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Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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Transcription
00:00Cannes plus vieux, Cannes heureux pour Thomas N. Gijol, le comédien et réalisateur connu jusqu'ici pour ses comédies,
00:06est venu sur la croisette présenter un film dans un tout autre genre, un polar indomptable.
00:11Dans les rues de Yaoundé au Cameroun, Thomas N. Gijol y interprète un commissaire qui enquête sur un crime,
00:16mais qui surtout développe un étrange rapport à l'autorité, autant dans son métier que dans sa vie privée.
00:21Commissaire bilan.
00:25Son surnom c'est platine.
00:27Tu es camerounais, non ?
00:30Quand tu es intelligent, il faut me raconter ce qui s'est passé.
00:34On peut travailler dans des conditions pareilles.
00:40Sois un bon présent pour ta famille.
00:42Ton travail a pris le dessus sur tout.
00:44Alors mon cher Thomas, d'abord je situe un peu le contexte.
00:47Contrairement aux apparences, on est bien sur une plage à Cannes,
00:50et non pas au bout du Finistère.
00:52Non, pas en Normandie, pas en Bretagne, on est à Cannes.
00:54Il y a une bonne sauce qui tombe depuis quelques heures.
00:57Le navire prend l'eau.
00:59Mais je veux te dire, Antoine, c'est bon signe.
01:01C'est bon signe ?
01:02Mais oui, parce qu'au Cameroun, ce n'est pas du tout la même lecture.
01:04Ce n'est pas comme ça au Cameroun ?
01:05La lecture de la pluie, de l'orage, c'est que les anciens se manifestent.
01:10Et ça, c'est magnifique.
01:11C'est peut-être les anciens qui se manifestent.
01:13Écoute-moi, je prends ça avec beaucoup.
01:14Tu ne vois pas mon sourire ?
01:16Tu ne vois pas cette joie de vivre ?
01:18C'est un très beau message que je reçois là.
01:20Alors Indomptable, c'est à l'origine d'Indomptable, il y a un documentaire qui s'appelle
01:24Un crime à Abidjan, à la fin des années 90, qui vous a littéralement happé.
01:31Le mot n'est pas trop fort.
01:32Qui vous a travaillé au point de vous donner envie d'en faire un film.
01:35Et un film qui, lui-même, vous permet de changer de registre.
01:39Ça fait beaucoup de choses en même temps.
01:40Ça fait beaucoup de choses.
01:41Mais on va dire, quand je découvre le documentaire, je n'ai aucune projection professionnelle, loin de là.
01:47Ce personnage de flic m'a clairement marqué.
01:50Et puis après, moi, en sortant de mon dernier spectacle, il y avait un truc, un plafond de verre
01:55que j'avais dépassé dans la transmission avec mes enfants.
01:58Il y avait un truc très personnel qui s'est passé.
02:00Et j'avais envie de continuer dans ça, de creuser.
02:02Mais cette fois, le travail, c'était un peu sur moi.
02:04Justement, ce fameux commissaire Bilong, sa caractéristique, quand même, c'est qu'il a un peu de problème
02:11à faire respecter son autorité, tant dans le privé que du côté professionnel.
02:16Un petit côté autobiographique, peut-être ?
02:17Complètement.
02:18C'est complètement méta, ce film.
02:19Parce que non, déjà, pour parler de mon père, ça n'a pas toujours été évident.
02:24Parce que c'est quand même le départ aussi du film.
02:25Je me suis dit, quand même, t'imagines si papa, il était flic, en plus.
02:29Tu vois qu'il avait un badge et un flingue.
02:30Ça aurait été une ambiance à la maison.
02:32Et puis, ouais, moi aussi, j'ai du mal.
02:34Mais pour des raisons différentes.
02:35Moi, je suis entouré de filles.
02:37Donc, mon autorité, j'ai que des codes masculins.
02:41Je ne sais pas faire.
02:42Vous avez voulu vous raconter à travers ce film.
02:44Oui.
02:44Est-ce que c'est facile, justement, d'accéder à l'intime en passant par la case polar, comme c'est le cas cette fois-ci ?
02:51Ouais, parce que même s'il y a une case polar, je reste à taille humaine.
02:55Je n'ai pas voulu faire des faits de style.
02:58Je n'ai pas voulu aller au Cameroun.
02:59Je suis dans la société.
03:01Il n'y a pas de course-poursuite.
03:03Il n'y a pas de coup de feu.
03:05Enfin, il n'y a pas de scène de hit, quoi.
03:06Tu vois, on reste tranquille.
03:08Donc, non, c'était pas facile.
03:11Mais sincèrement, j'étais habité.
03:13J'étais habité.
03:14J'avais un truc en moi qui n'attendait que de sortir.
03:19Et quel rapport le spectateur que vous êtes entretient-il avec le genre polar ?
03:23J'adore.
03:24Moi, c'est un des genres que je consomme le plus.
03:27C'est tous mes films d'après 22 heures.
03:30C'est mes petits plaisirs de polar.
03:33Ouais, ça fait bien 20 ans que je suis un assez du consommateur de polar asiatiques en particulier.
03:39Mais même au Moyen-Orient, il y a des trucs super.
03:41Les anciens veulent vous dire beaucoup de choses.
03:44Là, ils sont en train de nous raconter une histoire, les anciens.
03:46Ils ne sont pas contents du tout.
03:47Ou au contraire, ils soutiennent.
03:48Non, non, ils sont contents.
03:50Je raconte mon amour du polar.
03:52Vas-y, continue.
03:53Donc, j'aime le polar asiatique, indien, tout.
03:56Tout genre de polar.
03:56Alors, pour faire plaisir aux anciens, ça serait quoi le polar ultime ?
03:59Oh là là, tu vois, je dis n'importe.
04:02Hit, c'est considéré comme polar ?
04:03Ouais, bah oui.
04:04Ouais, bah Hit.
04:05Michael Mann.
04:06Michael Mann, Hit, ouais.
04:09Ouais, non, je peux t'en citer plein.
04:10Ah, Infernal Affair, la version des Infiltrés, mais l'original asiatique.
04:15Infernal Affair, c'est un bijou.
04:17Je l'ai vu en salle à l'époque sans savoir ce que vous allez voir.
04:20Ce film, il m'a traumatisé.
04:21Il est magnifique.
04:22Bon, alors Thomas, vous êtes le commissaire.
04:24Ouais.
04:24Le rôle principal de votre propre film.
04:26Quand le problème du casting s'est posé, vous avez hésité longtemps ?
04:30Non, non, non, non.
04:32Non, mais il y avait le côté autobiographique.
04:34Comme tu l'as dit avant, je voulais un peu me raconter, raconter certaines choses, guérir de certains mots qui m'habitaient.
04:42Mais ouais, non, c'était moi.
04:44C'était un peu mon histoire.
04:46Il y a plein de thèmes qui se croisent dans le film.
04:49On va parler de famille, on va parler de transmission, on va parler de patriarcat aussi.
04:53C'est des thèmes qui vous agitent, vous, qui vous occupent ?
04:57Qui m'occupent, que moi-même j'incarne.
05:00Qui vous préoccupent peut-être même ?
05:00Qui me préoccupent complètement, ouais.
05:02Parce que, comme je te l'ai dit, j'ai cinq femmes quand même à la maison.
05:06Donc il faut se remettre en question.
05:08Parce que j'ai envie qu'elles soient fortes, mes filles.
05:10J'ai pas envie qu'elles soient broyées par un père qui a encore des vieux réflexes, parce que j'en ai.
05:15Et non, non, c'est des sujets qu'on a subis, mais qu'on ne veut pas perpétuer.
05:21Et qu'en même temps, aujourd'hui, on a des solutions.
05:24En tout cas, on peut les pointer sans jugement.
05:26Parce que j'ai beaucoup d'affection pour le commissaire, le personnage que je joue.
05:30Parce que c'est des hommes d'une époque.
05:32C'est des gens qui ont grandi avec des parents qui n'avaient pas toutes les solutions à tout.
05:38Certains ont connu justement la guerre, la colonisation, des choses.
05:41Donc, non, c'est complexe.
05:43Mais avant tout de l'affection, c'est un état de fait.
05:46Il n'y a aucun jugement dans ce film.
05:48Pouvez-vous me raconter un peu la vie à la maison avec six filles ?
05:52Oh là là, cinq, cinq, cinq, cinq filles.
05:55La vie à la maison, c'est, disons qu'en termes de débat, il y a des moments de solitude, surtout.
06:00Il y a des vrais débats.
06:01Vous sentez un peu isolé, peut-être, parfois.
06:02Isolé, les matchs de football, je suis isolé.
06:05Les fins de repas, quand je reste assis un peu trop longtemps et que tu sens des regards, genre, tu ne vas rien faire.
06:11Je me sens isolé.
06:13Non, il y a beaucoup de...
06:15Il faut être fort.
06:16Mais ça, ça me fait du bien.
06:18C'est bien, j'ai grandi tellement avec tellement de machos, tellement de testostérone que là, voilà, ce petit virage.
06:25Je n'ai même plus un virage là, mais ce moment est appréciable.
06:27Votre personnage, votre commissaire, il est face à un dilemme qu'il explique en ces termes.
06:32Il dit choisir entre laisser la violence perdurer ou l'exercer soi-même.
06:36Oui, c'est un dilemme inhumain.
06:38Absolument.
06:39Voilà.
06:40Comment on fait avec ça ?
06:41La vie, elle est complexe.
06:43Moi, en tant que réalisateur et même auteur, il y a un endroit où le bien, le mal, et puis surtout même à l'époque à laquelle on vit, ça devient abstrait.
06:53Moi, je me dis, sur l'instant, il faut juste bien faire les choses à l'échelle du monde.
06:59Donc, c'est compliqué d'avoir un...
07:00Voilà, parce que notre personnage, il utilise des fois la façon rude pour arriver à ses fins parce qu'il n'a pas tellement d'autres moyens.
07:08Et c'est très complexe.
07:09C'est peut-être à fait de lui une mauvaise personne parce qu'il veut faire la justice.
07:13Et moi, c'est ça que...
07:14C'est là où je me situe, au milieu, là.
07:15Et on est un peu du poil à gratter dans tout ça.
07:18Et c'est ça que je trouve mortel en tant que réalisateur, auteur et même comédien parce que la vie est beaucoup trop complexe pour qu'aujourd'hui, on ait des personnages manichéens, gentils.
07:28Lui, c'est le méchant et tout.
07:30On a une part de sombre et de lumière en nous, quoi.
07:32J'ai terminé par une citation de Nelson Mandela que je vous soumets.
07:36Je ne perds jamais.
07:37Soit je gagne, soit j'apprends.
07:40Ça vaut pour le cinéma, non ?
07:42Ouais, c'est vrai.
07:44Ça vaut pour le cinéma.
07:46Là, tu vois...
07:46Les anciens sont d'accord.
07:48Les anciens ont dit oui, oui, oui, non, mais c'est beau pour le cinéma et surtout pour la vie.
07:55Surtout pour la vie, soit on perd, soit on apprend.
07:57Alors, sur le coup, quand on perd, ça fait toujours un peu mal au cul, on ne va pas se mentir.
08:01Donc, c'est le lendemain au réveil qu'on se dit, j'ai quand même appris.
08:05C'est une bonne citation.
08:06Une bonne citation.
08:06Là, les anciens affirment à 200% parce que la lumière va nous tomber sur la gueule.
08:11Merci, Thomas.
08:12Merci, Antoine.
08:12C'est toujours un plaisir.
08:14Merci.
08:14Et bravo.

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