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"Jean-Jacques Goldman est un vestige de la France d'avant la fracturation" - Anne Rosencher
France Inter
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25/04/2024
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite
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Il est 7h21 en toute subjectivité ce matin, avec la directrice déléguée de la rédaction
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de l'Express, Anne Rosancher, bonjour.
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Bonjour Nicolas, bonjour à tous.
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Ce matin, Anne, vous marchez éhontément sur les plates-bandes d'Aline Afanoukhoé.
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Je confesse.
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Et oui, vous allez voir Aline, vous nous parlez d'un groupe de musique qui fait un tabac en
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France.
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Oui, ils ont rempli le zénith d'Auvergne le 27 janvier dernier, celui de Toulouse le
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23 mars, celui de Pau deux jours après.
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Ils feront Dijon bientôt, ou encore le zénith de Paris le 12 octobre.
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Et j'en passe.
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Qui ? Qui ? Les Goldmen ! Un groupe formé par six copains du nord de la France, dont
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le chanteur Alain Stévez, ancien ouvrier du bâtiment, joue depuis 13 ans la ressemblance
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avec Jean-Jacques.
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Impressionnant ce zivocal du chanteur.
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Alain s'est aussi bricolé la silhouette J.J.J.
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Époque années 80, jean, chemise blanche, cravate fine, écarré et filé sur la nuque.
01:00
Lui et cinq autres amis se sont lancés en 2010, d'abord dans de petites salles, puis
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de succès en surprise, ils ont rempli ces deux dernières années les plus grands zéniths
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de France.
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Il y a quelque chose de jubilatoire et d'émouvant dans la success story de ces ch'tis, partis
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de rien, qui craquent en coulisses quand ils font l'Olympia en juin 2023.
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Pour ceux que ça intéresse, je conseille le documentaire que leur a consacré TMC en
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début d'année et qui donne comme un coup de sonde dans une France qu'on représente
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assez peu et souvent mal.
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Mais le succès de ce groupe dit autre chose encore, il est un énième témoignage de
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l'incroyable rémanence Jean-Jacques Goldman dans la société française.
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Et bien c'est quand même dingue, ces popularités qui persistent et signent pour un chanteur
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qui lui ne signe plus rien et s'est volontairement retiré de la lumière.
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Élu préféré des Français chaque année depuis 11 ans, sauf en 2016, la passion française
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pour Goldman est un cas à part.
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Avec Jérôme Fourquet, nous avions fait pour l'Express il y a 3 ans un sondage sur ce
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qui nous rassemble encore.
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On avait testé des monuments, des plats, des émissions et des chanteurs.
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Et Goldman ressortait comme une espèce d'ovni, plus fédérateur encore que la Blanquette
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de Vaud ou le Château de Versailles.
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Moi, je suis comme énormément de Français, je l'aime.
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J'ai grandi avec sa musique en bande originale de mon enfance puis de mon adolescence et
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il me suffit d'entendre 3 notes de « La vie par procuration » pour me sentir chez
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moi.
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Goldman a connu son apogée à une époque où la culture populaire nous façonnait un
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univers mental en commun avant que nos goûts ne s'archipélisent et se fracturent selon
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notre sociologie.
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Il y avait bien sûr d'autres chanteurs très populaires en même temps.
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Mais sa cote fédératrice a particulièrement persisté.
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Peut-être est-ce dû à la nature même de ce qu'il chantait.
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Sous les sarcasmes des plus branchés, Jean-Jacques Goldman chantait « Les dames seules qui attirent
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les moineaux ». Il chantait les profs, les cordonniers, les méritants des HLM, les
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rêveurs de mieux et d'Amérique.
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Goldman est un vestige de la France d'avant la fracturation.
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C'est pourquoi nous y tenons tant, comme à un regret ou à un fantôme.
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Nicolas Demorand : merci Anne Rosancher et à jeudi prochain pour « Encore un matin » !
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