Sébastien Durand, préparateur physique de Loïs Boisson, le 5 juin 2026 sur franceinfo.
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00:00Sébastien Durand, bonjour.
00:01Bonjour.
00:02Vous êtes son préparateur physique avec nous ce matin en studio.
00:06Merci.
00:06Au moment de ces trois balles de match,
00:08au moment qu'on entendait à l'instant,
00:10vous êtes sur le central ?
00:11Oui.
00:12Je suis dans le box.
00:12Et vous vous dites quoi ?
00:14On est dans le match, on est concentré.
00:18Elle menait quand même déjà largement.
00:20Donc ça lui laissait plusieurs chances,
00:21plusieurs opportunités de pouvoir conclure le match.
00:24Et puis c'était surtout qu'elle aille saisir sa chance.
00:28Parce que je pense que ce genre de points,
00:29et on l'a vu,
00:30une de ses forces en ce moment,
00:32c'est qu'elle va chercher le match,
00:33elle va chercher les points.
00:34Même quand elle est menée.
00:36Oui.
00:37Donc elle n'est pas trop attentiste.
00:41Et elle y va.
00:41Alors des fois ça passe, des fois ça passe moins bien.
00:43Mais en tout cas là c'est passé.
00:44Donc c'est exceptionnel.
00:45J'ai plein de questions à vous poser.
00:46Il faut juste quand même pour nos auditeurs
00:47qu'on redisse pourquoi c'est déjà un exploit.
00:49On n'en parle pas seulement de Louise Boisson
00:50parce qu'elle est française,
00:51parce qu'on est très fiers.
00:53Fabrice Afgral,
00:54ce qu'elle a fait pour ce Roland-Garros 2025,
00:56c'est absolument exceptionnel.
00:58Louise Boisson, incrédule,
00:59ne mesure pas encore l'ampleur de sa performance.
01:01La Dijonnaise est la cinquième française
01:03à se hisser en demi-finale en Grand-Chelème.
01:05La première depuis Marion Bartoli en 2011.
01:08Avec sa place de 361ème mondiale,
01:10Louise Boisson est non seulement la première invitée,
01:12mais aussi la joueuse la plus mal classée
01:14à atteindre le dernier carré.
01:16En cas de défaite,
01:17elle est assurée au pire
01:18de finir le tournoi à la 65ème place mondiale,
01:20soit 296 places gagnées en un seul tournoi.
01:24Et en cas de victoire,
01:25elle sera au pire 35ème,
01:27mais de toute manière,
01:27la nouvelle numéro 1 française
01:29qu'elle s'impose ou non cet après-midi.
01:31Et puis financièrement,
01:32sa vie va changer.
01:33Louise Boisson repartira au moins
01:35avec un chèque de 690 000 dollars.
01:37C'est pratiquement 5 fois plus
01:39que ce qu'elle a gagné
01:40depuis le début de sa carrière il y a 4 ans.
01:42Ça dépassera le million de dollars
01:43si elle se qualifie pour la finale,
01:45plus de 2 millions si elle gagne le titre.
01:47Mais pour cela,
01:48Louise Boisson doit encore gagner 2 matchs.
01:50Voilà, donc Sébastien Durand,
01:51vous êtes le préparateur physique
01:52de la nouvelle numéro 1 française.
01:55Louise Boisson,
01:56est-ce que physiquement,
01:57elle a le niveau pour battre aujourd'hui
01:59la numéro 2 mondiale,
02:01Coco Gauffe ?
02:01Oui, oui,
02:02elle s'entraîne depuis des années,
02:04tous les jours pour ça.
02:06Donc oui, oui, tout à fait.
02:07Elle met en place tout ce qu'il faut
02:09en matière de,
02:10à la fois d'entraînement,
02:11mais là de récupération.
02:13C'est important ça,
02:13parce qu'on a vu ce match hier,
02:14ça a été très long,
02:15très dur,
02:16elle a beaucoup couru.
02:16Oui, c'est déterminant.
02:18Surtout là,
02:18c'était l'enchaînement
02:19d'un jour à l'autre.
02:21Habituellement,
02:21il y a un jour
02:22entre les deux matchs.
02:23Donc là,
02:24il fallait vraiment
02:24avoir un gros focus
02:26sur la récupération.
02:28Ah, c'est toujours
02:28des choses très très simples,
02:29on ne réinvente pas
02:30nos choses.
02:32C'est des soins,
02:34et puis surtout,
02:35deux basiques,
02:36deux fondamentaux,
02:37le sommeil et la nutrition.
02:38Le sommeil,
02:38elle dort encore à cette heure-ci ?
02:39Écoutez,
02:41là,
02:41je suis avec vous.
02:42Oui, vous ne savez pas.
02:43Mais je pense,
02:44parce que de toute façon,
02:45elle a là aussi
02:46une discipline
02:47et une rigueur
02:48sur ces aspects-là
02:49qui est incroyable.
02:50Donc,
02:51quand il faut se coucher,
02:52on se couche
02:52et c'est dodo
02:53et c'est sommeil.
02:54Juste,
02:55quand elle est sortie du cours hier,
02:56qu'est-ce qu'elle fait ?
02:57Parce que je crois
02:57qu'elle découvre aussi
02:58les obligations contractuelles,
03:00c'est-à-dire qu'elle a des médias,
03:01il faut qu'elle les voit,
03:02ça dure longtemps,
03:02c'est fatigant ça aussi.
03:03Oui,
03:03c'est des choses
03:04dont elle découvre,
03:05exactement.
03:06Alors,
03:06elle découvre par la grande porte,
03:07tout de suite.
03:08Mais là aussi,
03:09on voit,
03:10nous,
03:10dans son entourage,
03:11qu'elle est capable
03:12de faire preuve d'adaptation incroyable,
03:14comme sur le terrain,
03:15comme dans les entraînements.
03:16Et elle est,
03:17moi,
03:17je la vois dans son environnement.
03:18Elle est bien,
03:19elle est à l'aise.
03:20Il n'y a aucune difficulté
03:23et ça se passe super bien.
03:24Elle vit très bien.
03:25C'est vrai qu'on va l'écouter,
03:26tiens,
03:26justement,
03:27Louise Boisson,
03:27parce qu'elle ne se laisse pas perturber.
03:30Quand je sors dans la rue
03:31et qu'on me demande des photos,
03:32ce n'était pas le cas avant.
03:34Donc voilà,
03:34je me rends un peu compte
03:35de la chose.
03:36Mais voilà,
03:38je ne compte pas changer grand-chose.
03:40Sébastien Durand,
03:40comment est-ce que vous faites,
03:41vous, son staff,
03:42pour la préserver,
03:43pour qu'elle reste dans sa bulle ?
03:45Elle le fait déjà d'elle-même.
03:47Donc nous,
03:49elle essaye de rester concentrée
03:51le maximum
03:51sur ce qu'elle doit faire.
03:53Et elle reste surtout
03:54dans ses habitudes d'entraînement,
03:56dans ses process.
03:57Elle ne dérive pas de ça.
03:59C'est sa priorité numéro une
04:00dans sa journée.
04:01C'est une machine ?
04:02Non, non,
04:03parce qu'elle a des émotions
04:05et puis c'est une belle personne humaine.
04:07Mais en fait,
04:08elle a ces process-là
04:10et elle veut absolument
04:11mettre ça en priorité.
04:13Donc tout ce qui peut être
04:14sollicitation ou autre,
04:16ce n'est pas qu'elle ne veut pas les voir
04:17parce que de toute façon,
04:19elle les voit un peu forcément.
04:20Même si je pense
04:21qu'elle les verra bien plus tard,
04:22la semaine prochaine,
04:24ça va lui arriver.
04:24Ça va lui arriver ?
04:25Oui.
04:26Ça vous fait peur à vous ?
04:27Ah non.
04:28Non ?
04:29Elle a les épaules à la tête
04:30pour résister à tout ça.
04:31C'est un bon problème à gérer,
04:33on va dire.
04:34Pas de réseau social,
04:35je crois ?
04:36Non,
04:37je pense qu'elle ne regarde pas.
04:39Vous parlez des émotions,
04:40on l'entendait tout à l'heure
04:42dans le journal,
04:42elle rappelle qu'elle,
04:44elle était très colérique
04:45quand elle était enfant,
04:46à 10-11 ans.
04:48On a du mal à le croire,
04:49en la voyant.
04:50En fait,
04:51elle recherche une forme
04:52en permanence de perfection.
04:55Et du coup,
04:55à partir du moment,
04:56et c'est le propre du tennis aussi,
04:57c'est que c'est basé
04:58sur la frustration
04:59parce qu'on rate,
05:00on rate beaucoup,
05:00on met des intentions
05:01et puis ça ne marche pas toujours,
05:03on ne fait pas que des points gagnants,
05:04des fois on fait des fautes.
05:05Et du coup,
05:05cette gestion de la frustration,
05:07c'est quelque chose
05:07qui est hyper important
05:08et quand elle était plus jeune,
05:09je ne la connaissais pas
05:10mais visiblement,
05:11elle avait...
05:11Vous la connaissez depuis quand ?
05:12Depuis 3 ans et demi maintenant.
05:14Et vous l'aviez vu venir ?
05:15Vous l'aviez vu venir ?
05:16Oui, oui, oui.
05:17Parce que nous,
05:17on la découvre.
05:19Oui, oui.
05:19Moi, je la vois venir
05:20tous les jours
05:20depuis 3 ans et demi.
05:23Pardon ?
05:23Ce qu'on vit là,
05:24vous vous êtes dit un jour.
05:26Moi, je la retrouverai un jour
05:27en demi-finale de Roland-Garros.
05:28Alors, honnêtement,
05:31je ne sais pas
05:31si c'était 2025
05:32mais oui
05:34parce que j'ai eu l'occasion
05:35d'entraîner
05:36de grands joueurs
05:37et de grandes joueuses
05:38et forcément,
05:40on retrouve des similitudes
05:41que ce soit
05:42dans son approche
05:42de l'entraînement,
05:43dans sa rigueur,
05:44dans sa volonté,
05:45dans ses ambitions aussi.
05:48Et donc,
05:49aussi,
05:49quand on voyait
05:50sur le terrain
05:51ce qu'elle était capable
05:51de faire,
05:52notamment à l'entraînement
05:53et on parle beaucoup
05:54évidemment de ce fameux
05:55coup droit
05:56mais c'est sûr
05:57qu'on se disait
05:58il y a tous les ingrédients
05:59qui sont présents.
06:01Maintenant,
06:01ce n'est pas parce
06:01qu'on a les ingrédients
06:02que la cuisine
06:04à la fin est bonne
06:05et qu'elle va aller
06:06engagez-vous,
06:06c'est son année ?
06:07Comment ?
06:08C'est son année ?
06:09Écoutez,
06:11on va voir.
06:11Déjà,
06:12cet après-midi,
06:12étape par étape
06:13et c'est ce qu'elle fait
06:14et elle arrive à le faire
06:15et elle le fait très très bien.
06:16Et ce matin,
06:17alors ?
06:17Vous ne savez pas
06:18si elle est réveillée
06:19mais là,
06:19ce matin,
06:19vous la préparez comment ?
06:21Là,
06:21c'est vraiment
06:22le maximum de repos,
06:23récupération maximale
06:25pour garder le plus d'énergie
06:26d'autant plus que son match
06:27risque d'être quand même
06:27un peu plus tard.
06:29Vers 16h30,
06:3017h.
06:30Oui,
06:30c'est ça.
06:30Voilà.