Caron, principal du collège René Cotier à Val-de-Cyre,
06:07représentant du syndicat national des personnes et de direction de l'Éducation nationale pour la Seine-Maritime.
06:11Je rappelle donc cette minute de silence à midi dans tous les établissements scolaires.
06:16Bonne journée à vous.
06:17Merci, bonne journée également.
06:18Et puis je me permets de rappeler, puisqu'on l'a évoqué,
06:20que la santé mentale est grande cause nationale 2025.