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00:00Ce matin, nous revenons sur le rapport alarmant de la Fondation pour le logement des défavorisés,
00:04c'est l'ex-fondation Abbé Pierre en fait,
00:0630e rapport sur l'état du mal logement en France, publié en début d'année,
00:09qui révèle que de nombreux signaux sont au rouge,
00:122 700 000 personnes sont en attente de logement social en France,
00:16350 000 sont sans domicile fixe,
00:19et le nombre de logements mis en chantier en 2024, c'est 259 000,
00:23et donc largement en dessous des 435 000 en 2017.
00:27Pour en discuter ce matin, votre invité Yves Tussou, c'est Christian Brogy-Murat,
00:30militant de longue date de la Fondation Abbé Pierre, ancien élu de gauche aussi de la ville de Bayonne.
00:34Oui Christian Brogy-Murat, bonjour.
00:36Bonjour.
00:36Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:39Tous les signaux sont au rouge au niveau national,
00:42la situation n'est pas meilleure aux Pays Basques ici ?
00:45Alors la situation est aux Pays Basques plus qu'inquiétante.
00:49Moi je suis consterné de ce que je vois,
00:53dans la mesure où on va donner quelques chiffres.
00:54Moi-même, dans ma jeunesse, j'ai connu la rue,
01:00j'ai été un proche de l'Abbé Pierre aussi,
01:02et localement la situation se dégrade considérablement.
01:05Ça fait une trentaine d'années que vous êtes au service, entre guillemets,
01:08des autres investis dans le domaine social à Bayonne et aux Pays Basques,
01:14sans doute même un petit peu plus.
01:15Au fur et à mesure des années, vous avez vu la situation devenir plus compliquée,
01:20vous croisez plus de gens à la rue, plus de travailleurs qui dorment dans les voitures,
01:24et plus de personnes qui cherchent des logements.
01:26C'est ça le quotidien de celui qui est impliqué dans ce domaine ?
01:31Alors il se trouve que je connais ce sujet malheureusement,
01:34parce que j'ai été auprès de gens en difficulté.
01:37J'ai créé la table du soir il y a 30 ans,
01:41je donnerai tout à l'heure des chiffres de la table du soir qui sont avouissants.
01:44Donnez-les maintenant.
01:45Oui, si je prends pour ce qui est de la table du soir,
01:48je vous donne le chiffre que j'ai.
01:50Sur les 4 mois de la saison,
01:5312 000 repas ont été servis pendant 4 mois,
01:57par rapport à la saison précédente,
01:59pour ce qui est de la table du soir, plus 9%.
02:02Si je prends le point d'accueil jour,
02:04le point d'accueil jour est une association là aussi que j'ai créée il y a 30 ans,
02:09qui est située sur Bayonne,
02:12et qui accueille des gens qui sont donc en difficulté à la rue,
02:16pour une douche, un café, un sourire, un renseignement, etc.
02:21C'est grosso modo 120 personnes par jour
02:24qui viennent au point d'accueil jour qui se trouvent que de l'ESSEPS.
02:28De 2023 à 2024, j'ai regardé les chiffres sur internet,
02:32il y a au point d'accueil jour plus 20% de passage.
02:38Bon, on peut continuer comme ça ?
02:40Ça veut dire que la situation est inquiétante.
02:43Quand on parle du logement,
02:44de la difficulté à trouver un logement,
02:46a priori, il faut compter au Pays Basque 22 mois,
02:50presque deux ans, pour accéder au logement social.
02:53C'est deux fois plus que sur la région aquitaine.
02:57La question du logement, elle est cruciale,
02:59et ça fait des années que ce problème existe.
03:03C'est quoi la solution ?
03:05Actuellement, il faut se retourner vers les élus et vers les décideurs
03:11pour que des solutions soient trouvées.
03:14Je ne vous cache pas que j'étais conseiller municipal à Bayonne.
03:18Je posais ce problème régulièrement au conseil municipal de Bayonne
03:22qui, aujourd'hui, est en difficulté pour répondre à tous ces sujets.
03:28Et donc, moi, je...
03:29Mais pour construire des logements, il faut de l'argent.
03:31Il faut de l'argent, il faut des terrains.
03:32Il faut aussi, il faut des terrains et de l'argent, oui.
03:36Mais au niveau national, il y a effectivement des distributions financières
03:42qui peuvent être faites localement.
03:44Et puis, il faut qu'on voit après, avec les gens qui sont à la rue,
03:49ce qui se passe, parce que quand on parle des gens de la rue,
03:51il faut savoir de qui on parle.
03:53Là, je ne parle pas des gens qui demandent un logement,
03:55je parle des gens qui n'ont plus de logement.
03:58Nous estimons qu'il y a, sur Bayonne, Biarritz-Anglètes,
04:01350 personnes qui sont dehors, sans logement, sans abri, sans rien.
04:08Qui sont passées par des difficultés personnelles.
04:10Et qui éventuellement dorment leur voiture.
04:12Je ne vais pas le citer ici, mais j'ai en tête un garçon
04:15que j'ai trouvé, puisque je fais des maraudes régulièrement dans la rue,
04:19j'ai trouvé l'autre jour un garçon qui me disait
04:21qu'il n'avait pas trop de difficultés parce qu'il avait un travail.
04:24Bon, je ne vais pas donner de détails ici.
04:26Mais ce garçon, il a un petit salaire,
04:29avec un loyer qu'il ne peut pas payer
04:31parce que les loyers sont ici ahurissants,
04:33ce garçon dort dans sa voiture.
04:36Il ne dit pas à son employeur qu'il dort dans sa voiture.
04:38Il va tous les matins prendre une douche
04:40avant de rentrer au boulot,
04:42de 7 à 8,
04:44pour cacher à son employeur
04:47qu'il n'ait pas pu se laver.
04:48Et puis il travaille toute la journée dans ces conditions-là.
04:50Ce quotidien est une réalité.
04:51C'est 300 personnes dont je m'occupe
04:53qui sont dans cette situation.
04:56C'est quoi ? C'est de l'indignation ?
04:58Chez vous, c'est de la colère ?
04:59C'est de la colère.
05:01Et puis je me retourne vers les élus
05:03et je sais qu'il y a des élus qui m'écoutent
05:05parce que je suis en contact régulièrement avec eux
05:07et qui me disent
05:08« Bon, on va regarder ce qu'on va faire ».
05:09Mais localement, il ne se passe rien
05:11et la situation se dégrade considérablement.
05:14Mais la question du logement,
05:15au niveau national aussi,
05:17elle est très compliquée.
05:17on a sorti 259 000 logements en 2024,
05:21il y en avait eu 435 000 en 2017.
05:23Il y a un vrai problème, même au niveau national.
05:26Et puis après, même pour des petites choses plus simples,
05:29je veux évoquer ici le problème de la bagagerie.
05:32Alors je vais préciser,
05:33vous avez créé une bagagerie à Andaï avec le maire d'Andaï
05:36qui est accessible 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.
05:39C'est la seule qui est accessible en permanence
05:41pour les personnes qui ont besoin.
05:43Il faut peut-être préciser ce qu'on appelle une bagagerie.
05:46Je ne sais pas ce que c'est, une bagagerie, oui.
05:47Voilà, bagagerie pour sans-abri.
05:48Une bagagerie, c'est un placard
05:50où des gens qui sont sans logement
05:53et qui sont à la rue
05:54peuvent poser donc un sac
05:57sur le papier d'identité patati patata
06:00avec un règlement
06:02qui prévoit pas d'alcool, pas d'animaux, etc.
06:05avec une clé pour ouvrir ce placard
06:07que l'on fait payer actuellement
06:10pour celle que j'ai créée en Aï
06:11et qu'on fait payer 5 euros par an
06:13à la différence d'une bagagerie à la SNCF
06:16et ce placard est donc disponible
06:1824 heures sur 24, 7 jours sur 24.
06:21Ça vous l'avez créé.
06:22360 jours.
06:23Il y a une bagagerie qui existe au point accueil jour.
06:26Non, non, non.
06:27Elle existe mais elle n'est pas accessible
06:287 jours sur 7, 24 heures sur 24.
06:30C'est là que, pour les auditeurs, il faut être clair,
06:32quand on dit une bagagerie existe au point accueil jour,
06:34les gens du point accueil jour me disent
06:35mais oui, Christian, on a une bagagerie
06:37au point d'accueil jour
06:39qui est ouverte un certain nombre d'heures par jour
06:42et qui est bien sûr fermée la nuit, etc.
06:44Donc, il n'y a pas une bagagerie accessible au point d'accueil jour.
06:47Ça veut dire que, monsieur,
06:48si demain matin,
06:50vous voulez avoir des affaires propres
06:52pour aller à un entretien d'embauche
06:54de manière à être à 8 heures du matin,
06:56pile poil,
06:57c'est pas possible.
06:58Le point d'accueil jour, à 8 heures du matin,
06:59il est fermé.
07:00Donc, il y en a une qui est ouverte, je vous dis,
07:02à Handaïe.
07:04Et c'est la seule du Pays Basque
07:07qui existe partout ailleurs.
07:10C'est un appel, Christian,
07:11Ambrogy Murat,
07:12c'est un appel que vous lancez aux élus
07:14de faire des choses
07:15et notamment, par exemple,
07:17ce type de bagagerie.
07:18Pour ce qui est de la bagagerie,
07:20j'ai une association dans le Béarn
07:22qui m'a dit
07:22nous avons 200 placards métalliques
07:25à donner
07:26qu'il suffit que la mairie de Bayonne,
07:28d'Anglette ou Biarris
07:29nous dise où,
07:30sur quel trottoir on les installe
07:31et c'est fait.
07:32Et je me heurte
07:33sur les trois communes dont je parle
07:35à un refus.
07:36Les placards sont là.
07:38Merci, Christian,
07:39Ambrogy Murat.
07:40On a bien compris
07:40quelle était votre implication
07:42sur ce sujet
07:44et votre indignation du jour.
07:46Bonne journée.
07:46Merci à vous.
07:47On a repris par le temps
07:47mais c'est intéressant, évidemment,
07:49de vous entendre à ce sujet.