Tous les matins, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Et bienvenue dans les informés en direct tous les matins jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et sur France Info Télé, le canal 16 de la TNT avec Renaud Delis.
00:23Bonjour Renaud. Bonjour Salia. Et autour de la table ce matin pour décrypter l'actualité,
00:27et Aurélie Herbemont, chef adjoint du service politique de France Info. Bonjour Aurélie.
00:30Bonjour. Et à vos côtés Gilles Bernstein, éditorialiste politique à France Info Télé.
00:34Vous êtes le co-présentateur aussi de l'émission Autrement dit, de 18h à 20h, tous les jours sur France Info Télé.
00:39Du lundi au jeudi. Du lundi au jeudi précisément. Bonjour Gilles. Bonjour Salia, bonjour à tous.
00:44Renaud Delis, on commence tout de suite par l'exécutif qui se mobilise après qu'une surveillante ait été poignardée à mort par un élève à Nojant.
00:51Un nouveau drame hier dans un établissement scolaire, dans un collège de Haute-Marne à Nojant, une surveillante de 31 ans qui a donc été tuée par un adolescent de 14 ans.
01:01Un nouveau drame parce que plusieurs autres se sont produits ces derniers mois avec à chaque fois des victimes, des élèves et puis des meurtriers très jeunes.
01:10Avec cette répétition de drame, une épidémie a même dit François Bayrou hier soir, l'exécutif se retrouve sous pression, accusé en particulier par le Rassemblement National de faire preuve d'apathie, de ne pas avoir de réponse politique face à cette situation.
01:26Alors François Bayrou mais aussi Emmanuel Macron ont évoqué diverses pistes hier.
01:31François Bayrou a notamment à l'Assemblée Nationale ressorti une mesure qui a déjà été évoquée par le passé et qui pourrait être expérimentée.
01:39Je crois, même si les premières expériences n'ont pas été évidentes, qu'on doit travailler sur les portiques à l'entrée des établissements.
01:51Des portiques avaient été mis en place dans certaines régions françaises.
01:57Ils n'ont pas été maintenus partout mais je suis persuadé que nous ne pouvons pas rester simplement dans l'observation des accidents qui se multiplient.
02:07Alors peut-être une expérimentation dans les établissements en difficulté, a précisé le Premier ministre, même s'il y a des doutes sur l'efficacité de cette mesure.
02:14D'autres ont été annoncés par François Bayrou l'interdiction de la vente des armes blanches aux mineurs en élargissant la liste des armes concernées.
02:24Le chantier de la santé mentale des jeunes aussi, auquel le Premier ministre a promis de s'attaquer.
02:29Le chef de l'État, lui, a évoqué sa volonté d'interdire les réseaux sociaux au moins de 15 ans.
02:35Et peut-être que la France pourrait être pionnière si l'Union Européenne tarde à prendre ce type de mesures.
02:40Bref, quelles peuvent être les réponses de l'exécutif ?
02:43Que peut faire un gouvernement face à la répétition de ces drames dans les établissements scolaires ?
02:49D'abord, Aurélie, il faut le rappeler que c'est Marine Le Pen hier qui a posé la première question au gouvernement pour justement parler de ce drame particulier à nos gens en Haute-Marne.
02:59Questionnez le Premier ministre pour lui dire, mais qu'est-ce que vous faites ? Et en l'accusant de laxisme.
03:04Exactement, c'est Marine Le Pen effectivement qui a ouvert la séance des questions au gouvernement hier après-midi à l'Assemblée.
03:10Et déjà, toute la matinée, le Rassemblement National était monté très fort sur ce sujet, sur les réseaux sociaux.
03:18Parce qu'en utilisant cette phrase prononcée par Emmanuel Macron ce week-end dans une interview à la presse quotidienne régionale,
03:26où il était là pour parler de la défense des océans, de l'écologie,
03:31et il a accusé une partie de la classe politique de brainwasher, donc de laver le cerveau des Français, avec notamment l'effet d'hiver.
03:38Donc, bien sûr, le Rassemblement National, d'ailleurs dès hier matin, c'est Marion Maréchal, la nièce de Marine Le Pen,
03:45qui tout de suite est partie sur ce sujet-là.
03:47Jordan Bardella a fait une première réaction très globale sur le laxisme supposé du gouvernement.
03:54Et puis, il y a eu une deuxième vague, une fois qu'Emmanuel Macron a réagi, pour évidemment condamner l'attaque de nos gens.
04:03Et là, le Rassemblement National est monté sur le côté, c'est pas du brainwashing.
04:08C'est une réalité, c'est une violence en pays.
04:10Pour accuser le Président d'être déconnecté des réalités.
04:13Évidemment, la concordance des temps entre ces déclarations d'Emmanuel Macron et ce nouveau drame dans une école
04:21a été utilisée par le Rassemblement National pour prouver que le Président serait totalement à côté de la plaque
04:28sur ces sujets-là de sécurité qui préoccupent les Français.
04:30C'est pas un fait divers, c'est une dérive de la société.
04:33C'est ce qu'a dit le Premier ministre aussi hier devant les députés.
04:37Effectivement, Renaud parlait de cette accumulation de ces faits divers qui fait qu'en fait, ça devient de véritables faits de société.
04:45Oui, et j'ai trouvé justement que face à cette accumulation de faits divers qui deviennent des faits de société, comme vous le dites,
04:51une fois n'est pas coutume, j'ai trouvé la représentation nationale, comme on dit, relativement modérée.
04:57Parce que c'est vrai que c'est Marine Le Pen qui a ouvert la séance hier, elle a posé une question,
05:01elle a demandé au Premier ministre, que comptez-vous faire ?
05:03Bon, bah franchement, elle est présidente de groupe, c'est son rôle.
05:05On a même pris Bruno Retraillot en flagrant délit de, non pas de modération, mais en flagrant délit de subtilité,
05:11en disant, il faudra voir ce que l'enquête dit, est-ce que c'est un problème de santé mentale
05:16ou est-ce que c'est un problème de barbarie ?
05:18À Nantes, à peu près la même chose à Nantes, quand un jeune avait poignardé de 47 coups de couteau une de ses camarades,
05:27il avait tout de suite parlé d'ensauvagement de la société, alors que ce jeune, aujourd'hui,
05:31il est dans une unité médicale pour malades difficiles, donc il est totalement,
05:35il a été considéré comme totalement irresponsable de ses actes.
05:38Tout le monde hier, enfin, comment dirais-je, tout à l'heure, Marine Tondelier a dit
05:42cet horrible drame met un peu tout le monde face à ses responsabilités,
05:45parce qu'il n'y a pas de bouc émissaire évident.
05:47Et c'est vrai, c'est vrai que c'était pas un émigré sous OQTF,
05:50c'est vrai que c'était pas un jeune multidélinquant qui n'était pas en prison
05:54à cause du laxisme supposé des juges, et force est de constater qu'hier,
05:58tout le monde le reconnaissait un peu.
05:59Et puis il y avait les gendarmes qui étaient présents aussi.
06:02Exactement, tout à fait, on parle de la présence policière obligatoire,
06:06là il y avait des gendarmes, on parle de portiques, de toute façon c'était à l'extérieur,
06:09donc un portique n'y aurait rien fait, et hier, encore une fois, c'est pas toujours le cas,
06:13on a senti la classe politique un peu désemparée,
06:16justement parce que c'était certainement un fait de société
06:18et pas quelque chose qu'on pouvait régler à travers trois formules, trois formules creuses.
06:23Et on n'a pas entendu beaucoup de solutions hier,
06:26parce que François Bayrou a parlé des portiques,
06:29Bruno Retailleau lui-même et Elisabeth Borne sur France Inter ce matin ont dit
06:32« Bah tout le monde sait que les portiques, les couteaux en céramique,
06:35ne sont pas détectables par les portiques. »
06:40Donc votre interpellation sur le fait de société, c'est tant et si vrai
06:43que ça a laissé la classe politique un peu dans le désarroi hier
06:46et que les porteurs de solutions magiques étaient un petit peu plus modérés qu'à l'accoutumée.
06:51Mais c'est ça en fait, juste pour regarder la réaction du ministre de l'Intérieur,
06:55parce que quand il s'est passé ce qui s'est passé à Nantes,
06:58la réaction elle a été immédiate, avec la ministre de l'éducation nationale,
07:02il faut plus de sécurité, plus d'autorité, on met des portiques et tout ça.
07:06Oui, c'est pas la première fois d'ailleurs sur d'autres problèmes,
07:08notamment d'ailleurs à l'occasion des émeutes qui avaient suivi la victoire du PSG,
07:12que Bruno Retailleau dit « Attention, le tour oppressif ne peut pas suffire aussi, etc. »
07:15et qu'il y a d'autres questions qui se posent.
07:16Il l'a déjà fait, c'est vrai qu'au contact des réalités,
07:18en étant ministre de l'Intérieur, on s'aperçoit que le réel est souvent plus complexe
07:22que lorsqu'on est dans l'opposition et qu'on se contente de faire des grandes diatribes
07:25et des grandes envolées.
07:26C'est pour ça qu'il faut faire attention quand même à l'instrumentalisation mise en œuvre par le RN,
07:31qui habilement, comme l'a dit Gilles Bernstein,
07:33par la voix de Marine Le Pen s'est montré extrêmement grave et solennelle à l'Assemblée nationale,
07:37dans le cadre de l'Assemblée nationale,
07:38pendant que sur les réseaux sociaux et ailleurs,
07:40ça se déchaînait avec des termes tous plus violents les uns que les autres
07:44pour dénoncer les barbares, la désacralisation de la vie, l'ensauvagement, etc.
07:48et pointer directement l'apathie, la passivité des pouvoirs publics,
07:53donc jugés comme étant responsables.
07:55Avec d'ailleurs ce paradoxe que l'Assemblée nationale, Marine Le Pen elle-même,
07:57a dit face à un tel drame, les mots ne suffisent plus, les mots ne suffisent pas,
08:01sauf qu'effectivement le RN n'a que des mots.
08:03Le RN n'a avancé absolument aucune solution, aucune proposition.
08:07Ensuite, juste un deuxième point,
08:09le gouvernement doit rendre des comptes et chercher des solutions,
08:12ça c'est évidemment sa responsabilité, c'est extrêmement complexe,
08:15plusieurs pistes ont été ouvertes hier, on va peut-être y revenir,
08:17mais voilà, les portiques, l'interdiction des ventes des armes blanches,
08:22les réseaux sociaux, etc.
08:23Il faut juste pointer une chose, il y a une répétition de ces drames,
08:27et ça a un sens, et notamment la banalisation de la circulation des armes blanches,
08:31des couteaux, y compris dans les enceintes scolaires,
08:34ça, ça interroge évidemment.
08:35Il faut juste regarder que ce n'est pas un phénomène uniquement français,
08:38c'est-à-dire que ce n'est pas uniquement l'exécutif français qui serait responsable,
08:41le gouvernement quel qu'il soit,
08:42puisqu'on voit que ces derniers mois, de Prague à Zagreb,
08:45en passant par Londres, où je crois qu'il y a eu 18 jeunes tués l'année dernière à Londres,
08:50eh bien ces phénomènes se multiplient,
08:52et hier encore, dans un des pays considérés comme l'un des dix plus sûrs au monde,
08:57l'Autriche, une fusillade dans un lycée à Grasse a fait dix morts.
09:01Donc on voit bien qu'il y a une banalisation de cette ultra-violence,
09:04et notamment la circulation des armes blanches,
09:07qui est un problème réel en France, mais pas qu'en France.
09:09On va revenir dans le détail des réponses de l'exécutif à cette hyper-violence chez les jeunes,
09:14mais d'abord, le fil-en-faux à 9h15, Jeanne Mizia.
09:18Mohamed Amra a quitté la prison de Condé-sur-Sarthe, dans l'Orne ce matin,
09:23avec une escorte renforcée en hélicoptère.
09:25Le narcotrafiquant doit être auditionné à Paris,
09:28dans le cadre de l'enquête sur son évasion en mai 2024, qui a fait deux morts.
09:32Une minute de silence demain midi,
09:34c'est ce que demande la ministre de l'Éducation nationale,
09:37après la mort d'une surveillante hier à Nojan, en Haute-Marne,
09:40tuée par un élève de 14 ans.
09:41Elisabeth Borne demande à ce qu'elle soit réalisée dans tous les établissements scolaires.
09:46Protéger l'école est une priorité absolue pour l'ancienne première ministre.
09:50Réunion en cours au ministère de la Santé,
09:52avec des représentants de taxi, reprise de la mobilisation des chauffeurs,
09:56avec les blocages des aéroports parisiens ce matin.
09:59Manifestation aussi devant le ministère de l'Économie,
10:02toujours contre les nouveaux tarifs du transport des malades.
10:05A partir de 14h sur Parcoursup, début de la phase d'admission complémentaire
10:09pour les candidats qui n'ont pas encore eu de réponse pour l'année prochaine.
10:13Ils peuvent formuler 10 nouveaux voeux dans les formations où il reste de la place.
10:17Et les informés continuent avec Aurélie Herbemont,
10:31chef adjointe du service politique de France Info,
10:34Gilles Bernstein, éditorialiste politique à France Info Télé.
10:36Et Renaud Deli ont parlé de cette contagion d'armes blanches dans les établissements scolaires.
10:42Alors, les signalements ont explosé, il faut le dire, en un an, plus 15%.
10:47On parle de contagion au gouvernement.
10:50La réponse de l'exécutif hier, ça a été l'interdiction de vente de couteaux aux mineurs.
10:56Alors, via Internet, parce que les couteaux, effectivement, on les trouve dans les cuisines.
11:00Mais là, on parle de vente sur Internet.
11:03C'est là qu'est toute la difficulté, c'est que les couteaux sont quasiment en libre-service
11:06si vous ouvrez le tiroir de la cuisine.
11:08C'est la problématique.
11:08Alors, théoriquement, déjà, les moins de 18 ans ne peuvent pas aller dans une armurie,
11:13par exemple, acheter un couteau de chasse, par exemple.
11:15Mais c'est beaucoup plus facile à faire respecter dans la vraie vie,
11:18où vous avez un vrai vendeur face à vous.
11:20Donc, hier, François Bayrou a dit qu'il voulait l'interdire sur Internet.
11:25Prenons, par exemple, un site comme Amazon au hasard,
11:28où vous pouvez, pour quelques dizaines d'euros, acheter des couteaux.
11:30À aucun moment, aujourd'hui, on ne vous demande votre âge.
11:33Donc, c'est le côté opérationnel qui semble un peu compliqué.
11:37Alors, l'idée, il a essayé d'expliquer comment se prend, c'est à la réception du colis.
11:41C'est soit qu'il y a un contrôle à l'achat,
11:42parce qu'aujourd'hui, juste un numéro de carte bleue suffit pour acheter sur Internet,
11:46soit à la réception du colis, il faudrait que ce soit reçu par un adulte
11:52qui signe pour quiconque a déjà peut-être commandé des colis sur Amazon.
11:57On n'est pas forcément là quand le livreur arrive.
11:59Le livreur devrait savoir qu'il y ait certains colis marqués,
12:03il faut que ce soit signé par quelqu'un.
12:04Je ne suis pas sûre qu'un géant comme Amazon,
12:07ça ne remette pas en cause son modèle de livraison ultra rapide.
12:12Et puis, il y a quand même un sujet.
12:14Ok, mettons qu'on arrive à interdire sur les sites de vente normaux.
12:18Théoriquement, on ne peut pas acheter de la drogue non plus pour un mineur,
12:21pas que pour les mineurs d'ailleurs.
12:21On sait très bien que via les réseaux sociaux, il peut y avoir, ou alors le dark web,
12:26on peut commander, vous connaissez ce qu'on appelle le Uber Sheet.
12:29Est-ce qu'on ne risque pas d'avoir un Uber Knife où il y a des systèmes parallèles,
12:34couteaux en anglais, des systèmes parallèles pour se fournir des armes ?
12:39La difficulté opérationnelle me paraît extrêmement compliquée à gérer.
12:45Je pense qu'avec un objet aussi duel qu'un couteau,
12:47il faut que chacun accepte l'idée que quelle que soit la solution proposée,
12:51elle sera une solution imparfaite.
12:54Il faut que ceux qui la promeuvent le sachent,
12:57et ceux qui critiquent arrêtent de penser qu'on va trouver des murailles de Chine absolument étanches.
13:03Le but de ces systèmes-là n'est pas de rendre les choses impossibles,
13:05le but de ces systèmes-là est de rendre la vie très très compliquée
13:09à ceux qui veulent les contourner.
13:11Plus il sera difficile de contourner le système mis en place,
13:15plus on peut espérer qu'il sera efficace,
13:20sans penser pour autant qu'il est incontournable.
13:23Par exemple, Gilles, l'exemple des portiques,
13:26quand ils ne peuvent pas détecter les couteaux en céramique,
13:30déjà c'est inefficace.
13:32Il n'y a pas de baguette magique.
13:33Il n'y a pas de baguette magique.
13:34Je ne suis pas un spécialiste des nouvelles technologies.
13:38J'entendais hier Mounir Majoubi, l'ancien ministre de Numérique,
13:41dire que les outils numériques progressent.
13:44Mais il admettait lui-même qu'ils n'étaient pas parfaits.
13:46Vous l'avez toujours dit,
13:48il y a toujours les moyens de les contourner,
13:52mais face au désarroi de la société,
13:54il faut accepter l'idée qu'il faut essayer d'augmenter les systèmes de protection,
14:00sans espérer qu'ils soient parfaitement étanches.
14:02Parce que, comme l'a dit Aurélie,
14:04il y a des cuisines dans tous les appartements de France,
14:06il y a des tiroirs dans toutes les cuisines,
14:08et il y a des couteaux dans tous les tiroirs.
14:09Toutes ces pistes, toutes ces idées,
14:11me semblent à la fois légitimes, utiles,
14:13et seront évidemment insuffisantes.
14:14C'est vrai que même l'addition de toutes ces mesures,
14:17qu'il s'agisse de limiter la circulation des couteaux,
14:20d'alourdir les sanctions pénales,
14:22comme ça a été évoqué aussi,
14:23tout ça est insuffisant,
14:25mais en même temps légitime au regard de cette répétition de drame.
14:30Il me semble qu'il y a un chantier
14:31sur lequel les responsables politiques,
14:34s'ils sont effectivement à la hauteur de cet enjeu,
14:38devrait se pencher,
14:39et ça fait trop longtemps qu'il est négligé,
14:41c'est la question de la santé mentale des jeunes.
14:42Tout le monde l'a dit hier,
14:43même la droite en parlait hier.
14:44Tout le monde le dit enfin,
14:46mais ce n'est pas nouveau,
14:47ça ne date pas d'hier ce problème.
14:48On le sait,
14:49c'est-à-dire que ce qui caractérise,
14:51en tout cas dans l'écrasante majorité des cas,
14:53ces drames,
14:54c'est que les jeunes qui...
14:57Parce que les couteaux existent,
14:58les couteaux,
14:58on ne pourra jamais les interdire complètement,
15:00il faut les limiter, etc.
15:01Mais ils existent.
15:02Ce qu'il faut,
15:02c'est empêcher quelqu'un d'y recourir,
15:04de l'utiliser et de l'amener à l'école.
15:05Et dans l'écrasante majorité des cas,
15:08les jeunes qui sont à l'origine,
15:09qui sont des meurtriers
15:10dans ce type de drame,
15:12ont des problèmes de souffrance mentale,
15:15ont un déséquilibre,
15:16et bien plus grave que ça,
15:17une maladie mentale
15:17qui n'a pas été détectée.
15:18Et on sait que c'est vraiment
15:19le parent pauvre des pouvoirs publics,
15:22enfin les politiques.
15:23Évidemment, c'est plus difficile
15:24en termes de moyens,
15:25en termes d'investissement sur le long terme.
15:26Il y a à peine une infirmière scolaire
15:29pour 1000 ou 1500 élèves,
15:31en termes de détection,
15:32et au-delà même d'ailleurs,
15:33pas seulement dans les enceintes scolaires.
15:35C'est la grande misère
15:36de la santé mentale des jeunes,
15:38qui est aujourd'hui un angle mort
15:39des politiques publiques,
15:41et auquel il faudrait vraiment s'atteler.
15:42Mais ça, ça ne sera pas là aussi
15:43sur une mesure,
15:44un coup de baguette magique
15:45qui résoudra ce problème-là
15:47en trois mois.
15:47C'est un investissement
15:48de très long terme.
15:50Et puis surtout,
15:51on sait que les chiffres,
15:52il y a eu 6000 contrôles
15:53entre fin mars et fin mai
15:54dans les écoles
15:55qui ont permis de saisir
15:56186 couteaux.
15:58Donc c'est énorme,
15:59en deux mois,
15:59186 gamins.
16:01C'est 300,
16:02si on met les armes par destination,
16:04les points américains,
16:05c'est 300.
16:06Donc le chiffre est impressionnant,
16:07mais surtout, en fait,
16:08ce qu'il faudrait qu'on comprenne,
16:09et ça va aussi avec le sujet
16:10de la santé mentale,
16:11c'est pourquoi ces gamins
16:12se baladent avec des couteaux.
16:14Est-ce que c'est
16:14parce qu'un objet sympathique
16:17est à voir contre un copain ?
16:17Alors dans les études,
16:18effectivement,
16:19qui ont été faites,
16:19c'est la question de la virilité
16:21parce que ce sont des jeunes garçons,
16:22la question de la protection aussi
16:24parce qu'ils se sentent en insécurité ?
16:25C'est là qu'il y a un lien
16:26aussi avec les réseaux sociaux.
16:27Il peut y avoir des jeunes
16:27qui veulent attaquer
16:29avec ces couteaux,
16:30mais il y a aussi sans doute
16:31des enfants qui ont peur
16:32soit du harcèlement
16:34peut-être à l'école
16:34et qui au bout d'un moment
16:35se disent
16:35il faut que je puisse me défendre,
16:37ou alors sur le chemin de l'école
16:38de se faire agresser
16:39pour un téléphone portable.
16:40Donc c'est pour ça
16:41qu'il ne peut pas y avoir
16:42de réponse simpliste,
16:43il faut comprendre
16:43parce que la réponse
16:45n'est pas la même
16:45selon que vous avez
16:46un petit garçon,
16:48parce que pardon,
16:48ce sont des petits garçons
16:49qui veulent juste avoir
16:50un couteau à montrer
16:51à ses copains
16:51ou un enfant qui est violent
16:52et qu'il faut essayer
16:53de détecter avant
16:54ou un petit garçon
16:55qui a peur,
16:56peur pour sa propre sécurité.
16:58Et la réponse
16:58ne peut pas être simpliste.
16:59Gilles ?
17:00Pour le coup,
17:00vous demandiez à Marine Tondelier
17:01à une déclaration
17:03de Jean-Luc Mélenchon
17:04attestant le fait
17:06que c'était souvent
17:06des jeunes garçons.
17:07On avait dit la même chose
17:08au moment des émeutes
17:09après la victoire du PSG.
17:10Franchement,
17:10on a regardé les images,
17:11il n'y avait pas beaucoup de filles.
17:13Voilà.
17:14De fait,
17:14Marine Tondelier
17:15a un peu écarté le mot,
17:17mais je pense que
17:18Jean-Luc Mélenchon n'a pas tort.
17:19Il y a quand même
17:20un problème
17:21de comportement
17:22des jeunes garçons.
17:24Et donc,
17:25il y a un rapport
17:26au masculinisme
17:27qu'il va,
17:28comme il y a la santé mentale,
17:29il y a ce rapport
17:30au masculinisme
17:31qu'il va quand même
17:32falloir interroger.
17:34Et ça,
17:34c'est les réseaux sociaux.
17:34Mais ça,
17:35ça renvoie aussi aux réseaux sociaux.
17:36Tout ne vient pas des réseaux sociaux.
17:37C'est pas ce que j'ai.
17:38Mais on voit bien
17:38que là,
17:39ça interroge aussi de l'impact,
17:40on le sait,
17:40sur cette génération
17:41et sur les générations à venir.
17:42Ceux qui sont nés dedans,
17:44les réseaux sociaux,
17:45ça apporte le meilleur
17:47et le pire aussi.
17:48Et ça participe,
17:49ça n'est pas la cause,
17:50encore une fois,
17:51la cause unique
17:51de ces drames,
17:53mais ça participe
17:54de ces comportements
17:55violents,
17:56brutaux,
17:56de ces dérives masculinistes,
17:58virilistes ou autres.
17:59Et puis,
17:59de cette déréalisation
18:01de la violence.
18:02La violence devient,
18:03parfois,
18:03sur certains réseaux sociaux,
18:04presque un jeu.
18:05Un jeu ou quelque chose
18:06encore une fois,
18:07d'irréel.
18:08Gilles ?
18:09Oui,
18:09il se trouve que
18:10le hasard de l'actualité
18:11fait qu'il y avait hier
18:11au Sénat
18:12la proposition de loi
18:13pour l'interdiction
18:14des influenceurs violents.
18:16Moi,
18:16j'ai découvert...
18:17Il y avait des auditions.
18:17Comment ?
18:18Il y avait des auditions.
18:18Des auditions,
18:19etc.
18:20À l'Assemblée nationale.
18:22À l'Assemblée nationale.
18:22Pardonnez-moi,
18:23heureusement,
18:23il faut toujours avoir
18:24une Aurélie Herbouneau
18:25à côté de soi.
18:27C'est vrai qu'on découvre...
18:28Pour le coup,
18:29je l'ai découvert.
18:30J'ai découvert ce Nasdaq
18:31à 9 millions de sueurs
18:32dont je n'avais même
18:33jamais entendu parler.
18:34C'est le premier celui
18:34sur Snapchat en Europe.
18:35Je n'étais pas le seul
18:36à la rédac.
18:37Ce n'est pas parce que
18:37je suis le plus vieux.
18:38je n'étais pas le seul
18:38à jamais en avoir entendu parler.
18:40Mais enfin,
18:41c'est vrai que c'est un monde
18:42d'une violence
18:42et d'une violence masculiniste
18:44absolument sidérante.
18:46Lui,
18:46il s'en défend.
18:47Lui,
18:47justement,
18:47il s'est expliqué
18:48auprès des députés
18:49en face de lui.
18:50Il a dit
18:50non,
18:50mais moi,
18:51au contraire,
18:51je recueille les jeunes
18:52qui sont perdus.
18:53Il y a même des parents.
18:55Et c'est ça qui est dingue,
18:56on peut se le dire là ce matin.
18:57Il dit,
18:57il y a même des parents
18:58qui m'appellent
18:59et qui me disent
18:59est-ce que vous avez vu mon fils ?
19:01Oui.
19:01Il dit oui,
19:02il s'est pointé devant chez moi.
19:03Gardez-le s'il vous plaît,
19:04je ne peux pas m'en occuper.
19:05Le rôle des parents
19:05quand même là-dedans
19:06est important.
19:07Et on n'a pas entendu hier
19:08les politiques parler
19:09du rôle des parents.
19:10Non,
19:10alors que certains membres
19:11du gouvernement disent
19:12qu'il y a effectivement
19:13l'aspect pénal,
19:15sanctionné,
19:16etc.,
19:16l'aspect santé mentale
19:17et aussi l'aspect
19:18responsabilité des parents.
19:20Mais c'est pareil,
19:20ça ne peut pas être
19:20une réponse toute simple.
19:22Il y a des parents
19:22qui ont démissionné
19:24et puis il y a des parents
19:25qui sont dépassés.
19:26Dépassés.
19:27On se souvient par exemple
19:28et puis il faut aussi
19:29pouvoir aider les parents
19:31qui seraient en difficulté.
19:32Souvenez-vous du cas de Nantes
19:34fin avril.
19:35La maman du jeune garçon
19:36qui a donc poignardé
19:37une de ses camarades
19:38avait signalé
19:40qu'elle avait des problèmes
19:42avec son fils
19:43et qu'il était sur le fil.
19:44Et puis qu'est-ce qui s'est passé ?
19:45Rien.
19:46Elle s'est retrouvée
19:46assez démunie
19:48et seule
19:48avec un ado
19:49qu'elle avait du mal
19:50à gérer manifestement.
19:52Et on le voit d'ailleurs
19:52à travers ces divers drames,
19:53ce sont des circonstances
19:55qui concernent
19:56des milieux sociaux
19:56très différents.
19:57Ce n'est pas forcément
19:58dans des milieux défavorisés.
19:59Alors il y a des parents
19:59qui sont parfois dans le déni
20:00et ça peut être compréhensible
20:01d'ailleurs
20:02de ne pas vouloir regarder.
20:03C'est tout à fait compréhensible
20:04d'avoir du mal
20:06à regarder la réalité en face.
20:07C'est-à-dire d'avoir
20:07un ado qui est en train
20:09de flancher
20:10et de regarder ailleurs.
20:11Il y a des parents
20:12qui sont dépassés
20:12pour des raisons
20:13de les familles
20:14évidemment monoparentales
20:15et les mères seules.
20:16En fait, là encore une fois
20:17on peut pointer le rôle
20:18des pères qui sont partis.
20:19Voilà, l'absence.
20:20Et donc les mères dépassées,
20:22etc.
20:22Et c'est pour ça là aussi
20:23qu'il n'y a pas de réponse simpliste.
20:24Par exemple,
20:24on a entendu,
20:24pas là,
20:25pas au lendemain
20:26de ce meurtre à nos gens,
20:28mais on entend parfois
20:28un certain nombre
20:29de raisons de la politique
20:29dire
20:30il faut supprimer
20:31toutes les allocations familières,
20:32toutes les prestations sociales
20:33aux familles de délinquants.
20:35Sauf qu'un jeune meurtrier
20:37par exemple,
20:38il a parfois une petite sœur
20:40puisqu'en général
20:41ce sont les filles
20:41qui elle est extrêmement
20:42brillante à l'école.
20:43Est-ce qu'elle doit payer aussi
20:44indirectement
20:45et même directement
20:46si jamais sa famille
20:47est visée par la suppression
20:48aux allocations familiales
20:49les conséquences
20:50du comportement
20:52de son grand frère ?
20:53Bien sûr que non.
20:53Donc on voit bien
20:54que ce type de mesures
20:55d'annonces parfois
20:55purement démagogiques
20:56ne fonctionnent pas là aussi.
20:58Donc il y a,
20:59il faut éviter.
21:01Et juste un dernier point,
21:02Marine Tondoyer
21:02a dit aussi quelque chose
21:03très intéressant tout à l'heure,
21:04c'était le rôle aussi
21:05de la parole publique,
21:06l'exemplarité de la parole publique
21:08des responsables politiques
21:09ou des médias d'ailleurs.
21:10Je pense que c'est
21:11un vrai sujet aussi.
21:12Oui, ça c'est un vrai sujet.
21:13On a un débat politique
21:14qui est extrêmement tendu,
21:16conflictuel.
21:17Donc ce qui fait
21:17que les enfants,
21:18que ce soit
21:19si jamais ils allument la télé
21:20et qu'ils tombent
21:20sur des débats politiques
21:21ou qu'ils jouent à des jeux vidéo
21:23où on gagne plus de points
21:24en tenant,
21:25en tuant le plus de monde
21:26et en ayant à chaque fois
21:28des nouvelles vies.
21:29Et ils baignent
21:30dans un monde de violence.
21:32Et je voulais dire un mot
21:33justement de la série
21:34Adolescence
21:34dont on parle beaucoup.
21:35On est sur une famille
21:37donc au Royaume-Uni
21:38qui n'a aucun problème apparent.
21:40Et à un moment,
21:41je ne sais plus si c'est
21:41le père ou la mère
21:43dans cette série
21:43a cette phrase
21:44à propos du petit garçon
21:45qui est donc accusé
21:46d'avoir tué
21:47une de ses camarades de classe.
21:48quand il était dans sa chambre
21:49on pensait qu'il était
21:50en sécurité.
21:51Son père.
21:52C'est le père, effectivement.
21:54C'est le père.
21:55C'est ça, ça interroge.
21:56Sauf que le gamin
21:57en fait était sur les réseaux sociaux
21:58et lui-même se faisait harceler.
21:59Et lui-même était harcelé.
22:01Et les parents
22:02n'ont pas forcément
22:02accès à toutes les sphères
22:04de la vie de leur enfant.
22:06Donc c'est pour ça
22:06qu'il faut beaucoup d'adultes
22:07autour, y compris
22:08dans le cadre scolaire
22:09pour essayer de détecter
22:10des signaux faibles.
22:11Merci beaucoup.
22:12Merci à tous les trois
22:13d'avoir débattu
22:15sur ce sujet
22:16de l'hyper-violence
22:17chez les jeunes.
22:18Merci à Aurélie Herbemont,
22:19chef adjointe
22:20du service politique
22:21de France Info.
22:22Merci à vous.
22:23Gilles Bernstein,
22:24éditorialiste politique
22:24à France Info TV.
22:25On l'appelle,
22:25c'est le canal 16.
22:27Et on vous retrouve
22:27tous les soirs
22:28de 18h, lundi ou jeudi,
22:29de 18h à 20h
22:31dans l'émission
22:32Autrement dit
22:33avec Sonia Chironi.
22:34Merci à vous Renan.
22:35Merci Salia.
22:35On se retrouve demain.
22:37Les informés du soir,
22:38c'est à partir de 20h.
22:38Sous-titrage Société Radio-Canada