En réponse à son film 'Le Règne animal', le réalisateur Thomas Cailley invite le bédéaste Jérémie Moreau (Les Pizzlys, La Saga de Grimr) à dialoguer autour de leur travail respectif, dont sa dernière bande dessinée 'Alyte', qui conte l’épopée formidable d’un crapaud accoucheur.
Animée par Gabriel Bortzmeyer, enseignant et critique.
Enregistré au Forum des images le 31 mai 2025.
Dans la thématique « Aux frontières de l’humain », et la Carte blanche à Thomas Cailley.
https://www.forumdesimages.fr/aux-frontieres-de-lhumain
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00:00:00Je vous demande d'accueillir Thomas Cahier, le BDaste Jérémy Moreau et notre modérateur
00:00:07d'aujourd'hui, Gabriel Bortsmeyer.
00:00:22Bonsoir.
00:00:22Donc voilà, on va peut-être commencer par ce qui donne un peu l'occasion de cette rencontre,
00:00:30de cette réunion, puisque l'idée de cet entretien croisé, c'était d'aller par-delà
00:00:34un peu les arts pour voir comment vos deux tentatives de raconter des vies hybrides aux
00:00:40frontières de l'humain se répondent.
00:00:42Et voilà, donc Jérémy Moreau, vous avez réalisé des bandes dessinées.
00:00:46Je ne sais pas si on peut avoir un retour de l'ordinateur sur l'écran pour montrer peut-être
00:00:50quelques planches par la suite.
00:00:52Des bandes dessinées sous la forme d'une sorte de grande zootopie qui donne la parole
00:00:57à un crapaud, une vente à l'air, des lézards, différentes créatures.
00:01:01Et Thomas Cahier, vous avez réalisé une sorte de X-men animaliste hexagonal avec le règne
00:01:06animal qui est une sorte de grand récit bouleversant sur une communauté post-humaine dans laquelle
00:01:13les individus mutent.
00:01:14Et donc peut-être qu'on pourrait commencer par les échos que chacun perçoit un peu dans
00:01:18le travail de l'autre sur les interrogations communes que vous avez.
00:01:20Je ne sais pas si vous voulez élaborer, Thomas, sur le travail de Jérémy ou Jérémy, sur
00:01:27ce qui vous a intéressé dans le travail de Thomas quand vous avez eu l'idée d'un
00:01:30rencontre.
00:01:32Je veux bien essayer.
00:01:33Bonsoir.
00:01:34J'ai rencontré vraiment ton travail Jérémy au moment de, je crois que j'étais en montage
00:01:50du règne animal quand on m'a offert l'épizelie qui a été vraiment une claque parce que j'ai
00:01:56trouvé le roman graphique, la BD extrêmement belle.
00:02:00Déjà, le premier truc, c'est ça, c'est que j'étais assez sidéré par la beauté des
00:02:05compositions, la ligne claire, la sensation d'entrer dans un univers avec quelque chose
00:02:10qui peut sembler abstrait, qui parle à plein de sens à la fois.
00:02:17Alors si je dois chercher des échos là-dedans, il y en a tellement que c'est un peu, il y a
00:02:22beaucoup de passerelles.
00:02:23La première qui peut sembler évidente, c'est la question de la métamorphose qui est quand
00:02:28même, enfin sur l'épizelie, c'est très clair sur la métamorphose de l'homme à l'animal,
00:02:34sur Alit qui est à dernière.
00:02:39Là, c'est la métamorphose du monde et c'est la métamorphose du crapaud lui-même qui
00:02:44n'arrête pas de changer, de se transformer, de changer d'univers.
00:02:47Et le fait que cette métamorphose, dans les deux cas, elle reste mystérieuse, elle nous
00:02:54est expliquée, on est dedans, mais elle reste mystérieuse.
00:02:58Elle est à la fois, elle peut être source d'angoisse, mais aussi source de puissance.
00:03:03Donc ça, c'est quelque chose qui m'a parlé en premier lieu.
00:03:06Je crois qu'il y a aussi une question de transmission et de rapport de filiation aussi
00:03:13pour le crapaud qui porte ses petits œufs, comme pour les héros d'épizelie, ça c'est
00:03:19quelque chose qui m'a touché, parce que c'était aussi au centre de ce que j'étais
00:03:21en train d'essayer de travailler, c'est comment on transmet un monde à quelqu'un,
00:03:24comment on sait que notre progéniture est prête pour le monde de demain.
00:03:30Donc ça, voilà, c'est des grandes questions que j'ai retrouvées.
00:03:34La question du paysage, quoi, aussi, évidemment, du paysage.
00:03:37On dit souvent, quand un paysage prend de la place, que c'est un personnage de l'histoire.
00:03:40Je ne sais pas si c'est un personnage, mais en tout cas, je trouve qu'il sert à la
00:03:44fois d'introspection, de coin, pour rentrer dans le personnage et de comprendre comment
00:03:50il vit le monde.
00:03:52Et puis, il y a la question quand même du sauvage aussi, la question du sauvage sur
00:04:01ce qui nous en reste, à quoi on peut se reconnecter, peut-être à un monde plus grand.
00:04:08Là, l'image qu'on voit est très claire, cette espèce de cosmogonie.
00:04:13Voilà, et puis, peut-être, c'est un peu fragmentaire ce que je dis là, mais peut-être
00:04:17aussi la question de l'hybridité.
00:04:19C'est-à-dire que, c'est le dessin qui m'y fait penser, c'est qu'il y a à la fois
00:04:23quelque chose de poétique, d'abstrait, et en même temps, quelque chose d'hyper réel,
00:04:30clair, décidé.
00:04:31On voyait tout à l'heure le dessin de ce squelette d'homme à l'intérieur de cette
00:04:37carcasse d'ours.
00:04:38Il y a quelque chose d'anatomique aussi là-dedans.
00:04:40Donc, il y a des choses très précises qui sont presque parfois de l'ordre du
00:04:43jaillissement documentaire et qui sont sorties de là pour devenir autre chose, pour devenir
00:04:48des métaphores, pour devenir des extrapolations poétiques, métaphysiques.
00:04:53Voilà, donc, il y a toutes ces raisons-là, entre autres.
00:04:59Oui, je te rejoins sur toutes ces idées-là.
00:05:03Moi, je t'ai connu avant, je crois.
00:05:05J'avais vu « Les combattants ».
00:05:07C'était vraiment un film qui m'avait vraiment marqué.
00:05:12C'est ça, ça finit un peu sur cette espèce de fin du monde avec cet incendie et qui finalement
00:05:18recoupe complètement la fin des Pisely où on se retrouve dans ce flou.
00:05:25En fait, ça se passe en Alaska et en fait, avec le changement climatique, il y a de plus
00:05:29en plus d'incendies et les Indiens d'Alaska n'arrêtent pas de dire qu'en fait, ils doivent
00:05:35vivre dans ce trouble-là, ils doivent vivre dans cette perte de repères, cette perte de
00:05:41toutes les routes ancestrales qu'ils connaissent sont floutées.
00:05:45Les saumons ne sont plus aux mêmes endroits et donc ils sont complètement perdus dans
00:05:49ce monde en transformation.
00:05:52En fait, quand j'ai revu « Les combattants », je me suis dit « Ah, mais c'est fou, la fin finit
00:05:55vraiment avec ça ».
00:05:58Et après, le règne animal, on en a tout de suite parlé en me disant « Ah, mais ça recoupe
00:06:05tellement tous les thèmes que tu abordes sur notamment l'humain, l'animal, le rapport
00:06:12de l'homme à la nature, comment est-ce qu'il se positionne ». Et c'était un moment donné
00:06:16où j'avais un gros projet d'essayer de faire une espèce de Harry Potter écologique, une
00:06:22école où les enfants apprennent à se transformer en animal.
00:06:25Et j'ai un copain, Gabriel Harrell, je ne sais pas si tu le connais, qui me dit « Ah, mais
00:06:30attends, il y a Thomas Cayet qui fait un film là-dessus, fais gaffe ». Et donc, voilà,
00:06:36j'ai été voir plein de curiosités ce film et c'est marrant.
00:06:42Alors du coup, moi, j'ai vu des différences en fait sur le point de vue animal.
00:06:45En fait, moi, ce qui m'intéressait dans le point de vue animal, c'est la vue subjective,
00:06:50c'est le côté comment est-ce que, comment dire, on s'empower, on s'empuissante en fait
00:06:57par des corps qui sont différents des nôtres et qui nous permettent d'avoir accès à des
00:07:04niveaux de réalité différents, les hautes fréquences, les infrarouges.
00:07:09Et il y a un petit passage dans le règne animal quand il entend de très loin sa copine.
00:07:16Et je n'étais pas du tout allé sur le côté corporel, transformation qui est finalement,
00:07:23qui était vraiment la sidération quand j'ai découvert le règne animal.
00:07:26Où en fait, là, on est dans un truc vraiment réaliste.
00:07:29Moi, je fantasmais le devenir animal et là, en fait, toi, tu le rends OK.
00:07:35Et si vraiment, on commence à se transformer en animaux, qu'est-ce que c'est que d'avoir
00:07:39des poils qui nous poussent dans le dos ? Qu'est-ce que c'est que d'avoir la voix qui se transforme ?
00:07:43Et en fait, tout d'un coup, le thème de la bestialité nous saute aux yeux, je trouve.
00:07:49Et là où moi, j'étais peut-être dans une vision plus idyllique de « Ah, c'est cool d'avoir
00:07:53les pouvoirs des animaux ». Mais en fait, si tout d'un coup, ma voix se transformait en
00:07:57cri de chien, etc. Voilà, je partage en fait des sentiments que j'ai eus en voyant
00:08:04le règne animal.
00:08:07C'est intéressant que vous mentionnez la question du réalisme du film.
00:08:12Tout à l'heure, je vous voyais parler des effets spéciaux, du refus des effets spéciaux
00:08:17plutôt pour la pratique du film.
00:08:20Peut-être qu'on peut revenir un peu sur comment vous avez élaboré ce devenir des créatures,
00:08:25comment on passe d'un corps humain à un corps animal dans la fabrication même
00:08:29de ce corps, en fait.
00:08:30Je ne sais pas si vous voulez revenir sur la jeunesse technique de ces transformations,
00:08:33de ces mutations, pour après éventuellement qu'on parle de...
00:08:36C'est vraiment à l'origine du projet parce que je me souviens que quand on commençait
00:08:41à fantasmer cette histoire de frontières, un des premiers trucs, c'était justement
00:08:46cette question de réalisme.
00:08:47C'est-à-dire qu'on se disait qu'il y avait déjà plein de films qui ont parcouru ces
00:08:50questions de métamorphose entre l'homme et l'animal.
00:08:52Et assez peu, en fait, sur le terrain du réalisme.
00:08:56C'est-à-dire que souvent, il y a un processus magique qui accélère l'histoire, qui fait
00:09:00qu'il n'y a pas vraiment de temporalité de la mutation.
00:09:02On bascule directement, on bascule très vite dans l'animalité, qu'elle soit d'un
00:09:08côté totalement monstrueuse, dans le cas des loups-garous, ou qu'on garde tous les
00:09:15attributs humains et qu'on ait en plus toutes les qualités animales.
00:09:18Et dans ce cas-là, c'est le super-héros, c'est autre chose.
00:09:20Mais quelque chose qui essaie de tenter une transformation réaliste, comme une sorte
00:09:29de maladie dégénérative, finalement, ça, on n'avait pas vu.
00:09:34Et c'est vrai que c'est là où ça devient très vite très inconfortable.
00:09:37Parce que quand on regarde un chat, on se dit qu'il est parfait.
00:09:40Un chat, c'est pas comme un saumon.
00:09:42Un saumon, un chat, un crapaud, c'est parfait.
00:09:43Là, on va être sur des formes très intermédiaires, avec des choses qui sont pas finies, qui sont
00:09:52même parfois contradictoires.
00:09:54C'est là où on fait rentrer des choses un peu potentiellement monstrueuses.
00:09:59Et c'était à la fois le risque du film, mais un beau risque à tenter.
00:10:04Et ça donnait aussi une voie sur comment le faire.
00:10:07C'est-à-dire que dans le cas d'un film purement magique, où parce que c'est la pleine lune
00:10:15ou une autre raison, on se transforme très rapidement.
00:10:17Bon, ben voilà, on a à gérer un vrai animal à 100% animal, qu'il soit réaliste ou non.
00:10:22Et donc, je pense que dans ce cas-là, la réflexion, on va très vite vers le VFX, vers l'effet
00:10:29digital.
00:10:31Quand la métamorphose est plus lente, on a envie de rester du côté.
00:10:35La question qui se pose, c'est qu'est-ce qui reste de l'humain tout le temps dedans ?
00:10:38Et du coup, on a envie de rester du côté du corps.
00:10:40On a envie que ce soit joué par des acteurs.
00:10:41On a envie que les yeux qui nous regardent soient des yeux humains.
00:10:44Et on a envie de jouer sur ce trouble le plus longtemps possible.
00:10:47Donc ça, on a essayé de s'attacher à ça fondamentalement quand on a commencé à
00:10:53regarder les différentes technologies possibles pour réaliser les mutations.
00:10:57Parce qu'au scénario, c'est quand même assez simple.
00:10:58On met un homme, mi-homme, mi-oiseau, s'envole depuis un tronc d'arbre.
00:11:02Ça prend 4 secondes à écrire.
00:11:04Et puis après, c'est autre chose.
00:11:06Et donc d'abord, c'est trouver les corps qui sont capables de proposer quelque chose
00:11:11ou de réaliser parfois des performances.
00:11:13Et c'est ensuite comment on les aide dans la chorégraphie, dans l'entraînement,
00:11:18dans parfois le mimétisme animal et parfois la création d'autres créatures.
00:11:24C'est ce dont on parlait avec l'acteur Paul Kershaw qui est venu présenter le film avec moi.
00:11:29Il y a un très long entraînement pour rechercher ça, rechercher la créature en lui.
00:11:33Et puis ensuite, il y a les aides du cinéma.
00:11:35Le maquillage, poser une nouvelle peau, augmenter une jambe, créer une aile, etc.
00:11:43On crée des dépôts en silicone, des exosquelettes de carbone, etc.
00:11:48Il y a des animatroniques, il y a aussi quelques robots dans le film,
00:11:52qui prolongent parfois les humains, qui sont rarement seuls.
00:11:55Il y a toujours un humain à l'intérieur, en fait.
00:11:57Et puis en définitive, on gomme les raccords aussi avec du VFX.
00:12:00Donc c'est là où c'est quand même assez utile.
00:12:02Et quand il y a des petits plis dans le costume, quand il y a des choses pas...
00:12:05Et puis il y a quand même certains domaines où là on ne peut plus rien faire.
00:12:09C'est forcément le VFX qui sera au secours de l'illusion.
00:12:13Parce qu'une aile qui s'ouvre et qui se referme.
00:12:15On a passé six mois dessus avec des grands spécialistes qui nous ont promis de mettre un moteur dans chaque plume.
00:12:22Je me souviens encore de cette phrase.
00:12:24Et même avec des moteurs qui pesaient un gramme, ce qui existe,
00:12:27on arrivait quand même à des ailes qui faisaient 16-17 kilos chacune.
00:12:30Et à bout de bras, on ne pouvait pas la tenir plus de 10 secondes.
00:12:34Et puis de toute façon, ça se refermait mal.
00:12:36Donc on finit dans ce cas-là par une petite aide en VFX.
00:12:40Mais on a essayé de faire en sorte que dans tous les plans, il y ait une combinaison d'effets.
00:12:45Et que cette combinaison d'effets soit différente d'un plan à l'autre.
00:12:48De façon à ce que l'œil ne puisse jamais s'appuyer sur un truc.
00:12:51Et qu'on se dise au bout d'un...
00:12:52Parce que sinon, on finit par sentir au bout d'un moment le câble, l'illusion.
00:13:00Et justement, par rapport à cette question de la mutation,
00:13:03ce qui est intéressant, c'est la façon dont le règne animal appartient,
00:13:06ou l'épicerie appartient à beaucoup d'égards au genre de la science-fiction.
00:13:09Mais en repensant totalement ce que c'est que la science-fiction,
00:13:13en congédiant le cyberpunk et tout ce qui a été la science-fiction high-tech des années,
00:13:17enfin du XXe siècle en fait,
00:13:19au profit de ce que vous avez appelé dans un entretien, le zoopunk.
00:13:22Et je me demandais pourquoi on passe du survivalisme humain des combattants
00:13:25à une question de plus...
00:13:27Pourquoi, à quel moment la question animale devient pressante comme ça ?
00:13:30Et pourquoi du coup, pour tous les deux en fait,
00:13:33cette question sur la mutation,
00:13:35enfin pourquoi la mutation apparaît comme problème aujourd'hui ?
00:13:38Par où attraper ?
00:13:45Parce qu'il y a tellement de...
00:13:47En fait, je peux parler de ça, mais chaque livre a son histoire.
00:13:52Je vais vous raconter comment je suis arrivé à écrire des histoires pour les animaux.
00:14:03Évidemment, il y avait la crise écologique,
00:14:04évidemment il y avait la grande angoisse à un moment donné d'un effondrement,
00:14:09comme on en parlait avant le confinement.
00:14:11Et je regardais un documentaire animalier avec ma fille sur...
00:14:16Donc c'est les documentaires de la BBC,
00:14:19les documentaires Earth.
00:14:23Et ça mettait en scène un buffle qui se fait attaquer par un dragon de Komodo.
00:14:28Et le dragon de Komodo le mort au jarret.
00:14:33Et ensuite, il attend pendant deux semaines que sa proie dépérisse,
00:14:38très lentement comme ça, donc c'est assez terrible.
00:14:41Il y a de plus en plus de dragons de Komodo qui attendent autour de lui.
00:14:45Et en fait, ce truc m'a pas mal traumatisé et resté beaucoup dans mon esprit.
00:14:51Et c'est en fait la première fois où, en tant qu'auteur et écrivain d'histoire,
00:14:56j'ai commencé à m'identifier au buffle et au dragon de Komodo.
00:15:01Et à me dire, mais qu'est-ce que ça fait de rester au chevet de sa victime comme ça ?
00:15:07Et donc j'ai commencé à m'imaginer des scènes de théâtre
00:15:09où ils pourraient discuter l'un et l'autre.
00:15:11Où c'est une situation quand même un peu absurde.
00:15:13Où on est avec sa victime, passé autant de temps avec.
00:15:17Et donc je me suis demandé, est-ce qu'ils ne pouvaient pas devenir amis ?
00:15:20Sachant que la faim inéluctable devait être qu'ils devaient le manger.
00:15:26Et donc c'est la première histoire qui ouvre un recueil d'histoires courtes
00:15:31qui s'appelle le discours de la panthère.
00:15:33Et donc finalement, au nom de l'amitié, il va l'enterrer et non pas le manger.
00:15:40Or, il y a une philosophe assez incroyable qui s'appelle Val Plumwood
00:15:46qui s'est fait attaquer par un crocodile.
00:15:49Et il y a une des phrases où elle dit, en fait,
00:15:53commencer à vouloir enterrer des êtres vivants,
00:15:57ça veut dire les retirer du cycle de la vie,
00:16:00ça veut dire refuser qu'ils soient mangés,
00:16:02c'est-à-dire refuser qu'ils soient de la viande.
00:16:04Et elle dit, en fait, c'est le début certainement d'un avenir très sombre.
00:16:10Et donc c'est le départ de cette BD.
00:16:12En gros, elle dit, c'est vouloir déjà créer une suprématie d'une race
00:16:19par rapport à une autre.
00:16:24Et donc c'était le premier moment où j'ai trouvé ça très très plaisant
00:16:28de donner voix à des animaux.
00:16:31Et ensuite, ça a été très vite, je me suis rendu compte
00:16:34que j'avais de mille histoires à raconter
00:16:35en m'imaginant éléphants, en m'imaginant Bernard Lhermitte.
00:16:43Souvent, quand on crée des personnages,
00:16:45on essaie de dire qu'est-ce qui les meut dans la vie.
00:16:49Et en fait, avec des animaux, c'est super facile.
00:16:52Se dire, un Bernard Lhermitte,
00:16:53il va essayer de trouver la plus belle coquille du monde.
00:16:57Un étourneau, il fait tous les ans la même route migratoire.
00:17:00Est-ce qu'il n'aurait pas envie de dépasser
00:17:01ce déterminisme ?
00:17:06Et comme ça, j'ai eu de plus en plus d'histoires,
00:17:08mémo, l'éléphant qui doit retenir toute la mémoire du monde,
00:17:12sauf qu'il a une toute petite mémoire,
00:17:14il n'arrête pas d'oublier.
00:17:15Et donc, il se rend compte qu'en fait, dans le monde,
00:17:17tout est écrit dans les traces animales.
00:17:21Et voilà, c'était très très plaisant.
00:17:22C'est un livre que j'ai fait pendant le confinement,
00:17:25à un moment donné où il n'y avait plus les humains nulle part.
00:17:28Et en fait, c'était très revitalisant.
00:17:31de me séparer des problématiques humaines
00:17:34avant d'y replonger dans les Pizli.
00:17:39Et très vite, sur les Pizli, sur la métamorphose,
00:17:43ce qui m'a surtout marqué, c'est que le monde est en métamorphose,
00:17:47le monde est en hybridation.
00:17:49Et je trouvais qu'il fallait que l'humain se remette en cause
00:17:53et lui-même s'hybride et passe à une nouvelle version de lui-même,
00:17:57dépasser la modernité.
00:17:59Et donc, la figure du Pizli,
00:18:01qui est une des premières espèces résultantes du changement climatique,
00:18:06qui est en fait le résultat entre des Grizzlies et des ours polaires.
00:18:11Les ours polaires partent vers des terres plus au sud,
00:18:15parce que la banque, ils se font.
00:18:16Et les Grizzlies remontent parce qu'ils ont trop chaud.
00:18:19Et pour la première fois, ils se retrouvent sur des mêmes écosystèmes.
00:18:25Et il se trouve qu'ils ont pu se reproduire entre eux
00:18:27et créer une nouvelle race.
00:18:29Il y a des très belles pages de Baptiste Morisot là-dessus,
00:18:32où il dit que du coup, c'est un nouvel être qui hérite de deux cultures.
00:18:35La culture carnivore de l'ours polaire
00:18:37et la culture plus omnivore sur les baies, etc., du Grizzly.
00:18:41Et donc, ça fait une nouvelle espèce
00:18:44qui a certainement de plus grandes chances d'adaptation.
00:18:48Et donc, j'ai développé ça à travers des jeunes parisiens
00:18:51qui découvrent qu'eux aussi doivent arriver à une nouvelle version d'eux-mêmes.
00:18:58De mon côté, c'était un peu dans la contient,
00:19:01parce que ta question partait de mon premier film,
00:19:05Les combattants, comment on va de là au règne animal.
00:19:08Dans Les combattants, au fond, on a cette jeune femme, Madeleine,
00:19:12qui est persuadée de l'imminence de ce dont tu parlais tout à l'heure,
00:19:16d'une forme de fin du monde.
00:19:18Elle envisage beaucoup de scénarios catastrophes possibles,
00:19:21mais l'effondrement en fait partie.
00:19:24Et donc, c'est à ça qu'elle doit se préparer.
00:19:27Et puis, le film s'arrête à un moment où ça a eu lieu,
00:19:30mais finalement, ça n'a pas eu lieu.
00:19:31Et ils se promettent tous les deux, ces deux jeunes gens,
00:19:39d'être prêts la prochaine fois.
00:19:42Devant l'imminence de la catastrophe, la prochaine fois, ils seront prêts.
00:19:45Le film se termine là-dessus.
00:19:47Et en fait, je crois qu'un peu inconsciemment,
00:19:50je n'avais pas très envie de l'arrivée de ce truc,
00:19:53de l'effondrement, qu'on soit tous en train de pousser des caddies
00:19:56dans des rues poussiéreuses en se tirant dessus, etc.
00:20:00Et je me suis demandé ce que ça donnerait, si c'était l'inverse en fait.
00:20:05Plutôt que d'avoir un effondrement du système économique,
00:20:09mais aussi de la biomasse, de la biodiversité, etc.
00:20:11Si la nature, pour une raison X ou Y, se mettait à dérailler
00:20:15et à proposer plus de biodiversité, plus de biomasse,
00:20:18d'un coup, créer du chaos par la diversité, par la pluralité.
00:20:23Et l'origine de...
00:20:27En tout cas, le monde où on a trouvé le film, c'était un peu ça.
00:20:31De se dire que finalement, ça ressemble à une maladie,
00:20:34mais c'est peut-être l'avènement d'une nouvelle utopie.
00:20:39Donc après, chacun le vit différemment devant le film.
00:20:43Mais en tout cas, c'était ça.
00:20:45De se dire qu'on va aller vers un monde qui va être certainement
00:20:47de plus en plus bordélique, mais aussi de plus en plus coloré,
00:20:50de plus en plus divers, de plus en plus joyeux, d'une certaine façon.
00:20:53Si jamais il y a des questions dans le public,
00:20:59on prévoyait éventuellement sans nous faire passer le micro à la fin.
00:21:02Mais s'il y a quelqu'un qui veut intervenir à quelconque moment
00:21:05pour rebondir sur ce qu'on raconte, il ne faut pas hésiter.
00:21:07Il y a des micros.
00:21:09Il y avait des micros tout à l'heure en bord de la salle.
00:21:10Il y a un micro par là.
00:21:12Peut-être madame.
00:21:12Oui, c'est par rapport au règne animal.
00:21:24Vous venez de parler d'une version onirique du monde.
00:21:30Et j'ai appris aujourd'hui que le règne animal avait une fin alternative.
00:21:34Je ne sais pas si vous voulez en parler ou justement vous abordez peut-être plus cet aspect-là.
00:21:41Elle n'est pas alternative.
00:21:43C'est une fin après la fin.
00:21:46C'est-à-dire que le film initialement se terminait comme ça.
00:21:51Et puis il y avait ensuite un écran noir.
00:21:53Et ensuite on retrouvait le père un an plus tard.
00:21:59Qui n'avait pas abandonné l'idée de retrouver son enfant.
00:22:03Et qui faisait quotidiennement une ronde autour de la grande frontière
00:22:08qui dorénavant séparait le monde des hommes et celui des créatures.
00:22:12Dans l'espoir un peu illusoire d'entrepercevoir ce que son fils était devenu.
00:22:17Et cet épilogue qui figure dans le DVD.
00:22:20Je ne vais pas vous le raconter en détail parce que ça sera un peu long.
00:22:23Ça ne dure que 7 minutes mais c'est un peu dense.
00:22:26Et en tout cas ça a organisé une forme de réconciliation possible entre ces mondes.
00:22:32C'est ça que racontait le film.
00:22:34Et c'était je crois philosophiquement assez confortable pour moi de le proposer.
00:22:39Parce que je trouvais que ça terminait plus positivement.
00:22:44Mais j'ai eu un doute.
00:22:46Parce qu'au montage il y avait un truc de ce qui se passe entre eux qui doit être définitif.
00:22:54De cette séparation qui doit être définitive.
00:22:56Et quelque part j'avais passé deux heures à séparer les personnages.
00:22:59Et là je me disais tiens je suis en train de faire un geste un peu impur.
00:23:03A essayer à tout prix de les faire se retrouver.
00:23:06Et j'ai l'impression que ça n'empêche pas que dans le regard des spectateurs ils puissent se retrouver à l'avenir.
00:23:13Le fait qu'ils se séparent là n'est pas forcément définitif.
00:23:17Inversement dire qu'absolument oui il doit se passer quelque chose après.
00:23:21Ça c'était plus questionnable.
00:23:22Et puis par ailleurs on se situait sur un plan qui était un peu plus informatif qu'émotionnel.
00:23:27Et je préférais terminer le film sur l'émotion de la séparation.
00:23:33D'accord. Merci.
00:23:40S'il n'y a pas d'autres interventions immédiates.
00:23:42Moi je me posais la question de la dimension politique de vos oeuvres.
00:23:46A travers la façon dont vous dessinez des communautés soit humaines.
00:23:50Soit ouvertes, soit fermées, soit post-humaines.
00:23:54En essayant d'inventer une sorte de vie au-delà de l'humain.
00:23:57Et Thomas Cayet ça passe à travers aussi toutes les scènes autour totalement glaçantes.
00:24:02Des chasses pas vraiment à l'homme du coup mais des chasses aux bestioles.
00:24:06Et du coup je me demandais par quel...
00:24:08Vous avez voulu faire une sorte d'utopie mais aussi par quel type de combat ont pu inspirer ce genre d'utopie.
00:24:16Et quel type de ligne de partage politique raconter des mutations ça dessine peut-être un peu abstrait comme question.
00:24:23C'est large quoi.
00:24:24Mais non mais en tout cas comment dire.
00:24:27Le premier truc c'est de se dire quand on a commencé à écrire avec ma co-scénariste Pauline Munier.
00:24:32On s'est dit il faut externaliser la métaphore.
00:24:38C'est à dire partir de ce principe que cette mutation elle démarre à l'intérieur du corps.
00:24:42Elle doit changer le monde.
00:24:43Donc elle va changer les rapports humains.
00:24:45Elle va changer le regard qu'on porte sur l'autre etc.
00:24:47Ça c'est le premier truc.
00:24:50Et comme cette mutation elle engendre une grande biodiversité.
00:24:55Il faut qu'à cette biodiversité là réponde une biodiversité des réactions humaines.
00:24:59Donc il y a des gens dans le film, des personnages qui vont...
00:25:04Chez qui ça va déclencher des réflexes d'accueil, d'hospitalité, voire de désir.
00:25:10D'autres chez qui ça va instinctivement déclencher des réactions de rejet, d'hostilité, de violence, des pulsions morbides ou mortifères.
00:25:20Et donc ça on voulait que toutes ces représentations là aient lieu.
00:25:25C'est probablement une des raisons pour lesquelles il y a pas mal de personnages secondaires dans le film.
00:25:29On voulait pas que d'un coup dire ok alors en fait l'humanité elle va se rassembler en milice.
00:25:37C'est pas le cas.
00:25:38D'ailleurs c'est pas exactement ce qui se passe dans le film.
00:25:41C'est un contexte particulier, c'est une fête et puis ça dérape.
00:25:44Et puis il y a un effet d'entraînement etc.
00:25:47Mais quand même c'est là.
00:25:48Et parmi les choses qui nous ont inspiré, par exemple la fin du film, même en termes d'iconographie,
00:25:57quand on recherchait un petit peu des idées pour mettre en scène ce coup de filet très violent des forces de l'ordre dans la forêt,
00:26:08c'est vraiment le champ lexical de l'Azade.
00:26:11On est vraiment allé chercher très simplement ce que c'est qu'une opération de police dans une ZAD.
00:26:22Après j'ai l'impression que l'idée c'était aussi de se dire que chaque personnage dans sa trajectoire,
00:26:30il y a un moment il va devoir se positionner moralement par rapport à ce qui se passe et physiquement aussi.
00:26:37Il va devoir choisir quelque part où il se place.
00:26:40Et c'est tout le rôle du personnage de François.
00:26:43Émile évidemment il est attiré par un instinct qui se réveille, il y a du désir,
00:26:48il y a quelque chose qui le guide vers autre chose, vers un autre monde.
00:26:51Mais son père, il a l'air très ouvert au début et pourtant qu'est-ce qu'on voit ?
00:26:56On voit qu'il en est réduit à un moment à inhiber son enfant, à l'enfermer, à le menacer.
00:27:04Et puis il va falloir qu'il fasse un gros tour sur lui-même pour comprendre que ce n'est pas la solution.
00:27:10Et au fond on voit chez lui l'apparition de la peur quand il fait face à son épouse qui l'a retrouvée.
00:27:16Mais cette fois il se demande s'il a vraiment envie qu'elle revienne ou si elle lui fait peur tout simplement.
00:27:23Et puis avec son enfant ça se rejoue.
00:27:24Il y a ce réflexe premier de vouloir le garder et il faut qu'il dépasse ça.
00:27:32Donc moi le chemin moral que je fais il est avec lui dans le film.
00:27:36J'espère qu'un des objectifs c'était de se dire que le regard du spectateur doit faire un trajet entre le début du film et la fin.
00:27:45On ne doit pas regarder les créatures à la fin du film comme on regarde l'homme oiseau au tout début.
00:27:49Il y a un truc comme ça au début où on doit être peut-être sidéré, peut-être un peu agressé par l'image.
00:27:55Et puis plus ça va, plus on apprend à les regarder et à les trouver intéressantes, autres, mais comme des entités avec lesquelles on peut avoir des relations diplomatiques, comme dirait Baptiste Morisot.
00:28:09Jérémy, je m'interrogeais, tout à l'heure on parlait de la question du point de vue animal.
00:28:13Vous aviez dit un peu comment figurer ce point de vue.
00:28:17Ça ne passe pas simplement par le fait de donner la parole aux animaux, loin de là, parce que finalement ça serait une sorte d'anthropomorphisme plus traditionnel.
00:28:23Mais du coup, quelles formes qu'on a par rapport aux moyens d'expression de la bande dessinée, quels interstices de création on peut investir pour figurer cette question d'un point de vue qui soit différent qu'humain ?
00:28:34Pour Alit en particulier, je pensais, parce que c'est toute cette histoire de l'épopée d'un crapaud, mais du coup, qu'est-ce que ça engage au niveau du travail sur la page, d'essayer de réfléchir sur le sensorium animal ?
00:28:47Oui, et si je peux raccrocher un truc avec le côté politique, peut-être pas politique, mais plus, c'est des grands mots, mais cosmologique.
00:28:57Moi, j'ai vraiment eu une espèce de forte découverte avec tous les penseurs du vivant.
00:29:08Et je me souviens avoir lu ce texte, on va beaucoup parler de lui, mais Baptiste Morizot, qui disait qu'il y avait vraiment, il employait le terme de primato-narcissisme dans la production culturelle actuellement.
00:29:24Et notamment, quand on voit cette espèce d'obsession des visages qu'on peut avoir, quand on voit les fils Instagram, on est fasciné, on est complètement narcissique sur notre part primate.
00:29:39Et il disait qu'on avait perdu, en fait, cet émerveillement face à toutes les autres formes du vivant, à la fois animales, mais aussi végétales, champignons, etc.
00:29:52Et bon, aujourd'hui, on est en plein dedans, les choses changent très vite.
00:29:59Moi, c'est des trucs dans lesquels je suis tombé en 2017-2018, et aujourd'hui, ça a rempli les librairies, l'intelligence des arbres, l'intelligence des champignons, les réseaux internet des champignons, etc.
00:30:12C'est des choses qui sont de plus en plus connues.
00:30:15Mais quand je lisais ce texte de Baptiste Moiseau, je me disais, ah, mais voilà un peu une mission pour moi.
00:30:26J'ai l'impression qu'il y a un vide, la plupart des fictions sont humaines, et on a un peu du mal à aller traverser ce point de vue animal.
00:30:37Et pardon, j'ai oublié un peu le...
00:30:41Est-ce que je peux parler un peu de Jacob von Uxkul déjà ?
00:30:51Je suis très, très fan de Deleuze, et surtout quand il parle de la tique, et qui cite Jacob von Uxkul, qui est considéré comme un des fondateurs de la biosémiotique.
00:31:07Et lui, il s'est vraiment plongé comme un enfant dans le point de vue animal, en imaginant, mais qu'est-ce que c'est que d'avoir un corps différent ?
00:31:17Mais surtout, une perception du monde différente, c'est-à-dire les signaux que nous renvoie le monde, qui sont intéressants pour nous en tant qu'espèce.
00:31:26Chez la tique, ils peuvent être amenés à trois signaux.
00:31:30C'est ça que je trouve assez génial.
00:31:31On imagine le monde comme une bulle.
00:31:34Qu'est-ce qui fait sens pour la tique ?
00:31:36Premièrement, un promontoire.
00:31:39Il faut trouver le plus beau promontoire pour aller s'installer.
00:31:43Donc la tique se dirige vers son promontoire.
00:31:45Là, elle peut attendre jusqu'à 18 ans sans manger.
00:31:49Et elle attend ce qu'on appelle en philosophie le kairos, l'instant propice, le moment où il faut qu'elle donne tout,
00:31:56parce qu'un animal à 100 chauds passe dessous.
00:31:59Donc là, il ne faut pas se manquer.
00:32:00Donc, deuxième signaux auquel elle est attentive, ça va être ce signal olfactif.
00:32:11Et ensuite, elle va devoir trouver où est-ce qu'elle peut pondre ses oeufs.
00:32:15Et en fait, après, il élargit ça.
00:32:17Je pensais qu'on va voir un extrait de la mouche.
00:32:19En fait, pour chaque espèce animale, il essaie d'imaginer quel est ce monde, à quels signaux sont fondamentaux pour sa survie.
00:32:30Et en fait, ça, c'est un truc qui m'a énormément parlé et que j'ai développé dans Alite.
00:32:35Ce qui me fascine chez les amphibiens, c'est de me dire qu'ils naissent comme un petit étard sans bras avec juste une queue dans un milieu aquatique.
00:32:48Ils vont passer toute leur enfance, toute leur adolescence en développant leurs aptitudes dans ce milieu aquatique.
00:32:55Et tout d'un coup, à un moment donné, à ce moment-là, qu'on pourrait comparer à la puberté, finalement,
00:33:04ils vont devoir traverser cette surface et changer radicalement de milieu.
00:33:10Et en plus, se rejoue dans cet acte la sortie des eaux dans l'évolution des espèces.
00:33:17Et ça, je trouve ça incroyable qu'il y ait encore cette trace-là dans l'existence de chaque amphibien.
00:33:25Et donc, moi, c'est quelque chose que j'essaie de retransmettre artistiquement.
00:33:32Comme je te disais tout à l'heure, j'essaie d'utiliser tous les moyens que me permettent le médium de la bande dessinée.
00:33:39Évidemment, du coup, il n'y a pas le son, il n'y a pas l'image, il n'y a pas le jeu d'acteur.
00:33:43Donc, moi, j'ai vraiment juste ce grand rectangle blanc.
00:33:47Et au fil de mes albums, j'essaie de trouver comment travailler ça.
00:33:50Donc, la mise en scène, j'essaie de développer à chaque album des choses différentes.
00:33:57Et ce point de vue animal me permet de développer des mises en scène.
00:34:02Donc là, j'essaie d'emmener l'image à fond perdu.
00:34:06J'utilise les obliques.
00:34:09J'essaie d'utiliser le plus possible le mouvement.
00:34:11J'essaie d'utiliser la rythmique, les petites cases.
00:34:15Et puis, tout d'un coup, je vais mettre une grande double page.
00:34:18Donc, j'essaie de faire mon spectacle à moi.
00:34:22Donc là, la remontée des saumons.
00:34:24Donc, voilà, je me débats avec ma page.
00:34:28Mais je pense que, possiblement, ça va migrer vers le cinéma.
00:34:37Il y a cette idée du courant aussi.
00:34:39Au début, il se fait emporter par le courant.
00:34:41Finalement, le premier mentor qu'il va rencontrer, c'est un saumon.
00:34:43Et donc, tout son premier challenge, c'est d'aller contre ce courant qui l'emporte.
00:34:50Oui, on a beaucoup parlé de Baptiste Morisot.
00:34:53Du coup, tu viens de mentionner Folling School.
00:34:55Est-ce qu'il y a d'autres...
00:34:57Enfin, je me demandais s'il y avait d'autres textes qui avaient tous les deux un peu travaillé.
00:35:00Surtout, comment ça travaillait.
00:35:01Enfin, comment un texte se métabolise ou se métamorphose en inspiration créatrice.
00:35:06Parce que, Morisot, il y a une très belle page sur la diplomatie.
00:35:10Mais comment on va intégrer ça dans un récit de diplomatie inter-espèce, finalement,
00:35:15que ce soit du règne animal ou l'épizé.
00:35:17Ou Morisot, ou d'autres textes.
00:35:19Je pense à la Vincélienne Desprès ou d'autres auteurs ou autrices contemporaines.
00:35:23Voilà lesquels vous intéressent.
00:35:24Et comment vous arrivez à intégrer ces trucs plus spéculatifs.
00:35:27Personnellement, en tout cas, j'ai découvert, un peu après toi, je pense que c'était en 2019, 2020.
00:35:37J'étais en pleine écriture du règne animal.
00:35:39Et à un moment, je suis tombé, je crois, sur une émission sur France Culture.
00:35:46Je crois qu'il s'agissait de Morisot, en effet.
00:35:48Et j'ai pris conscience de l'existence de toute cette école à ce moment-là.
00:35:52J'en ai lu quelques-uns.
00:35:55De Morisot, d'Escola, Vincélienne Desprès, Croire aux fauves, de Nastassia Martine.
00:36:03C'est exactement Martine ou Martin, je ne sais pas.
00:36:07Et après, comment ça s'insère ?
00:36:09Déjà, le premier truc, c'est que j'ai eu l'impression d'être un peu moins seul.
00:36:11C'est-à-dire que tu es en train d'écrire, c'est un peu deep, l'écriture de scénarios à certains moments.
00:36:16Et d'un coup, je me souviens très bien d'avoir échangé là-dessus avec ma co-scénariste.
00:36:20On était hyper contents de voir qu'il y avait des gens que ça passionnait, comme nous, à un degré différent.
00:36:25Ça permet aussi de travailler des outils théoriques, de comprendre un peu mieux.
00:36:30Par exemple, cette question de...
00:36:33Nous, on était dans un truc assez joyeux de se dire, ok, la nature est en train de se transformer.
00:36:39Il faut qu'on fasse avaler ça dans notre histoire, que les gens vont se transformer dans un film réaliste.
00:36:45Et de se rappeler d'un coup, de manière presque violente, que c'est notre héritage commun.
00:36:55Et c'est dit évidemment bien mieux que ça par tous ces auteurs.
00:36:59Mais qu'on partage cette ascendance commune, qu'on vient tous de la même cellule.
00:37:04Et que d'un coup, quand on commence à lire des pensées très articulées là-dessus, ça conforte le geste.
00:37:12Ça confirme qu'on touche à quelque chose qui est finalement fondamental.
00:37:20Moi, ça a été des lectures assez inspirantes.
00:37:23Il y a vraiment des trucs que j'adore.
00:37:25Par exemple, chez Vinciane Després, son livre « Habiter en oiseau » sur la notion de territoire animal.
00:37:34Nous, en tant qu'humains, décompense à l'idée de...
00:37:37C'est le truc que je t'ai raconté tout à l'heure.
00:37:40Décompense au mot « territoire ».
00:37:43On voit une carte, on voit des frontières, on voit quelque chose de...
00:37:47On parle en termes de terre, en fait.
00:37:51Et en fait, ça demande un énorme décentrement de s'imaginer...
00:37:57De voir ça dans la perspective d'un autre corps, d'une autre manière d'appréhender le monde.
00:38:04Et notamment pour l'oiseau.
00:38:06Elle dit, en fait, chez l'oiseau, le territoire, c'est un territoire sonore.
00:38:11Il faut imaginer que...
00:38:13Elle dit que c'est un territoire chanté.
00:38:14Le mâle oiseau, son territoire, c'est jusqu'où porte son chant.
00:38:24Et ça, c'est des trucs que je trouve super beaux et qui me donnent immédiatement envie de trouver des réponses artistiques et esthétiques.
00:38:32Et c'est des choses que j'ai l'impression de ne pas beaucoup voir dans les films, dans les bandes dessinées, dans la fiction.
00:38:39J'ai l'impression qu'il y a un champ libre là, où s'engouffrer.
00:38:42Et voilà, qui est devenu un peu mon rayon.
00:38:46Il y a tout un terrain d'images manquantes, en fait.
00:38:51Et même quand tu parlais tout à l'heure de la subjectivité de l'animal, c'est-à-dire rentrer dans le point de vue animal.
00:38:56Moi, je sais que c'est l'endroit où je me suis arrêté.
00:38:58Où j'avais, en tout cas, décidé de m'arrêter.
00:39:01Je me disais qu'on ne pouvait pas aller.
00:39:02En partant de l'humain, vu que le film parle de l'humain, il y avait un moment où on ne pouvait plus les accompagner jusqu'au bout.
00:39:07Donc, les accompagner pendant la mutation, oui, mais il y a un moment où quand ils sont totalement de l'autre côté, on ne peut plus y aller.
00:39:12C'est la raison pour laquelle c'est un peu découpé comme ça dans le film.
00:39:17C'est-à-dire qu'on a un personnage, Émile, qui va plutôt représenter le début de la mutation.
00:39:21On a Fix qui est plutôt au milieu.
00:39:22Donc, on assiste à la perte du langage et des choses comme ça un peu importantes.
00:39:25Le fait qu'il arrive à voler, presque qu'il troque le vol contre le langage.
00:39:31Et il y a des personnages qui sont plus avancés, comme la mère.
00:39:34Et elle, on ne passe pas dans son point de vue.
00:39:37Même la scène à laquelle on est confronté à la fin, elle nous laisse une vraie altérité.
00:39:41On se demande pourquoi elle repousse son enfant.
00:39:43Est-ce qu'elle le reconnaît, mais elle le repousse ?
00:39:44Il y a un espèce de truc un peu inconnu.
00:39:46Mais j'avais beau me dire, théoriquement, c'était un peu d'ailleurs, je crois, ce que dit Deleuze.
00:39:51On ne peut pas aller de l'autre côté.
00:39:52Il y a un truc, il y a un moment où on n'est plus capable.
00:39:56On n'a plus assez de composantes instinctives, nous, humains, pour imaginer ce que c'était d'être 100% animal.
00:40:04Mais ça crée un vide, ça crée un espèce d'horizon hyper mystérieux, vachement attirant.
00:40:11Et du coup, ça devient aussi le centre de gravité du film.
00:40:15Et du coup, ça, c'était des réflexions qui nous animaient et qui étaient très excitantes pendant l'écriture et aussi la fabrication du film.
00:40:24Jusqu'où on peut aller, jusqu'où on peut les accompagner vers une sorte de trou noir.
00:40:29Je pense que c'est en ça que ton travail est plus politique que le mien, c'est que tu es encore du côté de l'humain.
00:40:37Tu as ce début de transformation vers la bestialité jusqu'au moment où on passe de l'autre côté.
00:40:42Mais du coup, on est encore dans ces problématiques de comment est-ce qu'on les gère.
00:40:46J'aime bien quand il dit, je ne suis pas fini, l'oiseau, là, mais je vais être magnifique.
00:40:56Je vais être sublime.
00:40:57Je vais être sublime.
00:40:59C'est la raison pour laquelle le dernier plan du film, c'est finalement ça.
00:41:03C'est qu'on suit Émile, il crie, il y a cette libération et puis il nous échappe.
00:41:08Il sort du plan et la caméra continue à le chercher, mais elle ne le trouve plus.
00:41:11Et puis ça devient tout flou, ça devient juste de la matière de feuillage.
00:41:14et on bascule au noir.
00:41:16J'avais l'impression que c'est là où on en était avec du cinéma en live action aujourd'hui.
00:41:23Ou alors il faudrait prendre un départ trois ans plus tard, faire un Réanimal 2,
00:41:29où on démarre vraiment dans le point de vue de l'animal et être d'emblée là.
00:41:32Mais là, j'avais l'impression qu'avec les règles du monde humain, on ne pouvait pas basculer à 100%.
00:41:37Mais il n'empêche que ça a attiré le film vers ça et ça, c'était assez puissant.
00:41:42Il y a un travail sur les distorsions de la perception animale.
00:41:47Moi, j'ai trouvé très beau le travail sonore sur la façon dont vous aviez conçu cette dimension extrêmement aiguë du rendu sonore.
00:41:55Et je me suis demandé quel boulot il y avait eu avec le preneur de son,
00:41:59la preneuse de son pour la recherche d'une texture sonore qui ne soit pas du tout celle de l'oreille humaine.
00:42:06C'est multicouches, il y a plein de choses.
00:42:10On a d'abord constitué une grosse banque de sons avec beaucoup de sons de nature qu'on avait sur place.
00:42:17Il y a eu énormément de travail en post-prod pour essayer d'élargir la bande sonore au fur et à mesure du film,
00:42:23sans passer...
00:42:24Ce qu'on voulait éviter, c'était l'effet de cliquer.
00:42:26C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'on comprend que le personnage avance dans son animalité,
00:42:31on va devoir rentrer dans une dimension d'acuité acoustique encore plus forte,
00:42:38ce qui fait que ça va devenir insupportable.
00:42:39On va se retrouver avec une heure de film à la fin où on entend tellement tout
00:42:42et dans des focales sonores très subjectives.
00:42:47Et on voulait éviter ça, on voulait que ce soit plus plastique, plus fluide.
00:42:52Mais ce qu'on a fait, c'est qu'on a quand même enrichi la bande sonore au fur et à mesure du film,
00:42:58très régulièrement, et avec quelques séquences où il y a un zoom subjectif sonore,
00:43:04dans le point de vue du personnage.
00:43:07Ça, c'est sur les sons qu'il entend.
00:43:12Et après, il y a la question des sons qu'ils émettent.
00:43:14Et ça, on s'est rapproché de chanteurs d'oiseaux professionnels
00:43:19qui ont fait un coaching un peu poussé de nos deux comédiens principaux,
00:43:25enfin des comédiens qui incarnaient des créatures,
00:43:28Paul Kircher et Tom Mercier,
00:43:31et qui leur ont appris, parce qu'ils imitent les oiseaux, mais pas qu'eux,
00:43:34et ils ont beaucoup observé aussi plein d'autres sortes d'animaux.
00:43:39Donc Paul s'est beaucoup concentré sur la respiration,
00:43:42sur comment transmettre son stress, son désir,
00:43:47beaucoup d'autres choses par la respiration.
00:43:48Et qui dit par la respiration, dit aussi par la façon dont il communique.
00:43:51Donc c'est pour ça que son phrasé se transforme au fur et à mesure du film.
00:43:56Mais c'est assez léger.
00:43:57Et chez Tom, pour le coup, ça a été un entraînement assez costaud
00:44:01sur comment produire des sons comme un oiseau,
00:44:06c'est-à-dire non pas en expulsant de l'air, mais en l'inspirant de l'air.
00:44:10Donc il a travaillé, parce qu'on a un larynx et les oiseaux un pharynx,
00:44:15donc ça marche différemment.
00:44:16Et donc il a travaillé ça pendant des semaines et des semaines,
00:44:20pour inverser son espèce de flux respiratoire quand il produit des sons.
00:44:25Il est allé chercher ça aussi en observant beaucoup les oiseaux.
00:44:31Donc ça a été un travail assez long.
00:44:33Ce qui est marrant, c'est qu'il y avait une tentative à un moment de faire jouer ça
00:44:38par de l'intelligence artificielle, parce que je me suis raconté qu'on se disait
00:44:40mais c'est impossible de faire muter un homme, un acteur à ce niveau-là.
00:44:48Il y avait une étude qui avait été faite un peu comme ça,
00:44:51et ce que nous a renvoyé l'intelligence artificielle était inexploitable.
00:44:54C'était bourré d'artefacts numériques, on ne comprenait pas du tout vers quoi ça allait,
00:44:58alors que ce qu'a produit Tom, au final, c'est absolument tout ce qu'on a gardé,
00:45:01c'est les sons directs.
00:45:02C'est-à-dire qu'on n'a même pas retouché,
00:45:04il y a très peu de montage en post-prod.
00:45:08Il avait trouvé son animal, il y avait un vrai langage.
00:45:13D'ailleurs, il avait complètement arrêté de parler,
00:45:15des mois avant le tournage, il ne parlait plus du tout,
00:45:17en tant qu'humain.
00:45:18C'était pénible, mais c'était bien pour le film.
00:45:25Émile, il se transforme en chien ou en loup ?
00:45:28Alors ça, voilà, j'ai laissé l'interprétation libre.
00:45:33Lui, il dit que c'est un loup, Fix dit que c'est un caniche.
00:45:38François, il pense que c'est peut-être un loup, mais peut-être un renard.
00:45:42J'avais l'impression que c'était bien qu'il ne le sache pas encore.
00:45:44Il voit globalement, mais précisément, il ne voit pas.
00:45:50Il va devoir le vivre.
00:45:52Ce que je trouve intéressant, en tout cas, à être dans les deux,
00:45:54c'est qu'évidemment, le chien, c'est une invention de l'homme.
00:45:56C'est une invention de l'homme qui a sélectionné des loups
00:45:59et domestiqué des loups pendant des millénaires,
00:46:02ou des centaines d'années en tout cas, je ne sais pas exactement.
00:46:06Et c'est quoi un chien ?
00:46:08C'est un loup domestiqué.
00:46:09C'est un peu entre ces deux trucs-là qu'il va devoir choisir.
00:46:13Et quand François lui dit « tiens, tu peux te raser, tu peux faire ceci,
00:46:17il ne faut pas que tu fasses comme cela, il faut manger proprement à table »,
00:46:19il lui demande d'être plutôt la version chien.
00:46:23J'ai l'impression qu'Emile choisit la version loup à la fin, symboliquement en tout cas.
00:46:29Et sur l'acuité auditive, les loups et les chiens,
00:46:33ils entendent vraiment beaucoup mieux que les humains ?
00:46:36Oui, techniquement, je ne m'en souviendrai plus exactement.
00:46:38Ce n'est pas exactement les mêmes fréquences, mais oui, c'est dingue comme ils entendent mieux.
00:46:41Parce que sur l'odorat, dans ma prochaine BD, j'ai aussi des humains qui se transforment avec des pouvoirs animaux.
00:46:51Du coup, je savais que l'odorat, la proportionnalité, elle est complètement folle.
00:46:55Si on pouvait représenter l'odorat de l'humain, ça pourrait être une tête d'épingle.
00:47:01Et la puissance de l'odorat du chien, en comparaison, c'est un stade de foot.
00:47:05La proportion est complètement folle.
00:47:09Du coup, moi, c'est là que je me dis, mais qu'est-ce que c'est qu'un monde odeur, en fait ?
00:47:14Nous, quand on ferme les yeux, quand on imagine le monde, tout de suite, on imagine des choses visuelles.
00:47:19Et je me dis, du coup, le chien, quand il s'imagine le monde, est-ce qu'il s'imagine un monde odeur ?
00:47:25Vous trouvez déjà un moyen de traduire ça en BD, alors, du coup, l'odeur ?
00:47:30Comment dessiner l'odeur ?
00:47:31Ben non, je ne sais pas.
00:47:33En tout cas, c'est le genre de choses qui m'intéresse beaucoup au niveau de recherche esthétique.
00:47:42Est-ce que des questions ont germé depuis dans le public ?
00:47:46Oui, il y en a eu plusieurs.
00:47:47Justement, vous avez commencé à y répondre, mais je voulais savoir quel est votre rapport avec des professionnels,
00:48:00des scientifiques, des biologistes, pour vous accompagner tout au long de vos projets,
00:48:06pour pouvoir développer quelque chose d'assez, d'avoir une certaine justesse au niveau scientifique, du coup, des différents animaux.
00:48:13Là, je pense que c'était, sur mon film, en tout cas, c'était assez essentiellement sur des questions anatomiques,
00:48:23qu'on s'est posé ces questions-là, c'est-à-dire, ça a quand même une limite, c'est-à-dire qu'on se demande,
00:48:28on sait de quoi on part, on va partir d'un corps humain, d'un corps humain spécifique, puisqu'il est identifié,
00:48:31c'est celui d'un acteur, et on se demande comment on va le faire, enfin, on se demande un peu vers quoi on va le faire muter,
00:48:36on choisit plus ou moins une espèce, et ensuite, on essaie de voir ce que ça donnerait.
00:48:41Mais, si vous voulez, au scénario, je me souviens que c'était extrêmement précis,
00:48:47j'avais des, je veux dire, un an avant le tournage, ou six mois, huit mois avant le tournage,
00:48:52j'avais encore une vision extrêmement précise de l'animal, de la destinée animale de chaque personnage.
00:49:00Je me disais, Fix doit impérativement devenir une aigrette cendrée, quoi.
00:49:03C'était extrêmement clair dans ma tête.
00:49:05Et puis, on rencontre un acteur, et on se rend compte qu'il n'a rien de l'aigrette cendrée, quoi.
00:49:09Ça va être très compliqué de le transformer en ça.
00:49:12Donc, on s'adapte, on se dit, OK, c'est peut-être plus un rapace, c'est peut-être autre chose, etc.
00:49:16Et puis, en fait, plus on a avancé vers le tournage, vers l'idée de commencer à travailler autour de leur expression corporelle,
00:49:25de comment on allait transformer leur corps, plus on a laissé tomber la destination animale telle qu'elle.
00:49:32Mais aussi pour une raison, ce n'était pas que pratique, ça devenait presque un peu déceptif de se dire qu'après toute cette métamorphose,
00:49:43il allait devenir exactement quelque chose qu'on connaît déjà.
00:49:46Moi, j'avais l'impression que ce qu'on avait entre les mains, c'était une histoire qui raconte un nouvel horizon.
00:49:52Donc, nouvel horizon, pourquoi pas nouvelle espèce ?
00:49:57D'ailleurs, la mère, quand on la regarde, bon, c'est quoi exactement à la fin, quoi ?
00:50:01Si on se dit qu'elle a plus ou moins achevé sa mutation, ce n'est pas extrêmement clair.
00:50:07Au scénario, c'était très clairement un ours.
00:50:09Quand on a commencé à la modéliser, à la concevoir, j'ai croisé un ours, une chouette et un paresseux.
00:50:18Et puis, il y a l'actrice, je reconnais encore le visage de l'actrice la dernière fois qu'on la voit.
00:50:25Et ça, je trouvais ça plus intéressant.
00:50:27Donc, il y a un moment où le caractère purement biologique, même sur un truc aussi indiscutable que l'anatomie,
00:50:36on fait un petit pas de côté, quoi.
00:50:39Oui, bonjour.
00:50:45Moi, je vais faire un petit chemin en arrière quand vous avez discuté des auteurs et des autrices qui vous inspiraient.
00:50:51En fait, je pensais notamment, moi, à Damasio dans son bouquin, Le furtif, peut-être que vous l'avez lu,
00:50:58où il y a une question de hybridité où il invente une forme de vivant.
00:51:02Bref, il s'intéresse beaucoup au biopunk, un peu comme des réflexions communes.
00:51:09Et notamment, il réfléchit à comment habiter le monde autrement par une connexion à l'étranger,
00:51:15à soi, aux espèces végétales, animales, tout ce dont vous parlez.
00:51:19Et c'est vrai qu'une des solutions qu'il trouve, c'est aussi la pédagogie et des formes d'appréhension.
00:51:25Et je trouve que tous vos travaux respectifs sont une façon de s'approprier ces réflexions-là.
00:51:30Et tout à l'heure, Jérémy t'a évoqué le fait que t'étais papa, et peut-être que vous l'êtes tous les deux.
00:51:35Et du coup, je me demande à quel point cette idée d'être parent peut influencer la façon dont vous créez votre travaux
00:51:42et comment ça s'interlie avec vos réflexions.
00:51:46C'est un peu difficile comme question. Je ne sais pas si je l'ai bien formulé.
00:51:52Moi, je veux bien répondre sur le côté papa.
00:51:54Pendant longtemps, je me posais la question de l'anthropomorphisme.
00:52:00Vu que je mets en scène des animaux, du coup, le dessin me permet de dépasser cette complexité
00:52:06de la représentation hyper technique et onéreuse.
00:52:11Mais dès lors qu'on fait parler des animaux, etc., il y a la grosse question de l'anthropomorphisme à la Disney.
00:52:23Et à chaque fois, je me demandais, je lisais aussi tous ces bouquins écrits par des éthologues, sur le point de vue animal.
00:52:33Et en même temps, je ne peux pas raconter des histoires, je ne peux pas créer des personnages
00:52:37en étant juste dans ce point de vue purement animal, naturaliste.
00:52:43Donc, j'ai forcément un moment donné où je dois régler mon curseur de l'anthropomorphisme.
00:52:49Mais jusqu'où ?
00:52:50Et c'était vraiment une question avec laquelle je me suis longtemps débattu.
00:52:53Je me suis dit, mais pourquoi, quand je vois des Dreamworks, certains Disney,
00:52:58ça me paraît abusif et outrageux, on va dire, à l'égard du vivant ?
00:53:07Et en fait, je crois que j'ai fini par trouver une forme de solution.
00:53:10Donc, par exemple, quand on voit les très récents où un personnage animal se met à fumer une clope
00:53:18ou si je dirige une collection et j'avais reçu un texte où une girafe était pizzaïolo,
00:53:26là, pour moi, le curseur, il va trop loin.
00:53:29C'est-à-dire qu'il n'y a plus absolument aucun intérêt à voir la forme animale.
00:53:36Et du coup, j'avais poussé cette réflexion aussi sur les fables de La Fontaine.
00:53:40Où là, c'était intéressant parce que finalement, il utilisait les animaux comme un costume, en fait,
00:53:46pour faire passer des choses qui n'auraient pas été acceptées au niveau des mœurs de l'époque.
00:53:52Donc là, c'était un parti pris inverse.
00:53:57Et alors, le fond de ma réponse, c'est qu'est-ce que moi, j'ai en partage avec tel animal ?
00:54:05Qu'est-ce que je reconnais de moi dans cet animal ?
00:54:08Et donc, le crapaud halite, c'est une espèce qui transporte ses œufs, où c'est le mâle, donc le papa.
00:54:17Il s'appelle aussi le crapaud accoucheur.
00:54:20Du coup, il est un peu sage-femme.
00:54:22Il est très sympa avec la femelle au moment de l'accouchement.
00:54:25Il sort le petit chapelet d'œufs et il se les entoure sur les pattes.
00:54:30Et pendant trois, quatre semaines, il s'occupe des œufs, il les humecte, etc.
00:54:36Et quand il les amène à la mare, les œufs ont 80% davantage de chances de survie
00:54:43que les tétards des autres espèces dont le père crapaud ne s'occupe pas.
00:54:51Et en fait, juste, moi j'en ai croisé des crapauds halites dans le village où j'habitais
00:54:56quand j'ai fait cette BD.
00:54:58Et en fait, juste de voir ce petit père-là, qui se balade avec ses œufs sur son dos,
00:55:04en fait, ça m'a ému et je me suis reconnu en lui.
00:55:07Et j'ai trouvé une intersectionnalité entre moi et ce crapaud.
00:55:14Et voilà, aujourd'hui, c'est ma réponse à ça.
00:55:17Jusqu'où j'emmène l'anthropomorphisme ?
00:55:21Qu'est-ce que je reconnais de moi dans l'animal ?
00:55:25Je ferai court sur cette question-là.
00:55:29En tout cas, le désir de parler de ça, de parler de ce qui se passe entre un parent et un enfant,
00:55:35de ce grand défi de transmettre un monde à vivre,
00:55:43il existe avant tout le reste.
00:55:45Il existe avant la métaphore, avant les mutations animales.
00:55:49Moi, c'était le premier désir, je pense, du film.
00:55:52Tout simplement.
00:55:53C'est d'ailleurs pour ça que le film commence.
00:55:55C'est peut-être pour ça que cet épilogue n'est pas monté
00:55:57et que le film commence et finit quasiment sur des scènes miroirs,
00:56:02de personnages enfermés dans une voiture.
00:56:05Dans la première scène, l'enfant se barre et le père va le chercher et le ramène de force.
00:56:10Dans la deuxième, le père ouvre la porte et lui dit
00:56:13« Je te fais confiance, tu peux y aller, tu vas t'en sortir très bien ».
00:56:16C'est une des lectures du film, mais c'est peut-être la première qui est venue.
00:56:25C'est celle qui, structurellement, cadre l'histoire.
00:56:29Pour moi, ça fait vraiment partie de la tresse organique
00:56:34de toute cette grande histoire de mutations et de rapports au monde.
00:56:38Tout à l'heure, tu disais, Jérémy, que tu allais faire un pas vers le cinéma.
00:56:50En tout cas, qu'il y avait une inspiration au cinéma,
00:56:53soit pour le remportage en film de des mondes dessinées,
00:56:56soit pour des travaux nouveaux.
00:56:58Là, on n'a pas encore montré les bandes,
00:57:00mais Thomas a une partie du travail préparatoire
00:57:02et finalement, à ses voisins, a eu un travail de BDH.
00:57:06Enfin, une partie du travail, tu as d'ailleurs travaillé avec un BDH
00:57:10pour les préparatifs du Ragnanimal.
00:57:13Et du coup, je me demandais comment vous conceviez chacun
00:57:17un peu la migration de la bande dessinée vers le cinéma
00:57:20ou voire du cinéma vers la bande dessinée.
00:57:22Mais je ne sais pas si toi, tu devais muter vers le cinéma,
00:57:24vers un format hybride, comment tu muterais ?
00:57:28Moi, j'ai déjà fait la migration du cinéma vers la BD
00:57:32puisque j'ai fait des études de cinéma d'animation.
00:57:34Et au début, ce n'était pas du tout facile.
00:57:37J'avais vraiment des réflexes de storyboard.
00:57:39J'avais vraiment des réflexes de toutes les cases ont la même taille
00:57:43puisqu'en fait, aussi, j'avais toujours ce réflexe
00:57:46d'où je place ma caméra, d'avoir des champs, contre-champ, etc.
00:57:50Et du coup, je bafouais un peu le médium qu'est la bande dessinée
00:57:55qui est née avec du franco-belge
00:57:57et qui est dans une tradition plus de maison de poupée, en fait.
00:58:02Si on voit tout ce qui est Astérix, Tintin, etc.
00:58:07En fait, tu n'as pas de point de vue avec une caméra
00:58:09où tu vas voir des contre-plongées.
00:58:12Tu as toujours toute la scène de théâtre.
00:58:15Tu as toujours tout le décor avec les personnages
00:58:17qui sont redessinés à chaque fois.
00:58:20Et pour moi, c'était hyper dur de faire ça
00:58:21parce que je suis passé par le cinéma d'animation.
00:58:25Et comme on voit là, en fait,
00:58:28j'imagine une caméra qui se balade dans un décor.
00:58:31Et il y a un exemple pour prendre conscience
00:58:36en quoi le médium de bande dessinée est différent du cinéma.
00:58:40C'est sur la notion de temps.
00:58:43On peut avoir un dialogue qui se poursuit
00:58:44avec un personnage qui est chez lui,
00:58:48qui est en train de mettre son manteau.
00:58:49Il discute avec un autre.
00:58:50Deuxième case,
00:58:52ils sont dans la cage d'escalier.
00:58:55Or, le dialogue se poursuit en continuité.
00:58:58Et dans la dernière case,
00:58:59on voit la voiture qui part au loin.
00:59:01Et en fait, ils finissent le dialogue
00:59:03qu'ils étaient en train d'avoir.
00:59:05Et quand tu viens du cinéma,
00:59:06ça te fait exploser le cerveau
00:59:08parce que tu te dis que c'est absolument impossible
00:59:10qu'ils soient toujours en train de parler de ce truc
00:59:12alors qu'entre-temps,
00:59:14ils ont sorti leurs clés,
00:59:15ils ont ouvert.
00:59:16Et c'est ça qui est très perturbant
00:59:19dans le langage de la bande dessinée.
00:59:22Tout est dans l'ellipse.
00:59:24Tu peux vraiment sauter des choses
00:59:26de manière très fine
00:59:28juste par des sauts de temps
00:59:31comme ça
00:59:31et faire comprendre
00:59:32des vies entières.
00:59:35Il y a certains passages
00:59:37très connus de bande dessinée
00:59:38où vraiment en quatre cases,
00:59:40tu as toute la vie d'un personnage.
00:59:42Mais bon, à la limite,
00:59:43ça, c'est faisable aussi au cinéma,
00:59:46je dirais.
00:59:47Et c'est surtout aussi
00:59:48la composition de la page
00:59:49qui change.
00:59:50C'est que dans une bande dessinée,
00:59:52on a ce format A4
00:59:54et comment est-ce qu'on va tailler dedans ?
00:59:56Comment est-ce qu'on va découper ?
00:59:57Est-ce qu'on va faire des petites cases ?
00:59:58Est-ce qu'on va faire des grandes cases ?
01:00:01Pour quelle action on va se dire
01:00:04ça, ça mérite une grande case ?
01:00:07Quel moment ?
01:00:08Est-ce qu'on va mettre une oblique ?
01:00:09Et ça, c'est un jeu formel
01:00:12que moi, j'adore en bande dessinée
01:00:16mais qui a ses limites.
01:00:19On n'a pas le son,
01:00:21on n'a pas le mouvement,
01:00:23on n'a pas les acteurs.
01:00:25Il y a plein de choses qui manquent
01:00:27et aujourd'hui,
01:00:28dans mes idées de point de vue animal,
01:00:31je sens cette envie
01:00:32de revenir à l'écran.
01:00:41Oui, en tout cas,
01:00:42tu parlais de
01:00:43comment on va
01:00:45de l'idée à l'écran
01:00:47en passant par
01:00:48les premières formes visuelles.
01:00:51Sur ce film-là,
01:00:52on a beaucoup dessiné
01:00:55avec différents supports.
01:00:59Ça, c'est un storyboard
01:01:00donc je pense que c'est plutôt
01:01:01la dernière partie du travail.
01:01:05C'est au moment où on commence
01:01:06à se demander comment on va découper,
01:01:07comment on tourne la scène.
01:01:09C'est mieux de le faire
01:01:10quand on a déjà une idée
01:01:10assez précise du décor.
01:01:13La première chose qu'on a fait,
01:01:14c'est ça,
01:01:15c'est du caractère design.
01:01:16C'est essayer de comprendre
01:01:17comment les personnages vont exister.
01:01:19Ça, ce n'est pas les premiers.
01:01:20Les premiers qu'on a fait,
01:01:21c'est vraiment ce qu'on a fait
01:01:23avec un BD-aste suisse
01:01:25qui s'appelle Frédéric Peters.
01:01:29Je l'avais repéré,
01:01:30son travail,
01:01:31notamment,
01:01:32il a fait un album assez concept
01:01:34qui s'appelle Saccage,
01:01:35je ne sais pas si tu connais,
01:01:36qui est une espèce d'odyssée
01:01:40d'un type recouvert de bandage
01:01:44suite à une grosse explosion nucléaire.
01:01:45Il traverse plein de mondes différents
01:01:49avec un espèce d'enfant
01:01:51dont on ne comprend pas trop
01:01:53si c'est lui-même plus jeune
01:01:54et qu'il a un enfant tout doré.
01:01:57Il traverse des mondes mutants.
01:02:01Il y a autant de supermarchés
01:02:02déchirés par des dinosaures.
01:02:04Il y a plein de choses très étonnantes.
01:02:06Je trouvais qu'il y avait quelque chose
01:02:08dans son dessin,
01:02:09dans sa ligne,
01:02:10qui était intéressant.
01:02:12Et puis, visiblement,
01:02:13il n'avait pas de problème
01:02:13à déformer des corps.
01:02:15Du coup, on a travaillé ensemble
01:02:18pendant quelques mois.
01:02:18Je lui ai proposé des idées
01:02:21et je lui ai laissé libre
01:02:23de proposer des choses.
01:02:24Là, typiquement,
01:02:24je me souviens très bien
01:02:25lui avoir demandé
01:02:25de voir ce que ça donnait.
01:02:29J'imaginais à la base
01:02:30que la scène où Fix
01:02:30perdait le langage,
01:02:31il y avait quelque chose
01:02:33qui le bloquait dans la bouche
01:02:33et c'était un bec qui sortait
01:02:35et qui ouvrait son visage en deux.
01:02:38Donc, tout le visage qui disparaissait,
01:02:39ça devenait vraiment un oiseau.
01:02:40Je pense que c'était,
01:02:41à mon avis,
01:02:42pas trop dans le réalisme du film.
01:02:45Mais bon, voilà,
01:02:46du coup, à cette époque-là,
01:02:47on s'est pris à rêver
01:02:48que ça pouvait être ça.
01:02:51Et donc, il a dessiné
01:02:52un bestiaire entier énormément.
01:02:55C'est un moment qui est hyper agréable
01:02:56parce qu'on jette beaucoup
01:02:58et on essaie plein de choses.
01:03:02Donc, il y a eu des dizaines
01:03:03et des dizaines d'animaux
01:03:04et de mutations différentes.
01:03:05Une fois qu'on est à peu près calés
01:03:07sur les personnages qu'on a choisis,
01:03:11là, on passe à un autre niveau.
01:03:12C'est là où la question de l'anatomie
01:03:13devient un peu plus importante.
01:03:16Et donc, là, on travaille
01:03:16avec des caractères designers
01:03:18qui, eux, sont vraiment...
01:03:19C'est ça leur boulot, quoi,
01:03:22de connaître l'anatomie humaine,
01:03:24animale, très bien.
01:03:25Et on essaie d'être le plus...
01:03:27Voilà, ça, c'est un bon exemple.
01:03:29le plus réaliste possible
01:03:32sur ce qui est possible
01:03:33de faire au cinéma, quoi.
01:03:35C'est-à-dire avec un acteur maquillé.
01:03:39Donc, là, par exemple, on voit...
01:03:41Ça, c'est un des derniers.
01:03:42On était déjà très avancés
01:03:43à ce niveau-là.
01:03:46Pendant longtemps,
01:03:46le visage de Fick,
01:03:48je ne le voyais pas
01:03:49et j'ai eu un peu une illumination
01:03:51en allant voir une expo
01:03:52consacrée à la guerre
01:03:55en Croatie.
01:04:00Il y avait une colonne
01:04:01de réfugiés
01:04:01qui étaient prises en photo.
01:04:03Il y avait un jeune homme
01:04:04qui avait des yeux hyper perçants
01:04:06qui sortaient d'un masque
01:04:08comme ça.
01:04:09Et j'ai eu l'impression
01:04:09que, voilà, évidemment,
01:04:10le masque rappelait l'oiseau.
01:04:12Et puis, il y avait quelque chose
01:04:14de pas fini,
01:04:17comme il disait dans le scénario,
01:04:19le personnage.
01:04:21Donc, ça, on s'est dit
01:04:22que c'était peut-être une base.
01:04:23Après, on a essayé
01:04:24d'étendre les ailes.
01:04:24Il y a eu des débats
01:04:25pendant des semaines,
01:04:26des semaines pour savoir
01:04:26quelles ailes il lui faudrait
01:04:29pour voler réellement.
01:04:30Donc, c'est sûr
01:04:31que si on avait dû faire ça,
01:04:32ça devenait très compliqué
01:04:33de faire le film
01:04:33parce qu'il faudrait des ailes
01:04:34presque le triple de ça
01:04:36pour qu'il puisse voler.
01:04:39Donc, on a trouvé
01:04:40que ça, c'était à peu près
01:04:41le volume acceptable
01:04:41pour y croire.
01:04:45Et puis, après,
01:04:46les pieds, la mutation,
01:04:47d'où elle part ?
01:04:47Est-ce qu'elle part des ailes ?
01:04:48Est-ce qu'elle part d'en bas ?
01:04:49Donc, là, les pieds,
01:04:50je crois que c'est des mains de singes.
01:04:53Au final,
01:04:53sur lesquelles on a greffé
01:04:55des serres.
01:04:58Mais on le voit
01:04:59sur l'image
01:04:59qui est tout en bas.
01:05:01Voilà.
01:05:02Là, on le voit
01:05:02les mains de gorille,
01:05:03en fait.
01:05:04Donc, on est parti de là
01:05:05et puis on a fait muter ça
01:05:06en disant que ça aurait pu
01:05:08prendre cette forme.
01:05:11Et puis, la cape.
01:05:11Après, on a pensé à la cape.
01:05:12Donc, voilà,
01:05:13il y a plein d'étapes comme ça.
01:05:14Donc, ça, c'est les caractères designers.
01:05:15Ça prend un petit moment.
01:05:16Et c'est bien de faire ça.
01:05:18Enfin, j'ai trouvé que c'était intéressant
01:05:19de faire ça en même temps
01:05:20que le casting
01:05:21parce que ça permet d'affiner
01:05:22et de voir si c'est cohérent
01:05:24avec les acteurs qu'on trouve.
01:05:28Et ensuite, ça passe à une autre étape
01:05:30qui est l'étape du modelage
01:05:32avec des sculptures.
01:05:35Parallèlement, on fait aussi
01:05:35le scan complet des corps
01:05:37pour pouvoir commencer
01:05:39à essayer de faire des essais
01:05:40en 3D.
01:05:43Et voilà, tout ça prend un temps fou.
01:05:47Et ensuite, voilà,
01:05:48sur la dernière étape,
01:05:48on passe effectivement au storyboard
01:05:50pour découper, voir ce qu'on en garde
01:05:51et qu'est-ce qui est possible de faire.
01:05:52C'est là où ça commence
01:05:53à devenir un peu délicat aussi
01:05:55sur des questions de production
01:05:56de qu'est-ce que notre créature
01:05:58est capable de faire ou pas à l'écran.
01:06:01Parce qu'il y a des choses
01:06:01qu'on veut qu'elle fasse,
01:06:02mais il y a des choses
01:06:02que l'acteur créature
01:06:05ne veut pas faire
01:06:05pour des raisons évidentes.
01:06:09Parce que c'est parfois
01:06:11un peu dangereux.
01:06:13Il y a des exosquelettes aussi
01:06:14en métal
01:06:14qui peuvent porter
01:06:15sur la créature
01:06:17qui attaque François
01:06:17à l'arrière du resto.
01:06:18Elle avait par exemple
01:06:19un truc d'à peu près
01:06:19de 30 ou 40 kilos
01:06:20en déport au-dessus de la tête
01:06:21à un mètre.
01:06:22Donc c'est hyper lourd.
01:06:23Donc c'était un rugbyman.
01:06:24On a dû prendre
01:06:25un rugbyman international
01:06:26pour jouer le rôle.
01:06:27Et il a vraiment
01:06:29un gros harnais en métal
01:06:30et une tête en déport
01:06:32avec je ne sais plus combien,
01:06:34je crois que c'est
01:06:35200 moteurs
01:06:35qui sont actionnés
01:06:37par des espèces de DJ
01:06:38qui ont des joysticks
01:06:40et qui sait de comprendre
01:06:42comment cette créature fonctionne.
01:06:44Et on essaie avec eux
01:06:44de comprendre
01:06:45comment elle peut interagir
01:06:46avec un acteur.
01:06:47Donc c'est un travail
01:06:47au final sur la scène,
01:06:49c'est un champ contre champ
01:06:49tout simple,
01:06:50mais c'est un jeu
01:06:51qui se fait à moi
01:06:53plus deux acteurs,
01:06:55plus deux marionnettistes
01:06:57pour trouver une petite chorégraphie
01:06:59et des interactions crédibles.
01:07:04Je sais, on en est là,
01:07:05pourquoi ?
01:07:06Ah oui, on posait la question
01:07:07du dessin.
01:07:08Mais en tout cas,
01:07:09ça part de ça.
01:07:11Effectivement,
01:07:11le dessin,
01:07:11c'est évidemment
01:07:12le premier moment
01:07:15où on voit des images
01:07:16prémices.
01:07:18Et puis c'est aussi
01:07:19un moment où on peut encore
01:07:20prendre beaucoup de risques
01:07:21puisque ça n'engendre pas encore
01:07:23des coûts de production dingues.
01:07:27Je crois qu'il y a des questions.
01:07:30Il y a deux questions ici.
01:07:41Merci.
01:07:42J'avais juste une question
01:07:43par rapport au côté organique.
01:07:46Est-ce qu'il y a un parallèle
01:07:47ou peut-être une influence
01:07:48avec la sculpture hyper réaliste ?
01:07:52Ah oui,
01:07:52ça, je n'en ai pas parlé.
01:07:55En gros,
01:07:57ça a été un gros move
01:07:58sur la prépa.
01:08:01En gros,
01:08:02quand j'ai commencé
01:08:03à travailler
01:08:03sur la mise en image
01:08:05du film,
01:08:07j'ai eu un bureau
01:08:08dans la production,
01:08:10une pièce de 30 mètres carrés.
01:08:12J'ai commencé
01:08:12à coller des références
01:08:14sur les murs
01:08:14pour commencer à discuter
01:08:16avec les différents chefs
01:08:17de projet,
01:08:17avec ma première assistante,
01:08:18mon chef opérateur,
01:08:20les responsables des effets,
01:08:21etc.
01:08:22Je mettais vraiment
01:08:24dans un premier temps
01:08:24tout ce qui nous plaît
01:08:27même un peu
01:08:27parce qu'il y a tellement
01:08:28de choses qu'on n'aime pas
01:08:29que c'est très difficile
01:08:30de sélectionner des images.
01:08:31On couvre les murs
01:08:32avec vraiment tout ce qui nous plaît
01:08:33même un peu.
01:08:34Au début,
01:08:34il y avait beaucoup de choses
01:08:36qui venaient des films
01:08:37et c'était...
01:08:39Comment dire ?
01:08:40On est allé assez vite
01:08:41sur le corpus
01:08:41parce qu'il y avait beaucoup
01:08:42de choses
01:08:42qui étaient trop abstraites
01:08:44par rapport à ce qu'on voulait faire,
01:08:46trop poétiques,
01:08:47parfois trop gore,
01:08:48parfois trop body horror.
01:08:51J'avais du mal
01:08:51à trouver quelque chose
01:08:53qui serait parfaitement
01:08:53notre film,
01:08:54ce qui était plutôt bon film,
01:08:55ça voulait dire
01:08:56qu'il y avait un espace...
01:08:58Et donc,
01:08:58au bout d'un moment,
01:08:59tout ce qui était au mur
01:09:00ne correspondait plus du tout
01:09:01à là où on en était
01:09:03et on n'arrivait pas à trouver.
01:09:03Donc,
01:09:04j'ai fini par tout arracher
01:09:04et on a remplacé
01:09:06petit à petit
01:09:07toutes ces images,
01:09:09toute cette grande fresque
01:09:10quasi intégralement
01:09:12par de l'art contemporain.
01:09:14Donc,
01:09:15ça a été les...
01:09:16J'aurais du mal
01:09:16à me souvenir
01:09:17de tous les artistes
01:09:17qu'on a convoqués
01:09:18à ce moment-là
01:09:18mais il y avait autant
01:09:19Ron Mueck
01:09:20que Patricia Piccinini,
01:09:22des artistes
01:09:23qui ont travaillé
01:09:24sur le vivant,
01:09:25sur la peau,
01:09:25la carnation,
01:09:26la mutation aussi d'ailleurs
01:09:27et qui n'ont aucun problème
01:09:30avec ça,
01:09:30donc qui ont une grande liberté
01:09:31et surtout
01:09:32l'énorme avantage
01:09:33de la sculpture
01:09:34à ce niveau-là
01:09:35c'est qu'on peut
01:09:35en faire le tour.
01:09:37Donc,
01:09:37quand on va voir
01:09:38une expo consacrée à ça
01:09:39ou quand on voit
01:09:40des catalogues d'expos
01:09:41ou qu'on cherche un peu
01:09:43sur Insta
01:09:44des gens qui sont...
01:09:44On arrive toujours
01:09:45à trouver la photo
01:09:46qui est prise
01:09:47dans l'autre angle
01:09:47derrière,
01:09:48etc.
01:09:49Alors que quand on
01:09:50travaille uniquement
01:09:51avec des références de films
01:09:52on n'a de fait
01:09:52que ce qui est gardé
01:09:53au montage.
01:09:55Et donc ça,
01:09:55ça a été hyper intéressant
01:09:57parce que ça a permis
01:09:59de quitter totalement
01:10:00le folklore
01:10:00fantastique
01:10:02et l'héroïque fantasy.
01:10:03Moi,
01:10:03j'en pouvais plus.
01:10:04On était à un moment
01:10:05où il fallait presque
01:10:07expliquer des fois
01:10:07aux dessinateurs
01:10:08que parce que c'est
01:10:09un homme-ours
01:10:09il ne doit pas avoir
01:10:10une hache sur l'épaule
01:10:11et des gros pecs.
01:10:12Et c'est un peu compliqué
01:10:13mais il y a une sorte
01:10:14d'inertie de ça
01:10:16dans le...
01:10:17Alors heureusement,
01:10:18au final,
01:10:18on a trouvé des bons dessinateurs
01:10:20qui avaient la bonne sensibilité,
01:10:21etc.
01:10:22Mais au début,
01:10:23c'était un peu dur
01:10:23de lutter contre ces références-là
01:10:24et ce qui a permis vraiment
01:10:26de s'en affranchir,
01:10:26c'est l'art contemporain
01:10:27et la sculpture réaliste.
01:10:31Donc on s'est jeté dedans.
01:10:33Alors ça faisait un peu peur
01:10:34au début à mon prod
01:10:36parce qu'il y avait des choses
01:10:37qui étaient vraiment...
01:10:39comment dire...
01:10:40hyper...
01:10:42qui étaient terrifiantes,
01:10:43quoi,
01:10:44parce que c'est le corps,
01:10:45l'état...
01:10:45Enfin,
01:10:45ça ressemble vraiment
01:10:46à ces décors,
01:10:46quoi.
01:10:47C'est décors
01:10:47et puis c'est la chair,
01:10:48c'est le sang,
01:10:48c'est...
01:10:49Mais il y a des choses
01:10:50magnifiques
01:10:51et puis c'est là aussi
01:10:53qu'on pense
01:10:54qu'il y a la sculpture
01:10:57en elle-même
01:10:57et puis il y a l'ambiance
01:10:57dans laquelle on la met.
01:11:00que ce soit d'urne
01:11:01ou nocturne,
01:11:02qu'il y ait de la pluie ou pas,
01:11:03que ce soit dans la brume...
01:11:04Enfin bon,
01:11:05voilà,
01:11:05en tout cas,
01:11:06d'un coup,
01:11:06ça posait beaucoup de questions
01:11:08de comment on met en scène
01:11:09des choses
01:11:10qu'on a envie de voir
01:11:11mais peut-être pas trop,
01:11:12comment on montre,
01:11:13comment on suggère,
01:11:14comment on impose,
01:11:15comment...
01:11:15Voilà.
01:11:16Donc c'est vrai
01:11:17que ça a été un vrai tournant
01:11:18dans la prépa, ça.
01:11:21Oui, bonjour.
01:11:24J'avais une question
01:11:25pour...
01:11:25Ça marche ?
01:11:26On me tente ?
01:11:27Oui.
01:11:28Pour chacun d'entre vous.
01:11:29Pour Jérémy d'abord,
01:11:30est-ce que...
01:11:31Tu parlais de passage à l'écran,
01:11:34est-ce que tu as déjà
01:11:34des projets en cours ?
01:11:37Et si oui,
01:11:37est-ce que ça serait
01:11:38une adaptation,
01:11:39un truc nouveau ?
01:11:41Et encore,
01:11:43est-ce que tu aurais
01:11:43un réalisateur en tête
01:11:44ou est-ce que tu réaliserais
01:11:46toi-même du coup ?
01:11:48Voilà pour toi.
01:11:50Et pour Thomas,
01:11:50est-ce que...
01:11:52Alors par rapport aux combattants,
01:11:53j'imagine qu'il y a eu
01:11:53un autre budget,
01:11:55plus élevé.
01:11:56Et qu'est-ce que ça implique
01:11:58en termes de production ?
01:12:00Est-ce qu'il y a eu
01:12:00des contraintes ?
01:12:02Est-ce que tu as dû batailler
01:12:02pour réussir
01:12:03à faire passer tes idées ?
01:12:05Même graphiquement,
01:12:06comme tu le disais,
01:12:07là on est sur un truc
01:12:08un peu gore,
01:12:10il y a du sang,
01:12:10il y a tout ça.
01:12:12Voilà un peu
01:12:13les deux questions.
01:12:15Merci.
01:12:16Alors moi,
01:12:18la question du cinéma,
01:12:20elle est devenue
01:12:22plus réaliste
01:12:23ces derniers temps
01:12:23avec ma bande dessinée,
01:12:25Les Pizli,
01:12:27puisqu'il y a eu
01:12:28pas mal de prods
01:12:29qui ont été intéressés.
01:12:32Et au final,
01:12:32donc là,
01:12:33il y a deux projets
01:12:34qui sont vraiment lancés.
01:12:36Une adaptation en mini-série
01:12:38pour Netflix France.
01:12:41Donc a priori,
01:12:41il va y avoir
01:12:42un gros travail d'adaptation,
01:12:43puisque moi,
01:12:44c'est un roman graphique
01:12:45de 200 pages,
01:12:46mais ils vont le transformer
01:12:47en six mini-épisodes.
01:12:49Donc il y a
01:12:50beaucoup de choses
01:12:52à inventer autour de ça.
01:12:55Et un deuxième projet,
01:12:57donc pour les Pizli,
01:12:58toujours,
01:12:59de long-métrage animé.
01:13:01Et là,
01:13:02pour lequel,
01:13:03moi,
01:13:03j'avais envie
01:13:04de laisser les mains
01:13:05totalement libres
01:13:06au réalisateur
01:13:09qui s'en empara,
01:13:10qui est finalement même
01:13:11d'ailleurs
01:13:11un groupe de réalisateurs.
01:13:12Je ne sais pas si tu as
01:13:13déjà vu ça,
01:13:14mais ils sont cinq
01:13:15coréales.
01:13:17Puisqu'en fait,
01:13:17à force de se prendre
01:13:18des râteaux
01:13:19avec tous les réalisateurs
01:13:20un peu en vogue,
01:13:21en anime
01:13:21qu'il y avait à ce moment-là,
01:13:23elle s'est dit,
01:13:23bon,
01:13:25on va commencer le travail
01:13:26avec un groupe.
01:13:28Et au moment
01:13:28où la prod va se lancer,
01:13:30il y en aura bien un
01:13:30qui sera libre.
01:13:32Et donc voilà.
01:13:33Donc pour le moment,
01:13:34moi,
01:13:34je suis ça de très loin.
01:13:35Et ils sont cinq
01:13:37à travailler
01:13:38sur le scénario.
01:13:39Et sinon,
01:13:41là,
01:13:41plus récemment,
01:13:42donc sur Alit,
01:13:43j'ai eu deux producteurs
01:13:45aussi qui se sont
01:13:47rapprochés de moi
01:13:48pour l'adapter.
01:13:50Et là,
01:13:51par contre,
01:13:51en fait,
01:13:52je me suis mis
01:13:53à imaginer un film.
01:13:56En fait,
01:13:56j'ai senti que moi,
01:13:58ça me touchait
01:13:59beaucoup plus personnellement.
01:14:01Je pouvais commencer
01:14:02à imaginer des images,
01:14:03à imaginer des sons,
01:14:04à imaginer comment
01:14:06je pourrais emmener
01:14:08la bande dessinée
01:14:08plus loin que là
01:14:10où elle va.
01:14:11Puisque vous avez vu
01:14:12que je me suis un peu
01:14:12débattu avec le médium,
01:14:14j'ai beaucoup joué
01:14:15avec les onomatopées
01:14:16et tout,
01:14:16mais en fait,
01:14:17je crois qu'il y a un truc
01:14:17qui me manque.
01:14:19J'ai vraiment envie
01:14:20d'aller plus loin
01:14:21dans les timings.
01:14:23Quand j'étais au Gobelin,
01:14:24vraiment,
01:14:24moi,
01:14:24j'adorais l'animation
01:14:25et j'adore ce truc
01:14:28du timing,
01:14:28peut-être qui est plus proche
01:14:30du montage.
01:14:31C'est-à-dire,
01:14:31le moment où tu sens
01:14:32qu'il faut couper,
01:14:33qu'il faut passer
01:14:34au plan suivant.
01:14:35C'est un truc
01:14:36qui, moi,
01:14:36me passionne.
01:14:40Donc, voilà,
01:14:41je suis en train
01:14:41de voir
01:14:44comment m'emparer
01:14:45du projet
01:14:46et pourquoi pas
01:14:48le réaliser
01:14:49si possible.
01:14:52Et ça va être super.
01:14:55Non,
01:14:56il faut lire à l'île.
01:14:57Je trouve que c'est déjà
01:14:58du cinéma, en fait.
01:14:59C'est de la BD,
01:15:00mais c'est déjà du cinéma.
01:15:02Il y a énormément
01:15:03de sensations.
01:15:03En ce qui me concerne,
01:15:09oui,
01:15:10sur un plan budgétaire,
01:15:11ça n'a pas grand-chose
01:15:11à voir.
01:15:13Les combattants
01:15:14et le règne animal,
01:15:16les combattants,
01:15:16je l'ai fait à moins
01:15:17de 2 millions d'euros.
01:15:19Le règne animal,
01:15:20c'est un budget
01:15:21de 15.
01:15:24Parce que,
01:15:25pour un tas de raisons,
01:15:26mais parce que le tournage
01:15:26est très long,
01:15:27il y a beaucoup
01:15:27de scènes d'action.
01:15:28Les scènes d'action,
01:15:29c'est pas pour vous donner
01:15:30une idée.
01:15:30la course-poursuite
01:15:33dans le champ de maïs
01:15:33à la fin,
01:15:34c'est 2 semaines de tournage.
01:15:35Donc,
01:15:352 semaines de tournage
01:15:35pour 10 minutes à l'écran.
01:15:38C'est le temps
01:15:40qui coûte cher au cinéma.
01:15:41Il y a plus de temps
01:15:43de préparation,
01:15:44plus de temps de...
01:15:457 heures de maquillage
01:15:46par jour
01:15:46pour le comédien
01:15:47qui joue l'oiseau.
01:15:49C'est du temps
01:15:50en moins
01:15:50pour travailler.
01:15:51donc plus de jours
01:15:52de tournage
01:15:52et pas tout.
01:15:53Il n'y a que des conséquences
01:15:54comme ça
01:15:54qui alourdissent
01:15:56le film.
01:16:02Est-ce qu'il y a eu
01:16:03des contraintes
01:16:04en termes de coupe,
01:16:05etc.?
01:16:05Franchement,
01:16:06très peu.
01:16:07J'ai été très peu visité
01:16:10par les financeurs
01:16:11pendant...
01:16:13Il a fallu convaincre
01:16:13ça oui,
01:16:14au début,
01:16:14sur le scénario,
01:16:15etc.,
01:16:15sur le fait que
01:16:16on pouvait faire
01:16:18un film français
01:16:19fantastique,
01:16:20avec des mutations,
01:16:23etc.,
01:16:24des créatures
01:16:25et qu'il y avait
01:16:26un public
01:16:27qui pourrait aller le voir.
01:16:30Donc ça,
01:16:30ça a été le plus gros
01:16:31du truc.
01:16:32Donc ça,
01:16:32ça a pris beaucoup de temps.
01:16:34Mais une fois que ça,
01:16:35ça a été fait,
01:16:35on a été assez tranquille.
01:16:38Personne n'est venu
01:16:39trop vérifier.
01:16:40Ils nous ont fait confiance.
01:16:41Il y a eu vraiment
01:16:42de la confiance.
01:16:43Et après,
01:16:44au montage,
01:16:45il y a eu des moments
01:16:45où j'ai entendu des trucs
01:16:46sur les gros plans.
01:16:48En fait,
01:16:48c'est les gros plans
01:16:48toujours qui gênent.
01:16:49C'est-à-dire le moment
01:16:50où Emile arrache une griffe
01:16:53ou un point de suture,
01:16:55le moment où on voit
01:16:56le pansement s'enlever
01:16:57sur le visage de fixe
01:16:58et qu'on a un peu
01:16:59de chair sanglante.
01:17:03Voilà.
01:17:04Moi,
01:17:04j'estimais qu'il y a un moment
01:17:05où il en fallait
01:17:06parce que sinon,
01:17:07on n'y croit plus.
01:17:08C'est-à-dire que
01:17:08le premier truc
01:17:09de cette mutation,
01:17:10c'est quand même
01:17:10la douleur.
01:17:11Donc ça,
01:17:12il faut la sentir.
01:17:13Et pour la sentir,
01:17:14il n'y a quand même
01:17:14rien de mieux
01:17:15que de la montrer.
01:17:15et je pense que
01:17:17c'était quand même
01:17:18un peu évident.
01:17:20Du coup,
01:17:21il y a eu quelques
01:17:21réflexions,
01:17:24mais on ne m'a pas mis
01:17:25du tout le couteau
01:17:25sous la gorge
01:17:26pour enlever ça.
01:17:28Et je crois d'ailleurs
01:17:29qu'il a été
01:17:29regardable
01:17:32par tout public.
01:17:33Il y avait une petite
01:17:33mention en salle.
01:17:35Après,
01:17:35je déconseille un peu
01:17:36en dessous de 10 quand même.
01:17:37mais finalement,
01:17:40ça n'a pas été
01:17:41un problème.
01:17:42Et d'ailleurs,
01:17:43c'est un problème
01:17:43un peu français
01:17:44parce que c'est plutôt
01:17:45un argument ailleurs.
01:17:47C'est là où il y a
01:17:47un truc un peu
01:17:48schizophrène
01:17:51de se dire
01:17:51qu'en France,
01:17:53il faut rassurer
01:17:54sur le fait
01:17:54que c'est un film
01:17:55de créatures,
01:17:55mais il n'y a pas
01:17:56de créatures.
01:17:57Et à l'étranger,
01:17:58par contre,
01:17:58il faut les mettre
01:17:59sur l'affiche.
01:18:00Vraiment,
01:18:01en gros,
01:18:01elles y sont toutes
01:18:02dans la bande-annonce
01:18:03alors qu'il faut aussi
01:18:05garder du mystère.
01:18:06donc bon,
01:18:07voilà.
01:18:08Mais bon,
01:18:09ça a été
01:18:09des problématiques
01:18:11à chaque fois
01:18:12de comment amener
01:18:13soit des financeurs
01:18:14soit un public
01:18:14à se dire
01:18:16que c'est possible.
01:18:18Ça a plutôt été ça,
01:18:19plutôt que des choses
01:18:20hyper contraignantes
01:18:22de veto
01:18:23sur telle créature,
01:18:23c'est pas possible
01:18:24ou sur tel plan,
01:18:25c'est trop gore,
01:18:26machin,
01:18:27j'ai pas trop eu ça.
01:18:28Heureusement.
01:18:31On a une question
01:18:32pour une dernière question
01:18:33ou deux questions.
01:18:36On en a un petit peu
01:18:43parlé auparavant
01:18:44mais je voulais
01:18:45vous poser la question
01:18:46de c'était quoi
01:18:47votre rapport
01:18:47à vous deux
01:18:48à la science-fiction
01:18:49et est-ce que vous aviez
01:18:50des projets à venir
01:18:51qui continueraient
01:18:53parce que pour moi
01:18:54je considère
01:18:54qu'Alit
01:18:55et le règne animal
01:18:56c'est un peu
01:18:57de la science-fiction,
01:18:58carrément de la science-fiction
01:18:59et qui irait aussi
01:19:00sur ces terrains-là.
01:19:05C'est marrant,
01:19:06j'ai du mal
01:19:07à dire que c'est
01:19:08de la science-fiction.
01:19:08Pour moi c'est du fantastique,
01:19:10la science-fiction
01:19:11c'est lié
01:19:11à un futur
01:19:13dans lequel
01:19:13il y a eu
01:19:13une innovation
01:19:14technologique majeure.
01:19:15Là, c'est plus
01:19:16une sorte
01:19:17de bug
01:19:19naturel.
01:19:21mais en tout cas
01:19:24que ce soit
01:19:25fantastique
01:19:26ou science-fiction
01:19:26en tout cas
01:19:27j'ai toujours regardé
01:19:28des films de SF
01:19:30des films fantastiques
01:19:32j'ai un vrai plaisir
01:19:33de ça.
01:19:36Plus c'est hybridé
01:19:37plus j'ai de plaisir
01:19:38généralement
01:19:39c'est-à-dire que
01:19:39les films de genre
01:19:40strict
01:19:42j'ai un peu plus
01:19:43de mal
01:19:43mais je trouve ça
01:19:44très beau
01:19:45quand il y a
01:19:45des histoires humaines
01:19:46et quand il y a
01:19:46des personnages
01:19:47et que ça raconte
01:19:49un peu plus largement
01:19:50que le strict
01:19:51registre sensoriel
01:19:53mais j'aime bien
01:19:54quand même ça.
01:19:56Est-ce que j'ai des projets
01:19:57qui vont dans ce sens
01:19:58ou ouais ?
01:20:01Non mais j'en parlerai pas.
01:20:07Moi franchement
01:20:08j'ai du mal
01:20:08à me raccrocher
01:20:09à la SF
01:20:10j'y connais tellement rien
01:20:11j'ai pas lu les classiques
01:20:13et pareil
01:20:17il y a rien
01:20:19moi j'ai l'impression
01:20:19que dans le science-fiction
01:20:20il y a beaucoup
01:20:21le côté science
01:20:22et donc
01:20:23l'avancée technologique
01:20:24mais c'est un truc
01:20:27qui m'attire
01:20:29mais j'y suis pas encore allé.
01:20:32Et tu disais tout à l'heure
01:20:33quand même
01:20:33que l'intelligence artificielle
01:20:35ça serait difficile
01:20:36de créer
01:20:36sans intégrer
01:20:38cette donnée.
01:20:39oui oui
01:20:40mais dans de l'anticipation
01:20:42très proche
01:20:43mais pour moi
01:20:46c'est du présent
01:20:46en fait
01:20:47l'intelligence artificielle.
01:20:49ça rebat d'ailleurs
01:20:51ça rebat d'ailleurs
01:20:51un peu les cartes
01:20:52du biopunk
01:20:54ou du zoopunk
01:20:54à 100%
01:20:57en tout cas
01:20:58je trouve qu'il y a
01:20:59peut-être un nouveau truc
01:21:01qui s'ouvre avec ça
01:21:02qui va transformer
01:21:04à tous nos vies
01:21:05donc forcément aussi
01:21:05les récits.
01:21:07Mais comment ?
01:21:10Je pense très rapidement
01:21:13on va trouver des moyens
01:21:16de converser
01:21:17avec les animaux
01:21:18peut-être
01:21:18quand tu vois
01:21:19quand tu vois déjà
01:21:21comment l'IA
01:21:21est hyper performative
01:21:23sur les langues étrangères
01:21:25bon après
01:21:25de là à franchir le pas
01:21:27dans les animaux
01:21:28mais bon
01:21:28c'est un doute.
01:21:32Bonsoir
01:21:32en vrai
01:21:33j'ai un doute aussi
01:21:34mais vu comment ça avance
01:21:36avec les hyper intelligences
01:21:38et l'IA
01:21:38je suis pas sûre
01:21:39que malheureusement
01:21:40on puisse écarter
01:21:41peut-être
01:21:42mais c'est pas le sujet
01:21:43vis-à-vis
01:21:45vraiment le titre
01:21:46le règne animal
01:21:47je me suis beaucoup questionnée
01:21:49ça fait un an
01:21:49que je me prends la tête
01:21:50là-dessus
01:21:51parce que
01:21:52littéralement
01:21:53en fait
01:21:55on part du principe
01:21:56que nous
01:21:56êtres humains
01:21:57on est des animaux
01:21:58très anthropocentrés
01:21:59et spécistes aussi
01:22:01on a tendance
01:22:02à se mettre au-dessus
01:22:03de tous les autres
01:22:04êtres sentients
01:22:05et en fait
01:22:06dans le film
01:22:06du coup
01:22:07on a Albert
01:22:07donc c'est le chien
01:22:09qui est là
01:22:11qui aide notamment
01:22:12Emile
01:22:12Emile c'est
01:22:13l'entre-deux
01:22:14un petit peu hybride
01:22:15mais finalement
01:22:16c'est une catégorie
01:22:17peut-être encore différente
01:22:19il n'y a pas de loi
01:22:20ni quoi que ce soit
01:22:21vis-à-vis d'eux
01:22:22pour le moment
01:22:23parce que
01:22:23Fix il se fait abattre
01:22:25dans le ciel
01:22:25comme ça
01:22:26et sur le coup
01:22:27je me suis dit
01:22:27en regardant le film
01:22:28mais il n'y a pas
01:22:29de protection
01:22:30envers
01:22:30tous ces êtres-là
01:22:32et à côté de ça
01:22:33on a les humains
01:22:34et du coup
01:22:34pour moi
01:22:35les humains
01:22:36c'est quand même
01:22:36les gens qui dominent
01:22:38c'est ceux qui sont
01:22:39le plus présents
01:22:40donc le règne animal
01:22:41dans l'idée
01:22:42ce serait le règne
01:22:42des humains
01:22:43sur les autres êtres sentients
01:22:45et notamment
01:22:46les plus faibles
01:22:48si on peut dire
01:22:49ceux qu'on a envie
01:22:49de contrôler
01:22:50par le corps
01:22:51et je me demande
01:22:52quelle est l'intention
01:22:53qui a été mise
01:22:54finalement derrière
01:22:54ce titre
01:22:55qui sont les animaux
01:22:57au final
01:22:58et j'ai une mini question
01:23:00qui s'incruste aussi
01:23:01j'avais écouté
01:23:02un podcast
01:23:03où vous parliez
01:23:05avec Pauline Munier
01:23:06justement
01:23:07de la volonté
01:23:09du récit
01:23:10etc
01:23:10et au final
01:23:11il y a beaucoup
01:23:12beaucoup
01:23:12la question
01:23:12du contrôle
01:23:13des corps
01:23:14ainsi que
01:23:15un aspect
01:23:16très
01:23:16psychiatrie
01:23:18santé mentale
01:23:18etc
01:23:19et je voulais savoir
01:23:20comment vous en êtes
01:23:21arrivé à certains moments
01:23:22par exemple
01:23:23Romain Duris
01:23:24sur la fin
01:23:25quand il parle
01:23:25à Emile
01:23:26le personnage
01:23:27de François
01:23:28du coup
01:23:28il dit
01:23:29ah oui
01:23:29mais j'ai vu
01:23:30une institution
01:23:31en Norvège
01:23:32ou quelque part
01:23:33où c'est beaucoup mieux
01:23:33pris en charge
01:23:34pour les gens
01:23:35et ça fait vraiment
01:23:35écho à la situation
01:23:37qu'on peut connaître
01:23:39aussi
01:23:39en tant que personnes
01:23:41dites folles
01:23:42qui répondent pas aux normes
01:23:44et qui peuvent avoir
01:23:44parfois un côté bestial
01:23:46finalement
01:23:46voilà
01:23:47merci beaucoup
01:23:48il y a beaucoup de questions
01:23:49désolé
01:23:50mais en tout cas
01:23:51toutes les questions
01:23:51qui sont soulevées ici
01:23:53moi c'est la raison
01:23:55pour laquelle
01:23:56le film s'intitule comme ça
01:23:58je trouve que le titre
01:23:59il pose cette question là
01:24:00c'est quoi effectivement
01:24:01est-ce que c'est
01:24:02le règne de l'homme
01:24:03sur le reste
01:24:04est-ce que c'est le rappel
01:24:05que l'homme appartient
01:24:07à tout le reste
01:24:07c'est-à-dire que
01:24:08sur le fond
01:24:10on s'est amusé
01:24:11à troubler
01:24:13une frontière
01:24:14qui est parfaitement théorique
01:24:15entre l'espèce humaine
01:24:17et tout le reste
01:24:18c'est tout ce truc
01:24:19dont on parlait
01:24:20de nature
01:24:20culture
01:24:21et qu'expriment
01:24:22tous les philosophes
01:24:24du vivant
01:24:24qu'on citait tout à l'heure
01:24:25la mutation
01:24:28elle permet juste ça
01:24:29elle permet de troubler
01:24:30cette frontière
01:24:30et de se rappeler
01:24:31à un moment
01:24:32qu'on appartient tous
01:24:33à la même chose
01:24:34donc ce règne animal
01:24:35oui la question
01:24:36c'est effectivement
01:24:37qui le domine
01:24:38et comment ça se passe
01:24:39dans le film
01:24:39on a l'impression
01:24:40au début
01:24:41qu'il y a une sorte
01:24:41de soin
01:24:43accordé à ça
01:24:44mais c'est quoi
01:24:45ce soin
01:24:46ce soin
01:24:46c'est pas pour
01:24:47aider
01:24:47c'est pas pour accompagner
01:24:49la transformation
01:24:49c'est pour revenir
01:24:51à la normale
01:24:51et d'ailleurs
01:24:52ce que veut François
01:24:52au début
01:24:53c'est ça
01:24:53il se nourrit
01:24:54beaucoup de cet espoir
01:24:55que sa femme
01:24:55elle va revenir
01:24:56à la maison
01:24:57elle va redevenir normale
01:24:58donc déjà
01:25:00c'est suspect
01:25:01mais il y a ce truc
01:25:03en tout cas
01:25:03au début
01:25:04de guérir
01:25:04on n'est pas en train
01:25:06d'accompagner
01:25:06on guérit
01:25:06puis on passe de guérir
01:25:08à on va surveiller
01:25:10et puis on passe
01:25:11on va surveiller
01:25:12à on va contrôler
01:25:15on essaie d'attraper
01:25:16et voire on extermine
01:25:18et là dedans
01:25:19le trajet de François
01:25:20lui c'est de passer
01:25:21de cette volonté
01:25:22de retour
01:25:23au statu quo
01:25:24dans laquelle il est au début
01:25:26a effectivement
01:25:28accompagné son enfant
01:25:29vers l'inconnu
01:25:30et accepté le mystère
01:25:32donc ça
01:25:32pour moi c'est ça
01:25:33la ligne
01:25:33la ligne du film
01:25:35quant à la question
01:25:35de la
01:25:36des maladies psychiatriques
01:25:38c'est juste que
01:25:39c'était la donne
01:25:40de départ
01:25:41du premier scénario
01:25:44qu'avait écrit
01:25:45Pauline
01:25:45c'est à dire que
01:25:46Pauline ma co-scénariste
01:25:47quand je l'ai rencontrée
01:25:48elle avait écrit
01:25:49une histoire
01:25:50dans laquelle il y avait
01:25:50des mutations
01:25:52qui se passaient un peu
01:25:52en mode loup-garou
01:25:53et son idée
01:25:55c'était de traiter
01:25:55les maladies psychiatriques
01:25:57et je lui ai dit
01:25:58que c'était une super idée
01:26:00mais que ça serait encore mieux
01:26:00si on arrivait à élargir
01:26:01cette métaphore
01:26:02pour parler de toutes
01:26:03les sortes de minorités
01:26:04donc c'est ce qu'on a essayé
01:26:05de faire
01:26:05de se dire que
01:26:06de dire que
01:26:08c'était
01:26:08l'objectif
01:26:11qu'on puisse
01:26:13s'identifier
01:26:14à ces personnages-là
01:26:15même si les questions
01:26:17qui nous traversent
01:26:18c'est celle
01:26:18de la crise migratoire
01:26:19ou d'une transition
01:26:20de genre
01:26:21c'est toujours la même chose
01:26:23c'est ce que vous dites
01:26:24très bien
01:26:24sur la question
01:26:25des corps
01:26:26minorisés
01:26:27donc voilà
01:26:29à peu près
01:26:30le spectre
01:26:31je ne sais pas
01:26:31si j'ai répondu
01:26:31à toutes les questions
01:26:32qui étaient intégrées
01:26:33dans les questions
01:26:33qui étaient intégrées
01:26:34dans les questions
01:26:35oui c'était des méta-questions
01:26:37au final
01:26:38mais non
01:26:38c'était une bonne réponse
01:26:39et je pense que
01:26:40la boucle
01:26:40elle est bouclée
01:26:41entre Emile
01:26:42et François
01:26:44qui sont dans la voiture
01:26:44au début
01:26:45et à la fin
01:26:45et surtout
01:26:46le fait qu'ils remangent
01:26:47des chips
01:26:48alors qu'à la base
01:26:49ils disent
01:26:49tu fais comme ton chien
01:26:51et puis à la fin
01:26:52ils bouffent devant lui
01:26:53en mode
01:26:53t'as vu moi aussi
01:26:54je suis un animal
01:26:55au final
01:26:55et du coup
01:26:56je trouve que
01:26:56ça conclut bien
01:26:57la chose
01:26:58et toute la question
01:26:59par des chips
01:27:00si on le fait dire
01:27:02c'est la grande métaphore
01:27:03des chips
01:27:04merci
01:27:06et justement
01:27:06comme c'est l'ordre de l'apéro
01:27:07et qu'on signale
01:27:08qu'on va bientôt
01:27:09fermer la salle
01:27:11on peut encore remercier
01:27:12Thomas Cahier
01:27:13et Jérémy Moreau
01:27:13applaudissements
01:27:15applaudissements
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