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Agnès Pannier-Runacher, Ministre de la Transition Ecologique

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00:01L'actu en ce moment nous emmène au port de Nice parce que vous le savez le monde entier a rendez-vous sur place avec le sommet des Nations Unies sur l'océan, l'UNOC émission spéciale.
00:10Donc ce matin on parle de préservation des océans. Fabien Fourel vous êtes depuis le port de Nice avec la ministre de la transition écologique, de la mer, de la biodiversité.
00:21Agnès Pannier-Runacher est avec vous.
00:26Bonjour Agnès Pannier-Runacher.
00:27Bonjour Fabien Fourel.
00:28Merci d'être avec nous ce matin pour ce sommet que l'on annonce historique de votre côté, en tout cas du côté de l'organisation française.
00:36Est-ce que vous vous êtes promenée dans les rues de Nice ?
00:39Oui un petit peu mais on est extrêmement sollicité par le sommet sur les océans.
00:45Vous avez dû vous rendre compte que les Niçois, les Azuréens, les touristes se sentent parfois un peu mis à l'écart.
00:51Il y a comme deux villes dans l'une entre ce sommet un peu calfeutré, hautement sécurisé et le reste de la ville.
00:58Est-ce qu'on n'a pas déjà un peu raté ce sommet à partir du moment où on n'arrive pas à impliquer tout le monde ?
01:04Alors je ne crois pas et j'invite vraiment à tous ceux qui nous écoutent à aller à la baleine parce que c'est un espace fabuleux qu'on a pensé pour accueillir le grand public et qui montre à la fois la beauté des océans mais également les enjeux qui sont discutés à Nice.
01:17Après c'est un sommet international et effectivement qui est sous l'égide des Nations Unies et donc c'est une partie de notre territoire qui a été repris pour quelques jours par les Nations Unies donc qui est une zone internationale pour quelques jours et à ce titre compte tenu des enjeux de sécurité, de notre vigilance et de leur vigilance par rapport aux risques terroristes qui est forcément sécurisé.
01:42Mais ce qui était très important pour moi c'est que les Niçois et les Niçoises, c'est que les habitants de Provence-Alpes-Côte d'Azur du sud, de la région sud puissent se rendre à la baleine, puissent se rendre sur les bateaux aussi qui sont en exposition et vraiment j'invite tout le monde à le faire.
02:00Alors les bateaux c'est verrouillé ici, on ne peut pas rentrer dans le port de Nice.
02:02Oui mais quand on est à pied on peut faire un certain nombre de rencontres et c'est des rencontres magnifiques avec des gens qui sont passionnés et qui vous expliquent la manière dont ils défendent les océans.
02:12Alors on va entrer dans le vif du sujet, vous avez annoncé que la France va passer de 0,1% des eaux hexagonales sous protection forte à 4% d'ici fin 2026.
02:22Pourtant la pêche industrielle va pouvoir continuer dans les aires marines protégées dans ces 4% via le chalutage pélagique.
02:31Alors attention je crois qu'on va très vite en besanne, c'est-à-dire qu'on a dit que sur les eaux de protection forte nous allions protéger les fonds marins et que sur ces fonds marins il était absolument impensable de mettre du chalutage de fonds.
02:47Ce chalutage de fonds il détruit les fonds marins et l'approche que nous retenons qui est une approche qui est parfaitement internationale.
02:55Je le redis, la directive Habitat la retient, c'est la référence figure dans le pacte européen sur les océans.
03:03Donc c'est une démarche scientifique et juridique où nous appliquons...
03:07Les scientifiques disent qu'il ne faut pas non plus de chalutage pélagique dans les aires marines protégées aujourd'hui.
03:11C'est lui ICN qui le disait il y a quelques temps.
03:14Alors en fait c'est un peu plus compliqué que ça.
03:16Les aires marines protégées, vous avez 6 niveaux de protection.
03:20Et dans les niveaux de protection intermédiaire, il est parfaitement possible de faire du chalutage pélagique avec des bateaux petits.
03:28Je le rappelle, la France c'est une pêche qui est très artisanale.
03:35Et lorsqu'on parle d'art traînant de fonds, lorsqu'on parle de chalut pélagique, on est sur des bateaux qui n'ont rien à voir avec ces bateaux de plus de 100 mètres.
03:44150 mètres pour les chaluts pélagiques, nous disaient certaines associations, jusqu'à 200 tonnes de poissons par jour.
03:50150 mètres ça n'existe pas en France.
03:52Et 200 tonnes de poissons par jour ?
03:53Ça n'existe pas en France. Je le redis, il y a une caricature qui est faite.
03:58Aujourd'hui nous avons une pêche, toute notre pêche française, qui est d'ailleurs aux mêmes règles que l'Europe, puisque c'est l'Europe qui impose les règles.
04:05C'est une pêche qui est conditionnée par les scientifiques, c'est-à-dire que c'est les scientifiques qui définissent chaque année les quotas de pêche que les pêcheurs ont droit de faire.
04:14C'est une pêche où on applique des règles sur les engins de pêche.
04:18Toute la pêche méditerranéenne, les 40 chaluts aujourd'hui, il n'y en a que 40 pour vous donner une idée, 43 pour être précise.
04:25Il y en a 400 en Italie.
04:27Pourquoi ne pas monter plus haut que 4% d'eau protégée ? Pourquoi ne pas monter plus haut si il y a si peu de pêcheurs ?
04:34Mais parce qu'il faut qu'ils vivent aussi de leur métier.
04:36Et aujourd'hui, ce que les gens ne savent pas, c'est que plus de 50% de nos eaux hexagonales sont interdites aux chaluts de fond.
04:45Et ce qu'il faut savoir aussi, c'est que moi je gère 11 millions de kilomètres carrés d'eau territoriale française.
04:52Et que sur l'ensemble de nos eaux territoriales françaises, nous sommes un des premiers pays à pouvoir garantir aujourd'hui 10% de protection stricte.
05:01C'est-à-dire où il n'y a aucune pêche.
05:04Avec la Polysie française.
05:05Nous le faisons pas que.
05:06La Polysie française, les territoires australes et antarctiques.
05:11Oui, pas que la France hexagonale.
05:13La Nouvelle-Calédonie.
05:14Et en France hexagonale, nous avons aussi des zones de nos techs.
05:18Et contrairement à ce qu'on raconte, l'UICN a labellisé des parcs marins français dans lesquels il y a du chalutage pélagique.
05:27Donc moi, vraiment, j'invite les Françaises et les Français à se reporter aux gens qui font un travail sérieux en matière scientifique et en matière environnementale.
05:38Et pas à ceux qui essayent de désigner à la vindicte populaire, parfois en racontant n'importe quoi, certaines technologies.
05:45Et les lobbies des pêcheurs, ça n'existe pas pour vous aujourd'hui ?
05:46Bien sûr qu'il y a un lobby des pêcheurs.
05:48Mais ce lobby des pêcheurs, il agit au même titre que d'autres lobbies ou d'autres prises de parole.
05:56Et ils gagnent pas aujourd'hui ? Vous avez gagné face aux lobbies ?
05:59Non, on a travaillé ensemble.
06:00Moi, je n'oppose pas les pêcheurs et les enjeux environnementaux.
06:05Je concerte.
06:06Et c'est une démarche qui nous permet de nourrir les Français avec la pêche française et de préserver notre environnement.
06:13Je trouve qu'il y a une hypocrisie énorme aujourd'hui de la part de certains de nous dire arrêtez tout la pêche en France.
06:20Et après, on importe massivement du reste du monde.
06:24On importe 80% de produits de la pêche que l'on mange sur nos tables.
06:28Ces 80% sont pêchés dans des conditions qui n'ont rien à voir avec les conditions françaises et européennes.
06:33On va avancer, madame la ministre, parce qu'il y a plein de questions.
06:35Un mot d'un grand absent quand même.
06:37Le bateau de Greenpeace interdit d'accès au port.
06:40Il est un peu plus au large de la côte d'Azur.
06:43Avant de vous entendre, je voudrais qu'on écoute le maire de Nice.
06:45Il était mon invité vendredi.
06:46Et il se défendait d'être à l'origine de cette interdiction.
06:51Écoutez.
06:51Aujourd'hui, moi, je n'interdis personne.
06:53Je n'interdis rien.
06:54Au contraire, je ne suis que celui qui est accueil.
06:58Pour le bon déroulement de cet événement, la demande du préfet, mon administration a pris un simple arrêté.
07:04Je n'ai pas de regard négatif à l'égard de telle ou telle ONG.
07:08Je dirais même que j'ai un regard de tendresse sur Greenpeace lorsqu'ils se battent pour des choses et des causes qui sont justes.
07:18Quand on interdit aux militants écologistes de venir parler d'écologie à un sommet de l'ONU, à une conférence de l'ONU,
07:24est-ce que c'est vraiment pour protéger l'environnement ou est-ce que c'est pour protéger l'événement ?
07:28Alors, je vais être très précise, Greenpeace est présent dans l'événement.
07:31Pas le bateau.
07:33Mais le bateau est présent au large de Nice.
07:34C'est-à-dire que comme le bateau de Paul Watson, qui n'a pas du tout été interdit, il mouille au large de Nice.
07:40Alors, pourquoi cet arrêté qui a été pris par les services de l'État ?
07:43Mais parce que, pour des raisons de sécurité, malheureusement, Greenpeace s'est illustré les cinq jours qui ont précédé la conférence des Nations Unies par trois actions illégales.
07:52Une qui a été réalisée dans l'air marine protégée...
07:55Des rochers calcaires qui ont été déposés pour dénoncer le chalutage de fonds.
07:58Oui, mais 15 tonnes de rochers calcaires dans une aire marine protégée qui abîme les fonds marins dans une zone où le chalutage de fonds est interdit.
08:06Ça n'a pas de sens, c'est absurde.
08:07Et le parc marin a évidemment dénoncé cette exaction.
08:10Il y a eu une deuxième action avec des tags dans la ville de Nice.
08:13Vous imaginez bien que je ne suis pas la police qui a interpellé les militants de Greenpeace.
08:18Et il y a eu une troisième action à Paris où ils ont enlevé la statue d'Emmanuel Macron pour la mettre ailleurs.
08:24Alors, c'est entre potacherie, mais c'est aussi au-delà de la potacherie.
08:28C'est grave parce qu'ils ne respectent pas la loi.
08:30Et effectivement, moi, je ne suis pas les autorités responsables de l'ordre public, mais ils prennent les bonnes décisions.
08:36Et je le redis, Greenpeace a parfaitement accès à toutes les zones et ils ont leur accréditation.
08:44Donc, attention à ne pas tout mélanger là aussi.
08:46Je crois qu'il faut vraiment passer outre certaines associations environnementales qui sont dans les coups de com'.
08:53Moi, j'ai travaillé énormément.
08:55J'ai travaillé pendant des heures avec plein d'associations, avec Tara, avec WWF, avec la LPO, avec No Plastic in the Sea.
09:04On a travaillé avec une quinzaine, vingtaine d'associations qui avaient des propositions, qui nous ont challengés, qui nous ont demandé d'aller plus loin.
09:13Eux nous disent « ça c'est bien, ça c'est pas bien ».
09:15Je n'ai eu aucune, aucune proposition de Greenpeace, aucune participation au groupe de travail.
09:20On entend votre colère. Il faudrait avancer et parler du traité Haute-Mer quand même.
09:23Il faut surtout avancer sur les vraies réalités, les vraies avancées. Vous avez raison.
09:27Combien de ratifications à l'heure qu'il est de ce traité qui devrait permettre d'enfin réguler l'action de certains pays dans les eaux internationales ?
09:36Alors, c'est un succès massif de la diplomatie française, du président de la République.
09:40Ce matin, 50 ratifications. On a fait un bon quantique.
09:44Et surtout, nous savons que nous allons pouvoir sécuriser la mise en œuvre de ce traité d'ici la fin de l'année.
09:49D'ici la fin de l'année, pas d'ici la fin du sommet.
09:51Non. Alors, probablement d'ici la fin de l'année, même si on croise encore les doigts pour en avoir des supplémentaires.
09:58Pourquoi ? Parce que des pays comme la Grande-Bretagne, par exemple, des pays comme l'Allemagne, nous disent « Évidemment, on va le ratifier ».
10:04Mais compte tenu de l'agenda de notre Parlement, on ne saura pas le faire d'ici le 13 juin et le 13 juin.
10:11Mais comptez sur nous. Ça sera fait dans les prochaines semaines.
10:14Et nous, nous porterons cette vision. Nous avons déjà prévu des financements pour accompagner la mise en œuvre de ce traité.
10:20Comment on fait respecter la loi aujourd'hui face à Donald Trump ?
10:24Il n'a pas signé le traité. Vous allez dire, vous, les États qui ont signé le traité, Donald Trump, ce n'est pas bien, on ne fait pas ça.
10:31C'est un peu schématique, mais en gros, c'est ça. On ne peut pas aller voir et explorer les fonds marins ?
10:36C'est dramatique d'explorer les fonds marins. Ce n'est pas une exploration, pardon. C'est une exploitation.
10:40C'est une exploitation minière dans les hauts fonds marins avec le risque de bouleverser les écosystèmes.
10:47Mais vous allez lui faire respecter comment ce traité à Donald Trump ?
10:51Le traité sur la haute mer permet la mise en place d'aires marines protégées avec des contrôles et des bateaux pour imposer ces contrôles.
11:01Et effectivement, au plan international, moi, je fais pression très concrètement sur la Suisse,
11:06qui est partie prenante d'un point de vue dans l'entreprise qui, aujourd'hui, veut nous imposer cette extraction minière.
11:13Je fais pression sur le gouvernement du Canada. J'essaye d'entraîner une coalition derrière moi.
11:18Le président de la République vient de signer une tribune avec 27 chefs d'État.
11:22Donc c'est ça la diplomatie. C'est lutter contre la loi du plus fort.
11:27Lutter contre la loi du plus fort, c'est refuser qu'un État décide contre tous les autres États
11:33et mette en danger la vie sur Terre.
11:37Et la biodiversité, c'est vraiment un grand enjeu diplomatique et nous allons être à la manœuvre.
11:42Et Emmanuel Macron, tout comme le secrétaire de l'ONU, Antonio Guterres,
11:47on parlait hier de lutter contre un Far West.
11:49Merci Agnès Pannier-Runacher. Vous restez avec nous dans le journal de 8h.
11:52On parlera de la situation à Marine Nande.

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