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  • 09/06/2025
Avec Me Julie Couturier, présidente du Conseil national des barreaux et ses membres, Auteur de "Idées reçues sur les avocats" (Editions Le Cavalier Bleu)

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##LA_VERITE_EN_FACE-2025-06-09##

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Transcription
00:00Sud Radio, la vérité en face, Jean-François Aquili.
00:04Avec notre invité ce matin, bonjour à vous, Julie Couturier.
00:08Bonjour.
00:08Vous présidez le Conseil National des Barreaux et vous allez nous parler d'un ouvrage ce matin,
00:16« Idées reçues sur les avocats ». C'est quoi ? C'est un livre choral.
00:22Alors c'est un livre choral qui a été orchestré par le Conseil National des Barreaux,
00:27qui est l'instance qui en France représente la profession d'avocat vis-à-vis des pouvoirs publics
00:31et notamment orchestrée par sa commission communication.
00:35Alors je vais faire le pitch, comme on dit, résumer ce qu'il y a dans ce livre très intéressant.
00:38Moi je vous le conseille de le lire. J'attends vos réactions d'ailleurs au 0826 300 300.
00:45Alors Julie Couturier, la vérité en face, on va tous dire ce matin sur les avocats.
00:50Sont-ils perçus à leur juste valeur dans notre pays ? C'est une vraie question.
00:55Elle est réellement sur la table avec un grand nombre de clichés qui se sont installés au fil du temps
01:01et dans tous les esprits. Pour tous ceux qui les trouvent trop chers,
01:05un avocat c'est cher, ça coûte de l'argent, qui estiment que de toute façon les délais de procédure,
01:10ils sont trop longs, la justice c'est interminable, c'est pas forcément la faute des avocats.
01:15Julie Couturier, ça on va tous aller nous le dire.
01:17Ou ceux qui estiment qu'ils n'ont pas forcément besoin d'être défendus
01:20pour de simples tracas de la vie ordinaire.
01:23Bon, ça sert de prendre un avocat, j'ai pas d'argent, je me débrouille tout seul.
01:27Livre très intéressant, très utile.
01:31J'ai envie de vous dire, quelles sont ces idées reçues, Julie Couturier, essentiellement ?
01:36L'argent ?
01:37Elles sont multiples.
01:39C'est l'argent, je pense qu'en fait il y a une grande méconnaissance du système judiciaire
01:43et du rôle extrêmement multiple et complexe de ce que sont les avocats.
01:47L'avocat, je crois que c'est un des principaux clichés, c'est l'avocat pénaliste qui plaide,
01:54c'est la robe noire, alors qu'en réalité on est 78 000 avocats en France.
02:0077 598, c'est vous qui avez précisé le chiffre.
02:03À la fin de l'année 2024, donc on peut imaginer que depuis le début de l'année il y en a quelques autres.
02:07Mais globalement, on est donc en effet 78 000 avocats en France.
02:11Et c'est autant de métiers, autant de façons de l'exercer.
02:16Il y a toutes sortes d'avocats.
02:17Absolument, et la partie immergée de l'iceberg, c'est-à-dire la défense pénale,
02:21qui est évidemment un des rôles fondamentaux de l'avocat.
02:24Avec des grands ténors dont on est devenu garde des Sceaux au passage.
02:28Notamment, mais en dehors de ça, l'avocat ça doit être le partenaire du quotidien.
02:33Et c'est le partenaire du quotidien d'un certain nombre de nos concitoyens.
02:37Vous voulez dire quoi, un rôle de conseil ?
02:39Alors oui, c'est-à-dire que l'avocat c'est la défense, mais c'est aussi le conseil, l'assistance au quotidien,
02:45dans tout un tas de domaines, que ce soit en effet pour les entreprises,
02:50pour les citoyens au quotidien, en matière de droit du travail, en matière de droit de la famille.
02:56Vraiment...
02:56Des avocats pour toutes les situations, le pénal, les agressions, bon bref.
03:01Des avocats pour effectivement le monde du travail, les prud'hommes, pour ceux que ça concerne.
03:07Pour les enfants, pour les victimes.
03:09Parce qu'on dit beaucoup que, ça voilà, parmi les clichés que les avocats défendent les voyous,
03:15mais les avocats sont tous les jours aux côtés des victimes dans les juridictions françaises.
03:18Et Julie Couturier, les avocats pour les affaires, le droit des affaires, pour l'entreprise, pour le commerce.
03:25Parmi les idées reçues que vous égrenez dans cet ouvrage collectif, dont je rappelle le titre,
03:30les idées reçues sur les avocats, qui est publiée aux éditions du Cavalier Bleu,
03:34c'est très difficile de trouver, alors c'est un point d'interrogation, c'est provocateur un petit peu les têtes de chapitre,
03:40c'est très difficile de trouver un bon avocat.
03:41Vous savez, on cherche toujours un bon boulanger, un bon boucher.
03:43Bon avocat, c'est quoi ? C'est du bouche à oreille en général ?
03:46C'est beaucoup de choses. D'abord, peut-être ce qu'il faut quand même rappeler à vos auditeurs,
03:51c'est que ce qui caractérise aussi les avocats, c'est une formation solide et une déontologie solide
03:56qui permettent d'avoir des professionnels en effet compétents.
04:02C'est d'ailleurs un des principes essentiels de la profession d'avocat, c'est cette obligation de compétence.
04:07Alors il y a en effet beaucoup de vecteurs pour trouver un bon avocat,
04:11si tant est qu'on puisse savoir ce qu'est un bon avocat.
04:14On peut notamment vous en recommander un, c'est le site avocat.fr qui est la plateforme.
04:19Donc vous allez sur le site avocat.fr et vous trouvez votre bonheur ?
04:22Absolument.
04:23Oui. C'est la meilleure méthode ?
04:25Entre autres, c'est une méthode, c'est une méthode parmi d'autres.
04:27Évidemment, je pense que vous évoquiez la question du bouche à oreille.
04:31Lorsqu'un avocat fait ses preuves pour un client, c'est encore la meilleure des recommandations pour d'autres.
04:38Alors les avocats ne gagnent pas tous des fortunes, c'est un peu le cliché ça aussi.
04:44Oui, l'avocat non.
04:45L'avocat, comme les notaires, ils s'enrichissent sur le dos des français, je cite volontairement de façon provocatrice ce qui est dit ça et là.
04:55Il y a des avocats qui crèvent la faim ?
04:58Oui, il y a des avocats qui gagnent assez peu leur vie. Je pense qu'il y a des choix.
05:02Oui, bien sûr qu'il y en a.
05:03Un grand nombre.
05:04Il y a un certain nombre d'avocats qui, en effet, gagnent assez peu leur vie.
05:09Certains sont dans un engagement fort aussi, parfois au service de la justice du quotidien.
05:16Mais en tout cas, en effet, sur 78 000 avocats, l'image de l'avocat nanti ne doit certainement pas dominer.
05:24Alors, je n'ai pas besoin de l'avocat dans mon quotidien, c'est ce que pensent beaucoup de personnes.
05:29Au fond, pourquoi faire appel à un avocat et dépenser beaucoup d'argent, qu'il ne sera perdu à jamais ?
05:36Je peux me débrouiller tout seul, je clique sur Google et je trouve mon bonheur.
05:39Quand vous allez voir votre médecin, ce n'est pas seulement parce que vous êtes malade.
05:44On a beaucoup développé la médecine préventive et nos concitoyens, heureusement, vont régulièrement voir tel ou tel médecin
05:51pour précisément éviter d'être malade.
05:53Les avocats, c'est exactement la même chose.
05:56C'est-à-dire qu'il faut aller voir un avocat en prévention.
05:59Hélas, il est vrai que l'avocat est souvent vu comme un dernier recours, alors qu'il doit être en réalité le premier repère
06:05et qu'on doit aller voir l'avocat à titre préventif.
06:08Par exemple, je peux vous donner un exemple extrêmement concret de négociation de contrats.
06:12Il y a beaucoup de commerçants, par exemple, qui, dans leur vie quotidienne, doivent contracter avec un fournisseur.
06:20Plus vous faites de la prévention et plus vous avez les conseils d'un professionnel, et en l'occurrence d'un avocat,
06:27et plus vous évitez le contentieux après.
06:28Mais ce n'est pas un conseil juridique, parce que ça existe aussi, qu'ils ne sont pas des avocats
06:32qui peuvent vous conseiller pour éviter justement les pièges.
06:34Alors, les avocats ont quand même le monopole de la consultation juridique.
06:38Alors, il y a aussi une autre dimension, Julie Couturier, que vous défendez dans cet ouvrage collectif,
06:45« Idées reçues sur les avocats ».
06:46Tiens, parenthèse, pourquoi avoir publié ce livre ?
06:51Est-ce qu'il y avait un problème sur la place publique ?
06:53Vous sentez que la profession est menacée ?
06:55Alors, d'une façon générale, l'institution judiciaire, je pense qu'on aura peut-être l'occasion d'en reparler,
07:01mais l'institution judiciaire est très attaquée en ce moment.
07:04Les avocats qui ne font pas partie, à proprement parler, de l'institution judiciaire...
07:07Ce sont plutôt les magistrats qui sont critiqués aujourd'hui ?
07:10L'ensemble. C'est-à-dire qu'en réalité, à partir du moment où il y a un problème de confiance
07:14de nos concitoyens dans la justice, compte tenu, vous l'avez évoqué, notamment de la question des délais,
07:20en réalité, tout le monde se retrouve un peu sur le même bateau.
07:24Les magistrats et l'institution judiciaire sont très critiqués, c'est une évidence.
07:27Mais les avocats le sont aussi, et en réalité, il y a une défiance assez générale à l'égard des institutions,
07:32à l'égard de l'état de droit, dont on pourra peut-être dire un mot,
07:35parce que c'est une notion qui est finalement assez mal connue.
07:40Et dans ce contexte-là, de défiance à l'égard des institutions,
07:43les avocats, si je puis dire, trinquent aussi un peu,
07:45avec un vrai sujet, qui est celui de l'amalgame entre l'avocat et son client.
07:51Et son client, oui. Souvent, on dit, ça vaut pour les affaires pénales retentissantes.
07:56Vous savez, avocat de la mafia, c'est le cliché extrême.
08:00On dit souvent, il défend la même cause, finalement. On mélange tout.
08:04On mélange absolument tout. Je vous ai entendu tout à l'heure, en vous attendant,
08:08parler de la polarisation de notre société.
08:10Je pense que c'est le mal contemporain et que les affaires et le monde judiciaire n'y échappent pas.
08:18Vous défendez l'état de droit. C'est l'autre dimension de cet ouvrage.
08:21Aller y venir, justement, d'ailleurs, l'avocat qui serait une sorte de rouage essentiel de la vie démocratique.
08:28Pourquoi ? C'est une notion qui se perd ?
08:31Oui, c'est une notion qui se perd à partir du moment où on a un ministre de l'Intérieur
08:35qui nous dit que l'état de droit n'est ni intangible ni sacré.
08:40Il vous a choqué, Gérald Darmanin ?
08:41Là, en l'occurrence, c'était Bruno Retailleau.
08:43Oui, Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur.
08:45Je fais de la confusion parce que notre garde des Sceaux...
08:47Était ministre de l'Intérieur.
08:48...et surtout traite beaucoup de sujets qui concernent l'Intérieur.
08:52Même si la prison dépend de sa compétence, il est sur des sujets régaliaux,
08:56plutôt plus polices que justice, en quelque sorte.
08:59Parce qu'en réalité, le point commun, je pense que c'est celui de la sécurité publique.
09:02Et que là, par exemple, on peut aussi déconstruire un cliché,
09:05comme si les avocats, encore une fois, et j'y reviens,
09:07n'étaient que les avocats des voyous.
09:08Les avocats, comme les autres citoyens, aspirent.
09:11Donc Bruno Retailleau vous a surpris.
09:14Alors oui, nous a surpris tous.
09:16Parce qu'en réalité, je pense qu'il faut qu'on se mette d'accord quand même
09:19sur un socle de principes et de valeurs démocratiques.
09:23L'état de droit, c'est ça.
09:24C'est l'égalité devant la loi.
09:25C'est la hiérarchie des normes.
09:27Et c'est la séparation des pouvoirs.
09:29Et ce socle-là, pour moi, il est sacré et intangible.
09:32Ça ne veut pas dire que le droit ne doit pas évoluer.
09:34Et il évolue tous les jours.
09:35Il est même peut-être un peu trop bavard parfois.
09:38Et un peu trop bavard.
09:40Et c'est peut-être effectivement l'explication aussi
09:43d'un défaut de confiance de nos concitoyens.
09:45On va y venir dans un instant.
09:45Je vous ferai entendre ce qu'a dit ce matin,
09:48déclaré Béatrice Brugère,
09:51première vice-procureure du tribunal judiciaire de Paris,
09:53et qui est la secrétaire générale du syndicat Unité Magistra FO,
09:56au micro de Jean-Jacques Bourdin, justement sur le système judiciaire,
10:00dit-elle qu'il faut revoir.
10:02C'est le vaste débat, notamment après ce qui s'est produit
10:04en marge du match du Paris-Saint-Germain.
10:07Je reviens sur ce que vous développez sur l'état de droit,
10:10sur le rôle des avocats.
10:12Vous écrivez que l'avocat se dresse là où les libertés vacillent.
10:17Vous prenez en exemple Gisèle Halimi,
10:20ça remonte à loin, 1972,
10:23prenant la défense d'une jeune fille accusée d'avortement.
10:25C'est l'affaire Marie-Claire Chevalier, en réalité,
10:28qui deux ans après donne la loi Veil sur l'IVG.
10:32L'avocat est-il partie prenante du débat politique ?
10:36C'est ce qui a été éminemment développé avec Robert Banninter
10:38et son combat contre la peine de mort.
10:40Alors, non seulement du débat politique...
10:41Ça dépasse le rôle de l'avocat, quelque part.
10:43Oui et non, parce que l'avocat, non seulement,
10:45est impliqué, en effet, dans le débat politique,
10:47mais parce qu'il est aussi un acteur de l'évolution du droit.
10:51Et on se rend compte que le droit évolue parfois moins vite que la société,
10:54que l'institution judiciaire évolue parfois moins vite que la société.
10:59C'est ce que j'appelle le choc des temporalités.
11:01On a assisté, toutes ces dernières années, par exemple,
11:04à la libération de la parole, à ce mouvement MeToo
11:06qui a été très fort et très exponentiel.
11:09Il a fallu, et il faut, que l'institution judiciaire se modernise
11:12et continue de s'adapter au traitement de ce type de violence.
11:16Donc, pour vous, l'avocat doit s'impliquer à ce moment-là ?
11:19Vous savez, c'est le principe de l'avocat de combat.
11:23Je ne sais pas, ça a été souvent décrié.
11:25Alors, tous ne le font pas, mais encore une fois,
11:27on n'est pas n'importe quelle profession,
11:29parce que, justement, on est le trait d'union
11:30entre le justiciable et l'institution judiciaire,
11:34qu'on a cette connaissance du droit,
11:36qui est effectivement cette force du droit,
11:38qui est quand même un outil extrêmement structurant dans une société.
11:42On est ce passeur et ce traducteur de la norme et du droit,
11:47et qu'à ce titre-là,
11:48on doit, en effet, mettre cette compétence au service
11:52de la défense d'un certain nombre de principes et de valeurs.
11:55Allez, Julie Couturier, qui préside, je rappelle,
11:57vous présidez le Conseil national des barreaux.
12:00Je vais vous faire réagir dans un instant,
12:02un court instant, à ce qu'a déclaré, donc,
12:05Béatrice Brugère sur l'antenne de Sud Radio ce matin.
12:08A tout de suite.
12:09Sud Radio, la vérité en face, Jean-François Aquili.
12:14À 9h48, nous retrouvons notre invitée,
12:16Julie Couturier, la présidente du Conseil national des barreaux,
12:21qui présente cet ouvrage collectif intitulé
12:24« Idées reçues sur les avocats ».
12:27Ouvrage très intéressant, un essai qui tord le cou
12:30à tous les clichés qui peuvent nous passer par l'esprit.
12:34Oui, je voudrais vous faire, Julie Couturier,
12:37écouter, entendre ce qu'a déclaré ce matin
12:39Béatrice Brugère, la magistrate,
12:41qui est secrétaire générale du syndicat Unité Magistra FO,
12:46qui était au micro de Jean-Jacques Bourdin,
12:48elle qui estime que c'est tout le système judiciaire
12:51qu'il faut revoir.
12:53D'un côté, dit-elle, les ministres demandent des mesures sévères,
12:56mais de l'autre, une injonction contradictoire
12:59dite aux magistrats de ne pas mettre de peine de prison.
13:02Tout ce débat, après ce qui s'est produit,
13:05ces émeutes, ces casseurs qui ont laissé libre
13:10au cours de la violence après le match du Paris-Saint-Germain,
13:14et Béatrice Brugère s'est exprimée
13:17sur les courtes peines de prison.
13:19Vous dites, dès le premier délit,
13:22il faut une courte peine de prison.
13:24Dès le premier délit grave.
13:26Il est difficile aujourd'hui pour le citoyen
13:29de comprendre qu'il n'y ait pas une sanction.
13:32Et moi, je pense qu'il vaut mieux une sanction certaine
13:36qui soit courte, proportionnée.
13:39Et nous, nous sommes intéressés aux ultra-courtes peines,
13:41ce qui se fait dans les démocraties du nord de l'Europe
13:46et même en Allemagne,
13:47qui sont des ultra-courtes peines
13:49entre 7 et 14 jours pour des faits très graves.
13:51Julie Couturier, ce qu'explique Béatrice Brugère,
13:54c'est qu'avec ces ultra-courtes peines de prison,
13:57les condamnés peuvent recevoir une forme,
14:02je le dis avec mes mots à moi, d'électrochoc,
14:04sans être pris par le système carcéral
14:07et être pollués par tout ce qui les entoure.
14:10Et c'est un vrai avertissement
14:12qui serait quand même plus efficace
14:13que ces jeunes casseurs qui sont aussitôt relâchés
14:16et à qui on promet une éventuelle punition
14:20mais qui ne vient jamais.
14:22Alors ?
14:23D'abord, c'est un constat,
14:24la question de la nécessité des très courtes peines
14:26qu'au Conseil national des barreaux,
14:28nous ne partageons pas forcément.
14:29Mais surtout, je crois qu'il faut quand même
14:32ne pas occulter l'éléphant au milieu de la pièce.
14:35L'éléphant au milieu de la pièce,
14:36c'est qu'il y a aujourd'hui 83 000 détenus en France
14:38pour 62 000 places opérationnelles.
14:41À chaque fois que je me déplace,
14:43notamment je l'ai fait récemment Outre-mer,
14:45j'ai été à Mayotte, à La Réunion,
14:46l'état de nos prisons,
14:49c'est la honte de la République.
14:51C'est la honte de la République.
14:52On est le pays des droits de l'homme,
14:53on est le pays des Lumières
14:54et on entasse des gens dans des cellules
14:56avec effectivement des matelas au sol.
14:59Donc pas de courte peine dans l'immédiat,
15:01à vos yeux, s'il n'y a pas, on va dire,
15:03les structures, les programmes immobiliers de la justice ?
15:07Il faut commencer par le début.
15:08Il faut effectivement régler la question des prisons.
15:13Nous sommes au Conseil National des Barreaux
15:15de fervent défenseurs d'un mécanisme de régulation carcérale.
15:18Ça fait comme d'années qu'on parle de construire des nouvelles prisons.
15:22Julie Couture, ce n'est pas de votre fait.
15:23Vous êtes avocate, je rappelle.
15:24Depuis fort longtemps, en effet.
15:26Cela étant, est-ce que la construction de prison est la solution ?
15:29J'en suis pas certaine non plus,
15:30parce que je crois que ça, c'est une règle assez connue,
15:32c'est que plus on construit, plus on incarcère.
15:33On a un droit pénitentiaire extrêmement complexe,
15:39avec, en effet, une échelle de peine importante, etc.
15:44Mais il faut, en effet, je pense, privilégier
15:47un certain nombre de peines alternatives
15:49et surtout ne pas perdre de vue l'objectif
15:50qui est d'éviter la récidive
15:52et donc de favoriser tout ce qui peut aller vers la réinsertion.
15:56Je m'adresse à l'avocate que vous êtes, Julie Couturier.
15:59Vous n'êtes pas seulement présidente du Conseil National des Barreaux,
16:01vous êtes aussi avocat de terrain, avocate.
16:04Est-ce que vous comprenez un peu,
16:06ce sont des jugements à l'importe piège,
16:07j'entends bien, ou non à la polarisation du débat,
16:10mais quand vous voyez, par exemple, des casseurs
16:12qui ont été attrapés en flagrant délit,
16:14c'est documenté,
16:16qui ressortent libres avec une injonction
16:19et une amende de 500 euros
16:21et que je vous prends au hasard, ça n'a rien à voir,
16:23mais un boulanger qui se prend, lui, 7500 euros
16:26parce qu'il ose ouvrir un 1er mai,
16:28est-ce que vous comprenez que l'opinion publique
16:30puisse trouver ça un petit peu extrême ?
16:33Bien sûr que je le comprends.
16:34Il y a quelque chose qui dysfonctionne, quand même, dans tout ça ?
16:36Bien sûr que je le comprends,
16:37mais je pense que le sujet,
16:39il est aussi à chercher du côté des moyens de la justice.
16:43Lorsque des magistrats libèrent,
16:46comme vous le dites, des casseurs,
16:48c'est parce qu'ils ont aussi conscience
16:49de la situation carcérale que j'évoquais à l'instant.
16:51C'est ce qu'elle dit, maîtrisse,
16:52les injonctions contradictoires.
16:54Absolument.
16:55Et je pense qu'effectivement,
16:57il faut régler cette question carcérale
16:59et il faut effectivement avoir une politique
17:01véritablement volontariste
17:03sur les moyens de la justice.
17:05Sans compter,
17:06je pense que ça,
17:06c'est un sujet qu'il ne faut pas occulter non plus,
17:08l'inflation normative,
17:09je l'ai évoqué rapidement tout à l'heure,
17:12mais c'est vrai qu'à force de vouloir
17:14légiférer sans cesse sous le coup de l'émotion,
17:18on a un millefeuille et un empilement de textes.
17:20Il faut savoir qu'en 20 ans,
17:22le nombre d'articles de loi a augmenté de 65%,
17:24le nombre d'articles de règlement de 46%.
17:26Parce que la sévérité,
17:28vous savez qu'on reproche aux magistrats
17:29une absence de sévérité,
17:32cette sévérité-là,
17:33elle existe déjà dans les lois
17:35qui sont à disposition ?
17:36Mais ça aussi, c'est un cliché.
17:37Alors, il ne concerne pas spécialement les avocats,
17:38mais la justice laxiste,
17:40c'est un cliché.
17:41Il n'y a jamais eu autant de peines de prison ordonnées,
17:45sinon les prisons ne seraient pas dans cet état.
17:47Et depuis quelques années,
17:48globalement, les peines prononcées sont plus longues.
17:52Comment est-ce qu'on sort de ce débat ?
17:53Julie Couturier, les uns et les autres,
17:55s'envoient des anathèmes au visage,
17:57mais selon vous, quel est le bon chemin ?
18:02Alors, le bon chemin...
18:03Parce que vous allez sur le terrain,
18:04vous les voyez, les avocats à vous ?
18:06Oui.
18:08Encore une fois, il y a un vrai sujet de moyens.
18:11Vous évoquiez les visites que je suis susceptible de faire.
18:13Moi, je vais visiter les barreaux.
18:16Et je rencontre aussi, d'ailleurs, les chefs de juridiction,
18:19parce que c'est intéressant de voir dans quel écosystème évoluent mes confrères.
18:24On a, devant certaines juridictions,
18:26des manques de magistrats absolument criants.
18:29J'avais été très frappée l'année dernière.
18:30Alors, ça s'est résolu un peu depuis,
18:32mais j'avais été notamment à Langres.
18:35Sur 12 magistrats au tribunal,
18:39sauf ailleurs de ma part, de Chalon,
18:42il en fallait 12, il y en avait 3.
18:45Alors, les choses se sont résolues,
18:47mais on a un vrai manque de magistrats,
18:50de greffiers parfois,
18:52qui retardent considérablement le déroulement de la justice
18:55et nuisent à l'accès aux droits des justiciables
18:57et naturellement aux conditions de travail des avocats.
19:00Quand vous les croisez sur le terrain,
19:02dans les barreaux, les différents barreaux,
19:03qu'est-ce qu'ils vous disent, les avocats ?
19:05Pardonnez-moi l'expression, rien de méprisant,
19:07mais de base.
19:08Parce qu'il y a aussi, on parle des ténors du barreau,
19:10mais il y a la vie ordinaire de la grande majorité des avocats en France.
19:14Alors, d'abord, je vois un formidable engagement
19:17de la part, en effet, de ces avocats.
19:20Un formidable engagement auprès du justiciable,
19:23et là encore, sans forcément très bien gagner leur vie,
19:25mais un vrai sacerdoce dans certains cas.
19:27et ils se plaignent, en effet, la plupart du temps
19:30de dysfonctionnements des juridictions
19:33qui manquent, en effet, de personnel et de magistrats.
19:37Toute dernière question un peu légère, si je peux dire.
19:40Peut-être pas, d'ailleurs, avec vous, Julie Couturier.
19:42Alors ça, c'est pas dans le bouquin.
19:44Vous savez qu'aujourd'hui, l'intelligence artificielle est partout.
19:48Elle fait même office de psy, j'ai vu ça, en France.
19:51Elle remplace, peu à peu, les avis des avocats ?
19:54Vous y pensez ? Vous vous êtes confrontés à ça ou pas ?
19:56C'est pas léger du tout, parce que c'est, en effet,
19:58la question de l'avenir de la profession qui est en jeu.
20:01Le Conseil national des barreaux s'en est évidemment emparé
20:03depuis le début de notre mandature l'année dernière,
20:07et on a développé, en effet, nous-mêmes,
20:09un certain nombre d'outils.
20:11Il faut considérer que l'intelligence artificielle
20:13peut être une aide à la productivité, entre guillemets,
20:16des avocats au service de tous.
20:18Mais il faut surtout former, former, former toujours les avocats,
20:22et nous avons déployé un certain nombre d'outils pour cela.
20:25Idées reçues sur les avocats, publiées par le Conseil national des avocats
20:29aux éditions du Cavalier Bleu, dont je, évidemment, je conseille la lecture.
20:34Merci à vous, Julie Couturier, d'avoir été notre invitée ce matin sur Sud Radio.

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