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  • 06/06/2025
Fin 2024, LightOn entrait en bourse. L’occasion de se demander comment l’entreprise pourrait transformer la tech française. La société propose des outils d’IA générative aux entreprises. Comment construire une souveraineté numérique française et européenne ? Comment s’assurer que l’IA soit éthique ? Comment concilier cette technologie avec la pérennité de l’emploi ? Ce sont les questions auxquelles répond Laurent Daudet, le PDG et cofondateur de la société.

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00:00— BISMART.
00:04— Êtes-vous prêt pour l'impact ? C'est la question que je pose chaque semaine à une personnalité qui compte dans notre économie 26 minutes de grand entretien.
00:12Et aujourd'hui, j'accueille Laurent Daudet. Bonjour. — Bonjour, Thomas.
00:15— Bienvenue. Vous êtes le cofondateur, le président de Lighton. Ce mot « impact », déjà, on va commencer par ça.
00:22Qu'est-ce qu'il signifie pour le patron d'une entreprise française, d'IA générative ? Tous les mots ont leur importance.
00:28— Oui. Alors effectivement, l'impact pour l'IA générative, c'est quelque chose d'assez évident.
00:34On se rend compte que c'est peut-être... On vit ce moment de l'histoire où l'IA n'est plus une affaire de spécialiste
00:39et l'IA devient accessible par tout le monde parce que ça s'utilise dans la langue de tous les jours.
00:44Donc l'impact, c'est la façon dont cette technologie est en train de révolutionner notre relation au savoir, par exemple,
00:52notre relation à l'éducation. Et dans le monde du travail, c'est en train de totalement bouleverser. Je pense qu'on va en reparler.
00:57— Évidemment, on va en parler en détail. Mais on peut parler... D'ailleurs, on y viendra.
01:03Mais d'impact environnemental, d'impact sociétal direct dans nos vies avec l'IA générative.
01:09— Oui, absolument.
01:10— Parce que la montée en puissance est telle et tellement rapide que cet impact, il est forcément lié à la rapidité de la montée en puissance.
01:17— Oui, oui. C'est effectivement cette rapidité. On parle d'une technologie qui n'existait même pas dans les laboratoires il y a une dizaine d'années.
01:23Donc c'est vraiment quelque chose d'extrêmement récent, extrêmement rapide et qui a eu une vitesse d'adoption qui n'a jamais été vue dans l'histoire, je pense, sur aucune technologie.
01:34— Et on va voir ce que ça représente en termes de souveraineté d'être une entreprise française et avec un certain nombre de principes et d'idées fortes.
01:42Vous l'avez créée en 2016, cette entreprise, avec Florent Charcala et Sylvain Gigant. Est-ce que vous travailliez déjà, c'était il y a presque 10 ans, sur l'IA générative ou pas du tout parce que c'était embryonnaire encore ?
01:57— À l'époque, on travaillait sur cette technologie d'IA qu'on appelait le deep learning et qui est en fait le socle fondamental sur lequel se crée l'IA générative.
02:06Donc on était déjà dans l'IA. On a créé l'ITON. C'est d'ailleurs une spin-off de l'université.
02:11Et nous, on est universitaire et on a créé ça parce que l'IA, les modèles devenaient beaucoup plus gros, beaucoup plus demandés des moyens techniques, hardware, software, beaucoup plus importants.
02:23Et on s'est dit qu'il fallait qu'on crée l'ITON précisément pour cette notion d'impact parce que ce qu'on faisait en laboratoire, maintenant, on voulait que ça ait de l'impact dans la vie et dans l'économie.
02:34— Avec un pivot qui a eu lieu à quel moment et pourquoi surtout ?
02:40— On a eu une révélation quand on a vu arriver GPT-3, donc l'ancêtre de Tchad GPT. Et ça, c'était au printemps 2020.
02:48Au printemps 2020, on a vu arriver cette techno. On s'est dit « Waouh, ce truc-là, c'est absolument géant.
02:52Ça va totalement bouleverser non seulement l'IA, mais aussi l'économie et la façon dont les gens changent leur façon de travailler grâce à cette technologie. »
03:06Et c'est là où on s'est dit « Oui, cette techno est tellement importante. Et nous, on a toutes les compétences en interne pour s'y mettre. »
03:14On a fait pivoter l'entreprise pour se focaliser entièrement sur l'IA générative. Au début, en créant nos propres modèles, on a créé des LLM, comme on dit,
03:23le large language model, pour nous ou pour le compte de nos clients sur des LLM plus spécialisés. Et puis maintenant, depuis deux ans,
03:31on développe notre plateforme d'IA générative, qu'on appelle le Paradigm, qui est à destination des entreprises qui veulent utiliser cette IA.
03:40Est-ce que votre technologie, c'est exactement la même que celle de Tchad GPT, par exemple ? Alors, est-ce qu'il y a des différences ?
03:48Alors, il y a des différences au sens où nous, on l'a vraiment centré sur les besoins des entreprises.
03:54Tchad GPT, c'est pour tout le monde, pour votre petit-neveu qui veut faire sa dissertation. Mais nous, on est vraiment centré B2B.
04:03Et donc, il y a toutes les notions de sécurité, toutes les notions de compliance, toutes ces notions de fiabilité, sur lesquelles on insiste vraiment,
04:12qui sont au cœur de l'offre de la proposition de valeur de Paradigm.
04:16Mais pourquoi l'entreprise s'appelle Lighton ?
04:18L'entreprise s'appelle Lighton parce qu'au tout début, on travaillait sur une technologie photonique, pour tout vous dire.
04:21D'accord. C'était de calcul optique, c'est ça ?
04:25De calcul optique, voilà. Utiliser la lumière pour faire certains de ces calculs de l'intelligence artificielle.
04:29Comme on dit, il y a besoin de très grosses infrastructures pour faire tourner ces calculs.
04:33Et on était sur une technologie photonique au départ.
04:36Que vous avez laissée de côté.
04:37On a laissée de côté.
04:38Bien compris.
04:39Alors, paradigme, venons-en à cette solution d'intelligence artificielle.
04:44Quel service vous proposez aux entreprises ? C'est quoi ? C'est un peu du sur-mesure, en quelque sorte ?
04:50Alors, c'est une plateforme qui est à la fois, effectivement, personnalisable, parce qu'on va se brancher à la base de données de l'entreprise.
04:59Et l'idée, c'est d'avoir cette IA générative qui est branchée sur cette base de connaissances.
05:03Donc, vous pouvez faire tout ce que vous faites sur ChatGPT.
05:07C'est un chatbot simple.
05:08On peut faire toutes ces fonctions-là.
05:11Mais, de plus, on peut poser des questions.
05:13L'idée, c'est de valoriser des bases documentaires, poser des questions sur toutes sortes de documents.
05:18Ça peut être des documents financiers, des documents juridiques, des documents de ressources humaines, des documents techniques, etc.
05:24Et on a des réponses, des synthèses de documents, des comparaisons de documents, etc.
05:31Et puis, maintenant, dans la nouvelle version de Paradigm, il y a ce qu'on appelle des agents qui automatisent des fonctions avancées de certains métiers plus spécialisés.
05:44Qui sont vos clients ?
05:45On peut les citer, mais taille, secteur d'entreprise, ça peut être dans tous les secteurs ?
05:50Oui. Alors, nos clients, c'est avant tout des grands comptes.
05:53On s'adresse aux grandes entreprises qui ont à la fois beaucoup de données non structurées, comme on dit, des documents sous toute forme.
06:03Et puis, qui sont très sensibles à ce que ces données restent privées.
06:06On a cette particularité d'aller s'installer sur les clouds de nos clients.
06:11Ce qui fait qu'on va aller avoir des clients dans le monde de la banque assurance, dans le monde de la santé, de la haute technologie, de la défense.
06:20Et les pouvoirs publics également, notamment sur les aspects régaliens, où on a vraiment ce besoin de garder en environnement fermé toute cette IA générative,
06:32qu'on n'aille pas envoyer des données sur des clouds américains ou chinois, d'ailleurs, dans lesquels on ne sait plus très bien ce que deviennent nos données quand on les envoie là-bas.
06:43Donc là, elles restent vraiment dans le cercle de l'entreprise elle-même, c'est ça ?
06:47Voilà, on installe tout l'environnement, le LLM et toute la plateforme Paradigm est installée sur le serveur de l'entreprise,
06:54ce qui fait qu'il n'y a aucune donnée qui en sort, quelque part, c'est sécurisé par design.
06:58Vous avez annoncé en avril dernier un partenariat avec BearingPoint, un cabinet de conseil en management et en technologie.
07:05En quoi consiste ce partenariat ? Et puis peut-être, question subsidiaire, que vous apporte BearingPoint dans ce cas précis ?
07:13Oui, oui, oui, c'est un partenariat qui est effectivement important pour nous, notamment sur les services publics où BearingPoint est très bien implanté.
07:22L'idée pour nous, c'est d'être très complémentaire. BearingPoint va proposer à ses clients de l'IA générative, qui est notre plateforme Paradigm.
07:32Et puis pour nous, ça permet d'avoir une entreprise extrêmement expérimentée pour toute l'offre de services qui va autour,
07:41parce qu'effectivement, il y a beaucoup de travail en personnalisation, conception, etc.
07:46Donc voilà, on est très complémentaire de l'offre BearingPoint et on va aller faire un go-to-market commun.
07:53D'accord. Puisqu'on parle de services publics, ces chiffres annoncés par le Président de la République en février dernier au sommet de l'intelligence artificielle,
08:03109 milliards d'euros d'investissement annoncés pour les prochaines années.
08:06Alors bon, il faut toujours rester lucide par rapport aux annonces politiques, il y a parfois des décalages entre les annonces
08:12et puis les milliards vraiment proposés et démultipliés.
08:19Bon, l'enjeu majeur pour vous, c'est quoi ? C'est cet enjeu de souveraineté dont vous parlez, c'est-à-dire qu'on est la capacité en France,
08:28et puis soyons plus larges en Europe, à développer une IA qu'on maîtrise, quoi, en quelque sorte ?
08:33Voilà, cette technologie va avoir tellement d'importance sur les sociétés.
08:38On parle de points entiers de PIB qui sont impactés par cette technologie.
08:43On va pouvoir gagner des points de croissance grâce à ça, gagner en productivité, gagner en profondeur technologique,
08:51que c'est extrêmement important d'avoir la maîtrise de toute la chaîne de valeur de cette IA générative.
08:58Donc il faut qu'il y ait les sociétés...
08:59Mais ça passe par quelles adaptations pour qu'on ait une IA générative souveraine ?
09:04Là, je ne parle pas seulement de l'offre que vous proposez, d'une manière générale,
09:10si à la dimension d'un État ou d'une Union européenne.
09:14Ça passe par quelles adaptations ?
09:14Alors, il y a la souveraineté sur la technologie, ça on en a parlé, toute cette chaîne de valeur,
09:19et c'est assez, effectivement, complexe de savoir créer ces LLM, savoir les déployer en environnement d'entreprise.
09:27Il y a aussi une souveraineté réglementaire, il y a une souveraineté sur les aspects culturels aussi, effectivement.
09:34C'est important qu'il y ait des LLM, par exemple, qui soient faits en français, avec beaucoup de français,
09:39alors que dans les LLM américains, le français, c'est une toute petite part des corpus d'apprentissage.
09:45Donc c'est aussi du soft power pour la France.
09:48Bien sûr, c'est un modèle culturel qui s'impose à travers l'IA générative.
09:50Exactement. Donc ça, c'est extrêmement important de faire en sorte qu'il y ait des LLM qui soient faits avec notre langage,
09:58avec nos valeurs, avec nos référentiels culturels, parce que c'est tout sauf neutre.
10:04Mais bien sûr, ça veut dire que si on pose une question historique à Tchadji,
10:09la CGPT, elle va être basée essentiellement sur des contenus d'universitaires américains ou anglo-saxons,
10:17plus que des contenus d'universitaires français ou européens. C'est de ça dont on parle.
10:21Exactement. Exactement. Même si ça parle parfaitement bien français.
10:24Bien sûr.
10:25Mais il y a des choses comme le droit, par exemple. La façon de concevoir le droit, le droit juridique,
10:31aux États-Unis ou dans le monde anglo-saxon est très différente de la façon dont le droit est conçu en France ou dans les pays latins.
10:39En février dernier, vous avez annoncé votre participation à Open Euro LLM.
10:44C'est un consortium qui réunit une vingtaine d'institutions et d'entreprises majeures du secteur.
10:51Déjà, le principe, pourquoi vous rejoignez ce consortium ?
10:55Alors, c'est un consortium qui a effectivement une position très intéressante sur la mise à disposition de LLM européens à destination du tissu de PME européenne.
11:06Donc, ça correspond bien à nos valeurs de souveraineté, construire des nouveaux modèles spécifiques et les distribuer auprès du tissu économique.
11:14Avec une approche un peu collaborative ? C'est-à-dire que vous êtes avec des entreprises qui peuvent être en partie concurrentes, mais vous travaillez ensemble ?
11:22C'est juste pour bien comprendre ce qui se passe ?
11:23La plupart des partenaires de ce consortium sont des universitaires.
11:27Donc, c'est plutôt au niveau de la recherche qu'on va aller mettre au point des LLM très spécifiques sur certaines verticales.
11:35Et c'est principalement la collaboration dans le terme de la R&D.
11:37Oui, avec donc un enjeu européen. On est en plein dans ce dont on parlait, mais est-ce que ce n'est pas trop tard ?
11:42Est-ce qu'on peut encore développer une IA générative européenne alors que ça y est, les géants investissent beaucoup plus, je crois, que nous aujourd'hui ?
11:53Moi, je suis plutôt optimiste. Alors, si je n'étais pas optimiste, je ferais un autre métier, vous me direz.
11:59Oui, ça, c'est vrai. C'est une qualité commune de pas mal de chefs d'entreprise.
12:02Mais on voit que sur le software, la barrière à l'entrée est beaucoup plus basse que ce qu'on peut avoir, par exemple, sur les composants ou sur le cloud, etc.
12:11Et là, en Europe, on a les compétences.
12:16Alors, on commence à avoir l'infrastructure de calcul nécessaire.
12:20Ça, justement, vous parliez des annonces du président Macron au sommet sur l'IA.
12:23C'est principalement des investissements dans l'infrastructure.
12:25Et là, ça arrive, ça vient. On va avoir les milliers de GPU nécessaires à créer ces nouveaux modèles.
12:34Donc, je pense qu'on a des atouts si les entreprises et les administrations jouent le jeu aussi de choisir des solutions françaises, européennes, souveraines par rapport aux solutions américaines.
12:44Et l'environnement réglementaire européen, qu'est-ce qu'il dit aujourd'hui ?
12:49Oui. Alors, effectivement, on a le EU AI Act, donc cette réglementation européenne sur l'AI, qui est en train de se mettre en place.
12:57Donc, là, il y a encore un petit peu des incertitudes, mais ça donne un cadre unifié sur lequel, effectivement, nous, industriels européens,
13:06on peut s'appuyer pour proposer quelque chose qui soit à la fois fiable et respectueux de tout ce qui est règles sur la vie privée, par exemple.
13:16C'est ce que j'allais vous poser, pardon d'interrompre, mais il se différencie, ce règlement et ce modèle, puisqu'on parle d'un modèle européen qui est en cours de création.
13:25Il veut se différencier du modèle américain ou, par exemple, du modèle chinois ?
13:30Les Américains ont plutôt tendance à déréguler en ce moment.
13:33D'autant plus avec Donald Trump.
13:36Exactement, avec beaucoup d'incertitudes.
13:39Ce qui est intéressant, c'est qu'en Europe, on a un environnement qui est stable.
13:42Il a fallu beaucoup de temps avant d'arriver à écrire ce EUA Act, donc maintenant, on y est arrivé.
13:48Et ça, je pense que c'est une force sur laquelle on peut s'appliquer.
13:51Mais est-ce qu'on peut sortir de cette course à la puissance ?
13:53Là, on a vraiment le sentiment qu'à la fois les grandes entreprises et les États accélèrent, mettent de plus en plus d'argent pour être le plus puissant possible.
14:04Est-ce qu'on peut en sortir de ça ?
14:06Ou est-ce qu'il faut que l'Europe, finalement, elle aussi rentre dans le match ?
14:10Ce qui est intéressant avec cet IA Génératif, c'est qu'on voit qu'il est pour une très grande majorité des besoins.
14:17Ce n'est pas la peine d'avoir le modèle le plus puissant avec 500 milliards de paramètres, etc.
14:22La grande majorité des cas d'usage peut être utilisée avec des modèles qui sont plus petits, plus spécialisés,
14:28et moins coûteux aussi pour l'environnement, puisque ça devient un vrai enjeu.
14:32On va en parler de l'environnement.
14:33C'est aussi un enjeu en termes de prix.
14:36Et donc, c'est un peu là-dessus qu'on se positionne nous-mêmes sur des modèles de taille un peu intermédiaire, de taille moyenne,
14:43qui sont déjà très performants, mais qui sont moins coûteux.
14:47Et on ne va pas dans la course au gigantisme, effectivement, qu'on laisse aux gérants américains.
14:50Est-ce qu'ils sont plus faciles à maîtriser ?
14:53Est-ce qu'il y a le risque d'une intelligence artificielle, certains disent une intelligence autre,
15:01devenue trop puissante pour que ces créateurs la maîtrisent toujours ?
15:04On est encore très loin de tout ça.
15:05Je pense qu'il faut laisser ça un peu à la science-fiction.
15:10Pour l'instant, on est totalement en contrôle.
15:12Il faudra beaucoup d'étapes avant qu'on puisse arriver à une intelligence artificielle
15:16qui soit vraiment capable de raisonner, de planifier.
15:18Oui, mais la course à la puissance, elle permet d'aller beaucoup, beaucoup plus vite dans cette direction, de toute façon.
15:25Et donc peut-être de perdre un peu plus vite le contrôle. Vous voyez ce que je veux dire ?
15:29Alors, perdre le contrôle, je ne suis pas sûr.
15:31Par contre, ce qui est important, c'est que ces IA, ces agents vont nous automatiser dans des tâches de plus en plus complexes,
15:38faire de la planification un peu comme si on avait des assistants,
15:43où le matin, on leur dirait « Fais-ci, fais-ça dans la journée » et on verrait, on aurait ces IA qui seraient capables de planifier une suite de tâches
15:54et les effectuer de manière totalement autonome.
15:58Est-ce que, alors, venons-en effectivement au bilan environnemental,
16:00le modèle sur lequel vous travaillez, vous, avec Lighton, mais peut-être plus généralement ce modèle européen dont on parle,
16:07est-ce qu'il est moins énergivore ?
16:09Il est moins énergivore, effectivement, par rapport aux très, très gros modèles.
16:14Il est de taille intermédiaire.
16:16Alors, pour les spécialistes, ça sera entre 30 et 40 milliards de paramètres.
16:20Et typiquement, c'est le type de LLM qu'on utilise.
16:23Ça permet d'avoir moins de ressources au niveau des serveurs
16:27et ça permet d'avoir plus d'utilisateurs en simultané sur une même ressource donnée.
16:33Donc, moins de ressources au niveau des serveurs.
16:35On parle d'électricité, d'énergie, d'eau, notamment.
16:40Parce que l'équation environnementale, elle est compliquée à tenir, quand même,
16:44si on reste dans cette course à la puissance.
16:46Il faut distinguer deux choses.
16:49Il y a d'une part, effectivement, les coûts d'entraînement de ces modèles,
16:52comment on fabrique ces modèles.
16:54Ça, c'est des très gros coûts environnementaux, mais on ne le fait qu'une fois, quelque part.
16:57On fabrique ces modèles et après, on peut les utiliser.
17:00Et après, il y a ce qu'on appelle les coûts d'inférence,
17:02c'est-à-dire les coûts pour l'utilisation de ces modèles
17:05quand on a des dizaines, des milliers, des centaines de milliers d'utilisateurs
17:10qui vont faire des requêtes là-dessus.
17:12Et là, on a besoin, effectivement, d'être intelligent,
17:17de ne pas utiliser les très gros modèles
17:19quand c'est utilisé par des milliards de personnes plusieurs fois par jour.
17:23Oui, c'est-à-dire se concentrer et utiliser des modèles moins énergivores, moins puissants,
17:27quand il n'y a pas besoin d'avoir un...
17:29C'est ce que je comprends.
17:30Et alors, à l'inverse, on va retourner l'argument,
17:32l'IA générative, en quoi elle peut être utile,
17:36certains disent même indispensable,
17:38pour rendre plus efficace la lutte contre le réchauffement climatique ?
17:42Alors, les problèmes environnementaux, on voit,
17:45c'est des problèmes extrêmement complexes,
17:47avec plein de paramètres très liés.
17:51Et l'IA, en général, pas seulement l'IA générative,
17:56mais l'IA est très bonne pour ça,
17:57et très bonne pour, quelque part, nous aider dans des situations extrêmement complexes.
18:02Donc, il est évident que l'IA optimise tout ce qui est production d'énergie,
18:10l'IA optimise les transports, l'IA optimise...
18:12Il y a plein de domaines.
18:15Tous les domaines qui ont finalement beaucoup d'impact sur l'environnement
18:19peuvent être optimisés par l'IA,
18:21et il n'y aura pas de transition énergétique sans IA.
18:24En, je crois, 2023, vous avez publié un roman graphique
18:27intitulé « Dream Machine »
18:29ou « Comment j'ai failli vendre mon âme à l'IA, à l'intelligence artificielle ».
18:34C'est publié chez Flammarion.
18:36Est-ce que c'est un peu basé sur votre propre histoire ?
18:39C'est quoi, l'idée ?
18:40Alors, effectivement, ça raconte l'histoire d'un entrepreneur à Paris
18:43qui crée une start-up d'intelligence artificielle
18:47sur les grands modèles de langage.
18:49Toute ressemblance avec des personnages existants
18:51ne serait que pure coïncidence, comme on dit.
18:53Mais, effectivement, l'idée de faire ce roman graphique,
18:58c'était de faire de la pédagogie sur ces technologies,
19:01comment c'est fabriqué, comment c'est utilisé,
19:04et les dérives potentielles, si c'était mis en mauvaise main.
19:09Vous vous engagez, d'une certaine façon, pour une IA transparente.
19:15C'est les termes que j'ai lus en préparant l'émission.
19:18Ça veut dire quoi ?
19:19Ça veut dire que ça peut être en open source ?
19:21C'est quoi, la logique ?
19:23Oui, oui, oui, vous avez raison.
19:25Le cœur technologique pour nous est open source, effectivement.
19:29On contribue à l'open source et on utilise l'open source.
19:32C'est pour nous essentiel pour assurer cette transparence,
19:37cette auditabilité des modèles qu'on peut tester,
19:40qu'on peut comparer, etc.
19:42Et ça, c'est par opposition au modèle des géants américains,
19:46Open Airy, par exemple, où c'est des modèles complètement fermés.
19:48Où là, l'algorithme est une boîte noire.
19:49Oui, c'est une boîte noire, personne sait ce qu'il y a à l'intérieur.
19:50Personne ne sait comment c'est fabriqué.
19:54Avec un argument qui est de dire que c'est notre cœur économique,
19:59d'une certaine façon, donc on ne va pas l'offrir aux autres.
20:03En quoi ça ne vous affaiblit pas ?
20:04Vous voyez ce que je veux dire, le fait de proposer en open source ?
20:07On a tendance à penser que maintenant, la création de valeur,
20:10ce n'est pas tellement sur le modèle.
20:12Le modèle, c'est le moteur de la voiture, si vous voulez.
20:15Et ce qui est important, c'est quoi le service de transport ?
20:19Qu'est-ce qui va vous amener du point A au point B ?
20:21Et ce n'est pas juste le moteur, c'est tout ce qui est autour
20:25qui va faire que vous avez une voiture.
20:26Donc là, pour nous, en prenant cette même analogie,
20:31notre valeur ajoutée, elle est vraiment dans l'utilisation de CLLM
20:36dans des chaînes de valeur spécialisées des entreprises,
20:41que ce soit dans le monde de la finance, par exemple,
20:43dans le monde de la santé, de l'assurance, de la tech, etc.
20:47– Cet engagement pour une IA transparente,
20:49vous nous dites que ce n'est pas un désavantage économique.
20:55Est-ce que quand même, quand vous voyez vos concurrents,
20:57vos concurrents américains, vous n'avez pas un peu l'impression
21:01qu'ils ont fait, ils ont renoncé à un certain nombre de principes,
21:06justement, pour atteindre des objectifs de rentabilité
21:11et des objectifs économiques ?
21:13C'est un peu l'histoire d'OpenAI, notamment.
21:15– Oui, oui, oui, exactement. OpenAI est née comme,
21:18si on regarde ses principes fondateurs, c'était,
21:21il y a la plus ouverte, sans but lucratif, etc.
21:24Et puis plus le temps passe, moins c'est, moins OpenAI est open,
21:27puisqu'ils disent de moins en moins ce qu'ils font.
21:30Ça devient une entreprise à but lucratif.
21:33Et nous, on a un peu cette conviction qu'il y a moyen
21:36d'avoir un autre modèle, d'être profondément européen.
21:40C'est pour ça aussi qu'on a décidé de s'introduire en bourse
21:42en novembre dernier, pour s'ancrer dans cette entreprise
21:45et de nous donner cette réalité économique européenne
21:46et de nous donner une autonomie et un moyen de nous développer.
21:51– Oui, vous avez préféré faire ce choix
21:53plutôt que de passer par une levée de fonds classique, pourquoi ?
21:56– Oui, oui, les levées de fonds classiques,
21:57on voit que très souvent, c'est de l'argent, justement,
22:00de l'argent américain dont on parle sur ces technologies.
22:03Donc, il y a des très belles entreprises,
22:05comme Hugging Face, Dataiku, etc.
22:07et ces super entreprises, mais pour croître,
22:10ils ont été prendre de l'argent américain
22:12et c'est devenu des entreprises américaines, de fait.
22:14Et nous, on s'est dit qu'il y avait un moyen
22:15d'avoir une trajectoire un peu différente
22:17en restant européens, en allant chercher de l'argent
22:20des particuliers aussi, pour qu'on ait eu beaucoup
22:24de succès auprès des particuliers dans notre introduction
22:27en bourse, parce que les gens ont compris
22:30que l'IA générative, c'était vraiment une techno
22:31qui était là pour rester et qui allait changer nos vies.
22:35– Qui vont changer nos vies ? Mais alors jusqu'où ?
22:37On va terminer par une question qui est presque
22:38une question sociétale, c'est pas seulement l'Eighton
22:42et les propositions d'IA que vous faites,
22:45mais par exemple, sur le rapport au travail,
22:48sur les métiers qu'on fera, comment vous imaginez,
22:51vous, nos métiers dans une dizaine d'années,
22:55à court terme, finalement ?
22:56– Oui, oui, alors à 10 ans, c'est une éternité
22:58pour l'intelligence artificielle à la vitesse où ça va.
23:01– C'est pour ça que j'ai pas dit 20 ans, quoi.
23:02– Et moi, je dis aux gens, effectivement,
23:05vous n'allez pas être remplacés par des IA,
23:07mais vous allez être remplacés par des gens
23:08qui utilisent l'IA. Donc attention, ces technologies,
23:12quelque part, ça va devenir naturel maintenant.
23:15Alors ce qui est intéressant, c'est que les jeunes,
23:16maintenant, ça y est, c'est acquis.
23:18Les adolescents, ils utilisent ChatGPT
23:21comme ils utilisent un traitement texte, etc.
23:23C'est devenu un outil totalement naturel.
23:25Et oui, c'est en train de changer totalement
23:29notre relation à la connaissance, par exemple,
23:31notre relation à l'éducation.
23:33Ce qui est intéressant, c'est que ça...
23:34– Et notre relation au travail, est-ce qu'il va pas,
23:36je me fais volontairement la Ocadie,
23:40forcément avoir des flopés de chômeurs supplémentaires
23:43dans les 5-10 prochaines années ?
23:45– On voit que les pays les plus robotisés du monde,
23:48comme la Corée du Sud, par exemple,
23:49c'est des pays où il y a très peu de chômage.
23:50Donc c'est pas du tout automatique.
23:54On va créer, on va changer les métiers, ça c'est sûr.
23:56On va en créer des nouveaux,
23:58on va augmenter la productivité
23:59et on va créer de la croissance avec ça.
24:02Donc globalement, l'effet est positif.
24:05Ça a été très bien analysé dans le rapport
24:07qui a été fait à la demande du président de la République
24:09l'an dernier.
24:10– Merci beaucoup Laurent Daudet
24:12et à bientôt sur Be Smart for Change.
24:14On passe tout de suite à notre rubrique Startup.
24:16– Sous-titrage ST' 501

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