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  • 03/06/2025
Mardi 3 juin 2025, retrouvez Patrick Klugman (Avocat et militant antiraciste) dans TEMPS LONG, une émission présentée par Lucas Jakubowicz.

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Transcription
00:00Bonjour à tous, bienvenue sur Tendon, l'émission politique de Beesmart, For Change et Décideur
00:12Magazine. Avant d'entrer dans le vif du sujet, c'est pas très glamour mais c'est nécessaire,
00:18on va donner quelques chiffres pour planter le décor. 1540 actes antisémites ont été recensés
00:24en 2024 en France. En 2022, c'était seulement 460, c'est une hausse de plus de 70%. Quand
00:32on demande à des juifs, demandent aux 35 ans s'ils ont été victimes cette année d'actes
00:36antisémites, 37% répondent oui. Autre chiffre aussi qui peut être intéressant, les juifs,
00:43même s'il n'y a pas de statistiques ennemiques en France, représentent à peu près 0,4% de
00:48la population, ils concentrent à eux tous seuls 53% des actes anti-religieux ou racistes.
00:56Donc contrairement à ce que disent certains, l'antisémitisme n'est pas résiduel en France,
01:00il n'a jamais été aussi élevé. Comment le combattre ? Quelle est l'origine de l'antisémitisme ? Est-ce
01:06que c'est plutôt l'extrême droite ? Est-ce que c'est plutôt l'extrême gauche, le centre, la droite ?
01:10À quoi l'antisémitisme concerne tous les Français et non pas une petite minorité de la population ?
01:16Pour aborder toutes ces questions, j'ai le plaisir de recevoir aujourd'hui Patrick
01:20Klugman. Bonjour. Bonjour. Je peux vous définir, vous avez beaucoup de casquettes,
01:23mais on va dire avocat, militant antiraciste et plutôt ancré à gauche. Tout à fait.
01:29Vous avez commencé à l'UMEJF, à SOS Racisme, au PS. Vous avez vraiment été aussi de gauche.
01:36Quand vous êtes engagé en politique et dans la vie publique, est-ce que quand vous
01:40combattiez l'antisémitisme, vous auriez pensé que vous auriez à le combattre à gauche ?
01:45Déjà, quand je me suis engagé, il n'y avait pas d'antisémitisme. Donc moi, je venais
01:50d'une famille qui a été marquée par la Shoah, parce que c'est que l'extermination
01:54antisémite. Et je me disais que mon devoir en tant que petit-fils de survivants était
02:00de défendre ceux qui, dans ma génération, étaient potentiellement victimes de racisme,
02:05mais qui, par hypothèse, dans mon expérience, dans mon vécu, n'étaient pas des juifs.
02:09Et c'est comme ça que je rejoins l'UMEJF et SOS Racisme. Ça, c'est la première
02:16chose. L'antisémitisme est une maladie qui avait disparu non pas totalement des discours
02:22ou des idées, mais qui avait disparu des actes. Ça, c'est la France dans laquelle moi,
02:27j'ai grandi à la fin du XXe siècle. Bon. Ensuite, je ne pensais pas le rencontrer dans
02:35des formations politiques, dans un camp politique, la gauche, qui s'est construit autour de l'idée
02:43que l'antisémitisme est une infamie. En réalité, c'est un raccourci, ce que je fais. Mais
02:52c'est vrai que dans ce moment-là, on se dit que l'antisémitisme ou le racisme viennent
02:57de l'extrême droite parce que politiquement, à ce moment-là, c'est encore vrai et qu'il
03:02est combattu par la gauche et l'extrême gauche parce que politiquement, à ce moment-là,
03:07c'est vrai. Souvenons-nous, par exemple, que la loi Guesso, par exemple, qui réprime
03:14le négationnisme, elle est portée par un député communiste. Bon. Alors, on aurait pu se dire
03:19oui, mais les négationnistes de la fin du XXe siècle, ceux qu'on connaît bien,
03:24Faurisson, Garodi, pour prendre deux exemples connus, ils viennent en fait plutôt de l'extrême
03:29gauche, même clairement d'extrême gauche, et ils sont passés à l'extrême droite
03:33sur cette question. Donc, on voit bien aussi une porosité qui a toujours existé.
03:36Mais en tout cas, si on est concret, quand vous étiez dans les années 80, 80, enfin
03:40plutôt 90, 2000, 90, 2000 étudiants en droit, 6 millions, et que vous étiez confrontés
03:45à l'antisémitisme, en fait, vous étiez contre des militants FN, contre l'action française,
03:50contre l'extrême droite.
03:50Exactement. Et c'est le tournant des années 2000 qui arrive exactement quand je suis président
03:56de l'UOJF, j'ai 25 ans, 23 ans, et là, on voit bien qu'il y a quelque chose qui explose,
04:02qui nous explose au visage, qui est quelque chose qui est un impensé, qui est un impensable.
04:07Il y a des actes antisémites en France qui ne viennent pas du tout de là où on les
04:12attend, ils ne sont pas politiquement revendiqués, ils ne sont pas politiquement identifiés,
04:15ils ont lieu dans des quartiers populaires où il y a des populations mélangées, donc
04:21le périphérique des grandes villes, banlieue difficile, et à ce moment-là, moi, je n'ai
04:26pas des œillères. Donc, je prends avec mes amis d'SOS Racisme une responsabilité,
04:32une initiative, je publie le premier recensement des actes antisémites en France dans les années
04:372000, c'est en 2002, ça s'appelle les antifeuges. Il y a d'abord une tribune d'interpellations
04:42dans le monde, les antifeuges. C'est une génération qui vous dit, je ne suis pas
04:48antisémite, mais je n'aime pas les feuges, les antifeuges. Et donc, on va publier un
04:53livre chez Calman-Lévy avec un sondage, avec un recensement d'actes. À ce moment-là,
04:57il y en a 405 en 2002. Et donc, ça nous pète au visage sans même qu'on l'ait identifié
05:04avant. Donc, j'ai grandi à partir de ce moment-là comme militant avec cela. Et je voyais
05:11bien, c'était le gouvernement de Jospin à l'époque, pardon pour les jeunes d'entre
05:14nous, mais on ne savait même pas, on ne comprenait même pas ce qu'on racontait. Je me souviens
05:21d'une réunion avec Daniel Vaillant, qui était le ministre de l'Intérieur de Lionel Jospin.
05:25Il ne comprend pas ce que l'on dit. C'est comme si je lui parlais.
05:29Il ne comprend pas, oui, fin de ne pas comprendre pour ne pas, on va dire, faire augmenter
05:33les frais de droite ou le reste.
05:34Je crois qu'en ce moment-là, ils ne comprennent pas. Le logiciel est trop daté, il n'a
05:40pas assez de capteurs, ce qui par ailleurs explique aussi la défaite de la gauche et
05:45son refus. La gauche, à force de construire sur des discours et sur des principes, elle
05:49a perdu des capteurs, des capteurs sensibles de certaines réalités sociales. Celle-là,
05:54en est une. Et voilà, ça veut aussi dire qu'il y a un déplacement de l'électorat
06:04juif, pour peu qu'il existe, de la gauche traditionnellement vers la droite.
06:09Ça s'est fait d'ailleurs en 2007 avec Nicolas Sarkozy. La première cible d'ailleurs de
06:13Nicolas Sarkozy, c'était Daniel Vaillant.
06:15Bien sûr, et je comprends tout, parce que Nicolas Sarkozy, avant d'être président de la
06:19République, il a été lui aussi mis intérieur. Et lui, il avait parfaitement
06:24identifié, compris le sujet dans son importance et dans son importance
06:28politique. Et lui, il revendique le fait qu'il y a un problème et que ce
06:34problème n'est pas celui simplement des cibles, donc les Français juifs, mais
06:40qu'il est un problème social et sociétal d'une très grande puissance.
06:45Mais pourquoi la gauche, à ce moment-là, se mettait des élières ? Pourquoi elle n'a pas
06:48voulu appeler un chat, un chat ?
06:49Encore une fois, il y a du conformisme intellectuel, il y a de l'aveuglement
06:55idéologique. Mais vous avez aussi des voix à gauche qui sont, qui ont toujours été
07:00extraordinairement lucides. Si vous prenez les deux maires de Paris successifs,
07:06Bertrand Delannoy ou sa successeur, on n'a jamais mis de hier, on n'a jamais hésité
07:12sur les mots, on n'a jamais hésité sur les moyens. Bon, c'est quand même la capitaine de la
07:16France et ce n'est pas n'importe qui, tant Delannoy que Anne Diago.
07:19Il y en a évidemment d'autres, des Julien Drey et aujourd'hui des Géonguèges qui
07:24prennent cette question à bras de corps. Mais en réalité, il y a toujours eu un
07:30antisionnisme à gauche. Il y a depuis la création de l'État d'Israël un antisionnisme
07:36virulent qui est en plus très manipulé par d'autres pays ou d'autres chancelleries
07:43sur des agendas politiques très intérieurs. Et tout ça fait un bouillon qui devient extrêmement
07:51compliqué, extrêmement triste. Ce que je veux dire par là, c'est que quand un petit
07:56gamin se fait emmerder dans son lycée, ça peut être juste que dans le 7e arrondissement
08:01de Paris, j'ai des cas à Durbis par exemple. Mais tout ça provient d'une décomposition
08:06intellectuelle qui est très propre à la France, mais qui est par ailleurs relayée, alimentée
08:12par des comptes TikTok, par des médias comme Agi Plus, par des moyens parfois d'État.
08:19Ce ne sont pas forcément des moyens purement antisémites, mais par exemple, la propagande
08:24russe pour déstabiliser l'Europe et certaines sociétés occidentales, dont la nôtre, elle
08:29a très bien compris qu'instiller le sujet, la thématique antisémite était un ajoutateur
08:35sismique formidable. Et en bon observateur de ce qui peut faire péter une société, il
08:41joue avec ça. C'est l'histoire des mains à poser sur le mémorial de la Shoah par exemple.
08:46Mais quand on parle de tous les discours antisémites, notamment,
08:49le Doug Whistle qui vient de la gauche. Oui.
08:52Est-ce que vous pensez que les élus de gauche, notamment Doré Lafie, ils agissent comme
08:55ça parce qu'ils sont sous l'influence de pouvoirs étrangers ou parce qu'ils ont vraiment
09:00un agenda en tête ? Est-ce qu'ils savent ce qu'ils font ?
09:02Il y a deux choses. On va faire un saut dans l'actualité la plus brûlante. On n'est
09:08pas ici pour faire un cours d'histoire, mais pour essayer de comprendre où nous en sommes.
09:11Je pense que l'antimitisme, il n'est pas venu par la gauche, mais la gauche n'a pas voulu
09:19le voir. Ça, c'est ce que j'appelle de l'aveuglement ou de l'ignorance ou du conformisme.
09:25Aujourd'hui, c'est tout à fait différent.
09:26La France insoumise est un parti politique qui, pour une raison purement tactique et électorale,
09:36à partir au moins des élections européennes de 2024, donc le mois de mai-juin 2024, prend
09:43une stratégie. Avant, n'importe quel homme de gauche, vous l'accusiez d'être un antisémite,
09:48même d'être complice ou d'être insensible à l'antisémitisme. C'était une infamie.
09:53Et si je vous disais cela, je vous détruisais comme homme ou femme de gauche. Et là, il
10:00se passe quelque chose de totalement différent. Vous avez un parti autour de quelques figures
10:06très identifiées. C'est des parlementaires ou une femme qui veut devenir parlementaire
10:10européenne, Rima Hassan, qui embrasse toute la thématique antisémite et qui savent que
10:16ça embrase, qui savent très bien, parce que tout le monde le dit et que les chiffres sont
10:20là et que les actes sont là et que les statistiques que vous avez rappelées sont là, qu'ils le
10:24font à dessein. Pourquoi ? Pour récupérer des clientèles qui, d'après eux, sont plus
10:30sensibles et plus nombreuses à la thématique antisémite. En gros, il y a des gens qui, dans
10:35des états-majors de la LFI, sont nés. Quand on dit que les Israéliens sont tous des
10:41pourris et que tous les Juifs sont des complices des pourris, OK, peut-être qu'on insécurise
10:46les Français juifs, peut-être qu'on verse dans une forme d'antisémitisme, mais électoralement,
10:51on va, pour une cible potentielle, on va récupérer 5 ou 10 électeurs.
10:55Comme Henri IV qui disait, Paris vaut bien une mètre.
10:57Paris vaut bien une mètre.
10:58On dit, après tout, plus 70% d'actes antisémites, ça vaut bien 7 officièges de députés
11:03européens.
11:04Exactement. Et je vais vous dire un truc, Lucas. Ça marche.
11:07Ah bah oui.
11:08Cette stratégie.
11:09C'est la stratégie à la marché. Rima Hassan, en 2024, elle était septième sur
11:16la liste de la France insommnise. Et lors de la précédente élection, ils avaient
11:216 électeurs, 6 eurodéputés. Donc il fallait qu'elle fasse son siège. La campagne, elle
11:27patine jusqu'au moment où ils décident de faire la liste euro-palestine sans aucune
11:32prudence, sans aucun égard pour la vérité, pour la réalité, sans aucune dignité.
11:37Et ils y vont acheter, quelles que soient les conséquences sur le débat public français,
11:44sur la sécurité civile des Français et sur la sécurité des Français juifs. Ils
11:49n'ont rien à faire et ça marche. Pourquoi ? Parce qu'ils vont capter ceux dans notre
11:54pays qui ne sont jamais allés voter, qui sont les plus radicalisés, qui sont sur
11:58des convictions quasiment anti-républicaines et évidemment antisémites. Et eux, ils comprennent
12:04à ce moment-là qu'ils peuvent aller voter, qu'il y a même quelqu'un qui les représente.
12:07Donc d'après vous, LFI n'est pas foncièrement antisémite, c'est encore pire. En fait, ils
12:11utilisent l'antisémitisme comme arme électorale.
12:13En tout cas, à ce moment-là, ils l'ont utilisé. Et vu les dégâts que ça a fait, ce que ça
12:19a suscité comme cri d'horreur, y compris chez leurs partenaires de gauche, on ne peut
12:24pas dire qu'ils ont fait comme s'ils ne l'avaient pas vu ou pas su. Et je vais même vous
12:27dire mieux. Il y a eu deux campagnes qui se sont succédées le même jour. Le 9 juin
12:312024, fin des européennes, dissolution, campagne législative. À ce moment-là, la LFI doit
12:37changer de braquet complètement. Pourquoi ? Parce qu'elle doit, à toute hâte, recréer
12:43une alliance électorale pour avoir des députés. Recréer une alliance, ça veut dire dire
12:47qu'ils sont par ailleurs aptes à gouverner, qu'ils sont assimilables dans un gouvernement.
12:52Et donc, à ce moment-là, on rentre, entre guillemets, la nouvelle députée Rima Hassan
12:59au placard. On met en sourdine Gaza et le génocide et on cherche à créer et à animer
13:06le NFP. Eh bien, vous savez quoi ? Les actes anti-sémites, donc au mois de juin 2024, ont
13:13une baisse drastique par rapport au mois de mai 2024. Donc c'est purement tactique. Ce n'est
13:21que tactique. C'est absolument cynique. C'est une conviction qu'ils animent et qu'ils
13:26entraînent chez certains de leurs électeurs. Mais de leur point de vue, c'est une décision
13:30d'état-major en campagne électorale.
13:32D'accord, je comprends bien. L'état-major est calculateur. Mais les nouveaux militants,
13:37les nouveaux élus, les nouveaux qui vont avoir une investiture à la fille, est-ce que
13:41eux peuvent se dire « Non, en fait, je suis vraiment anti-sémite et c'est dans ce parti
13:44en fait que je peux faire avancer mon agenda ? » En d'autres termes, est-ce qu'aujourd'hui, dans
13:48la nouvelle guerre de la fille, il y a des personnes qui sont vraiment anti-sémites ?
13:52Il y a, en tout cas, ce qu'un ouvrage, la meute a mis en exergue, c'est que dans cette
13:59stratégie, il faut se débarrasser des cadres les mieux formés, les plus aguerris, les
14:06plus expérimentés, mais qui sont eux aussi ceux qui ont été formés par l'antiracisme.
14:11Alexis Corbière, Raquel Garrido, historique de la fille, fondateur de la fille, comme ils
14:17avaient fondé avant le Front de Gauche, eh bien eux, ils sont passés par les soins
14:21racisme, ils sont passés par l'antiracisme.
14:23Il faut les expurger, il faut les exfiltrer et on va prendre des gens qui sont prêts
14:30à tout pour devenir députés et on a les deux profils qui se discutent, soit des gens
14:36qui ne sont des ignorants prêts à n'importe quelle aventure idéologique.
14:40Et tous les régimes totalitaires ont fait leur base de ce genre de profils fragiles et
14:48extrêmement malléables et déterminés dans l'action.
14:52Eh bien, ça fait un très bon de l'eau glue, un type complètement inculte, prêt à dire
14:57n'importe quoi parce que l'opportunité d'être élu n'aurait jamais été possible autrement.
15:02Et puis, vous avez des militants qui, eux, manipulent l'ignominie avec connaissance,
15:08avec science, avec talent.
15:10Et donc, vous avez effectivement David Guiraud.
15:13Lui, il sait quel électorat il a.
15:15Il est élu à Roubaix et il sait exactement les thèmes et les phrases qu'il manipule,
15:21tout comme évidemment Rima Hassan dont on parlait.
15:23Donc, il y a les deux.
15:24Mais là où je voudrais être précis, c'est que la gauche, sans le faire exprès,
15:33elle s'est créée autour de deux choses concomitamment.
15:36L'idée républicaine et l'idée républicaine, elle s'est affirmée dans notre pays au moment
15:41de l'affaire Dreyfus par le rejet de l'antisémitisme.
15:43Il y avait une fusion entre les forces réactionnaires et les forces antisémites.
15:47Et pour la France, pour devenir vraiment républicaine, elle a dû rejeter la réaction
15:51et l'antisémitisme autour de l'affaire Dreyfus.
15:53C'est l'enracinement républicain, il date de ce moment-là.
15:56Et vous ne...
15:57C'est indissociable.
15:59Sauf qu'eux, ce sont déracinés Mélenchon.
16:01En fait, ce que...
16:02Non mais, en gros, je vais y aller très vite.
16:05Ce que veut faire Mélenchon, c'est en fait déjauré cisé la gauche.
16:10C'est faire que la gauche ne soit plus Dreyfusard et qu'elle soit même anti Dreyfusard.
16:15Je manipule des concepts historiques, mais c'est très actuel.
16:18Et vous voyez que le NFP qui a été mis, qui a été créé en mettant de côté la question juive,
16:27c'est le moment que je vous ai indiqué, le 9 juin 2024, eh bien, en fait, il explose sur cette question.
16:32Et le congrès du Parti Socialiste qui se tient en ce moment, il oppose deux lignes fortes,
16:38avec deux lignes fortes, une ligne qui dit l'union de la gauche et le totem suprême.
16:45Et quel que soit ce que dit une partie de la gauche et ce qu'elle anime en termes de thématiques nauséabondes,
16:51on s'en fout, il faut qu'on soit unis.
16:52Et nous le serons à n'importe quel prix et à n'importe quelle compromission.
16:56C'était la ligne d'Olivier Fort.
16:57Et c'est ça qui a permis le NFP.
16:59Et vous voyez bien que le NFP a cessé d'exister.
17:01C'est un congrès au Parti Socialiste qui est un congrès qui se tient sur une seule chose.
17:05On ne peut plus être allié avec ces gens.
17:08Parce que ça veut dire que nous-mêmes, nous n'existons plus, que nous ne sommes plus rien.
17:11Mais vous pensez du coup que le NFP va s'isoler, sortir du champ républicain
17:15et à toutes les élections se prendre un barrage républicain ?
17:18Ou vous pensez justement que les autres parties de gauche vont avaler leur chapeau
17:21et vont dire mais en fait, c'est juste des différences idéologiques.
17:25Au moment où nous parlons, c'est la question qui est posée.
17:29Mais moi, je dis qu'une gauche qui soit LFI compatible dans la LFI que nous avons actuellement
17:34n'est plus assimilable, ni assumable, ni en tant que gauche, ni en tant que force républicaine.
17:42Et donc, c'est pour ça que soit le PS résiste, quoi qu'il lui en coûte un point de vue électoral
17:48aux prochaines élections, mais il restera vivant.
17:51Et il restera donc une force potentiellement d'avenir.
17:54Soit il mourra.
17:55C'est quoi le message que vous voulez faire passer au PS ?
17:58Moi, mon message, c'est exactement le même que lorsque je me suis précipité
18:03sur un plateau de télé, sur Twitter, partout, quand on a annoncé le NFP.
18:08C'est très simple.
18:09Avec la LFI, rien n'est possible.
18:11Sans la LFI, tout est ouvert.
18:13Et il n'y a pas d'autre message.
18:15Et la question juive, elle est devenue, à cause de la LFI,
18:20qui l'a alimenté, le plus grand tabou, mais au sens de ce que fait un tabou.
18:25Vous n'en parlez jamais, mais en réalité, il va déterminer votre action.
18:30Eh bien, la question, elle est là, comme elle l'était au moment de l'affaire Dreyfus.
18:35Elle a été matricielle pour la gauche.
18:37Si Jules Guest avait gagné et avait estimé que Dreyfus était une affaire bourgeoise
18:43et que, effectivement, les Juifs sont les suppôts du capital,
18:47eh bien, la gauche française et donc la République française
18:49n'auraient pas été les mêmes.
18:50Et là, on a cette histoire qui se joue à l'envers.
18:53On a le match qui revient en deuxième mi-temps, quasiment,
18:57même plus de 100 ans après.
19:00Et la question, elle est actuelle, elle est maintenant.
19:03Donc moi, je ne dis pas que toute la gauche est antisémite.
19:06On voit bien qu'il y a un très petit nombre d'acteurs qui agitent cette question.
19:09Mais en revanche, la compromission peut engloutir totalement
19:14la possibilité d'une gauche en France et très durablement.
19:18Les gens vous diront, enfin, les gens de gauche se disent,
19:21oui, mais après, il faut, on a quand même aussi à avoir 200 députés
19:24et on pèse 30% des voix.
19:26Oui.
19:27Après, la question, c'est que c'est...
19:29Je pense qu'il ne faut pas faire de calcul
19:31sur une question qui est aussi principielle,
19:35aussi identitaire, aussi fondamentale.
19:38On ne peut pas mettre des croix et cocher des cases.
19:42Ces 200 députés-là, ils sont maudits.
19:46Ils sont maudits par la gauche parce qu'ils sont des députés de gauche
19:49qui ont ignoré ce qu'a été la gauche et ce qu'elle doit être.
19:51Oui, mais ils vont dire, oui, mais je suis député.
19:53Oui, mais dans ce cas-là, ils ne seront jamais réels.
19:56Parce que ça ne tient pas, parce que la République,
19:59quel que soit tout le monde, le front républicain contre la LFI,
20:05il est devenu principiel.
20:08Personne, aucun républicain sincère ne peut tolérer cette forme de républicain.
20:14Pas peut-être.
20:15Aucun républicain ne peut tolérer la brutalité qu'ils ont dans le débat.
20:21Aucun républicain ne peut tolérer même ce qu'ils font
20:23comme action en tant que groupe parlementaire.
20:25Donc, à un moment donné, c'est même plus une question de gauche.
20:27C'est même plus une question d'élection.
20:29C'est une question de défense républicaine.
20:31Moi, j'ai beau avoir été un élector de gauche toute ma vie,
20:33un électeur de gauche toute ma vie, un élu de gauche,
20:36je ne mettrai jamais un bulletin de vote
20:39pour toute association politique avec ça.
20:43Parce que c'est des principes fondamentaux
20:45et que dans la vie, il faut avoir des priorités et des principes.
20:48Alors, pendant que la gauche, on va dire,
20:49s'enfonce un peu dans l'antisémitisme,
20:51ne sait pas comment agir, etc.
20:53L'extrême droite a un élément de langage,
20:55mais qui sort non-stop depuis le 7 octobre.
20:59On est les boucliers des Juifs de France.
21:01On est vierge, on est innocent.
21:03On n'a plus rien à voir avec l'antisémitisme.
21:06Alors, qu'est-ce qu'on peut répondre à ces éléments de langage ?
21:09Qu'est-ce qu'on peut et qu'est-ce qu'on doit répondre ?
21:10D'abord, qu'ils sont tous aux vierges,
21:12parce que la gauche, elle a un truc pour elle,
21:16elle y est peut-être venue,
21:17mais ne vient pas de l'antisémitisme.
21:19L'extrême droite, elle, dans sa matrice,
21:22avant, quand vous étiez de gauche,
21:25vous étiez contre l'antisémitisme,
21:27et pour être à l'extrême droite,
21:28si vous n'étiez pas d'antisémitisme,
21:29ça ne marchait pas.
21:30Vous n'allez pas être mis par d'autres convictions.
21:34Et ça, c'était il y a un siècle.
21:35Oui, ce n'était pas il y a un siècle.
21:38Pour le coup, c'était encore vrai il y a 10, 15, 20 ans.
21:42D'abord, qu'est-ce qu'on voit ?
21:44On voit que le cliché antisémite
21:46mobilise énormément les électeurs d'extrême droite,
21:49contrairement à ce qu'on pense.
21:51On voit que l'extrême droite actuelle,
21:53qui n'est pas le FN, qui s'appelle le RN,
21:55qui n'a pas Jean-Balé Le Pen comme leader,
21:57mais Marine Le Pen, sa fille,
21:58qui, elle, dit qu'elle n'a rien à voir avec l'antisémitisme,
22:01on voit quand même que quand ils doivent désigner en toute hâte
22:04des candidats aux législatives,
22:06il y en a une bonne dizaine qui ont un rapport étrange.
22:11Il y en a une qui dit, oui, je ne suis pas antisémite,
22:12j'ai un dentiste juif ou un vétérinaire, je ne sais plus.
22:15Il y en a un autre qui pose avec une casquette de la Val FNSS.
22:19Bon, on voit bien qu'en termes de candidats,
22:22le ménage n'a pas été fait.
22:23Je ne parle même pas des militants,
22:25je ne parle même pas des cadres.
22:26On parle de candidats aux élections législatives.
22:27Donc, ils ne sont pas vierges en termes d'idéologie.
22:32Ils ne sont pas vierges en termes de recrutement.
22:35Et puis même, si on prend Marine Le Pen,
22:37Marine Le Pen, elle se crée comme personnalité politique
22:41avec des gens qui sont quasiment des néo-nazis,
22:46des Nicolas Crochet,
22:48l'ancien patron Lillude
22:52qui était un type d'une extrême brasse furieuse sur cette question.
22:56Bon, donc, on voit bien que Marine Le Pen,
22:58elle n'a pas pris le pouvoir avec des gens modérés
23:01ou avec des gens qui voulaient aller sur une ligne d'os.
23:03Mais tous ses proches viennent de la ligne la plus dure
23:06de ce qu'a été le FN.
23:07Il ne faut pas l'oublier.
23:09Et puis, moi, je vois que cette grande famille s'est réunie.
23:11Elle avait été désignée, elle s'est réunie, là, tout récemment.
23:15Et Marion Maréchal, qui est de la famille Le Pen,
23:17comme chacun sait,
23:19elle, elle ne perd jamais une occasion
23:20de rendre hommage à ce qu'a été le FN
23:24et son leader historique,
23:25qui a été, de manière assumée,
23:28un leader antisémite.
23:29Bardella aussi, qui a rendu tout seul.
23:30Et j'en viens...
23:32Voilà, celui qu'on nous présente
23:33comme le visage le plus présentable,
23:35l'avenir du mouvement.
23:36Jordan Bardella, on lui dit,
23:38mais Jean-Marie Le Pen était antisémite,
23:39il refuse de le reconnaître.
23:41Donc, on voit bien que c'est totalement faux
23:43qu'ils seraient guéris de cela.
23:45Ils n'en sont pas guéris.
23:47En revanche, ce qui est vrai,
23:48il faut le reconnaître,
23:49ce n'est plus leur matrice politique.
23:53Ils n'agitent plus cette question
23:54et ils l'instrumentalisent.
23:57Comment ils l'instrumentalisent ?
23:59Ils disent, effectivement,
24:01qu'ils sont des boucliers,
24:02qu'ils ne sont pas.
24:03Je ne vois pas en quoi le RN serait
24:04un bouclier contre l'antisémitisme.
24:07Je ne vois pas où, je ne vois pas comment.
24:09En revanche, je vois que,
24:11n'étant plus antisémite,
24:14leur permet de se dédouaner
24:15ou de s'afficher d'un racine
24:18qui serait dans leur tête moins grave.
24:21Et donc, c'est une manière pour eux
24:22de dire, puisque nous ne sommes plus antisémite,
24:25on a le droit d'être sans limite
24:27dans notre expression
24:28à l'endroit des autres minorités,
24:30particulièrement de l'islam ou des musulmans.
24:32Il y a une citation,
24:33ce n'est pas la citation en mot à mot,
24:35mais c'est la conclusion
24:36d'un élite de Jérôme Fourquet.
24:37Il dit qu'en vrai,
24:38l'antisémitisme est un peu
24:39comme un canari dans une mine.
24:41Quand il commence à crier,
24:43ça veut dire que, certes,
24:44il y a de l'antisémitisme,
24:44mais forcément, il y aura d'autres formes de racisme
24:47qui vont se développer.
24:48Donc justement, est-ce qu'on peut dire,
24:50enfin, comment faire comprendre aux gens
24:51que l'antisémitisme,
24:53ça concerne tous les Français
24:55et que, qu'on soit gay,
24:56qu'on soit catholique,
24:57qu'on soit femme,
24:58c'est une question, en fait,
24:59inclusive, quoi ?
25:00Je pense qu'il n'y a rien à dire
25:03en termes de démonstration de plus
25:05que ce qu'on a vu
25:06lors des dernières élections européennes.
25:09Et on a bien vu, encore une fois,
25:11que pour une fille juive violée à 12 ans
25:16à Courbevoie au nom de la Palestine,
25:18en plein pendant cette campagne.
25:20On voit bien toute la violence,
25:22tout le morcellement que ça emporte
25:24dans la société française.
25:26Vous voulez que je vous cite
25:27le nombre d'attentats
25:28qui ont été commis en France
25:30au XXIe siècle,
25:32depuis 2015,
25:34soi-disant au nom de la Palestine.
25:36Donc on voit bien que c'est cette manière,
25:38c'est quelque chose
25:40qui peut ensanglanter le pays,
25:42qui fracture le débat public,
25:43qui dégrade nos rues,
25:45nos amphis.
25:46Donc on voit bien
25:47que pour la victime finale,
25:50réelle,
25:51il y a une explosion tout autour,
25:54un chaos,
25:55une stratégie du chaos
25:56qui est désastreuse pour notre pays.
25:58Vous savez quoi ?
25:59Les Français,
26:00ils n'adhèrent pas en masse.
26:02Ils ne suivent pas en masse.
26:04Ça marche sur une portion radicalisée
26:07de l'électorat,
26:09mais les Français,
26:10ils ne sont pas du tout clients
26:11de l'antisémitisme
26:12ni de ce qu'ils produisent
26:13dans la société française.
26:14Et donc,
26:15je ne suis pas plus inquiet que cela.
26:17En revanche,
26:18je le dis,
26:19sur l'extrême droite,
26:21le découplement
26:22qui veut faire
26:23antisémitisme d'un côté
26:24et racisme de l'autre
26:25ne marche pas.
26:27Et toute stratégie
26:29de stigmatisation,
26:31d'amalgame
26:32qui rend tolérable
26:35des mesures de violence
26:37ou des mesures
26:38de discrimination,
26:40d'invisibilisation
26:41d'une minorité
26:43parce qu'elle est une minorité
26:45ou parce qu'elle a
26:46une autre naissance,
26:48c'est forcément
26:49une bombe à fragmentation
26:50de la société française.
26:50C'est intéressant,
26:51vous vous dites
26:52que je suis plutôt
26:52entre guillemets
26:53réaliste
26:54ou
26:55combatif.
26:57Oui.
26:57Pour vous,
26:58il y a encore moyen
26:58de lutter contre l'antisémitisme,
27:00de juguler le fléau,
27:01voire de le faire reculer.
27:02Est-ce qu'il y a moyen ?
27:06Est-ce qu'il n'y a pas moyen ?
27:07De toute façon,
27:07il faudra bien le faire.
27:08Encore une fois,
27:09c'est une question
27:10qui est tellement matricielle
27:11dans la conception
27:13qu'on se fait
27:14de notre République
27:15et de la paix civile
27:17au sens le plus basique
27:18du terme
27:18que de toute façon,
27:20il faudra bien prendre
27:20ce problème à bras-le-corps
27:21parce qu'il charrie
27:22beaucoup d'autres violences
27:24qui ne sont pas supportables
27:26dans une société.
27:27Aujourd'hui,
27:27personne ne le prend
27:28à bras-le-corps,
27:28ce problème.
27:29objectivement,
27:31je pense qu'il est très bien
27:34pris à bras-le-corps.
27:35Il est tout à fait dénoncé
27:36par la victoire
27:37des leaders politiques,
27:37quelle que soit leur orientation,
27:40à part ceux d'un seul parti politique.
27:43Mais on voit bien
27:43qu'on n'y arrive pas.
27:44Pourquoi ?
27:45Mais là,
27:45on touche
27:45sur un point
27:47qui n'a rien à voir
27:48avec l'antisémitisme
27:50ou avec la lutte
27:51contre l'antisémitisme
27:52ou avec la détermination
27:53à une technologie
27:53contre l'antisémitisme.
27:54On en vient à
27:55est-ce que les politiques publiques,
27:57notamment en matière de sécurité,
27:59sont efficaces ?
28:01Est-ce que l'éducation nationale
28:03arrive à parler
28:04à des générations entières ?
28:06Est-ce que la République
28:07parle à tous ses citoyens
28:09et aux plus jeunes
28:10et au plus loin
28:11des centres de décision ?
28:13Voilà le malheur français
28:14et l'antisémitisme là-dedans
28:16est une dorsale,
28:17est une conséquence.
28:18Mais je ne crois pas
28:19que les leaders politiques
28:21de ce pays
28:21et je ne crois pas
28:22que la population
28:23ait quoi que ce soit
28:24à voir
28:25ou de complaisant
28:25à l'antisémitisme.
28:27Je pense qu'on a
28:27une minorité agissante,
28:29je pense qu'on a
28:29un parti politique
28:30qui a décidé de jouer avec ça
28:31et que le reste bute
28:33sur une forme d'indolence
28:34et d'une efficacité française.
28:36Vous êtes partie
28:37vraiment d'une minorité
28:38et les personnes
28:39qui vont être plutôt
28:39combatives et optimistes.
28:42Merci beaucoup,
28:43on était content
28:44de vous avoir à l'antenne
28:45aujourd'hui.
28:45On avait 28 minutes,
28:47on est à 28 minutes 50.
28:48Donc mettre du temps respecté.
28:50Merci beaucoup,
28:51Patrick Klugman.
28:52Merci.
28:52Merci.
28:53Merci.
28:54Merci.

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