Jean-François Achilli : "Les pouvoirs successifs se payent de mots"

Sud Radio

04/06/2025

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##L_EDITO_POLITIQUE-2025-06-04##

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00:00Sommes-nous face à une poudrière ? Je pose la question, c'est Gérald Darmanin qui pose la question, ce n'est pas moi.

00:06Il l'a dit aux 20h de TF1 hier soir. Il réclame des peines plus fermes contre les casseurs,

00:12après les violences samedi et dimanche, après la victoire du Paris Saint-Germain.

00:17Au même moment, la justice annonce qu'elle veut juger pour meurtre le policier auteur du tir mortel contre Naël il y a deux ans.

00:25Un climat facteur de tension et des politiques sans vraie solution, même si Darmanin veut durcir le code pénal.

00:33Mais vraiment, le durcir.

00:35Et donner aux magistrats la possibilité, ou même quelque part les contraindre à prononcer des peines très dures dès le départ.

00:43Dès le premier délit.

00:46Donc si vous êtes un magistrat qui vous voulez peut-être appliquer des peines plus légères,

00:50ou vous dire, tiens, on ne va pas rajouter des individus dans des prisons déjà surchargées,

00:56vous serez obligé de prononcer des peines minimales.

00:58C'est ce que vous voulez dire hier soir, Gérald Darmanin.

01:00Je reviens à ce qu'avait lancé Emmanuel Macron dimanche.

01:05Vous vous rappelez, la réponse de l'État sera à la hauteur.

01:07Nous poursuivrons, nous punirons.

01:09À quoi avons-nous assisté lundi ?

01:10Il y a eu, au fond, beaucoup de mensuétudes, des relax, du sursis.

01:13Ça a été un peu plus dur hier.

01:15Un individu a été placé immédiatement en mandat de dépôt, d'accord.

01:18Mais il y a quand même eu une forme d'incompréhension générale.

01:21Quatre ans ferme, un casseur de 18 ans, qui a frappé un policier.

01:24Il a pris 12 mois de prison, donc quatre fermes.

01:27Quatre fermes, c'est ça.

01:28Regardez, qu'en allant-nous penser, après cette séquence de première condamnation,

01:34en comparution immédiate, Jean-Jacques ?

01:36Les casseurs ont pris quoi ? Jusqu'à à peine 500 euros d'amende.

01:40Rappelez-vous le boulanger, le 1er mai, 7500 euros pour avoir osé ouvrir sa boulangerie un jour férié.

01:48Donc les gens ne comprennent pas, en fait.

01:50Il n'y a pas de peine dissuasive.

01:53C'est le message qui nous est envoyé depuis deux jours.

01:55Que se passe-t-il ?

01:56Il y a une forme d'impuissance du politique qui juge, lui, toujours sa parole performative.

02:01Vous savez, les politiques disent « j'ai dit, donc je fais ».

02:04Le « tu casse, tu répares » de Gabriel Attal est resté l'être morte.

02:08Les pouvoirs successifs, Jean-Jacques se payent de mots.

02:11– Bien, oui, se payent de mots, mais la proposition de Gérald Darmanin pourrait peut-être changer la donne.

02:17– Est-ce qu'elle peut changer la donne ?

02:18– Alors, qu'est-ce qu'il propose ?

02:19Il veut supprimer le sursis, il veut des aménagements de peine obligatoires qui disparaissent.

02:25Il veut infliger trois mois de prison ferme.

02:28– Il veut supprimer le sursis et supprimer les aménagements de peine.

02:30– Oui, c'est-à-dire que vous prononcez des peines très dures, automatiquement, dès le départ,

02:35si vous agressez des forces de l'ordre.

02:37– Il va falloir changer la loi pour ça.

02:38– Il va falloir changer la loi, mais le problème, c'est l'absence de majorité au Parlement.

02:43Et là, on ne va pas s'en sortir.

02:44– Ah ben oui, ça va être très difficile avec une gauche,

02:48vent debout contre Bruno Rotaillot, accusée par Olivier Faure de propager un racisme d'atmosphère.

02:54– Il va falloir nous en dire plus.

02:55– J'en profite pour vous dire qu'Olivier Faure sera mon invité tout à l'heure,

03:00à 8h30, c'est sur Sud Radio, l'actualité politique, c'est sur Sud Radio,

03:05les principaux invités sont ici.

03:07Olivier Faure, donc, qui va expliquer ce que ça veut dire, racisme d'atmosphère.

03:13Ah oui, dites-moi la décision du tribunal judiciaire de Nanterre de juger aux assises pour meurtre.

03:19Le policier Florian, auteur du coup de feu dans l'affaire Naël, sème le trouble.

03:23– Le moins que l'on puisse dire ce matin est que la justice a quand même un curieux sens du timing.

03:30Les policiers, vous savez, n'en peuvent plus d'être pris pour cible au quotidien, sur le terrain.

03:34Ils voient leurs collègues traités comme un criminel,

03:36alors que des casseurs qu'ils ont dû affronter sont remis en liberté.

03:41Il y a quelque chose d'assez troublant dans cette mise en apposition de ces deux faits.

03:46Pour Bruno Retailleau, je le cite, les Français sont quand même clairvoyants, dit-il.

03:50– Mais eux, c'est vrai.

03:52– Oui, il fait preuve d'une forme d'optimisme en cette période de tension extrême.

03:58Il y a une certitude, Jean-Jacques, les citoyens, dans leur immense majorité,

04:02moi je le dis ce matin, quelle que soit l'origine, la couleur de peau, quelle que soit la religion,

04:06ils veulent vivre en paix, ils veulent que leurs enfants soient en sécurité.

04:09Ils ont pris conscience depuis longtemps que les mots ne suffisent plus, il est là le problème.

04:15Elle est là la poudrière aussi, Jean-Jacques.

04:16La grande peur du pouvoir, c'est qu'un jour quelqu'un allume la mèche,

04:20nous en sommes toujours là, deux ans après les émeutes.

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