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  • 05/06/2025
Anne Rosencher constate une "inversion du stigmate" chez les classes populaires face à un certain mépris culturel.

Retrouvez « En toute subjectivité » avec Anne Rosencher sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite

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Transcription
00:007h21 en toute subjectivité avec la directrice déléguée de la rédaction de l'Express, Anne Rosencher.
00:06Et ce matin, Anne, vous nous parlez donc du succès du dernier album de chansons de Patrick Sébastien.
00:12Je ne le présente pas, il a animé pendant des années les samedis soirs de millions de Français
00:17mettant dans les salons une ambiance festive et chaleureuse.
00:21Le 25 avril, Patrick Sébastien a sorti un nouvel album, un album de chansons paillardes
00:27qui sacrifie donc tout à fait à la tradition de rimes riches en miches et de refrains coquins.
00:33Bon, moi je ne vais pas faire semblant, je ne suis pas une inconditionnelle de l'agrivoiserie
00:38mais je vais vous dire, il s'en passe très bien Patrick Sébastien,
00:42lui qui cumule 50 millions de vues sur les réseaux sociaux depuis la sortie de son album, selon ses propres pointages.
00:50Un succès dopé notamment par le titre « Est-ce que tu l'as vu ? »
00:53et je vous certifie qu'il ne s'agit pas de l'ONU.
00:57Un succès considérable donc et pour en comprendre les ressorts,
01:01il est intéressant de lire ce que Patrick Sébastien en dit dans ses entretiens.
01:07D'abord, il explique avoir ressenti une aspiration à un peu de légèreté et de joie
01:13dans l'ambiance morose qui étreint nos sociétés, on peut dire qu'il a vu juste.
01:17Ensuite, et c'est encore plus intéressant, il livre une réflexion quant à la caricature
01:23que certains font de lui et de son univers.
01:26Dans le journal La Montagne, par exemple, il explique
01:28« Franchouillard, beauf, dites ce que vous voulez, je suis un garçon qui ne picole pas,
01:32qui est dans la générosité, le partage, si c'est ça être beauf, je le souhaite à tout le monde. »
01:38Plus loin, il dit « Il faut connaître les gens, les respecter.
01:41La caricature du mec qui écoute mes chansons, c'est un beauf avec la casquette Ricard,
01:45mais ce n'est pas vrai.
01:46Il y a aussi plein d'étudiants et d'étudiantes qui plus tard seront chefs d'entreprise,
01:50ingénieurs et qui s'éclatent là-dessus.
01:52Il faut arrêter de traiter les gens de blaireaux. »
01:54Et selon vous, Anne, il exprime là une tendance culturelle plus générale.
01:58Et oui, pour le dire avec une expression à la mode,
02:01nous assistons, c'est une partie des Français des classes moyennes et populaires,
02:06à une inversion du stigmate.
02:08C'est-à-dire que d'une marque de mépris, ils font un étendard
02:11et retournent au méprisant le miroir de leur propre brutalité
02:15et de leurs intolérances à répétition.
02:19Après le barbecue, Michel Sardou et Miss France,
02:21dites-nous « Qu'est-ce qu'on a encore fait de problématique aujourd'hui ? » interpelle-t-il.
02:25Car il y a eu ces dernières décennies une stigmatisation des classes moyennes et populaires,
02:30de leur goût, de leur mode de vie,
02:32qui les a bien souvent diffamés et réduites à des caricatures.
02:36Aujourd'hui, un mouvement de rebuffade se généralise,
02:40y compris dans le milieu artistique.
02:42Nombre de films et de livres commencent à corriger ces représentations.
02:46Ce n'est qu'un début, mais c'est déjà ça.
02:49Car une société dysfonctionne si elle ignore que la bonté,
02:52la culture, les valeurs, les principes
02:54sont partagés à la même hauteur et dans les mêmes proportions
02:58dans toutes les catégories de la population.
03:01Anne Rosencher, merci et à jeudi prochain.

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