00:008h13, comment lutter contre la production et la consommation de plastique à l'échelle de la planète ?
00:05C'est l'un des thèmes qui était sur la table du sommet de l'ONU pour les océans qui tient jusqu'à demain à Nice
00:11où nous retrouvons en direct le président fondateur de l'association Orléans Zéro Plastique.
00:16Il est votre invité, Lydie Lahaye.
00:18Exactement, Jean. Bonjour, Jules Wagner.
00:20Bonjour, Lydie.
00:21Vous assistez au débat, Jules, depuis lundi de cette troisième conférence des Nations Unies.
00:26Avant-hier, 95 pays ont appelé à l'adoption d'un traité pour réduire la production de plastique dans le monde.
00:35Est-ce que vous vous êtes dit « enfin » ? C'est une petite victoire ou plutôt un signal d'espoir ?
00:40Oui, totalement, « enfin », parce qu'il y a deux ans, on n'aurait même pas imaginé que cinq pays s'engagent pour appeler à une réduction de la production du plastique.
00:49Et même si ça ne va jamais assez vite vis-à-vis de l'enjeu séculaire de la pollution de plastique, on avance.
00:56Il y a quelques mois, on devait avoir environ 100 pays, mais au niveau des diplomates.
01:00Maintenant, on a une centaine de pays au niveau ministériel.
01:03Donc, c'est une belle majorité, puisque c'est plus de la majorité des pays qui sont membres du programme environnemental des Nations Unies.
01:10Et en plus, c'est une majorité qui est grandissante maintenant à nous de faire pression pour appeler encore une vingtaine, trentaine de pays à nous rejoindre d'ici la prochaine session des négociations sur le traité plastique à Genève.
01:21Ce sera début août et vous y serez également.
01:25La production de plastique dans le monde, elle continue, elle va continuer d'augmenter selon les prévisions, plus 60% d'ici 2040, c'est ça ?
01:33C'est ça exactement. Aujourd'hui, on est à 460 millions de tonnes.
01:36Donc, en fait, ce chiffre, ce que ça représente, ça représente le poids de l'humanité.
01:40C'est comme si chaque année, on produisait au niveau mondial le poids de tous les êtres humains.
01:46Et donc, c'est un peu le concept du jumeau plastique.
01:48Chaque année, on va produire son jumeau en plastique et derrière, il va falloir le gérer en gestion des déchets.
01:54Sachant que le problème avec le plastique, c'est qu'il pollue tout au long du cycle de vie.
01:59Donc, vraiment de l'extraction des ressources fossiles jusqu'à la transformation.
02:02Et derrière, en fait, il y a des fuites, vraiment, comme on peut voir parfois des larmes de sirène qui se retrouvent sur les plages,
02:09mais aussi lors de l'utilisation.
02:11Et c'est aussi un des grands sujets, c'est qu'on pollue l'océan sans même s'en rendre compte.
02:15Quand on lave ses vêtements synthétiques, on peut relâcher jusqu'à 1,5 million de microfibres synthétiques.
02:20Donc, par exemple, un vêtement en polyester, lui-même va participer à la pollution d'abord, par exemple, de la Loire,
02:26mais ensuite la Loire qui va se jeter dans l'océan.
02:29Et aussi, on a l'usure des pneus.
02:31Donc, tout ça, ça participe à la pollution via des microplastiques et des océans.
02:36Et en fait, on ne s'en remène pas compte.
02:38Ce n'est pas juste des bouteilles plastiques ou des déchets qui sont amenés directement ou jetés dans l'océan,
02:42mais c'est tout au long même de l'usure et de l'utilisation de différents objets.
02:47On peut penser aussi à la peinture, au mégot.
02:50Et aussi, quand on mange du poisson, en fait, on participe à une industrie, et ça, c'est un des sujets de l'unoc à Nice.
02:57C'est aussi en mangeant du poisson via la pêche.
03:00Il y a aussi tout ce qui est filet de pêche et filet de pêche fantôme qui sont soit détruits, soit abandonnés,
03:05mais qui se retrouvent ensuite dans les océans.
03:08En France, la production de plastique n'augmente plus, mais la consommation, oui ?
03:13Oui, en fait, la production même sur le territoire, elle, elle stagne.
03:17En revanche, la consommation continue d'augmenter.
03:20Au niveau, rien que des emballages plastiques, en 13 ans, on a encore une belle augmentation de plus de 20%.
03:27Et malgré quelques interdictions de plastique qui restent néanmoins symboliques,
03:32il y a encore pas mal d'efforts à faire, même en France.
03:35Vous pensez aux pailles, notamment, les pailles en plastique, c'est ça ?
03:38Voilà, les pailles, les touillettes.
03:39La loi AJEC a aussi interdit pas mal de plastique sur les légumes.
03:43Il y a des efforts qui sont faits.
03:45Mais en revanche, sur la masse, on reste à 70 kg de plastique par habitant en France,
03:51alors qu'on était à 800 grammes en 1950.
03:54Oui, pardon, allez-y, Jules.
03:56J'allais dire, même au niveau mondial, les 460 millions de tonnes,
03:59le gros problème, c'est qu'aujourd'hui, la production de plastique augmente de 4% chaque année.
04:03Donc, on est vraiment sur une augmentation exponentielle.
04:05Et on pourrait encore tripler la production d'ici 2050, si rien n'est fait.
04:09Le nombre de déchets plastiques en France, donc, ne baisse pas.
04:13Et vous, vous dites, ça suffit de tout miser sur la collecte, le tri et le recyclage.
04:19C'est ça, en fait.
04:20Il faut vraiment adopter la hiérarchie des trois herbes, mais dans le bon ordre.
04:23C'est d'abord réduire.
04:25Donc, la réduction en amont à la source, c'est la priorité.
04:29Ensuite, c'est la réutilisation, mais réutilisation à la fois des contenants qui ne sont pas en plastique,
04:34mais aussi la réparation des objets qui peuvent être en plastique.
04:37Et le but, c'est vraiment de les faire perdurer et de remplacer les autres usages.
04:43Et ensuite, enfin, en dernier lieu, le recyclage, parce que ce n'est pas le recyclage qui va nous sauver.
04:48Même si on faisait les meilleurs efforts sur le recyclage et qu'on arrivait à le passer à l'échelle,
04:54on n'arriverait à recycler que 14-15% des plastiques au Nouveau Mondial.
04:58Donc, c'est vraiment la réduction qui prime.
05:00Sachant qu'aujourd'hui, il faudrait réduire par 4 la production mondiale de plastique.
05:03Mais on peut se dire, c'est énorme.
05:05Réduire par 4, c'est revenir au niveau des années 90.
05:08Donc, ce n'est pas revenir à l'âge de pierre.
05:09Sur l'Orléanais, votre association, quand même, à Orléans Zéro Plastique,
05:13vous l'avez créée il y a 5 ans.
05:15Aujourd'hui, vous êtes une quarantaine de membres actifs avec de nombreux bénévoles.
05:20Les communes, les élus, ils vous consultent ?
05:23Oui, de temps en temps.
05:24Pas aussi souvent qu'on le voudrait.
05:27Mais au niveau métropolitain, sur les 22 communes,
05:31je pense qu'on a eu des échanges avec des élus des 22 communes.
05:34Nous, on a pu faire environ 500 actions.
05:37Donc, on a réussi à être assez visibles.
05:40Maintenant, il y a encore des choses à faire sur le territoire.
05:42Même s'il y a des premiers efforts qui avaient été faits,
05:44notamment sur le plastique dans les cantines.
05:47Mais on en voit encore beaucoup trop, notamment sur les marchés.
05:50Là aussi, on sait que les communes peuvent agir.
05:52Vous parliez des marches pour ramasser les déchets plastiques.
05:56La 500e, ce sera là, bientôt, fin juin ?
05:59Oui, normalement, fin juin, on devrait faire notre 500e marche
06:02après seulement 5 ans.
06:04Donc déjà, on remercie tous les bénévoles qui ont participé.
06:07Parce qu'il y en a qui ne sont pas membres.
06:08On a les membres de l'association.
06:10Mais on a aussi toutes les personnes qui viennent donner de leur temps
06:12une heure par an, une heure par mois, et parfois une heure par semaine.
06:16Et lors de ces marches, évidemment, on ramasse tout.
06:18Mais le but, c'est aussi de montrer que dans tous les objets qu'on ramasse,
06:20il y a souvent la présence de plastique, même quand on ne le suspecte pas.
06:24Puisque dans une bouteille de verre, il y a une étiquette.
06:27Et la colle et l'étiquette sont elles-mêmes, par exemple, en plastique
06:29ou dans un format tétrapaque, une briquette, comme on dit, en carton.
06:33Mais en fait, la briquette n'est pas qu'en carton.
06:35Un dernier mot, Gilles Wagner.
06:36Vous avez l'habitude maintenant de ces grands rendez-vous internationaux.
06:38Vous êtes allé à Nairobi, à Ottawa, à Busan, encore en Corée.
06:42Mais l'an dernier, vous écoutez les scientifiques, vous échangez.
06:45Et puis, parfois aussi, avec des personnalités, vous avez rencontré le prince de Monaco,
06:50prince Albert de Monaco.
06:50Vous lui avez donné le pinz de votre association avant-hier, c'est ça ?
06:53Oui, c'est ça, exactement.
06:54En plus, on revenait d'un événement avec les scientifiques français et étrangers,
06:57puisqu'évidemment, on travaille beaucoup et on échange beaucoup avec les scientifiques.
07:01Et après, juste avant la déclaration de la ministre française,
07:04on a croisé le prince qui n'avait pas une seule seconde.
07:08Et puis, au final, il a échangé avec nous.
07:10Il a pris un moment pour parler d'objectifs zéro plastique.
07:13Et quand on lui a donné le pinz, c'est lui-même qui l'a mis directement sur sa veste
07:17et qui a dit, on est tous d'accord, il faut un objectif zéro plastique.
07:20Et comme on le dit, c'est très important que tous les États et les chefs d'État poussent pour ça.
07:25Et le président Macron, notamment, a rappelé qu'il fallait une baisse drastique.
07:28Mais ça, c'était encore exceptionnel quand on a eu les premiers échanges de chefs d'État comme ça, il y a tout juste six mois.
07:35Mais maintenant, ça commence à faire son chemin.
07:37Merci beaucoup, Jules Wagner, d'avoir été ici avec nous ce matin.