Reportage cinéma produit par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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00:00Et maintenant, allô quoi ?
00:02Dans le Répondeur de Fabienne Godet, un romancier célèbre qui a besoin de calme,
00:08joué par Denis Podalides, engage un imitateur sans travail incarné par Salif Sissé
00:13pour répondre à sa place au téléphone.
00:16Et le Répondeur humain va se prendre un peu trop au jeu, Maroussia.
00:20Exactement, oui. J'aime beaucoup ce film parce que je trouve qu'il donne une nouvelle place
00:25finalement à la discipline de l'imitation qu'on entend souvent dans des émissions satiriques
00:30ou pour faire des gags, des grands spectacles, etc.
00:34Et là, tout d'un coup, ça va lui donner une dimension intimiste, quotidienne.
00:39En effet, on répond au téléphone à la place de quelqu'un parce que Denis Podalides, écrivain,
00:44a besoin de respirer et de ne plus répondre lui-même au téléphone.
00:49Donc ça m'a beaucoup plu.
00:50Et le rôle principal de l'imitateur est tenu par un jeune acteur qui s'appelle Salif Sissé
00:55qu'on va voir dans plusieurs films à venir.
00:58Mais c'est son premier grand rôle et il a une douceur qui est vraiment exquise.
01:04Une petite chose avant de lancer l'extrait, parce qu'évidemment, je vais vous le laisser entendre,
01:08tout se joue sur la voix.
01:10Et c'est la manière dont a été tournée finalement cette imitation
01:12puisque Salif Sissé n'est pas un imitateur.
01:15Donc ils ont mixé en fait la voix de Podalides avec celle de Sissé au montage.
01:20et en même temps, Sissé a quand même essayé de travailler,
01:23de trouver cette voix un peu sableuse de Podalides.
01:26Donc je vous...
01:28Voilà, voici un extrait à écouter où il va présenter ses premières imitations.
01:35Héléna était entrée par effraction dans sa vie et...
01:41Ça vous plaît pas ?
01:43Euh...
01:44Non, c'est...
01:46C'est pas ça, mais...
01:48Je me reconnais pas.
01:50Bah c'est normal, on reconnaît jamais sa propre voix.
01:52Bah...
01:52Eh, c'est vous.
01:53Ah non, non, c'est pas moi, non.
01:54Bah...
01:55Non, non, c'est pas moi, c'est pas moi.
01:56Je suis désolé, Baptiste, de vous avoir entraîné dans cette aventure.
01:59C'était une très mauvaise idée, je vais vous dédommager.
02:01Non, non, attendez, attendez, attendez.
02:05Il est où, votre portable ?
02:07Il est sur le bureau.
02:09Je...
02:09Vous permettez ?
02:10Quoi, papa ?
02:23Je suis désolé de ne pas t'avoir répondu tout à l'heure, ma chérie, mais je travaillais.
02:27C'est pas grave.
02:28T'avances bien ?
02:30Pas trop mal.
02:32Et toi ?
02:33J'espère que tu trouves le temps de peindre.
02:35Non, pas vraiment.
02:37Tu sais que je connais deux, trois galeristes qui t'exposent quand tu veux.
02:39Ouais, ouais, tu me l'as déjà dit 25 000 fois.
02:42Faut que je te laisse, je suis en retard.
02:43Je te rappelle ce soir en freestyle ?
02:45Ah, non, non, non, non, non, non.
02:47Non, non, tu sais bien que j'aime pas ça.
02:51On se rappelle plus tard.
02:52Tac.
02:53Bisous, tiens.
02:55Il y a un côté un peu ange gardien de Sally Cissé.
02:58Il y a un côté ange gardien.
02:59Ce qui est très amusant, c'est de voir, on voit bien avec cet extrait,
03:02comment la complicité entre les deux, qui vont arriver...
03:05Donc, vous avez compris que là, la démonstration est concluante
03:08et donc, il va être engagé.
03:10Et qu'en fait, c'est un peu deux potages qui se disent
03:12on fait une bonne blague à l'humanité.
03:14Et sauf qu'on voit que le film raconte qu'on n'est pas impuni,
03:18qu'on ne peut pas se cacher derrière une voix.
03:20Et ce qui est troublant dans cet extrait,
03:21c'est qu'on voit bien que sur Sally Cissé,
03:23qui est effectivement très bon,
03:24il y a la voix de Podalides.
03:25Enfin, bon, c'est un truc travaillé.
03:27Et nous, on connaît très bien la voix de Podalides et on voit bien que ça ne colle pas.
03:33Et ce qui est extraordinaire, c'est que tout le film fonctionne là-dessus,
03:37sur cette bande-son qui se déconnecte de la bande-image.
03:41Et on en construit un veau de ville.
03:44Ce qui donne une originalité...
03:45Et on construit aussi sur la carrière de Podalides et la connaissance qu'on a pour ce film.
03:48Ça crée une originalité.
03:51Et Fabienne Godet, qui ne vient pas du tout de la comédie,
03:53qui a fait des films sociaux.
03:54Son plus beau film était le film avec Michel Vaujour.
03:57Vous savez qu'avec Ne me libérez pas, je m'en charge,
04:00qui racontait à un prisonnier de droit commun
04:01comment il s'évadait dans sa prison des quartiers de haute sécurité.
04:05Elle arrive à trouver une profondeur dans la comédie.
04:08C'est assez... Le film est assez troublant.
04:10Il ne fonctionne pas totalement, mais on passe un très, très bon moment.
04:13Ça a réussi à transformer l'essai, quoi.
04:15Simon ?
04:16Philippe a raison.
04:17En fait, grâce à ce décalage, ça devient du cinéma.
04:19Sinon, ça pourrait être du théâtre de boulevard très réussi.
04:22Et avec une idée centrale très amusante.
04:24Mais grâce à ce décalage, ça se fait grâce à des mécaniques de cinéma.
04:28Ça, c'est intéressant.
04:29C'est intéressant aussi parce que, comme c'est quelqu'un qui imite quelqu'un,
04:32qu'on observe étant imité,
04:34forcément, c'est une histoire qui donne un peu de place au personnage et à l'histoire.
04:39Et du coup, ils arrivent à être assez émouvants,
04:40ce qui n'était pas forcément gagné au tout début.
04:42Alors après, moi, je trouve que la mise en scène n'épouse pas de ce qu'il y a de potentialité absurde là-dedans.
04:49Mais Clara Berthaud...
04:50Et tant mieux, en fait, je pense.
04:51Ah oui ?
04:52Oui, parce que je trouve que ça reste à un niveau très, presque réaliste.
04:56Oui, tout à fait.
04:57Et je trouve ça pas mal que ça n'aille pas trop dans la comédie.
04:59Et je crois que son propos, c'est aussi de...
05:01Comment tout d'un coup, elle fait éclore ce personnage joué par l'imitateur
05:05qui, finalement, n'a pas de visage.
05:06Et il y a une autre histoire parallèle qui est sur la peinture et sur le portrait, justement.
05:11Donc, c'est plutôt intéressant de voir ce portrait à deux...
05:14Comment dire ? À deux faces, quoi.
05:16Enfin, le son et le dessin, enfin, la peinture.
05:19Et je crois que c'est ça qu'elle fait.
05:21C'est un portrait, en fait, de cette imitateur qui...
05:25Voilà.
05:25Heureusement qu'on ne rive pas.
05:26Et puis, il y a quelque chose d'assez joli.
05:27C'est qu'on le montre tout le monde.
05:28C'est du rire avec un fond de chagrin, c'est ça ?
05:30Oui, peut-être.
05:31Il y a aussi un truc qui est très beau.
05:32Non, pas de mélancolie.
05:33Oui.
05:35Et de libération.
05:36De libération, de connaissance de soi.
05:38Vendu, Philippe.